Le concept de la résilience organisationnelle existe
depuis les années 1990, mais ce n'est que depuis les
récentes catastrophes et accidents (attentat au gaz sarin,
Tokyo, Japon (1995), crise du verglas au Canada en
1998, attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis,
événement météorologique, comme la canicules 2003 en
Europe, ouragan Katrina en 2005 aux États-Unis,
l'accident de Fukushima du 11 Mars 2011 au Japon, etc,)
que celui-ci est fortement discuté par plusieurs
chercheurs dans plusieurs domaines. Les nombreux
concepts qui ressortent des définitions de résilience
organisationnelle sont : la connaissance de
l'environnement, le niveau de préparation, l'anticipation
des perturbations, la capacité de déploiement des
ressources, le degré d'adaptation et la capacité de
rétablissement [12]–[15].
Au cours de ces travaux, dans le domaine de la santé
Mallak (1998), a introduit des facteurs visant à identifier
les dimensions des organisations résilientes et les
comportements des individus résiliant. Il définit la
résilience comme un comportement adaptatif positif et
rapide pour supporter un minimum de stress [16].
On trouve dans la littérature, plusieurs auteurs qui
cherchent à préciser ce qui relève ou non de la résilience.
Pour certains, la notion de résilience doit être restreinte à
la prise en charge des évènements majeurs, imprévus et
inhabituels, qui sortent du domaine prévu [17]–[19].
Pour d'autres auteurs, le concept de résilience est plus
vaste (gestion des événements prévus et imprévus), il
s'intéresse aux variations plus ou moins importantes du
domaine de performance du système. Ces auteurs
associent la résilience au fonctionnement du système
dans des conditions prévues et imprévues [20]–[22].
3.2 Résilience d'un service d'urgences
Notre définition de la résilience d'un service
d'urgences prend en compte les événements imprévus et
les événements prévus. Dans notre cas, les événements
prévus peuvent être définis comme générateurs des flux
récurrents, pouvant présenter des variations saisonnières
dont on connaît plus au moins les tendances moyennes à
court ou à moyen terme (mois ou année). Les
événements imprévus sont définis comme des
générateurs des flux exceptionnels : menaces ou crises
sanitaires (grippes, canicules, vagues de froid, etc.) non
prévisibles en volume et en nature. Le service
d'urgences doit posséder une capacité proactive pour
pouvoir s'adapter aux changements des conditions avant
l'occurrence des évènements.
En ce qui concerne les services d'urgences, il n'existe
aucune définition ni aucun modèle pour évaluer la
résilience d'urgences hospitalières. Nous définissons la
résilience d'un service d'urgences (SU) comme \emph{sa
capacité à assurer le meilleur soin aux patients et de
maintenir ses performances (durée et qualité des
soins,...) à un niveau acceptable face à des perturbations
et/ou situations prévues ou imprévues en s'adaptant
avant, pendant et après la perturbation}. Les trois axes
(concept) clés qui découlent de cette définition sont
(figure 5) :
Figure 5 : Exigence de la résilience d'un service
d'urgences (SU).
• Anticiper les perturbations en les détectant le
plus tôt possible. Le SU doit i) surveiller
l'évolution et le fonctionnement du SU afin de
le maintenir à un niveau acceptable et ii)
prévoir des actions de correction afin d'anticiper
les perturbations qui pourraient survenir
permettant au SU d'avoir des délais suffisants
(marge de manœuvre) pour appliquer les
actions adaptées.
• Adapter et réagir à des perturbations régulières
ou irrégulières, prévisibles ou imprévisibles. Le
SU doit avoir i) une capacité d'adaptation aux
variations, perturbations inhabituelles,
habituelles et/ou routinières et ii) une capacité
de planification des actions de correction face à
ces perturbations.
• Comprendre et apprendre des perturbations du
passé (capacité d'apprentissage). En se basant
sur les perturbations déjà enregistrées, le SU
doit être capable de reproduire un
comportement face à une ou des perturbations
futures afin de proposer des actions
spécifiques, adaptées aux perturbations futures.
Pour qu'un service d'urgence soit résilient, il doit donc
pouvoir à la fois de surveiller l'évolution de la
procédure des soins, anticiper les perturbations en les
détectant le plus tôt possible, s'adapter aux
variations/perturbations habituelles et inhabituelles,
comprendre les perturbations du passé afin de proposer