Programme du mardi 5 août 2014
Sylvain Viredaz, piano, 1er prix au Concours d'Interprétation Musicale de Lausanne 2013
Elina Buksha, violon, chapelle musicale Reine Elisabeth
Maurice Ravel : Gaspard de la nuit
Ravel compose ce triptyque de "poèmes pour piano" en 1908, d'après le recueil de poèmes en prose
du "poète maudit" Aloysius Bertrand (1842). Il en a conservé le romantisme sombre pour donner une
œuvre d'une grande difficulté pianistique (particulièrement Scarbo).
Ondine, morceau rêveur et enchanteur, rappelle les Jeux d'eau de Ravel : une nymphe des eaux se
montre à un humain et l'invite à visiter son domaine, puis elle disparaît en "giboulées d'arpèges".
Le Gibet ("Que vois-je remuer autour de ce gibet ?" - Faust), morceau hypnotique et lunaire, décrit les
dernières impressions d'un pendu qui assiste au coucher du soleil. Joué "sans presser ni ralentir
jusqu'à la fin", avec "sourdine durant toute la pièce".
Scarbo est un morceau de virtuosité frénétique, techniquement très ardu, qui évoque un gnome
diabolique, "frissonnant reflet d'une apparition dérisoire" (selon Alfred Cortot), porteur de funestes
présages apparaissant en songe au dormeur.
Le génie de Ravel dévoile tout son potentiel mélodique avec Ondine, harmonique avec Le Gibet, et
rythmique dans Scarbo.
Durée : 24 min.
Chopin : Scherzo n°2 en si bémol mineur, op. 31
Chopin compose cette œuvre célèbre en 1837 à Paris. Il transforme le scherzo, à l'origine composition
de caractère plaisant ou divertissant, en un sommet d'expressivité romantique.
Le scherzo débute par de mystérieux triolets, comme une interrogation à laquelle de majestueux
accords répondent. Un passage cantabile très lyrique suit. La pièce se développe dans une diversité
de couleurs et de sentiments, amenant un motif central intensément mélodique. Le premier thème est
finalement répété avant de se conclure en une coda brillante.
Durée : 8 min.
Mozart : Sonate en mi mineur K 304
Parmi les 35 sonates pour piano et violon que Mozart aurait écrites, cette sonate n°21, une des plus
connues et plus souvent jouées, est la seule en tonalité mineure. Mozart la termina en 1778 lors de
son voyage à Paris, qui coïncida avec la mort de sa mère. Même si l'on ne sait pas si cette mort a
influencé l'écriture de la pièce, il s'agit d'une sonate pleine de gravité et d'expression intense. Pour le
musicologue Alfred Einstein, c'est "un des miracles dans l'œuvre de Mozart, jailli des émotions les
plus profondes".
Allegro ; Tempo di minuetto
Durée : 15 min.
César Frank : Sonate pour violon et piano
Cette sonate en la majeur est considérée comme l'une des plus belles sonates pour violon et piano
jamais écrites, un « véritable monument musical » selon Vincent d’Indy. Composée en 1886, elle est
dédiée (en cadeau de mariage) au violoniste Eugène Ysaÿe, qui la crée en décembre 1886 à
Bruxelles, puis à Paris en 1887.