NAC CONGRÈS Stérilisation des NAC Des techniques qui varient selon les espèces Lors du congrès VetoAlp consacré à la chirurgie des NAC, le Dr Gersende DOUMERC a présenté les techniques actuelles de stérilisation du furet, du lapin, des caviomorphes (cobaye, chinchilla et octodon), et des myomorphes (rat, souris, hamster, gerbille). Des techniques bien spécifiques à chaque type d'animal, de plus en plus présents dans nos cliniques. Pour chaque espèce, la stérilisation est le moyen de maîtriser de façon définitive la reproduction. Il existe néanmoins des spécificités et des limites propres à chaque espèce. Il est possible de suturer le scrotum. L'antibioprévention est poursuivie quelques jours, il est inutile de mettre un pansement ou une collerette mais il est conseillé de séparer le furet de ses congénères quelques jours. Chez la furette, le Dr Doumerc recommande de pratiquer systématiquement une ovariohystérectomie, car les métrites sont possibles chez les furettes ayant subi une ovariectomie simple (lors de maladie surrénalienne). De plus, l'OVH limite les risques de rémanence ovarienne. L'abord chirurgical est abdominal, par la ligne blanche. La technique chirurgicale est classique, mais les ovaires, qui se trouvent dans une importante bourse graisseuse, sont parfois plus difficiles à visualiser que chez la chatte. Les soins postopératoires sont les mêmes que pour le mâle. La stérilisation chirurgicale prédispose les furets et les furettes à la maladie surrénalienne, liée à une hyperplasie ou une néoplasie des glandes surrénales. Stérilisation du furet La stérilisation médicale est dorénavant possible, chez le mâle comme chez la femelle, grâce aux implants de desloréline (Suprélorin® Virbac, hors AMM) (photo 2). La castration des furets mâles permet la diminution de l'odeur corporelle, des agressions sexuelles et de la séborrhée et prévient les tumeurs testiculaires. Chez la femelle, la stérilisation prévient les tumeurs ovariennes et les métrites (à condition de réaliser une ovariohystérectomie) et diminue l'odeur corporelle. Elle prévient également l'apparition d'un hyperœstrogénisme chez les femelles non reproductrices. La diète pré-opératoire est courte, 6 heures maximum. L'analgésie (morphine, AINS) est primordiale chez le mâle et la femelle. Chez le mâle, la technique chirurgicale est identique à celle des chats : castration à testicules découverts, en pratiquant des nœuds entre le canal spermatique et les vaisseaux sanguins ou en posant des ligatures (photo 1). 2 © Caroline Siméon Conférencier Gersende DOUMERC DMV Docteur vétérinaire Quimper (29) La puberté des mâles survient entre 8 et 12 mois, celle des femelles entre 7 et 10 mois. La reproduction est saisonnière : le rut débute en décembre-janvier. Le cycle de la femelle est monœstrien, il dure 120 jours. L'ovulation étant provoquée par l'accouplement, en l'absence de ce dernier, les chaleurs perdurent durant toute la durée du cycle et l'hyperœstrogénisme induit peut devenir toxique et engendrer une aplasie médullaire. La gestation dure 42 jours et aboutit à 8 furetons par portée en moyenne. Les petits naissent nus et aveugles, ils sont dits « nidicoles ». La lactation dure deux mois. La pose (hors AMM) d'un implant de Suprélorin® permet la castration chimique temporaire des furets mâles et femelles. 1 Castration à testicules découverts avec pose de ligatures chez un furet. © G. Doumerc. Sa durée d'action est en moyenne de deux ans. Après la pose de l'implant, les hormones sexuelles sont temporairement stimulées pendant deux semaines et il convient de prévenir les propriétaires d'un éventuel retour de la libido ou des chaleurs. Chez la femelle, il est préférable de poser l'implant en dehors des chaleurs ou après avoir fait ovuler la furette (injection d'hCG). N°137 du 14 au 20 mai 2009 23 NAC CONGRÈS Stérilisation du lapin l'abord chirurgical sera donc plus caudal que chez les autres mammifères. Il faut faire attention à ne pas ponctionner le tube digestif, très développé, lors de l'ouverture de la cavité abdominale. La technique est classique mais il est conseillé de poser une suture transfixante sur le col utérin. L'analgésie post-opératoire est poursuivie trois jours, l'antibioprévention sept jours. Pour limiter l'iléus intestinal, du métoclopramide (0,5 mg/kg/8h) peut être administrer préventivement, ou si les crottes se raréfient et/ou deviennent petites et sèches. La puberté est précoce : trois mois pour la femelle, quatre mois pour le mâle. Il n'y a pas de saison de reproduction ni de cycle œstral. L'ovulation est provoquée par le coït. La gestation est rapide (31-32 jours) et aboutit à des petits lapereaux nidicoles. La prolificité est variable, elle est plus faible chez les espèces naines. La lactation dure un mois, les petits ne tètent qu'une à deux fois par jour seulement. Stérilisation des caviomorphes Chez le mâle, la castration permet de maîtriser la reproduction, de diminuer les agressions territoriales et les agressions entre congénères, de diminuer les comportements sexuels sur les propriétaires et le marquage urinaire. Elle prévient également les tumeurs testiculaires. Les effets secondaires néfastes sont liés à la sédentarité et à l'obésité : maux de pattes et problème de transit intestinal. L'âge recommandé pour la stérilisation est de 5-6 mois. La diète pré-opératoire est inutile (retrait des granulés le matin, foin à disposition), l'analgésie est primordiale et l'antibioprévention conseillée. Pendant la chirurgie, la température corporelle doit être maintenue grâce à un tapis chauffant ou des bouillottes. La castration des mâles est le plus souvent pratiquée car elle est techniquement plus facile et les complications sont moins nombreuses. La puberté du chinchilla et de l'octodon est plutôt tardive ; elle survient respectivement à 9 et 15 mois. La gestation est longue (deux mois chez le cobaye, trois mois chez l'octodon et quatre mois chez le chinchilla) et aboutit à des petits nidifuges. La prolificité est moyenne, on parle de reproduction qualitative. Les indications de la stérilisation sont la maîtrise de la reproduction et la prévention des affections du tractus génital. © G. Doumerc. Trois techniques chirurgicales sont possibles : à testicules couverts ou à testicules découverts avec suture de la vaginale (photo 3) et fermeture du scrotum avec un point en U ou de la colle chirurgicale. La castration à testicules découverts par voie abdominale est possible et facile. La réalimentation post-opératoire est précoce pour éviter un iléus intestinal (foin au réveil, granulés quelques heures plus tard). 4 3 © G. Doumerc. Ovariohystérectomie chez une femelle cobaye présentant des kystes ovariens. Chez la lapine, la stérilisation diminue les risques de tumeur utérine. En effet, 50 % des lapines entières de cinq ans développent un adénocarcinome utérin. La stérilisation diminue également le risque de tumeur mammaire et l'agressivité territoriale ou liée à une lactation de pseudogestation. L'utérus et les ovaires sont très caudaux, © G. Doumerc. Castration à testicules découverts avec sutures de la vaginale chez un lapin. 5 Les caviomorphes mâles ne présentent pas de scrotum individualisé (ici, un octodon mâle). N°137 du 14 au 20 mai 2009 24 NAC CONGRÈS Chez la femelle cobaye, elle prévient l'apparition des kystes et des tumeurs de l'ovaire (photo 4) et évite les dystocies par disproportion fœto-maternelle en cas de reproduction tardive. Chez le mâle, le scrotum n'est pas différentié, on parle de sac anal (photo 5). Chez le mâle, elle prévient la séborrhée et les tumeurs testiculaires. Les effets secondaires indésirables sont l'obésité, les maux de pattes et la mésentente entre congénères dans les jours suivant la chirurgie. Il faut donc souvent isoler les individus opérés. Chez la femelle, les cornes utérines et les pédicules ovariens sont très fragiles et le tube digestif très développé. Chez le rat, la castration s'effectue à testicules couverts, à testicules découverts avec suture de la vaginale ou par voie abdominale. La castration se pratique à testicules découverts avec suture de la vaginale et du scrotum ou à testicules couverts. L'ovariectomie est généralement suffisante chez la ratte (photo 7), pour qui la stérilisation de convenance devrait être mise en avant. La diète pré-opératoire est inutile, l'analgésie et l'antibioprévention sont indispensables. Les risques d'ostéoporose secondaire existent lorsque la stérilisation des rattes est pratiquée avant l'âge de quatre mois. La méthode recommandée par le Dr Doumerc est la castration par voie abdominale. Chez la femelle, l'OVH est le plus souvent thérapeutique car les complications ne sont pas rares. Le Dr Doumerc utilise des cotons tiges stériles pour isoler et repérer les cornes utérines. L'analgésie et l'antibioprévention sont poursuivies quelques jours après la chirurgie. Selon l'hygiène de la cage, un pansement peut être posé. Les copeaux sont remplacés temporairement par une alèse ou une serviette. Le suivi du transit est indispensable, du métoclopramide peut être prescrit au besoin. La puberté est très précoce, il n'y a pas de saison de reproduction, les cycles sont courts (3 à 5 jours) et la gestation rapide. La prolificité est importante, les petits sont nidicoles (photo 6). On parle de reproduction quantitative. Outre la maîtrise de la reproduction, la stérilisation permet la prévention de nombreuses affections : tumeurs mammaires (rattes, souris), métrites (rattes), tumeurs hypophysaires (rattes) et tumeurs ovariennes (gerbilles). © G. Doumerc. Stérilisation des myomorphes 7 Vue rapprochée de l'ovaire d'une ratte pendant son ovariectomie. Les stérilisations de convenance sont souvent demandées par les propriétaires de NAC qui en possèdent généralement plusieurs. Techniquement, ces interventions ne posent aucun problème (sauf pour les femelles caviomorphes), mais les soins pré et post-opératoires, en particulier l'analgésie et le suivi du transit, sont primordiaux chez ces espèces. I 6 © G. Doumerc. Dr Caroline Siméon Docteur vétérinaire Lagny sur Marne (77) Remerciements au Dr Gersende Doumerc pour la relecture attentive et le prêt des illustrations. Les ratons sont nus et aveugles à la naissance : il sont dits nidicoles. Le lait contenu dans l'estomac est visible par transparence. 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