Par contre, quand on perd ce centre,
parce qu’on le substitue avec quelque
chose d’autre, il n’en vient que des
dommages, pour l’environnement autour
de nous et pour l’homme lui-même »
(François, Homélie pour le dimanche du Christ
Roi, 24.11.2013).
Cette année nous a donné maints
exemples de dommages contre
l’homme. Je pense ici notamment à la
violence sociale qui secoue nos pays
d’Occident. En France, des lois ont été
votées qui manifestent très clairement
qu’elles sont conduites par le « Prince
de ce monde », le Satan, qui trouve dans
les gouvernements en place son plus sûr
auxiliaire.
Au XVI° siècle, en Espagne, une femme
se sent profondément blessée devant les
ravages causés par la Réforme de Luther
et qui menacent gravement la paix
religieuse et la paix sociale. Ecoutons-là !
« En ce temps-là j’appris les malheurs de
la France, les ravages qu’avaient faits ces
luthériens, et combien se développait
cette malheureuse secte. J’en eus grand
chagrin, et comme si je pouvais quelque
chose, ou comme si j’eusse été quelque
chose, je pleurais devant le Seigneur et le
suppliais de remédier à tant de maux.
(…) J’ai donc décidé de faire le tout petit
peu qui était à ma portée, c’est-à-dire
suivre les conseils évangéliques aussi
parfaitement que possible… » (Sainte
Thérèse de Jésus, Camino I, 2).
L’âme
contemplative de Thérèse, loin de se
désintéresser des
« grands maux »
de
l’Eglise et de la société, y trouve un lieu
où sa vie d’oraison prend une nouvelle
dimension, résolument politique. De sa
place et à sa mesure, elle prend
conscience du rôle qu’elle et ses filles
moniales peuvent avoir au service du
bien commun et de la paix. Dans son
zèle débordant, elle va jusqu’à en
remonter aux rois :
« Heureuse l’âme
que le Seigneur guide vers la
connaissance de la vérité. Oh ! quel état
ce serait là pour les rois, comme il leur
serait avantageux de le rechercher, de
préférence à un grand empire ! Quelle
droiture dans ce royaume ! Que de
malheurs évités dans le présent comme
au temps passé ! Ici, plus personne n’a
peur de perdre la vie ni l’honneur pour
l’amour de Dieu. Quel grand bien pour
celui qui est obligé à considérer
l’honneur du Seigneur plus que ne le
font ses sujets, puisque les sujets doivent
suivre les rois ! » (Vida XXI, 1).
La paix
sociale est impossible sans la paix
religieuse. Son message est d’une
actualité confondante.
Aucune catégorie de personnes ne
saurait se soustraire à ce que l’Eglise
appelle le
« devoir social de religion »
.
Certes, l’Eglise est transcendante ; son
but, sa mission sont surnaturels, pour
autant, cette transcendance ne signifie
pas indifférence. Saint Thomas pensait
que
« chacun est tenu de manifester
publiquement sa foi, soit pour instruire
et encourager les autres fidèles, soit pour
repousser les attaques des adversaires »
(S. Théol. IIa, IIae, q. III, a. 2, ad 2)
. Trop
souvent, nous pouvons observer que, par
un sens un peu étroit de la vie
contemplative et du royaume de Dieu,
des ministres de l’Eglise trouvent plus
confortable et plus juste de se trouver
réduits dans les limites d’un sanctuaire
ou d’un couvent apostolique.