sortie de l'Union européenne, possibilité qui, elle, est envisagée par les Traités.
Plus concrètement, selon un scénario évoqué par l'Institut Jacques Delors et
ouvertement discuté en Allemagne, si Athènes ne remplissait plus ses engagements, la
zone euro et la Banque centrale européenne (BCE) auraient les moyens de forcer la
sortie en restreignant les possibilités de refinancement des banques grecques,
contraignant ainsi Athènes à introduire une monnaie parallèle. Pour l'instant, ce scénario
n'est pas de mise. La BCE a prolongé mercredi et pour deux semaines le mécanisme de
prêts d'urgence qui maintient en vie les banques grecques.
L'Institut Jacques Delors envisage deux autres scénarios:
- Une décision volontaire de la Grèce d'émettre sa propre monnaie, dévaluée par
rapport à l'euro, pour pouvoir financer la politique sociale et anti-austéritaire promise par
le nouveau Premier ministre de gauche radicale Alexis Tsipras, élu fin janvier. Mais les
Grecs continuent de soutenir majoritairement l'appartenance à l'euro. Et un tel scénario
ne fait pas partie du programme du Syriza.
- Une sortie de l'euro "par accident", après une panique bancaire qui conduirait à des
retraits massifs de fonds et à l'imposition d'un contrôle des capitaux pour prévenir une
hémorragie, et enfin à l'émission d'une devise parallèle.
2 - Quelles seraient les conséquences pour la Grèce ?
La Grèce ferait défaut sur sa dette et n'aurait plus accès aux marchés financiers. Le
pays, très dépendant d'importations qui se renchériraient considérablement, serait à la
merci des "fonds vautours", ou contrainte de se faire renflouer par des pays comme la
Chine ou la Russie, ce qui changerait la donne géopolitique en Europe. Mais elle serait
aussi libre de dévaluer sa monnaie. L'ancien président français Valery Giscard d'Estaing
juge que l'économie grecque ne peut se redresser sans une monnaie dévaluée, donc
hors euro.
3 - Quelles seraient les conséquences pour la zone euro?
De nombreux analystes estiment qu'elles seraient moins néfastes que si la Grèce était
sortie de l'union monétaire au plus fort de la crise en 2012, car la zone euro a, depuis,
mis en place un fonds de secours, le Mécanisme européen de stabilité, et la BCE
continue de veiller pour protéger la monnaie unique. Mais une sortie de la Grèce resterait
coûteuse pour les Etats qui détiennent de la dette grecque et devraient effacer leurs
créances. Et un effet domino n'est pas à exclure. "Quand des familles portugaises ou des
entreprises espagnoles verront comment des euros se transforment en drachmes, ils
retireront l'argent de leur compte et cela pourrait entraîner un assaut sur les banques" a
écrit l'économiste américain Barry Eichengreen, dans Die Welt le week-end dernier.
Matthieu Pigasse de la banque Lazard, qui a conseillé le gouvernement grec, estime
pour sa part "qu'un pays, même petit, sorte de la zone euro, et ce serait la fin de la
monnaie unique", dans son récent ouvrage "Eloge de l'anormalité" (2015, Flammarion).
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