de William Shakespeare
mise en scène Nikolaï Kolyada
7 - 16 octobre 2010
Ateliers Berthier 17e
Location 01 44 85 40 40 / www.theatre-odeon.eu
Tarifs de 6€ à 28€
Horaires du mardi au samedi à 20h, dimanche à 15h
(relâche le lundi)
Odéon-Théâtre de l'Europe
Ateliers Berthier
Angle de la rue Suarès et du bd Berthier Paris 17e
Métro (ligne 13) et RER C Porte de Clichy
Service de presse
Lydie Debièvre, Camille Hurault
01 44 85 40 73 / [email protected]
Festival d'Automne à Paris
Rémi Fort 01 53 45 17 13
Dossier et photographies également disponibles sur www.theatre-odeon.eu
en russe surtitré
Hamlet / 7 > 16 octobre 2010 1
de William Shakespeare
mise en scène Nikolaï Kolyada
7 - 16 octobre 2010
Ateliers Berthier 17e
scénographie
Nikolaï Kolyada
costumes
Lioubov Rodigina, Natalia Gorbounova & Svetlana Yakina
lumière & son
Denis Novosselov
avec Youlia Bespalova, Serguej Bogorodsky, Anton Boutakov, Anna Danilina, Serguej Fiodorov, Natalia
Garanina, Konstantin Itounin, Alexej Jdanov, Lioubov Kocheleva, Serguej Kolessov, Svetlana Kolessova,
Nikolaï Kolyada, Karen Kotchiarian, Alexandre Koutchik, Anton Makouchine, Alexandre Ouglov, Irina
Plesniaeva, Serguej Rovine, Alexandre Sissoev, Maxim Tarrassov, Evguenij Tchistiakov, Vera Tzvitkis,
Alexandre Vakhov, Oleg Yagodine
créé en mai 2007 à Ekateringbourg
production Théâtre Kolyada, Ekaterinbourg coréalisation Odéon-Théâtre de l'Europe, Festival d'Automne à
Paris, Elena Guerasseva manifestation organisée dans le cadre de l'Année France-Russie 2010
en russe surtitré
Hamlet / 7 > 16 octobre 2010 2
Extrait
HAMLET
[...]
Fi, pouah ! Allez, cerveau, travaille. Voyons – j’ai entendu dire
Que des créatures coupables, en assistant à une pièce,
Ont été de par la subtilité de la scène
Si vivement frappées jusqu’en leur âme qu’à l’instant même
Elles ont proclamé leurs crimes ;
Car le meurtre, même sans langue, veut parler
Par un miraculeux organe. Je vais charger ces acteurs
De jouer une pièce semblable au meurtre de mon père
Devant mon oncle. Je vais observer son air ;
Je vais le sonder à vif. S’il frémit,
Je sais ce que j’ai à faire. L’esprit que j’ai vu
Est peut-être un démon, et le démon a le pouvoir
D’assumer une forme plaisante – oui – et peut-être
Qu’il s’appuie sur ma faiblesse et ma mélancolie,
Lui qui règne si puissamment sur de tels esprits,
Pour m’abuser et me damner. Il me faut des raisons
Plus solides que cela. La pièce est le piège
Où je prendrai la conscience du roi.
Shakespeare : Hamlet, acte II, scène 2 (tr. D. Loayza)
Hamlet / 7 > 16 octobre 2010 3
Une éternité primitive du théâtre
Célèbre dans sa patrie, Nikolaï Kolyada est encore presque un inconnu en France. Il ne le restera pas longtemps.
Pour lui, le théâtre est une expérience vitale, au plus près des atmosphères de la Russie d’aujourd’hui. Kolyada
sature la scène d’éléments empruntés à ses promenades, puisant dans les marchés des cuvettes métalliques, des tis-
sus kitsch qu’il pend à des pinces à linge, des colliers de chien qu’il métamorphose en bijoux, voire en couronnes :
«ici il n’y a pas d’atelier, pas d’argent, on travaille avec ce qu’on trouve...» Son Hamlet en tire l’énergie d’une fête
païenne. La profération redevient urgente, essentielle, dans ce festin impur où le metteur en scène lui-même, tra-
vesti en ange dérisoire, joue le rôle du Spectre venu soulever le corps nu d’Ophélie, tandis que son acteur fétiche,
Oleg Yagodine, confère au «doux prince» sans repos la beauté viscontienne de son visage et de son corps.
Révélé en 2009 par le Festival Passages (organisé à Nancy par le Théâtre de la Manufacture), où sa troupe présen-
tait un Gogol et deux Shakespeare, Kolyada, 55 ans, compte à son actif plusieurs décennies de théâtre et près d’une
centaine de pièces. A quinze ans, il entre à l’école d’art dramatique d’Ekaterinbourg ; à dix-sept, il obtient un
grand rôle pour la première fois ; à vingt-quatre, il est exclu de la troupe pour ivrognerie ; à trente, il écrit un pre-
mier texte pour la scène, aussitôt programmé dans deux cents théâtres. “Une pluie d’or est tombée sur moi. J’ai
cessé de boire…” En 2001, Kolyada fonde sa propre compagnie, monte ses spectacles dans un sous-sol du centre-
ville. Cinq ans après, la mafia le plastique, pour faire main basse sur le local et y créer un restaurant. Mais il en
faut plus pour décourager un tel homme, fédérateur d’une troupe magnifique engagée sans réserve à ses côtés, et
qui ne peut concevoir le théâtre que comme expérience vitale, concrète, au plus près des paysages, des matériaux,
des atmosphères de la Russie d’aujourd’hui. “On dit que je représente l’avant-garde,” confie Kolyada, “mais non,
je représente le théâtre russe.” Son art, dont on a pu écrire qu’il est “pauvre en moyens, riche en images”, tire un
surcroît de force de son manque de ressources. Kolyada sature la scène d’éléments empruntés à ses promenades
dans les quartiers d’Ekaterinbourg ou au marché Chartachki. Et devant ses détritus – conserves de nourriture
pour chat, déchets de boucherie, sacs plastique –, loin de détourner le regard, il prend le temps d’observer, de réflé-
chir, de laisser monter en lui les idées comme autant de chances de saisir ce que charrie le monde tel qu’il est :
“J’aime bien mettre sur scène ce qu’on trouve dans les poubelles… Si c’est Nabokov qui regarde cela il peut en
dire la beauté. C’est ce que j’essaie de faire : dire la beauté des poubelles.” Avec Kolyada, le texte de Shakespeare
est chanté, mâché, psalmodié par des acteurs d’une belle sauvagerie, qui le triturent comme sont lacérées les pau-
vres toiles qui pendent aux murs. Parfois, un personnage puise dans un seau un bouchon de liège qu’il se met en
bouche avant de le transmettre à son voisin dans un baiser…
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"Le prince latent qui ne peut devenir"
La tragédie de Hamlet est un peu la Mona Lisa de l’art dramatique : trop connue, méconnue. Tout le monde l’a
vue ou a cru la voir, mais personne ne se souvient toujours de tous ses détails. On sait bien que l’oeuvre est mysté-
rieuse, mais on a bien du mal à cerner en quoi son mystère consiste. On a risqué à son sujet toutes les hypothèses,
on y a déchiffré les significations les plus intimes (Mona Lisa serait un portrait d’homme, voire un autoportrait ;
le fils mort de Shakespeare s’appelait Hamnet, l’auteur aurait lui-même joué le rôle du Spectre, etc.). Et de même
que la Joconde s’est vue affubler de moustaches par Duchamp, ravaler par Léger ou Dalí, recuire sur céramique
en quatre exemplaires par Rauschenberg, tout en restant à tout jamais reconnaissable, de même Hamlet : dislo-
qué, lacéré, décomposé, son corps théâtral survit à tous les hommages qu’il inspire, toujours prêt à alimenter une
nouvelle tentative.
Hamlet est comme vacant, sans emploi, coupé de toute vocation. Comme le rappelle Shakespeare dans son titre,
il est Prince, et il n’est que cela. Fait pour être roi, il ne succède pas à son père et paraît dépossédé de sa destinée
naturelle. Quant Hamlet entre en scène, il ne se manifeste que par ses refus : refus de parler, refus de s’expliquer,
refus de rester à Elseneur et de jouer le rôle que le nouveau pouvoir lui réserve. Mais ces refus mêmes ne lui four-
nissent pas de quoi se constituer une identité de rebelle ou de révolté. Les jeux de mots que le prince oppose au roi
Claudius puis à sa mère, malgré leur insolence, témoignent surtout de son impuissance. Hamlet n’est pas plus en
mesure de s’exprimer ouvertement qu’il n’a les moyens d’imposer au successeur de son père sur le trône son désir
de quitter le Danemark au plus vite pour reprendre ses études à Wittenberg. Hamlet offre bien à son public une
manière d’autoportrait – mais celui-ci est construit en termes presque uniquement négatifs.
Hamlet nie que des signes (corporels ou vestimentaires) puissent exprimer la réalité de son état intime. Il estime
en effet que de tels signes ne sont qu’apparence et pur semblant, nécessaires peut-être, mais non pas suffisants, “car
ce sont là des actions qu’un homme peut jouer” (I, 2, 84). Or Hamlet, lui, entend être sincère, en restant fidèle à
une vérité intérieure qui ne peut se laisser montrer. Ainsi donc, ce qui se laisse exprimer par un code vestimen-
taire ou gestuel (et en particulier, ce qui est susceptible d’être reproduit par l’art du comédien) est discrédité d’em-
blée. Hamlet choisit donc de se placer tout entier du côté de l’inimitable, de l’intime et de l’indicible, dût-il renon-
cer à jouer des signes qu’il a si violemment récusés. La sincérité lui étant donc défendue, et le jeu lui étant inter-
dit, Hamlet se voit privé de tout moyen de se faire entendre en société. Reste alors l’expression solitaire, mais celle-
ci ne lui offre guère d’échappatoire. Voyez son premier monologue, où l’horreur suscitée par le remariage de sa
mère n’affleure à la surface de la parole que pour être aussitôt réprimée : “brise-toi, mon coeur, car je dois me taire”
(I, 2, 159). Décidément, ce personnage-là paraît voué au silence et à la disparition, et Mallarmé était fondé à voir
en lui “le prince latent qui ne peut devenir”. […]
La “folie” va permettre à Hamlet de jouer sur plusieurs tableaux. Tout en brouillant les pistes, il peut désormais
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