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À l’évidence, face aux sombres
perspectives de croissance après la
crise, ces documents montrent une
volonté politique de proposer une sortie
par le « haut » en redonnant une
nouvelle dynamique à la croissance de
l’économie.
Du côté des similitudes dans les
discours, on trouvera une même préoc-
cupation sur la dimension « verte » de
la croissance et sur l’importance de
l’esprit d’entreprise. Les États-Unis
souhaitent une politique d’innovation
pour une croissance soutenable et des
emplois de qualité. «
Innovation for
Sustainable Growth and Quality Jobs
».
Pour sa part, la politique européenne
d’innovation a pour ambition de créer
une économie de la connaissance pour
une économie qui génère peu de car-
bone et des entreprises européennes
qui se positionnent à l’extrémité supé-
rieure de la chaîne de valeur.
Tant aux États-Unis, qu’en Europe, on
observe donc un affichage très clair en
faveur :
d’une croissance basée sur la
connaissance et l’innovation ;
d’une croissance soutenable et verte.
Pour autant, si les objectifs sont
largement partagés, les moyens
d’action divergent significativement.
Des objectifs convergents…
Dans les faits, les politiques proposées
sont surtout des politiques qui reposent
sur la théorie de la croissance endo-
gène 5 et de la frontière technologique.
Elles sont ainsi fondées sur la crois-
sance par l’innovation et l’avance tech-
nologique. L’aspect « vert » apparaît
pour l’essentiel dans le choix des sec-
teurs prioritaires et, notamment, dans
l’accent mis sur les énergies renouvela-
bles. Au-delà d’un engagement vert,
l’une des motivations principales, sur-
tout aux États-Unis, est de diminuer le
degré de dépendance énergétique du
pays.
La politique américaine s’articule
autour de trois grands objectifs :
1. Investir dans ce qui fait la force des
Etats-Unis en matière d’innovation :
Investir dans la R&D, le développe-
ment du capital humain physique et
technologique ;
2. Promouvoir l’entrepreneuriat et la
prise de risque ;
3. Jouer le rôle de catalyseur pour des
secteurs pour lesquels le marché n’est
pas efficient mais qui peuvent être
porteur de croissance pour le futur.
Pour la Commission européenne,
l’innovation est la condition préalable à
la création d’une économie qui génère
peu d’émissions de carbone et son
développement s’articule autour des
trois axes suivants :
1. Améliorer les conditions cadres, et
améliorer la gouvernance du système
communautaire de l’innovation ;
2. Favoriser l’esprit d’entreprise ;
3. Définir des priorités en matière
d’innovation et identifier des marchés
porteurs.
Le mode d’organisation institutionnelle
de l’Europe lui impose d’assurer la
cohérence du système. Ainsi, en ma-
tière d’investissement en infrastructure
(physiques ou immatérielles), l’Union
européenne peut seulement se conten-
ter d’impulser et d’influencer les politi-
ques nationales en veillant à en assurer
la cohérence. Pour le reste, on retrouve
le même accent mis sur les problèmes
de formation, de financement, de déve-
loppement de l’initiative privée, etc.
Européens et américains souhaitent
cibler leurs actions sur un certain
nombre de secteurs. Pour se faire, les
européens identifient des marchés
prioritaires et y font porter leur effort en
matière d’investissement. Ils font
également le choix d’utiliser la
réglementation et la normalisation pour
encourager et stimuler des marchés
de produits et services innovants.
L’administration américaine, pour sa
part, identifie des secteurs pour
lesquels le marché n’est pas efficient,
mais qui peuvent être porteurs de
croissance pour le futur, et concentre
les aides sur ces secteurs.
5. Le progrès technique est
réintégré au cœur de la
croissance, ce n’est plus un
résidu. Il est endogène, car il
dépend du comportement des
agents économiques et des
actions publiques : la producti-
vité de l’économie peut être
améliorée en augmentant le
stock de connaissances, les
infrastructures publiques et le
capital humain.
En réponse à la crise :
des objectifs ambitieux des deux côtés de l’Atlantique