Projet de Recherche
Le sujet de recherche choisi et son contexte scientifique et économique
L’oncoimmunologie est un domaine en pleine expansion. En effet, les tumeurs présentent un
microenvironnement complexe composé de nombreux types cellulaires. Parmi eux, on peut retrouver les
cellules du système immunitaire (macrophages, lymphocytes T, B, NK). La plupart des stratégies développées
actuellement ciblent les lymphocytes T pour réactiver la réponse cytotoxique. La réponse des lymphocytes T
est inhibée dans les tumeurs via la reconnaissance du récepteur PD1 localisé en surface des lymphocytes T et
de son ligand PDL1 exprimé par les cellules cancéreuses et les macrophages pro-tumoraux. Or, la pleine
activation de ces lymphocytes nécessite de réactiver les macrophages pour qu’ils expriment un phénotype pro-
inflammatoire et anti-tumoral. Il est donc nécessaire d’agir en amont de cette voie PD1/PDL1. Les cellules
cancéreuses sécrètent divers facteurs anti-inflammatoires qui créent un environnement immunosuppresseur,
ainsi que des facteurs permettant le recrutement des macrophages. Les macrophages vont alors exprimer un
phénotype anti-inflammatoire et participer à la tumorigenèse. Il est indispensable que les macrophages
conservent un phénotype activé au sein des tumeurs pour qu’ils puissent ré-exercer leur fonction phagocytaire
et réactiver la réponse cytotoxique des cellules T. Notre stratégie consiste à utiliser un inhibiteur des
proprotéines convertases en combinaison avec un ligand des récepteurs TLRs au niveau des macrophages
pour les réactiver.
Nous avons récemment démontré que l’on pouvait moduler l’activation des macrophages et leur sécrétion
via une enzyme appelée PC1/3. L’inhibition de PC1/3 au niveau des macrophages module leur réponse
immunitaire vers une voie NF-κB MyD88 dépendante suite à l’activation des récepteurs TLR4 et TLR9. Au
contraire la voie anti-inflammatoire STAT3 est inhibée rendant les macrophages PC1/3 KD insensible à l’effet
de la cytokine inhibitrice IL10. Nous avons prouvé que PC1/3 était impliquée dans l’adressage des récepteurs
Toll-like. Son inhibition déclenche un adressage plus important du récepteur TLR9. Nous pensons que PC1/3,
qui est une enzyme protéolytique, pourrait être impliquée dans le clivage de protéines chaperonnes,
notamment la protéine UNC93B1. Ces résultats nous ont permis de mieux comprendre l’effet de PC1/3 sur
l’activation des macrophages. Dans une vision thérapeutique, nous avons également montré que ces
macrophages PC1/3 KD sécrétaient des facteurs anti-tumoraux qui ont notamment une activité envers les
cellules de gliome C6. Des expériences de culture en 3 dimensions ont révélé un effet sur l’invasion des cellules
cancéreuses. Ces résultats novateurs pourraient ouvrir une nouvelle voie thérapeutique en ciblant les
macrophages qui pourraient alors agir directement sur les cellules cancéreuses et sur l’activation des réponses
cytotoxiques.
Notre objectif est de développer une stratégie thérapeutique impliquant l’utilisation d’un inhibiteur des
proprotéines convertases en combinaison avec un ligand des récepteurs TLRs, qui puissent activer les
macrophages pour que ceux-ci induisent une réponse anti-tumorale. Les inhibiteurs commerciaux ciblent
plusieurs proprotéines convertases. En effet, l’inhibiteur commercialisé par la société Calbiochem cible la furine,
PC1/3, PACE4, PC4 et PC5/6. Nous avons démontré le rôle de PC1/3 dans la réponse immunitaire (Duhamel
et al
., 2016 ; 2016). Des études ont également prouvé que l’inhibition de la furine au niveau des lymphocytes
T activait leur réponse immunitaire (Pesu
et al.,
Nature, 2008). Une activation plus importante de la réponse
immunitaire pourrait donc être observée en inhibant plusieurs PCs. Les résultats préliminaires avec cet
inhibiteur montrent une activité sur la viabilité et l’invasion des cellules de gliome via les facteurs qui sont
sécrétés par les macrophages. Cet inhibiteur sera utilisé en combinaison avec un ligand des récepteurs TLRs.
Plusieurs pistes sont à l’étude, notamment le LPS et le 7-kétocholestérol qui se lient au récepteur TLR4. Nous
avons démontré le rôle du LPS sur l’activation des macrophages PC1/3 knockdown et son effet anti-tumoral.
Un autre ligand intéressant est le PolyIC qui se lie au récepteur TLR3. Le PolyIC a montré un effet positif sur
la réactivation des cellules microgliales isolées de gliome (Kees
et al.,
Neuro Oncol, 2012). Ces études seront
menées, dans un premier temps,
in vitro
avec un système de culture en 3 dimensions permettant de recréer
l’environnement tumoral. Cette technique est mise en place au laboratoire en collaboration avec le Dr Anne
Régnier-Vigouroux (Univ. Joseph Gutenberg zum Mainz, Allemagne) (Duhamel
et al.,
soumis). Dans un second
temps, la combinaison inhibiteur et ligand TLRs sera testé
ex vivo
sur des explants de tumeurs. En troisième
temps, une étude préclinique sera réalisée avec OCR sur le chien.
L’état du sujet dans le laboratoire et l’équipe d’accueil