CONTRIBUTION DE CHRISTIAN RIQUELME,
CHARGE DE LA PROSPECTIVE AUPRES DU DIRECTEUR GENERAL DES SERVICES
7 MAI 2015
LA TROISIEME REVOLUTION INDUSTRIELLE
LA NOUVELLE SOCIETE DU COUT MARGINAL ZERO
l'Internet des objets,
l'émergence des communaux collaboratifs
REFLEXIONS PROSPECTIVES A L’HORIZON 2050
« ECLIPSE »
LES SIX FACES DE LA NOUVELLE ECONOMIE
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PREAMBULE
La loi portant nouvelle organisation territoriale de la République, dite loi NOTRe,
devrait bientôt renforcer et consacrer le rôle desgions en matière d’économie.
L’étude d’impact datée du 17 juin 2014 parle « d’un nouveau souffle au service
de la croissance économique et de l’emploi… »
Le renforcement de la compétitivité de notre économie nécessite de s’appuyer sur les territoires comme
acteurs majeurs du soutien au développement de nos entreprises. Le renforcement de la décentralisation
du soutien au développement économique au profit des régions et des métropoles apparaît ainsicessaire
et facteur d’un nouveau développement et d’un nouveau souffle au service de la croissance économique
et de l’emploi.
Le texte adopté en première lecture par l’Assemblée Nationale, le 10 mars 2015,
dispose que « la gion est la collectivité territoriale responsable, sur son territoire,
de la définition des orientations en matière de développement économique. »
La région élabore un schéma gional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation.
Ce schéma définit les orientations en matière d’aides aux entreprises, de soutien à l’internationalisation et
d’aides à l’investissement immobilier et à l’innovation des entreprises, ainsi que les orientations relatives à
l’attractivité du territoire gional. Les orientations du schéma favorisent un développement économique
innovant, durable et équilibré du territoire de la région et ne contribuent pas aux délocalisations d’activités
économiques au sein de la région ou d’une région limitrophe. Le schéma définit également les orientations
en matière de développement de l’économie sociale et solidaire. Le schéma fixe les actions menées par la
région en matière d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Dans les régions frontalières,
le schéma peut contenir un volet transfrontalier élaboré en concertation avec les collectivités des États voisins.
Et le communiqué daté dume jour, d’en déduire : « auxgions l’économie ».
« Les régions ont désormais un rôle majeur en termes de veloppement économique. Ainsi, les régions
agrandies, renforcées et dotées de ces nouveaux outils, sont une nouvelle force de frappe capable de se
hisser au niveau des autres grandes régions européennes », avec cette formule qui résume l’ensemble :
« Aux régions l’économie, aux départements la solidarité, au bloc communal les services de proximité »
Reste toutefois à préciser de quelle économie on parle.
L’enjeu, a insisté le Président de la République, le 5 octobre 2012, en conclusion
des Etats généraux de la démocratie territoriale organisés par le Sénat, « c'est
de mobiliser, préparer la mutation, la transition, créer des emplois, inventer un
nouveau modèle de développement. »
Le terme mutation est du reste repris dans l’exposé des motifs de la loi NOTRe,
quand il est affirmé que « les régions anticiperont les mutations économiques
sur leur territoire », ce qui suppose de mieux appréhender, à l’échelle planétaire,
comme au niveau micro-local, dans le comportement de chaque prosommateur,
« La grande transformation » en cours de gestation.
Tel est l’objectif poursuivi par la présente contribution qui, à partir des travaux
de l’essayiste américain Jeremy Rifkin, que viendront approfondir, nuancer ou
contredire de nombreux auteurs, tentera d’éclairer l’avenir en dessinant ce que
pourrait être, en 2050, une économie marquée par « L’éclipse du capitalisme ».
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INTRODUCTION
Le premier volet des « flexions prospectives à l’horizon 2030/2050 », menées à partir de
La troisième révolution industrielle, présenté dans la contribution du 24 décembre 2014,
avait analy et mis en perspective « L’actualides cinq piliers » érigés par Jeremy Rifkin.
Voici les cinq piliers de la troisième révolution industrielle :
1. le passage aux énergies renouvelables ;
2. la transformation du parc immobilier de tous les continents en
ensemble de microcentrales énergétiques qui collectent sur site des
énergies renouvelables ;
3. le déploiement de la technologie de l’hydrogène et d’autres
techniques de stockage dans chaque immeuble et dans l’ensemble
de l’infrastructure pour stocker les énergies intermittentes ;
4. l’utilisation de la technologie d’Internet pour transformer le réseau
électrique de tous les continents en inter-réseau de partage de
l’énergie fonctionnant exactement comme Internet (quand des
millions d’immeubles produisent localement, sur site, une petite
quantité d’énergie, ils peuvent vendre leurs excédents au réseau et
partager de l’électricité avec leurs voisins continentaux) ;
5. le changement de moyens de transport par passage aux véhicules
électriques branchables ou à pile à combustible, capables d’acheter
et de vendre de l’électricité sur un seau électrique interactif
continental intelligent.
Comme annoncé, ce second volet portera sur La nouvelle société du coût marginal zéro,
l'Internet des objets, l'émergence des communaux collaboratifs et lclipse du capitalisme
ouvrage de Jeremy Rifkin, paru en France le 24 septembre 2014. Nous le dénommerons le
plus souvent, afin d’alléger le texte, « L’éclipse du capitalisme », par rence à l’acronyme
« ECLIPSE » retenu, dans la présente contribution, pour présenter les six facettes d’une
« Economie Collaborative, Ludique, Intelligente, Positive, Solidaire, Equitable ».
Avec l’émergence d’une vaste classe de « prossomateurs » - consommateurs devenus des producteurs
contributifs c’est pour Jeremy Rifkin, les premiers signes que l’ère capitaliste d’abondance dans laquelle
nous vivons arrive à sa fin... Certes, rien n’est joué. Le capitalisme tente d’étouffer les communaux en
multipliant les nouvelles barrières en brevetant tout, du vivant à la manipulation des atomes. Le changement
climatique menace. Ce livre est aussi un appel à l’action individuelle et collective
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Dès sa parution, et comme cela est habituellement la règle, le nouvel opus de Jeremy Rifkin,
« La nouvelle société du coût marginal zéro, l'internet des objets, l'émergence des
communaux collaboratifs et l'éclipse du capitalisme », a fait l’objet d’une déferlante de
commentaires et empoignades, et nombre de chroniqueurs n’ont pas manqué de noter que le
bre essayiste américain, spécialiste de prospective, y annonçait « la fin du capitalisme ».
10 septembre 2014
Selon « Le Monde » qui titre : « Jeremy Rifkin prévoit la fin du capitalisme pour 2060 »,
« la révolution numérique que nous vivons pourrait marquer la fin de l'ère capitaliste et
l'avènement d'un nouveau mode d'organisation collaboratif et décentrali fon sur l'économie
sociale et le partage des biens communs. »
25 septembre 2014
L’émission de France-Inter a pour thème « La fin du capitalisme ? » avec comme invité
l'économiste Jeremy Rifkin qui, « depuis près de quarante ans, essaie d'imaginer l'économie
de demain. Dans son nouvel ouvrage, il dessine un monde en rupture avec le capitalisme.
Selon lui, les communaux collaboratifs sont en train de tout changer. »
27 septembre 2014
Sur Europe 1, l’interview s’intitule « Jeremy Rifkin annonce la fin du capitalisme » avec
aussit une précision de taille qui nuance la prétendue fin, puisque, est-il ajouté, « selon Rifkin,
dans les temps futurs, le capitalisme survivra mais ne sera plus le maître du jeu ».
2 octobre 2014
Le site « Atlantico » met les pieds dans le plat et, dans sa chronique « Fin du capitalisme :
pourquoi la thèse idyllique que fend Jeremy Rifkin ne tient pas », Erwan Le Noan,
consultant en stratégie, fustige une presse française qu’il trouve complaisante et toujours
prompte à encenser et à célébrer « avec béatitude toute critique du marché »Et ce alors
même que « le livre de Jeremy Rifkin est en réalité plus nuancé que les articles qui en
parlent ou même que ce que l’auteur en dit dans ses entretiens. »
Cette dernière remarque est incontestable, car la comparaison des titres de presse montre,
en effet, que, d’une façon quasi-unanime, les medias ont mis en exergue l’annonce faite par
Rifkin de « La fin du capitalisme », alors que cette expression ne figure pas, telle quelle,
dans les quelque 450 pages de sa volumineuse contribution.
En revanche, et cette remarque conforte bien les propos d’Erwan Le Noan sur « Atlantico » :
si dans son livre Jeremy Rifkin ne parle jamais de « La fin du capitalisme », il l’évoque sans
détours dans les entretiens qu’il donne. C’est ainsi que dans son n°403 de novembre 2014,
la revue « Futuribles » titre à son tour « La fin du capitalisme ? Vers une société du coût
marginal zéro », et, dans l’interview qui suit, Rifkin en parle ouvertement
L’économie du coût marginal zéro et la crise économique actuelle
sont intimement liées, car la crise marque la fin du capitalisme
industriel et l’émergence de la troisième révolution industrielle.
Comment la fin du capitalisme sest-elle mise en marche ? Jusqu’ici,
un paradoxe inhérent au capitalisme a garanti le succès de la
main invisible, canisme central des économies de marché.
En effet, les écoles de commerce enseignent comment trouver de nouvelles technologies qui améliorent
la productivité, comment réduire les coûts marginaux, mettre sur le marché des biens et services moins
chers, obtenir plus de consommateurs et de parts de marché, et enfin comment rapporter des bénéfices
aux investisseurs. Mais l’extrême productivité entraîne des coûts marginaux nuls et la création de
produits quasi gratuits. Donc la main invisible s’apprête à vivre son triomphe ultime qui,
paradoxalement, engendre l’économie du partage et des communaux collaboratifs.
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En fait, le titre de l’ouvrage de Jeremy Rifkin est on ne peut plus clair : « La nouvelle socié
du coût marginal zéro, l'internet des objets, l'émergence des communaux collaboratifs
et l'éclipse du capitalisme », puisqu’il y parle de l’éclipse et non de la fin du capitalisme.
L’expression « L’éclipse du capitalisme » apparaît en titre et en intertitre à la page 11, et le
verbe « éclipser » n’est utilisé qu’à deux reprises : aux pages 144 (« Les hackers s’arment des
outilscessaires pour éclipser l’ordre économique existant. ») et 358 Le marché capitaliste
peut, effectivement, faire du profit sur les communaux ; mais il n’en continuera pas moins à
trécir et à se replier dans des niches toujours plus restreintes face à lexpansion de l’économie
sociale, qui éclipsera l’économie de marché. »)
C’est dire que ce mot éclipse est plus fait pour marquer la couverture du
livre qui, dès lors, peut recourir à l’utilisation d’une telle image, créant
ainsi une part d’ombre et de mystère, que pour étayer la démonstration
de l’auteur, soucieux d’apporter une nouvelle pierre à sa production très
abondante, marquée de titres chocs, à même d’aiguiser la curiosité des
medias, de « La fin du travail » à « La fin du capitalisme ». Paru il y a
de vingt ans, le premier, « La fin du travail », saute aux yeux dans les
rayons des librairies, et il constitue d’ailleurs le titre du chapitre premier.
Sorti en 2014, le second n’a jamais fait mention de ce que les journalistes
ont résumé par « La fin du capitalisme », pas plus en couverture, il
est seulement question de son éclipse, qu’en pages intérieures.
En fait, fort habilement, pour en évoquer la fin, Jeremy Rifkin parle non du capitalisme, mais de
« l’ère capitaliste » dont il annonce le crépuscule, quand, page 21, il affirme que « nous vivons
manifestement les premières phases d’un changement des règles du jeu. Au crépuscule de
l’ère capitaliste, un nouveau modèle économique émerge, mieux fait pour organiser une
société où toujours plus de biens et de services sont presque gratuits. »
Et c’est tout à la fin de son livre, page 451, dans sa postface « Réflexions personnelles »
que Rifkin se lâche et parle, dès la première phrase, de « la mort de l’ère capitaliste ».
La mort de l’ère capitaliste m’inspire des sentiments lés. J’envisage avec espoir l’avènement des
communaux collaboratifs, et je suis persuadé qu’ils offrent le meilleur vecteur pour guérir la planète et
promouvoir une économie de l’abondance durable. Il y a néanmoins dans le capitalisme des aspects que
j’admire profondément, et d’autres que j’exècre avec autant de force.
Et l’économiste américain d’avancer, page 456, que « le capitalisme rétrécit pour devenir un
phénomène de niche », et d’imaginer, page suivante, « la société à l’orée d’un nouvel ordre
économique où la meilleure façon de promouvoir le bien-être général est le projet collaboratif
déployé sur de vastes communaux en réseaux dans une économie sociale en gestation ».
Dans la foulée, il admet que « porter un jugement sur le système capitaliste à la fin de son
règne n’est pas simple. Le marché capitaliste n’a pas été le sauveur, comme le proclamaient
ses fervents partisans. Il n’a pas été non plus le diable incarné, comme l’affirmaient ses
adversaires tonitruants. Disons qu’il a été le mécanisme le plus agile et efficace de son
époque pour organiser une économie dont les matrices d’énergie et de communication, et
les industries qui les accompagnaient, exigeaient de grosses concentrations de capital
financier, capables de soutenir des entreprises verticalement intégrées et les économies
d’échelle qu’elles permettaient. »
Au final, si Jeremy Rifkin « célèbre, avec des réserves, l’esprit d’entreprise qui a inspiré mon
père et tant d’autres », il l’affirme crument : « je ne pleure pas la mort du capitalisme. »
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