omme on le sait ou comme on le suppose les légendes ne sont
jamais fausses ni faussaires, elles sont presque toujours le fruit
de l’imagination de l’auditoire ou du très nombreux public lecteur.
Presque partout il existe d’innombrables histoires et légendes porteuses de
conseils, venant essentiellement du temps de la reconquête. Plus
clairement : un jeune juif amoureux d’une maure infidèle ; ou un noble
chrétien épris d’une jeune juive.
Les temps médiévaux idylliques entraînèrent en effet une certaine
promiscuité amoureuse impossible à contrôler. Aucun gouvernant ne sut,
ne put ou ne voulut casser les comportements communément acceptés et
fréquents sur tous ces territoires. Ainsi, les Maures, les Juives et les
Chrétiennes décidèrent – contre toutes les habitudes et les normes
religieuses – de choisir leur partenaire.
Les Cortes et les Couronnes gouvernantes étaient très tolérantes…valides
et courtisanes, les népotismes et les favoritismes étaient plus que
fréquents… Cependant, si le voyageur patient regarde en arrière il verra
que les relations sociales n’étaient pas enviables, loin de là. Pour alors, à
Tout ou beaucoup indique que les premiers habitants de ces parages
surent s’alimenter de plantes sylvestres, de racines, de baies et d’autres
nombreux aliments trouvés spontanément ; comme des fruits secs, des
fruits et des oeufs. Non sans risque, après de nombreuses tentatives ils
parvinrent à découvrir les valeurs alimentaires du miel ou encore le
cresson, l’enfant des ruisseaux printaniers. Ou des champignons et autres
créations de la terre que nous appelons aujourd’hui truffes.
Des siècles durent s’écouler pour que ces premiers habitants découvrent
les indispensables vertus d’un minéral aussi basique que le sel : une potion
magique capable de conserver sur des périodes prolongées la salubrité des
aliments de base cueillis ou chassés sur tout le territoire. Ils apprirent
donc plus ou moins à conserver la viande et le poisson : les « tasajos » et
les « cecinas » apparaissent, ces conserves de poisson et de viande séchée
dans le sel.
Avec le temps – peut-être par hasard – ils osèrent goûter le lait, qu’ils
gardaient dans des récipients élémentaires bien tannés, comme des sacs en
cuir. Très vite le fromage naît…
On découvre le feu et ses vertus, une arme magique et mystérieuse,
efficace et nécessaire pour la défense et les attaques contre un monde
animal agressif ; mais aussi une poignée de techniques et de technologies
pour modeler les métaux, pour inventer la vaisselle en céramique, pour
chauffer les huttes…ou pour cuisiner les aliments. Surtout, la chaleur du
foyer est à l’origine du miracle de la famille ; c’est-à-dire de la
communication entre les membres du « clan ». Les langages les plus
riches et les plus expressifs naissent ; simultanément on se transmet les
expériences, les relations intertribales et les nouveaux modes de vie.
Le pain apparaît enfin, élaboré pour alors à base de farine de glands
moulus, comme l’écrit Strabon : « On faisait une sorte de pâte que l’on
mettait dans un sac, puis on le couvrait de cendres, que l’on recouvrait à
leur tour des braises nécessaires pour cuire la pâte… » (“Se hacía una
especie de masa que depositaban en una bolsa, luego cubierta con cenizas,
cubiertas a su vez por las brasas precisas capaces de cocer la masa...”).
Des temps intenses passèrent, lentement : de presque toutes les
Méditerranées d’excellents navigateurs arrivent sur ces côtes ibériques
bigarrées ; entre autres des pirates prédateurs. Des chercheurs de richesses
péninsulaires ; en particulier les abondants gisements de minerais (étain,
or et argent), le butin le plus recherché pour alors. Mais aussi l’abondante
pêche qui était très appréciée par presque tous les peuples hellènes, grecs
et romains.
Les envahisseurs laissèrent aussi sur cette péninsule ibérique des héritages
et des habitudes qui seront le puits légal des comportements de ces
peuples ibères.
Les Romains imposèrent des normes, des lois et des codes civils, mais ils
imposèrent aussi des techniques et des technologies : des voies de
communication – des chemins, des chaussées nécessaires et efficaces pour
communiquer entre elles les plus importantes villes péninsulaires. Et aussi
d’importants travaux publics : des ponts, des viaducs, des barrages… Et
des villes emmuraillées.
L’invasion arabe de huit siècles offrit des habitudes, des idées, de l’art et
de l’artisanat ; l’irrigation, les mathématiques, la géométrie,
l’astronomie… et beaucoup de métiers d’un goût, d’une technique et
d’une efficacité surprenante. Comme le mudéjar, la gravure sur plâtre et
plein de filigranes.
MANZANARES ET SON PARADOR 2
Le Parador: Noble Et Royale
Spolation
C
Sans oublier l’efficace présence juive, un peu cachée mais vraiment
influente au plus haut du pouvoir : ils étaient percepteurs d’impôts,
prêteurs et assesseurs des nobles et des rois…
Dans l’entourage des Rois Catholiques et sur la pression du peuple, les
maures et les juifs furent lamentablement expulsés de ces géographies :
cela aura pour conséquence inévitable une crise économique dont la
récupération sera lente et difficile…