Lettre à destination des membres des communautés éducatives
des établissements denseignement catholique de Vendée
Le 23 Novembre 2012
A l’école du Christ.
Chers directeurs, enseignants, chargés en mission pastorale, et vous tous qui œuvrez dans notre
enseignement catholique de Vendée, je tenais au seuil de cette nouvelle année liturgique à me faire
proche de vous. En tant que jeune aumônier diocésain ce n’est pas avec mes propres mots que je
vais vous parler mais avec ceux de l’Evangile. Car la Parole de Dieu peut toujours nous ressourcer sur
le sens de l’enseignement qui est notre mission. Aussi mettons nous à l’école du Christ.
« Ses parents se rendaient chaque année à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Et lorsqu'il eut douze
ans, ils y montèrent, comme c'était la coutume pour la fête. Une fois les jours écoulés, alors qu'ils s'en
retournaient, l'enfant Jésus resta à Jérusalem à l'insu de ses parents. Le croyant dans la caravane, ils
firent une journée de chemin, puis ils se mirent à le rechercher parmi leurs parents et connaissances.
Ne l'ayant pas trouvé, ils revinrent, toujours à sa recherche, à Jérusalem.
Et il advint, au bout de trois jours, qu'ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les
écoutant et les interrogeant; et tous ceux qui l'entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de
ses réponses. A sa vue, ils furent saisis d'émotion, et sa mère lui dit: "Mon enfant, pourquoi nous as-tu
fait cela? Vois! Ton père et moi, nous te cherchons, angoissés." Et il leur dit: "Pourquoi donc me
cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père?" Mais eux ne
comprirent pas la parole qu'il venait de leur dire.
Il redescendit alors avec eux et revint à Nazareth; et il leur était soumis. Et sa mère gardait fidèlement
toutes ces choses en son cœur.
Quant à Jésus, il croissait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes »
1
.
Dans ce récit de l’enfance du Christ, la Parole de Dieu peut nous éclairer sur trois points
importants : - Jésus révèle que le cœur de l’homme est fait pour connaître le vrai. Jésus nous
enseigne comment être éducateurs et quelle est la finalité de notre travail Jésus manifeste qu’il est
lui-même la source du sens
Jésus révèle que le cœur de l’homme est fait pour connaître le vrai.
C’est vers douze ans, à la suite de la fête de la Pâque, que « l’enfant Jésus resta à Jérusalem à l’insu
de ses parents ». Jésus pose un choix libre, il veut apprendre. Il quitte alors sa famille pour rester
« dans le Temple assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant ». Jésus nous montre
que dès l’enfance s’exprime le mystère de la liberté de toute personne humaine, qui est
fondamentalement l’expression de la quête du vrai, du bien, de l’absolu. En chaque enfant et chaque
jeune existe cet élan vital vers le sens, élan qui pourra parfois nous bousculer comme éducateurs ou
même comme parents ; Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela? Vois! Ton père et moi, nous te
cherchons, angoissés ». Ce désir est le moteur qui permet à chacun de s’autodéterminer, de fonder
son existence.
Le sens passe dans la parole, c’est pourquoi Jésus est à l’écoute. Il a soif de comprendre à travers
des aînés, des éducateurs. Jésus, enfant, accorde sa confiance aux rabbins de l’époque comme
aujourd’hui les enfants et les jeunes nous accordent la leur. Les enfants et les jeunes nous font le don
de cette confiance car ils pressentent, sans toujours le formuler, qu’à travers nos paroles, le savoir
qu’ils recevront ne sera pas qu’une simple connaissance mais un moyen pour eux de se construire.
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Lc 1, 41-52.
Jésus nous enseigne comment être éducateurs et quelle est la finalité de notre travail.
La confiance que les enfants ou les jeunes nous accordent n’a pas de prix. C’est pourquoi Jésus
écoutant et interrogeant les rabbins nous renvoie sans cesse à l’exigence de notre responsabilité
d’éducateur à dire le vrai. On ne peut mentir ou ne serait-ce que dire les choses à moitié face à une
telle générosité qui se donne pour connaître. Aussi, en tant qu’éducateur de savoir profane ou
éducateur de la foi, il nous est capital de toujours prendre conscience de la responsabilité qui nous
incombe à donner le sens des choses. Et si nous prenons au sérieux ce sens des choses, nous voyons
alors que nous ne sommes pas au-dessus de ce sens mais que nous sommes plutôt toujours au-
dessous. Ce que nous savons n’est qu’une porte d’entrée vers un sens plus grand qui nous dépasse,
un sens plénier. Ainsi, tout en étant éducateur, nous resterons toujours à l’école de la méditation du
sens « Marie gardait toutes ses paroles dans son cœur », à l’école de l’émerveillement: « et tous ceux
qui l'entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses ». Au-delà de toute
compétence dans un savoir particulier, nous ne transmettons finalement que ce que nous vivons,
ainsi nous ne pouvons pas séparer notre savoir de notre vie. Si nous voulons donner à connaître plus,
il nous faut chercher à vivre plus.
Jésus ne trouve pas le sens de son existence dans les paroles des rabbins mais dans la volonté du
Père. Jésus n’est pas seulement dans le Temple à écouter ses aînés, il est dans la maison de son Père
pour vivre de lui. Sans humilier ses éducateurs, ses parents et les rabbins, Jésus montre que la quête
du sens ne peut se limiter au savoir strictement humain, si érudit soit-il, et que finalement seule la
Sagesse est source de vie. Prenons conscience humblement de cela. Comme éducateur, notre savoir
ne pourra réellement étancher la soif du désir de connaître des enfants et des jeunes que s’il est un
tremplin vers la Sagesse qui est Dieu. Comme le disait St Augustin : « Notre cœur est sans repos tant
qu’il ne repose en toi ».
Jésus manifeste qu’il est lui-même la source du sens.
A l’école du Christ, toutes paroles que nous disons n’ont pas la même densité. Celles qui demeurent
sont celles qui sont habitées par la Parole de Dieu, ou celles qui préparent son audition. Cette Parole
de Dieu a un grand rôle dans la formation humaine et spirituelle des enfants et des jeunes.
La Parole de Dieu a cette importance parce qu’elle est performative. C'est-à-dire que dans le cœur
disposé à l’écoute, la Parole de Dieu ne se contente pas de se laisser entendre mais elle agit. En effet,
proclamer la Parole de Dieu, s’appuyer dessus dans l’enseignement, ce n’est pas qu’entendre
quelque chose de très fort, c’est aussi faire l’expérience d’une proximité. Les rabbins qui
s’émerveillent devant les réponses de l’enfant Jésus ne sont pas seulement en présence d’un élève
doué, comme nous pourrions en connaître, mais en présence de la proximité du Verbe fait chair :
Jésus Christ, la Sagesse éternelle. Cet émerveillement est source de joie et il donne le sens profond
de l’existence. Telle est l’une des finalités de l’enseignement catholique : permettre à ce que chaque
enfant ou chaque jeune découvre le fondement du sens des choses sur lequel il peut bâtir sa vie :
Jésus Christ.
En ce temps de l’Avent qui commence pour aboutir à Noël, fête du Verbe fait chair, donnons sans
cesse aux jeunes ce que nous-mêmes nous pouvons recevoir, c'est-à-dire découvrir que nous
sommes dans la maison du Père, par notre proximité avec son Fils Unique.
À chacun et chacune d’entre vous,
je souhaite un bon temps de l’Avent et je prie pour vous.
Père Jean-Marie Parrat +
Aumônier diocésain
de l’Enseignement catholique de Vendée.
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