cas clinique Mots-clés IRM haute résolution – Angéite primitive du système nerveux central Keywords High resolution MRI – Primary angiitis of the central nervous system Apport de l’IRM haute résolution de la paroi artérielle dans les angéites primitives du système nerveux central High resolution black-blood MRI in a patient with primary angiitis of the central nervous system X. Ayrignac*, T. Allou*, A. Wacongne*, N. Menjot de Champfleur**, P. Labauge*, C. Arquizan* Observation Une patiente âgée de 40 ans, fumeuse, est hospitalisée dans l’unité de neurologie vasculaire en raison de la survenue brutale, dans un contexte de céphalées inhabituelles évoluant depuis 1 semaine, d’un déficit moteur hémicorporel droit avec aphasie spontanément résolutive en 1 h 30. L’IRM cérébrale avec angio-IRM montre, d’une part, un infarctus cérébral récent et unique dans le territoire profond de l’artère cérébrale moyenne (ACM) gauche (figure [A]) et, d’autre part, une sténose serrée de la terminaison carotidienne gauche. Les séquences pondérées en T1 mettent en évidence un épaississement de la paroi artérielle et, après injection du produit de contraste, un rehaussement pariétal de l’artère carotide interne gauche est observé. L’artériographie cérébrale confirme l’existence d’une sténose régulière, sans autre anomalie retrouvée sur les axes intra- ou extracrâniens. Une étude en IRM haute résolution de la paroi artérielle (séquences millimétriques, en saturation du signal de la graisse et technique de sang noir) confirme le rehaussement circonférentiel de la portion intracrânienne de la paroi carotidienne (figure [B, C et D]). La ponction lombaire est normale. Le bilan systémique − comportant un bilan biologique exhaustif, une IRM de l’aorte, un TEP scan corps entier et une échocardiographie transœsophagienne − est normal. Un diagnostic d’angéite primitive du système nerveux central (SNC) probable avec atteinte élective de l’artère carotide interne gauche intracrânienne est retenu. Au cours de son hospitalisation, la patiente présente une récidive du déficit de l’hémicorps droit avec, sur l’IRM, un nouvel infarctus dans le territoire profond de l’ACM gauche. Elle est traitée par * Service de neurologie, hôpital Gui-de-Chauliac, CHU de Montpellier. ** Service de neuroradiologie, hôpital Gui-de-Chauliac, CHU de Montpellier. 134 | La Lettre du Neurologue • Vol. XVII - n° 4 - avril 2013 bolus de méthylprednisolone suivi de 6 cures de cyclophosphamide (1 g par mois) associées à une corticothérapie orale à dose dégressive. Après 6 mois, la patiente est asymptomatique. L’imagerie cérébrale de contrôle ne montre pas de nouvelle lésion ou de prise de contraste. Il persiste cependant une sténose serrée avec un épaississement et une prise de contraste pariétale de la terminaison de l’artère carotide interne gauche (figure [E et F]). Discussion Le diagnostic d’angéite primitive du SNC est fait actuellement sur la base d’un faisceau d’arguments cliniques et d’imagerie (IRM cérébrale et imagerie artérielle) dont aucun n’est spécifique. La confirmation du diagnostic repose sur l’analyse des données anatomopathologiques (1), mais la biopsie peut être négative. Les principaux diagnostics différentiels, en cas d’atteinte cérébrale isolée, sont le syndrome de vasoconstriction réversible (2) et, notamment en présence d’une lésion focale isolée, une sténose d’origine athéromateuse ou une dissection artérielle. L’IRM haute résolution, lorsqu’elle objective une prise de contraste circonférentielle de la paroi artérielle, semble être un argument supplémentaire en faveur du diagnostic d’angéite (3). Cette imagerie de haute résolution requiert des images acquises avec saturation du signal et compensation des flux circulants (technique de sang noir ou black-blood) par synchronisation au rythme cardiaque. Dans notre observation, la prise de contraste circonférentielle au niveau de la sténose est un argument fort en faveur du diagnostic d’angéite cérébrale. Malgré la très bonne réponse clinique et radiologique (absence de nouvelle lésion ou de prise de contraste parenchymateuse) chez notre patiente, il semblerait exister un décalage radio-clinique avec la persistance des rehaussements pariétaux à 6 mois, ce qui suggère la persistance de phénomènes inflammatoires. cas clinique A C B D E F ▲ Figure. Hypersignal sur l’imagerie de diffusion, b = 1 000 s/­mm2, correspondant à un infarctus cérébral récent dans le territoire des artères perforantes de l’artère cérébrale moyenne gauche ( A). Sur l’imagerie T1 écho de Spin (ES) conventionnelle réalisée après injection du produit de contraste, rehaussement circonférentiel de la paroi de la portion intracrânienne de l’artère carotide interne gauche (B). L’IRM haute résolution de la paroi artérielle en coupes coronales T1 ES avec saturation du signal de la graisse et technique de sang noir avant (C) puis après injection du produit de contraste (D), confirme la prise de contraste pariétale. À 6 mois, il persiste une prise de contraste en séquence T1 ES avec saturation du signal de la graisse, après injection de produit de contraste (E) et un hypersignal de la paroi carotidienne en pondération T2 ES avec saturation du signal de la graisse (F). Conclusion L’IRM cérébrale de haute résolution apparaît comme un outil non invasif particulièrement intéressant dans le diagnostic et le suivi des d’angéites primitives du SNC. La signification de la prise de contraste pariétale résiduelle devra être analysée ultérieurement de façon prospective. ■ Références bibliographiques 1. Hajj-Ali RA, Singhal AB, Benseler S et al. Primary angiitis of the CNS. Lancet Neurol 2011;10(6):561-72. 2. Ducros A, Boukobza M, Porcher R et al. The clinical and radiological spectrum of reversible cerebral vasoconstriction syndrome. A prospective series of 67 patients. Brain 2007;130(Pt 12):3091-101. 3. Mandell DM, Matouk CC, Farb RI et al. Vessel wall MRI to differentiate between reversible cerebral vasoconstriction syndrome and central nervous system vasculitis: preliminary results. Stroke 2012;43(3):860-2. La Lettre du Neurologue • Vol. XVII - n° 4 - avril 2013 | 135