Master ingenierie zootechnie Page 1 sur 13 Socle de connaissances théoriques : La génétique d'un caractère quantitatif Ce chapitre vous apporte les définitions et notions de bases essentielles à la compréhension du cours. Elles sont à connaître pour le module génétique du master ‘ingénierie zootechnie' et elles concernent les points suivants : › La variation et le déterminisme des caractères quantitatifs › La notion d'héritabilité › Les corrélations génétiques Variation des caractères quantitatifs Un caractère quantitatif fait généralement référence à un caractère qui se mesure sur une échelle métrique ou continue (mesure en kg, en m, en l, ...). Les caractères d'intérêt économique pour une filière, sont bien souvent des caractères quantitatifs, comme par exemple, les caractères de production (production laitière, GMQ* …) ou de qualité (taux protéique (TP) ou butyreux (TB) du lait). Les caractères quantitatifs s'opposent aux caractères qualitatifs qui eux, présentent un nombre faible et fini de forme visible (robe (n couleur), plumage, cornage (présence ou absence). De ce fait, ces derniers ne sont pas mesurables; on se contente d'une appréciation visuelle, plus ou moins objective d'où, l'adjectif "qualitatif". L'intérêt économique de tels caractères est souvent limité (à une exception prête). Distribution des valeurs Pour les caractères qualitatifs, la variation entre les individus d'une même population est discontinue, c'est à dire: ces individus peuvent être classés en un petit nombre de catégories bien distinctes (animaux avec ou sans corne). Au contraire, pour les caractères quantitatifs, la variation est généralement continue. Les différentes performances (appelées aussi valeurs phénotypiques ou phénotypes), que peuvent prendre les animaux pour un caractère donné, varient http://master-zoot.sve.univ-rennes1.fr/index.php?page=contenu/cours/inzoo/selec/selbaz.htm 03/09/2004 Master ingenierie zootechnie Page 2 sur 13 progressivement entre des valeurs extrêmes, toutes les valeurs intermédiaires pouvant être rencontrées. La distribution de ces caractères suit en général, une loi Normale (distribution Gaussienne, schéma ci dessous), dont la description peut être synthétisée par : › La moyenne du caractère dans la population d'intérêt › La variabilité autour de la moyenne soit l'écart type ou la variance du caractère Ci-dessous la distribution schématique du caractère ‘Production laitière' de vaches laitières de race Prim'Holstein. Selon les caractéristiques d'une distribution gaussienne, 95% des mesures de ce caractère dans la population sont comprises dans un écart de valeurs correspondant à la moyenne 2 soit [6 000 kg – 10 000 kg], la moyenne étant ici à 8000 kg de lait. Action de l'environnement L'environnement ou milieu dans lequel se trouve un animal peut être défini comme étant l'ensemble des objets naturels, http://master-zoot.sve.univ-rennes1.fr/index.php?page=contenu/cours/inzoo/selec/selbaz.htm 03/09/2004 Master ingenierie zootechnie Page 3 sur 13 des êtres vivants, des conditions physiques, chimiques, climatiques, qui entourent et peuvent influencer l'animal: › Les caractères qualitatifs, sauf exceptions, ne sont pas tributaires de l'action du milieu. Par exemple, la couleur de la robe d'un bovin ne change pas quand les conditions de milieu sont modifiées. › Les caractères quantitatifs, quant à eux, sont plus ou moins influencés par les conditions de milieu; des conditions favorables d'alimentation permettent d'augmenter la vitesse de croissance, la quantité de lait produite, etc; des conditions sanitaires ou climatiques défavorables, peuvent diminuer sensiblement les performances. Ainsi, contrairement aux caractères qualitatifs, la mesure d'un caractère quantitatif chez un animal n'est pas que le reflet de son génotype, mais aussi celui de son environnement. En résumé Ces deux caractères ont des caractéristiques nettement différentes : Caractères quantitatifs Caractères qualitatifs Mesurables Variation continue Sensibles à l'action du milieu Non mesurables Variation discontinue Non soumis à l'action du milieu Intérêt économique important Intérêt économique le plus souvent secondaire Déterminisme génétique des caractères quantitatifs Principes Les caractères qualitatifs sont gouvernés par un petit nombre de gènes, voire un gène* à quelques allèles*, voire par un seul gène* à deux allèles*, expliquant le nombre réduit de phénotypes observables. Exemple : 1 locus à deux allèles A1 et A2 peut générer : › 3 phénotypes en cas de co-domiance et qui correspondent aux 3 génotypes A1A1; A2A2; A1A2. http://master-zoot.sve.univ-rennes1.fr/index.php?page=contenu/cours/inzoo/selec/selbaz.htm 03/09/2004 Master ingenierie zootechnie Page 4 sur 13 › 2 phénotypes en cas de dominance. dans le cas de A1 dominant : A1A1 et A1A2 correspondent à un phénotype alors qu A2A2, correspond à l'autre Les principes génétiques qui régissent l'hérédité* des caractères quantitatifs ne sont pas différents de ceux régissant les caractères qualitatifs. Les gènes se transmettent de la même façon, qu'ils gouvernent un caractère qualitatif ou un caractère quantitatif. Mais, on considère qu'un caractère quantitatif est sous influence d'un très grand nombre de gènes (centaines, milliers???) ayant chacun plusieurs allèles différents dans la population. Est également considéré que chacun des allèles ( aux multiples gènes gouvernant le caractère) a un effet, sur le caractère, de faible amplitude, et l'ensemble de ces effets s'additionne. L'addition de ces effets détermine ainsi la contribution du génotype à la performance de l'animal (cf. schéma ci -dessous). Cette composante génétique de la performance s'appelle valeur génétique de l'animal pour le caractère et est notée G. Ainsi, la valeur génétique G d'un animal pour un caractère est égale à la somme des petits effets des allèles possédés par l'animal aux différents loci gouvernant le caractère. Exemple en production laitière Soit 2 gènes ou loci, A et B, gouvernant la production de lait (attention: en réalité, 2 correspond à quelques centaines de loci). Soit deux animaux ayant les génotypes ci dessous, les effets "de faible amplitude" de chacun des allèles à ces deux loci, sur la production laitière, sont indiqués A1 apportant + 10 kg de lait, A2: + 30 kg, B1: + 5 kg, B2: +15 kg. La valeur génétique G de chaque animal pour la production laitière est également indiquée, son calcul résultant de la somme des effets des allèles possédés par chaque individu aux différents loci gouvernant le caractère. Taureau 'Jules' A1 A2 +10 +30 B1 B4 +5 +15 G Jules = + 60 Taureau 'Jim' A1 +10 A3 +25 B1 B2 +5 +10 G Jim = + 50 Ainsi, au niveau de la population, le nombre de génotypes possibles devient alors très grand (voire infini) et devient alors compatible avec une distribution continue des performances i.e. un nombre très grand (voire infini) de phénotypes différents observés dans la population. Un tel modèle génétique de l'hérédité des caractères quantitatifs qui a été imaginé par les généticiens au début du siècle, est appelé modèle polygénique additif. En conséquence, les caractères quantitatifs sont aussi appelés des caractères polygéniques*. L'animal transmet, comme vous pourrez le voir sur le schéma suivant, la moitié de ces allèles à sa descendance. On obtient 4 combinaisons. http://master-zoot.sve.univ-rennes1.fr/index.php?page=contenu/cours/inzoo/selec/selbaz.htm 03/09/2004 Master ingenierie zootechnie Page 5 sur 13 Caractère quantitatif décrit au niveau d'un animal : P = G + E L'expression d'un caractère quantitatif ou phénotype, se traduit chez tout individu par une performance dont la mesure est généralement noté P (pour Performances ou valeur phénotypique*). Selon les principes évoqués plus haut, la valeur phénotypique P d'un individu peut alors être considérée comme la somme de 2 valeurs : › La valeur génétique G telle que définie plus haut, soit la somme des petits effets du génotype de l'animal correspondant au caractère d'intérêt. Cette composante correspond donc aux effets du patrimoine génétique, ou génotype, de l'individu dans l'expression du caractère › La valeur environnementale E, correspond à la somme des effets des facteurs non génétiques que sont les facteurs environnementaux ou de milieu. Cette composante correspond à la part apportée par le milieu dans l'expression du caractère Contrairement aux effets de l'environnement, seule la valeur génétique d'un animal pour un caractère donné se transmet en moyenne à sa descendance. Reprenons l'exemple cité plus haut : http://master-zoot.sve.univ-rennes1.fr/index.php?page=contenu/cours/inzoo/selec/selbaz.htm 03/09/2004 Master ingenierie zootechnie Page 6 sur 13 Caractère quantitatif décrit au niveau de la population: V(P) = V(G) + V(E) Dans une population et pour un caractère donné, la variabilité des performances, ou variabilité phénotypique (V(P)) a une double origine: › La variabilité génétique (V(G)) : variation des effets des génotypes gouvernant le caractère d'intérêt et correspondant aux individus de la population. › La variabilité environnement (V(E)) : variation des effets des facteurs non génétiques auxquels sont soumis les individus de la population http://master-zoot.sve.univ-rennes1.fr/index.php?page=contenu/cours/inzoo/selec/selbaz.htm 03/09/2004 Master ingenierie zootechnie Page 7 sur 13 En résumé Au niveau de l'animal i: Avec: Pi = Gi + Ei Seule, la valeur génétique G d'un individu se transmet en moyenne pour moitié à sa descendance Au niveau de la population : V(P) = V(G) +V(E) i Pi: valeur phénotypique ou mesure du caractère pour l'animal Gi: valeur génétique du caractère pour l'animal i Ei: valeur environnementale des facteurs environnementaux V(P): variation de la valeur phénotypique V(G): variation de la valeur génétique V(P): variation de la valeur environnementale Paramètres génétiques 1. L'héritabilité Nous venons de voir pour un caractère quantitatif que la valeur phénotypique P d'un animal est telle que P = G + E. Par conséquent sa variation dans une population donnée est telle que : V(P) = Variabilité génétique + Variabilité due à l'environnement = V(G) + V(E) Définition de l'héritabilité notée h² Dans une population et pour un caractère donné, l'héritabilité correspond à un paramètre génétique qui quantifie la part de la variabilité génétique(V(G)) dans la variabilité observée du caractère V(P) soit ; En somme, être héritable, c'est présenter une variation dans la population qui soit transmissible à la génération suivante. D'ailleurs, c'est une manière de la calculer. L'héritabilité indique également quelle est, en moyenne, la part de la supériorité phénotypique qui est d'origine génétique et donc transmise aux descendants. http://master-zoot.sve.univ-rennes1.fr/index.php?page=contenu/cours/inzoo/selec/selbaz.htm 03/09/2004 Master ingenierie zootechnie Page 8 sur 13 Si h² = 0 Cela signifie que V(G) = 0. Dans ce cas, il n'y a pas d'amélioration génétique possible, les variations de performances observées dans la population sont dues à des variations d'effets d'environnement. Soit différentes vaches présentant des productions laitières différentes P "bernadette" = G + Ebernadette P "marguerite" = G + Emarguerite P "simonette" = G + Esimonette alors que les performances Pi entre vaches sont différentes, les valeurs génétiques Gi sont identiques (G): aucune de ces vaches n'est supérieure génétiquement par rapport aux autres. Pas de possibilités d'améliorer par sélection Si h²= 0, cela signifie que les performances sont expliquées par l'environnement. Lorsque h² est faible, on remarque nettement sur ce graphique (répartition gaussienne) que la variabilité génétique de la population pour un caractère donné est très faible par rapport à la variabilité phénotypique du caractère. Si h² = 1 alors V(G) = 1 et donc le progrès est maximum. Lorsque h² est élevée, (valeur ne dépassant pas 0.6-0.7), la part de la variabilité génétique est nettement plus importante dans l'expression http://master-zoot.sve.univ-rennes1.fr/index.php?page=contenu/cours/inzoo/selec/selbaz.htm 03/09/2004 Master ingenierie zootechnie Page 9 sur 13 de la variabilité phénotypique d'un caractère quantitatif. Valeurs de h² selon le caractère Le tableau suivant présente les différentes valeurs de h²pour différents caractères. h² 0.15 0.2 h² 0.4 h² 0.4 Caractères dits faiblement voire pas héritables caractères dits moyennement héritables caractères dits fortement héritables Caractères de reproduction: Caractères de production: Caractères de qualité et de Morphologie: Quantité de lait par lactation (MG, MP, MU) (VL) TP, TB, Equilibre des quartiers ; (VL) Durée de lactation (VL) Intervalle entre vêlage (VL, VA) Taille de la portée (porcs, lapins, ovins) Fertilité (VL, ovins) Fécondité (ovins) Temps de traite (VL) Vitesse de croissance (VA, porcs, ovins, volailles) Poids: › la naissance › au sevrage Rendement à l'abattage Surface du long dorsal (VA, porcs) Longueur carcasse (porcs) Conformation (VA, porcs, ovins) (VA, porcs, ovins) IC (porcs, volailles) Finesse de la laine (ovins) A retenir : › L'estimation h² d'un caractère varie plus selon le caractère que selon l'espèce étudiée. ›L'héritabilité permet donc de prédire si l'amélioration génétique par sélection sera efficace. C'est un outil http://master-zoot.sve.univ-rennes1.fr/index.php?page=contenu/cours/inzoo/selec/selbaz.htm 03/09/2004 Master ingenierie zootechnie Page 10 sur 13 indispensable pour savoir si la sélection est une stratégie adaptée pour améliorer ce caractère dans une population donnée. N.B : Ne pas oublier que l'efficacité de la sélection dépend de V(G) or, selon la définition de l'h², V(G) = h² x V(P). Ainsi, une sélection dite efficace, nécessite non seulement une h² non nulle, mais aussi une variation des mesures V(P) non négligeable. Cela va de soi! 2. Les corrélations génétiques notées Rg (caractère 1, caractère 2) Ce paramètre génétique permet de répondre à la question suivante : Quand on fait évoluer génétiquement par sélection un caractère, comment évoluent les autres ? Cette question illustre clairement les associations qui peuvent exister entre des caractères quantitatifs différents qui sont parfois associés génétiquement. On peut rencontrer des dépendances positives ente caractères : des individus présentant de fortes valeurs génétiques pour le caractère 1 vont avoir de fortes valeurs génétiques pour le caractère 2. Alors que pour les dépendances négatives, des individus présentent de forts G pour le caractère 1 et des faibles G pour le caractère 2. Graphique A Graphique B L'extrême d'une corrélation génétique entre 2 caractères est lorsque Rg = 1 : cas généralement non rencontré http://master-zoot.sve.univ-rennes1.fr/index.php?page=contenu/cours/inzoo/selec/selbaz.htm 03/09/2004 Master ingenierie zootechnie Page 11 sur 13 Graphique C Graphique D * La sélection est très efficace lorsque l'on souhaite : › augmenter deux caractères corrélés génétiquement positivement (cas A ou C) : les individus sélectionnés seront ceux présents dans le cadre 2 › augmenter un caractère et diminuer un autre si ces derniers sont corrélés négativement (cas B et D) : les individus sélectionnés seront ceux présents dans la cadran 1 ou 4 Cette efficacité sera d'autant plus importante que Rg en valeur absolue est élevé. * La sélection est possible mais moins efficace que si on ne s'interessait qu'à un seul caractère dans les cas où l'on souhaite : › augmenter deux caractères corrélés génétiquement négativemnt (cas B) : les individus sélectionnés seront ceux présents dans la cadran 2 › augmenter un caractère et diminuer un autre si ces derniers sont corrélés positivement ( cas A) : les individus sélectionnés seront ceux présents dans la cadran 1 ou 4 Une telle sélection est impossible si Rg est égal à 1 ou à -1 (cas de C et de D), aucun individu se trouvant dans les bons "cadrans". N.B : On suppose que des caractères qui sont associés génétiquement sont probablement gouvernés par un certain nombre http://master-zoot.sve.univ-rennes1.fr/index.php?page=contenu/cours/inzoo/selec/selbaz.htm 03/09/2004 Master ingenierie zootechnie Page 12 sur 13 de gènes communs (gènes pléïotropes). Exemples 1- Rg (taux de cellules, fréquence aux mammites cliniques) = +0.8 à +0.9. 2- Rg (potentiel laitier, fertilité) = – 0.5 à -0.3. Le schéma suivant illustre quelques exemples de corrélations entre des variables de production laitière : Retour menu "La sélection des animaux domestiques" Site réalisé par Emilie Wimmer en collaboration avec Cyril Gabbero de l'université de Rennes 1. Enseignants encadrants/ Catherine Disenhaus, Laboratoire SPA / Agrocampus Rennes, Patrick Jego, UFR SVE / Université Rennes1. http://master-zoot.sve.univ-rennes1.fr/index.php?page=contenu/cours/inzoo/selec/selbaz.htm 03/09/2004 Master ingenierie zootechnie http://master-zoot.sve.univ-rennes1.fr/index.php?page=contenu/cours/inzoo/selec/selbaz.htm Page 13 sur 13 03/09/2004