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d'autres « grands hommes », avoir été investi d'une mission quasi divine [6], celle de relever l'Allemagne,
victime d'une crise morale, politique (Il y fut pour quelque chose.), économique et sociale très grave. Non
seulement il voulait la relever mais il prétendait lui assurer la préséance en Europe continentale, les prétendues
races supérieures (Aryens et apparentés) dominant les races supposées inférieures (surtout les Slaves). [7]
2. Pour mener à bien sa mission, il adopta quelques principes de conduite dont il ne se départit pas :
• Il adopta les idées de Machiavel et même exalta le recours à la violence ; il fut, en outre, un sournois et
même un menteur encore qu'il le fut moins qu'un George W. Bush, un Colin Powell ou un Tony Blair. (A
l'entendre, chacune de ses exigences était la dernière.)
• Montrant un grand dégoût pour la démocratie, il adopta le « Führerprinzip », principe qu'il fit partager par
tout un peuple à un degré qui stupéfie encore aujourd'hui en Occident (même en France sous la Ve) : ne
réussit-il pas à se faire aduler et même idolâtrer, à se faire identifier au pays et au peuple même ?
• Stratège politique sans vergogne, il soufflait le chaud et le froid et désarçonnait ainsi ses adversaires. Deux
des bases de sa stratégie (politique et militaire) étaient le bluff et la surprise : sortant souvent des sentiers
battus (Peut-être est-ce là tout simplement la marque du génie ?), il avait raison des gens rationnels et
conventionnels qu'on trouve généralement à la tête des sociétés démocratiques.
• Orateur né et prodigieux (encore qu'il travaillât beaucoup ce talent), capable d'enthousiasmer des auditoires
composés d'éléments aux intérêts contradictoires et de retourner ses contradicteurs (Certains entraient
communistes dans la salle de ses meetings et en sortaient nazis.) ; en privé aussi, il pouvait être séducteur et
convaincre la plupart de ses interlocuteurs, quitte, s'il le fallait, à recourir à la violence verbale. (Certains
hommes d'Etat, comme le colonel -polonais- Beck, n'ont jamais voulu le rencontrer de crainte d'en sortir
brisés et vaincus.) Il porta les méthodes de propagande et d'endoctrinement des masses au niveau d'un art et
d'une science. (Il y fut bien aidé par Goebbels.)
• Opportuniste et sachant mettre en veilleuse des idées que, la veille encore, il prétendait essentielles : ainsi,
son programme antisémite connut-il des hauts et des bas étonnants, qui pouvaient donner à penser qu'il
avait considérablement infléchi ses positions. (Peut-être était-ce vrai, d'ailleurs, et ce seraient des
provocations juives qui l'auraient entraîné à revenir à son idée première ?)
• Enfin, Hitler possédait ou acquit à un degré quasi surhumain (à la lecture de Schopenhauer, peut-être) une
volonté farouche, une ténacité inébranlable, une obstination qui, semble-t-il, s'accroissait avec les revers et
lui donna un air de forcené.
3. Il avait, bien entendu, des caractéristiques propres antérieures à la révélation de sa mission :
• Il était d'une grande intelligence et d'une grande culture ; c'était un autodidacte boulimique et
touche-à-tout : économie, urbanisme, écologie (Il fut un précurseur en matière de lutte contre la pollution
industrielle.), santé publique (Il encouragea concrètement la recherche sur le cancer. [8]), transport (Il fit
construire un réseau autoroutier ultramoderne [qui, contrairement à ce que disent les historiens, ne
s'inscrivait pas dans une optique militaire puisqu'il était plutôt orienté dans le sens Nord-Sud] et il esquissa
personnellement la « Coccinelle » VW qu'il destinait aux petites gens. [Hitler -les jeunes doivent le savoir-
fut un des grands socialistes du XXe siècle et un homme de gauche selon les normes qu'on nous impose
aujourd'hui.]), etc. Il avait toutefois, comme beaucoup d'autodidactes, des trous énormes et commit des
erreurs incroyables, dues aussi, sans doute, à sa prétention de tout savoir et mieux que tout le monde.
(Ainsi n'avait-il rien compris au caractère britannique, ce qui fut manifeste à Dunkerque.)
• Aucune de ses idées n'était originale. Même son racisme était banal et ne différait pas de celui de ses
contemporains ; à l'écouter, on pourrait entendre Guillaume II, Churchill ou De Gaulle (La notion de race
est omniprésente dans les Mémoires de guerre du plus illustre des Français.) ; Hitler n'était pas un
théoricien et un concepteur mais un réalisateur et un praticien dont la pensée et l'action étaient cohérentes ;
en bref, il était de ces gens dont on dit qu'ils font ce qu'ils disent sans qu'on puisse pour autant affirmer que
ce soit là une qualité. [9]
[6] Etait-il croyant ? Il affirma souvent un attachement indéfectible au catholicisme, tout en en critiquant et en combattant, à l'occasion, les
structures et la hiérarchie. On notera qu’Hitler aurait versé jusqu’à sa mort l’ « impôt d’église » à l’église catholique (jusqu'en 1943, selon
certains : voyez R. Faurisson, « Le révisionnisme de Pie XII », p. 54.)
[7] Nous avons lu, par exemple, qu'un « Generalsiedlungsplan » de 1942 prévoyait le déplacement en Sibérie, sur une période de 30 ans, de
31 millions de personnes « racialement indésirables » et l'établissement de 10 millions d'Allemands et d'apparentés sur les terres s'étendant
de la Pologne au bassin du Dniéper. De là à dire, comme le font certains historiens, que les Allemands avaient résolu de déplacer des masses
de Slaves comme certains juifs veulent le faire des Palestiniens (Et pas en 30 ans !), il y a un pas que les gens honnêtes ne feront pas.
[8] Voyez par exemple VffG, Heft 2, August 2000, p. 223.
[9] L'affaire des métis français en est l'illustration. On sait qu'en 1920 l'armée française (dans laquelle se trouvaient de nombreux soldats
sénégalais) occupa la Rhénanie ; quand elle s'en retira, elle laissa quelques traces dont une quarantaine de métis ; la chose n'était que très
normale (Il y avait bien eu en France occupée naissance de quelque 60.000 enfants nés des amours de Françaises et de soldats allemands.)
mais, de l'avis général, (Aussi bien, d'ailleurs, en France, en Angleterre, dans le monde juif qu'en Allemagne.) cette quarantaine d'innocents