ASTROPHYSIQUE.
Corot est parti à la recherche
de nouveaux mondes
Le satellite Corot (COnvection, ROtation et Transits planétaires) a été
lancé avec succès le mercredi 27 décembre 2006 par un lanceur
Soyouz, depuis le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan. Grande
première mondiale, cette mission du CNES étudiera pendant près de
trois ans la sismologie stellaire et recherchera de possibles exoplanètes
(planètes gravitant autour d’étoiles autres que le Soleil). Ce satellite
utilise la plateforme multimission Protéus développée par le CNES.
Après son lancement, Corot a été mis progressivement en
configuration opérationnelle par les équipes techniques du CNES au
Centre spatial de Toulouse. La première image a été réalisée dans la
nuit du 17 au 18 janvier 2007 et traitée au centre de mission Corot du
CNES. Trois mois après son lancement, la recette en vol a confirmé le
bon fonctionnement de la plateforme et du télescope.
Du cœur des étoiles aux exoplanètes
Le projet Corot a été proposé en 1993 par la communauté scientifique
française mais la phase de développement n’a démarré que début
2001. Il a fait l’objet d’une coopération internationale, organisée par la
France, à laquelle ont participé l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique,
l’Espagne, l’Esa et le Brésil. D’éminents laboratoires français sont à
l’origine de cette mission et travaillent aujourd’hui au traitement
scientifique des données : le Laboratoire d’études spatiales et
d’instrumentation en astrophysique (LESIA) de l’Observatoire de Paris,
l’Institut d’astrophysique spatiale (IAS) à Orsay, le Laboratoire
d’astrophysique de Marseille (LAM) et l’Observatoire Midi-Pyrénées
(OMP) à Toulouse.
Corot est la première mission spatiale de photométrie stellaire de très
haute précision. Un de ses atouts majeurs est l’observation
ininterrompue d’un même champ d’étoiles sur des périodes qui
peuvent atteindre six mois. La communauté scientifique attend
beaucoup de cette mission :
•La recherche de planètes extrasolaires en détectant leur transit
devant leur étoile. Depuis la découverte de la première exoplanète en
1995, les détections se multiplient. On en connaît aujourd’hui plus
de 200. L’originalité de Corot est sa capacité à découvrir de
nombreuses planètes de toutes tailles, jusqu’à quelques masses
rocheuses, et à entreprendre l’inventaire systématique de ces objets.
•L’étude de la structure interne des étoiles grâce à l’observation des
micro-vibrations qui animent leur surface. Ces mouvements sont en
effet caractéristiques des modes propres d’oscillation des étoiles, qui
sont eux-mêmes caractéristiques de leur structure interne.
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Des enjeux importants pour l’astronomie
Pour beaucoup de chercheurs français et d’ingénieurs du CNES, le
lancement réussi de Corot représente l’aboutissement d’une
douzaine d’années de travail intensif. Corot est placé à 900 km de
la Terre sur une orbite circulaire inclinée de 90° par rapport à
l'équateur. Cette position lui permet d’observer une même zone du
ciel pendant 150 jours d’affilée sans jamais être gêné ni par la
Terre ni par le Soleil.
Le satellite Corot étudiera le comportement vibratoire d'une
centaine d'étoiles afin de déterminer leur âge et leur composition.
Il s’agit d’un enjeu fondamental pour l’astronomie : c’est dans les
étoiles, à différents stades de leur évolution, que se forment les
éléments chimiques de l’Univers.
En se lançant également à la découverte de nouvelles planètes,
Corot devrait confirmer l’existence de corps célestes telluriques
comparables, par leurs propriétés physiques, aux planètes
rocheuses du système solaire. Pour cela, le satellite utilisera la
méthode des transits, c’est-à-dire qu’il détectera les planètes
lorsqu’elles passeront devant leur étoile mère en occultant une
partie de la lumière reçue par le télescope.