Gestion de la condensation dans les murs par des strategies de contrôle de la chaleur, de l’air et de l’humidité Rousseau, M.Z. NRCC-46734F A version of this document is published in / Une version de ce document se trouve dans : BSI 2003 Proceedings, Oct. 2003, 15 Cities across Canada, pp. 1-13 http://irc.nrc-cnrc.gc.ca/ircpubs Gestion de la condensation dans les murs par des stratégies de contrôle de la chaleur, de l'air et de l'humidité par Madeleine Z. Rousseau Institut de recherche en construction, Conseil national de recherches Canada [email protected] L'eau à l'état liquide, solide ou gazeux est une des principales causes de détérioration des matériaux de construction. La condensation interstitielle peut considérablement favoriser l'accumulation d'eau dans les ensembles muraux. Il faut donc comprendre le mouvement de l'humidité dans les éléments fonctionnels de construction et disposer de techniques de gestion de l'humidité pour réaliser une conception efficace des bâtiments. Il se peut que les concepteurs de bâtiments essayent de gérer la condensation dans les murs extérieurs au moyen d'un seul élément. S'agit-il de l'isolant thermique? Du système d'étanchéité à l'air? Du pare-vapeur? Ou de n'inclure aucun de ces éléments comme on le faisait il y a cinquante ans? Des recherches ont démontré qu'aucun matériau ou système à lui seul ne peut prévenir l'excès d'accumulation d'humidité dans les murs. C'est plutôt en contrôlant le déplacement de la chaleur, de l'air et de l'humidité par le choix minutieux des propriétés des matériaux que l'on arrive à gérer efficacement l'humidité. Si le déplacement de la chaleur, de l'air et de l'humidité à travers le mur n'est pas géré convenablement, cela peut causer les problèmes suivants : • la détérioration prématurée des matériaux de construction • l'accumulation de la condensation d'humidité dans les cavités du mur entraînant le pourrissement, la corrosion ou les déplacements des matériaux • la formation de moisissure • un contrôle inadéquat de l'environnement intérieur, par ex. courants d'air froid, humidité relative faible, transmission du bruit et des polluants entre les pièces ou entre l'intérieur et l'extérieur • la chute de la performance et la réduction de la vie utile des matériaux et des systèmes 1 • des coûts élevés de l'énergie • la condensation sur la surface intérieure des fenêtres (qui n'est pas traitée dans ce document) Prendre du recul pour mieux se situer Au cours des trente dernières années, la façon dont les bâtiments sont conçus, construits et exploités au Canada a énormément évolué. Par exemple, la crise énergétique des années 1970 a entraîné des répercussions importantes sur la technologie de la construction au point de vue de l'efficacité énergétique. Par conséquent, dans la deuxième moitié des années 1970, on mettait plus d'isolation thermique dans les murs extérieurs et on commençait à reconnaître le besoin d'une étanchéité accrue correspondante. Toutefois, l'accent était mis surtout sur le contrôle de la diffusion de la vapeur, d'où l'importance des pare-vapeur dans les pratiques de l'industrie à l'époque. Les maisons chauffées à l'électricité et sans cheminée devenaient plus populaires. Ces changements dans l'exploitation des bâtiments modifiaient les gradients de pression d'air sur les murs extérieurs et les plafonds, ainsi que sur la direction de l'écoulement d'air - les murs et les plafonds étant désormais plus sujets à l'exfiltration de l'air par les orifices et les imperfections en place dans les murs. Dans les années 1980 on a de plus en plus fait valoir l'importance du mouvement de l'air comme mécanisme principal de transfert d'humidité à travers l'enveloppe de bâtiment. Les définitions et l'évaluation de la performance des mécanismes de réduction des fuites d'air faisaient l'objet de recherches considérables dans plusieurs organismes nationaux tels que l'Institut de recherche en construction (IRC) et la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL). Les fabricants, les constructeurs et les promoteurs de construction ont conçu des méthodes innovatrices Regard 2003 sur la science du bâtiment – Série de séminaires organisés par l'IRC pour assurer l'étanchéité à l'air sur le plan aussi bien du matériau que du système. Par exemple, la technique de la cloison sèche pare-air consiste à utiliser un matériau que l'on trouve d'habitude dans les bâtiments résidentiels - les plaques de plâtre - pour en faire l'élément étanche à l'air principal, mais l'innovation réside dans la façon dont le système est articulé sur l'enveloppe pour en assurer la continuité. Dans les années 1990, comme on a reconnu le besoin d'une méthode systématique pour évaluer les systèmes d'étanchéité à l'air des travaux ont été réalisés par le Centre canadien des matériaux de construction (CCMC) du CNRC. La question de l'emplacement du système d'étanchéité à l'air par rapport à l'isolant thermique et celle de la distribution des perméances à la vapeur d'eau à travers les éléments fonctionnels du mur ont aussi été traitées. Un parcours des récents écrits dans le domaine a indiqué que les défaillances importantes survenues dernièrement dans les murs extérieurs des projets d'habitations de faible hauteur au Canada étaient dues dans la plupart des cas à la pénétration de la pluie causée par des détails de construction déficients, et non à la condensation de l'humidité intérieure et aux fuites d'air. Au cours des trois dernières décennies, on a réalisé d'importants progrès dans la connaissance sur les surcharges d'humidité et les surcharges environnementales, ainsi que sur les propriétés des matériaux et des systèmes et leurs effets sur la performance et la vie utile des enveloppes de bâtiment. Mais malgré les percées de la science du bâtiment et l'introduction de produits et de systèmes novateurs, les exigences de plus en plus nombreuses des occupants d'immeubles et les nouvelles conceptions architecturales des enveloppes de bâtiment amènent des défis significatifs de contrôle de la condensation pour les constructeurs, les législateurs, les professionnels de la conception de l'enveloppe et les gérants d'immeubles. Un retour aux principes de base de la science du bâtiment pour analyser les situations s'avère utile si l'on veut évaluer les options de conception qui existent. Facteurs déterminant la condensation interstitielle Quatre conditions doivent être réunies en même temps pour que la vapeur d'eau se condense à l'intérieur d'un mur (Figure 1) : la vapeur d'air dans l'air, une force qui la déplace, une voie de moindre résistance à travers laquelle se déplacer et un endroit d'une température « assez froide » pour provoquer la condensation de l'humidité. Les niveaux d'humidité intérieure de l'air (appelée généralement « humidité relative ») sont produits par les activités des occupants, l'exploitation des systèmes de chauffage, ventilation et climatisation (CVC) et l'aération naturelle, et, dans les premiers temps de l'occupation effective, par l'humidité absorbée dans les matériaux de construction pendant la construction. Les forces qui déplacent la vapeur d'eau sont des différentiels de pression d'air ou de pression de vapeur à travers les éléments du bâtiment. Les voies de parcours sont le produit des propriétés des matériaux de construction et des discontinuités (telles que les orifices, joints) dans les ensembles du bâtiment. Les gradients de température à travers les matériaux et les ensembles sont les conséquences des facteurs climatiques extérieurs et intérieurs, les propriétés thermiques des matériaux et la répartition de ces propriétés entre plusieurs couches du mur. Figure 1. Quatre facteurs sont nécessaires à la formation de la condensation interstitielle de l'humidité Ces quatre facteurs sont nécessaires à la formation de la condensation sur une surface froide; ce qui, toutefois, n'implique pas d'emblée qu'il y a un problème potentiel d'humidité, car cela dépend de la quantité d'eau qui reste en contact avec les matériaux vulnérables à l'humidité et de la durée de ce contact. Traditionnellement, la prédiction par des méthodes de calcul qu'une certaine quantité même infime - pourrait se former dans une cavité du mur donnait lieu de s'inquiéter (risque de détérioration). Par contre, cette prévision ne tient pas compte de la capacité de séchage/drainage du mur ni de la capacité potentielle des matériaux de construction en question de tolérer à court terme l'exposition à l'eau. La quantité d'humidité et la durée de sa présence dans le voisinage des matériaux vulnérables à l'humidité influent aussi sur le risque de détérioration qui est lié au potentiel de condensation. Jusqu'à récemment, il existait très peu d'outils à la disposition des concepteurs et des chercheurs pour définir la quantité et la durée de ces surcharges d'humidité pour des climats et des propriétés de matériaux donnés et leurs risques connexes. De simples méthodes de prédiction visant la diffusion de l'humidité, telles que le calcul du point de rosée à partir des températures extérieure et intérieure et 2 Regard 2003 sur la science du bâtiment – Série de séminaires organisés par l'IRC de l'humidité relative (HR) intérieure, ont beau montrer a priori qu'il n'y a pas de risque, il pourrait bel et bien y avoir un risque de condensation néanmoins. L'approche actuelle est de considérer non seulement le potentiel de mouillage qui peut découler de la condensation, mais aussi la tolérance du mur à ce mouillage sur le plan de son potentiel de séchage, les mécanismes de détérioration qui sont enclenchés et un modèle plus réaliste du climat auquel le mur sera exposé. L'IRC s'est servi de la modélisation numérique pour obtenir une analyse comparative utile de l'effet des paramètres étudiés et pour donner des directives quant au contrôle de la condensation dans la conception des ensembles muraux. Plus récemment, l'IRC a élaboré une méthode intégrée pour obtenir des données raisonnables sur l'analyse par modélisation numérique afin de comparer les réponses des murs aux surcharges d'humidité, et il a appliqué cette méthode aux problèmes de la pénétration de la pluie (voir le document « Une méthode intégrée pour élaborer des stratégies de gestion de l'humidité des murs extérieurs »). Mécanismes de déplacement de l'humidité Le mouvement de l'air et la diffusion de vapeur constituent les deux mécanismes de transfert de l'humidité à l'état gazeux. Ces mécanismes de déplacement de l'humidité peuvent être combinés à d'autres mécanismes de déplacement de l'humidité liquide pour amener l'humidité de l'extérieur vers l'intérieur et vice versa. Par exemple, l'eau peut être absorbée sur une face d'un matériau hydrophile, se déplacer à travers ce matériau par action capillaire, et s'évaporer de l'autre face vers une autre couche de l'ensemble mural. Examinons maintenant chacun de ces mécanismes. de la vapeur d'eau en poids d'eau par la différence de pression de la vapeur en pascal par unité de temps et par unité de surface du matériau (ng/(Pa .s.m2). Pare-vapeur Pour réduire au minimum l'accumulation de l'humidité dans les murs produite par la diffusion de la vapeur, on peut placer un matériau de faible perméance à la vapeur sur le côté chaud de l'ensemble mural et le désigner comme pare-vapeur de l'ensemble. Pour optimiser les résultats, il est important que le pare-vapeur recouvre toute la surface de l'enveloppe, mais il n'a pas besoin d'être absolument hermétique. Plusieurs matériaux de construction ordinaires, tels que les feuilles de polyéthylène, le verre et le métal, les matériaux revêtus d'un film aluminium et les matériaux à base de bois comme les panneaux de particules orientées et le contreplaqué, sont de faible perméance à la vapeur. En effet, la feuille de polyéthylène de 6 mil a été utilisée comme le pare-vapeur désigné et aussi comme élément du système d'étanchéité à l'air dans la plupart des bâtiments résidentiels de faible hauteur érigés au Canada au cours des vingt dernières années. Les spécifications pour les pare-vapeur sont différentes de celles pour les systèmes d'étanchéité à l'air 1. Diffusion de la vapeur La diffusion de la vapeur d'eau à travers un matériau est fonction de la capacité du matériau de fournir une voie pour le déplacement de la vapeur (c'est-à-dire la perméance à la vapeur) et de la présence de la force qui agit à travers le matériau (différence de pression de la vapeur), laquelle à son tour dépend de la teneur en humidité de l'air sur les deux côtés du matériau (Figure 2). Cette représentation psychrométrique peut servir à obtenir rapidement une estimation de « la poussée de la vapeur » à travers un matériau ou un ensemble, selon la température et l'humidité relative qui prédominent sur chaque côté. Dans les climats froids, la poussée est normalement de l'intérieur vers l'extérieur pendant la majeure partie de l'année, étant donné que la teneur en humidité à l'intérieur est beaucoup plus élevée que celle à l'extérieur. La perméance à la vapeur est une propriété inhérente d'un matériau d'une épaisseur donnée et elle est exprimée comme taux de transmission 3 Figure 2. Diffusion de la vapeur à travers un matériau ou un ensemble Mouvement de l'air Le mouvement de l'air (convection de l'air) est lié à la capacité d'un matériau ou d'un ensemble de fournir une voie d'écoulement d'air (capacité définie par la perméance à l'air de celui-ci en L/(s.m2) à 75 pascals (Pa)) lorsqu'une différence de pression d'air agit à travers celui-ci (Figure 3). Les différences de pression d'air à travers les éléments de construction proviennent de l'action du vent, de la différence de température (appelée aussi l'effet de cheminée ou de tirage) et de l'exploitation d'installations techniques dans les immeubles. Le mouvement de l'air peut donner lieu à un écoulement d'air transversal passant à travers le Regard 2003 sur la science du bâtiment – Série de séminaires organisés par l'IRC mur, et connu également comme fuite d'air (Figure 3), qui est le moyen le plus important de déplacement de l'humidité à travers un mur. Une autre forme de mouvement de l'air est l'écoulement partiel de l'air à travers certains éléments à l'intérieur de l'ensemble mural même sans qu'il pénètre complètement vers l'extérieur ou vers l'intérieur (voir cidessous la section intitulée « Boucles de circulation d'air dans l'ensemble mural »). En d'autres mots, un mur avec un système d'étanchéité à l'air parfait est toujours susceptible d'avoir un écoulement d'air latéral (appelé souvent convection éolienne) ou un flux de convection intérieur qui peut influer sur la résistance du mur à la condensation. Figure 3. Fuite d'air à travers un matériau ou un ensemble Les fuites d'air à travers un ensemble mural extérieur peuvent provoquer le déplacement de grandes quantités d'air rempli d'humidité vers une région précise du mur. Les caractéristiques de l'écoulement d'air sont définies par l'emplacement d'entrées et de sorties d'air accidentelles et par la voie de moindre résistance entre les deux, étant donné que la perméance à l'air des matériaux de construction et la différence de pression agissent sur l'ensemble. La diffusion de la vapeur est un processus plus lent d'accumulation de l'humidité, et elle présente un mode plus uniforme de distribution sur le matériau. • Comme le débit d'exfiltration d'air augmente, l'accumulation d'humidité a tendance à augmenter de façon exponentielle jusqu'à un point. • Au-delà d'un certain débit élevé de fuite d'air à travers le mur, l'accumulation d'humidité descend à zéro, ce qui s'explique par le fait que l'exfiltration de l'air déplace de la chaleur ensemble avec l'humidité. Comme le débit d'exfiltration devient très élevé, l'exfiltration de l'air chaud réchauffe le revêtement intermédiaire extérieur et en élève la température au-dessus du point de rosée de la température intérieure. Par conséquent, aucune condensation ne se forme dessus. Ces résultats ne doivent pas servir de seuils absolus, étant donné que les valeurs de sortie vont changer avec les conditions limites d'entrée, c'est-à-dire les conditions atmosphériques à l'intérieur et à l'extérieur, ainsi qu'avec les propriétés des murs. Cette constatation appuie les observations anecdotiques de terrain que les anciennes constructions érigées il y a cinquante ans ayant des débits très élevés de fuite d'air ont accusé peu de problèmes de condensation (Figure 4, zone D). Les constructions étanches plus récentes ayant un contrôle quelque peu accru des fuites d'air ne sont pas « assez étanches » pour prévenir la condensation (zone C). Les constructions plus étanches dans les environs de 0,2 L/(s.m2) à 75 Pa entraînent le moins d'accumulation de condensé (zones A et B). Dans la zone A, les avantages supplémentaires d'augmenter le niveau d'étanchéité sont marginaux par rapport à la complexité de la construction et au contrôle de la qualité sur place qu'il faut déployer en plus afin d'implanter un système d'étanchéité à l'air plus efficace. L'IRC a élaboré un modèle hygrothermique numérique en deux dimensions perfectionné pour étudier l'interaction entre l'exfiltration d'air et l'accumulation d'humidité dans un mur simplifié 2. La Figure 4 montre le type de rapport entre les fuites d'air, l'accumulation d'humidité et le flux thermique. Le diagramme indique que : • Pour une bande de faible débit d'exfiltration d'air (moins de 0,2 L/(s.m2) à 75 Pa), l'accumulation d'humidité est très faible. Figure 4. Type de rapport établi entre les fuites d'air, l'accumulation d'humidité et le flux thermique 4 Regard 2003 sur la science du bâtiment – Série de séminaires organisés par l'IRC Système d'étanchéité à l'air Afin de réduire au minimum l'accumulation d'humidité dans un mur causée par les fuites d'air (par infiltration ou par exfiltration), il faut installer des matériaux ayant la capacité de restreindre efficacement l'écoulement d'air lorsqu'ils sont soumis à des différences de pression (telles que celles provoquées par le vent), et ce, de façon complète pour recouvrir toute l'enveloppe de bâtiment. Le mot « système » dans « système d'étanchéité à l'air » souligne justement le besoin d'intégrer différents matériaux ayant les propriétés voulues pour recouvrir l'enveloppe de bâtiment afin d'avoir un système continu efficace, et non d'employer simplement un matériau de faible perméance à l'air. Exigences d'un système d'étanchéité à l'air Pour que le système d'étanchéité à l'air remplisse le rôle voulu, il doit satisfaire aux exigences suivantes 3, 4. Faible perméance à l'air La résistance à l'air est une propriété intrinsèque d'un matériau exprimée normalement en L/(s.m2) sous une pression différentielle de base de 75 pascals (Pa). Des essais considérables ont été effectués au Canada sur de nombreux matériaux, et les résultats sont compilés dans des manuels et des documents qui traitent de la prévention des fuites d'air 5, 6, 7. Plusieurs matériaux manifestent une faible perméance à l'air; par exemple, les feuilles de polyéthylène, d'aluminium et certaines membranes de polyoléfine non perforée tissées-liées, les membranes bitumineuses modifiées, les plaques de plâtre, les panneaux en contreplaqué, les panneaux à particules orientées, et les panneaux isolants comme la mousse de polystyrène extrudé. Capacité structurale et rigidité Le système d'étanchéité à l'air doit résister à toutes les pressions d'air, la surcharge due au vent en étant la plus importante (en particulier celle d'une énorme rafale). Ce système doit être soutenu et fixé de façon à ce que la surcharge de vent puisse être transférée à la structure sans qu'il soit lui-même endommagé ou sans endommager d'autres éléments du mur et sans trop augmenter les fuites d'air. Le système d'étanchéité à l'air soumis ainsi à ces charges doit avoir peu de fléchissement, car un fléchissement excessif risquerait de déplacer d'autres matériaux ou d'ouvrir les joints et augmenter les fuites d'air. La capacité structurale du système d'étanchéité à l'air peut être procurée par un élément du système autre que l'élément étanche à l'air. Par exemple, une membrane agissant comme élément étanche 5 à l'air peut être intercalée entre deux panneaux de revêtement rigides, dans quel cas les panneaux deviennent parties intégrantes du système d'étanchéité à l'air et doivent être conçus en conséquence. Continuité Si seulement certains éléments du système d’étanchéité à l’air satisfont à l'exigence d'étanchéité à l'air et que les discontinuités donnent lieu à de grands trous et fentes, le système ne sera pas efficace, puisque les voies d'écoulement d'air sont susceptibles d'entraîner une accumulation excessive d'humidité à ces endroits. Des observations de terrain ont indiqué que les jonctions entre les parties du bâtiment (p. ex. mur et toit) ou entre des matériaux de différentes natures (p. ex. bois et béton) sont des endroits typiques de discontinuité dans le système. La continuité est sans aucun doute l'exigence la plus rigoureuse des systèmes d'étanchéité à l'air, parce que l'efficacité de ces systèmes dépend de l'interaction entre la conception de l'enveloppe de bâtiment et les considérations pragmatiques découlant des pratiques de construction sur le terrain, telles que la faisabilité, les tolérances et la séquence des travaux par plusieurs métiers. Durabilité La durabilité peut se définir comme l'aptitude d'un matériau ou d'un ensemble de construction de remplir les fonctions voulues au cours d'une certaine période de temps et dans le milieu auquel il est exposé. La durabilité n'est pas seulement une question de choix de propriétés d'un matériau, mais aussi de la rigueur du milieu auquel il est exposé. La notion d'inspection, d'entretien et de réparation au cours de sa vie utile joue également un rôle dans la prolongation de la vie utile des éléments de construction. Les concepteurs de bâtiments doivent tenir compte de la rigueur du milieu lors de la construction et au cours de la vie utile des matériaux, ainsi que de la facilité d'accès pour l'inspection, l'entretien et les réparations. L'emplacement du système d'étanchéité à l'air dans l'ensemble mural influe sur le niveau d'exposition de celui-ci au milieu ainsi que sur la facilité d'accès pour l'entretien et les réparations subséquents. • Une couche d'isolant thermique installée sur la face extérieure du système d'étanchéité à l'air aide à diminuer les déplacements de différentiels thermiques sur les joints du système et à réduire au minimum le mouillage des matériaux du système (p. ex. provoqué par les boucles de convection d'air qui peuvent entrainer de la condensation). Regard 2003 sur la science du bâtiment – Série de séminaires organisés par l'IRC • Un système d'étanchéité à l'air placé sur le côté intérieur du mur le rend facilement accessible pour les travaux d'inspection et de réparation (ce qui par contre le rend plus vulnérable au dommage causé par les occupants). Mais la plupart des systèmes d'étanchéité à l'air ne sont pas accessibles directement. Quand le système n'est accessible qu'en démontant les murs, il doit être conçu et construit de façon à durer plus longtemps que les systèmes accessibles. L'emplacement du système d'étanchéité à l'air, en ce qui a trait à sa perméance à la vapeur, fait l'objet des discussions suivantes. Questions fréquentes sur les systèmes d'étanchéité à l'air et les pare-vapeur Q.. L'élément étanche à l'air du système d'étanchéité à l'air peut-il être différent du pare-vapeur désigné? R. Oui. En voici quelques exemples : les plaques de plâtre et les membranes en polyoléfine tissées liées. Q. Le pare-vapeur désigné peut-il faire partie d'un système d'étanchéité à l'air? R. Oui. Exemples : la plaque de plâtre revêtue d'un film d'aluminium, la membrane de polyéthylène, le verre et le métal, et les membranes en élastomère. Q. Est-ce un problème qu'un élément pare-air soit de faible perméance à la vapeur? R. Non, si sa face intérieure est maintenue au-dessus du point de rosée de l'air adjacent. Exigences quantitatives du système d'étanchéité à l'air « La partie 9 du Code national du bâtiment (CNB), Canada 1995, traite des maisons et des petits bâtiments. La seule exigence par rapport aux systèmes d'étanchéité à l'air dans ces bâtiments stipule que ceux-ci doivent « empêcher les fuites d'air provoquées par la différence de pression due à l'effet de tirage, à la ventilation mécanique ou au vent ». La partie 9 ne renferme aucune exigence quantitative concernant les taux admissibles de perméabilité à l'air des systèmes d'étanchéité à l'air ou des matériaux qui les composent, ou concernant leur capacité structurale et leur durabilité 8 ». La partie 5 du CNB 1995 traite des bâtiments non visés par la partie 9 et comporte des exigences pour l'étanchéité à l'air de l'élément principal des systèmes étanche à l'air ainsi que certaines exigences pour la capacité structurale et la continuité du système. Le taux maximal de perméabilité à l'air pour le matériau principal doit être de 0,02 L/(s.m2) à 75 Pa. L'annexe A du CNB 1995 (article 5.4.1.2) fournit des directives concernant le taux maximal de perméabilité à l'air pour le système d'étanchéité à l'air comme étant une fonction du taux d'humidité de l'atmosphère intérieure : plus l'humidité relative est élevée à l'intérieur du bâtiment, plus le niveau d'étanchéité à l'air doit être élevé. Comme l'enveloppe de bâtiment doit être efficace pour « empêcher les fuites d'air provoquées par la différence de pression due à l'effet de tirage, à la ventilation mécanique ou au vent 7 », comment définit-on « efficace » ? L'annexe A9.25.3.1 du CNB 1995 précise que « les fuites d'air doivent être limitées de manière qu'il y ait rarement condensation ou que les quantités d'eau accumulées soient suffisamment faibles et que l'évaporation se fasse assez rapidement pour empêcher la détérioration des matériaux et la croissance de micro-organismes ». Cela suggère une méthode conceptuelle selon laquelle une petite quantité de condensation serait acceptable en autant qu'elle sèche rapidement. Le potentiel de séchage des matériaux à l'intérieur du mur dépend de la perméance à la vapeur des matériaux de construction et de la poussée du climat. Les taux de séchage des ensembles mouillés ont été estimés pour différents climats à l'aide de la modélisation numérique. Avec les exigences du CNB et des constatations faites par des chercheurs et des praticiens, le CCMC a entrepris d'élaborer un guide pour évaluer les systèmes d'étanchéité à l'air pour les murs de bâtiments étanche à l'air est de 0,02 L/(s.m2) à 75 Pa. La perméabilité à l'air du système pour les murs est défini par la perméance à la vapeur de la couche extérieure non aérée du mur exposé à un maximum de 35 % d'humidité relative intérieure (Tableau 1). Ces données sont tirées d'une modélisation hygrothermique numérique réalisée à l'IRC 9. Tableau 1. Taux maximal admissible de perméabilité à l'air pour le système d'étanchéité à l'air d'un mur (en fonction de la perméance à la vapeur des matériaux de la couche extérieure aérée). Perméance à la vapeur Taux maximal admissible de d'eau (PVE) de la couche perméabilité à l'air pour le extérieure non aérée du système d'étanchéité à l'air des murs (L/(s·m2) à 75 Pa) mur ng/(Pa·s·m2) 15 <PVE <60 0,05 60 <PVE <170 0,10 170 <PVE <800 0,15 >800 0,20 6 Regard 2003 sur la science du bâtiment – Série de séminaires organisés par l'IRC L'efficacité nécessaire du système d'étanchéité à l'air est fonction de l'aptitude du mur à sécher vers l'extérieur, et donc de la perméance à la vapeur des couches extérieures des matériaux du mur. Plus la perméance à la vapeur des matériaux externes est faible, plus le système d'étanchéité à l'air doit être étanche, puisque l'on s'attend à ce que le mur soit moins apte à sécher vers l'extérieur, augmentant ainsi le risque que le mur reste mouillé pendant une période plus longue. Si la température du matériau de faible perméance à la vapeur peut être élevée au-dessus du point de rosée de l'atmosphère intérieure, la condensation sur sa face serait contrôlée, et le taux maximal admissible de perméabilité à l'air du système choisi dans le tableau 1 pourrait être haussé de 0,05 L/(s.m2) à 75 Pa (jusqu'à concurrence de 0,20 L/(s.m2)). Emplacement du système d'étanchéité à l'air En principe, le système d'étanchéité à l'air peut être situé n'importe où à l'intérieur du mur pour contrôler l'écoulement d'air passant à travers le mur. Comme mentionné auparavant, vu dans une perspective de durabilité, il est souhaitable pour le système d'étanchéité à l'air de rester chaud et sec. L'installation d'isolant thermique sur la face externe du système d'étanchéité à l'air contribue à éviter de grands gradients de température à travers les matériaux et les joints du système d'étanchéité à l'air, à réduire le flux thermique et les contraintes connexes et à limiter le potentiel de condensation sur la face interne de celui-ci (de façon indépendante de la perméance à la vapeur des éléments étanches), ce qui ne veut pas dire que le système d'étanchéité à l'air devrait nécessairement se trouver sur le côté intérieur de la cavité murale. Il peut être avantageux de placer le système d'étanchéité à l'air plus vers l'extérieur (p. ex. moins de discontinuité reliée aux installations électriques, mécaniques et de plomberie). Pour placer le système d'étanchéité à l'air plus près de l'extérieur, il faut songer à la perméance à la vapeur d’eau des matériaux proposés. Les chercheurs de l'IRC ont estimé au moyen d'une modélisation informatique numérique qu'un matériau placé sur le côté froid du mur - qu'il soit ou non désigné élément étanche à l'air - dont la perméance à la vapeur est faible (c.-à-d. moins de 60 ng/(Pa.s.m2)) et dont l'étanchéité à l'air est inférieure à 0,l L/(s.m2) à 75 Pa, doit être maintenu au-dessus du point de rosée de l'air intérieur grâce à une couche d'isolant placée sur l'extérieur du matériau.9 Le niveau d'isolation thermique nécessaire à cet effet a été calculé en fonction de la rigueur du climat extérieur, qui est indiquée par les degrés-jours de chauffage¤ pour un ¤ endroit donné et pour une humidité relative intérieure maximale de 35 % (Tableau 2). Tableau 2. Rapport entre la résistance thermique du côté extérieur et celle du côté intérieur en fonction des degrés-jours de chauffage Degrés Celsiusjours de chauffage Rapport minimal entre la résistance thermique totale du côté extérieur de la face interne du matériau et la résistance thermique totale du côté intérieur de cette face 4999 et moins 0,20 5000 - 5999 0,30 6000 - 6999 0,35 7000 - 7999 0,40 8000 - 8999 0,50 9000 - 9999 0,55 10000 - 10999 0,60 11000 - 11999 0,65 12000 et plus 0,75 Évaluation des matériaux et des systèmes d'étanchéité à l'air Plusieurs listes de propriétés des matériaux de construction donnent les caractéristiques de perméabilité à l'air propres aux matériaux génériques de construction. Les rapports d'évaluation du CCMC † fournissent des données techniques sur des produits ou des systèmes exclusifs pour déterminer s'ils respectent l'esprit du code. Au moment de la rédaction de cet article, plusieurs membranes de revêtement intermédiaire perméables à la vapeur d'eau ont été évaluées comme matériaux d'étanchéité à l'air et deux systèmes formés d'isolants ont été évalués comme systèmes d'étanchéité à l'air 10. Pour se qualifier comme matériau étanche à l'air, le matériau doit manifester une perméance à l'air maximale de 0,02 L/(s.m2) à 75 Pa. Le matériau n'est pas évalué pour sa capacité structurale ni pour les effets des attaches métalliques sur son étanchéité à l'air, puisque ces propriétés relèvent de tout le système d'étanchéité à l'air dans son ensemble. Les rapports d'évaluation se trouvent dans le Répertoire normatif 07273 du Recueil d'évaluation de produits. Le CCMC a aussi publié des rapports d'évaluation pour deux systèmes d'étanchéité à l'air. La procédure d'évaluation est bien décrite dans Solution constructive n° 46 de l'IRC.‡ Les systèmes en question ont été examinés et Les degrés-jours de chauffage se trouvent à l'annexe C du Code national du bâtiment du Canada 1995. Le Recueil d'évaluations de produits du CCMC peut être consulté au site Web : http://irc.nrc-cnrc.gc.ca/ccmc/regprodeval_f.shtml * Solution constructive n° 46 peut être téléchargée du site Web de l'IRC :http//zone.nrc-cnrc.gc.ca/irc/reports/ctus/ctu46f.pdf † 7 Regard 2003 sur la science du bâtiment – Série de séminaires organisés par l'IRC évalués au point de vue de la capacité structurale, de la continuité aux joints et aux jonctions avec d'autres composantes ainsi qu'au point de vue de la durabilité et de la faisabilité en construction. Ces deux systèmes emploient l'isolant thermique comme élément principal d'étanchéité des murs extérieurs, c'est-à-dire des panneaux de polystyrène extrudé et de la mousse de polyuréthane pistolée. Ces systèmes sont destinés à être placés du côté extérieur de la cavité murale. C'est pourquoi leur perméance à la vapeur influe sur les propriétés requises des autres éléments constitutifs du mur, telles que la perméance à la vapeur du pare-vapeur du côté intérieur du mur. Cela influe aussi sur l'épaisseur minimale du revêtement isolant externe qui est nécessaire pour maintenir sa face interne au-dessus du point de rosée de l'air intérieur. Les limites et les utilisations concernant la perméance à la vapeur des principaux éléments étanches à l'air sont également décrites dans les rapports d'évaluation. résidentielle de faible hauteur. Dans ce type de construction, où les charges structurales sont faibles, les caractéristiques de contrôle des fuites d'air du polyéthylène pare-air/vapeur, typiquement combinée avec des matériaux rigides comme la plaque de plâtre, se sont avérées d'une performance satisfaisante. Les systèmes d'étanchéité à l'air non exclusifs sont aussi couramment employés. Ils n'ont pas tous été évalués systématiquement pour leur performance, mais leurs rendements antérieurs constatés sur le terrain ainsi que l'expérience des praticiens constituent également des outils d'évaluation appréciables. Il est commun jusqu'à maintenant pour les bâtiments résidentiels de faible hauteur qu'on place une membrane flexible de très faible perméance à l'air et à la vapeur (c'est-à-dire une membrane de polyéthylène de 6 mil) du côté chaud du mur, pour servir non seulement de pare-vapeur, mais aussi d'élément étanche à l'air désigné du système d'étanchéité à l'air. La membrane de polyéthylène, dans sa fonction de pare-air, est assortie à d'autres matériaux (tels que la plaque de plâtre, les poteaux, le matelas isolant) qui contribuent à la capacité structurale et à la rigidité du système d'étanchéité à l'air. Les joints entre les membranes de polyéthylène ainsi que les jonctions avec les éléments de pénétration (tels que les planchers, les installations mécaniques, les fenêtres) doivent maintenir la continuité de l'étanchéité et montrer une certaine capacité structurale et de la rigidité. Par exemple, les joints entre deux membranes de polyéthylène seront cramponnés et étanchéisés avec un mastic d'étanchéité acoustique sur un poteau et comprimés par une plaque de plâtre, lorsque le polyéthylène est censé faire partie intégrante du système d'étanchéité à l'air. Plusieurs organismes ont mis au point des détails de construction pour assurer l'étanchéité des joints et des jonctions en se servant d'une membrane de polyéthylène comme matériau pare-air/vapeur de base dans la construction Dans les deux cas, lorsque le système d'étanchéité à l'air est sur le côté intérieur de l'enveloppe de bâtiment, les nombreux joints et jonctions qui s'y trouvent (tels que les prises de courant, les tuyaux, les jonctions avec les planchers, les fondations, les parties en porte-à-faux, le haut des cloisons et les murs mitoyens) présentent un défi pour maintenir la continuité du système. La technique de la cloison sèche pare-air est une approche novatrice qui utilise la plaque de plâtre, utilisée ordinairement comme finition intérieure dans la construction résidentielle, pour en faire aussi bien l'étanchéité à l'air que le parevapeur. Le pare-vapeur fait partie intégrante du panneau mural, c'est-à-dire une plaque de plâtre revêtue d'aluminium, ou bien il est ajouté par la suite sous forme de plusieurs couches de peinture sur le côté intérieur du panneau mural. Des joints de compression et des mastics sont utilisés pour obtenir une connexion étanche avec d'autres éléments du système d'étanchéité à l'air. 13, 14 Boucles de circulation d'air dans l'ensemble mural Comme mentionné plus haut, d'autres types d'écoulement d'air, à part celui traité par le système d'étanchéité à l'air, peuvent modifier le régime de température des éléments du mur, en les refroidissant éventuellement en dessous du point de rosée (convection éolienne), ou en alimentant d'humidité un élément plus froid (boucles de convection d'air intérieur). Peu de recherche a été entreprise pour quantifier les effets de ces phénomènes, bien que ces effets potentiels aient été consignés dans les documents de recherche 15, 16. Étant donné l'ampleur des forces qui produisent ces types d'écoulement d'air, l'on croit que ceux-ci sont beaucoup moins efficaces que les fuites d'air à travers le mur pour causer des problèmes de condensation. Pourtant les concepteurs doivent tenir compte de ces phénomènes pour faire la conception d'ensembles muraux durables. Il est possible que des matériaux employés à d'autres fonctions résolvent ces problèmes, ou bien qu'on doive prendre des mesures particulières. 8 Regard 2003 sur la science du bâtiment – Série de séminaires organisés par l'IRC Les pressions du vent risquent d'introduire des parcours latéraux d'écoulement d'air dans un mur (cela pourrait être du côté externe d'un système d'étanchéité à l'air efficace comme l'illustre la Figure 5a). Lorsque l'air froid passe sur la surface d'un matériau, la température de ce matériau baisse, même s'il peut y avoir un isolant thermique installé contre cette surface. La circulation du vent peut influer sur la valeur thermique d'un isolant de faible densité, contrecarrer la performance du revêtement isolant et refroidir le système d'étanchéité à l'air situé du côté extérieur du mur (peut-être en dessous du point de rosée). Les coins et le dessus des murs, ainsi que les ensembles horizontaux comme les planchers isolés séparant un garage non chauffé d'une pièce d'habitation située audessus, ou des pièces d'habitation en porte-à-faux, ont tendance à être plus susceptibles à la circulation d'air froid. La solution-clé pour contrôler ce phénomène est d'augmenter la résistance à la circulation de l'air externe. Ceci peut se faire en assurant un contact serré entre le système d'étanchéité à l'air et le revêtement isolant (lorsque ces deux éléments se trouvent sur l'extérieur), ou en incorporant un deuxième obstacle à l'écoulement d'air (appelé souvent pare-vent ou écran contre la convection) derrière le revêtement extérieur. On peut installer une membrane de revêtement intermédiaire ou des panneaux de faible perméance à l'air pour réduire la circulation de l'air froid dans le mur. En cloisonnant l'espace d'air derrière le revêtement extérieur, on peut aussi aider à réduire la circulation d'air dans cet espace. Les fourrures verticales utilisées pour l'installation de plusieurs revêtements extérieurs pour créer cet espace d'air servent aussi à cloisonner la cavité d'air et procurent de la résistance contre l'écoulement d'air latéral. Les boucles de convection d'air intérieur constituent aussi une autre forme de circulation d'air. Comme il y a une différence de température entre la pièce et les parties extérieures du mur, la circulation d'air peut être amorcée si des ouvertures existent, même en présence d'un système d'étanchéité à l'air parfait situé à l'extérieur (voir Figure 5b). Cette boucle de convection d'air pourrait déplacer l'humidité de l'intérieur vers un endroit qui se trouve en dessous du point de rosée, peut-être vers un élément étanche à l'air externe. Les pressions d'air dans ce cas sont bien inférieures à ce qu'un système d'étanchéité à l'air est soumis puisque cette force provient de la seule différence de température. Un élément de faible perméance à l'air installé en continu sur le côté intérieur du mur peut atténuer ce phénomène; cela peut être le système d'étanchéité à l'air installé sur le côté chaud ou une membrane pare-vapeur. Pour atténuer ce phénomène, il est avantageux d'installer l'isolant de la cavité murale sans laisser de poches d'air 17. 9 Figure 5a. Une forme de circulation d'air froid ou effet de convection éolienne. Figure 5b. Boucle de convection d'air intérieur. Contrôler les gradients thermiques pour avoir le moins de condensation interstitielle possible Bien que les concepteurs d'enveloppes de bâtiment aient peu de contrôle sur les températures prédominantes à l'intérieur et à l'extérieur d'un bâtiment, étant donné qu'elles sont généralement dictées par la région géographique du projet et le genre d'occupation du bâtiment, ils peuvent cependant contrôler la répartition des températures à travers les couches du mur pour les constructions nouvelles. Cette répartition de température dépend des propriétés thermiques des matériaux, de leur emplacement dans le mur et des fuites d'air. La Figure 6 illustre la répartition de température pour les différents Regard 2003 sur la science du bâtiment – Série de séminaires organisés par l'IRC Figure 6. Exemples généraux de gradients de température à travers un mur simplifié sans fuite d'air. La pente de la baisse de température est liée à la valeur R des matériaux. emplacements de l'isolant thermique dans le mur, en supposant qu'on ne tient pas compte des fuites d'air. Un concepteur pourrait décider de garder le vide du mur chaud et à une température plus ou moins uniforme (option C). Ou encore, il pourrait choisir de mettre à profit l'espace entre les poteaux pour l'isoler, mais aussi d'augmenter la température des poteaux pour réduire les ponts thermiques (option B). Quant au contrôle de la condensation interstitielle en hiver dans une cavité murale ou sur le revêtement extérieur, l'isolant thermique placé du côté extérieur du mur augmentera la température de tous les éléments situés du côté intérieur de l'isolation (p. ex. le revêtement intermédiaire extérieur, les poteaux et l'espace entre eux, le système d'étanchéité à l'air et le matériau pare-vapeur). Comme ces éléments sont maintenus à une température plus élevée, la durée pendant laquelle ils restent en dessous du point de rosée de l'air intérieur en sera raccourcie. Cette couche d'isolation est habituellement un isolant rigide ou semi-rigide appliqué directement sur le revêtement intermédiaire extérieur ou de la mousse de polyuréthane pistolée. Plus la valeur R (résistance thermique) de cet isolant extérieur est élevée, plus courte est la durée pendant laquelle les matériaux seront en dessous du point de rosée. Les niveaux de HR (humidité relative) intérieure, les débits de fuite d'air, les différences de pression et les conditions climatiques doivent être pris en compte dans une analyse détaillée. Le Tableau 2 sert à calculer approximativement la quantité minimale d'isolant thermique qui doit être placé du côté extérieur du mur afin de réduire la condensation au minimum (en supposant une HR maximale de 35 % et un débit de fuite d'air du système d'étanchéité à l'air de 0,1 L/(s.m2) à 75 Pa), en fonction de la rigueur de la température extérieure, exprimée en degrés-jours de chauffage. L'emploi du revêtement isolant extérieur peut avoir un effet favorable sur la réduction de l'accumulation d'humidité dans la cavité murale et sur le panneau du revêtement extérieur, mais sa perméance à la vapeur peut influer sur d'autres facteurs touchant le mur, tels que le niveau d'étanchéité à l'air du système pare-air et le niveau d'étanchéité à la vapeur du pare-vapeur. Plus la perméance à la vapeur de ce matériau est faible, plus le débit admissible de fuite d'air du système d'étanchéité à l'air devrait être faible parce que les matériaux de plus faible perméance à la vapeur sur l'extérieur peuvent réduire le potentiel de séchage du mur et en fait, le rendre moins tolérant à l'accumulation d'humidité. L'IRC a effectué des travaux de recherche par modélisation numérique sur les matériaux à faible perméance et a mis au point les relations qui sont présentées au Tableau 2. Si le revêtement isolant manifeste une perméance à la vapeur plus élevée (c.-à-d. au-dessus de 800 ng/(Pa .s.m2), cela n'affecte pas le niveau d'étanchéité à l'air requis. Construire des ensembles muraux tolérants Un ensemble mural « tolérant » en est un qui peut tolérer un certain degré d'imperfection dans la conception et dans la construction sans pour autant qu'il y ait perte inacceptable de performance ou de vie utile. Cela implique une approche conceptuelle dans le plan de l'enveloppe de bâtiment selon laquelle on envisage des imperfections et on conçoit des stratégies visant à intégrer d'autres moyens de protection afin de traiter les effets éventuels, sans perdre de vue le but précis au niveau de la performance acceptable et de la vie utile. 10 Regard 2003 sur la science du bâtiment – Série de séminaires organisés par l'IRC Il se peut que les praticiens qui ont eu une expérience considérable sur le terrain avec un modèle donné dans un climat donné soient aussi parfaitement convaincus que « le système » fonctionne. Mais quand les conditions changent, que ce soit en raison de concepts, de matériaux ou de systèmes novateurs, ou bien en raison de changements importants d'atmosphère (intérieure ou extérieure), ou de ce qui constitue « une performance acceptable », il serait avisé de faire une revue des principes de la science du bâtiment concernant les mécanismes proposés pour le contrôle de la chaleur, de l'air et de l'humidité. C'est sur ce domaine que porte la section suivante. Pour faire la conception d'un mur tolérant à l'humidité, il faut intégrer les « bases de la science du bâtiment », du niveau le plus simple à des niveaux plus complexes, et ce, d'une manière itérative comme suit : 1. Caractériser les environnements intérieur et extérieur auxquels les murs seront soumis : froid et sec, doux et humide, extrêmement froid la plupart du temps, venteux en ville ou au sommet d'une colline, etc. Quelles sont les exigences de l'air intérieur : humidité relative, température, ventilation mécanique et pressurisation? Est-ce que l'exposition du mur est intense, moyenne ou faible? 2. Analyser les ensembles muraux proposés pour voir s'ils répondent à chaque exigence fonctionnelle une par une. Voici quelques questions qu'il faut se poser dans le processus de conception et de revue. • Quel est l'élément de contrôle de la diffusion de la vapeur (pare-vapeur) et où est-il placé? • Quels matériaux font partie du système d'étanchéité à l'air? Où est-il placé dans l'ensemble mural? Sera-til dans une partie chaude et sèche du mur ou dans une partie froide et parfois humide? Quelles en sont les propriétés? Est-ce qu'il est de faible perméance à la vapeur? Est-ce qu'il a la capacité structurale pour agir en système d'étanchéité à l'air? La continuité est primordiale - élaborer les détails en trois dimensions pour chaque jonction, que ce soit entre le mur et la fenêtre, le mur et le toit, le dessus des cloisons, ou encore les murs entre unités de logement ou autres occupations. S'assurer que ces éléments de construction typiquement très susceptibles au risque de défaillance ne soient pas simplement improvisés sur place. 11 • Quelle stratégie de contrôle de la pénétration de la pluie choisir? Et comment l'incorporer au système de revêtement choisi? • Quels éléments ont besoin d'être gardés au chaud par l'installation d'un isolant thermique? Quelles sont les propriétés des différents matériaux isolants qui seront utilisés? Est-ce qu'ils sont de faible perméance à la vapeur? Quelles en sont les caractéristiques de perméance à l'air? Comment réduire au minimum les ponts thermiques? 3. Analyser le mur du point de vue de l'interaction entre les propriétés des matériaux et leur exposition au milieu environnemental. Certains éléments sont mis en place pour maîtriser la condensation, mais en fait, ils ont une incidence sur la performance du mur à tous les niveaux fonctionnels, et vice versa. Par exemple, les matériaux isolants sont installés pour contrôler le flux thermique et la température des éléments, mais leur perméance à la vapeur affectera aussi le débit de vapeur. Bref, les matériaux et ensembles ne savent pas qu'on les a désignés « pare-vapeur » ou étanchéité à l'air » ou bien « isolant thermique »! Ils ne font que réagir aux charges auxquels il sont exposés, et ce, de par leurs propriétés, ce qui signifie peut-être que certains matériaux finissent par subir des charges qui sont censées être supportées par un autre élément et donc que la répartition des charges affecte la performance du mur d'une manière non prévue par le concepteur. Où sont situés les matériaux de faible perméance à l'air? Qu'arrive-t-il aux fuites d'air vers l'intérieur et vers l'extérieur (même un système d'étanchéité à l'air efficace laisse échapper de l'air)? Comment le mur peut-il sécher en tenant compte des propriétés des couches du mur? Si la capacité de séchage est très faible, il faut prendre des mesures supplémentaires pour maintenir le mouillage au minimum. Où sont les matériaux à faible perméance à l'air? Qu'arrive-t-il si la pluie s'infiltre dans le mur? Comment la faire ressortir? L'IRC a fait des recherches sur le séchage des murs. Ces recherches ont indiqué qu'il y a un plus grand risque de détérioration prématurée des éléments vulnérables à l'humidité causée par de fréquentes infiltrations de l'eau de pluie dans la cavité murale Regard 2003 sur la science du bâtiment – Série de séminaires organisés par l'IRC quand le mur est constitué de matériaux de faible perméance à l'air et à la vapeur sur l'extérieur et quand la cavité murale est maintenue légèrement au-dessus du point de congélation pendant de longues périodes de temps (une situation qui peut être causée par le climat ou par la présence d'un isolant sur l'extérieur). Ceci démontre alors l'importance d'intégrer le concept du contrôle de la chaleur, de l'air et de l'humidité à d'autres considérations, telles que la pénétration de la pluie, le contrôle de la fumée et des incendies ou la conformité aux exigences de résistance aux séismes. 4. Intégrer les difficultés présentées par la faisabilité et la construction dans la conception. Quelles sont les conditions climatiques lors de la construction? Que faire pour s'assurer que les murs soient secs quand on les referme? Le projet de construction appliquera-t-il des méthodes innovatrices de construction avec lesquelles les métiers de la construction ne sont pas familiers? Doit-on construire une maquette de mur sur les lieux pour une démonstration? Quels éléments auront besoin d'un contrôle de la qualité plus poussé, et quel outils devons-nous utiliser pour le faire? À retenir Les techniques de construction modernes ont rendu la gestion de l'humidité dans les murs plus complexe. Il s'agit donc dans cet article de réduire au minimum la condensation dans les ensembles muraux en employant des stratégies de contrôle de la chaleur, de l'air et de l'humidité. En plus, la conception des murs doit aussi tenir compte d'autres exigences cruciales de la science du bâtiment, telles que la pénétration de la pluie, la résistance au feu et la résistance aux surcharges sismiques et aux surcharges de grand vent. L'étanchéité à l'air, la perméance à la vapeur des matériaux de construction et les gradients thermiques sont des facteurs étroitement liés que les concepteurs doivent prendre en compte et mettre sur le même pied quand ils construisent un mur qui n'accumule pas de condensation et qui puisse la dissiper rapidement - un mur tolérant à l'humidité. Les éléments du mur ont tendance à être qualifiés par la fonction à laquelle ils sont destinés (p. ex., élément étanche à l’air, isolant), alors que les « autres » propriétés qui les caractérisent peuvent avoir une incidence bien importante sur le comportement hygrothermique de tout l'ensemble mural. Bibliographie et autres références 1. Quirouette, R.L. 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