L’échinococcose alvéolaire ou maladie du renard est une maladie pernicieuse car l’agent infectieux2, l’œuf de l’échinocoque, est
microscopique (30-40 µm) donc difficile à déceler. L’œuf est très résistant au froid mais il craint la chaleur. L’œuf peut
survivre quelques semaines à quelques mois entre –30°C et +30°C avant d’atteindre l’hôte3 intermédiaire4: le rongeur mais
aussi l’homme.
D’autre part la latence du développement de la larve, de trois à quinze ans chez l’homme, rend difficile le diagnostic médical
précoce car la recherche d’une échinococcose est rarement faite en première intention. L’ennemi silencieux ronge et se
multiplie dans le foie sans effet apparent car cet organe qui se régénère est très résistant, jusqu’à ce que le point de rupture soit
parfois atteint. Quelques mois après la découverte des symptômes l’issue peut être fatale. La greffe du foie est le seul remède dans
les cas les plus extrêmes. Mais dans 90% des cas, notre système immunitaire réagit efficacement contre la maladie. Les cas
restent donc rares.
Générer une psychose serait tout à fait déplacé, il convient toutefois de limiter les facteurs favorisant la maladie en observant
des mesures de précaution très simples que la population doit connaître. Les pouvoirs publics doivent, quant à eux, se donner les
moyens d’étudier l’extension cette parasitose et les modes de transmission à l’espèce humaine. Il ne faut en aucun cas déboucher
sur des conclusions hâtives et procéder à des assimilations simplistes et réductrices vis-à-vis de la présence des renards.
A) L’ÉCHINOCOQUE ET SA LARVE
Le cycle de vie de l'échinocoque se décrit en deux phases :
1) Des centaines, voire des milliers d’échinocoques adultes (de 2 à 3 mm de long) se développent
dans l’intestin grêle du renard, du chien ou du chat ; hôtes définitifs que l’on qualifie de
porteurs sains car la maladie n’a pas d’incidence sur leur santé. Le ver, au bout de quelques
semaines, lâche des sacs contenant approximativement 200 œufs qui se retrouveront dans
les excréments. L’animal se lèche volontiers la région péri anale et charge sa langue d’œufs
qui se déposent sur son pelage. Dans le cas des chats et des chiens, c’est le maître qui serait
infecté par les œufs en caressant son compagnon à quatre pattes ou en le laissant lécher un
objet (assiette, nourriture) que son maître portera à sa bouche. Les œufs de l'échinocoque ne
peuvent pas infecter un autre renard, un chien ou un chat car ils ont besoin d’un hôte dit
intermédiaire pour poursuivre leur cycle. Ces animaux peuvent par contre être contaminants
et colporter de l’un à l’autre l’agent infectieux. Ainsi un chien qui se roule dans les
excréments d’un renard sera porteur d’œufs. Il ne développera pas la maladie mais il pourra
contaminer son maître. Un animal ne reste pas définitivement infecté par l’échinocoque, il
peut redevenir sain en quelques mois, mais peut à nouveau se réinfecter. D'où l'intérêt de
traitements antiparasitaires (vermifuges) réguliers (tous les deux ou trois mois) chez les
carnivores domestiques (chats, chiens).
Œuf (Taille réelle = 30 µm)
Les images sont de Brigitte
BARTHOLOMOT, Solange
BRESSON-HADNI, Jean-Pierre
CARBILLET et Dominique A.
VUITTON, Centre Collaborateur
Traitement des Echinococcoses
humaines, Université de Franche-
Comté, Besançon, France.
2) Une fois ingérés par l’hôte intermédiaire (rongeurs, et accidentellement l’ Homme), les œufs
se retrouvent dans l’estomac. Les sucs gastriques vont alors dissoudre la coque des œufs et
libérer les larves qu’ils contenaient. Les embryons vont jouer les « passe murailles » en
passant, par les voies sanguines, de l’intestin au foie. Arrivés au foie, ils se multiplient et
l’infection se répand. Pour permettre son développement, chaque embryon devenu une larve
va former un kyste parasitaire qui va bourgeonner dans tous les sens du terme en creusant
des « alvéoles » blanchâtres, d’où le nom d’échinococcose alvéolaire donné à la maladie.
Le foie va alors être comme « rongé », occupé par la larve du parasite et par la réaction de
défense que lui oppose l’organisme. En effet, le parasite s’entoure d’une réaction
immunitaire dite « granulomateuse » responsable du développement d’une fibrose (le foie
devient dur comme du bois et ne fonctionne plus). La fibrose autant que le parasite est
responsable de la destruction du foie. Ce travail de « sape » va durer des mois (chez le
rongeur) ou des années (chez l’homme), sans que l’équilibre du foie, et donc du corps entier,
n’en soit perturbé, car le foie est un organe très solide qui a la capacité étonnante de se
régénérer. Par contre, au fur et à mesure, chez le rongeur, les alvéoles ainsi créées ne vont
mettre que quelques mois pour se remplir de milliers de petits grains contenant des formes
larvaires appelées protoscolex5 qui permettront au parasite de poursuivre son cycle
évolutif.
Aspect extérieur du foie dans un
cas d'échinococcose alvéolaire
chez l'homme; l'aspect "alvéolaire"
est particulièrement typique
Echinococcose alvéolaire – Hervé Dizy – version 2.7 février 2004 page 2