No 76. 2e TRIMESTRE 2016
Immobilier d’entreprise 41
Ce mouvement est conjoncturel et structurel: il agit
sous la double poussée de l’évolution démogra-
phique et du fait urbain, d’une part, mais aussi du fait
des politiques d’allocations d’actifs qui privilégient
fortement les rendements généreux de l’immobilier.
De ce profil dépendra l’approche du sujet ou, plutôt,
la texture du discours commercial. C’est un environ-
nement personnalisé dont il faut tenir compte, ainsi
que de l’anticipation des attentes des interlocuteurs.
4.In situ
L’immeuble n’est pas un objet hors-sol, virtuel. Il
est donc nécessaire d’aller sur le site pour observer
et analyser l’environnement. Mieux, à pied, com-
prendre le cheminement vers les transports, repé-
rer le voisinage et l’environnement immédiat. Une
reconnaissance sur le terrain permet de «respirer»
l’atmosphère du lieu, de vérifier l’ensoleillement,
autant d’éléments qui constitueront le ferment du
plan marketing.
Ces facteurs constituent le préalable à tout exercice
de commercialisation locative. De plus, lorsque la
visite de l’immeuble est possible, celle-ci en révè-
lera les accidents et les atouts. L’immobilier a cela de
rassurant: c’est un objet visible, contextualisé, dont
l’observation favorisera la compréhension. Un esprit
ouvert et curieux, attentif aux détails, permet de faire
du marketing immobilier davantage qu’un cash-flow.
5.Le marché, les données
C’est le répertoire du jeu le mieux couvert par les
agents, et il est tout simplement indispensable. L’ana-
lyse des études sera éclairante pour comprendre
la nature de la demande, en volume, par secteur
d’activité, par taille d’entreprise. Prendre le temps de
mesurer l’ore concurrente favorisera et profilera
une proposition en valeur, en surface, en nombre, à
compléter d’une analyse détaillée des comparables
qui permettra d’évaluer ses chances face aux com-
pétiteurs.
Les transactions, enfin, sont riches d’enseignements:
même si un rétroviseur n’annonce jamais rien, il per-
met, comme pour l’histoire, d’instruire le présent.
Inutile de commenter cet aspect qui est, pour cha-
cun des professionnels confrontés à la commercia-
lisation, le préalable à toute opération. Les conseils
en immobilier maîtrisent à la perfection cet exercice,
dont le marketing doit se saisir pour comprendre les
enjeux de la cible et bien peser ses leviers.
À ce stade, l’innovation n’est pas vraiment présente.
On peut s’attendre toutefois, dans les mois à venir, à
une plus grande profondeur dans l’analyse des mou-
vements, en particulier en s’appuyant sur les antici-
pations, les mécanismes prédictifs. Ils peuvent être
conçus à partir de données hors immobilier et non
structurées qui sont disponibles à la vente, comme
celles d’Orange, ou libres d’accès comme celles de
la région Île-de-France.
D’ores et déjà, il existe des services comme ceux
proposés par la société Explore1 qui permettent, à
partir des signaux faibles relevés dans les médias,
d’anticiper des attentes et, ainsi, de constituer des
segments de cibles qui n’expriment pas encore un
besoin sur le marché. Cet exercice nécessite tou-
tefois une étude fine de l’information. C’est toute la
limite de ce type de données, qui ne renseigne pas
et rend nécessaire le recrutement d’analystes ou de
spécialistes de la data.
rendre coMpte,
évaluer les actions
1.Le pitch
Un exposé précèdera toute opération de marketing,
décrivant l’ore commerciale, la vision du commer-
cialisateur. Passons sur les dicultés de la prépara-
tion et concentrons-nous sur l’usage et le profit qui
en est fait. C’est un élément de sélection, un puissant
moyen de s’approprier en peu de temps l’opération,
une démonstration également de sa volonté et de
ses compétences. C’est déjà beaucoup!
Pourtant, une innovation serait bienvenue. Les recom-
mandations, la feuille de route s’évaporent vite, les
interlocuteurs changent et, inévitablement, on perd le
fil. Les grands groupes de conseils ont la capacité de
développer des applications qui ont vocation à conser-
ver la trace de leur eort, un tableau de bord vivant,
récapitulant la valeur d’actions marketing en les chif-
frant autant que possible.
2.Les conseils pour anticiper
La cible n’est pas unique et homogène –on parle de
segments–, et l’approche personnelle relève d’une
stratégie diérenciée, composante réelle du mar-
keting. Le passage obligé nécessite de s’intéresser à
la société convoitée et de privilégier une démarche
commerciale individuelle dans laquelle l’immobilier
n’est pas le sujet à aborder en première approche.
Chacun a fait l’expérience d’une ore immobilière
qui arrive à un moment où la réflexion n’est pas mûre.
La phase de conseil devient ainsi un préalable, d’où
l’intérêt d’avoir des équipes au sein des sociétés de
conseils qui divisent le travail, pour mieux accom-
pagner des temporalités diérentes mais aussi des
besoins qui ne sont pas ceux qui viennent à l’esprit
au début de la commercialisation. Ainsi la rencontre
de ce besoin et de l’ore immobilière se fera au
moment opportun, suscitant parfois l’impatience
des propriétaires, qui souhaiteraient que les visites
d’immeubles soient plus fréquentes.
1.www.explore.fr.