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IMPACT DU BÉTAIL
Les berges de certaines portions de cours d’eau
du bassin sont fortement endommagées par un piéti-
nement par le bétail. Ce problème se pose toutefois
peu pour les étangs visités lors de cette étude. De
nombreuses communes, peu conscientes de l’impact
du piétinement excessif sur l’environnement, ont été
dispensées, sur base de propositions motivées de
leurs Conseils communaux et sur avis de la Députa-
tion permanente, de l’application de l’article 8 de
l’Arrêté royal du 5 août 1970, imposant la pose de
clôtures le long des cours d’eau lorsque celui-ci passe
dans une pâture. Dans le bassin de la Molignée, il
s’agit des anciennes communes de Anthée,
Biesmerée, Corenne, Denée, Ermeton-sur-Biert,
Falaën, Flavion, Florennes, Furnaux, Morville, Rosée,
Serville, Sosoye, Stave et Weillen.
Par ailleurs, il est évident que la présence d’un
cours d’eau ou d’une pièce d’eau doit aussi profiter
aux éleveurs, en permettant au bétail d’aller s’abreu-
ver. Cela constitue un gage de respect du cours d’eau
par l’agriculteur. L’impact du piétinement sur les
berges des cours d’eau du bassin de la Molignée
devrait être réduit en délimitant mieux les zones
d’accès aux cours d’eau. Outre l’amélioration de
l’état des berges, cela contribuerait au maintien
d’une qualité d’eau en limitant la mise en suspension
de sédiments.
INTÉRÊT DES BERGES EN PENTE DOUCE
ET DES ZONES D'ATTERRISSEMENT
Les milieux aquatiques et milieux associés pré-
sentent souvent un intérêt biologique élevé. Nous
attirons ici particulièrement l’attention sur les zones
de contact entre écosystèmes aquatiques et terres-
tres. Les écotones, transitions entre unités écologi-
ques adjacentes, présentent des caractéristiques pro-
pres dont une biodiversité remarquable. Leurs autres
intérêts se manifestent essentiellement à 2 niveaux :
valeur paysagère et contrôle de la qualité de l’eau.
Les berges en pente douce, temporairement
asséchées en été, laissent ainsi apparaître de la vase
exondée sur laquelle se développent souvent des
espèces végétales rares à l’échelle du bassin : Ra-
nunculus peltatus, Rorippa palustris, Juncus
compressus, Veronica scutellata, Ranunculus
trichophyllus.
Les zones d’atterrissement en queue d’étang
(étangs de Ftroûle, de Seuli, de Behoûde et de la
Forge d’Anthée) et les berges en pente douce (étangs
de Ftêre, des Closières, de Ftroûle et la petite mare
des Nowes) méritent en tous cas une attention toute
particulière en matière de gestion ou d’aménage-
ment.
La petite pièce d’eau des Nowes fut réaména-
gée en 1998. La berge en pente douce a été complè-
tement remodelée par remblai. Si ce réaménagement
n’a eu probablement que peu d’influence sur l’intérêt
herpétologique du site, il s’agit là de la disparition d’un
très beau transect végétal et de quelques espèces
végétales rares voire très rares à l’échelle du bassin,
notamment Juncus compressus et Veronica
scutellata. Le comblement partiel de cette mare de
très faible profondeur n’entraînant pas de modifica-
tion sensible du relief du sol, aucune demande de
permis ne fut nécessaire. Ainsi, la topographie de
telles pièces d’eau, raison même de leur grand
intérêt, constitue peut-être aussi leur plus grande
faiblesse. Une information claire et une sensibilisa-
tion relative à l’intérêt des mares devraient être
réalisées.
D’autre part, lors de la conception de nouvelles
pièces d’eau, une attention toute particulière devrait
être portée au profilage des berges et du fond. La
conception de celles-ci se révèle souvent peu imagi-
native. Rappelons que de plus en plus de particuliers
réalisent aujourd’hui des pièces d’eau dans leur
propriété. Berges en pente élevée et au tracé recti-
ligne, uniformité de la profondeur et des substrats de
fond sont autant de facteurs peu favorables à la
biodiversité. Tout aménagement devrait être pensé
en terme de diversité (la diversité des habitats ayant
une action prépondérante sur la diversité des espèces).