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Introduction
Florian Rochat *
Malgré ou à cause de l’application des politiques néo-
libérales, avec les conséquences que l’on sait pour les
classes populaires, des collectifs d’individus et des mou-
vements sociaux s’organisent un peu partout dans le
monde pour produire autrement et pouvoir ainsi amélio-
rer leurs conditions de vie. Poussés par la nécessité, ils
agissent sans nécessairement attendre une situation
politique favorable. Dans bien des cas, ils n’en dévelop-
pent pas moins une critique aiguisée du système néoli-
béral et s’opposent, tant en actes qu’en paroles, à la
logique du capital. Au travers d’expériences partielles,
ils montrent ainsi qu’il est possible de produire de la
richesse autrement, tout en nourrissant la réflexion sur
le développement et en prenant une part active au com-
bat pour « changer le monde ».
Il est courant de regrouper toutes ces expériences dans
ce qu’il est convenu d’appeler l’« économie solidaire »,
l’« économie sociale et solidaire », ou encore la « people’s
economy ». Au cours de ses sessions, le Forum social
mondial a organisé de nombreux débats sur ce sujet et a
favorisé la mise en place de divers réseaux ainsi que leur
coordination. Il a donné l’occasion de relater de façon très
concrète partie de ces expériences, certaines plutôt em-
bryonnaires et d’autres plus développées. Mais, il a aussi
donné à voir leur très grande diversité et la difficulté de
les englober toutes dans un même concept et d’en
dégager une stratégie et une approche communes. Les
continents semblent diversement avancés et, plus encore,
la portée et le potentiel qui sont attribués à ces
démarches par divers intervenants de terrain ou
* Florian Rochat est le directeur du CETIM.