Prévention du risque radiologique et qualité durable des soins

M étier
21
Bulletin Infirmier du Cancer Vol.12-n°1-janvier-février-mars 2012
a radioactivité naturelle est la première cause de
radio-exposition de la population (figure 1). L’ir-
radiation médicale est la deuxième, c’est la source
d’exposition artificielle la plus importante parmi l’en-
semble des sources introduites par les activités humaines.
L’utilisation de sources de rayonnements ionisants (RI)
à des fins médicales est à l’origine d’un risque d’expo-
sition pour les patients, les professionnels de santé, le
public et l’environnement.
Les dangers liés à une utilisation excessive et sans
précaution de sources de RI ont été reconnus peu de
temps après lacouverte des rayons X (Roëntgen,
1895) et de la radioactivité (Becquerel, 1896). Les pre-
mières recommandations de radioprotection datent de
la fin des années 1920. La Commission internationale
de protection radiologique (CIPR) a été créée en 1928
pour répondre à l’augmentation du nombre de leucé-
mies chez les radiologues, à lépoque dix fois supé-
rieur à celui des autres praticiens. Composée d’experts
internationaux choisis pour leurs compétences, la CIPR
élabore des règles de protection permettant d’assurer
lacurité radiologique des personnes. Ses recom-
mandations sont édictées sous forme de publications
numérotées, considérées comme des références à
l’échelle internationale. Affinées au fur et à mesure de
lévolution des connaissances scientifiques, elles
concernent notamment l’évaluation des risques et les
principes fondamentaux de radioprotection.
Prévention du risque
radiologique et qualité
durable des soins
Sylviane Prévost
PCR Responsable Radioprotection, CRLCC Georges-François-Leclerc, Dijon, France
L
Figure 1. Exemples de sources d’exposition sur l’homme (source IRSN,
www.irsn.fr)
Métier n°1-12:nouvelles AFIC n°1vol5 03/05/12 15:10 Page21
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
M étier
22
Bulletin Infirmier du Cancer Vol.12-n°1-janvier-février-mars 2012
La réglementation actuelle s’appuie sur la publica-
tion n°60 (CIPR 60) publiée en 1990.
La radioprotection fait aujourdhui lobjet d’une
importante réglementation visant à garantir l’exposition
adéquate des patients et à minimiser celle des tra-
vailleurs, du public et de l’environnement par un niveau
de prévention élevé. Les dispositions permettant d’as-
surer la protection des patients, du public et de l’envi-
ronnement sont définies dans le code de santé publique.
La protection des travailleurs relève du Code du travail.
Elle est plae sous la responsabilité de l’employeur,
dont la première obligation est de prendre les mesures
nécessaires pour préserver la santé de ses salariés. Dans
chaque entreprise, au moins une personne compétente
en radioprotection (PCR) doit être nommée pour assu-
rer, par délégation de l’employeur, la coordination des
actions visant à évaluer et prévenir le risque radiolo-
gique dans les différents secteurs d’activité.
En France, les bilans annuels de surveillance des
expositions professionnelles publiés par l’Institut de
Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) prou-
vent que le risque radiologique reste relativement faible
par rapport aux autres nuisances professionnelles ou de
la vie courante. La philosophie de la radioprotection
s’appuie sur deux concepts clés : la conscience du risque
et l’optimisation des doses reçues. Toute exposition étant
susceptible d’avoir un effet biologique, le système de
protection est basé sur le respect de trois principes fon-
damentaux :
La justification des expositions : le bénéfice attendu
pour le patient doit être supérieur au triment occa-
sionné. Si une technique non irradiante permet d’obte-
nir le même bénéfice, elle doit être utilisée ;
L’optimisation de la protection : les expositions doi-
vent être maintenues au niveau le plus bas possible com-
patible avec le bénéfice clinique attendu ;
La limitation des doses reçues par le personnel et le
public : elles doivent rester aussi faibles que possible en
dessous des limites réglementaires.
Toutes les vigilances sanitaires (hémovigilance, iden-
titovigilance, matériovigilance…) ont les mêmes exi-
gences et les mes finalités : assurer la sécurité des
personnes et garantir la qualité durable des soins.
Une coordination optimisée des vigilances ne peut
que faciliter la mise en œuvre dactions communes
(diffusion des informations, formation, analyse des
dysfonctionnements, mesures préventives et/ou cor-
rectives…).
Au Centre G.F. Leclerc, la prévention du risque radio-
logique s’inscrit dans le cadre de cette démarche glo-
bale d’amélioration continue de la qualité.
L’assurance de la qualité cessite une approche plu-
ridisciplinaire par des professionnels compétents et une
définition claire des missions et responsabilités de cha-
cun. La qualité de la gestion du risque radiologique passe
également par un travail de proximité renforcé, afin de
mieux appréhender les aspects organisationnels propres
à chaque service, la spécificité des risques assocs et
de mieux pondre aux attentes des personnels. Pour y
parvenir, il faut apprendre à communiquer. La commu-
nication interdisciplinaire doit être ouverte, rapide et
permanente. Lidentification des points à améliorer
comme la reconnaissance des capacis individuelles
permet alors de proposer des solutions adaptées et de
faire évoluer les pratiques en favorisant le veloppe-
ment d’une culture de prévention. Cette démarche pro-
fessionnelle nous incite parfois à considérer le change-
ment comme une nécessité absolue.
Au cours des dix dernières anes, de profonds chan-
gements réglementaires renforçant la protection radio-
logique des personnes ont accompagné l’importante évo-
lution technique et technologique observée dans le
domaine dical. De nombreuses fonctions liées à la
gestion des risques se sont également veloppées sous
l’impulsion de la réglementation. Correspondant, réfé-
rent, expert sont autant de les qui ont permis à des soi-
gnants de participer activement à de multiples groupes
de travail. Si la mise en œuvre des règles et pratiques de
radioprotection des personnes soignées, des personnels
et du public ne relevait pas initialement de leur domaine
de compétence, certains ont pourtant décidé de s’inves-
tir dans la démarche d’optimisation des expositions en
devenant correspondants en radioprotection. Ils assu-
rent aujourd’hui au sein de leur service, le relais d’infor-
mation avec l’équipe pluridisciplinaire qualifiée et expé-
rimentée à laquelle ils appartiennent depuis 2008 : le
comité de radioprotection (CRP) de notre établissement.
Ce comipoursuit deux objectifs : qualidurable
et efficience. Il est compo a minima des PCR, du de-
cin du travail, des personnes spécialisées en radiophy-
sique dicale référentes et des correspondants IDE,
IBODE, manipulateurs en électroradiologie médicale
signés par chaque service utilisateur de sources de RI.
Le CRP concrétise le plan d’optimisation des expositions
par une approche collégiale de la prévention et un juste
Métier n°1-12:nouvelles AFIC n°1vol5 03/05/12 15:10 Page22
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
M étier
23
Bulletin Infirmier du Cancer Vol.12-n°1-janvier-février-mars 2012
équilibre entre les impératifs réglementaires et les exi-
gences de la réalité des besoins de santé. Grâce à une
identification claire des risques encourus et des com-
portements ou gestes quotidiens propres à les éviter,
chaque correspondant contribue à la diffusion des
bonnes pratiques et de la culture de radioprotection dans
son secteur. L’assurance de la sécurité radiologique s’ap-
puie également sur la formation continue. L’éducation
des personnels expos favorise en effet l’adaptation
des gestes à l’environnement de travail et aux pratiques.
Elle permet d’optimiser leur réactivité face à un incident
et de développer la précaution au détriment de la peur.
Cet état d’esprit devient alors un ritable levier de pro-
grès sur le terrain.
La gestion du risque à l’hôpital est particulièrement
exigeante. En dehors des connaissances, elle nécessite
à chaque instant un comportement responsable et tou-
jours en adéquation avec le respect des patients qui nous
sont confiés. La prévention du risque radiologique est
un processus itératif, un effort collectif continu pour une
meilleure connaissance et une meilleure protection
des postes exposés. La qualité de cette dynamique
est influencée par chacun des membres d’une équipe
multifacettes.
Métier n°1-12:nouvelles AFIC n°1vol5 03/05/12 15:10 Page23
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
1 / 3 100%

Prévention du risque radiologique et qualité durable des soins

La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !