Nécessite de l`éthique professionnelle. Cas de la formation

Annales FLSH N° 17 Spécial JUOR (2013)
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NECESSTE DE L’ETHIQUE PROFESSIONNELLE.
Cas de la formation
Par
Jean-Faustin BONGILO Boendy
et Maurice BONDULU Boita
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SUMMARY
By asserting the necessity of the professional ethics, we have
been obliged underline three facts. Firstly, ethics in general and
professional ethics in particular draw (find) their origin that we have
to act face to social and professional crisis.
Secondary, the job formation requires a special ethic that takes
into account the general utility, former’s consciousness and learner’s
respect as subject.
Finally, the formation ethics must give priority to dialogue,
take into account dangers that competition and religious sects in our
continent to supervise and make the learner responsible.
0. INTRODUCTION
En reconnaissant, dans l´intitulé de cette étude, le concept
‘’éthique professionnelle’’ et sa nécessité en éducation, nous
présentons déjà, au départ, une affirmation à expliquer ou même à
expliciter. La question éthique, de tout temps, s’enracine dans « les
bouleversements sociaux » (IGNASSE, G., 1998, p.25) favorisés
par la rencontre de cultures et les exigences de la technoscience.
La réflexion qui en résulte, comme c’est le cas dans la plupart des
théories, est censée comporter un aspect appliqué. Celui ci, se
diversifie selon les compétences, les métiers ou les professions.
C’est dans ce contexte, parlant de l’éthique professionnelle,
que nous avons jugé utile de restreindre celle-ci en retenant
uniquement sa dimension de l’éducation.
Concrètement, il est question de répondre à la préoccupation
éthique suivante, en matière de l’éducation : Face aux
bouleversements qui ont causé la perte des idéaux et des valeurs,
« que devons-nous faire? » (la question éthique), en ce qui concerne
les professions, en général et l’éducation en particulier.
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Professeur et Assistant à l’Université de Kisangani
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Pour atteindre notre objectif, nous préférons circonscrire
l’éducation comme une profession qui exige de la compétence et une
approche appropriée tant du point de vue du formateur que du
formé ou encore des rapports entre les deux. Il n’est pas négligeable
d’explorer l’environnement social ainsi que ses paramètres et
pesanteurs, notamment aujourd’hui plus qu’hier, l’influence de la
religion et plus spécialement les sectes religieuses et la laïcité.
Ce texte comporte ainsi trois points essentiels :
- Les origines de l’éthique professionnelle ;
- La raison d’être d’une éthique spéciale en éducation ;
- La nouvelle approche de l’éducation.
Ces trois points, comme cela est de coutume, convergent dans
la conclusion en une synthèse qui donne la nécessité et justifie en
cela, l’importance que révèle l’éthique dans l’action éducative.
1. LES ORIGINES DE L’ETHIQUE PROFESSIONNELLE
La question éthique consiste, on le sait, à donner une suite à la
préoccupation « que dois-je faire ?». Ou parce qu’il faut tenir
compte de la coexistence avec les autres, « que devons-nous
faire? ». Pour cette question, c’est en même temps reconnaître la
possibilité de choix qui résulte, nous l’avons dit dans le point
introductif, des « bouleversements sociaux » et la dénaturation de
l’idéal, du bien, du vrai, du juste, etc. tant dans la vie privée que
publique, politique, économique, voire scientifique. Ainsi, la
question éthique est considérée comme « la réflexion sur les règles
morales communément pratiquées » (Ibidem, p.25).
En effet, Pierre DOMINICE, repris par Nicole MOSCONI, note
qu’ à « travers la quête de positions éthiques (il convient) de lire
le désarroi d’une société qui a perdu le sens de son avenir et ne sait
plus comment contenir les bouleversements qui la harcèlent »
(DOMINICE, P., 1994, p.25).
C’est pour avouer que dans une société pluraliste et hautement
mondialisée comme celle du début du XXIème siècle, les valeurs
s’opposent davantage au lieu d’être partagées : le mariage dans
certains pays, au lieu d’unir deux personnes de sexes opposés,
devient union entre deux personnes, faisant abstraction de sexe;
la nation est définie par des valeurs et non plus par la race, la
religion, la langue, etc. ; la laïcité unit plus que la religion ou les
coutumes.
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Si la question éthique trouve son fondement dans les
bouleversements qui affectent négativement la société, l’éthique
professionnelle trouve, quant à elle, son fondement dans les crises
qui secouent les différentes professions, entre autres la médecine,
la justice, les affaires, l’éducation, le journalisme, etc.
Si aujourd’hui la pratique médicale s’écarte de ses
préoccupations de guérir les maladies, de prolonger la vie et
d’alléger les souffrances ; si la justice est administrée de façon
discriminatoire, si les affaires s’orientent vers la tricherie,
l’escroquerie et l’enrichissement exagéré, si l’éducation se
transforme en commerce, en exploitation des formes et en
attribution des titres sans tenir compte du mérite, si la presse
diffuse les informations pour des raisons douteuses, alors nous
pouvons avouer que ces professions entrent de plain-pied dans la
crise et les bouleversements qui les éloignent de leurs objectifs.
C’est pourtant et malheureusement le cas aujourd’hui. En matière
d’état civil, concernant le mariage, nous entendons de plus en plus
parler de ‘’mariage homosexuel’’ unissant deux partenaires de
même sexe, soit deux femmes soit deux hommes. Outre les
problèmes soulevés concernant l’intégration, il se pose encore
celui d’avoir des enfants nés de ces mariés. En justice, il se pose
dans la plupart des cas, la subordination de la justice à l’exécutif
d’une part et la distribution de la justice en tenant compte des
fonctions sociales, des origines et des moyens, d’autre part. La
réussite scolaire et académique ne dépend plus nécessairement des
capacités intellectuelles des apprenants, mais également d’autres
pseudo critères subjectifs et discriminatoires. A ce sujet, des
concepts ont vu le jour comme « suivi » lorsque les candidats
aux examens d’Etat doivent se cotiser pour réunir les moyens
permettant aux responsables des écoles de corrompre les
organisateurs ; « points sexuellement transmissibles » lorsqu’à
l’Enseignement Supérieur et Universitaire, les filles offrent leurs
sexes pour obtenir des points et ainsi « réussir », le phénomène
« les enfants d’abord », etc..
Ces faits réels attestent l’existence non seulement d’un
malaise au sein des professions, de leur égarement dans leur effort
d’atteindre les objectifs assignés. Ceci va, bien entendu, à l’encontre
des critères globaux qui définissent toute profession notamment
l’expertise, la qualification, la spécialité, l’autonomie
organisationnelle, l’attachement à des valeurs fondamentales. Il
s’avère que des personnes bien formées, détentrices d’expertise et de
compétence particulière, soumises à une règlementation ou à une
autonomie professionnelle et censées rattachées à des valeurs
fondamentales se comportent comme si rien de tout cela n’existe.
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D’où, la question éthique « que devons-nous faire ? » semble trouver
sa raison d’être, en ce qui concerne beaucoup de professions.
Chaque profession a des valeurs auxquelles les pratiquants
doivent adhérer et des obligations auxquelles ils doivent obéir.
Ces valeurs constituent un « code déontologique », « un ensemble
de principes qui régissent telle ou telle profession envers lesquels
les professionnels s’engagent pour s’identifier aux collègues et à
la profession. L’adhésion au code exprime « l’éthique
professionnelle » (IGNASSE, G., op. cit., p. 27).
L’évolution, le nombre de plus en plus élevé, la perte de
confiance envers les modèles et la crise liée à la moralité dans les
professions expliquent donc aujourd’hui le «développement des
éthiques professionnelles » comme tentative de solution aux
problèmes socio- professionnels (Ibidem).
Par delà le code, l’éthique professionnelle s’interroge, par
exemple, sur les dangers des professions techniques ; la
responsabilité sociale des entreprises ; la loyauté, l’intégrité,
l’honnêteté du professionnel ; l’égalité des chances et le rôle
social de la profession (la responsabilité, les buts visés, les risques).
Pour tout dire, nous plaçons aux origines des éthiques
professionnelles non seulement les crises et les bouleversements
inhérents à toute société ou à toute association, mais également la
tentative de solution par la codification des principes de
comportement et de réglementation .
2. POURQUOI UNE ETHIQUE SPECIALE EN EDUCATION ?
Conformément à l’organisation, l’éducation poursuit des
« objectifs opérationnels » (Ibidem, p. 29). En tant que
professionnel, le formateur vend ses interventions et au vu du
nombre de plus en plus élevé dans ce secteur, la concurrence est
vive au point de menacer la qualité des prestations et les valeurs
humanistes. Ainsi, le formateur doit se soumettre à une éthique
pour prendre conscience de sa responsabilité.
En effet, la matière soumise au formateur n’est ni un objet
quelconque, ni une chose, ni une bête, mais une ou des personnes
humaines. En cela, nous faisons nôtre la position de J.
HABERMAS développée dans son précieux ouvrage intitulé ‘’ De
l’éthique de la discussion’’ (HABERMAS, J., 1992, pp.95-110). A
l’interrogation ‘’ que dois- je faire?’’, J. HABERMAS donne un
triple sens, à savoir le sens pragmatique, le sens éthique et le sens
moral.
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Concernant la question pragmatique, l’auteur recommande
deux aspects : d’abord tenir compte des buts, des valeurs et des
objectifs de la formation et, ensuite, considérer si le but fixé est
d’utilité générale. Il est question de recourir à ‘’ des techniques
pédagogiques, des stratégies, des programmes de formation
adéquats qui répondent aux besoins sans négliger la gestion efficace
des ressources humaines, matérielles et financières ainsi que la
maîtrise des informations nécessaires permettant une judicieuse
prise de décision (IGNASSE, G. et Lenoir, op. cit., p. 31). Enfin, par
rapport à l’utilité du but fixé, il est important d’harmoniser et de
réconcilier les motivations économiques et techniques avec la
morale. Ainsi, par exemple, une formation donnée est censée
répondre aux besoins du formateur, à ceux de l’entreprise ou de la
société et à ceux des bénéficiaires.
Quant à la question éthique, elle se rapporte à la vie bonne.
Le sens éthique tente de déterminer l’identité en répondant aux
questions « quelle personne voudrait-on devenir? » et « quelle
personne voudrait-on former? ». En d’autres termes, on s’interroge
sur la nature de la vie professionnelle qu’on aimerait mener, le type
de formateur que l’on se proposerait d’être et la personne qu’on
forme.
Tout professionnel et spécialement le formateur doit
comprendre sa propre existence pour éviter la conséquence d’une
vie ratée « (Ibidem, p. 34). C’est pourquoi, le formateur est appelé à
analyser les étapes de sa vie, tenir à son idéal et au contexte de
son milieu. Il s’agit, en fait, d’une prise de conscience critique de
sa vie pour aboutir « à un projet de vie à teneur normative » ,
c’est-à-dire, connaître le modèle vers lequel il tend (Idem).
Le formateur étant donc ce modèle la lumière non
seulement des formés, mais de l’ensemble de la communauté, ses
décisions , ses actes et son comportement sont liés « à l’identité
professionnelle collective », il est obligé, en engageant celle-ci, de
tenir compte qu’il engage aussi la profession et en finit par le
fait, le modèle (Ibidem, p. 35).
Dans sa réflexion sur l’éducation, Aristote se propose la
réalisation « de l’excellence de la nature humaine » et la vie idéale.
De ce fait, il conseille de ne pas beaucoup tenir compte des
richesses, des honneurs et des plaisirs. Il invite également à
rechercher un niveau élevé de savoir professionnel, à user de la
raison dans la résolution des problèmes pratiques et à s’engager
activement dans la vie sociale. Bref, il invite le formateur à
préférer ‘’ l’épanouissement humain ‘’ des acteurs ou le bien-être
(Ibidem).
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