2/ Article d' Honorine de 1ière 5S :
La thérapie génique
Le métier de chercheur en génétique est un métier passionnant mais loin d'être donné à tout le monde. Il
faut obligatoirement aimer travailler en équipe et être très investi dans son travail. Il faut également apprécier la
biologie moléculaire, les nouvelles technologies, l’informatique, l’innovation et savoir effectuer un travail minutieux.
Malheureusement, il ne suffit pas de posséder ces qualités pour devenir chercheur en génétique. Pour y parvenir,
l’obtention d’un bac scientifique est nécessaire. Pour exercer en tant que technicien et mettre en œuvre des
protocoles, une formation en IUT permet d'obtenir un DUT génie biologique. Le niveau requis pour devenir ingénieur
est d'au moins bac +8. Il faut d'abord obtenir un diplôme de niveau master (bac +5), dans une grande école ou dans
certains cas par une formation universitaire. Nous avons interrogé Axel Kahn, médecin généticien. Il nous explique
que la génétique « permet de comprendre les mécanismes de transmission des caractères héréditaires d'un être
vivant. » Il nous fait ensuite part de ses trois passions : « la biologie pour comprendre les mécanismes de la vie, la
médecine pour améliorer les perspectives de traitements, et la recherche pour former les jeunes chercheurs. »
Posséder ces passions est donc indispensable pour exercer en tant que chercheur en génétique.
Nous avons travaillé sur un exemple de maladie génétique : la bêta-thalassémie qui est traitée par une
thérapie génique. La bêta-thalassémie, appelée aussi « maladie des globules rouges », est caractérisée par un déficit
total ou partiel de synthèse des chaînes de bêta-globine de l'hémoglobine. L’hémoglobine, qui est une protéine, est
produite par les cellules sanguines. Cette protéine permet la transportation du dioxygène dans le sang par les
hématies (ou globules rouges). L’hémoglobine est formée par l’association de quatre globines (deux globines alpha et
deux globines bêta). Chacune de ces globines est une chaîne protéique repliée sur elle-même, constituée d’une suite
de petites molécules appelées acides aminés. La bêta-thalassémie se caractérise par l’absence de la chaîne bêta de
l’hémoglobine. Les bêta-thalassémies sont de sévérités variables : certaines formes n’entraînent aucun symptôme
(bêta-thalassémies dites mineures) et d’autres mettent la vie en danger. Les bêta-thalassémies sévères (dites
majeures et intermédiaires) se caractérisent par une anémie (manque de globules rouges et d’hémoglobine). Celle-ci
se traduit par une pâleur, une grande fatigabilité, parfois des vertiges et des essoufflements. L’anémie peut
s’accompagner de complications diverses (problèmes de croissance, déformations osseuses…). Selon la gravité de
l’anémie, les premiers signes vont apparaître dans la petite enfance (entre 6 et 12 mois) ou plus tardivement. Dans les
formes majeures, des transfusions sanguines mensuelles systématiques sont nécessaires pour permettre une
croissance et une activité normale. Les transfusions permettent de rétablir une quantité acceptable de globules
rouges et donc de faire disparaître ou de diminuer significativement les symptômes d’anémie. Cependant, les
transfusions répétées ont un effet secondaire grave : elles entraînent une accumulation de fer dans l’organisme des
malades qui devient toxique, perturbant le fonctionnement normal des organes atteints. Une solution plus définitive
est la greffe de cellules souches de moelle osseuse ; mais ce traitement reste soumis à la difficulté de trouver un
donneur compatible. Elle n’est pas non plus idéale, car le greffon, prélevé chez un donneur, peut être rejeté par le
système immunitaire du patient, ou inversement réagir contre l’organisme. C’est pour cela qu’avoir recours à la
thérapie génique est préférable et représente une alternative.
La thérapie génique est une méthode thérapeutique destinée aux patients souffrant de maladies génétiques
donc porteurs d'allèles déficients. Le principe général de cette thérapie consiste à insérer dans une cellule le gène qui
lui fait défaut. Il faut pour cela disposer de vecteurs (virus ou autre) capables d’intégrer ce gène au génome des
cellules.
Dans le cas de la bêta-thalassémie, les cellules souches à l’origine des cellules sanguines sont prélevées dans
la moelle osseuse du patient. Puis ces cellules sont mises en culture et une copie normale du gène de la bêta-globine
y est insérée. Ce gène est transporté par un vecteur viral (un virus inoffensif), le vecteur lentiviral, dérivé ici du virus
du sida (VIH). Un virus a la particularité de pénétrer facilement dans l’organisme. Ensuite, le patient subit un
traitement de chimiothérapie afin de détruire une partie de sa moelle osseuse en vue de laisser de la place aux
cellules souches corrigées. Enfin, les cellules modifiées sont réinjectées chez le patient. Le vecteur se retrouve ainsi à
l’intérieur du noyau, et le gène fonctionnel est libéré. La cellule peut alors produire la protéine absente et la fonction
déficiente est rétablie : la cellule est traitée.
Schéma montrant le protocole expérimental de thérapie génique dans le cas de la bêta-thalassémie