4E- - D'Istanbul, du Caire, d'Oran et d'ailleurs... La planète séfarade ROBERT SLAMA C'est en soignant le coeur de Georges Marchais, en 1975, que Robert Slama, professeur agrégé et chef du service de cardiologie à l'hôpital Lariboisière, s'est fait connaître du grand public. Il est aujourd'hui le meilleur spécialiste français des troubles du rythme cardiaque. De La Goulette, en Tunisie, où il est né il y a soixante ans, fief du completpoisson et de la brick à l'ceuf, aux amphithéâtres de la Faculté où il est le professeur le plus « looké » selon ses étudiants, quel chemin parcouru ! CEil vif, débit rapide, accent très léger, il n'hésite pas à donner ses cours cigarette aux lèvres, reconnaissant avec humour que ce n'est pas_ un exemple à suivre. Avec élégance et un rien de dandysme, cet homme de Mai-68, comme il se définit lui-même, est arrivé au sommet de son art. service à son côté (devant le refus de Naouri, il choisira finalement Alain Boublil). A 40 ans, ce virtuose des mathématiques, né à Bône (Algérie); peut se flatter d'avoir eu un parcours exceptionnel. Premier prix de thème et version latine au concours général à 15 ans, reçu premier à Normale sup à 18,' docteur en mathématiques à 21, diplômé de Harvard, énarque, il rejoint l'Inspection des Finances en 1976. En 1980, il est chargé de mission à la direction du Trésor, où il se frotte auxpremières épines des restructurations industrielles. Il réussit à ne pas s'y faire d'ennemis. Un oiseau rare, on vous dit... JEAN-CHARLES NAOURI Un vrai crâne d'oeuf ! Un supercrack! Un ordinateur ! Les qualificatifs fusent dans la bouche de ceux qui l'ont côtoyé. Celui qui est aujourd'hui associé-gérant chez Rothschild et Cie a fait un passage C'est l'homme d'une idée. Le premier, il a cru à l'alliance de la publicité et du sport. Aujourd'hui il règne sur le football, le rugby, le basket. En 1968, la publicité sportive n'existait pas. Sans un sou en poche, cet Oranais de 45 ans a l'idée de rentabiliser une équipe professionnelle de football par la publicité. Pour 35 000 francs il fait inscrire le nom de Michel Axel sur les maillots de l'équipe de Nantes. L'année suivante, la valeur de cet emplacement aura décuplé. Dix ans plus tard, la plupart des clubs de première division sont régis par lui. Certains disent qu'il est le vrai patron de l'équipe de France. Lui s'en défend. Il gagne beaucoup d'argent et affirme s'en moquer. « Je crée des idées, dit-il, finnove. » remarqué au cabinet de Bérégovoy, avant 1986. En mai 1988, le ministre des Finances lui a d'ailleurs proposé de reprendre du 24 LE NOUVEL OBSERVATEUR /DOSSIER JEAN-CLAUDE DARMON SIMON CASAS Un inconnu ? Non, une célébrité à Nîmes où il est le patron des arènes. Vedette vénérée, ancien torero, ambitieux, Bernard Domb, dit Simon Casas, a fait de Nîmes un passage obligé de la tauromachie européenne au même titre que Séville ou Madrid. Un torero juif, on n'avait jamais vu ça 1 « C'est vrai, reconnaît-il, j'ai longtemps gardé secrètes mes origines. J'étais mal dans ma peau. Né juif à Nîmes, de père polonais et de mère turque, je me sentais espagnol. J'ai découvert très tard que le fait d'être juif m'a poussé vers l'arène, pour effacer les insultes des cours de récré. Juif, il me fallait être nîmois. Nîmois, il me fallait être torero. » CLAUDE HAGEGE Il a fait découvrir la linguistique aux Français. Il a suffi d'un passage à « Apostrophes », où il a fait un tabac, sous l'ceil ébloui de Raymond Devos, pour faire de cet érudit de 51 ans, né à Tunis, une coqueluche des médias. Spécialiste des langues rares comme le tikar, le mbum, le palan ou le comox laamen, il éprouve une angoisse devant l'invasion de l'anglais. Dans son livre « le Français et les siècles» (éditions Odile Jacob), il interroge avec acuité notre histoire pour savoir s'il y a vraiment péril en la demeure. OLIVIA VALERE Décidément, les séfarades en veulent aux ashkénazes. Après les avoir" chassés » de Deauville et du Sentier, voici qu'ils s'attaquent au marché de la nuit. L'époque où Régine (née Zylberberg) régnait seule à Paris est révolue. Une nouvelle race de « night-clubbers » est née sous la houlette d'Olivia Valère, une juive marocaine élevée en Israel et parisienne depuis 1950. Elle a fait du club qui porte son n om l'endroit favori des - sef du Sentier. A 'noter : ce sont encore deux juifs tunisiens, Hubert Bokobza et Claude Challe, déjà propriétaires des Bains, qui . viennent d'acquérir le Palace, la piscine Deligny et le Géopoly. HENRI BISMUTH En mai 1988, il a réussi un exploit mondial : transplanter sur deux malades les deux parties du foie d'un même donneur. Une double intervention qui mobilisa pendant seize heures son équipe chirurgi- Cale, une des plus performantes du monde, avec un taux de succès de 90%. A 55 ans, le chef du service de chirurgie hépato-biliaire et digestive de l'hôpital Paul-Brousse, à Villejuif, a gardé du soleil de Tunis,