Dès sa parution, et comme cela est habituellement la règle, le nouvel opus de Jeremy Rifkin,
« La nouvelle société du coût marginal zéro, l'internet des objets, l'émergence des
communaux collaboratifs et l'éclipse du capitalisme », a fait l’objet d’une déferlante de
commentaires et empoignades, et nombre de chroniqueurs n’ont pas manqué de noter que le
célèbre essayiste américain, spécialiste de prospective, y annonçait « la fin du capitalisme ».
10 septembre 2014
Selon « Le Monde » qui titre : « Jeremy Rifkin prévoit la fin du capitalisme pour 2060 »,
« la révolution numérique que nous vivons pourrait marquer la fin de l'ère capitaliste et
l'avènement d'un nouveau mode d'organisation collaboratif et décentralisé fondé sur l'économie
sociale et le partage des biens communs. »
25 septembre 2014
L’émission de France-Inter a pour thème « La fin du capitalisme ? » avec comme invité
l'économiste Jeremy Rifkin qui, « depuis près de quarante ans, essaie d'imaginer l'économie
de demain. Dans son nouvel ouvrage, il dessine un monde en rupture avec le capitalisme.
Selon lui, les communaux collaboratifs sont en train de tout changer. »
27 septembre 2014
Sur Europe 1, l’interview s’intitule « Jeremy Rifkin annonce la fin du capitalisme » avec
aussitôt une précision de taille qui nuance la prétendue fin, puisque, est-il ajouté, « selon Rifkin,
dans les temps futurs, le capitalisme survivra mais ne sera plus le maître du jeu ».
2 octobre 2014
Le site « Atlantico » met les pieds dans le plat et, dans sa chronique « Fin du capitalisme :
pourquoi la thèse idyllique que défend Jeremy Rifkin ne tient pas », Erwan Le Noan,
consultant en stratégie, fustige une presse française qu’il trouve complaisante et toujours
prompte à encenser et à célébrer « avec béatitude toute critique du marché »… Et ce alors
même que « le livre de Jeremy Rifkin est en réalité plus nuancé que les articles qui en
parlent ou même que ce que l’auteur en dit dans ses entretiens. »
Cette dernière remarque est incontestable, car la comparaison des titres de presse montre,
en effet, que, d’une façon quasi-unanime, les medias ont mis en exergue l’annonce faite par
Rifkin de « La fin du capitalisme », alors que cette expression ne figure pas, telle quelle,
dans les quelque 450 pages de sa volumineuse contribution.
En revanche, et cette remarque conforte bien les propos d’Erwan Le Noan sur « Atlantico » :
si dans son livre Jeremy Rifkin ne parle jamais de « La fin du capitalisme », il l’évoque sans
détours dans les entretiens qu’il donne. C’est ainsi que dans son n°403 de novembre 2014,
la revue « Futuribles » titre à son tour « La fin du capitalisme ? Vers une société du coût
marginal zéro », et, dans l’interview qui suit, Rifkin en parle ouvertement…
En effet, les écoles de commerce enseignent comment trouver de nouvelles technologies qui améliorent
la productivité, comment réduire les coûts marginaux, mettre sur le marché des biens et services moins
chers, obtenir plus de consommateurs et de parts de marché, et enfin comment rapporter des bénéfices
aux investisseurs. Mais l’extrême productivité entraîne des coûts marginaux nuls et la création de
produits quasi gratuits. Donc la main invisible s’apprête à vivre son triomphe ultime qui,
paradoxalement, engendre l’économie du partage et des communaux collaboratifs.