
2007 ; 126, 9 : S113-119
L’HORMONOTHÉRAPHIE DU CANCER PROSTATIQUE : L’ANDROPAUSE POUR GUÉRIR...
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gnes, les bouffées de chaleur sont souvent citées
comme le symptôme le plus gênant. En général
elles ne disparaissent pas en cours de traitement.
Elles peuvent être aggravées par une température
ambiante chaude, la prise d’alcool, d’aliments très
épicés ou par le stress.
Si les bouffées de chaleurs sont très fréquentes
au point de gêner considérablement la vie socia-
le du patient, les traitements suivants peuvent
s’avérer utiles
• La clonidine (Dixarit®) peut s’avérer utile pour
les bouffées de chaleur. Son effet est le plus
souvent transitoire.
• L’acétate de cyprotérone (Androcur®,
Cyproplex®) est un antiandrogène stéroïdien.
Sa prescription en permanence avec un ago-
niste de la LHRH ou une castration chirurgicale
n’est pas recommandée.
• La progestérone ou certains antidépresseurs
comme la venlafaxine (Efexor®) ou la fluoxetine
(Prozac® et génériques) peuvent s’avérer utiles
• Les effets bénéfiques de suppléments alimen-
taires à base d’isoflavone de soja, de thé vert, de
sauge ou d’actée à grappe noire sont générale-
ment dérivés d’études réalisées chez la femme
ménopausée. Il existe aujourd’hui des prépara-
tions spécifiques pour l’homme sous traitement
hormonal (Androfyt®)
LA FONTE MUSCULAIRE
ET FAIBLESSE MUSCULAIRE
La diminution des androgènes, naturellement
anabolisants chez les sujets masculins, peut entraî-
ner une sarcopénie importante. Cette diminution
de masse maigre est souvent ressentie comme une
sensation de fatigue survenant plus rapidement
et par une difficulté d’exécution d’exercices qui
auparavant étaient faciles (9,10). Cette fatigue
peut aggraver le sentiment de lassitude morale
qui habite déjà souvent ces patients.
TROUBLES MÉTABOLIQUES
L’hormonothérapie par castration chirurgicale
ou par administration d’un agoniste de la LHRH
est associée à un risque accru de survenue de dia-
bète, d’un syndrome métabolique et de maladie
cardiovasculaire athérosclérotique (11-13).
Bien que les mécanismes physiopathologiques
ne soient pas parfaitement élucidés, on sait que
la castration induit rapidement un phénotype de
syndrome métabolique et une augmentation de
DIMINUTION DE LA LIBIDO, PERTE D’INTÉRÊT
POUR LA SEXUALITÉ, DYSFONCTION ÉRECTILE
La sexualité de la femme ménopausée n’est
plus un tabou depuis des lustres. Celle de l’hom-
me traité par hormonothérapie pour un cancer de
la prostate l’est encore par contre. Les médecins
informent traditionnellement le patient que toute
vie sexuelle sera désormais impossible. C’est
d’ailleurs, avec les bouffées de chaleur, le seul
effet secondaire régulièrement communiqué au
patient par les urologues et les radiothérapeutes,
selon l’enquête de Medistrat.
Pourtant, cela n’est que partiellement vrai. Si le
patient avait une fonction sexuelle normale avant
de débuter le traitement, il lui sera probablement
encore possible d’obtenir des érections. En l’ab-
sence de contre-indications, il est utile de l’aider
avec un inhibiteur de la phospodiesterase (silde-
nafil (Viagra®), vardenafil (Levitra®) ou tadalafil
(Cialis®), voire des injections intra-caverneuses de
prostaglandines (Alprostadil (Caverject®). Il est
important de noter que ces agents ont été très peu,
voire pas, étudiés chez les patients sous hormono-
thérapie, témoignant de l’importance de l’a priori.
Le problème principal du patient traité par
hormones est l’installation d’un désintérêt crois-
sant pour la sexualité et une diminution impor-
tante de la libido. Ce problème est plus souvent
rapporté par la partenaire que par le patient lui-
même. Il est important de comprendre que ces
perturbations sont chimiques et non pas liées à la
progression de la maladie. Si le patient possède
un « mental » fort et est bien entouré, il peut arri-
ver à maintenir une libido et à se maintenir dans
des conditions favorables à la poursuite d’une
sexualité épanouissante et d’une vie sexuelle
satisfaisante. La baisse de la libido est souvent
aggravée par l’angoisse liée à la maladie et la fati-
gue liée à la fonte musculaire et la prise de poids.
Le patient doit apprendre à dépasser cet état en
communiquant avec sa partenaire, en privilégiant
les activités agréables en duo et en recréant une
ambiance complice et intime au sein de son cou-
ple. L’activité physique, en couple de préférence,
ne peut que s’avérer bénéfique à cet égard.
Les bouffées de chaleur se définissent comme
des sensations de chaleur qui commencent sou-
vent au niveau de la face et du torse, peuvent
ensuite descendre sur tout le corps et s’accompa-
gner de sudations profuses contraignant parfois
le patient à changer plusieurs fois de vêtements
7,8. Les bouffées de chaleur durent généralement
30 secondes à 5 minutes et peuvent se répéter
jusque 10x par jour. Bien que strictement béni-