AVANT-PROPOS
Si l'on obselVe une carte de l'IDH des îles et pays bordiers de l'océan Indien, le
thème de J'inégalité s'impose: ici les pays parmi les plus pauvres du globe (Socotra, îles
occidentales indonésiennes, Madagascar) côtoient les pays du Golfe qui comptent les
familles les plus fortunées de la planète. Inégalité face aux ressources, inégalité des
revenus par habitant, inégalité devant la mort, inégalité des chances face aux grands défis
mondiaux, tels se présentent les 44 pays bordiers et les 22 entités insulaires de l'océan
Indien. Les facteurs de cette inégalité à petite échelle sont multiples et relèvent du
peuplement d'origine variée échelonné dans le temps et l'espace, mais aussi de la densité
des groupes, de leur mode de vie (chasseurs-cueilleurs, agriculteurs) et de leur capacité
d'innovation pour aboutir à des espaces socioéconomiques fort différents, au poids géo-
politique plus ou moins marqué où s'affrontent, depuis toujours, les grandes puissances
planétaires.
Parmi les trois océans de la planète, l'océan Indien reste l'espace le moins étudié.
Ainsi à la création de l'Université de La Réunion au milieu des années 1960, les travaux de
recherches sur les îles et les pays bordiers étaient fragmentaires et relevaient surtout
d'auteurs anglo-saxons. Depuis une trentaine d'années, si l'on excepte les études géogra-
phiques des universités malgaches (surtout dans les années 1970) ou les études ponc-
tuelles des laboratoires tropicaux des universités françaises et celles de l'ORSTOM -
aujourd'hui IRD -l'ensemble de la production géographique sur l'espace océan Indien
reste l'apanage de l'Université de La Réunion.
L'espace océan Indien pourrait s'ouvrir sur trois cercles: d'abord La Réunion,
puis les îles de la COI et enfin les pays bordiers. Un premier noyau de chercheurs autour
de jean Defos du Rau, jean-François Dupon et Daniel Lefèvre a porté son regard
uniquement sur les Mascareignes. Puis, dans les années 1980, les sujets de thèses
(comme ceux de jean-Pierre Raison, Guy Fontaine, jean-Louis Guébourg...) se sont
élargis aux États de la Commission de l'Océan Indien, espace que l'on peut assimiler à un
second cercle (Mayotte, les Comores et les Seychelles) alors que sur notre île
apparaissaient des analyses thématiques urbaines et régionales comme celles de Wilfrid
Bertile, Prosper Eve, jean-Michel jauze, joël Ninon. .. Une troisième génération de jeunes
chercheurs, aujourd'hui docteurs (Fabrice Folio, Marie-Annick Lamy-Giner, jean-Hugues
Hoarau. . .) a fait rayonner notre université sur un troisième cercle incluant les pays
bordiers de l'océan Indien, plus particulièrement l'Afrique du Sud.
Réunir les géographes anglophones et francophones de la zone pour qu'ils
puissent échanger et faire connaître leurs travaux de recherches sur l'espace india-
océanique était urgent et nous a conduit à ce symposium international d'autant que les
travaux des journées géographiques qui se sont déroulées en 1999, sont malheureuse-
ment non publiés àcejour.