Région Auvergne - Ministère de la Culture et de la Communication

Rapport au Parlement
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AUVERGNE
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LE PALEOLITHIQUE ET LE MESOLITHIQUE
Pour le Paléolithique*, à proprement parler, il n’y a pas eu d’opération préventive notable
ces dernières années, contrairement aux résultat des interventions programmées. La fouille de sites
mésolithiques aux lieudits Sous le Coudert I à Combronde et les Prés Longs à Pulvérières (Puy-de-
Dôme), témoigne de la fréquentation de la moyenne montagne par de petits groupes humains à cette
époque.
LE NEOLITHIQUE
Les fouilles de ces dernières années renouvellent de façon importante notre appréhension de
cette période dans la région, avec la découverte de céramiques du Néolithique ancien appartenant aux
deux principaux courants culturels ayant assuré la néolithisation de notre pays, méridional d’une part
(Cardial*), nord-oriental d’autre part (Rubané*), les deux étant associés sur le site du Brézet à
Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Ce sont cependant les vestiges du Néolithique moyen qui sont de
loin les plus souvent rencontrés et qui devraient faire l’objet d’une synthèse dans les prochaines
années (à noter qu’une action collective de recherche est en cours sur le mobilier de cette époque en
Auvergne).
Les fouilles les plus remarquables sont celles réalisées en 2002 et 2004 aux lieudits Artières-
Ronzières et Les Foisses sur la commune de Beaumont (Puy-de-Dôme). Ces larges décapages ont
permis de fouiller plusieurs hectares d’un vaste site du Néolithique moyen II*, progressivement
exploré au gré des projets dans cette partie de la commune. Sont particulièrement à relever un
ensemble sépulcral de cinq fosses associées à un petit mégalithe, regroupant seize individus, mais
surtout une vingtaine de bâtiments de plain-pied, séparés en deux groupes par une palissade.
Rappelons que les constructions bien attestées sont fort rares en France pour cette période. Parmi les
autres particularités de ce site, il faut remarquer des secteurs spécialisés : un regroupement d’une
cinquantaine de structures à pierres chauffantes, des aires de foyers associés à des fosses, des trous de
poteaux et une cabane sub-circulaire, qui doivent correspondre à des activités artisanales. De telles
concentrations de structures spécialisées ont également été mises en évidence sur le site des Acilloux à
Cournon (Puy-de-Dôme), en 2005. Toujours pour la même époque, au Champ Lamet à Pont-du-
Château (Puy-de-Dôme), outre différents silos, une aire de traitement des céréales bien conservée a été
mise en évidence. Dans l’Allier, plusieurs sites ont également livré des vestiges de cette époque, en
particulier au lieudit Chez Duret à Lapalisse.
L’AGE DU BRONZE
Le Bassin de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) continue de livrer une quantité inhabituelle
de structures comportant du mobilier campaniforme* et de l’âge du Bronze ancien*. En effet, des
vestiges de cette époque ont été mis au jour aux lieudits Le Brézet et La grande Borne à Clermont-
Archéologie préventive
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Ferrand, rue du Clos à Cournon, rue de Pezzaze à Péchadoire, et surtout au lieudit La Croix Saint-
Roch au Crest, où des structures d’habitat en place et un mobilier datable de la transition Bronze
ancien/Bronze moyen* fera probablement l’objet d’une fouille préventive. Ces découvertes font suite
à la fouille, réalisée en 2001, de l’exceptionnelle nécropole tumulaire de Gerzat, Chantemerle, qui est
certainement le plus important site de ce genre fouillé en France depuis fort longtemps. Par ailleurs, le
projet collectif de recherche sur la caractérisation des céramiques de l’âge du Bronze ancien* se
poursuit et promet, à terme, l’établissement d’une typo-chronologie fiable pour cette époque en
Auvergne, grâce à l’étude ou au réexamen des importantes séries fouillées depuis une vingtaine
d’années.
L’âge du Bronze final*, assez peu représenté dans les interventions, a livré un petit ensemble
funéraire du Bronze final, constitué d’au moins une tombe à entourage de pierres et de trois
incinérations, lors d’un diagnostic à la ZAC des Grandes au Cendre (Puy-de-Dôme), qui peut être
rapproché de l’ensemble funéraire qui avait été mis au jour en 2001 à la Grande Halle d’Auvergne à
Cournon (Puy-de-Dôme) ; ils correspondent à des vestiges peu fréquents pour cette époque. Datable
de la transition entre l’âge du Bronze* et l’âge du Fer*, un rare bâtiment à abside, d’une cinquantaine
de mètres carrés, a été mis au jour à La Roche-Blanche, La Novialle.
L’AGE DU FER
En décembre 2001, la fouille d’une fosse contenant les squelettes de huit hommes et huit
chevaux mâles, disposés symétriquement, avait été largement médiatisée. Depuis, des diagnostics
successifs effectués sur cette même ZAC des Grandes au Cendre ont révélé vingt nouvelles fosses
contenant des chevaux, dont au moins une avec des restes humains associés. Si l’on tient compte du
fait qu’à peine plus de 5% de la surface du terrain ont été sondés, c’est à un ensemble considérable que
nous avons affaire, phénomène à ce jour unique dans le monde celtique. Une datation à la fin du
second âge du Fer* est probable. Toujours sur le même site et pour la même époque, il faut également
noter la découverte de plusieurs sépultures et des vestiges d’activités domestiques ou artisanales, dont
un four de potier, qu’il faut sans doute relier à l’oppidum* attenant de Gondole.
Déjà identifié et ayant fait l’objet de fouilles programmées depuis plusieurs dizaines
d’années, le site de Gandaillat à Clermont-Ferrand a fait l’objet d’importantes opérations préventives.
Elles ont mis au jour de nombreux vestiges de cette agglomération datant du IIIe et surtout du IIe siècle
av. J.-C. L’espace paraît structuré par un fossé, au sud duquel se concentre la quasi-totalité des tombes
(plus de cent vingt, tant inhumations que dépôts de crémation). Au nord de cette limite, des palissades
cloisonnent l’espace et délimitent des aires d’habitats caractérisées par des bâtiments plus ou moins
spacieux, des caves et des fosses. On distingue également des zones artisanales, notamment un atelier
de forge particulièrement bien conservé. Il faut noter également un grand nombre de puits, dans
lesquels a souvent été retrouvé un mobilier particulier (vases entiers, objets métalliques et restes
humains) qui suggère une fonction non domestique. Des secteurs dans lesquels sont présents en grand
nombre des amphores et des restes fauniques inhabituels en contexte d’habitat (chiens, chevaux) ont
probablement eu une fonction cultuelle et cérémonielle. L’importance et l’organisation des vestiges
suggèrent un proto-urbanisme.
Il est très vraisemblable que ce vaste complexe d’Aulnat-Gandaillat-La Grande Borne
corresponde à la première capitale des Arvernes, avant que celle-ci ne soit transférée à Gergovie.
Toujours pour le second âge du Fer, une mention particulière doit être faite pour le site de La
Cime des Bruyères à Pulvérières (Puy-de-Dôme), où les pratiques funéraires observées (tombe à char
avec dépôt de crémation, notamment) renouvellent notre connaissance de celles-ci dans la région. A
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noter également au lieudit Sous le Coudert 2, à Combronde, la découverte d’un petit enclos
quadrangulaire avec l’inhumation d’un chien en son centre.
Les résultats de l’archéologie préventive viennent donc heureusement compléter les
recherches programmées en cours sur les oppida* de Gergovie, Corent, Gondole et Hérisson et font
certainement de l’Auvergne une des régions les plus riches et les plus passionnantes pour l’étude de la
fin de l’indépendance gauloise.
L’ANTIQUITE
L’époque gallo-romaine est également bien représentée parmi les découvertes les plus
importantes effectuées ces dernières années. En ce qui concerne la fouille d’habitats, ce sont ceux de
Beaumont (Puy-de-Dôme) qui ont certainement apporté les résultats les plus importants.
Découverts à l’occasion d’un diagnostic réalisé en 1992-1993, les vestiges de la villa de
Champ Madame firent l’objet d’interventions archéologiques échelonnées entre 1994 et 2002, suivant
le rythme des aménagements du secteur. La superficie étudiée s’étend sur plus de 7 000 m², ce qui
constitue environ le quart du périmètre enclos reconnu. Construit dans le dernier tiers du Ier siècle
apr. J.-C. ou dans les premières années du IIe siècle, ce vaste domaine agricole ne fut abandonné
qu’aux IVe-Ve siècles. Ces fouilles ont permis d’appréhender une grande partie de la pars urbana*
(partie résidentielle), à l’ouest, et de la pars rustica* (bâtiments agricoles de l’exploitation), à l’est.
Dans la première a été mis au jour, outre un certain nombre de pièces s’organisant autour d’un
péristyle et d’une cour de service, un ensemble thermal privé. De la seconde ont été mis en évidence
des bâtiments d’exploitation (étables, écuries, granges), ainsi que des secteurs à vocation artisanale ;
plusieurs des cours repérées étaient dotées de puits. Il convient de noter la présence d’une zone
funéraire, située à l’extérieur du mur de clôture septentrional de la villa* : elle a accueilli les corps
d’une trentaine d’enfants âgés de moins de six mois. Les résultats de l’ensemble de ces interventions
archéologiques ont été publiés en 2005 sous la forme d’une monographie. Une plaquette « grand
public » a également été éditée pour la circonstance, parallèlement à la mise en place d’une exposition,
d’un cycle de conférences et à l’organisation d’animations.
A environ 500 m de cette villa, un autre établissement rural, plus petit, mais occupé aux
mêmes époques a également été découvert à Artières-Ronzières. Il pourrait s’agir d’une ferme
dépendant du même vaste domaine. Deux autres petits établissements agricoles ont été fouillés
pratiquement dans leur intégralité au lieudit Sous le Coudert 2, à Combronde, avec un bâtiment
résidentiel dans une cour et des dépendances à l’extérieur, ainsi qu’à Puy Gilbert sud sur la commune
de Prondines où un intéressant petit établissement rural, fort bien conservé, a été étudié sur le tracé de
l’autoroute A 89. Il est composé de plusieurs bâtiments à l’intérieur d’un mur d’enceinte, dont des
bains et un grand bassin muni d’une fontaine en forme de dauphin. Un ensemble du même genre est
également en cours de fouilles (automne 2005) à Coste Deferne au Puy-en-Velay (Haute-Loire).
La mise au jour, en 2002, dans plusieurs sondages réalisés au cœur de Lezoux (Puy-de-
Dôme), place Jean-Rimbert, de trois portions de murs curvilignes en petit appareil permet de restituer
un édifice de spectacle de type amphithéâtre. Ses dimensions intérieures sont de près de 30 m pour le
grand axe et 16 m pour le petit ; sa période d’utilisation pourrait se situer entre le milieu du IIe et le
début du IVe siècle. La présence d’un tel édifice renouvelle la vision jusque là admise de la cité
ludosienne, connue essentiellement par sa production de poterie sigillée exportée à travers l’Empire
romain. A côté de ses quartiers artisanaux, on perçoit ainsi l’existence d’un centre monumental, dont
la construction a nécessité un approvisionnement du chantier en pierres de taille dans un secteur
géologique qui en est dépourvu. Il convient également de noter l’originalité de cet « édifice à arène »,
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