AVRIL 2002
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our le profane, les anticorps
monoclonaux tiennent pro-
bablement plus du mystère
que de la réalité, mais ils repré-
sentent un espoir très concret
pour le traitement de certaines
maladies comme le cancer ou les
déficiences du système immuni-
taire. Nous proposons ici un petit
tour d’horizon sur cette techno-
logie qui ne cesse de progresser
chaque année.
Quand des éléments indési-
rables s’immiscent dans notre
organisme (du virus de la grippe
aux cellules tumorales), notre sys-
tème immunitaire se met en
branle. Des espions immuni-
taires, les anticorps, prennent les
indésirables en filature et signa-
lent alors leur présence à une autre
catégorie d’espions, les «doubles 0»
de l’immunité, qui ont comme mis-
sion de liquider ces envahisseurs mal
intentionnés.
Quand les premiers espions pis-
teurs ne s’acquittent pas de leur
tâche de reconnaissance, on peut
tenter de les remplacer par d’autres
plus actifs. C’est ce que deux cher-
cheurs ont imaginé au milieu des
années 70. Kohler et Milstein eurent
ainsi l’idée de prendre un envahis-
seur typique, de l’injecter à des sou-
ris, de déterminer quelle catégorie de
cellules de souris produit l’espion pis-
teur spécialisé dans la filature de l’en-
vahisseur injecté et enfin d’extraire
ces cellules productrices d’agents de
renseignements. Théoriquement, en
cultivant ces cellules, on obtiendrait
les agents de filature désirés et on
pourrait traiter les humains chez qui
ils sont manquants.
Trois problèmes surviennent tou-
tefois avec ces espions venus de la
souris. D’abord, le système immuni-
taire des humains les rejette comme
corps étrangers. Ensuite, leur vie
active est très courte. Finalement, ils
sont nettement moins efficaces que
leurs équivalents humains.
La solution : humaniser les agents
de renseignements d’origine murine
(c.-à-d. de souris). Ce qui exige alors
de porter la composition des agents
de renseignements humains à 75 %
et ceux murins à 25 %. C’est ce que
Reopro (Centocor) a mis au point en
1994. Leur produit a rapporté
418 M$ US en 2000. Rituxan a vu le
jour ensuite et a engendré des reve-
nus de 848 M$ US en 2001. En sep-
tembre 2001, Imclone a signé une
entente de développement et de
mise en marché avec Bristol
Myers Squibb prévoyant des paie-
ments de 1 G$ pour chaque
objectif de développement réussi
et une prise de participation de
1G$ si tout va selon les plans.
Depuis 1997, on tente d’obte-
nir un agent de renseignements
totalement humain, c’est dire que
l’on essaie de produire indus-
triellement des anticorps très
purs : les anticorps monoclonaux.
Au lieu d’insérer dans la souris
l’indésirable, on insère mainte-
nant le gène qui fabrique l’agent.
On cherche aussi à insérer ce
gène dans des virus ayant une
propension à infecter des bacté-
ries. Ces virus porteurs du gène
de l’agent de renseignements d’ori-
gine humaine s’introduisent à leur
tour dans la bactérie, lui refilent leur
code génétique remanié, et la bac-
térie active investie de ce génome
produit des agents pisteurs humains
en quantité industrielle!
Actuellement, il y a 10 anticorps
humains en développement. On
croit que, en 2008, 60 de ces pro-
duits seront sur le marché, repré-
sentant des revenus de 12 G$ US.
Deux cent vingt-cinq compagnies de
biotechnologie y travaillent, et des
centaines de produits pourraient ap-
paraître, ciblant le cancer, les maladies
du système immunitaire, celles de
l’appareil cardiovasculaire, etc.
André P. Boulet, Ph. D., est vice-
président affaires scientifiques à Ges-
tion de Fonds mutuel BioCapital inc.
Anticorps monoclonaux :
derrière le jargon,le potentiel
P
PLACEMENTS DE POINTE
ANDRÉ P. BOULET
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