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ÉCOLE NATIONALE VÉTÉRINAIRE D’ALFORT
Année 2011
LES PESTIVIROSES BOVINE ET OVINE :
DIFFÉRENCES CLINIQUES,
ÉPIDÉMIOLOGIQUES ET BARRIÈRE
D’ESPÈCE
THÈSE
Pour le
DOCTORAT VÉTÉRINAIRE
Présentée et soutenue publiquement devant
LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE CRÉTEIL
le……………
par
Eloïse, Georgina, Gabrielle BERNARD
Née le 18 Novembre 1985 à Suresnes (quatre-vingt douze)
JURY
Président : M.
Professeur à la Faculté de Médecine de CRÉTEIL
Membres
Directeur : M. MILLEMANN Yves
Maître de conférences à l’ENVA, Unité Pédagogique de pathologie du bétail et des
animaux de basse-cour
Assesseur : Mme HADDAD HOANG-XUAN Nadia
Professeur à l’ENVA, Unité Pédagogique des maladies contagieuses
LISTE DES MEMBRES DU CORPS ENSEIGNANT
Directeur : M. le Professeur MIALOT Jean-Paul
Directeurs honoraires : MM. les Professeurs MORAILLON Robert, PARODI André-Laurent, PILET Charles, TOMA Bernard
Professeurs honoraires: MM. et Mme : BRUGERE Henri, BRUGERE-PICOUX Jeanne, BUSSIERAS Jean, CERF Olivier, CLERC Bernard,
CRESPEAU François, DEPUTTE Bertrand, LE BARS Henri, MOUTHON Gilbert, MILHAUD Guy, POUCHELON Jean-Louis, ROZIER Jacques
DEPARTEMENT D’ELEVAGE ET DE PATHOLOGIE DES EQUIDES ET DES CARNIVORES (DEPEC)
Chef du département : M. POLACK Bruno, Maître de conférences - Adjoint : M. BLOT Stéphane, Professeur
- UNITE DE CARDIOLOGIE
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Mme GIRAUDET Aude, Praticien hospitalier
Mme CHRISTMANN Undine, Maître de conférences
Mme MESPOULHES-RIVIERE Céline, Maître de conférences contractuel
Mme PRADIER Sophie, Maître de conférences
Melle DUPAYS Anne-Gaëlle, Assistant d’enseignement et de recherche
contractuel
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Mme MAUREY-GUENEC Christelle, Maître de conférences
Mme BENCHEKROUN Ghita, Maître de conférences contractuel
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M. POLACK Bruno, Maître de conférences
M. GUILLOT Jacques, Professeur
Mme MARIGNAC Geneviève, Maître de conférences
M. HUBERT Blaise, Praticien hospitalier
M. BLAGA Radu Gheorghe, Maître de conférences (rattaché au DPASP)
- UNITE DE PATHOLOGIE CHIRURGICALE
M. FAYOLLE Pascal, Professeur *
M. MOISSONNIER Pierre, Professeur
M. MAILHAC Jean-Marie, Maître de conférences
M. NIEBAUER Gert, Professeur contractuel
Mme VIATEAU-DUVAL Véronique, Maître de conférences
Mme RAVARY-PLUMIOEN Bérangère, Maître de conférences (rattachée au
DPASP)
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DPASP)
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(rattaché au DPASP)
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DEPARTEMENT DES PRODUCTIONS ANIMALES ET DE LA SANTE PUBLIQUE (DPASP)
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ANIMALE
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Adjoint : Mme LE PODER Sophie, Maître de conférences
IMMUNOLOGIE
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M. REYES GOMEZ Edouard, Assistant d’enseignement et de recherche
contractuel,
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Mme PILOT-STORCK Fanny, Maître de conférences
- UNITE DE VIROLOGIE
M. ELOIT Marc, Professeur *
Mme LE PODER Sophie, Maître de conférences
- DISCIPLINE : ETHOLOGIE
Mme GILBERT Caroline, Maître de conférences
* responsable d’unité
REMERCIEMENTS
Au président du jury
Professeur à la faculté de Médecine de Créteil,
Qui nous fait l’honneur d’accepter la présidence de ce jury de thèse,
Hommages respectueux.
À Monsieur Millemann, mon directeur de thèse
Pour m’avoir proposé ce sujet,
Pour m’avoir encadrée tout au long de mon travail,
Pour votre disponibilité et vos conseils,
Sincères remerciements.
À Mme Haddad Hoang-Xuan, mon assesseur de thèse
Pour avoir accepté d’être mon assesseur,
Pour votre disponibilité et vos conseils,
Pour votre gentillesse,
Sincères remerciements.
À M. Nicol et à M. Gourreau
Pour l’aide que vous m’avez apportée,
Pour votre disponibilité et votre gentillesse,
Sincères remerciements.
REMERCIEMENTS
À mes parents, pour leur soutien sans égal, en toutes circonstances, et sans qui je ne serai
pas là où j’en suis aujourd’hui : si j’ai pu réaliser mon rêve c’est grâce à vous.
À Erwan, mon frère et à Céline et Séléna, mes sœurs, nos liens solides m’ont
été indispensables pour parvenir à réussir les différentes étapes. Merci.
À ma grand-mère, son soutien et sa porte toujours ouverte, petit déj’ en attente.
À mes oncles et tantes, pour leur accueil pendant mes études, de la prépa aux stages.
Vous m’avez supportée, et surtout bien trop gâtée, merci encore.
À ma marraine, notre relation privilégiée et ton exemple de courage.
Et à tout le reste de ma famille, pour leur soutien et leurs encouragements.
À mes multiples colocataires, Laëtitia, Sabrina, Anabelle, Emma, et Camille,
sans qui la vie quotidienne aurait été bien moins drôle. Je suis ravie d’avoir pu partager ces
quelques mois sous le même toit avec chacune d’entre vous.
À mes groupes de clinique, les petits et le grand, tous les bons moments passés
ensembles. Que de franches rigolades qui aident pendant les périodes difficiles !
À ma copine de garde, qui se reconnaîtra j’en suis sûre : j’en garde un souvenir
inoubliable.
À mon ancienne et à ma poulotte, et tous ces bons moments passés en votre
compagnie. Vous êtes pleines de grandes qualités.
Et à tous mes autres amis alforiens, que je cite pas mais qui sont tout aussi
importants.
À Alice et Edwige, la prépa et nos soirées resto.
À Emmanuelle et Pascaline, pour notre amitié de longue date.
.
TABLE DES MATIÈRES
TABLE DES MATIÈRES ....................................................................................................... 1
LISTE DES FIGURES............................................................................................................. 4
LISTE DES TABLEAUX ........................................................................................................ 5
LISTE DES PHOTOGRAPHIES ........................................................................................... 6
LISTE DES ABRÉVIATIONS ............................................................................................... 7
INTRODUCTION.................................................................................................................... 8
1. GÉNÉRALITES SUR LES PESTIVIRUS ........................................................................ 9
1. 1. Caractéristiques générales des pestivirus ................................................10
1. 1.1. Structure d’un pestivirus ......................................................................10
1.1.1.1.
Structure générale..................................................................................... 10
1.1.1.2.
Organisation du génome........................................................................... 11
1.1.1.2.1. Nature du génome ................................................................................. 11
1.1.1.2.2. Principales protéines virales structurales............................................. 12
1.1.2. Sensibilité des pestivirus.....................................................................13
1.1.3. Biotypes.................................................................................................13
1.1.4. Immunogénicité ....................................................................................14
1.1.5. Tropisme cellulaire ...............................................................................14
1.1.6. Infecté permanent immunotolérant (IPI) .............................................14
1.1.7. Variabilité génétique.............................................................................15
1.1.7.1.
Mutations.................................................................................................. 15
1.1.7.2.
Recombinaisons ....................................................................................... 15
1.1.8. Virulence................................................................................................16
1.1.9. Comparaison génomique des pestivirus............................................16
1.1.9.1.
Séquençage des régions 5’-UTR et 3’-UTR ............................................ 16
1.1.9.1.1. Etude de la séquence 5’-UTR................................................................ 16
1.1.9.1.2. Etude de la séquence 3’-UTR................................................................ 17
1.1.9.2.
Identité entre les pestivirus....................................................................... 17
1.2. Réactions sérologiques et séquençage des pestivirus : apport pour la
différentiation des différentes espèces..............................................................18
1.2.1. Classification sérologique et relations antigéniques ........................18
1.2.1.1.
Réactions antigéniques croisées ............................................................... 19
1.2.1.2.
Les anticorps monoclonaux...................................................................... 19
1.2.2. Séquençage génomique.......................................................................19
1.2.2.1.
Méthodes de classification ....................................................................... 20
1.2.2.2.
Classification actuellement proposée ....................................................... 20
1.1.2.2.1. Les différents génotypes et sous-génotypes de BVDV ........................... 20
1.1.2.2.2. Les différents sous-génotypes de BDV .................................................. 21
1.1.2.2.3. Autres espèces de pestivirus.................................................................. 22
1.1.2.2.4. Étude phylogénétique de Liu et al., 2009 ............................................. 22
2. COMPARAISON DES DIFFÉRENTES FORMES CLINIQUES DES
PESTIVIROSES BOVINE ET OVINE. APPLICATION EN MATIÈRE DE
DIAGNOSTIC ET DE DÉPISTAGE ................................................................................... 26
2.1. Caractéristiques cliniques de la Diarrhée Virale Bovine et de la Maladie
des Muqueuses chez les bovins.........................................................................27
1
2.1.1. Primo-infection d’un bovin non IPI, non gestant = BVD....................27
2.1.1.1.
Infection subclinique ................................................................................ 27
2.1.1.2.
Infection aiguë.......................................................................................... 27
2.1.1.3.
Infection aiguë sévère............................................................................... 29
2.1.1.4.
Immunodépression et maladies concomitantes ........................................ 30
2.1.1.5.
Infection vénérienne................................................................................. 32
2.1.1.6.
Infécondité................................................................................................ 32
2.1.2. Infection d’une femelle gestante .........................................................32
2.1.3. Surinfection d’un IPI par une souche cp ............................................35
2.1.4. Manifestations atypiques .....................................................................39
2.1.5. Lésions d’autopsie ...............................................................................41
2.1.6. Infection expérimentale........................................................................43
2.2. Caractéristiques cliniques de la Border Disease chez les ovins ..........44
2.2.1. Infection d’un individu non IPI, non gestant ......................................44
2.2.1.1.
Forme subclinique .................................................................................... 44
2.2.1.2.
Forme clinique plus ou moins sévère....................................................... 44
2.2.1.3.
Immunodépression et infection concomitante.......................................... 45
2.2.1.4.
Infection vénérienne................................................................................. 45
2.2.2. Infection d’une femelle gestante .........................................................45
2.2.2.1.
Forme néonatale ....................................................................................... 45
2.2.2.2.
Forme entérique........................................................................................ 47
2.2.2.3.
Formes atypiques...................................................................................... 47
2.2.2.4.
Survenue d’infectés permanents immunotolérants (IPI) .......................... 48
2.2.3. Surinfection d’un IPI par une souche cp ............................................50
2.2.3.1.
Forme classique........................................................................................ 50
2.2.3.2.
Forme très similaire à la maladie des muqueuses des bovins .................. 50
2.2.3.3.
Infection expérimentale............................................................................ 52
2.2.4. Lésions nécropsiques ..........................................................................54
2.3. Méthodes de diagnostic et de dépistage ................................................56
3. COMPARAISON DES CARACTÉRISTIQUES ÉPIDÉMIOLOGIQUES DU
BVD/MD ET DE LA BD ET APPLICATION À LA LUTTE ........................................... 59
3.1. Epidémiologie commune au BVD/MD et à la BD ....................................60
3.1.1. Espèces hôtes des pestivirus..............................................................60
3.1.2. Transmission: .......................................................................................60
3.1.2.1.
Sources de virus et modes de contamination ........................................... 60
3.1.2.2.
Expansion de la maladie........................................................................... 62
3.1.3. Distribution des anticorps et présence d’IPI en fonction de l’âge...64
3.1.3.1.
Relation âge et taux en Ac........................................................................ 64
3.1.3.2.
Age des IPI ............................................................................................... 64
3.1.4. Phénomène d’auto-blanchiment .........................................................65
3.1.5. Différences épidémiologiques entre l’Europe et les États-Unis .......65
3.2. Répartition et prévalence du BVD/MD et de la BD..................................66
3.2.1. Répartition mondiale ............................................................................66
3.2.1.1.
Le BVDV ................................................................................................. 66
3.2.1.1.1. Le BVDV-1 ............................................................................................ 66
3.2.1.1.2. Le BVDV-2 ............................................................................................ 67
3.2.1.1.3. Description des certains profils d’isolats retrouvés en Europe ........... 68
3.2.1.2.
Le BDV .................................................................................................... 71
3.2.1.2.1. Présence dans le monde ........................................................................ 71
3.2.1.2.2. Répartition des différents génotypes ..................................................... 72
2
3.2.2. Prévalence des infections à pestivirus ...............................................73
3.2.2.1.
Séroprévalence du BVDV........................................................................ 74
3.2.2.2.
Séroprévalence de l’infection par le BDV ............................................... 77
3.3. Programmes de lutte existants ................................................................81
3.3.1. Les stratégies de contrôle et d’éradication du BVDV........................81
3.3.2. Exemple du programme d’éradication suisse....................................82
4. PESTIVIROSES ET BARRIÈRE D’ESPÈCE. CONSÉQUENCES POUR LES
PLANS D’ÉRADICATION................................................................................................... 84
4.1. Quelques définitions.................................................................................85
4.2. Pestivirus et barrière d’espèce ................................................................85
4.2.1. Epidémiologie des infections croisées...............................................86
4.2.1.1.
Infection d’un ovin par du BVDV............................................................ 86
4.2.1.2.
Infection d’un bovin par du BDV ............................................................ 89
4.2.1.3.
Influence de la faune sauvage .................................................................. 91
4.2.2. Les formes cliniques associées à des infections croisées...............91
4.2.2.1 Infection d’un ovin par un BVDV................................................................ 91
4.2.2.2.
Infection d’un bovin par un BDV ............................................................ 92
4.2.3. Adaptation du virus à son environnement .........................................94
4.2.4. Protection vaccinale .............................................................................94
4.2.5. Conséquence des infections croisées : les facteurs de risque........95
CONCLUSION....................................................................................................................... 97
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 98
3
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Structure générale d'un Flaviviridae (D’après l’université de Saskatchewan)........ 11
Figure 2 : Organisation générale du génome d’un Pestivirus (D’après Goyal et Ridpath, 2005)
.......................................................................................................................................... 12
Figure 3: Phylogénie et classification des pestivirus à partir de 56 échantillons de pestivirus et
analyse des séquences Npro, E2 et 5’-UTR. (D’après Liu et al., 2009) .......................... 23
Figure 4 : Dates de divergence des lignées principales de pestivirus (D’après Liu et al., 2009)
.......................................................................................................................................... 24
Figure 5 : Conséquences d’une infection congénitale en fonction du stade de gestation chez
les bovins (D’après Nettleton, 1990)................................................................................ 34
Figure 6 : Conséquences d’une infection par du BVDV en fonction du stade de gestation chez
les bovins (D’après Goyal et Ridpath, 2005) ................................................................... 38
Figure 7 : Conséquences d’une infection congénitale en fonction du stade de gestation chez
les ovins (schéma adapté depuis celui de Nettleton, 1990, initialement exposé pour les
bovins).............................................................................................................................. 49
4
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Liste des principales espèces de pestivirus potentielles selon Giangaspero et
Harasawa (2011) .............................................................................................................. 10
Tableau 2 : Principales protéines virales des Pestivirus (D’après Goyal et Ridpath, 2005).... 13
Tableau 3 : Indication des examens de laboratoires pour le diagnostic et le dépistage des
infections par le BVDV (D’après Schelcher, 2008)......................................................... 57
Tableau 4 : Répartition des différentes espèces et sous-espèces de BVDV dans plusieurs pays
.......................................................................................................................................... 71
Tableau 5 : Principaux pays où sont retrouvées différentes sous-espèces de BDV ................. 73
Tableau 6 : Séroprévalence et viroprévalence de l’infection par le BVDV............................. 76
Tableau 7 : Séroprévalence et viroprévalence de l’infection par le BDV................................ 80
Tableau 8 : Liste des pays ayant présenté des cas d’ovins infectés par du BVDV.................. 89
Tableau 9 : Liste des cas documentés de bovins infectés par un BDV.................................... 91
Tableau 10 : Liste des symptômes observés lors d’infection croisée ...................................... 94
5
LISTE DES PHOTOGRAPHIES
Photographie 1 : Ulcères superficiels (indiqués pas les flèches) sur la muqueuse labiale (J.M.
Nicol)................................................................................................................................ 28
Photographie 2 : Ulcères sur le trayon d’une génisse atteinte de BVD (J.M. Gourreau) ........ 28
Photographie 3 : Ulcères coalescents sur un muffle (ENVT) .................................................. 28
Photographie 4 : Trace de saignement nasal lors de syndrome hémorragique (J.M. Nicol).... 30
Photographie 5 : Purpura hémorragique lors de syndrome hémorragique (R. Braque)........... 30
Photographie 6 : Génisse IPI présentant un retard de croissance, un poil hirsute et un
amaigrissement (Photographie personnelle) .................................................................... 34
Photographie 7 : Lésions ulcératives en « coup d’ongle » caractéristique de la Maladie des
Muqueuses (J.M. Gourreau)............................................................................................ 36
Photographie 8 : Congestion et érythème autour de la vulve et de l’anus d’une génisse atteinte
de Maladie des Muqueuses ( J.M. Gourreau)................................................................... 36
Photographie 9: Ulcère superficiel interdigital, fléché (J.M. Gourreau).................................. 36
Photographie 10 : Lésions rénales lors de syndrome hémorragique entourées par les cercles
(J.M. Nicol) ...................................................................................................................... 41
Photographie 11 : Lésions rectales (fléchées) lors de syndrome hémorragique (J.M. Nicol).. 42
Photographie 12 : Lésions de la caillette lors de syndrome hémorragique (fléchées et
encerclées) (J. M. Nicol) .................................................................................................. 42
Photographie 13 : Lésions épithéliales de type érosives sur un rumen de veau IPI (J.M. Nicol)
.......................................................................................................................................... 42
Photographie 14 : Ulcère intestinal (fléché) chez une génisse atteinte de BVD (J.M. Gourreau)
.......................................................................................................................................... 43
Photographie 15 : Déplétion lymphoïde lors de BVD (Goyal et Ridpath, 2005) .................... 43
Photographie 16 : groupe d’agneaux âgés d’une semaine affecté par la BD (Nettleton, 1990)
.......................................................................................................................................... 54
Photographie 17 : Position caractéristique d’un agneau atteint de BD (Nettleton, 1990) ....... 55
Photographie 18 : Aspect d'un agneau atteint d'hypomyélinogénèse lors de BD (R. Braque) 55
Photographie 19 : Anomalie de toison chez un agneau atteint de BD (Nettleton, 1990)......... 55
Photographie 20 : Lésions cutanées (fléchées) sur un agneaux atteint de BD (R. Braque) ..... 55
6
LISTE DES ABRÉVIATIONS
Ac : Anticorps
Ag : Antigène
ARN : Acide RiboNucléique
BD : Border Disease
BDV : Border Disease Virus
BVD/MD : Bovine Viral Diarrhea/Mucosal Disease
BVDV : Bovine Viral Diarrhea Virus
Cp : Cytopathogène
CSFV : Classic Swine Fever Virus
E.Coli : Escherichia Coli
HCV : Hog Cholera Virus
ELISA : Enzyme Linked ImmunoSorbent Assay
IPI : Infecté Permanent Immunotolérant
IPMA : Indirect Peroxidase Mono Assay
IRES : Internal Ribosome Entry Site
AcM : Anticorps Monoclonaux
Ncp : Non Cytopathogène
Nm : Nanomètre
OIE : Organisme International des Épizooties (aujourd’hui Organisme Mondiale de la Santé
Animale)
ORF : Open Reading Frame
PCR : Polymerase Chain Reaction
PNS : Palindromic Nucleotid Substitution
RT-PCR : Reverse Transcriptase Polymerase Chain Reaction
S.typhymurium : Salmonella typhymurium
TNF : Tumoral Necrosis Factor
UTR : UnTranslated Region
VLA : Veterinary Laboratory Agency
7
INTRODUCTION
Le complexe Diarrhée Virale Bovine/Maladie des muqueuses (couramment nommé
BVD/MD pour Bovine Viral Diarrhoea/Mucosal Disease) et la Maladie de la Frontière (ou
BD pour Border Disease) sont deux pestiviroses, la première affectant les bovins et la
deuxième affectant les petits ruminants, surtout les ovins.
Les répercussions de ces deux maladies sont très importantes car elles sont très
contagieuses et entraînent de fortes pertes économiques. Ainsi, le BVD/MD a été inscrit à la
liste des maladies notifiables de l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (ancien Office
des Épizooties ou OIE) en 2010 et possède un manuel descriptif créé par cet organisme (OIE,
2005a). Ceci signifie qu’il est donc considéré par cet organisme comme une « maladie
transmissible qui a un grand pouvoir de diffusion et une gravité particulière, susceptible de
s’étendre au-delà des frontières internationales, dont les conséquences socio-économiques ou
sanitaires sont graves et dont l’incidence sur le commerce international des animaux et des
produits d’origine animale est très importante ». La BD possède quant à elle un manuel
descriptif créé par l’OIE en 2005 (OIE, 2005b), soulignant l’intérêt également porté à cette
maladie.
La connaissance approfondie des aspects cliniques de ces deux maladies et de leurs
caractéristiques épidémiologiques est donc primordiale pour lutter contre ces maladies et
améliorer des plans d’éradication déjà mis en place par de nombreux pays contre le BVD.
Bovins et ovins étant deux espèces proches qui peuvent être atteintes de plusieurs maladies
communes, on pourrait imaginer que le BVD/MD et la BD, qui sont dus à deux virus du
même genre, présentent des caractéristiques cliniques et épidémiologiques similaires.
Cependant, l’utilisation historique de deux termes différents sous-entend au contraire qu’il
s’agit de deux entités distinctes.
C’est pourquoi, après une première partie de présentation des pestivirus, nous allons
étudier les différences cliniques puis épidémiologiques du BVD/MD et de la BD. Enfin, nous
nous intéresserons à la possibilité de transmission de l’agent responsable du BVD/MD aux
ovins et inversement : en effet, si de telles transmissions peuvent se produire, les
répercussions épidémiologiques peuvent être majeures, et l’adaptation des plans de lutte
contre ces maladies devraient alors s’adapter.
8
PREMIÈRE PARTIE :
Généralités sur les pestivirus
9
Le complexe BVD/MD et la Border Disease sont deux maladies liées à l’infection par
des virus, l’un infectant communément les bovins, le « Bovine Viral Diarrhoea Virus » ou
BVDV, et l’autre infectant communément les ovins, le « Border Disease Virus » ou BDV.
Ces deux virus appartiennent au genre des Pestivirus, inclus dans la famille des Flaviviridae
(Nettleton et Entrican, 1995) qui comprend également les Flavivirus et les Hepacivirus. Les
pestivirus ont à l’origine été classés parmi les Togaviridae à cause de leur morphologie et de
la polarité de leur génome mais c’est en 1990 que le comité international de taxonomie des
virus les classe parmi les Flaviviridae.
Même si une étude récente décline les pestivirus en 9 espèces potentielles différentes
(Giangaspero et Harasawa, 2011), seules 4 espèces sont officiellement admises : les deux
premières espèces sont des BVDV et sont nommées respectivement BVDV-1 et BVDV-2. La
troisième espèce est le BDV et la quatrième est le virus de la peste porcine classique (HCV
pour Hog Cholera Virus ou CSFV pour Classical Swine Fever Virus).
Le BVDV et le BDV ont des caractéristiques communes, dues à cette appartenance à
un même genre, celui des Pestivirus (Grooms et al., 2009, Kahrs, 2001).
Le tableau 1 suivant présente les différents BVDV et BDV d’intérêt selon la dernière
classification en date, comprenant les 9 espèces potentielles évoquées plus haut :
Tableau 1: Liste des principales espèces de pestivirus potentielles selon Giangaspero et
Harasawa (2011)
Espèce de
pestivirus
BVDV-1b
Nombre de souches
disponibles
274
BVDV-2b
77
Origine géographique
Europe, Canada, Amérique du Sud, États-Unis, Asie,
Afrique du Sud, Océanie
Europe, Canada, Amérique du Sud, États-Unis, Asie,
Afrique du Nord, Océanie
Amérique du Sud, Asie
Océanie, Europe, Asie, Afrique du Nord, États-Unis
Europe
Asie, Europe, Amérique du Sud, États-Unis
États-Unis
Afrique
Océanie
BVDV-3a
3
BDVb
131
c
BDV-2
3
CSFVb
43
Pronghorna
1
a
Giraffe
1
Bungowannaha 1
a
: Espèces proposées
b
: Espèces officiellement admises
c
: Sous-type de BDV considéré comme espèce à part entière par Giangaspero et Harasawa
1. 1. Caractéristiques générales des pestivirus
1.1.1. Structure d’un pestivirus
1.1.1.1. Structure générale
Un schéma de la structure générale d’un Flaviviridae est présenté par la figure 1.
10
Ce sont des virus sphériques, enveloppés, probablement icosaédriques, symétriques et
petits, mesurant 40 à 60 nanomètres (nm) de diamètre (Moennig et Plagemann, 1992, Goyal
et Ridpath, 2005). La capside est composée de la protéine C et contient le génome entouré
d’une bicouche lipidique. L’enveloppe lipidique, de forme hexagonale, mesure environ 8 nm.
Le cœur mesure environ 30 nanomètres (nm) de diamètre, et est de densité électronique
(Moennig et Plagemann, 1992).
Figure 1 : Structure générale d'un Flaviviridae (d’après l’université de Saskatchewan)
1.1.1.2. Organisation du génome
Le séquençage des souches de référence de ces virus montre des similitudes
importantes également présentes dans l’organisation du génome (Vilcek et al., 1997).
1.1.1.2.1. Nature du génome
Un schéma du génome et de la conservation des séquences génomiques est présenté
figure 2.
Il s’agit d’un ARN positif monobrin de 12,5 kilobases (kb) de long (Renard et al.,
1985, Collett et al., 1988) codant un seul cadre ouvert de lecture, ou Open Reading Frame
(ORF), encadré par des régions 5’ et 3’ non traduites (ou UTR pour UnTranslated Region) et
se terminant par une queue polyC. Cet ORF code des protéines constituées de 4000 acides
aminés qui sont ensuite coupées en plusieurs protéines de taille plus petite par des enzymes
virales et cellulaires (Nettleton et Entrican, 1995, Vilcek et al., 1997).
La région 5’ est composée de 360 à 385 bases et la région 3’ de 228 bases. Du côté 5’UTR, l’ORF code notamment quatre protéines structurales, obtenues à partir d’une
polyprotéine clivée en plusieurs protéines virales. La partie restante de l’ORF, du côté 3’UTR, code quant à elle des protéines non structurales (Nettleton et Entrican, 1995, Vilcek et
al., 1997).
Le reste de l’ORF (75% du génome complet) représenterait des régions non codantes.
La région 5’-UTR est hautement conservée car elle code une structure tertiaire
permettant l’internalisation du ribosome pour initier la traduction (Giangaspero et Harasawa,
11
2004). Un haut pourcentage d’identité est constaté entre les pestivirus au niveau de cette
région.
La figure 2 suivante présente l’organisation du génome des Pestivirus et le
pourcentage d’identité entre les pestivirus.
Figure 2 : Organisation générale du génome d’un Pestivirus
(D’après Goyal et Ridpath, 2005)
2a : Organisation génomique des Pestivirus. Les protéines structurales sont grisées.
2b : Conservation des séquences génomiques. Les résultats sont un mélange des comparaisons
entre les quatre espèces reconnues (BVDV-1, BVDV-2, BDV, CSFV). La ressemblance entre
les séquences est représentée par différents niveaux de gris.
1.1.1.2.2. Principales protéines virales structurales
Les principales protéines virales sont listées dans le tableau 2.
Sur la fin de la région 5’ de l’ORF, la première protéine est une autoprotéase nommée
p20 (ou Npro), dont la seule fonction est de se cliver elle-même. Elle est suivie par une
protéine structurale, la nucléocapside C, puis par les glycoprotéines Erns (encore nommé E0),
E1 et E2 appartenant à la bicouche lipidique et impliquées dans la reconnaissance de l’hôte
(Vilcek et al., 1997).
Il existe d’autre part un complexe de protéine nommé NS2/3, parfois clivé en une
protéine NS2 et une protéine NS3 (voir paragraphe 1.1.3.).
Les protéines Npro et Erns sont caractéristiques des pestivirus car elles ne sont pas
exprimées chez les autres Flaviviridae. Ces protéines sont notamment utilisées dans l’étude
phylogénétique des pestivirus (voir paragraphe 1.2.2.1.).
12
Tableau 2 : Principales protéines virales des Pestivirus
(D’après Goyal et Ridpath, 2005)
Npro
Taille
estimée
(Kilo
Dalton)
20
C
14
Erns
48
E1
25
E2
53
p7
7
NS 2/3
125
NS2
54
NS3
80
NS4A
7,2
NS4B
38-39
NS5A
55-56
NS5B
81-82
Protéine
Virale
Épitope(s)
neutralisant(s)
Caractéristiques
Non structurale
Structurale, hautement
conservée
Structurale, 7-9 sites de
glycosylation
Structurale, 2-3 sites de
glycosylation
Structurale, 4-6 sites de
glycosylation
Non structurale, région
terminale hydrophobe
Non structurale,
hautement conservée,
NS 2/3 clivée en NS2
et NS3 dans le biotype
cytopathogène
Non structurale,
hydrophobe
Non structurale,
hydrophobe
Non structurale,
phosphorylée
Non
Non
Oui
Non
Oui
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non structurale
Non
Fonction
Autoprotéolyse
Forme la nucléocapside
des virions
Glycoprotéine de
l’enveloppe et activité
ribonucléoclastique
Glycoprotéine de
l’enveloppe
Glycoprotéine de
l’enveloppe
Inconnue
Possède un domaine de
protéase
Domaine type en
« doigt de zinc »
Possède un domaine de
protéase
Co-facteur de protéase
Composante de la
réplication
Composante de la
réplication
ARN- polymérase
ARN- dépendante
1.1.2. Sensibilité des pestivirus
L’enveloppe des pestivirus est une enveloppe lipidique dérivée de la membrane des
cellules de l’hôte. Ils sont donc sensibles aux détergents et à plusieurs produits d’inactivation
(désinfectants usuels tels que la chlorhexidine, les phénols, les aldéhydes, les hypochlorites et
les iodophores) (Goyal et Ridpath, 2005).
Les Flaviviridae sont sensibles de manière générale aux pH bas et aux pH hauts, mais
les pestivirus présentent la particularité d’être assez résistants aux pH bas. Ils sont par ailleurs
instables à haute température. Certaines études sur le CSFV laisseraient penser que les
pestivirus ne survivent pas plus de deux semaines dans l’environnement (Masounave, 2008).
1.1.3. Biotypes
Une des particularités des pestivirus est d’exister sous forme de deux biotypes : un
13
biotype cytopathogène (cp) et un biotype non cytopathogène (ncp). Le biotype cytopathogène
détruit les tapis cellulaires in vitro au contraire du biotype non cytopathogène. La différence
entre deux biotypes d’une même souche tient au fait que des insertions dans le génome de la
souche cp entraînent l’expression de la protéine NS3 qui n’est plus fusionnée avec NS2
(Meyers et al., 1992).
C’est le biotype ncp qui prédomine dans les populations (Nettleton et Entrican, 1995).
Il est considéré comme le plus important car il est le seul à passer la barrière placentaire.
D’après Brownlie, 1991, le biotype cp apparaîtrait quant à lui à la suite d’une mutation du
biotype ncp infectant un individu dit « infecté permanent immunotolérant » ou IPI (voir
paragraphe 1.1.6.).
1.1.4. Immunogénicité
La protéine E2 est immunodominante dans les réactions de neutralisation et de liaison
aux récepteurs cellulaires même si Erns contient aussi un épitope de neutralisation.
Les différents types d’anticorps (Ac) mis en jeu
Il existe trois types d’Ac qui sont synthétisés par l’hôte infecté (Masounave, 2008): les
anticorps neutralisants, qui apparaissent précocement (dans les deux premières semaines) ; les
Ac fixant le complément (IgM), présents 15 à 30 jours après inoculation ; les Ac précipitants
qui sont eux plus tardifs, apparaissant 30 à 40 jours après inoculation (IgG).
Protection croisée
En 1980, Barlow et al. constatent que des brebis ayant été naturellement en contact
avec une souche de BVDV sont protégées, pour 50% d’entre elles, contre une souche de BDV
l’année suivante (Barlow et al., 1980b).
1.1.5. Tropisme cellulaire
Les localisations préférentielles des pestivirus sont l’encéphale (Jeffrey et Wells,
1989), le foie, la rate et les poumons (Jeffrey et al., 1990, Loken, 1990).
Les cellules infectées sont principalement les cellules du système phagocytaire
mononucléé (SPM), épithéliales, endothéliales et des cellules de l’immunité (lymphocytes et
monocytes).
On retrouve aussi des antigènes dans la langue, l’œsophage, les cryptes intestinales,
les bronches, la couche basale de la peau, les cellules phagocytaires du thymus, les nœuds
lymphatiques, les plaques de Peyer, la rate et les amygdales.
1.1.6. Infecté permanent immunotolérant (IPI)
Les pestivirus peuvent passer la barrière placentaire. Ils infectent alors le foetus qui
peut par la suite devenir un individu immunotolérant vis-à-vis du virus (Grooms et al., 2009).
Le premier contact du foetus avec le virus s’est fait pendant la période de mise en
14
place de l’immunité où son système immunitaire « apprend » à reconnaître le « soi » du
« non-soi ». Ainsi, le virus du BVD est reconnu comme du « soi » et l’individu ne l’éliminera
jamais, devenant une source majeure et permanente d’excrétion virale, tout en n’exprimant
que très peu de symptômes (voire aucun) et en étant séronégatif vis-à-vis de la souche qui
l’infecte. Par contre, il arrive qu’à la suite d’une mutation, la souche ncp infectant un IPI
devienne cp. L’animal surinfecté par cette souche cp déclenche alors ce qu’on appelle la
« Maladie des muqueuses ». Il arrive aussi que les IPI se surinfectent par une souche cp
hétérologue. Seuls les IPI sont susceptibles d’être atteints par cette forme de la maladie, car
les individus non IPI atteints de BVD ne sont jamais surinfectés par une souche cp.
Ces immunotolérances sont spécifiques des souches virales infectantes (McClurkin et
al., 1984), donc un individu IPI ne tolère qu’une souche particulière de virus et peut parfois
être positif en Ac s’il est contaminé par certaines autres souches.
Ce phénomène d’immunotolérance préviendrait l’apparition de nouveaux variants en
exerçant une pression de sélection négative.
1.1.7. Variabilité génétique
Les pestivirus étant des virus à ARN, ils possèdent une grande variabilité génétique
car ils sont soumis à de nombreuses mutations ponctuelles et des recombinaisons (Le Dréan et
al., 2010) et ne possèdent pas de mécanismes de correction.
1.1.7.1. Mutations
Une mutation apparaît à chaque cycle de réplication dans le génome d’un virion
(Drake et Holland, 1999), ce qui peut conduire à plusieurs millions de mutations par jour au
pic de l’infection (Figlerowicz et al., 2003).
La plupart de ces mutations concernent la partie du génome qui code la protéine E2.
Elles n’offrent pas d’avantage compétitif, voire sont délétères, mais elles permettent au virus
de s’adapter à la pression de sélection exercée par la réponse immunitaire de l’hôte.
Ainsi, on constate l’apparition de quasi-espèces (Grooms, 2005, d’après Strong et al.,
2010), c’est-à-dire des génomes viraux non identiques mais très proches.
1.1.7.2. Recombinaisons
En ce qui concerne les recombinaisons, il a été montré que le BVDV peut intégrer des
morceaux d’ARN originaires d’autres virus ou de l’hôte qui sont responsables du changement
de biotype (Donis et Dubovi, 1987).
Il a par ailleurs été démontré pour d’autres virus à ARN que les infections
permanentes et inapparentes étaient sources de grande variabilité virale et étaient à l’origine
d’une sélection rapide de nouveaux variants antigéniques (Becher et al., 1997), ce qui pourrait
être extrapolable aux IPI atteints par le BVDV.
15
1.1.8. Virulence
Une différence de virulence existe entre les espèces et entre les différentes souches de
virus. Par exemple, les souches 890 et CD-87 87 du BVDV-2 ont été isolées à partir de cas de
syndromes hémorragiques caractérisés par des thrombocytopénies et une haute mortalité aux
États-Unis et au Canada en 1993 (Giangaspero et Harasawa, 2004). Différentes souches sont
également isolées à partir de bovins présentant une atteinte clinique modérée.
Dans une étude menée sur la présence de BVDV-2 chez le mouton (Topliff et Kelling,
1998), une corrélation a été établie entre une virulence élevée du virus et deux nucléotides,
l’uracile et la cytosine, positionnés respectivement en 219 et 278 de la séquence 5’-UTR.
Cette position supposée responsable de virulence élevée était retrouvée chez les deux souches
appartenant au sous-type BVDV-2b. De manière générale, cette règle de position n’est pas
systématique, et on retrouve par exemple des souches hyper-virulentes avec une disposition
nucléotidique du type de celle associée à une faible virulence.
À l’inverse, une virulence faible a été notée par ces auteurs quand ces deux
nucléotides étaient inversés. Dans les souches responsables de BD, ces deux configurations
étaient indifféremment présentes.
Avec de rares exceptions, l’effet cytopathique d’une souche de BVD est atténué chez
un animal subissant une infection aiguë (Baule et al., 2001, Fulton et al., 2002). Au contraire,
l’effet de destruction cellulaire induit par une souche cytopathique est un mécanisme majeur
de la Maladie des muqueuses. La souche cytopathique peut se multiplier très facilement
puisque l’individu est immunotolérant vis-à-vis de la souche. D’autre part, toutes les souches
hypervirulentes du BVDV-2 sont ncp.
Chez une brebis gestante, la sévérité de la maladie dépend de la dose qui lui est
administrée. Il y a également des preuves que la souche de BDV peut induire différentes
formes cliniques (Plant et al., 1983, Nettleton et al., 1992).
D’autres études effectuées sur le CSFV montrent que ce virus est atténué par la
mutation de E1 qui induit une suppression de la glycosylation d’un site de Erns (Fernandez
Sainz et al., 2008) ou une mutation de E2 (Risatti et al., 2006). On retrouve le même résultat
avec la perte de la séquence codant Npro (Mayer et al., 2004).
1.1.9. Comparaison génomique des pestivirus
En 1998, alors que les séquences génomiques complètes étaient déjà disponibles pour
le BVDV-1, le BVDV-2 et le CSFV, Becher et al. étudient une souche de BDV (la souche
X818) afin d’en séquencer le génome. Cette étude donne lieu à une comparaison de cette
souche avec celles déjà étudiées. Elle est exposée dans les paragraphes suivants.
1.1.9.1. Séquençage des régions 5’-UTR et 3’-UTR
1.1.9.1.1. Etude de la séquence 5’-UTR
L’analyse de la séquence 5’-UTR de cette souche X818 du BDV montre que cette
partie comporte 372 nucléotides, ce qui est assez similaire à la séquence 5’-UTR des souches
de BVDV (qui possède entre 372 et 385 nucléotides). La séquence 5’-UTR est en effet
16
hautement conservée. A l’inverse, la séquence 3’-UTR des souches de BVDV-1 et BVDV-2
est respectivement constituée de 226, 185 et 206 nucléotides pour les souches NADL et SD-1
du BVDV-1, la souche Osloss du BVDV-1 et la souche 890 du BVDV-2. Or, la souche du
BDV étudiée ici, qui possède une séquence 3’-UTR comprenant 273 nucléotides, présente au
moins 32 nucléotides de plus que tous les autres pestivirus déjà analysés (résultat
inattendu par les auteurs). Cette différence est expliquée par une région hautement variable
située dans la séquence 3’-UTR.
D’autres séquences des isolats de BDV ont également été étudiées par les auteurs afin
de les comparer. Les souches Moredun, L83-84 et Cumnock comprennent environ 273
nucléotides et leurs séquences sont similaires à celle du BDV X818.
L’alignement des génotypes du BDV, du BVDV-1, du BVDV-2 et du CSFV révèle
des régions hautement conservées et d’autres variables. Les sept premiers nucléotides de
l’extrémité 5’-UTR et les dix-huit précédant l’initiation AUG sont identiques chez tous les
pestivirus, ce qui suggère une fonction importante de ces régions.
1.1.9.1.2. Etude de la séquence 3’-UTR
La séquence 3’-UTR est précédée plus fréquemment de la séquence
5’…ACAGCCCC3’. Cependant cette séquence peut être remplacée par 5’…ACAGCCCT3’.
Dans d’autres cas, trois, cinq ou sept résidus C ont été retrouvés en 3’. Cette séquence montre
donc une certaine hétérogénicité chez le BDV, contrairement à la région 5’. Ceci a été
également constaté chez le BVDV-1.
Par ailleurs, on retrouve un motif (TATTTATTTA) à quatre endroits différents de la
séquence 3’ du BDV X818 mais qu’on ne retrouve pas chez les souches de BVDV. Ce motif
est retrouvé également quatre fois dans la séquence des souches de BDV L83-84 et Cumnock
et deux fois chez la souche Moredun. Par contre, on ne retrouve pas cette séquence chez un
BVDV isolé chez un mouton (souche R2727 du BVDV-1). Elle est aussi retrouvée dans les
souches de CSFV, mais sa signification est inconnue.
Un autre BDV, issu d’un bovin (la souche V-TOB), a également été analysé, tout
comme une autre souche issue d’un porc. Là encore on retrouve environ 273 nucléotides de
long pour la séquence 3’-UTR avec deux ou trois répétitions du motif observé précédemment.
La structure du BDV ne conditionne a priori pas l’infection d’une espèce hôte en particulier.
1.1.9.2. Identité entre les pestivirus
La taille totale de la souche X818 est proche de celle des autres pestivirus (12,333
nucléotides) et l’ORF est également de longueur similaire (Becher et al., 1998).
Lorsqu’on compare les séquences 3’, l’identité entre les BDV est supérieure à 90%,
tandis qu’avec les autres pestivirus elle est inférieure à 80%. Les différents types de BVDV
ont environ 60% d’homologie en ce qui concerne leur séquence génétique, et les sous-types
80 à 85% (Le Dréan et al., 2010).
L’étude a montré que la longueur, la présence d’un motif particulier et la séquence 3’
de manière générale sont hautement conservées chez les différentes souches de BDV, toutes
espèces d’hôtes confondues (Becher et al., 1998).
17
De plus, le séquençage des différents pestivirus montre une conservation importante
des sites de clivage des protéines. Pour le BDV X818, la plus grande homologie retrouvée sur
ces sites de clivage concerne le CSFV. Les protéines les plus conservées chez les pestivirus
sont NS3 et NS4A, alors que p7, E2, NS2 et NS5A sont les moins conservées (Becher et al.,
1998).
Dans le génome des pestivirus, il existe quatre sites de clivage des protéines non
structurales : les sites 3/4A, 4A/4B, 4B/5A et 5A/5B, découverts chez deux souches de
BVDV-1. Leur analyse montre qu’un résidu leucine est toujours retrouvé à un certain endroit
de ces sites (cet endroit est appelé P1) et qu’on retrouve toujours une serine ou alanine dans
une région qui se situe à la suite de la région P1 (nommée P1’). Ces régions P1 et P1’
permettent le clivage 5A/5B. La protéine responsable de ce clivage est nommée NS3 sérine
protéase (Becher et al., 1998).
La souche X818 montre une différence par rapport à tous les autres pestivirus analysés
au niveau de ces régions, la leucine étant en effet suivie d’une asparagine en P1’ au lieu d’une
sérine ou d’une alanine (Becher et al., 1998).
Cependant, les poids moléculaires des protéines une fois clivées sont similaires à ceux
des protéines obtenues chez les autres pestivirus, ce qui suggère que le processus de clivage
ressemble malgré cette différence à celui des autres espèces de pestivirus, et que la différence
réside dans la morphologie de la NS3 sérine protéase sans que son efficacité ne soit altérée
(Becher et al., 1998).
1.2.
Réactions sérologiques et séquençage des pestivirus : apport pour la
différentiation des différentes espèces
Historiquement, les pestivirus étaient classés en fonction de l’espèce d’origine chez
laquelle ils avaient été identifiés. Cependant, il est maintenant connu que les pestivirus ne sont
pas très hôtes spécifiques, et une nouvelle classification a donc dû être étudiée pour distinguer
les différents pestivirus.
Les multiples tentatives de classement et de différentiation des pestivirus réalisées par
divers auteurs ces trente dernières années montrent qu’il n’est pas évident de parvenir à
résultat certain. Il s’agit d’un sujet soumis à de nombreux changements au cours du temps
mais l’amélioration des différentes techniques employées pour caractériser et classifier un
pestivirus permet la construction d’arbres phylogénétiques de plus en plus certains.
1.2.1. Classification sérologique et relations antigéniques
Tous les pestivirus sont à l’origine de réactions sérologiques croisées (Pratelli et al.,
2001). La première observation d’une relation antigénique entre le CSFV et le BVDV vient
du résultat de diffusion sur gelose d’antisérum de CSFV et de BVDV, qui montrait une
« ligne d’identité » sur le gel de diffusion (Darbyshire, 1960). Des résultats similaires ont
ensuite été retrouvés parmi tous les pestivirus par des techniques de diffusion en gélose,
d’immunofluorescence et ELISA.
Pour distinguer les différents pestivirus, deux techniques ont été utilisées : la
neutralisation croisée à l’aide d’antisérum polyclonal et l’utilisation d’anticorps monoclonaux
(AcM). Les sérums polyclonaux échouent cependant à distinguer les différentes espèces,
18
souches ou isolats de pestivirus par des techniques d’immunofluorescence ou
d’immunodiffusion (Moennig et Plagemann, 1992) tandis que les AcM sont plus efficaces.
1.2.1.1. Réactions antigéniques croisées
La découverte de souches cytopathogènes a permis l’obtention de sérums neutralisants
et la caractérisation des relations antigéniques entre les virus isolés de cas de BVD/MD. Ce
test de séro-neutralisation est encore utilisé actuellement (Goyal et Ridpath, 2005).
Tous les pestivirus sont à l’origine de réactions antigéniques croisées. Ces réactions
permettent de différencier les espèces, mais ne permettent pas de différencier les sérotypes.
1.2.1.2. Les anticorps monoclonaux
Les anticorps monoclonaux ont été produits vers la fin des années 80 pour différencier
les espèces de pestivirus. La spécificité de ces AcMs était généralement dirigée contre la
protéine E2, la protéine NS3 ou plus rarement contre la protéine Erns (Goyal et Ridpath,
2005).
Ils pouvaient à l’époque être séparés en 3 groupes : celui des AcMs spécifiques des
pestivirus dans leur ensemble (pan-pestivirus-spécifiques), celui des AcMs spécifiques du
CSFV, et celui des AcMs qui étaient plus sélectifs parmi les pestivirus.
Les AcMs dirigés contre la protéine NS3 ont tendance à présenter une réaction croisée
entre les pestivirus, tandis que les AcMs dirigés contre les protéines E2 et Erns sont plus
spécifiques des différentes espèces de pestivirus.
Les efforts réalisés pour séparer les pestivirus en espèces par la méthode des AcMs
(Bolin et al., 1988, Hess et al., 1988, Edwards et Paton, 1995, Paton et al., 1995) ont un
succès limité à cause des réactions antigéniques croisées entre les espèces proposées, des
variations antigéniques au sein d’une espèce proposée et de la facilité avec laquelle les AcMs
échouent à identifier un mutant.
En 1994, suite à l’émergence du BVDV-2, Ridpath et al. ont testé 29 AcMs
spécifiques de la protéine E2 du BVDV-1 contre le BVDV-2. La plupart de ces AcMs
échouaient à réagir avec cette nouvelle espèce, mais plusieurs auteurs constatèrent que
certains réussissaient tout de même à reconnaître le BVDV-2 (Deregt et Prins, 1998a, Ridpath
et al. 1994). Par la suite, des AcMs spécifiquement dirigés contre le BVDV-2 ont été produits
(Deregt et al., 1998b).
1.2.2. Séquençage génomique
L’utilisation de la PCR et du séquençage direct a permis la comparaison des pestivirus
au niveau génomique et la mise en place d’arbres phylogénétiques. Ces techniques ont
confirmé par exemple l’existence des quatre espèces reconnues (le BVDV-1, le BVDV-2, le
BDV et le CSFV).
19
1.2.2.1. Méthodes de classification
Les études phylogénétiques classent généralement les pestivirus à partir de la séquence
codant la protéine Npro, de l’extrémité 5’-UTR (Strong et al., 2010), de la séquence codant
E2 et parfois à partir d’autres séquences de protéines structurales (C, Erns, E1) ou non
structurales (NS2-3), ou encore du génome dans son ensemble. Il arrive de plus en plus
fréquemment que les diverses études de caractérisation virale vérifient leurs données avec
plusieurs de ces méthodes, parfois même en association avec des réactions sérologiques.
La région non traduite 5’-UTR contient un site interne d’entrée ribosomale (IRES).
Les séquences nucléotidiques de ce site ont montré trois loci variables, V1, V2 et V3
(Giangaspero et Harasawa, 2004) qui sont palindromiques et qui forment des structures
stables particulières à chaque pestivirus. Cette région est donc hautement conservée parmi les
membres du genre et est utile pour la caractérisation des espèces, mais elle est également
utilisée pour différencier les génotypes au sein d’une espèce. Des mutations aléatoires de cette
région sont incompatibles avec la survie du virus. La substitution de nucléotide (PNS pour
Palindromic Nucleotid Substitution) se produit seulement si la séquence palindromique est
maintenue et l’observation de variations de ces nucléotides constitue une méthode de
génotypage (Giangaspero et Harasawa, 2004).
En 1997, Becher et al. indiquent que la classification basée sur l’étude de la séquence
5’-UTR est utilisable lorsqu’il s’agit de classer les génotypes. Par contre, lorsqu’il s’agit de
classer au sein d’un même génotype, cette méthode n’est pas assez fiable et il vaut mieux
alors utiliser la méthode de séquençage de Npro.
Par ailleurs, Le Blanc et al. ont publié en 2010 un article dans lequel ils constatent que
lors d’amplification PCR, les souches appartenant à une même espèce de pestivirus
apparaissent à un même palier du cycle (ou Ct pour « cycle threshold »).
1.2.2.2. Classification actuellement proposée
La dernière classification en date est celle proposée par Giangaspero et Harasawa en
2011. En étudiant la distance génétique déterminée à partir de la séquence 5’-UTR, ces
auteurs ont identifié 9 espèces différentes, soit 5 de plus que celles communément admises.
Dans cette nouvelle classification, on retrouve les espèces BVDV-1, BVDV-2, BDV et
CSFV. Dans les nouvelles espèces proposées, on retrouve le BVDV-3 (espèce comprenant les
isolats ressemblant à la souche nommée HoBi), isolé chez des bovins au Brésil et en
Thaïlande ; une espèce auparavant considérée comme sous-groupe du BDV, le BDV-2, isolé
chez des moutons et des chèvres en Italie ; et trois espèces représentées par des souches
uniques : la souche « Giraffe », connue depuis longtemps, et isolée chez une girafe au Kenya,
la souche « Pronghorn » isolée chez une antilocapre aux États-Unis, et la souche
Bungowannah isolée chez des porcelets en Australie (Kirkland et al., 2007).
1.1.2.2.1. Les différents génotypes et sous-génotypes de BVDV
Le BVDV est considéré comme le « virus type » des pestivirus. Il comprend deux
espèces, le BVDV-1 (le plus étudié) et le BVDV-2, dont les différences génétiques sont
subtiles.
20
Le BVDV-1
Les différents groupes de BVDV-1 ont été découverts tout au long de ces dernières
années. Au début, selon la méthode PNS, l’espèce BVDV-1 a été séparée en quatre
génotypes. En 2004, Vilcek et al. décrivent sept groupes génétiques. (Les BVDV1a,b,c,d,e,f,h,i,j). Par la suite d’autres groupes ont été identifiés et l’on compte aujourd’hui
seize sous-types pour le BVDV-1 (a à p) (Le Dréan et al., 2010, Giansgaspero et al., 2008,
Pelletier, 2007, Xue et al., 2010).
Le BVDV-2
Le BVDV-2 a été mis en évidence suite à l’apparition d’une épizootie de syndrome
hémorragique aux États-Unis et au Canada dans les années 90. Il comprend quatre génotypes
(BVDV-2a, b, c, d) (Le Dréan et al., 2010, Giansgaspero et al., 2008, Pelletier, 2007, Xue et
al., 2010).
.
1.1.2.2.2. Les différents sous-génotypes de BDV
La diversité génétique du BDV est plus importante que les autres espèces de
pestivirus, comportant 6 génotypes majeurs (Arnal et al., 2004, Becher et al., 2003, Dubois et
al., 2008, Hurtado et al., 2004, Valdazo-Gonzalez et al., 2006, 2007), et un possible 7e groupe
récemment mis en évidence (Giammarioli et al., 2011).
Les données suggèrent que les BDV sont plus « jeunes » en termes d’évolution que les
BVDV, ayant subi moins de mutations. Au début des recherches, certains auteurs ont constaté
que la comparaison de morceaux de séquences de souches BDV (Moredun) avec d’autres
pestivirus suggérait que le groupe BDV était une entité distincte, avec peut-être une plus
grande proximité avec le CSFV qu’avec le BVDV (Becher et al., 1994, Berry et al., 1993, De
Moerlooze et al., 1993, Roehe et al., 1992,).
Le BDV peut être divisé en six groupes :
-
-
-
-
le BDV-1 (souche Moredun), considéré comme celui des BDV « classiques »
le BDV-2 (souche reindeer), comprenant divers isolats allemands (ce groupe
est considéré par Giangaspero et Harasawa comme une espèce à part entière
dans leur publication de 2011)
le BDV-3 composé de la souche Gifhorn (isolat allemand) et d’isolats suisses
(Becher et al., 2003, Braun et al., 2002, Krametter-Froetscher et al., 2010a,
Stalder et al., 2005,).
le BDV-4 comprenant des isolats d’un chamois des Pyrénées (Arnal et al.
2004, Hurtado et al., 2004) et d’un mouton en Espagne (Valdazo-Gonzalez et
al., 2006, 2007). Le groupe BDV-C trouvé par Hurtado et al. en 2003 entre
dans ce groupe BDV-4.
Les BDV-5 et 6, attribués à des isolats français par Dubois et al. en 2008.
Il existe par ailleurs des BDV non classés parmi ces 6 génotypes :
-
Plusieurs isolats italiens (Giammarioli et al., 2011)
Plusieurs pestivirus isolés chez des moutons tunisiens (Thabti et al., 2005).
Deux isolats retrouvés dans une étude menée par Oguzoglu et al., en 2009 en
Turquie
21
1.1.2.2.3. Autres espèces de pestivirus
En dehors des espèces de virus déjà reconnues depuis longtemps, il existe d’autres
virus parfois dits « atypiques ».
Un premier groupe de virus concerne les souches dites « HoBi-like », ou encore
renommées BVDV-3 par Giangaspero et Harasawa en 2011. Une première souche atypique a
été isolée chez un fœtus bovin au Brésil et nommée ‘D32/00Hobi’ (Schirrmeier et al., 2004).
Puis d’autres souches similaires ont été isolées : une souche isolée également au Brésil chez
un buffle, la souche Brz buf 9 (Stalder et al., 2005) ; la souche CH-KaHo/cont isolée en
Amérique du Sud dans des cellules de culture possiblement issues de sérum de fœtus de bovin
(Stalder et al., 2005) ; et la souche Th/04_Khon-Kaen isolée en Thaïlande chez des bovins
(Stahl et al., 2007). Une autre souche « HoBi-like » a récemment été identifiée en Italie par
Decaro et al. en 2011. Il a été observé qu’à cause des différences génétiques, les PCR peuvent
ne pas les détecter, ce qui a des conséquences sur la gestion des programmes d’éradication du
BVD.
On trouve ensuite un groupe comprenant les isolats tunisiens (Thabti et al., 2005).
Ceux-ci sont plus proches du CSFV que du BDV ou du BVDV.
Il existe enfin les souches « Giraffe », « Pronghorn » et « Bungowannah » citées plus
haut, et qui constituent chacune une espèce à part entière dans la classification de Giangaspero
et Harasawa.
De réelles incertitudes existent quant à la classification des pestivirus. Les différents
auteurs qui étudient la question obtiennent des résultats qui diffèrent parfois peu, parfois
beaucoup. Ainsi, à titre d’exemple, Becher et al. suggèrent dans leur étude de 2003 que le
BVDV-1 et le BVDV-2 soient des génotypes majeurs d’une seule et même espèce, le BVDV.
1.1.2.2.4. Étude phylogénétique de Liu et al., 2009
Les différents auteurs s’accordent pour dire que les pestivirus sont issus d’un ancêtre
commun.
Liu et al. en 2009 se sont intéressés à la classification des pestivirus et aux dates
possibles de divergence des différents groupes. Déjà alors, ces auteurs proposaient 9 espèces
de pestivirus différentes, mais le BDV-2 n’en faisait pas partie (contrairement à la
classification de Giangaspero et Harasawa).
Liu et al. ont démontré une relation phylogénétique étroite entre les pestivirus
atypiques « HoBi » et les BVDV-1 et BVDV-2, et ont conclu que les virus « HoBi » partagent
leur plus récent ancêtre commun avec les BVDV, tandis que les isolats tunisiens possèdent un
ancêtre commun récent avec le CSFV. Le groupe des isolats « HoBi-like » était déjà alors
identifié comme BVDV-3.
Les isolats tunisiens ne seraient pas des BDV, mais constitueraient un nouveau groupe,
qualifiés de Tunisian Sheep Virus (TSV). Liu et al. ne considèrent pas, au contraire de Becher
et al. en 2003, que les BVDV-1 et BVDV-2 sont une seule et même espèce, mais les laissent
séparés.
22
La date de divergence majeure des pestivirus commencerait aux alentours de l’an
1483, se scindant en deux groupes, l’un comprenant les BVDV-1,2 et 3 et l’espèce issue de la
girafe, et un deuxième groupe comprenant les CSFV, les BDV et les TSV et depuis cette
époque, la branche phylogénétique des pestivirus d’origine bovine a toujours été séparée de la
branche des pestivirus d’origine porcine ou ovine.
La première marque d’évolution des pestivirus d’origine bovine serait l’apparition et
l’évolution indépendante du variant chez la girafe. Le deuxième évènement serait l’apparition
de la lignée BVDV-3 qui aurait divergé en Amérique du Sud ou Asie de l’Est vers 1681. La
séparation entre le BVDV-1 et le BVDV-2 se serait quant à elle produite aux alentours de
1743, quand le BVDV-2 a évolué indépendamment en Amérique du Nord. Le BVDV-1 aurait
commencé à se diversifier vers 1802 et se serait disséminé partout dans le monde.
La séparation entre les pestivirus ovins et porcins aurait eu lieu en 1629. Le groupe
BDV aurait commencé à se diversifier vers 1748. Enfin, le dernier évènement notable est la
séparation du TSV et CSFV aux alentours de 1736.
Les arbres phylogénétiques et les dates de divergence sont illustrés par les figures 3 et
4 suivantes :
Figure 3: Phylogénie et classification des pestivirus à partir de 56 échantillons de
pestivirus et analyse des séquences Npro, E2 et 5’-UTR. (D’après Liu et al., 2009)
23
Figure 4 : Dates de divergence des lignées principales de pestivirus (D’après Liu et al.,
2009)
24
Le BVDV et le BDV appartiennent tous deux à la famille des Flaviviridae, genre
Pestivirus. Ce sont des virus enveloppés qui ne survivent pas à long terme dans
l’environnement et sont facilement détruits, mais qui présentent la particularité de présenter
deux biotypes (cp et ncp) dont l’un, le ncp, a le pouvoir de passer la barrière placentaire et de
produire des individus infectés permanents immunotolérants qui constituent un réservoir
essentiel de virus.
Leur génome ARN est soumis à de nombreuses mutations et recombinaisons et
présente donc une grande variabilité, et est ainsi à l’origine de l’existence de différentes
espèces et sous-espèces. Les méthodes de classification de ces pestivirus se sont basées dans
les années 80 sur des études sérologiques, notamment la mise en place d’anticorps
monoclonaux, mais c’est grâce au séquençage génomique et à la comparaison de certaines
régions de leur génome que des classifications de plus en plus précises ont pu être mises en
place. Cependant on retrouve dans la littérature de grandes diversités dans les arbres
phylogénétiques qui sont en constante évolution, avec notamment la découverte régulière
de nouvelles espèces au sein du genre.
Les caractéristiques virales du BVDV et du BDV étant très similaires, il est
raisonnable d’évoquer la possibilité que les conséquences cliniques et épidémiologiques de
l’infection de leurs espèces hôtes soient également similaires et qu’ils soient capables de
passer d’une espèce hôte à une autre.
25
DEUXIÈME PARTIE :
Comparaison des différentes formes
cliniques des pestiviroses bovine et ovine.
Application en matière de diagnostic et de
dépistage
26
2.1. Caractéristiques cliniques de la Diarrhée Virale Bovine et de
la Maladie des Muqueuses chez les bovins
Le BVDV peut être à l’origine de deux maladies différentes : l’infection d’un bovin
immunocompétent non IPI par une espèce de BVDV provoque la Diarrhée Virale Bovine
dont la gravité est variable et peut être presque nulle, modérée, sévère ou très sévère. Les
individus IPI infectés par une souche cytopathogène d’une espèce de BVDV peuvent
développer la Maladie des muqueuses. Cette forme est quant à elle toujours sévère et est
responsable d’une haute létalité.
Historique (d’après Goyal et Ridpath, 2005)
En 1946, Olafson et al. décrivent une maladie du bétail, transmissible et présentant
une haute morbidité et faible mortalité. Les animaux présentent diarrhée, toux, fièvre. Le nom
de Diarrhée Virale Bovine est donné. D’après Moennig et Plagemann (1992), quelques années
plus tard, en 1953, Ramsey et Chivers découvrent ce qu’ils appellent la Maladie des
muqueuses : une maladie avec haut taux de mortalité et faible taux de morbidité. Les animaux
présentent fièvre, anorexie, abattement marqué, diarrhée profuse, parfois sanguinolente, jetage
muco-purulent, déshydratation, puis mort dans les deux semaines. Les auteurs notent
également des érosions des muqueuses. En 1961, Gillespie et al. découvrent que les deux
maladies sont dues à un même virus.
2.1.1. Primo-infection d’un bovin non IPI, non gestant = BVD
La forme de la maladie, sub-clinique à clinique plus ou moins sévère, dépend de
l’individu et du type de souche infectant l’animal. Si un BVDV infecte un animal sensible ou
mal immunisé, la morbidité et la mortalité peuvent parfois être très importants.
2.1.1.1.Infection subclinique
Il a été estimé que 70 à 90% des infections surviennent sans engendrer de signe
clinique. C’est donc le cas de la plupart des individus qui présentent alors une fièvre modérée
et une leucopénie. Vu l’expression clinique très discrète, ces infections sont souvent non
repérées (Grooms et al., 2009).
2.1.1.2.Infection aiguë
C’est à cette forme qu’a initialement été donné le nom de Diarrhée Virale Bovine.
Elle survient généralement chez les bovins âgés de 6 à 24 mois. Après une période
d’incubation de 5 à 7 jours des signes de fièvre apparaissent, souvent transitoires, avec un
abattement et une anorexie. La virémie survient généralement 3 jours après le début de
l’infection et persiste 2 à 5 jours en général, mais peut parfois durer jusqu’à 15 jours (Grooms
et al., 2009).
On peut aussi observer un jetage et des écoulements oculaires, une névrite optique,
une gingivite ainsi que des érosions et ulcérations de la cavité buccale. Ces ulcérations
peuvent parfois devenir coalescentes et se présenter en larges plages ulcératives, comme sur la
photographie 3.
27
Le BVDV détruit l’épithélium gastro-intestinal, jéjunal et respiratoire. L’animal
présente donc une diarrhée, souvent d’évolution bénigne et parfois des symptômes
respiratoires, avec de la toux et une respiration rapide. Les femelles subissent une diminution
de la production laitière. Des boiteries peuvent survenir avec le gonflement, l’érosion et
l’ulcération de la bande coronaire.
Les photographies 1, 2 et 3 illustrent les ulcères observés sur les muqueuses lors de
BVD :
Photographie 1 : Ulcères superficiels (indiqués pas les flèches) sur la muqueuse labiale
(J.M. Nicol)
Photographie 2 : Ulcères sur le trayon d’une génisse atteinte de BVD (J.M. Gourreau)
Des écoulements séreux sont indiqués par les flèches
Photographie 3 : Ulcères coalescents sur un muffle (ENVT)
28
Les individus présentent parfois une dermatite et des lésions de peau chroniques. Le
fait de trouver souvent du BVDV dans les biopsies de peau d’IPI (Braun et al. 1996) confirme
le tropisme du virus pour l’épithélium. Dans certains cas de dermatite, il arrive qu’aucune
étiologie primaire ne soit trouvée en dehors de la présence de BVDV chez l’animal.
L’infection néonatale peut quant à elle être à l’origine d’une entérite ou d’une pneumonie,
survenant généralement lorsque le transfert d’immunité passive s’est mal fait. Le BVDV peut
participer à une mortalité élevée en période néo-natale (Schelcher, 2008)
D’autre part, les veaux expérimentalement infectés par du BVDV-1d (par voie
intranasale ou intraveineuse) développent une maladie respiratoire primaire (Baule et al.,
2001).
2.1.1.3. Infection aiguë sévère
Observée pour la première fois aux États-Unis et au Canada en 1993, cette forme est
caractérisée par une évolution suraiguë, avec une haute morbidité et une haute mortalité chez
des bovins de tout âge (Goyal et Ridpath, 2005). Au Québec, cette infection a d’ailleurs tué
environ 25% des veaux de boucherie à cette époque.
L’étude de la maladie en Ontario a montré qu’elle était caractérisée par de la fièvre,
des pneumonies et des morts soudaines. Des avortements étaient aussi souvent constatés. La
sévérité de la maladie variait en fonction du troupeau, allant de 10 à 20% de taux de mortalité.
Les lésions retrouvées étaient similaires à celles de la Maladie des muqueuses.
On parle aussi de « syndrome hémorragique » car cette forme est marquée par une
thrombocytopénie et une altération de la fonction des plaquettes elle-même, provoquant une
diarrhée sanguinolente, une épistaxis, des hémorragies des muqueuses, un hyphéma et des
saignements aux sites d’injection. On observe aussi une fièvre, comme dans les autres formes.
Une illustration du syndrome hémorragique est présentée par les photographies 4 et 5, les
lésions étant indiquées par des flèches.
Lors de l’isolement du virus responsable, une nouvelle espèce de BVDV a été trouvée,
le BVDV-2, jusqu’alors inconnu. Les individus vaccinés contre le BVDV-1 étaient protégés.
Depuis, de nombreuses études ont montré que le BVDV-2 ne cause pas toujours de syndrome
sévère, et à l’inverse, le BVDV-1 peut causer des maladies graves, comme par exemple le cas
français d’une primipare infectée par du BVDV-1d qui présentait des signes de
thrombocytopénie (Arcangioli et al., 2009). On peut cependant signaler que la forme sévère
due au BVDV-2 est facilement reproductible, alors que celle due au BVDV-1 ne l’est pas.
Outre cette forme sévère bien connue de la maladie, il existe d’autres exemples
d’affection grave par le BVDV. Ainsi, les lésions lymphoïdes de trois cas de BVD observés
par Odeón et al. en 2003 sont similaires à la pathologie lymphoïde décrite dans la MD, bien
qu’il ne s’agisse pas d’animaux IPI. La lymphocytolyse et la nécrose des plaques de Peyer
sont aussi décrites dans une description de cas naturels de BVDV-2. L’œdème et l’hémorragie
des nœuds lymphatiques mésentériques et médiastinaux observés dans la MD sont également
observés dans ces cas de BVDV-2. La cytolyse folliculaire du tissu lymphoïde constatée dans
le BVDV-2 mime la forte déplétion lymphoïde de la MD (Odeón et al., 1999).
Enfin, Corapi et al. en 1990 ont montré que certains veaux expérimentalement infectés
par le BVDV étaient apparemment en bonne santé quelques heures avant leur mort, ce qui
prouve qu’il peut arriver que l’évolution de la maladie soit suraiguë.
29
Photographie 4 : Trace de saignement nasal lors de syndrome hémorragique (J.M.
Nicol)
Photographie 5 : Purpura hémorragique lors de syndrome hémorragique (R. Braque)
2.1.1.4. Immunodépression et maladies concomitantes
Il est maintenant communément admis que le BVDV peut avoir des effets
immunodépresseurs (Fulton et al., 2000) et que le stress joue un rôle favorisant. L’infection
peut augmenter la sensibilité à d’autres agents infectieux et accroître leurs effets cliniques
(LeBlanc et al., 2010).
Ainsi, l’infection par le BVDV a été reconnue concomitante d’infections notamment à
salmonelles, Escherichia coli (E. coli), Rotavirus, Coronavirus et divers agents infectieux
respiratoires.
-
Modifications de l’immunité
Certaines données montrent que des veaux en bonne santé expérimentalement infectés
avec des isolats de BVD ont une diminution du nombre de lymphocytes (TCD4+, TCD8+ et
B), de neutrophiles et de monocytes trois à cinq jours post-inoculation (Archambault et al.,
2000). Ellis et al. en 1988 ont également retrouvé cette diminution de lymphocytes B et T
circulants et Bezek et al., 1994 ont quant à eux constaté une diminution du nombre de
plaquettes. On connaît également une diminution de la réponse lymphocytaire aux stimuli
mitotiques, une diminution des interférons, des interleukines 1 et 2 et du facteur alpha de
nécrose tumorale (TNFά) ainsi qu’une diminution de l’activité toxique des neutrophiles vis-àvis des bactéries.
En plus de la diminution des leucocytes circulants le BVDV entraîne une altération de
30
la fonction des macrophages dans les poumons. La nécrose de cellules lymphoïdes dans un
des cas observés par Odeón et al. en 2003 suggère elle aussi une immunodépression.
De plus le degré de thrombocytopénie et leucopénie diffère selon la souche. Pour le
CSFV, il a été montré que la thrombocytopénie et la leucopénie sont dues à la réponse
immunitaire de l’hôte plus qu’à un effet cytopathique (Bensaude et al., 2004, Nunez et al.,
2005, Peterhans et Schweizer, 2010).
-
Affection respiratoire
Le BVDV joue probablement un rôle important, voire très important dans la bronchopneumonie infectieuse enzootique (BPIE) dont l’étiologie est multiple. Des effets synergiques
ont été démontrés avec Mannheimia haemolytica, avec l’herpesvirus bovin de type 1, le virus
respiratoire syncytial bovin, des pasteurelles. Loneragan et al. (2005) ont constaté que la
morbidité respiratoire était plus importante dans les groupes de veaux qui sont exposés au
BVDV.
Le BVDV a été associé à des lésions de bronchopneumonie infectieuse enzootique
(BPIE) (Fulton et al., 2000, 2002, Potgeiter et al., 1984, Taylor et al., 1997). Son implication
dans les BPIE a été démontrée par des infections expérimentales, par l’isolement du virus
(BVDV-1 dans des poumons présentant des lésions de pneumonie) ou par l’identification
d’antigènes viraux et la démonstration d’une infection active par séroconversion (BVDV-1 et
BVDV-2) de bovins atteints d’infection par le Virus Syncytial Respiratoire Bovin (BRSV)
(Fulton et al., 2000).
Dans les deux études réalisées en 1999 et en 2000 par Fulton et al. (publiées en 2002),
le génotype le plus prévalent associé à des affections respiratoires était le génotype BVDV-1b
et de manière générale, les auteurs trouvent plus souvent le BVDV-1 que le BVDV-2 chez des
veaux atteints de pneumonie fibrineuse. Cette prévalence de BVDV-1 avait déjà été constatée
dans une étude au Venezuela (Fulton et al., 2002, Obando et al., 1999). Les mêmes auteurs
constatent que les souches ncp sont plus souvent impliquées dans ce type d’affection que les
souches cp.
-
Mammites
Les infections à BVDV peuvent être prédisposantes pour les mammites et certaines
études rapportent une association positive entre le taux cellulaire de tank et le BVDV
(Beaudeau et al., 2001).
-
Entérite, Salmonellose
Dans la publication de Daly et Neiger en 2008, parmi les animaux étudiés atteints de
BVDV, un individus présentait un foie pâle. Un autre était ictérique mais sans lésion
macroscopique du foie. Une mise en culture à partir des foies de ces animaux a mis en
évidence la présence de Salmonella enterica sérotype Newport. Parmi les autres individus
atteints de salmonellose, aucun BVDV n’a été retrouvé dans les tissus testés. D’après les
auteurs, cela peut être dû au fait que l’infection s’est répandue largement par surexposition
des agents disséminés par les veaux IPI infectés en premier. Ce phénomène n’est pas toujours
31
évoqué, mais serait donc à prendre en compte parmi les nombreuses autres conséquences du
BVD dans un élevage.
D’autres exemples d’infections à Salmonella ont été répertoriés, notamment le cas
d’une génisse laitière gestante, morte suite à une maladie des muqueuses en 1996, et infectée
par S. Typhimurium DT104.
Par ailleurs, en 2008, Sreerama et al. ont étudié de la conséquence d’une infection à
BVDV sur la durée et l’importance de la dissémination d’E. coli 0157 chez des veaux. Deux
groupes, un groupe sain et un groupe viropositif en BVDV, ont tous deux été inoculés avec E.
coli O157. Les auteurs n’ont trouvé aucune différence significative de durée et de niveau
d’excrétion entre ces deux groupes. La durée d’excrétion constatée était en accord avec
d’autres résultats déjà trouvés dans des études expérimentales antérieures (Cray et Moon,
1995, Sanderson et al., 1999) ou lors d’infection naturelle (Besser et al., 1997). Les résultats
trouvés dans l’étude de Sreerama et al. ne sont pas en faveur d’un rôle joué par le BVDV dans
l’infection à E. coli O157 chez les bovins.
2.1.1.5.Infection vénérienne
La semence de taureau peut être contaminée (Grooms et al., 2009), soit pendant la
virémie et même après car le virus peut ne se reproduire que dans les testicules et être donc
excrété plus longtemps que ne dure la virémie. Le taureau néo-zélandais appelé « Cumulus »
en est un bon exemple. En 1998, Voges et al. décrivent le cas de ce taureau, vironégatif et
séropositif, qui a malgré tout disséminé du BVDV grâce à sa semence pendant 11 mois.
À la suite d’une primo-infection, le taureau peut présenter une diminution de la
fertilité, mais qui durera moins de 2 à 3 mois.
2.1.1.6.Infécondité
A l’échelle individuelle, la diminution de la fertilité femelle est due à des lésions des
ovaires, des modifications des profils hormonaux de LH, oestradiol et progestérone et à une
diminution de la qualité des ovocytes et du nombre de follicules pré-ovulatoires. Les vaches
concernées peuvent présenter une diminution de l’expression des chaleurs ou une mauvaise
réponse aux traitements hormonaux de super-ovulation (Schelcher, 2008).
A l’échelle du troupeau, on constatera alors en élevage laitier une diminution du taux de
réussite en première insémination artificielle (IA), une augmentation du nombre de vaches en
retours en chaleurs décalés (à cause d’une mortalité embryonnaire), une augmentation du
nombre de vaches nécessitant plus de 3 IA et, en élevage allaitant, une augmentation du
nombre de saillies, un décalage dans la saison de la mise-bas et plus rarement une absence de
saillie due au taureau (Schelcher, 2008).
2.1.2. Infection d’une femelle gestante
C’est la primo-infection qui a le plus de conséquences dans l’élevage. La mère
présente peu de signes cliniques, et peut éliminer le virus grâce à sa réponse immunitaire,
mais cela n’empêche pas le passage du virus à travers la barrière placentaire, et donc
l’infection du foetus, ayant des conséquences variées.
32
La figure 5 présente les conséquences d’une infection congénitale en fonction du
stade de gestation chez les bovins.
-
Infection avant 100 jours de gestation
Elle peut entraîner une infertilité, des morts embryonnaires précoces, des morts
fœtales, des momifications, des résorptions. Même si des avortements peuvent se produire
suite à une infection à n’importe quel stade de gestation, c’est surtout avant 100 jours qu’on
les observe. Le fœtus est expulsé entre 10 jours et 60 jours post-infection et est souvent dans
un état d’autolyse.
On peut par ailleurs noter que les souches ncp sont possiblement plus abortives que les
souches cp. La constatation d’avortement et fertilité réduite mène à l’hypothèse d’une
inflammation du placenta fatale pour le foetus (Brownlie, 1991) et il s’avère que cette
inflammation est non suppurative. Les individus présentent également des vascularites non
suppuratives dans le placenta, le foie et les nœuds lymphatiques
-
Infection entre 100 et 150 jours de gestation
L’infection de la mère à ce stade provoque mort et résorption embryonnaires,
mortinatalité en fin de gestation et peut avoir des effets tératogènes. On observe alors des
malformations congénitales concernant le développement notamment du système nerveux et
des yeux qui se construisent à cette période. Les plus courantes sont l’hydrocéphalie,
l’hypoplasie cérébelleuse, l’hypomyélogénèse, la microphtalmie, la cataracte, la dystrophie ou
atrophie rétinienne, mais aussi l’hypotrichose avec alopécie, des lésions chroniques de la
peau, un poil dur et rêche. On observe aussi des veaux brachygnates ou présentant d’autres
anomalies squelettiques telles qu’un crâne en dôme, une fissure palatine, ainsi qu’une
croissance diminuée et une hypoplasie pulmonaire et une croissance lente des os. On note
également des retards de croissance intra-utérins (Moennig et Plagemann, 1992).
-
Infection après 150 jours de gestation
Dans ce cas, le résultat sera le même qu’une infection aiguë post-natale (Moennig et
Plagemann, 1992).
En règle générale, pour ces fœtus infectés tardivement, on n’observe pas d’anomalie
car le fœtus est immunocompétent lors de l’infection et peut donc se défendre. Ils sont
généralement normaux à la naissance et possèdent des anticorps pré-colostraux. Il arrive
parfois que les veaux soient cependant de petite taille et faibles et qu’ils soient plus sensibles
aux maladies post-natales.
-
Génération d’infectés permanents immunotolérants
L’apparition d’IPI peut se produire lorsque l’infection survient avant quatre mois de
gestation, avec une souche non cytopathogène. Environ 60% des foetus infectés pendant cette
période deviendront des IPI (Brownlie, 1990).
Même s’ils ne présentent pas la clinique classique du BVD, les IPI peuvent présenter
des retards de croissance, et ceci dès la naissance, ainsi qu’un poil hirsute. On observe une
altération de la réponse immunitaire et une prédisposition aux infections. Ils présentent donc
des pneumonies et des entérites qui ont tendance à être chroniques et ne répondent pas aux
traitements proposés. On sait que 50% des IPI meurent dans les douze premiers mois de vie.
Si toutefois les femelles parviennent à l’âge de reproduction, elles donneront naissance à de
33
nouveaux IPI, entretenant ainsi l’infection dans l’élevage (Grooms et al., 2009).
La photographie 6 ci-dessous illustre le retard de croissance et le poil hirsute parfois
retrouvé chez les individus IPI :
Photographie 6 : Génisse IPI présentant un retard de croissance, un poil hirsute et un
amaigrissement.
Les flèches indiquent les zones de poil hirsute (ENVA, Photographie personnelle)
Figure 5 : Conséquences d’une infection congénitale en fonction du stade de gestation
chez les bovins
(D’après Nettleton, 1990)
34
2.1.3. Surinfection d’un IPI par une souche cp
En 1989, Brownlie et al. indiquent que seules les souches ncp sont capables d’induire
une infection persistante. Lorsqu’un IPI s’infecte avec une souche cytopathogène du BVDV,
il développe la Maladie des muqueuses. Cette maladie survient en général chez des animaux
âgés de 3 mois à 3 ans. Il a été supposé pendant longtemps que l’origine de la souche cp
pouvait être extérieure à l’individu ou bien la conséquence d’une mutation de la souche ncp
infectant l’IPI. L’hypothèse d’une origine extérieure est actuellement très controversée, alors
que l’hypothèse de mutation de la souche ncp infectante est plus probable (Grooms et al.,
2009). Une infection par une cp homologue de la ncp produira plus souvent une maladie
aiguë, tandis qu’une infection par une souche hétérologue de la ncp produira plutôt une
clinique plus modérée, et chronique.
-
Infection d’évolution aiguë ou « Maladie des muqueuses »
Elle est sporadique (moins de 5% du troupeau). Elle évolue sur quelques jours à deux
semaines (Schelcher, 2008). Elle atteint souvent des veaux du même âge et infectés par la
même souche ncp. C’est une maladie très sévère dont le taux de létalité est presque de 100%.
L’incubation se fait sur dix à quatorze jours.
Symptômes
Les individus présentent une fièvre qui est biphasique. Ils présentent également de
l’anorexie, une tachycardie, une polypnée, une diminution de la production laitière et une
diarrhée profuse et aqueuse ou muqueuse avec parfois du sang nature (Schelcher, 2008). On
constate aussi des sécrétions nasales et oculaires, une opacité cornéenne, du ptyalisme, une
diminution de la rumination avec météorisation. Une dermatite est aussi communément
constatée lors de Maladie des muqueuses (Wilhelmsen et al., 1991).
En 2007, Dabak et al. ont réalisé une étude à partir de cinq veaux présentant des
troubles de la coagulation. Tous les veaux présentaient de la fièvre modérée (40-40,5°C), du
jetage ainsi que pâleur, pétéchies, ecchymoses sur les muqueuses, toux, augmentation des
bruits respiratoires à l’auscultation. Ces veaux étaient séronégatifs et viropositifs (donc
supposés IPI) pour une souche cp de BVDV. Les auteurs concluent à un syndrome type
hémorragique chez des veaux atteints de BVD/MD.
Lésions
Les papilles de la cavité buccale peuvent être lésées et on peut retrouver des lésions
érosives sur la langue, le palais, la surface de la cavité buccale et le pharynx. On peut en
retrouver dans les espaces interdigités (entraînant un piétinement et un déplacement avec
précaution chez les animaux atteints) et sur la vulve ou les trayons.
Les ulcères en « coup d’ongle », caractéristiques de la Maladie des Muqueuses sont
illustrés dans la photographie 7 suivante :
35
Photographie 7 : Lésions ulcératives en « coup d’ongle » caractéristique de la Maladie
des Muqueuses (J.M. Gourreau)
Les photographies 8 et 9 ci-dessous présentent d’autres lésions constatées lors de
Maladie des muqueuses.
Photographie 8 : Congestion et érythème autour de la vulve et de l’anus d’une génisse
atteinte de Maladie des Muqueuses ( J.M. Gourreau)
Photographie 9: Ulcère superficiel interdigital, fléché (J.M. Gourreau)
Infections concomitantes et immunodépression
Des infections bactériennes concomitantes engendrent des pneumonies, des métrites
ou des mammites. Les animaux deviennent généralement déshydratés, très abattus et meurent
en trois à dix jours. Les IPI succombent souvent à des maladies respiratoires bactériennes
secondaires (Campbell, 2004). D’autre part, les bovins IPI ne semblent pas présenter de
réponse immunitaire à la vaccination contre Mannheimia haemolytica (Fulton et al., 2003).
36
Certains individus survivent à la forme aiguë et sont alors atteints de la forme
chronique.
-
Forme chronique :
Cette forme évolue sur plusieurs semaines à plusieurs mois (Schelcher, 2008). Les
animaux présentent un mauvais aspect général, surtout en fin d’évolution.
Symptômes
Les animaux atteints présentent une diarrhée intermittente, de la météorisation
chronique, une dysorexie avec perte de poids ainsi que du jetage et des écoulements oculaires
persistants. Des boiteries chroniques apparaissent, dues aux fourbures et à une nécrose
interdigitée ainsi qu’une déformation du sabot.
Lésions
On retrouve des lésions interdigitées, des lésions cutanées érosives qui ne guérissent
pas. L’animal présente aussi des érosions des muqueuses et des organes creux et une
destruction massive du tissu lymphoïde du tractus intestinal (Liebler-Tenorio et al., 2000).
On note d’autre part une alopécie et une hyperkératinisation de la région du cou.
-
Guérison :
Un seul cas est rapporté, de quelques veaux qui sont restés en bonne santé jusqu’à
l’abattage après avoir survécu à la MD (Barlow et al., 1983b).
Un résumé des conséquences cliniques d’une infection par du BVDV est présenté
figure 6 :
37
Figure 6 : Conséquences d’une infection par du BVDV
(D’après Goyal et Ridpath, 2005)
38
2.1.4. Manifestations atypiques
Il arrive parfois que certains auteurs remarquent des manifestations atypiques de la
maladie.
-
Cas de septicémie et atteinte neurologique chez des veaux
Un premier exemple est celui exposé par le laboratoire de surveillance en GrandeBretagne (Veterinary Laboratories Agency ou VLA) en 2008. Il concerne un troupeau de 430
vaches présentant un historique de mort-nés, d’avortements et de naissance de veaux
mourrant de septicémie. Trois de ces veaux ont été autopsiés après euthanasie. Ces veaux
montraient tous des signes nerveux avant l’euthanasie (crises, tremblements, nystagmus). On
peut noter que, de manière intéressante, ces symptômes ressemblent à ceux présentés par des
agneaux atteints de Border Disease.
L’autopsie n’a rien révélé de particulier. Cependant les tests Ag-ELISA et PCR se sont
révélés positifs pour le BVD. D’autre part, les veaux présentaient tout de même des signes
d’hypomyélogénèse, un signe inhabituel de BVD, mais une fois encore, courant chez les
agneaux atteints de Border Disease. Cette atteinte atypique serait plus une conséquence du
stade de gestation auquel l’infection s’est produite que celle de l’apparition d’une nouvelle
souche.
-
Cas d’affection génitale
Cas d’endométrite à Arcanobacterium pyogenes
Un deuxième exemple d’atteinte atypique a été rapporté par le VLA en 2008. Sutton
Bonington a isolé Arcanobacterium pyogenes dans des écoulements utérins chez 3 vaches
ayant présenté fièvre, malaise et endométrite. Un BVDV a été identifié chez ces vaches.
Soixante-dix vaches du troupeau n’étaient pas vaccinées contre le BVD. La maladie était
confinée parmi ces 70 vaches ce qui suggère que le BVDV faisait partie intégrante de
l’étiologie des endométrites, sans que l’on puisse cependant exclure une autre étiologie
primaire ou la possibilité d’une surinfection due à une baisse d’immunité.
Lésions de type « herpes » chez une génisse atteinte de Maladie des muqueuses
Un autre exemple d’atteinte génitale est rapporté en 2008 par Fabis et al. qui décrivent
le cas d’une génisse atteinte de maladie des muqueuses présentant des lésions génitales
ressemblant à des lésions d’herpes.
Les symptômes évoluaient depuis deux semaines. L’animal présentait une diarrhée,
parfois sanguinolente, une anorexie, une déshydratation et des muqueuses conjonctives pâles.
Son état général s’est détérioré malgré les traitements mis en place par le vétérinaire
traitant. Les auteurs ont retrouvé des petites érosions de la muqueuse des lèvres et des narines,
des ulcères et érosions nombreuses de la muqueuse buccale, sur le palais dur, la langue,
l’œsophage, la région non papillaire du rumen et l’abomasum. Le jéjunum présentait des
points de nécrose. L’iléum, le caecum, le côlon étaient piqués. Les membres postérieurs
présentaient des ulcères au niveau de l’espace interdigité. L’animal avait aussi un prolapsus
du rectum, et la muqueuse exposée était de couleur sombre et nécrotique.
39
Les marges de la vulve présentaient plusieurs petits ulcères, ainsi que la peau de la
région périnéale.
Un BVDV-1b cp a été retrouvé dans la rate. D’autre part, un virus herpes a été
retrouvé dans la langue, mais les auteurs indiquent que la raison est inconnue. On peut
cependant évoquer là encore un déficit immunitaire qui pourrait expliquer l’infection
concomitante du virus herpes.
-
Ostéopétrose chez un veau
En 2005, Nuss et al. rapportent un cas d’ostéopétrose chez un veau atteint de BVD. Le
veau concerné était petit, en bon état général, alerte et pesait 35kg. Il a été euthanasié à 13
mois d’âge, toujours en bon état général. A l’autopsie, il présentait une hyperplasie
généralisée des noeuds lymphatiques.
Les lésions osseuses semblaient dues à des processus cycliques, des dépôts
périodiques d’os histologiquement lésé suivis de dépôt d’os normal.
En comparant les lésions de ce cas avec la littérature vétérinaire, les auteurs ont
constaté que le veau présentait des lésions similaires à celles des bovins atteints
d’ostéopétrose. Des antigènes de BVDV ont été mis en évidence dans les ostéoblastes, les
ostéocytes, les ostéoclastes et les cellules de la moelle osseuse de veaux infectés de BVDV
(Nuss et al., 2005).
Le BVDV inhiberait l’interleukine-1, ce qui peut engendrer une diminution de la
différenciation et de l’activité ostéoclastique, résultant en ostéopétrose. Une autre hypothèse
est que le BVDV provoque une diminution de synthèse de l’hormone de croissance, résultant
en ostéopétrose (Nuss et al., 2005). Cependant la concentration de somatotropine dans ce cas
était normale, rendant cette hypothèse peu probable.
Des infections persistantes de BVD ont été documentées chez un certain nombre de
veaux présentant une ostéopétrose (Nuss et al., 2005). A la connaissance des auteurs, il n’y a
aucun autre cas rapporté de veau atteint de BVD et ostéopétrose ayant survécu plus longtemps
qu’une semaine. Les auteurs supposent par ailleurs que si tous les veaux infectés par le
BVDV passaient une radiographie du squelette, l’ostéopétrose serait diagnostiquée plus
souvent.
-
Affection pulmonaire et hémorragie des nœuds lymphatiques dans un cas de MD
Un cas de Maladie des muqueuses a été rapporté par Odeón et al. en 2003. Le veau
présentait un emphysème interstitiel et des adhérences pleurales fibrineuses entre le lobe
pulmonaire apical droit et le péricarde. Il est très probable que ces lésions soient dues à une
infection bactérienne, mais les auteurs ne le précisent pas. Ils ont par ailleurs retrouvé de
multiples hémorragies sur le cortex des noeuds lymphatiques poplités et scapulaires ainsi que
des lésions microscopiques d’hémorragies et de déplétion lymphoïde, de lymphocytolyse
folliculaire des follicules lymphoïdes primaires dans les noeuds lymphatiques gastriques et
mésentériques.
40
2.1.5. Lésions d’autopsie (Kahrs, 2001)
-
Lésions dues au BVD
En fonction de la gravité de la forme, l’animal présente à l’autopsie un état
d’amaigrissement et de déshydratation plus ou moins marqué. On peut parfois constater des
traces de diarrhée, des salissures des naseaux, des traces de larmoiement important et un poil
en mauvais état. Des lésions d’érosion, parfois ulcératives sont constatées aussi bien
macroscopiquement qu’à l’échelle histologique dans la cavité buccale, l’œsophage, le rumen
(en particulier en regard des piliers), l’abomasum, l’intestin, et parfois dans la muqueuse
vulvaire (il arrive que des cicatrices soient observées à la jonction cutanéo-muqueuse).
Lors de syndrome hémorragique lié au BVD, on constate sur divers organes les mêmes
signes de saignement spontané que l’on a pu constater sur les muqueuses des animaux encore
vivants.
On peut noter que, souvent, les avortons ne présentent pas de lésions.
-
Lésions dues à la MD
A l’autopsie, un individu mort de Maladie des muqueuses est souvent en très mauvais
état général. Les lésions sont similaires à celle du BVD mais beaucoup plus marquées. Les
ulcères ont parfois une forme particulière, leur conférant le surnom d’ulcère en « coup
d’ongle ». Histologiquement, les animaux présentent un oedème et un érythème de
l’épithélium intestinal, une nécrose et des hémorragies des plaques de Peyer.
Les photographies 10 à 15 suivantes illustrent les diverses lésions observables à
l’autopsie d’animaux atteints de BVD ou Maladie des Muqueuses.
Photographie 10 : Lésions rénales lors de syndrome hémorragique entourées par les
cercles (J.M. Nicol)
41
Photographie 11 : Lésions rectales (fléchées) lors de syndrome hémorragique (J.M.
Nicol)
Photographie 12 : Lésions de la caillette lors de syndrome hémorragique (fléchées et
encerclées) (J. M. Nicol)
Photographie 13 : Lésions épithéliales de type érosives sur un rumen de veau IPI (J.M.
Nicol)
42
Photographie 14 : Ulcère intestinal (fléché) chez une génisse atteinte de BVD (J.M.
Gourreau)
Photographie 15 : Déplétion lymphoïde lors de BVD. Sur la photographie de gauche, on
peut observer une section de l’iléon d’un veau non infecté ; sur la photographie de droite, la
section d’iléon d’un veau infecté par un BVDV-2 et présentant une déplétion lymphoïde
(Daprès Goyal et Ridpath, 2005)
2.1.6. Infection expérimentale
L’infection expérimentale de bovins et ovins sains avec les isolats de pestivirus
provoque en général une infection aux symptômes modérés et courts. Ces symptômes sont de
l’hyperthermie, une diarrhée transitoire, des sécrétions oculaires et nasales pendant deux
semaines. On trouve une leucopénie (diminution de la quantité de lymphocytes B et T) qui est
également présente dans les formes naturelles (Nettleton et Entrican, 1995).
Ces symptômes sont communs aux bovins et aux ovins.
La guérison survient avec l’apparition des anticorps deux à trois semaines après le
début de l’infection. Le pic d’anticorps survient à huit à dix semaines post-infection. Un haut
niveau d’anticorps est généralement considéré comme protecteur vis-à-vis d’une réinfection,
mais ce niveau diminue au cours du temps, et ne persiste que quelques mois (Nettleton et
Entrican, 1995).
43
2.2. Caractéristiques cliniques de la Border Disease chez les ovins
La Border disease a été reconnue comme entité dans les années 50 (Barlow et
Gardiner, 1983a) et elle a été décrite pour la première fois en 1959 par Hugues et al. suite à sa
survenue à la Frontière entre le Pays de Galles et l’Angleterre (d’où son nom de « Border
Disease », ou « Maladie de la Frontière »).
Les différents noms attribués à la Border disease représentent les différents aspects
cliniques sous lesquels on peut rencontrer cette maladie (Masounave, 2008) : ainsi, on parle
d’ « hypomyélogénèse congénitale », d’ « hairy shaker disease » ou maladie du tremblement
avec hirsutisme, de « fuzzy lambs » ou agneaux à toison floue, de « congenital trembling » ou
tremblement congenital, ou d’encéphalopathie démyélinisante congénitale transmissible.
Les caractéristiques cliniques de la BD des ovins sont assez proches de la clinique du
BVD des bovins mais la BD entraîne des conséquences sur l’appareil reproducteur plus
importantes que le BVD, et des différences existent en ce qui concerne la clinique des
agneaux atteints à leur naissance.
On retrouve d’autre part chez cette espèce l’aptitude des pestivirus à produire des IPI,
qui répandent l’infection en excrétant continuellement du virus, parfois pendant plusieurs
années. Comme évoqué plus haut, ce phénomène est aussi très commun chez les bovins (à la
différence des caprins par exemple).
2.2.1. Infection d’un individu non IPI, non gestant
Comme chez les bovins avec le BDV, l’infection d’un ovin non IPI par un BDV peut
être à l’origine d’une maladie dont les formes et la gravité sont variées (subclinique à clinique
plus ou moins sévère).
2.2.1.1. Forme subclinique
Comme chez les bovins, l’infection d’un adulte provoque une virémie courte
(détectable quatre à quatorze jours post-infection) et la plupart du temps inapparente, et les
individus deviennent immunisés contre une réinfection. Il peut y avoir une fièvre transitoire et
légère et une leucopénie (Nettleton et al., 1998).
2.2.1.2. Forme clinique plus ou moins sévère
Certains isolats de BDV entraînent des symptômes plus importants (fièvre marquée,
leucopénie importante et longue, anorexie, conjonctivite, jetage, dyspnée, diarrhée). On peut
atteindre 50% de mortalité chez les agneaux. Un de ces isolats a été retrouvé en Aveyron en
France en 1984 chez des ovins laitiers, et la maladie qui lui est due est aussi appelée
« Aveyronite » (Chappuis et al., 1986).
L’aveyronite est une forme hémorragique due à une souche hypervirulente. Cette
souche inhabituelle a été trouvée chez des animaux atteints du syndrome « X » ou maladie de
l’Aveyron, région où les moutons sont en élevage intensif laitier. Ce syndrome consistait en
un sévère abattement, fièvre, diarrhée, hémorragies pour 5 à 25% des individus, avortements
44
parfois tardifs, naissance d’agneaux chétifs et peu viables. Cette forme entraîne une
leucopénie importante (on parle aussi d’ « entérocolite leucopénique ») pouvant mener à une
mortalité de 50% des agneaux âgés de 3 à 5 mois.
2.2.1.3. Immunodépression et infection concomitante
Comme le BVDV chez les bovins, le BDV a un rôle immunodépressif, exacerbant la
pathogénicité des microorganismes co-infectants (Giammarioli et al., 2011). On retrouve en
effet des leucopénies, traduisant la faiblesse du système immunitaire (Garcia-Perez et al.,
2009)
En revanche, au contraire des bovins, une relation entre BDV et mammite n’a pour
l’instant pas été retrouvée.
2.2.1.4. Infection vénérienne
Comme le taureau, le bélier infecté par le BDV produit une semence contaminée, de
moindre fertilité et contaminante pour les femelles.
2.2.2. Infection d’une femelle gestante
L’aspect de la maladie suite à la primo-infection d’une brebis gestante, même si elle
dépend surtout du stade auquel le foetus est infecté, dépend également de la race du foetus, de
la souche et de la dose de virus (Bonniwell et al., 1987, Jeffrey et Roeder 1987, Nettleton et
al., 1992).
Deux formes peuvent être distinguées : une forme néonatale et une forme entérique.
2.2.2.1. Forme néonatale
Comme chez les bovins, les conséquences de la primo-infection d’une femelle
gestante diffèrent en fonction du stade de gestation au moment de la contamination.
-
Avant 60 jours de gestation
La forme néonatale est similaire à celle des bovins, mais plus importante : la mère
présente une clinique modérée (Nettleton et al., 1998) mais on retrouve un nombre de brebis
stériles élevé (constaté le plus souvent au moment de l’agnelage), des avortements, des
mortinatalités, des momifications, des résorptions embryonnaires. Les avortons sont parfois
de grande taille. Dans les conditions naturelles, l’âge moyen d’avortement est de 63 jours.
Avant 60 jours, la réplication virale est incontrôlable et le décès du foetus très
probable. Une infection à ce stade entraîne en effet environ 50% de mort fœtale. Les agneaux
qui survivent sont parfois prématurés (avec deux ou trois jours d’avance) et sont alors petits et
frêles.
Les mères ne présentent parfois aucun symptôme associé à ces troubles de gestation.
Les métrites ou rétentions placentaires ne sont pas souvent associées aux avortements, qui
45
peuvent donc passer inaperçus. D’autre part le taux d’avortement est en général bas dans les
troupeaux immunisés mais peut être très élevé dans des troupeaux naïfs.
-
Entre 50 et 90 jours de gestation
Les signes cliniques rencontrés chez les agneaux sont très variables et dépendent de la
race du mouton, de la virulence de la souche et du moment auquel le virus a été introduit dans
le troupeau. Les effets tératogènes sont le plus souvent observés quand le foetus est infecté de
50 à 90 jours de gestation.
Le système nerveux, la peau et le squelette sont les plus sérieusement affectés.
Anomalies de peau et toison
La toison est drue, raide et allongée. Le cuir est pigmenté et peut présenter une
apparence grise à noire, avec des zones d’hyperpigmentation notamment situées sur le cou et
la tête. Si l’animal survit, il perd cette toison vers 9 à 12 semaines et la nouvelle laine est
normale.
Anomalies du système nerveux
Des nécroses inflammatoires entraînent une hypoplasie, une dysplasie cérébrale ou
une hydrocéphalie. Ce type de lésion est plus ou moins prononcé, mais des lésions très
sévères sont associées à un haut titre en Ac anti-BDV chez les individus concernés, ce qui
suggère un mécanisme à médiation immune dans la destruction cellulaire (Nettleton et al.,
1998).
Certains individus présentent des anomalies neurologiques, telles que de l’ataxie et des
tremblements toniques-cloniques non intentionnels. Les tremblements sont importants,
concernent la tête et le tronc et disparaissent lorsque l’animal dort.
Les symptômes neurologiques disparaissent vers l’âge de trois à six mois mais les
animaux présente une croissance retardée. Les individus concernés présentent une viabilité
diminuée par rapport aux autres agneaux et peuvent mourir d’une manière soudaine sans
symptôme prémonitoire.
Ces anomalies de tremblement et de toison confèrent aux agneaux le surnom de
« hairy-shaker ».
Anomalies du squelette
Les agneaux présentent également un corps petit mais épais, des pattes raccourcies,
des orbites de petite taille, et un bombement de l’os frontal. De l’arthrogrypose peut
également être constatée.
Les agneaux sont alertes et ont de l’appétit, mais ont besoin d’assistance pour se lever,
ont du mal à atteindre le trayon et nécessitent des soins. Certains marchent normalement, sauf
lorsqu’ils courent, où ils sautent de l’arrière-train. Avec le temps, l’agneau devient plus fort
mais continue d’avoir des problèmes de locomotion pendant des mois.
En plus des pertes économiques dues aux mortinatalités s’ajoutent celles dues au faible
46
poids des agneaux à la naissance et par la suite, à la qualité moindre des carcasses et à
l’infertilité. D’autre part, lors de stress, la faiblesse et les tremblements peuvent réapparaître.
Il arrive parfois que les agneaux ne présentent ni anomalie de toison ni tremblements.
Ils présentent alors souvent des postérieurs extrêmement longs. Beaucoup d’agneaux atteints
du syndrome « hairy-shaker » meurent avant le sevrage ou au moment du sevrage et de la
séparation d’avec leur mère. Les causes sont incertaines (Hugues et al., 1959) mais la
pneumonie et le parasitisme gastro-intestinal ont été impliqués.
Les symptômes constatés chez les agneaux « hairy-shaker » ne sont pas observés chez
les veaux et constituent une différence clinique majeure entre les bovins et les ovins.
-
Après 80 jours de gestation
Après 80 jours de gestation, le foetus est capable d’éliminer le virus (Nettleton et al.,
1998 ), tout comme les bovins après 150 jours de gestation. Les agneaux naissent
apparemment normaux, avec des anticorps neutralisants. Ils présentent cependant une
périartérite nodulaire qui peut s’apparenter à une réaction allergique (Moennig et Plagemann,
1992).
2.2.2.2. Forme entérique
La forme entérique survient autour du sevrage principalement, où on observe des
retards de croissance et une certaine mortalité.
2.2.2.3. Formes atypiques
Il arrive que des agneaux présentent une forme atypique.
Ainsi, dans un cas français cité par Nettleton et al., un agneau présentait une
inhabituelle atrophie du diaphragme résultant en une constriction entre le thorax et
l’abdomen.
Aux Pays-Bas, un autre pestivirus isolé comme contaminant d’un vaccin contre le CSF
a été inoculé à des agneaux âgés de 4-5 mois (Nettleton, 1990). Les agneaux ont développé
fièvre, leucopénie prolongée, anorexie, conjonctivite, jetage, pâleur des muqueuses, dyspnée,
diarrhée et parfois mort.
Dans l’étude de Valdazo-Gonzalez et al. en 2006, les signes cliniques observés étaient
très divers, mais en accord avec d’autres observations chez des moutons infectés à différents
stades. Les auteurs ont notamment constaté des déformations vertébrales et sternales.
D’après Nettleton et al. (1990), plusieurs auteurs ont constaté que les signes cliniques
de la Border Disease dépendaient de la race atteinte (surtout en ce qui concerne le type de
laine), la virulence du virus (voir paragraphe 1.1.8) et le moment de l’infection. Par exemple,
tandis qu’une souche de BDV provoque une baisse de fertilité, des lésions placentaires nettes,
des tremblements et une toison hirsute chez les ovins, une autre souche de BDV provoque elle
un taux d’avortements élevés, des lésions d’hydranencéphalie, d’hypoplasie cérébelleuse et
d’arthrogrypose.
47
Cette variabilité des signes cliniques rend le diagnostic clinique de BD très difficile.
2.2.2.4. Survenue d’infectés permanents immunotolérants (IPI)
L’immunocompétence des foetus d’agneaux se développe entre 64 et 82 jours de
gestation. L’infection d’une brebis gestante pendant cette période peut entraîner la naissance
d’un IPI, comme chez les bovins. Le virus est disséminé dans tout l’organisme.
On peut constater chez ces IPI une déficience de la myéline du système nerveux
central. Il arrive que des agneaux âgés de plus de 4 ans développent une légère réponse
immunitaire, rendant la détection de virus impossible. Dans une étude menée en Autriche sur
l’infection des ovins et des caprins (Krametter-Froetscher et al., 2010a) aucun des animaux
identifiés comme IPI ne montrait de signe clinique, ce qui confirme la difficulté de poser un
diagnostic d’IPI sans examen sérologique et virologique. Il a cependant été constaté que,
comme pour les bovins, le taux de survie sur le terrain était bas.
Certains IPI survivent jusqu’à la maturité sexuelle, et sont mis à la reproduction.
Comme chez les bovins, les agneaux qui naissent de mères IPI sont eux-mêmes IPI.
Chez les ovins IPI, du virus a été retrouvé dans les cellules musculaires lisses, les
vaisseaux sanguins des organes creux, les cellules épithéliales du tractus digestif et les
organes génitaux, les cellules de la thyroïde, quelques lymphocytes dans les organes
lymphoïdes, les cellules endocrines, les neurones, les cellules gliales. Ceci est très compatible
avec la distribution des antigènes viraux du BVDV chez le veau.
Un schéma illustrant les conséquences d’une infection congénitale en fonction du
stade de gestation est illustré dans la figure 7 suivante :
48
Figure 7 : Conséquences d’une infection congénitale en fonction du stade de gestation
chez les ovins (schéma adapté depuis celui de Nettleton, 1990, initialement exposé pour
les bovins)
49
2.2.3. Surinfection d’un IPI par une souche cp
La surinfection des IPI par une souche cp peut provoquer une clinique un peu similaire
à la maladie des muqueuses des bovins (Barlow et al., 1983b, Nettleton et al., 1998), sans
pour autant que les deux maladies ne se confondent. On retrouve là encore des formes
cliniques variées.
2.2.3.1. Forme classique
On constate une aggravation de l’état général de l’animal, avec perte de poids,
diarrhée incoercible, un jetage, des écoulements oculaires importants avec parfois une
détresse respiratoire. A l’autopsie, les animaux présentent un épaississement très important de
l’iléon distal, du caecum et du côlon suite à une entéropathie focale hypertrophiante (OIE,
2005b).
Certains auteurs rapportent que des souches cp de BDV peuvent être isolés des
intestins de ces agneaux atteints. D’après eux, il semble très probable que l’origine de cette
souche cp est la souche ncp infectant l’agneau. Cette constatation a déjà été faite chez les
bovins.
2.2.3.2. Forme très similaire à la maladie des muqueuses des bovins
Même si c’est assez rare, il arrive que des agneaux succombent à un syndrome
similaire à la maladie des muqueuses après réarrangement du virus vers un biotype
cytopathogène.
-
Un cas de 1983
Monies et Simpson rappellent dans leur article de 1997 qu’en 1983 un cas ressemblant à
la maladie des muqueuses a été observé chez des ovins âgés de 18 à 30 mois, qui en
présentaient les symptômes. Il était connu dès leur naissance que ces animaux étaient atteints
de BD. Ils ont survécu à cette maladie. Le syndrome a été reproduit expérimentalement
(Gardiner et al., 1983).
-
Un cas en 1993 (Monies et Simpson, 1997)
Un groupe d’agneaux de 4 mois, sevrés, avaient un historique de perte de poids et de
diarrhée ne répondant pas à des antiparasitaires. Des agneaux morts ont été examinés, révélant
des animaux en mauvais état général, avec des ulcères sur la langue, une inflammation
importante et des ulcérations de la muqueuse du tiers distal de l’oesophage. L’iléon présentait
en partie terminale ainsi qu’au niveau du caecum une inflammation très marquée de la
muqueuse avec des écoulements hémorragiques dans la lumière des intestins.
Un pestivirus de souche ncp a été isolé des lésions de l’oesophage et du tissu lymphoïde.
Les auteurs précisent que pour ce cas et celui qui suit il n’y a pas de démonstration
certaine que les lésions qui ressemblent à celles de la MD sont dues à une infection persistante
par le BDV, mais que leur description en apporte une certaine preuve.
50
-
Un cas en 1996 (Monies et Simpson, 1997)
Des agneaux présentaient une diarrhée persistante, une perte de poids, et pour certains
une toux ou une fourrure clairsemée et noueuse.
En Décembre, un de ces agneaux a été retrouvé faible, émacié, déshydraté. La fourrure
apparaissait cependant normale. Aucune lésion n’a été constatée dans la bouche, l’oesophage
ou les pré-estomacs mais la muqueuse de l’abomasum montrait des ulcères hémorragiques. La
muqueuse du jéjunum et du duodénum était largement ulcérée, avec des lésions distinctes de
2 à 5 mm de diamètre. Les poumons montraient des lésions de pneumonie en partie ventrale
et antérieure.
Une culture bactérienne a mis en évidence Mannheimia haemolytica. Un pestivirus non
cytopathogène a été isolé d’ulcères et de noeuds lymphatiques.
Il était connu que certains de ces agneaux étaient virémiques, donc soit infectés
transitoires, soit infectés permanents (statut sérologique inconnu). Or le taux de survie des
agneaux infectés transitoires est faible, donc les auteurs suggèrent que les agneaux soient
apparus cliniquement sains et virémiques à la naissance, c’est-à-dire infectés permanents. On
remarque la même chose avec le BVD des bovins.
-
Un cas de 2004 (Monies et al., 2004)
Dans une ferme anglaise, certains agneaux achetés étaient plus petits et plus fins que la
moyenne. Puis certains ont déclenché une diarrhée sévère et sont décédés 14 jours plus tard.
Trois agneaux ont été autopsiés. Les trois étaient en mauvais état général et
présentaient des traces de diarrhée et des ulcères parfois coalescents, de 2 à 4 mm de
diamètre, présents sur la muqueuse du palais, de l’œsophage, de l’abomasum et de l’intestin.
Deux d’entre eux présentaient des lésions de bronchopneumonie des lobes antérieurs.
Trois pestivirus ncp ont été isolés des deux derniers agneaux. Ces pestivirus ont été
classés avec la souche de référence Moredun (BDV). Lors de la recherche de bactéries, seule
Mannheimia haemolytica a été identifiée dans les lésions pulmonaires.
Ces cas de diarrhée fatale dans un groupe d’agneaux de même âge et même origine sont
similaires aux cas de maladie des muqueuses observés chez des bovins après l’introduction de
pestivirus. Les lésions post-mortem sont caractéristiques, impliquant principalement le tractus
digestif et son tissu lymphoïde.
Même si seule une souche ncp a été retrouvée, ne permettant pas à elle seule un
diagnostic certain de syndrome type de maladie des muqueuses, un virus cp aurait pu ne pas
être isolé à cause des conditions de culture. De même, la PCR n’a pas retrouvé d’insertion de
gène caractéristique de la cytopathogénicité de la souche Moredun ; Cependant, tous les virus
cytopathogènes ne présentent pas forcément cette insertion (Becher et al., 1996) donc cela
n’exclut pas l’existence d’une souche cp dans ce cas précis.
-
Un cas de 2009 (Hilbe et al., 2009)
Il s’agit d’un agneau femelle de sept mois, de race alpine blanche suisse. L’agnelle a
commencé à avoir un mauvais état général, avec perte de l’appétit et diarrhée légère deux
51
semaines avant son hospitalisation. Elle présentait également des muqueuses pâles, et son
taux d’hématocrite était de 10%, donc l’animal était sévèrement anémié. Elle était aussi en
hypoprotéinémie, avait des valeurs d’enzymes hépatiques élevées, et une valeur d’urémie
élevée.
A l’examen post-mortem, des érosions et des ulcères ont été retrouvés sur la face
dorsale de la langue, le palais dur, le pharynx, sur l’oesophage et les piliers du rumen. La
toison, le système nerveux central et les autres organes apparaissaient normaux à l’examen
macroscopique.
Du virus a été isolé de la langue et de la glande thyroïde. Après séquençage des
régions Npro et 5’-UTR, les auteurs ont trouvé qu’il s’agissait de BDV-3 ncp.
Ce type de syndrome « maladie des muqueuses » chez les ovins pourrait être plus
courant que ce qui est constaté sur le terrain.
2.2.3.3. Infection expérimentale
Les études sur des infections expérimentales révèlent des symptômes ressemblant à
ceux retrouvés sur le terrain.
Les résultats sont similaires chez les bovins, même s’ils succombent moins à
l’infection. Les problèmes de tremblements et de toison sont rares chez cette espèce. Comme
vu précédemment, les agneaux sont soit normaux soit plus petits que la normale.
-
Expérience de Barlow et al. (1983b)
Barlow et al. ont étudié l’infection naturelle ou expérimentale de BD. Certains
agneaux ont présenté une diarrhée liquide et nauséabonde, débilitante, sans présence de
parasite gastro-intestinal ou bactérie. D’autres étaient sérieusement abattus, l’un a présenté
des signes respiratoires et un jetage, et le reste des agneaux n’a montré aucun signe clinique.
Des lésions de la rate (hypertrophiée) et des noeuds lymphatiques ont été notées. Une
prolifération lymphoïde a été remarquée dans plusieurs organes, plus sévère et disséminée
chez les agneaux atteints de signes respiratoires ou gastro-intestinaux.
-
Expérience de Thabti et al. (2002)
En 2002, Thabti et al. ont réalisé une infection expérimentale d’agneaux par le BDV.
Les trois isolats utilisés étaient la souche AV isolée en France lors du syndrome de l’Aveyron,
la souche SN3G et la souche lot21 isolées sur des vaccins pox tunisiens.
Les trois virus ont engendré après infection expérimentale une augmentation de la
température corporelle. Le groupe inoculé avec la souche AV a subi la plus longue période
d’augmentation de température.
Pour le groupe AV, une leucopénie significative a été mise en évidence, en deux pics.
De même, la durée de la leucopénie était plus longue chez ce groupe que chez les deux autres.
Les courbes de poids n’ont pas montré de différence entre les groupes.
52
L’autopsie d’un agneau par groupe à 7 jours post-infection a montré des lésions de
pneumonie dans les lobes apicaux des deux poumons. L’agneau du groupe AV avait les
lésions les plus sévères. Des lésions intestinales modérées, comme des pétéchies, une
hypertrophie des noeuds lymphatiques mésentériques, ont été également observées.
Les autopsies menées à des jours postérieurs montrent une cicatrisation des lésions
pulmonaires et intestinales.
Les auteurs ont par ailleurs remarqué que l’inoculation d’une faible dose de virus ne
produisait qu’une légère leucopénie sans augmentation de la température.
Seule la souche AV a pu ensuite être récupérée in vivo. En utilisant une dose plus forte
et des agneaux plus jeunes, les auteurs ont obtenu cette fois-ci des signes cliniques et des
paramètres hématologiques et virologiques significatifs.
L’inoculation de la souche AV n’a pas reproduit des symptômes aussi sévères que
ceux de la maladie de l’Aveyron. Les auteurs pensent qu’il est possible que l’origine de cette
différence soit l’utilisation d’espèces ovines moins sensibles à cette souche, ou bien que leur
protocole n’ait pas bien reproduit les conditions environnementales et zootechniques de la
maladie originale. La race et l’état général de l’animal, la possibilité de co-infection
augmentent la sévérité des symptômes (Braun et al., 1998). Il peut y avoir aussi modification
de la souche suite à ses passages successifs et sa culture. Il a aussi été montré que des virus
préparés de la même façon ont des pathogénicités différentes.
-
Expérience de Garcia-Perez et al. (2009)
En 2009, Garcia-Perez et al. observent une augmentation de la température, de courte
durée et une diminution significative des leucocytes suite à l’infection expérimentale de
brebis avec du BDV-4.
Le groupe des brebis non infectées a présenté moins de mortinatalité lors de
l’agnelage, et le poids des agneaux nés de mères non infectées était significativement plus
important.
Les trois groupes de brebis ont été inoculés à des stades différents de gestation (à 108
jours, à 76 jours, et à 55 jours). Le groupe inoculé le plus tardivement a eu un temps de
gestation moyen plus court que les deux autres groupes.
Outre le tableau clinique classique cité au paragraphe 2.2.2.1., les auteurs ont observé
chez les agneaux une hyperextension des articulations du tarse et du carpe, une hyperflexion
du tarse et d’autres nombreuses anomalies de conformation. Certains individus étaient dans
un état ictérique et présentaient des malformations telles que la fusion des paupières,
l’apparition tardive de la séparation des dents, la fusion du palais mou et de la langue.
Au contraire des observations de terrain, les auteurs n’ont pas constaté
d’hydrocéphalies, de porencéphalies ou d’hydranencéphalies ou d’anomalie de toison.
Les agneaux appartenant aux groupes de brebis infectées tôt au cours de la gestation
étaient plus sévèrement affectés. Par contre, entre les deux autres groupes, aucune différence
n’a été constatée. De même, les agneaux du groupe inoculé le plus tardivement étaient de plus
grande taille que ceux du groupe inoculé le plus tôt. Cette différence de taille ne concerne pas
53
les organes, résultant en un rapport taille cerveau sur taille totale plus important chez les
groupes inoculés précocément.
L’infection de brebis gestantes à 108 et 55 jours de gestation produit une proportion
importante de mort-nés, d’avortons, agneaux avec faible poids, symptômes nerveux, et
anomalies de conformation et maintien. Les auteurs ont trouvé que 76% des nouveau-nés
présentaient par ailleurs une leucopénie sévère, prédisposant probablement à d’autres
maladies lors de l’agnelage, par exemple celles dues à E. coli, M. haemolytica,
Cryptosporidium sp...
Les auteurs n’ont pas constaté beaucoup d’avortements. Ils émettent l’hypothèse que
cela peut être dû au moment de l’inoculation, à la dose utilisée ou au statut immun des brebis.
Ils évoquent aussi la possibilité que des facteurs de risque d’avortement habituellement
présents dans les conditions naturelles aient été absents dans les conditions expérimentales de
cette étude (Nettleton et al., 1998).
Enfin, les auteurs rappellent qu’Arcanobacterium pyogenes est fréquemment isolé du
placenta et de tissus foetaux. Ceci rappelle le cas atypique d’endométrite constaté chez trois
vaches atteintes de BVD, décrit dans le paragraphe 2.1.4.
2.2.4. Lésions nécropsiques
Chez l’adulte, des lésions sont visibles sur l’utérus de la mère et le placenta
(hémorragies, nécrose, œdème, inflammation, calcifications). Chez l’agneau ou le fœtus
avorté, on constate parfois des lésions de microencéphalie, hydranencéphalie, avec un nombre
anormalement moindre d’oligodendrocytes et un nombre élevé de cellules gliales.
L’apparence parfois hirsute des agneaux est due à l’augmentation du nombre de follicules
primaires et à une diminution du nombre de follicules secondaires lorsque l’infection s’est
déroulée avant 96 jours de gestation.
Les anomalies congénitales observées lors de BD sont illustrées par les
photographies 16 à 20 ci-dessous (D’après Nettleton, 1990 et Monsieur R. Braque) :
Photographie 16 : groupe d’agneaux âgés d’une semaine affecté par la BD (Nettleton,
1990)
54
Photographie 17 : Position caractéristique d’un agneau atteint de BD (Nettleton, 1990)
Photographie 18 : Aspect d'un agneau atteint d'hypomyélinogénèse lors de BD (R.
Braque)
Photographie 19 : Anomalie de toison chez un agneau atteint de BD (Nettleton,
1990)
Photographie 20: Lésions cutanées (fléchées) sur un agneaux atteint de BD (R. Braque)
55
2.3. Méthodes de diagnostic et de dépistage
Un résumé de l’utilisation des tests de diagnostic et de dépistage pour le BVD est
présenté dans le tableau 3.
La plupart des tests de détection, d’anticorps ou de virus, présentent une haute
sensibilité et une haute spécificité, c’est-à-dire qu’ils détectent bien l’infection et qu’ils
donnent rarement lieu à des résultats faussement positifs.
Le problème posé par la culture cellulaire
Lorsqu'on cherche à isoler un pestivirus d'un nouvel hôte, il est important de vérifier
qu'il ne s'agit pas d'une contamination de laboratoire. En effet, les cellules utilisées et le sérum
de foetus de veau pour multiplier le virus sont souvent contaminés par du BVDV. Ceci peut
expliquer la haute prévalence d'infection par des pestivirus dans le monde entier. Ce problème
peut être résolu en utilisant la RT-PCR directement sur des échantillons.
Il est donc nécessaire d'utiliser des tests de diagnostic qui puissent faire la différence
entre le BVDV-1, le BVDV-2 et le BDV. Par exemple, les tests ELISA (détectant la protéine
NS2-3, la plus conservée des protéines des pestivirus, ou la glycoprotéine Erns) les plus utilisés
actuellement, ne permettent pas cette distinction. D'ailleurs, la majorité des cas bovins
identifiés en tant que BDV étaient initialement décrits comme positifs pour le BVDV par ces
tests ELISA.
Parmi les tests utilisés aussi bien en cas de suspicion de BVD que de BD, on retrouve
l’isolement du virus, la neutralisation virale, les méthodes ELISA dirigées contre les antigènes
viraux directement ou contre les Ac développés contre le virus, la PCR (Goyal et Ridpath,
2005, Nettleton et al., 1998).
Ainsi, pour le diagnostic de BVD par exemple, la PCR est utilisable quel que soit le
cas, sur veau malade, avorton et sur le lait de mélange. Le test ELISA antigène est utilisable
en cas de suspicion de MD et sur avorton. Le test ELISA anticorps est utilisé en cas de
suspicion de MD, sur des veaux de plus de 4-6 mois atteints de bronchopneumonie, sur les
vaches ayant avorté, ou sur des jeunes bovins ou des adultes présentant une diarrhée
épidémique.
Le taux d’Ac dans le lait de tank présente une bonne corrélation d’avec le taux d’Ac
dans le troupeau (Beaudeau et al., 2001) et le test ELISA sur lait de mélange est donc
utilisable en routine.
56
Tableau 3 : Indication des examens de laboratoires pour le diagnostic et le dépistage des
infections par le BVDV (D’après Schelcher, 2008)
Statut infectieux
Détection virus
Infecté
permanent
Infecté
transitoire
ELISA
antigène
Maladie des
muqueuses
+
+
+
Retard de
croissance
+
+
Anomalies
anatomiques
+
+ (avant prise
colostrale)
Diarrhée
néonatale
+
possible
+
Fréquent
Bronchopneumonie
<4-6 mois
+
possible
+
Fréquent
Bronchopneumonie
>4-6 mois
+
possible
+
Fréquent
Avortement
Très rare
+
Infécondité
Syndrome
hémorragique
Diarrhée
épidémique
sur jeunes
bovins et
adultes
Très rare
+
sur avorton
PCR qt
+
(avant ou
après prise
colostrale)
+
mélange de
veaux
malades
+
mélange de
veaux
malades
+
mélange de
veaux
malades
+
sur avorton
+
+
Lait de
mélange
+
+
sur les
malades
+
+
mélange de
bovins
malades
57
Détection des Ac
ELISA anticorps
+ (avant prise
colostrale)
+
prises de sang
couplées sur les
malades
+
Prises de sang
couplées sur les
vaches ayant avorté
et témoins
+
Prises de sang sur
échantillon
sentinelle
+
Prises de sang
couplées sur les
malades
+
Prises de sang
couplées sur les
malades
Les caractéristiques cliniques du complexe BVD/MD et de la BD présentent certains
points communs et plusieurs différences.
Chez les bovins comme chez les ovins, la maladie peut se présenter chez un individu
non IPI selon différentes formes cliniques, variant de subclinique à clinique très sévère. La
forme sub-aiguë est la même chez les deux espèces (fièvre modérée et leucopénie). De
même, on retrouve chez les deux espèces une forme très sévère caractérisée par des
hémorragies.
Le tropisme cellulaire et la localisation des deux virus BVDV et BDV étant les
mêmes, les formes aiguës chez les bovins et chez les ovins présentent des symptômes tels
qu’une hyperthermie, une anorexie, une diarrhée, du jetage et parfois de la toux, des
écoulements oculaires, une infertilité. Cependant l’infertilité est plus importante chez les
ovins. Chez les bovins, on retrouve parfois des ulcères dans la cavité buccale et au niveau des
pieds, conduisant à des boiteries, mais ceci n’est pas évoqué chez les ovins.
Le phénomène d’immunodépression et les infections concomitantes qui y sont
associées sont présents chez les deux espèces. Cependant, la présence de mammite liée à la
l’infection par un pestivirus n’est démontrée que chez les bovins.
BVDV et BDV sont tous deux capables de franchir la barrière placentaire et
d’infecter le fœtus d’une femelle gestante. Dans les deux cas, si l’infection se produit avant la
mise en place de l’immunité, on constate la possibilité de produire des IPI. En dehors de ce
phénomène, on retrouve des ressemblances importantes dans les infections congénitales,
telles que les momifications, résorptions, mortinatalités et des effets tératogènes sur le
système nerveux central, le squelette et la peau.
La grande différence entre BVD/MD et BD est retrouvée chez les individus IPI. En
effet, tandis que chez les bovins ces individus sont difficilement reconnaissables car leurs
symptômes se limitent à un retard de croissance, des infections concomitantes et parfois un
poil un peu hirsute, on retrouve chez les ovins une clinique beaucoup plus marquée, avec
des agneaux présentant le syndrome « hairy-shaker », c’est-à-dire des tremblements et des
anomalies de toison. Il en va de même pour la clinique d’un IPI surinfecté par une souche cp :
tandis que les bovins développent la Maladie des Muqueuses aux symptômes sévères et
lésions ulcératives nombreuses, les ovins présentent une forme un peu différente avec
notamment moins de lésions d’érosion sur les muqueuses.
Cependant, il est intéressant de noter que certains cas jugés comme « atypiques » dans
une espèce révèlent des symptômes très proches de ceux constatés dans l’autre. Ainsi, il
existe quelques exemples d’agneaux IPI développant un syndrome ressemblant à la maladie
des muqueuses.
58
TROISIÈME PARTIE :
Comparaison des caractéristiques
épidémiologiques du BVD/MD et de la BD
et application à la lutte
59
Les pestivirus font partie des virus les plus répandus dans le monde. L’étude de leurs
caractéristiques épidémiologiques est primordiale dans le but de mettre en place des plans
d’éradication, comme c’est déjà le cas dans certains pays, afin de lutter contre ces maladies
dont les conséquences sanitaires et économiques sont désastreuses.
3.1.
Epidémiologie commune au BVD/MD et à la BD
Le BVD/MD et la BD étant deux maladies dues à un même genre viral, elles
présentent des caractéristiques épidémiologiques communes.
L’épidémiologie des pestiviroses est complexe à cause de leur mode de transmission,
de l’irrégularité de leur période d’incubation, de la fréquence des infections inapparentes ou
non diagnostiquées et de la présence d’IPI.
3.1.1. Espèces hôtes des pestivirus
Les pestivirus infectent naturellement seulement les artiodactyles. Parmi les espèces
domestiques concernées, les pestivirus infectent les porcins, les bovins, les ovins, les caprins,
les cervidés, et certains camélidés (lama, chameau, alpaga). Il est raisonnable de penser que
de nombreuses autres espèces de ruminants sont concernées. Le spectre d’hôtes des pestivirus
est plus important in vitro qu’in vivo (Moennig et Plagemann, 1992).
3.1.2. Transmission:
3.1.2.1. Sources de virus et modes de contamination
Le virus est enveloppé, donc fragile, et il ne survit pas facilement dans le milieu
extérieur. Il existe plusieurs sources de virus :
-
Les IPI
Les IPI sont la source principale de virus. Ils permettent une transmission horizontale
efficace grâce à l’excrétion de grandes quantités de virus tout au long de leur vie par toutes les
sécrétions du corps, en particulier par la salive, le jetage, l’urine, les fèces, le placenta. Du
virus a notamment pu être isolé d’écouvillons nasaux, d’aérosols, d’urine, de fèces et de
fluides utérins.
L’inhalation ou l’ingestion sont les modes les plus fréquents de contamination
horizontale. Par conséquent, les élevages favorisant les contacts nez à nez sont
particulièrement à risque. Chez le mouton, il a été montré que les agents viraux peuvent
infecter efficacement un nouvel hôte à travers les muqueuses, même si les membranes sont
intactes. Chez les ovins, il a été montré que le virus peut pénétrer par voie orale, nasale,
génitale et conjonctivale.
Si les IPI femelles arrivent à se reproduire, elles donneront naissance à d’autres IPI (ce
phénomène a été constaté aussi bien chez les bovins que chez les ovins).
60
-
Les infectés transitoires
Les individus infectés transitoirement peuvent aussi être source de contamination,
mais il est communément admis que leur virémie de courte durée fait d’eux une source très
minoritaire.
Cependant, il existe des exemples où malgré l’élimination des IPI, l’infection par le
BVDV dans un troupeau persistait parfois jusqu’à 2 ans après l’élimination du dernier IPI.
Expérience de Collins et al., 2009
En 2009, Collins et al. font l’hypothèse que le BVDV peut persister à long terme après
une infection aiguë post-natale d’un individu et qu’il peut infecter le reste du troupeau.
Des veaux provenant d’un élevage sain ont été contaminés par voie intranasale avec
une souche du BVDV-1a ncp (connue pour être virulente). Tous les veaux ont présenté les
signes typiques d’une infection par le BVDV. D’autres veaux naïfs ont été introduits pour
étudier la potentielle transmission horizontale et une injection de sang contaminé a été faite
chez certains de ces veaux.
Cette étude a montré que la transmission de la maladie était possible par voie sanguine
même après le blanchiment présumé de l’infection (quand l’animal devient vironégatif).
Cependant la transmission horizontale par contact classique n’a pas été démontrée dans ce cas
précis.
D’autres études ont constaté que même en l’absence de virus infectieux détectable,
l’ARN peut encore être détecté. Ces observations vont dans le même sens que celles qui
montrent la présence d’Ag viraux dans les tissus reproducteurs suivant une infection aiguë.
Cependant, il est intéressant de noter qu’on ne sait pas s’ils sont infectants par une autre
manière que par la transmission de semence, même si cela paraît peu probable.
Une hypothèse émise par les auteurs est que le stress ou une infection concomitante
peut favoriser la réactivation du virus, rendant la transmission à d’autres congénères plus
probable. Une autre hypothèse est que de jeunes veaux nouvellement infectés n’auraient pas
une réponse immunitaire assez efficace pour éliminer le virus du troupeau.
-
Les mâles infectés
On retrouve du virus dans la semence de mâles contaminés utilisée pour les
inséminations artificielles et qui contamine alors la femelle. La qualité de la semence est en
générale altérée et peu fertile mais hautement infectante. De la même manière le transfert
d’embryons contaminés peut être une autre source de virus.
Certains auteurs ont d’ailleurs rapporté l’existence de virus dans les tissus
reproducteurs après une infection aiguë, jusqu’à 60 jours post-infection dans du tissu ovarien
et 7 mois dans la semence de mâle (Givens et al., 2003).
-
Les actes d’élevage
L’injection à l’aide de seringues contaminées, le tatouage, la castration, le biberonnage
et la palpation transrectale sont des actes pouvant être à l’origine de la transmission de la
maladie (François, 2008, Lang-Ree et al., 1994, Niskanen et Lindberg, 2003).
61
Les vaccins à virus vivants modifiés préparés sur des cultures cellulaires originaires de
ruminants ont un grand risque d’être contaminés par du pestivirus et constituent donc une
source supplémentaire de virus (Wellemans et van Opdenbosch, 1987). Ceux préparés sur des
lignées cellulaires d’une autre origine animale peuvent également être chroniquement infectés
par du BVDV, et les auteurs préconisent leur contrôle permanent.
-
Les insectes
Enfin, une transmission indirecte peut survenir par le biais de vecteurs mécaniques
(insectes ou personnes et matériel).
3.1.2.2. Expansion de la maladie
Les différents auteurs qui ont étudié les pestiviroses ont constaté que la dissémination
du BVDV parmi les bovins et la dissémination du BDV parmi les ovins dépend de facteurs
tels que la taille du troupeau, le type de production, la saison de reproduction et de la conduite
d’élevage.
-
Conditions d’élevage et densité animale
Des études sur le BVD montrent que l’infection peut se répandre rapidement entre les
bovins qui ont des contacts rapprochés (Houe, 1992, Traven et al., 1991) et des transmissions
indirectes se produisent régulièrement entre les bovins qui sont séparés par moins de dix
mètres (Niskanen et Lindberg, 2003) même si l’efficacité de la transmission à longue distance
est plus aléatoire (Wentik et al., 1991).
Chez le mouton, les études montrent aussi que la transmission dépend du degré de
contact entre les animaux et peut être plus efficace chez les animaux maintenus en bâtiment
avec un contact nez-à-nez (Nettleton et al., 1992) que chez les animaux en plein air (Houe,
1999). Dans des conditions extensives, la dissémination de la maladie peut ainsi prendre
jusqu’à 1 an (Bonniwell et al., 1987).
De même, l’alimentation à l’auge parmi des groupes contenant des IPI favorise une
expansion rapide de la maladie.
Enfin, le regroupement pendant le début de gestation (Nettleton et al., 1990) constitue
également un facteur favorisant chez les ovins, faisant de la BD une maladie saisonnière.
-
Partage de pâtures alpines et marché intensif
En Suisse, les pâturages alpins représentent un excellent moyen de mélange des
individus (Braun et al., 1998), optimisant la dissémination des différents sous-groupes viraux
dans ces diverses régions du pays. Le risque d’introduction d’un IPI est aggravé par les
pratiques de marché intensif et de transhumance qui concernent 25% du cheptel (Bachofen et
al., 2008, Rüfenacht et al., 2000, Siegwart et al., 2006).
D’autre part, la grande diversité des BVDV retrouvée dans l’étude de Hornberg et al.
en 2009 au Tyrol, dans le Vorarlberg, peut être due d’après ces auteurs aux pratiques
intensives de marché dans ces régions.
62
Seule une faible corrélation entre la génétique virale et la géographie a été retrouvée
dans ces régions, au contraire d’autres travaux qui trouvaient des virus proches au sein d’une
même ferme (Hamers et al., 1998, Paton et al., 1995). D’après les auteurs, ceci peut être dû
aux pâtures alpines communes et au commerce d’échange de jeunes animaux, qui sont
fréquents dans ces régions.
Un autre exemple de l’impact des marchés intensifs est retrouvé en Inde. En effet,
Mishra et al. indiquent en 2008 que dans leur étude une haute similarité génétique a été
constatée alors que la distance entre les fermes est assez importante. Ils suggèrent que cette
similarité est le résultat de mouvements incontrôlés des individus et de l’utilisation de
semence pour la reproduction locale.
Etude de Braun et al., 1998
En 1998, Braun et al. ont publié une étude menée durant l’été 1995 et incluant sept
pâtures alpines en Suisse. Neuf cents quatre-vingt dix bovins issus de troupeaux appartenant à
149 propriétaires différents y ont été mélangés. Les auteurs les ont testés pour les Ac antiBVDV et pour les Ag BVDV avant et après la période de pâturage. Au début de l’été, 0,9%
des animaux présents sur ces pâtures étaient des IPI et occupaient 4 des 7 pâtures.
Partout dans les Alpes il y a eu une augmentation d’animaux séropositifs pendant l’été,
et l’incidence était particulièrement haute sur les alpages avec IPI (augmentation de la
séropositivité de 12,3% à 46,8% à la fin du deuxième mois de pâturage contre 5% à 5,8% sur
les pâtures sans IPI). De manière intéressante, dans cette étude, des densités animales plus
importantes ne sont pas nécessairement associées à une plus haute séroconversion. Pour les
alpages où la séroconversion a apparemment augmenté sans présence d’IPI, les auteurs ont
plusieurs explications possibles : une absence d’identification d’IPI par erreur, un animal
infecté transitoirement, des naissances ou des avortements de veaux contaminés, une infection
par la faune sauvage, des résultats faussement négatifs au début de la période d’étude, des
contact avec des bovins voisins, des contaminations par du matériel souillé non stérilisé.
-
Présence d’IPI dans le troupeau
Le taux de transmission du virus entre les troupeaux varie en fonction de la source de
virus. Comme déjà évoqué dans le paragraphe 3.1.2.1., la transmission sera d’autant plus
rapide que la source de virus se trouve être des IPI plutôt que des infectés aigus. L’infection
entre troupeaux survient surtout lors de l’achat d’un IPI ou d’une femelle gestante portant un
IPI.
-
Souche virale
Chez les ovins, une lente dissémination du BDV pourrait être liée à la souche
infectieuse (Houe, 1999).
-
Taille du troupeau
Que ce soit pour le BVD ou la BD, la prévalence d’Ac est positivement corrélée à la
taille du troupeau (Graham et al., 2001, Paton et al., 1998). Les raisons sont inconnues, et
peuvent refléter un plus haut risque d’infection possiblement à cause d’achats plus nombreux,
ou parce qu’ils ont plus de contacts avec des visiteurs ou des animaux.
63
-
Absence d’influence
En 2009, Orsel et al. ont réalisé une étude prenant en compte l’effet de certains
facteurs de risque potentiels sur la dissémination de virus. Aucun de ces facteurs tel que la
présence de bovins, la présence de chiens, l’occurrence d’avortements chez les moutons,
l’achat de ruminants ou la certification BVD pour bovins ne s’est révélé significatif.
3.1.3. Distribution des anticorps et présence d’IPI en fonction de l’âge
Des études menées chez les bovins montrent que le profil de séropositivité des
individus d’un troupeau en fonction de l’âge donne une bonne indication du statut de
troupeau. Dans un troupeau où un IPI a été présent pendant longtemps, presque tous les
animaux sont séropositifs, et on peut retrouver l’année de sortie du dernier IPI grâce à l’âge
du plus jeune individu séropositif (Houe, 1995).
3.1.3.1. Relation âge et taux en Ac.
En général, le nombre d’individus séropositifs dans un troupeau augmente avec l’âge
(Rufenacht et al., 2000).
En 2004, Berriatua et al. ont étudié la séroprévalence en fonction de l’âge du BDV et
la présence d’IPI dans les troupeaux ovins laitiers au Pays Basque. Les résultats ont différé
selon la présence ou l’absence d’IPI et ont mis en évidence l’existence de groupes d’âge plus
ou moins sensibles.
Plusieurs IPI ont été détectés dans le groupe des 5 mois-3 ans. La séroprévalence des
moutons en contact était de 29% et 33% dans deux groupes âgés de 5-6 mois, 67 et 88% chez
les agneaux d’un an, plus de 86% chez les moutons plus âgés. Le profil de séropositivité des
individus en fonction de l’âge de cette étude ressemble à ce qui est retrouvé chez les bovins
avec le BVDV (Houe, 1999).
Ces résultats montrent que la transmission au Pays Basque parmi le cheptel ovin laitier
peut être relativement lente, prenant plusieurs années avant que l’infection ne se répande. Ils
donnent par ailleurs une autre preuve que les IPI peuvent survivre jusqu’à l’âge adulte et
peuvent avoir une descendance infectée avant d’être identifiés comme IPI (Nettleton et al.
1992). Les auteurs insistent donc sur le fait qu’il est nécessaire de prendre en compte les ovins
adultes dans la recherche d’IPI dans un troupeau.
3.1.3.2. Age des IPI
Rufenacht et al. trouvent en 2000 que tous les IPI ont moins de 30 mois. Houe trouve
en 1995 que 82,9% des IPI danois et 71,4% des IPI dans le Michigan ont moins de 24 mois.
Dans leur article de 2011, Presi et al. signalent que plus de 80% des individus viropositifs
recensés en Suisse en 2008 (il n’est pas précisé dans quelle proportion certains étaient
séronégatifs, donc IPI) avaient moins de 2 ans et que leur âge moyen était de 9 mois. L’IPI le
plus âgé recensé lors de la campagne d’éradication suisse était cependant âgé de 15 ans.
64
3.1.4. Phénomène d’auto-blanchiment
La dissémination du BVDV parmi un troupeau clos, de taille moyenne, français, a été
simulée sur une période de dix ans après introduction d’un IPI à l’aide d’un modèle (Viet et
al., 2004). Le troupeau était spontanément blanchi de l’infection dans plus de 97% des
différents essais réalisés.
L’auto-blanchiment survient lorsque les IPI ne parviennent pas à engendrer une
nouvelle infection persistante avant d’être retirés du troupeau. L’existence de ce phénomène,
tout comme le fait qu’il peut survenir sous certaines conditions et sans ré-introduction d’un
IPI, a été corroborée par diverses études (Kampa et al., 2004, Mainar-Jaime et al., 2001,
Viltrop et al., 2002).
En 2008, Stahl et al. publient un article à ce sujet pour le BVDV.
Les résultats de cette étude montrent un niveau important d’exposition au BVDV dans
la région de surveillance (Arequipa, Pérou) en comparaison des autres régions et pays
(Mainar-Jaime et al., 2001, Paton et al., 1998, Stahl et al., 2002). Malgré les facteurs de
risque importants liés à cette surexposition, deux tiers des troupeaux ont révélé une absence
d’infection au moment des tests. Etant donné que ces mêmes troupeaux avaient été infectés
par le BVDV, ce résultat suggère une haute probabilité d’auto-blanchiment.
Les études de Mainar-Jaime, Viltrop et Kampa citées plus haut ont été faites dans des
régions de faible densité de cheptel. Au contraire, l’étude ici présente, dans une région comme
Arequipa, montre un blanchiment dans une région avec de hautes densités et une haute
prévalence en BVDV.
Bien qu’ils ne soient pas significatifs, les résultats de l’étude suggèrent, contrairement
à ce qui est attendu, que la plus grande chance d’auto-blanchiment se trouve dans les
troupeaux de moyenne et grande taille. Les auteurs supposent que cela est dû au type de
production, intensif, dans ces troupeaux, qui résulte en une élimination plus rapide des IPI que
dans les troupeaux de petite taille. Les auteurs pensent également qu’une biosécurité plus
importante dans les grands troupeaux puisse également expliquer ce résultat.
Les auteurs suggèrent bien sûr que le phénomène d’auto-blanchiment soit pris en
compte dans les programmes de contrôle.
3.1.5. Différences épidémiologiques entre l’Europe et les États-Unis
Les différences dans les pratiques d’élevage du bétail aux États-Unis résultent en des
manifestations cliniques à l’échelle du troupeau qui sont différentes de celles des pays
européens (Van Campen, 2010).
On peut noter que les troupeaux américains ont un bas taux d’IPI, inférieur ou égal à
0,3% dans la filière bouchère (O’Connor et al., 2007), la filière d’engraissements (Loneragan
et al., 2005) et la filière laitière (Houe, 1995).
Cette faible valeur serait due à une importante sous-estimation. Les troupeaux sont de
grande taille, et il est irréalisable de tester tous les individus d’un troupeau. Comme environ
80% du cheptel américain est vacciné, la séropositivité est haute, or les tests de détection sont
incapables de faire la différence entre un vacciné et un infecté (Paisley et al., 1996). Les tests
65
sérologiques, largement utilisés en Europe, ne sont donc pas utilisables aux États-Unis.
Comme la vente d’IPI n’est pas interdite, l’apparition de nombreux nouveaux cas dans des
troupeaux ayant acquis un nouvel IPI se produit tous les ans. Dans certains cas, les pertes
suite à une émergence brutale de BVDV au sein d’un troupeau s’élèvent à 50% des veaux.
Les effets congénitaux tels que l’hypoplasie cérébelleuse ne sont pas fréquemment observés,
car les fœtus sont exposés jeunes.
Les facteurs de risque identifiés grâce aux échantillons de lait de tank sont la taille du
troupeau (>500 individus) et les animaux achetés. Dans les élevages américains, des milliers
de génisses ayant diverses origines sont mélangées. Les gestantes sont mal séparées, les
mesures sanitaires et de biosécurité sont insuffisantes. D’autres part, dans les élevages à haute
valeur génétique, des vaches en mauvais état général peuvent tout de même être gardées par
choix (Rauff et al., 1996, Rush et al., 2001).
D’autre part, il arrive que les génisses partagent les mêmes pâtures et elles peuvent
donc être en contact avec des IPI d’autres fermes durant leur premier trimestre de gestation
(Sanderson et al., 2000). La synchronisation des chaleurs et des gestations joue aussi un rôle
important dans l’épidémie.
Un autre facteur de risque est le passage des veaux dans plusieurs centres revendeurs.
Des programmes d’éradication sont mis en place, incluant la formation à propos de la
maladie du BVDV et sa transmission, des procédures de testage, des mesures de biosécurité,
des plans de vaccination. Mais actuellement, on est loin des programmes mis en place dans
les pays européens.
3.2.
Répartition et prévalence du BVD/MD et de la BD
Il existe des différences en termes de prévalence et de répartition géographique pour
les différentes espèces de BVDV et de BDV.
3.2.1. Répartition mondiale
3.2.1.1. Le BVDV
Le BVDV est globalement enzootique. La répartition et la prévalence du BVDV-1 et
du BVDV-2 sont différentes et la répartition des sous-espèces est particulière à chaque pays,
voire chaque région.
Le tableau 4 présente un récapitulatif des espèces et sous-espèces de BVDV
retrouvées dans différents pays.
3.2.1.1.1. Le BVDV-1
La présence de BVDV-1 chez les bovins a été détectée dans le monde entier. En
Europe, de nombreuses études sur l’identification des isolats ont été réalisées notamment en
Europe de l’Est, dans de pays tels que l’Autriche, la Suisse ou l’Allemagne.
66
3.2.1.1.2. Le BVDV-2
Le BVDV-2 a quant à lui été identifié pour la première fois aux États-Unis et aux
Canada en 1993 (Pellerin et al., 1994, Ridpath et al., 1994). C’était alors un variant émergent
devenu très commun en Amérique du Nord depuis les années 80, mais qui est plutôt rarement
décrit en Europe.
Le BVDV-2 a cependant été identifié en Europe plusieurs fois (Couvreur et al., 2002,
Tajima et al., 2001, Vilcek et al., 2001, 2004), au Japon (Nagai et al., 2004), en Corée (Park
et al. 2004), en Chine (Zhu et al., 2009), en Inde (Mishra et al., 2008), et en Amérique du Sud
(Flores et al., 2002).
États-Unis
Aux États-Unis, seuls trois génotypes de BVDV ont été trouvés, et le BVDV-2 est le
deuxième plus prévalent. On y trouve aussi bien du BVDV-2a que du BVDV-2b. Ailleurs
dans le monde, l’identification de BVDV-2 reste sporadique.
Italie
La caractérisation d’une souche retrouvée en Italie, dans un premier temps identifiée
comme BVDV sans distinction puis identifiée par PCR comme étant une souche BVDV-2
montre que ce génotype a circulé en Italie au moins dans les années 90.
Autriche
En Autriche, seuls deux des isolats obtenus sur 304 de l’étude de Bachofen et al. de
2008 appartenaient au groupe BVDV-2. Dans l’étude de Hornberg et al. en 2009, les isolats
de BVDV-2 en Basse-Autriche partagent 99% de similarité avec l’isolat allemand 104-98
(Tajima et al., 2001). C’était la première fois que le BVDV-2 a été identifié dans ce pays.
Royaume-Uni
Au Royaume-Uni, le BVDV-2 a été détecté suite à une investigation de l’agence des
laboratoires vétérinaires (VLA) en 2007. Il d’agit de deux cas indépendants, ce qui suggère
que la souche circulait déjà au Royaume-Uni. D’autre part les observations de terrain
suggèrent que cette souche est significativement plus pathogène que les souches de BVDV-2
déjà établies. Pour les deux cas, avortements et anomalies de reproduction et maladie aiguë
ont été constatés (Drew et al., 2007, Courtenay et al., 2007).
France
Comme cité dans le paragraphe précédent, dans l’étude de Jackova et al. en 2008, 2%
des isolats étudiés en France étaient des BVDV-2 (3 isolats au total).
Autres pays
Quelques autres isolats ont été identifiés au sud de l’Allemagne (Beer et al., 2002), au
Portugal (Barros et al., 2006), en Slovaquie (Vilcek et al., 2002), en Belgique (Letellier et al.,
2005). En Allemagne, les auteurs ont constaté que 15,9% des échantillons étaient des BVDV2 (Wolfmeyer et al., 1997) contre 24,1% en Belgique (Couvreur et al., 2002), ce qui
représente dans les deux cas un fort pourcentage en comparaison d’avec les autres pays
67
européens.
Aucun BVDV-2 n’a été retrouvé pour l’heure parmi les isolats espagnols (Hurtado et
al., 2003), italiens (Falcone et al., 2003), suisses (Bachofen et al., 2008, Stalder et al., 2005),
slovaques (Toplak et al., 2004), danois (Uttenthal et al., 2005).
La plupart des souches isolées ailleurs qu’aux États-Unis sont des souches de BVDV2a. Les souches de sous-type 2b n’ont été retrouvées qu’au Brésil et Argentine, et en
Slovaquie et au Portugal (Barros et al., 2006, Becher et al., 1999, Flores et al., 2002, Vilcek et
al., 2001, 2002).
3.2.1.1.3. Description des certains profils d’isolats retrouvés en Europe
-
Profil des isolats suisses
Bachofen et al. (2008) ont analysé génétiquement des isolats suisses de bovins. Ils ont
trouvé les sous-types b, e, h et k du BVDV-1. Les auteurs n’ont trouvé aucune ferme dont les
individus étaient tous séronégatifs vis-à-vis des pestivirus mais le programme d’éradication
n’a été mis en place qu’en 2008.
A l’époque, d’après cette étude, 36% des isolats appartenaient au sous groupe 1h, 34%
au sous-groupe 1e, 21% au sous-groupe 1k et 8% au sous-groupe 1b.
Les isolats appartenant au sous-groupe 1h montraient peu de diversité. L’explication
fournie par les auteurs pour ce « spectre étroit » peut être une émergence récente, ou une
émergence en « goulot d’étranglement ». A l’inverse, le sous-groupe 1e était quant à lui
remarquablement divers.
L’analyse géographique des isolats montre qu’ils étaient apparemment répartis de
façon aléatoire au sein de la population. Et cette répartition géographique représente les
particularités d’élevage suisse, par exemple la transhumance qui concerne 25% de la
population alpine et qui tend à augmenter la dissémination du BVDV. La haute mobilité des
troupeaux explique que la grande diversité des sous-groupes de BVD est répartie
aléatoirement au sein de la population.
-
Profil des isolats autrichiens
Dans l’étude menée à l’Ouest de l’Autriche par Hornberg et al. en 2009, l’analyse
phylogénétique des séquences 5’-UTR de 304 isolats a révélé huit sous-types différents de
BVDV-1 : a, b, d, e, f, h et k. La plupart des isolats appartiennent au sous-type h et f. Les
sous-types a, e et k ont été identifiés pour la première fois grâce à cette étude. Seuls trois
isolats appartenaient au sous-type 1g.
Ces dernières informations sont en concordance avec d’autres effectuées par Vilcek et
al. en 2003 et Kolesarova et al. en 2004.
Pour expliquer la présence du sous-type 1k au Tyrol, les auteurs évoquent le fait que
l’animal concerné, né au Tyrol, a partagé une pâture alpine dans le Vorarlberg avec d’autres
individus possiblement infectés par le sous-type 1k.
68
-
Profil des isolats français
Dans une étude menée en 2008 par Jackova et al. sur le génotypage d’isolats issus de
France, dont l’analyse génétique s’est basée sur la séquence 5’-UTR, 98% des isolats
appartenaient à l’espèce BVDV-1. Un isolat (2%) a été identifié comme BVDV-2. Avec deux
autres isolats découverts en 2001 par Vilcek et al., ils représentaient les seuls exemplaires
identifiés en France.
Les auteurs ont constaté que 19,1% des BVDV-1 appartenaient au sous-génotype 1b,
4,2% au sous-génotype 1d, et 7% au sous-génotype 1e. Trois isolats formaient un nouveau
sous-type, inconnu jusqu’alors, auquel a été attribué la lettre « l ». Aucun signe clinique
atypique n’avait été remarqué chez les individus atteints de ce sous-type.
Les données de cette étude et celles d’une autre étude réalisée par Vilcek et al. en 2001
montrent qu’il existait en 2008 cinq sous-types de BVDV-1 en France : les 1a, 1b, 1d, 1e, 1l.
Trois isolats représentent le BVDV-2. Le BVDV-1e est le sous-type dominant, comme c’est
le cas en Italie et en Espagne (Falcone et al., 2003, Hurtado et al., 2003, Vilcek et al. 2001).
En 2010, Le Dréan et al. ont publié une nouvelle étude dont les résultats sont
similaires à ceux évoqués plus haut. Les échantillons utilisés représentaient globalement
l’ensemble des régions d’élevage, et provenaient d’IPI confirmés. Les même cinq sous-types
ont été retrouvés. Les auteurs retrouvent une majorité de souches BVDV-1b (39.7%) et
BVDV-1e (53.3%). Les souches 1a et 1d ont été au contraire très peu retrouvées. Aucune
souche de type BVDV-2 n’a été retrouvée dans l’échantillonnage, contrairement aux études
précédemment citées.
Les auteurs ont également noté que les populations isolées sont différentes entre les
régions allaitantes et les régions laitières (la différence entre les sous-types 1b et 1e est
significative). Les hypothèses émises par les auteurs sont une spécificité géographique ou une
spécificité de filière (réseaux d’échanges d’animaux d’origine particulière), avec une forte
prévalence du sous-type 1e, ou bien une spécificité liée au mode d’élevage (vaccination plus
importante en élevage allaitant).
On peut par ailleurs noter que le BVDV-2 connaît une émergence particulière,
notamment dans le département de la Nièvre, où une étude a démontré que 10 des 30 souches
de BVDV étudiées appartenaient à cette espèce, ce qui est bien plus que ce qui a été constaté
jusqu’à présent dans l’ensemble du pays.
-
Profil des isolats italiens
Quand toutes les souches retrouvées dans les différentes études italiennes (Falcone et
al., 2003, Luzzago et al., 2001, Vilcek et al, 2001) sont étudiées ensemble, on retrouve
43,56% de prévalence pour 1b, 18,81% pour 1d, 15,84% pour 1e, 14,85% pour 1a, 1,98%
pour 1f, 0,99% pour 1h et 0,99% pour 1j. Aucun virus des groupes 1c, 1g, 1i ou 1k n’a été
identifié à ce jour et 1,98% appartiennent au génotype 2.
Dans l’étude de Ciulli et al. en 2008, toutes les souches retrouvées appartenaient au
génotype BVDV-1, et aucun BVDV-2 n’a été retrouvé. Cent pour cent d’identité était
retrouvé entre tous les virus d’une même ferme. Sur une ferme infectée depuis longtemps (1112 mois), une substitution a été observée sur trois des treize virus trouvés sur la ferme. Entre
les fermes, la similarité des souches variait de 89,4 à 100%.
69
Les groupes de BVDV-1 identifiés étaient les sous-génotypes 1b, le 1d, 1a et 1f.
Aucun sous-génotype 1e n’a été identifié, bien que ce groupe fût le plus prévalent dans une
étude antérieure (26,3% dans l’étude de Falcone et al., 2003). La plupart des fermes analysées
ici étaient infectées par le sous-génotype 1d (40%), 30% par le 1b, 20% par le 1a et 10% par
le 1f. Les virus 1b avaient plus de 95,5% d’identité, ceux du 1d plus de 96,2% et le 1a plus de
99%. D’autres études trouvèrent du 1b, du 1e, du 1d, du 1h, du 1f et certaines souches non
classifiées bien qu’ayant été incluses dans le groupe 1j par Vilcek et al. en 2004, malgré des
valeurs de certitude faibles.
-
Autres pays européens
Les isolats allemands ont été classifiés parmi les BVDV-1d, e, f et g. Le BVDV-1d est
le deuxième en terme de prévalence. Au Danemark et en Slovénie, ce génotype était aussi le
plus prévalent (Uttenthal et al., 2005). En Belgique et au Portugal c’est le 1b qui était le plus
prévalent (Barros et al., 2006, Couvreur et al., 2002). Les bovins peuvent facilement être
exportés entre les pays européens, ce qui peut expliquer la diversité des isolats allemands.
Le sous-type 1i a été retrouvé au Royaume-Uni (Vilcek et al., 2001).
Loken et al. ont réalisé une étude datant de 1991 en Norvège dans laquelle ils ont
constaté que bovins et ovins présentaient des Ac neutralisant une même souche de virus, la
souche NADL. Ces Ac ont été identifiés chez 18,5% des troupeaux laitiers, et 4,5% des
troupeaux d’ovins. Cependant, comme cité auparavant, la prévalence actuelle d’animaux
atteints de BVD est très faible en raison du programme d’éradication mis en place dans ce
pays.
-
Pays non européens
En Argentine, certains auteurs rapportent que les deux espèces BVDV-1 et BVDV-2
sont présentes dans le pays. On retrouve la même constatation en Inde où les BVDV-1b et 1c,
ainsi que le BVDV-2a et le BVDV-2b ont été identifiés.
Le BVDV-1b est le génotype le plus courant au Japon et aux États-Unis. Le BVDV-1a
est le second génotype présent au Japon. Le BVDV-1c a seulement été isolé au Japon et en
Australie.
Le groupe des BVDV-1b au Japon est moins divers que celui des autres pays, ce qui
suggère qu’il a été conservé pendant longtemps. Ce groupe semble par ailleurs être une
branche du groupe 1b américain. Cependant, aucune relation géographique ou chronologique
n’a été observée entre les isolats américains et japonais, laissant sans explication cette
proximité génétique.
Le développement de vaccins aux États-Unis peut expliquer que la prévalence de
BVDV-1a soit basse. Cependant, on trouve des différences de prévalence pour ce génotype
entre l’Allemagne et le Japon alors que ces deux pays n’utilisent que peu de vaccins. La
distribution géographique du BVDV ne dépendrait donc pas de la vaccination (Tajima, 2006).
En Australie, en 2010, Ridpath et al. ont publié un article présentant la prévalence de
l’infection à pestivirus sur deux échantillons, l’un provenant de l’ « Elisabeth Mcarthur
Laboratory » et collecté sur 25 ans, en Australie, et l’autre provenant de l’Oklahoma State
University au Sud des États-Unis et collecté de Juin 2007 à Juin 2008.
70
Le BVDV-1 représentait plus de 99% des isolats de l’échantillon australien. Sur les
isolats restants, certains étaient du BVDV-2a (0,11%).
Toujours dans l’étude de Ridpath et al., 2010, dans le groupe d’isolats américains, le
BVDV-1 représentait aussi la majorité de l’échantillon (87,4%). Le reste des isolats était
constitué de BVDV-2a (12,6%) sans représentation d’autres sous-espèces.
Tableau 4 : Répartition des différentes espèces et sous-espèces de BVDV dans plusieurs
pays
Pays
a
Suisse
Autriche
France
Italie
Allemagne
Danemark
Portugal
Espagne
Slovaquie
Royaume-Uni
Belgique
Australie
États-Unis
Japon
Argentine
Brésil
Inde
Syrie
X
X
X
b
X
X
X
X
c
d
X
X
X
X
e
X
X
X
X
X
BVDV-1
f
g
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
i
j
k
X
X
l
X
X
X
X
X
X
X
X
X
h
X
X
X
X
X
BVDV-2
a
b
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
3.2.1.2. Le BDV
3.2.1.2.1. Présence dans le monde
Le tableau 5 fait le récapitulatif des pays dans lesquels ont été retrouvées les
différentes sous-espèces de BDV.
Dans les premières années qui ont suivi sa description et sa première identification en
Angleterre et au pays de Galle, la BD a été décrite dans de nombreux pays: en GrandeBretagne (Hugues et al., 1959), en Nouvelle-Zélande, aux États-Unis et en Australie.
Depuis sa première description, elle a été identifiée en Ecosse, en Irlande, en Suisse,
en Grèce, aux Pays-Bas, en Norvège, en Allemagne, en Syrie, en France, en Suède, en Italie,
en Hongrie, au Danemark, en Australie, aux États-Unis, au Canada, en Nouvelle Zélande, au
Niger, en Israël, en Tunisie (Krametter-Froetscher et al., 2007).
Au Pays Basque, le BDV est une cause majeure d’avortement ovin. Il est largement
distribué et a été rapporté dans diverses provinces d’Espagne (Alvarez et al., 1989, Berriatua
et al., 2004).
71
3.2.1.2.2. Répartition des différents génotypes
Le BDV-1, génotype considéré comme « classique », a été isolé d’ovins notamment
aux États-Unis (Ridpath et Bolin, 1997), au Royaume-Uni (Vilcek et al., 1997), en Australie
(Becher et al., 1997), en Nouvelle-Zélande (Vilcek et al., 1997) et dans plusieurs autres pays.
Le BDV-2 a été isolé chez des ovins en Allemagne (Becher et al., 2003).
Le BDV-3 a été isolé en Suisse (Stalder et al., 2005), en Autriche (Hornberg et al.,
2009, Krametter-Froetscher et al., 2007), en Allemagne (Becher et al., 2003). Il est représenté
par la souche « Gifhorn » (d’après le nom de la région basse saxone allemande).
Le BDV-4 a été trouvé en Espagne et au Pays-Bas. Les travaux de Houe en 2003
suggéraient en effet que les virus de la région du pays Basque avaient une origine commune.
Des isolats espagnols ont par la suite été intégrés à ce groupe renommé BDV-4 (Arnal et al.,
2004, Valdazo-Gonzalez et al., 2007).
Le BDV-5 (souche AV isolée en Aveyron) et le BDV-6 (composé de souches
collectées sur 16 ans dans l’espèce ovine) ont été isolés en France (Dubois et al., 2008).
En 2011, Giammarioli et al. rapportent la première présence avérée de BDV en Italie.
Des cas de Border disease sont rapportés depuis les années 90 mais les souches responsables
se sont avérées appartenir au BVDV-2 (Pratelli et al., 2001). Dans l’article publié par
Giammarioli et al., les virus identifiés dans des cas de troupeaux présentant des problèmes de
reproduction appartiennent à un nouveau sous-groupe du BDV. Les auteurs ont utilisé les
méthodes de séquençage des régions 5’-UTR et Npro, et en ont conclu à l’existence de ce
groupe qu’ils ont nommé BDV-7.
Cas particulier de la France
L’étude de Dubois et al. en 2008 a été réalisée à partir d’échantillons collectés chez
des moutons présentant un syndrome hémorragique ou des avortements entre 1985 et 2006
dans les régions du Centre, de l’Aquitaine, du Midi-Pyrénées et de la Provence-Alpes Côte
d’Azur.
Le résultat montre que les pestivirus ovins en France peuvent être séparés en quatre
génotypes. Trois de ces groupes sont des souches de BDV. Un groupe est fortement relié à
des souches de BDV espagnoles et appartient au même groupe que le BDV-4 identifié chez
un chamois. On retrouve deux virus de la région Provence-Alpes Côte d’Azur reliés aux
isolats des moutons tunisiens (Thabti et al., 2005). La similarité retrouvée chez ces virus
isolés dans des régions d’élevage bien distinctes peut être associée au commerce entre ces
régions. Les auteurs suggèrent dans cet article, en considérant la gamme de séquences
divergentes trouvées par Becher et al. en 2003, que la souche AV soit classée comme souche
de référence pour un nouveau groupe, le BDV-5.
Un autre groupe de BDV trouvé par les auteurs correspondait à un nouveau groupe
sans similarité phylogénétique avec d’autres pestivirus de l’époque, pouvant donc être
identifié en un groupe appelé BDV-6. Un deuxième groupe de virus s’avère appartenir au
groupe BDV-3 précédemment retrouvé en Allemagne et en Suède (Becher et al., 2003,
Stalder et al., 2005). D’après les auteurs, il est raisonnable de penser que ces deux groupes de
pestivirus sont enzootiques dans les régions françaises concernées. D’autre part, le groupe
relié aux isolats tunisiens montre l’importance du rôle du commerce d’échange avec les pays
72
nord-africains. Toutefois, il ne peut pas être prouvé que cet isolat circule encore actuellement
en France.
Dans cette étude, aucun BDV-1 n’a été identifié, malgré le fait qu’il soit répandu assez
largement (Hurtado et al., 2003, Vilcek et al., 1997).
Tableau 5 : Principaux pays où sont retrouvées différentes sous-espèces de BDV
Enzootique
Allemagne
Autriche
Espagne
Suisse
France
BDV-1
X
X
X
X
X
X
BDV-2
BDV-3
BDV-4
BDV-5
BDV-6
X
X
X
X
X
X
3.2.2. Prévalence des infections à pestivirus
Les études menées par divers auteurs dans le monde s’intéressent principalement au
nombre d’animaux séropositifs ou bien au nombre de troupeaux comprenant au moins un
animal séropositif. On distinguera donc les cas d’animaux séropositifs (« séroprévalence »),
les cas d’animaux viropositifs ou encore les cas d’animaux infectés permanents (« prévalence
en IPI »). En regard de la durée de la virémie comparée à la durée d’apparition des Ac
(paragraphes 1.1.4 et 2.1.1.2.), il n’est probablement pas très courant qu’un individu soit à la
fois viropositif et séropositif, même si cela peut arriver.
La plupart des données publiées concernent la séroprévalence qui reflète le taux de
d’infection des bovins ou des ovins par des pestivirus. De plus rares études font état de la
prévalence en animaux viropositifs (IPI et infectés transitoires confondus) ou bien de la
prévalence en IPI ou bien encore de la séroprévalence déterminée à partir du lait de tank dans
les élevages laitiers.
Les différentes prévalences de l’infection à BVDV et de l’infection à BDV sont
présentées respectivement dans les tableaux 6 et 7.
Les valeurs de prévalence, et en particulier celles de la séroprévalence peuvent être
très différentes d’un pays à l’autre. Les hypothèses évoquées par les auteurs pour expliquer
ces différences sont que des facteurs tels que la densité du cheptel, les pratiques d’élevage ou
la vaccination influencent la circulation virale.
La pluralité des espèces et des sous-groupes de virus responsables du BVD et de la BD
rend l’étude de leur prévalence difficile. En effet, les auteurs qui étudient ces prévalences les
différencient en fonction de l’espèce ou du génotype auxquels le virus mis en cause
appartient. Mais la connaissance des différentes espèces et des différents sous-groupes des
pestivirus a beaucoup évolué au fil du temps et des techniques utilisées. On retrouve ainsi de
vieilles études qui confondent les différentes espèces, et des études plus récentes qui
rapportent les taux de prévalence en fonction des génotypes viraux.
73
3.2.2.1. Séroprévalence du BVDV
-
Séroprévalence de troupeau (=Pourcentage de troupeaux possédant au moins
un individu séropositif)
Dans les années 90, la séroprévalence de troupeau variait de 28% en Norvège à 100%
dans plusieurs pays (Belgique, Danemark, Suisse, États-Unis, Chili). La plupart des valeurs
actuelles sont également élevées, que ce soit en Europe ou en Amérique du Nord et du Sud.
Cependant, avec la mise en place de plans d’éradication, notamment dans les pays
scandinaves et en Suisse, les valeurs de séroprévalence et de prévalence en animaux
viropositifs ont beaucoup diminué (Presi et al., 2011)
-
Séroprévalence individuelle (=Pourcentage d’individus séropositifs parmi la
population du pays)
Généralités
Les valeurs de la séroprévalence individuelle sont encore plus diverses. Dans les
années 90, les valeurs variaient d’une dizaine de pour cent pour la Tanzanie (12%), l’Inde
(15%), la Slovénie (17%) ou la Norvège (19%) à plus de 80% pour les États-Unis (89%), la
Pologne (86%), la Suisse (84%) ou le Chili (81%) (Goyal et Ridpath, 2005).
Suisse
En Suisse, avant la mise en place de plan d’éradication, la séroprévalence n’avait pas
beaucoup changé depuis 30 ans. La vaccination y était utilisée rarement. Ceci suggère que le
virus avait peut-être atteint un état d’équilibre épidémiologique (Bachofen et al., 2008). Dans
cette situation, la séroprévalence retrouvée était d’environ 60%. Aucune ferme n’était
indemne. Depuis la mise en place d’un plan d’éradication en 2008, la séroprévalence à
beaucoup diminué ainsi que le nombre de nouveau-nés viropositifs qui a diminué de 1,8% à
moins de 0,2% (Presi et al., 2011).
Pays scandinaves
Actuellement, la séroprévalence y est inférieure à 0,1% grâce à la mise en place des plans
d’éradication.
Argentine
En Argentine, la séroprévalence du BVDV chez les bovins adultes est d’environ 70%
(Julia et al., 2009).
Corée du Sud
La séroprévalence individuelle trouvée par Lee et al. en 2008 par la méthode AcELISA (58%) est similaire à celle des autres pays (Loneragan et al., 2005).
En terme de prévalence d’animaux viropositifs, Lee et al. ont trouvé une valeur de 0%
par RT-PCR, mais ces auteurs précisent que lors d’une autre étude réalisée en Corée, 20 des
254 foetus avortés testés étaient positifs par RT-PCR en virus BVDV (Park et al., 2004).
74
Inde (Mishra et al., 2011)
Dans les années 80, la séroprévalence était de 40,6%. Ensuite, dans une étude réalisée
de 1999 à 2004, une séroprévalence de 30% a été retrouvée. Dans une étude encore plus
récente, datant de 2008, les auteurs trouvèrent une séroprévalence de 37,6%.
-
Prévalence des IPI
Plusieurs études ont montré que la prévalence des IPI parmi la population générale
bovine est inférieure à 2% en Europe. A l’échelle du troupeau, la présence d’IPI peut être plus
élevée. Aucune différence n’a été notée entre les races laitières et bouchères.
•
Echelle du troupeau (=Prévalence de troupeau possédant au moins un IPI)
En Belgique, la prévalence de troupeaux possédant au moins un IPI était de 44% dans
les années 90. Au Danemark, pendant la fin des années 80, elle était de 53%. En Allemagne,
également pendant les années 90, cette prévalence était de 45%.
En 2008, Ciulli et al. ont constaté que 70% des fermes italiennes possédaient un IPI.
Ils ont par ailleurs retrouvé une moyenne de 3,9% d’IPI par ferme. Dans certaines fermes, la
prévalence en IPI s’est avérée supérieure à ce qui est retrouvé dans d’autres études. Les
auteurs pensent que cela peut être dû à une entrée synchrone de plusieurs gestantes atteintes.
•
Echelle individuelle (=Prévalence des IPI au sein de la population du pays)
A cette échelle, le pourcentage d’animaux de la population générale détecté IPI est
plus faible, généralement inférieur à 1% pour la plupart des pays (Baker et al., 1987, Houe
1995, Loneragan et al., 2005)
Comme déjà cité au paragraphe 3.1.7., la prévalence en IPI aux États-Unis est inférieure
ou égale à 0,3% dans la filière bouchère (O’Connor et al., 2007), les ateliers d’engraissement
(Loneragan et al., 2005) et la filière laitière (Houe, 1995), ce qui est inférieur aux valeurs
européennes mais peut être dû à une sous-estimation.
.
Dans la fin des années 90, le pourcentage d’individus infectés permanents était de
0,9% parmi la population bovine Suisse d’après l’étude de Braun et al. en 1998, ce qui est
comparable à d’autres résultats (Houe, 1995). Dans l’étude de Bachofen et al. (2008), la
prévalence en IPI est comparable : elle est de 0,7%. Les auteurs considéraient alors que le
BVD en Suisse avait atteint un état d’équilibre épidémiologique. Comme déjà évoqué, la
Suisse a mis en place en 2008 un plan d’éradication. Lors de la première phase de ce plan,
l’ensemble de la population bovine a été testée par méthode ELISA ou RT-PCR et il a été
constaté que 0,81% des bovins de ce pays étaient viropositifs. Actuellement, la prévalence
d’individus viroposififs à la naissance est inférieure à 0,2% (Presi et al., 2011)
75
Tableau 6 : Séroprévalence et viroprévalence de l’infection par le BVDV
Pays
Prévalence
troupeau (%)
Prévalence
individuelle(%)
Prévalence
en IPI (%)
Belgique
100 a
66 a
…
Prévalence de
lait de tank
(%)
…
Danemark
100 a
64 a
…
…
Pays-Bas
…
65 a
…
…
Pologne
…
86 a
…
…
Ecosse
…
78 a
…
…
Slovénie
…
17 a
…
…
Espagne
86 a
21 a
…
…
Royaume-Uni
…
65 a
…
95a
Suisse3
…
<1%
0,6 a
<0,2 a
…
…
Pays
scandinaves4
États-Unis
60 a
<?
<1%
80 à 100 a
29 à 91a
<0,3
0 Troup. <100
vaches
0,1
…
…
90 a
53 a (allaitant)
38 a (laitier)
71a (laitier)
63a (allaitant)
56 a
…
…
Chili
100 a
74 a
…
…
Vénézuela
…
36 a
…
…
Tanzanie
…
34 a
Egypte
Inde
Corée du Sud
…
…
>99b
49,2g
30a
58b 0c
…
…
…
…
…
…
…
Mexique
…
Brésil
Goyal et
Ridpath, 20052
Goyal et
Ridpath, 2005
Goyal et
Ridpath, 2005
Goyal et
Ridpath, 2005
Goyal et
Ridpath, 2005
Goyal et
Ridpath, 2005
Goyal et
Ridpath, 2005
Goyal et
Ridpath, 2005
Bachofen, 2008
Presi,2011
…
12,8 Troup.
>500 vaches
…
Canada
Référence
Van Campen,
2010,
Goyal et
Ridpath, 2005
Goyal et
Ridpath, 2005
Goyal et
Ridpath, 2005
Goyal et
Ridpath, 2005
Goyal et
Ridpath, 2005
Goyal et
Ridpath, 2005
Goyal et
Ridpath, 2005
Zaghawa, 1998
Mishra, 2011
Lee, 2008
Nouvelle78 a 1
63 a
Goyal et
Zélande
Ridpath, 2005
a
Séroprévalence, méthode non précisée
e
Neutralisation virale = animal viropositif
b
Ac-ELISA = animal séropositif = > « séroprévalence » f
IPMA=
animal viropositif
c
RT-PCR = animal viropositif
g
Ac-CBIA= animal séropositif
d
Ag-ELISA = animal viropositif
76
Remarques sur le tableau:
1
Seulement 2 échantillons / ferme
La plupart des données issues de Goyal et Ridpath datent de la fin des années 90
3
Les premières valeurs sont celles avant mise en place de plan d’éradication, les deuxièmes
sont celles 3 ans après.
4
Après éradication
… Donnée non disponible
2
3.2.2.2. Séroprévalence de l’infection par le BDV
En ce qui concerne les ovins, la séroprévalence est très variable. Elle est parfois nulle,
et l’infection peut présenter une répartition géographique bien particulière, ou dépendre du
statut du troupeau. En 2005, le taux de séroprévalence de la maladie variait de 5 à 50% selon
les pays ou les régions d’un même pays (Nettleton, 2000, OIE, 2005b).
La séroprévalence en Europe varie de 4,5% à 65% à l’échelle individuelle et de 8,3% à
67% à l’échelle du troupeau. Des variations géographiques marquées ont été notées dans
plusieurs pays (Graham et al., 2001).
La séroprévalence au sein d’un troupeau peut différer des valeurs régionales. Ainsi,
une séroprévalence de 29% a été rencontrée dans un troupeau nouvellement infecté de BD.
Espagne
Le cheptel ovin espagnol étant très important, de nombreuses études portées sur le
BDV ont été réalisées dans ce pays.
Des études régionales dans la péninsule ibérique ont montré des séroprévalences
individuelles de 17-18% et des séroprévalences à l’échelle du troupeau de 39-50% (Alvarez et
al., 1989). Une étude menée sur l’étiologie des avortements des moutons au Nord de
l’Espagne a montré que la BD était la deuxième cause la plus commune, à hauteur d’environ
27% des avortements de cette étude (Barandika et al., 2002).
Valdazo-Gonzales et al. en 2006 ont isolé des BDV dans les régions de Castille et
León et de Castille-la Mancha. Dans ces régions, 8 à 93% des animaux d’un troupeau étaient
séropositifs.
Toujours en 2006, mais dans l’étude réalisée par Berriatua et al., grâce à une étude sur
lait de tank, il a été constaté que 68% des troupeaux étudiés comprenaient au moins un animal
séropositif, avec des disparités régionales variant de 54-55% en Gipuzkoa et Bizkaia à 93%
en Araba. La séroprévalence rencontrée dans d’autres régions d’Espagne étaient plus faibles :
50% à Madrid, 48% en Castille-Leon et 10% en Asturie (Alavrez et al., 1989).
L’étude de séroprévalence au sein d’un troupeau a montré que 61% des troupeaux
présentaient une séroprévalence supérieure à 30%, que 7% présentaient une séroprévalence
entre 10 et 30% et que 33% présentaient une séroprévalence inférieure à 10%. Les auteurs
ont par ailleurs remarqué que la séroprévalence de troupeau augmentait avec la taille.
Au Nord de l’Espagne, d’autres études ont montré 4 à 21% de séropositivité chez les
adultes et 10 à 93% à l’échelle du troupeau (Alvarez et al., 1989, Berriatua et al., 2006).
77
Une autre étude réalisée par Valdazo-Gonzales et al. en 2008 a consisté à déterminer
le taux d’agneaux viropositifs et séropositifs en Espagne, à partir d’échantillons recueillis en
abattoir (de 2001 à 2003) soit au hasard, soit parmi des animaux malades, soit parmi des
agneaux issus d’un centre d’engraissement. Les auteurs ont constaté que 0,24% des individus
étaient viropositifs (par la méthode IPMA ou Indirect Peroxidase Mono Assay) et que 17,6%
étaient séropositifs (méthode de recherche d’Ac neutralisants par neutralisation virale).
D’autre part, les auteurs ont comparé la fréquence d‘échantillons viropositifs entre ceux issus
des agneaux malades et ceux collectés au hasard. Sans surprise, cette fréquence était
significativement plus haute chez les agneaux malades que chez ceux collectés au hasard.
Enfin, parmi les agneaux issus du centre d’engraissement, la prévalence d’individus
viropositifs (38,6%) était significativement plus haute que chez les agneaux prélevés au
hasard. La séroprévalence était aussi plus faible dans ce groupe, suggérant une plus grande
proportion d’individus IPI en comparaison des échantillons prélevés au hasard.
Autriche
En Autriche, les Ac dirigés contre les pestivirus ont été détectés chez 29,4% des
individus, et 62,9% des troupeaux (Krametter-Froetscher et al., 2007). La proportion
d’animaux séropositifs au sein d’un troupeau variait de 1 à 100%.
D’importantes différences régionales ont été notées dans l’atteinte des troupeaux, la
séroprévalence variant de 23,8% en Basse-Autriche à 89,1% au Tyrol. On retrouve cette
différence pour les valeurs de séroprévalence individuelles.
Les auteurs ont constaté que les valeurs de séroprévalence de troupeau retrouvées dans
leur étude étaient bien plus élevées que celles retrouvées dans des études précédentes dans
d’autres pays, excepté en Suisse.
D’après les auteurs, en ce qui concerne la séroprévalence individuelle, les
ressemblances sont moins grandes, et les valeurs retrouvées en Suisse, Irlande du nord et
Angleterre et Pays de Galle sont plus basses que celles retrouvées dans l’étude présentée ici.
Les différences régionales constatées en Autriche peuvent être dues aux pratiques
d’élevage et à la géographie. Par exemple, au Tyrol et à Vorarlberg, les troupeaux vont sur les
pâtures alpines depuis des centaines d’années.
Pays-Bas
Selon les résultats de Orsel et al. en 2009, la séroprévalence chez les petits ruminants
est d’environ 45% (méthode ELISA) aux Pays-Bas. La plupart des fermes ont une
séroprévalence inférieure à 10%. Aucune ferme n’a de prévalence supérieure à 70%.
L’estimation de la séroprévalence à l’échelle du troupeau, que ce soit pour le BVDV
ou le BDV est de 45% dans les troupeaux d’ovins. La séroprévalence au sein d’un troupeau
varie beaucoup, d’un seul animal positif à la totalité.
Québec
En 1984, Lamontagne et Roy décrivent la présence d’anticorps contre les pestivirus
parmi les ovins et les caprins au Québec, sur un prélèvement représentant 10% de la
population. Les données concernant l’âge, le sexe et la race ont également été relevées.
78
Des anticorps neutralisants ont été retrouvés pour 10.9% des prélèvements. Des
variations significatives de séroprévalence ont été observées en fonction des régions. En
revanche, aucune différence significative n’a été constatée en fonction du sexe, de l’âge ou de
la race.
Cette étude a montré la circulation de BDV au Québec malgré l’absence de signe
clinique de cette maladie. Un taux similaire de présence et une répartition régionale avaient
déjà été remarqués en Angleterre (Sands et Harkness, 1978).
Autres pays
Une haute séroprévalence a aussi été retrouvée dans d’autres pays, comme au
Royaume-Uni où elle est supérieure à 90% (Gaham et al., 2001, Paton et al., 1998), en Suède
où elle était supérieure à 80% avant la mise en place de contrôle.
-
Prévalence en IPI
Différentes études menées dans le monde ont révélé une prévalence d’IPI entre 0,3%
et 20% dans les troupeaux présentant des signes cliniques de BD (Valdazo-Gonzalez et al.,
2006). Mais c’est surtout en Espagne que ces informations sont fournies.
La prévalence d’IPI dans l’étude de Valdazo-Gonzalez et al. en 2006 parmi les
troupeaux était de 0,3 et 0,6%, en concordance avec les résultats de Berriatua et al. en 2004
qui trouvèrent entre 0,5 et 0,7% de prévalence.
On peut remarquer que Carlsson indique dans son article de 1991 qu’il y a une plus
grande prévalence des IPI chez les bovins que chez les ovins.
79
Tableau 7 : Séroprévalence et viroprévalence de l’infection par le BDV
Pays
Prévalence
troupeau
(%)
62,9b
Prévalence Prévalence Prévalence Référence(s)
individuelle en IPI (%) de lait de
(%)
tank (%)
b
Autriche
29,4
0,32
KrametterFroetscher,
2010
Espagne
10-93b
4-21b
0,3-20
54-55 à 93 Valadazo0,24f
9c
Gonzales,
7,1f
2007,
d+f
38,6
Berriatua,
2006
d
Pays-Bas
45
Orsel, 2009
28e
Argentine
70a
Julia et al.,
2009
e
Turquie
2
Oguzolglu,
2009
b
Allemagne
30,2
KrametterFroetscher
et al., 2007
Suède
1,1b
KrametterFroetscher
et al., 2007
b
Norvège
4,5
KrametterFroetscher
et al., 2007
b
b
Irlande du 30,4
5,3
Graham,
Nord
2001
Royaume10,8b
KrametterUni
Froetscher
et al., 2007
g
Egypte
27,5
Zaghawa,
1998
a
Séroprévalence, méthode non précisée
b
Ac-ELISA = animal séropositif = > « séroprévalence »
c
RT-PCR = animal viropositif
d
Ag-ELISA = animal viropositif
e
Neutralisation virale = animal viropositif
f
IPMA= animal viropositif
g
Ac-CBIA= animal séropositif = > « séroprévalence »
80
Remarque
Abattoir
Pris au hasard
Engraissement
3.3. Programmes de lutte existants
De tels programmes n’existent que pour le BVDV. A ce jour, près de 10 pays
européens ont mis en place des plans d’éradication contre le BVD.
Un programme d’éradication contre le BVD/MD a été mis en place dès le début des
années 90 dans les pays scandinaves (Norvège, Suède, Danemark, Finlande) avec des
résultats prometteurs (Lindberg et Alenius, 1999, Rossmanith et al., 2001). Actuellement,
l’incidence annuelle du BVD dans ces pays est inférieure à 0,01%, et la prévalence actuelle
est inférieure à 0,1% dans ces pays (Lindberg et al., 2006, Sandvik 2004). En 1996, un
programme d’éradication similaire à celui de la Suède a été introduit en Basse Autriche.
Les autres pays européens, notamment la Slovénie et l’Italie il y a quelques années, la
Suisse en 2008 ou l’Allemagne en 2011 ont introduit des plans d’éradication (Ferrari et al.
1997, Grom et Barlic-Maganja 1999, Presi et al., 2011) ou le prévoient (Pays-Bas).
D’autre part, les infections dues au BVDV ont aussi été éradiquées des élevages
bovins de l’archipel des Shetland en Ecosse.
En France, il n’existe pas de plan d’éradication à l’échelle nationale, mais différents
GDS ont mis en place des plans individuels, comme en Bretagne, en Bourgogne ou dans les
Vosges, à la demande des éleveurs.
3.3.1. Les stratégies de contrôle et d’éradication du BVDV (Houe et al., 2006)
Dans la littérature, les termes de « contrôle » et d’ « éradication » sont utilisés pour
désigner différents degrés de limitation de la maladie ou de l’infection. Le contrôle aurait pour
but de réduire le taux de prévalence à une valeur basse, sans pour autant parvenir à une totale
disparition de la maladie, tandis que l’éradication aurait pour but l’élimination de toute
circulation de l’agent pathogène. Dans le cas du BVDV, la vaccination est en général utilisée
dans un but de contrôle, et l’absence de vaccination, associée à des mesures strictes de
biosécurité, vise à l’éradication. Cependant, certains programmes d’éradication utilisent la
vaccination, rendant la distinction entre « contrôle » et « éradication » inadéquate. Il a ainsi
été suggéré d’utiliser les termes d’approche « systématique » (réduction de l’incidence et de la
prévalence à grande échelle) et « non systématique » (toute mesure appliquée à l’échelle du
troupeau).
Un programme de contrôle systématique n’utilisant pas la vaccination est en général
décliné en quatre phases : Une première phase de qualification du statut des troupeaux grâce à
divers tests initiaux, une deuxième phase d’identification des animaux infectés au sein d’un
troupeau, une troisième phase de suivi des troupeaux indemnes, et une quatrième phase
comprenant des tests inclus dans plusieurs autres mesures de biosécurité pour éviter toute
réinfection. Ce programme est utilisé par les pays scandinaves.
Les tests utilisés dans les différentes phases doivent leur être adaptés. À titre
d’exemple, l’utilisation du test ELISA-Ac à partir du lait de tank est adaptée à la première
phase car le niveau d’Ac présents dans le lait de tank est bien corrélé au nombre d’animaux
séropositifs dans le troupeau. Par sa haute sensibilité mais sa faible spécificité, ce test est utile
pour identifier les troupeaux séropositifs, qu’il détecte presque à chaque fois, mais il est
nécessaire de confirmer les résultats positifs car il est susceptible de donner de nombreux
résultats faussement positifs. En revanche, pour savoir si un IPI est toujours présent dans le
81
troupeau, ce test ne sera pas adapté car il faut plusieurs années pour qu’il donne un résultat
négatif après élimination du dernier IPI. Dans ce cas, les tests ponctuels des lots d’animaux
jeunes sont plus adaptés car il suffit de quelques mois pour que ces lots soient séronégatifs
après l’élimination du dernier IPI.
Pendant la deuxième phase, il faut identifier précisément les IPI dans les troupeaux où
le test d’animaux jeunes a révélé leur présence. Il faut alors être attentif à d’éventuels signes
cliniques évoquant la présence de BVDV. Dans le cas où il n’y en a pas, une procédure
répandue est de tester tous les animaux de 3 mois ou plus pour savoir s’ils sont viropositifs.
Cependant, puisqu’on ne connaît pas le statut sérologique des animaux viropositifs, il est
impossible d’identifier à coup sûr un IPI. Une autre procédure est alors d’identifier tous les
animaux séronégatifs puis de les tester pour la présence de virus. L’inconvénient associé à
cette dernière procédure est lié à la possibilité qu’un IPI soit séropositif suite à une exposition
à une souche hétérologue.
Pour le suivi des troupeaux indemnes de BVDV, les méthodes sont similaires à celles
utilisées pour établir le statut du troupeau (première phase). Chez les troupeaux vaccinés,
garder quelques individus non vaccinés permet de mettre en place des sentinelles car le profil
en Ac est le même chez les animaux des troupeaux vaccinés et non vaccinés contenant un IPI.
Dans un programme qui pour une raison ou pour une autre ne peut appliquer le
système scandinave, la vaccination sytématique suite à la sortie du dernier IPI est utilisée pour
minimiser le risque de dissémination de virus dans le troupeau. Les diverses phases évoquées
dans l’approche scandinave sont toujours présentes. Comme la vaccination peut interférer
avec le test sur lait de tank, il faut alors laisser quelques animaux non vaccinés en guise de
sentinelle dans les troupeaux ayant éliminé le dernier IPI.
3.3.2. Exemple du programme d’éradication suisse
Avant la mise en place d’un plan d’éradication suisse, la séropositivité des animaux
dans ce pays était de 60% à l’échelle individuelle, de 100% à l’échelle du troupeau et 0,6%
des jeunes veaux étaient des IPI (Rufenacht et al., 2000). Avec peu de changements au fil des
années, la situation de l’époque reflétait l’épidémiologie du BVD dans une population
importante de bovins sans mesures de contrôle. Avec la mise en place du plan d’éradication
dans ce pays en 2008, la proportion de nouveaux-nés viropositifs (IPI et non IPI confondus) a
drastiquement diminué, passant de 1,8% à moins de 0,2% (Presi et al., 2011). Ce plan
d’éradication est constitué de trois phases associées à des restrictions de mouvement et des
abattages: la première a consisté à tester tous les bovins présents sur le territoire et à détecter
les IPI sauf ceux qui étaient encore en cours de gestation. La deuxième, en testant tous les
nouveau-nés, a permis l’identification des IPI qui étaient en cours de gestation pendant la
phase 1. La phase 3 consiste à continuer à tester tous les nouveau-nés, et à rechercher
l’origine de la naissance d’un éventuel IPI, qui n’est pas censé apparaître suite à la mise en
place des deux premières phases.
82
Les caractéristiques épidémiologiques de l’infection par le BVDV et le BDV sont très
similaires.
Les valeurs de la séroprévalence individuelle et à l’échelle du troupeau des bovins
ayant été en contact avec le BVDV, ou des ovins ayant été en contact avec le BDV, et les
valeurs de prévalence d’IPI dans les troupeaux ou dans une population donnée varient d’un
pays à l’autre en fonction de ses pratiques d’élevage, de son marché, de la mise en place ou
non d’un plan d’éradication et de nombreux autres facteurs.
Par ailleurs, d’importantes différences existent dans la répartition des génotypes de
BVDV et des sous-génotypes de BVDV-1, BVDV-2 et BDV. Globalement, le BVDV-1 est
enzootique tandis que le BVDV-2 reste principalement détecté en Amérique du Nord à
l’exception de quelques cas. L’infection par le BDV est également enzootique car détectée
dans de nombreux pays, même si comme pour le BVDV, une répartition existe en fonction
des sous-génotypes.
Les conséquences sanitaires de l’infection par ces virus ont conduit certains pays à
mettre en place des plans d’éradication contre le BVD. Pour cela, l’identification de facteurs
de risque associés à l’infection est indispensable. Le BVDV et le BDV présentent le même
pouvoir de dissémination grâce à l’existence des IPI et à la contamination horizontale efficace
dont ils sont à l’origine, faisant des densités animales élevées, des pâtures partagées et des
différents actes d’élevage (tatouage, injections,…) des facteurs de risque importants.
D’autres sources de contamination sont aussi à prendre en compte, telles que les
infectés transitoires ou la semence de mâle infecté
L’étude des caractères épidémiologiques de l’infection par le BVDV et par le BDV
permet de mettre en place des programmes de lutte, ou tout simplement d’éviter des
contaminations de troupeaux sains à titre individuel, mais il faut également évoquer la
possibilité que le BVDV et le BDV soient capables d’infecter d’autres espèces, et soient alors
susceptibles de constituer ainsi des nouvelles sources de virus, voire même éventuellement
des réservoirs qu’il faudrait alors prendre en compte dans n’importe quel programme de lutte,
qui ne s’appliquent actuellement qu’au BVDV.
83
QUATRIÈME PARTIE :
Pestiviroses et barrière d’espèce.
Conséquences pour les plans d’éradication
84
4.1. Quelques définitions
Avant d’aborder le thème primordial du franchissement de la barrière d’espèce par les
pestivirus, il est nécessaire de donner quelques définitions permettant de mieux appréhender
les notions qui sous-tendent ce phénomène.
Barrière d’espèce : Ce terme recouvre différents concepts mais on peut lui donner la
définition suivante : « Difficulté ou incapacité pour un agent infectieux d’être transmis
efficacement (aptitude à se multiplier, voire à être retransmis à un autre individu de la même
espèce ou non) d’une espèce hôte à une autre espèce animale. » (Haddad Hoang-Xuan N.,
2011, Communication personnelle). On peut noter que ce terme de « barrière d’espèce » est
sujet à controverse. Ainsi, M. Rudolph Virchow, père du terme « zoonose », soutenait même
dès la fin du 19e siècle qu’une telle barrière n’existait pas.
Franchissement de barrière d’espèce : Le franchissement de la barrière d’espèce consiste
donc pour un agent infectieux à pouvoir être transmis efficacement, c’est-à-dire se multiplier
et peut-être être retransmis à une espèce différente de l’espèce hôte.
Réceptivité : Aptitude d’un organisme à laisser un agent infectieux se multiplier en lui
(Toma. et al., 2001).
Sensibilité : Aptitude d’un organisme à exprimer cliniquement la maladie après contact avec
un agent pathogène (Toma. et al., 2001).
4.2. Pestivirus et barrière d’espèce
La question de barrière d’espèce se pose dès lors qu’on se rend compte que le BVDV
et le BDV infectent des hôtes qui se trouvent être des espèces animales très proches. Étudier
la réceptivité et la sensibilité des bovins au BDV et des ovins au BVDV est important pour
appréhender encore mieux l’épidémiologie du BVD/MD et de la Border disease, afin que les
plans d’éradication mis en place pour le BVD soient le plus efficaces possibles. En effet, on
peut facilement imaginer que si la réceptivité des bovins au BDV et la réceptivité des ovins au
BVDV sont bonnes, cela constituera un risque majeur d’entretien du BVD et de la BD,
d’autant plus si cette réceptivité n’est pas accompagnée d’une grande sensibilité, et que par
conséquent l’infection est masquée.
Il est connu depuis plusieurs décennies qu’un faible pourcentage de porcs non infectés
par le CSFV est séropositif aux pestivirus et il a été constaté qu’une maladie similaire à la
peste porcine classique est apparue deux fois chez des porcs en Angleterre suite à une
infection par un BDV et un BVDV (Nettleton et Entrican, 1995).
De même, il est maintenant communément admis qu’entre les bovins et les ovins, une
transmission inter-espèce arrive fréquemment car avec l’amélioration des techniques
d’identification des virus responsables de cas de BD, les auteurs ont pu constater assez tôt que
certains de ces cas étaient dus au BVDV et non au BDV. De manière générale, les pestivirus
ne seraient pas très spécifiques d’hôtes.
La transmission de l’infection entre les bovins et les ovins a ainsi été démontrée à
plusieurs reprises, notamment par Carlsson et Belák en 1991.
85
La barrière d’espèce serait donc très peu efficace et les infections croisées seraient
fréquentes. Ceci représente un enjeu important dans la lutte contre ces maladies, notamment
depuis la mise en place de plans d’éradication contre le BVD/MD. Il est donc primordial de
connaître dans quelle mesure la transmission de pestivirus d’un ovin à un bovin ou
inversement joue un rôle dans l’entretien de la maladie, de connaître la fréquence de ce type
de transmission et de savoir quel état clinique une infection croisée peut engendrer.
4.2.1. Epidémiologie des infections croisées
4.2.1.1. Infection d’un ovin par du BVDV
Les analyses phylogénétiques chez des ovins de plusieurs pays montrent que la plupart
des pestivirus infectant les ovins sont des BDV. Cependant les souches de BVDV infectent
naturellement les ovins avec une haute fréquence et les exemples d’atteinte d’un ovin par un
BVDV sont extrêmement nombreux. Il existe même des exemples de pays où le taux
d’individus séropositifs vis-à-vis du BVDV est plus important que le taux d’individus
séropositifs vis-à-vis du BDV (en Suède, en Italie, en Irlande, en Norvège et en Argentine, les
ovins sont exclusivement infectés par le BVDV).
Avant la différenciation des différentes espèces de pestivirus par les méthodes
évoquées dans la partie 1, les virus isolés chez les ovins atteints de BD étaient classés comme
BDV. Parmi ces virus, la présence d’autres pestivirus a longtemps été suspectée, donnant lieu
à l’utilisation de termes tels que « vrai BDV » et « BDV atypique » ou « BDV-like » et
« BVDV-like ». Par la suite, les études phylogénétiques ont permis de faire la différence entre
les « vrais » BDV et les « BVDV-like » mais avant la mise en place de ces techniques, de
nombreux cas de BD ont été diagnostiqués sans identification de l’espèce virale en cause,
portant ainsi à confusion les cas de BD dus à un BDV et ceux dus à un BVDV.
Ainsi, plusieurs échantillons de pestivirus isolés à partir d’ovins ont été reclassés grâce
au séquençage de la protéine E2, du gène Npro ou de la région 5’-UTR. Certains « BDV » se
sont avérés être des BVDV par ces méthodes.
Une étude menée par Giansgaspero et al. en 2004 a montré que 41.5% des souches
ovines se sont avérées être du BVDV-1 ou du BVDV-2. Une autre (Vilcek et al., 1997),
portant sur 42 pestivirus d’ovins collectés durant 18 ans en Grande-Bretagne, Suède et
Nouvelle-Zélande est parvenue à une conclusion similaire en montrant qu’au moins trois
génotypes de pestivirus circulaient parmi les ovins.
Finalement on peut dire que les pestivirus infectant les ovins sont divisés en trois
groupes : le BDV, le BVDV-1 et le BVDV-2.
-
Infections par du BVDV-1
Chez le mouton, le BVDV-1 a été retrouvé en Allemagne, en Suède et en Norvège
(Vilcek et al., 1997), au Royaume-Uni (Willoughby et al. 2006), en Italie (Pratelli et al. 2001)
et aux États-Unis (Sullivan et Akkina, 1995, Sullivan et al., 1997).
Dans l’étude de Krametter-Froetscher et al. en 2007, même si le BDV est largement
retrouvé dans les échantillons étudiés, la plupart des souches de pestivirus infectant les ovins
sont du BVDV-1. Les souches de BVDV-2 sont quant à elles très peu retrouvées dans la
86
population ovine d’Autriche.
En revanche, aucun BVDV n’a été retrouvé parmi les pestivirus ovins dans l’étude de
Valdazo-Gonzales en 2008.
-
Infections par du BVDV-2
Le nombre d’isolats ovins de BVDV-2 est limité. Cette espèce a été détectée chez des
ovins atteints de syndrome BD-like aux États-Unis (Sullivan et al., 1997), en Italie (Pratelli et
al. 2001), en Allemagne et Royaume-Uni. Tous les isolats de BVDV-2 identifiés chez des
ovins appartiennent jusqu’à présent au sous type 2a (Pratelli et al., 2001, Sullivan et al.,
1997).
En Italie, sept souches de BVDV-2 sont rapportées par Giangaspero et al. en 2004
comme ayant provoqué une BD chez de ovins. Toutes ces souches partagent le même locus
V1 (C-G) et le même locus V2 (G*U) (voir paragraphe 1.2.2.1). Elles appartiennent soit au
sous-type 2b (deux sur sept) soit au sous-type 2d (cinq sur sept).
Les auteurs suggèrent que le contrôle des infections ovines à BVDV-2 pourrait être un
moyen indirect de prévention du syndrome sévère de thrombocytopénie aux États-Unis chez
les bovins.
-
Infections mixtes
Cas de l’Argentine
Une étude a été réalisée en Argentine (Julia et al., 2009), où l’industrie ovine est
classée deuxième après l’industrie bovine, pour étudier la circulation du BVDV parmi les
ovins. Il est intéressant de noter que ce pays est reconnu indemne de BDV. Tous les
échantillons appartenaient à des animaux sans signes cliniques de maladie. Parmi les
échantillons, 46,3% étaient positifs pour le BVDV-1, 13% positifs pour le BVDV-2, 20,4%
positifs pour les deux et 14,8% négatifs pour les deux (et 5,5% des échantillons n’étaient pas
exploitables). Ces résultats montrent l’existence de contacts des ovins avec les deux BVDV et
la co-existence des deux virus sur les mêmes exploitations. Aucun des résultats n’a montré de
concordance avec le BDV, ce qui est logique puisque l’Argentine est considérée comme
indemne de BDV. Par ailleurs des animaux négatifs en sérologie et positifs en détection virale
ont suggéré la présence d’animaux IPI.
La plupart des fermes de Patagonie possèdent des ovins, mais très peu possèdent
également des bovins : ceci suggère que les ovins constituent un réservoir naturel pour le
BVDV dans cette région. De la même manière, la mise en évidence de positivité par PCR de
tous les échantillons d’une ferme sans bovins montre que le BVDV peut circuler chez les
ovins sans la participation des bovins.
Cas de l’Autriche
Les études de séroprévalence des pestivirus chez les ovins d’Autriche indiquent que
29,4% des animaux et 62,9% des troupeaux sont séropositifs, dont 85% vis-à-vis du BVDV-1,
14% vis-à-vis du BDV et 1% vis-à-vis du BVDV-2 (Krametter-Froetscher et al., 2007).
D’après les auteurs, ce résultat indique que le cheptel bovin joue un rôle clé dans la
87
dissémination des pestivirus parmi les ovins.
Cas de l’Irlande
L’étude de Graham et al. en 2001, sur les isolats infectant les ovins d’Irlande n’a pas
différencié le BVDV-1 du BVDV-2, mais il s’est avéré que le BDV était moins représenté
que le BVDV.
Cas de l’Angleterre
Au début des années 90, on constate que les souches issues d’Angleterre incluent les
trois sous-groupes supposés des petits ruminants.
Cas des Pays-Bas
Aux Pays-Bas, tous les pestivirus infectant les ovins appartenaient au groupe des BVDV
(Wensvoort et al. 1989).
Cas de la Suède
En Suède, les bovins IPI sont considérés comme une source majeure de contamination
par les pestivirus chez le mouton (Carlsson, 1991). D’autres preuves ont été apportées par la
comparaison antigénique et génétique d’isolats suédois issus de mouton et de bovins,
originaires de fermes où les bovins et les ovins étaient mélangés où gardés séparés.
En 1995, Paton et al. ont étudié différents cas de pestiviroses : celui d’une ferme ayant
eu des animaux présentant des symptômes de BD dans un groupe de moutons gardés avec des
génisses IPI, infectées par du BVDV (alors que les autres groupes de moutons, ne partageant
pas leur pâture avec des bovins, n’ont pas présenté de BD) et celui d’un cas expérimental où
du BVDV a été transmis à quatre brebis gestantes.
Tous les isolats identifiés se sont avérés être du BVDV. Il a été démontré que tous les
isolats originaires d’une même ferme étaient fortement reliés, ayant probablement une même
origine. Ceci suggère que sur les fermes concernées, la transmission de pestivirus entre les
bovins et les ovins est effective, probablement depuis les bovins vers les ovins. Les résultats
de cette étude confortent la théorie selon laquelle les bovins infectés par du BVDV sont
responsables de la majorité des infections à pestivirus en Suède.
Cas de l’Inde
L’étude effectuée par Mishra et al. en 2008 prouve l’existence du sous-type BVDV-2b
chez une espèce autre qu’un bovin, et retrouvé chez un ovin.
Les moutons de cette étude se sont révélés infectés pour sept d’entre eux par du
BVDV-1. Un isolat BVDV-2 a été identifié chez une brebis qui présentait très peu de signes
cliniques, mis à part d’un jetage, un faible taux de croissance et une faiblesse, même si le
troupeau avait un historique d’avortements. La souche identifiée était ncp. Le typage
génétique a mis en évidence le sous-type b. Cette souche partage 89,4% d’identité avec la
souche de référence 890 Nord-américaine 2a.
Les méthodes utilisées dans cette identification sont nombreuses : 5’-UTR, Npro, E2,
NS3 et NS5B. Elles montrent une évolution indépendante de cette souche. Par ailleurs son
88
origine est inconnue. L’explication la plus vraisemblable est qu’elle aurait été importée par le
commerce de produits exotiques avec les régions d’Amérique du Sud.
-
Absence de transmission
Jusque-là, les études de pestivirus des ovins en Espagne ont révélé uniquement la
présence de BDV chez des ovins (Berriatua et al., 2006, Hurtado et al., 2003, ValdazoGonzalez et al., 2006, 2007,).
Le BVDV est commun en Espagne et au Portugal (Arias et al., 2003, Barros et al.,
2006, Hurtado et al., 2003,) et les élevages extensifs d’ovins partagent souvent leur pâture
d’été avec les bovins, ce qui autorise la transmission inter-espèces. Le fait de ne trouver que
du BDV chez les ovins correspond aux résultats d’Hurtado et al. en 2003 qui n’ont retrouvé le
BVDV et le BDV que chez les espèces hôtes. La raison pour laquelle la barrière d’espèce est
apparemment plus distincte en Espagne qu’au Royaume-Uni par exemple (Vilcek et al., 1997,
Willoughby et al., 2006) reste à élucider. Même s’il existe des différences dans les méthodes
de reproduction, des facteurs tels que la durée de partage des pâtures ou la faculté de survie du
virus en dehors de l’hôte semblent être les explications les plus probables.
En 1995, Paton et al. rappellent dans leur article que les isolats de pestivirus de
Nouvelle-Zélande et d’Australie se sont révélés être des BDV, suggérant peu de transmission
entre le bétail et les moutons dans ces pays (Mackintosh et Shannon, 1993).
Le tableau 8 suivant résume la situation dans les pays où des espèces de BVDV sont
responsables de cas de BD :
Tableau 8 : Liste des pays ayant présenté des cas d’ovins infectés par du BVDV
Infection par du
BVDV-1
Infection par du
BVDV-2
Infection mixte
Absence de
BVDV
Allemagne, Suède,
Norvège, Italie, ÉtatsUnis
États-Unis,
Allemagne, Italie,
Argentine, Autriche,
Irlande, RoyaumeUni, Pays-Bas, Inde
Espagne,
Nouvelle-Zélande,
Australie
4.2.1.2. Infection d’un bovin par du BDV
A l’inverse des infections d’ovins par du BVDV, il y a très peu de preuves d'une
infection naturelle des bovins par le BDV.
Cas australiens
Une des exceptions est l'isolat australien V/TOB, identifié comme différent des autres
isolats de bovins en 1973 par Snowdon, et identifié comme BDV par Becher et al. en 1997.
Toujours en Australie, mais plus récemment, un cas de BDV chez un bovin a été identifié lors
de tests de routine dans le cadre de gestion du BVD.
Cas anglo-saxons
1) Dans une étude menée par Strong et al. en 2010 visant à génotyper des isolats
anglo-saxons de pestivirus identifiés une première fois comme BVDV, cinq isolats se sont
89
avérés être en réalité des BDV par RT-PCR.
Quatre de ces cas concernent des exploitations comprenant également des ovins, mais
les degrés de contacts variaient suivant les cas. Cependant, aucun historique de BD récente
n’avait été mis en évidence dans ces exploitations, ni de BVD chez les autres bovins. Toutes
les souches retrouvées étaient des souches de type non cytopathogène. C'était la première fois
qu'on retrouvait du BDV chez des bovins au Royaume-Uni.
Les analyses phylogénétiques réalisées dans cette dernière étude montrent que les
isolats sont proches de l'isolat ovin BDV-1. Notamment trois isolats, groupés dans le BDV1b, correspondent en partie avec un isolat écossais identifié il y a environ 20 ans, et les deux
autres isolats peuvent être groupés dans deux groupes différents du groupe BDV-1a. Par
ailleurs l'isolat australien V/TOB fait aussi partie du groupe BDV-1a mais est génétiquement
différent des autres BDV vus dans cet article. Les auteurs ont constaté de grandes similarités
génétiques entre les isolats proches du groupe BDV-1b et jugent qu’il est possible qu’ils aient
pour origine une même souche virale.
2) Dans une étude publiée en 2007 par Cranwell et al., les auteurs décrivent que la
VLA a passé en revue tous des échantillons sanguins collectés à partir de 2004 et positifs en
antigène BVDV avec la technique ELISA et les a re-testés avec une TaqMan RT-PCR. Par
cette technique, le BDV a été détecté sur des animaux isolés sur 3 fermes :
−le premier cas concerne un veau de 13 mois croisé Hereford x Prim’Holstein présentant
dépérissement et diarrhée. L'identification virale s'est basée sur la TaqMan RT-PCR et le
séquençage de l'ARN viral obtenu directement par le sang.
−Le deuxième cas concerne une génisse de 2,5 ans croisée bleu-blanc-belge présentant de la
diarrhée et d'autres symptômes cliniques correspondant à la maladie des muqueuses.
−Le troisième cas concerne un veau nouveau-né faible et petit, mort peu après sa naissance.
Le BDV a été détecté par TaqMan RT-PCR à partir d'ARN extrait du thymus (plus
séquençage). Sur ce cas, une infection persistante a été mise en évidence.
Tous ces exemples montrent bien que le BDV peut traverser le placenta jusqu'au fœtus
bovin. D’ailleurs, un BDV avait déjà été isolé de la carcasse d’un foetus de vache laitière
(VLA, 2009). Le foetus était alors âgé de 150 jours. La mère n’avait pas eu de contact avec
des moutons. Il s'agit là des premiers cas décrits en Angleterre et au Pays de Galles.
Un contact possible entre la femelle gestante et les moutons n’a été constaté que dans
un seul des cas revus par la VLA. Dans un autre cas, aucun contact n’a été possible, et dans le
dernier aucune information n’était disponible pour le savoir.
Il reste à prouver si le BDV peut induire une infection persistante sur plus d'une
génération chez les bovins sans contact direct avec les ovins. Dans l’étude réalisée par
Carlsson et al. en 1994 sur l’introduction dans un troupeau de mouton et de génisses d’un
agneau ayant été en contact avec des bovins IPI, aucune des génisses n’a montré de symptôme
quelconque ou donné naissance à un veau anormal. Elles avaient toutes séroconverti ainsi que
leur veau, et présentaient de hauts titres en Ac, mais une fois réintroduites dans le troupeau
bovin, elles n’ont pas transmis la maladie car aucun autre individu n’a présenté de
séroconversion.
90
Cas autrichien
En 2009, Hornberg et al. constatent la présence de BDV-3 chez un bovin de la région
d’Innsbruck-Land (au Tyrol). Le BDV n’avait alors été identifié que chez des moutons. Cet
isolat présentait 96,7% de similarité à l’échelle nucléotidique avec la souche « Gifhorn » et
précédemment classifiée phylogénétiquement comme BDV-3. Dans cette région d’Autriche,
bovins et ovins sont élevés en voisins et les auteurs suggèrent que la contamination du bovin
depuis un mouton ait été le mode de transmission.
Le tableau 9 ci-dessous récapitule les quelques cas observés d’infection de bovin par
du BDV.
Tableau 9 : Liste des cas documentés de bovins infectés par un BDV
Pays
Animal concerné
Royaume-Uni
Royaume-Uni
Royaume-Uni
Veau croisé de 13 mois
Génisse de 2,5 ans
Veau nouveau-né
Découverte fortuite lors d’un génotypage de
souches récoltées pendant le programme de
contrôle du BVD de 2005 à 2006
Autriche
4.2.1.3. Influence de la faune sauvage
Sous certaines conditions favorables, comme les pâtures d’alpage, la faune sauvage
peut également jouer un rôle dans l’épidémiologie des pestiviroses parmi les ruminants
domestiques. Plusieurs auteurs évoquent la possibilité de BD chez des ovins en contact avec
la faune sauvage. Cependant, Krametter-Froetscher et al. signalent dans leur étude de 2007
que même si les ruminants sauvages ne peuvent être exclus quant à la propagation de la
maladie en Autriche, leur rôle semble peu important, d’autant plus que certaines études
réalisées sur la faune sauvage montrent une faible séroprévalence.
4.2.2. Les formes cliniques associées à des infections croisées
Des infections croisées entre les différentes espèces, et notamment entre les bovins et
les ovins ont été rapportées expérimentalement mais également sur le terrain.
4.2.2.1 Infection d’un ovin par un BVDV
-
Infection naturelle
Il est reconnu que les moutons et les chèvres peuvent être infectés par le BVDV-1 et le
BVDV-2, ainsi que le BDV, produisant des signes cliniques similaires (Mishra et al., 2008).
Ainsi, comme déjà évoqué plus haut, quelle que soit l’espèce de pestivirus infectant un ovin,
les signes cliniques correspondent a priori à ceux de la Border Disease. C’est pourquoi de
nombreux cas ont été tardivement imputés à des BVDV.
91
-
Infection expérimentale
Après des expériences d’infection d’une brebis gestante par des souches de BVDV, le
virus bovin passe la barrière placentaire (Barlow et al., 1980b, Carlsson, 1991).
Dans une autre étude, Carlsson et Belák rapportent en 1994 deux cas de BD survenus
naturellement sur des fermes ovines et bovines et à la suite d’une étude expérimentale.
Dans le premier troupeau où est survenu un cas de BD, les signes cliniques
prédominants étaient des agneaux avec un tremblement sévère, une faiblesse, des
malformations, des mort-nés. D’autres agneaux étaient apparemment sains. La mortalité des
agneaux s’élevait à 45%. Deux agneaux présentaient par ailleurs une pneumonie
fibrinopurulente à Mannheimia haemolytica, et un présentait aussi une hypomyélinisation
cérébrale et de la moelle épinière. Les tremblements des agneaux se sont graduellement
améliorés au court du temps. Une seule brebis était stérile.
Or dans l’historique de ce troupeau, deux veaux mâles, dont l’un présentant un retard
de croissance, ont été introduits dans le même bâtiment que les brebis pendant toute leur
période de gestation. Un BVDV a été isolé chez les deux veaux et les brebis présentaient de
hauts taux d’Ac contre le BVDV.
Dans le deuxième troupeau, les symptômes retrouvés étaient une toison anormale et
des tremblements. L’incidence des mort-nés et celle des avortements n’étaient pas hors
normes, cependant plusieurs agneaux présentaient un faible gain de poids. Quatre veaux
avaient été introduits dans le cheptel, dont un présentant une diarrhée transitoire et une taille
plus petite que les autres. Ces veaux ont partagé le même pré que les ovins et certaines
génisses gestantes. Les brebis ont ensuite été séparées en deux groupes, l’un restant en contact
avec les veaux. Les brebis et les agneaux ont présenté, en plus des symptômes vus plus haut
sur les agneaux, de hauts titres en Ac dirigés contre le BVDV.
Pour la partie expérimentale de l’étude, cinq brebis de race rustique, originaires des
plaines suisses, séronégatives en BVDV et négatives en virus ont été mises en contact avec
une génisse IPI infectée par un BVDV de souche ncp. Aucun signe de maladie n’a été observé
chez les brebis, mais plusieurs ont séroconverti en trois semaines. Des agneaux présentaient
des signes de tremblements et d’autres sont mort-nés. Tous présentaient un poids
anormalement bas.
Ces résultats sont en faveur de la transmission du BVDV de veaux IPI à des brebis
gestantes dans les conditions naturelles comme dans les conditions expérimentales. Le groupe
de brebis dans le deuxième troupeau n’ayant été en contact avec les veaux que pendant la
période de pâturage n’a pas séroconverti.
4.2.2.2. Infection d’un bovin par un BDV
-
Infection sur le terrain
Comme déjà évoqué au paragraphe 4.2.1.2., les formes cliniques rencontrées dans les
rares cas connus d’infection d’un bovin par le BDV sont assez variables.
La plupart du temps, elles sont inapparentes, comme c’est le cas dans l’étude de Julia
et al. en Argentine, où les prélèvements correspondaient à des animaux sans signes cliniques,
92
ou dans l’étude de Carlsson et al. en 1994 où les génisses en contact avec l’agneau IPI
n’avaient montré aucun symptôme, avaient donné naissance à des veaux normaux et n’avaient
pas transmis la maladie à d’autres individus. On peut alors dire que les animaux étaient
réceptifs mais non sensibles.
Parfois, les bovins sont réceptifs et sensibles, comme c’est le cas des trois cas évoqués
par la VLA, où un veau présentait des signes de dépérissement et de diarrhée, où une génisse
présentait une clinique de MD et où un veau nouveau-né était faible et petit, et décédé peu
après sa naissance. Par ailleurs, l’isolat V/TOB provoque également une Maladie des
Muqueuses.
Un autre cas de bovin sensible au BDV est rapporté par Krametter-Froetscher et al. en
2010 (2010b) qui décrivent un cas de transmission naturelle de BDV-3 depuis des moutons
IPI à des génisses gestantes. Ces génisses ont été mises en contact avec les ovins IPI alors
qu’elles étaient entre 47 et 73 jours de gestation. Toutes les génisses ont séro-converti 23 à 38
jours après exposition. Aucun signe clinique particulier n’a été constaté mis à part une légère
augmentation de température chez 4 génisses. Cependant, 5 génisses sur les 8 exposées ont
avorté entre 54 et 202 jours après exposition. Du BDV a été détecté sur 4 fœtus avortés et
dans le placenta du dernier cas. Des momifications ont été constatées sur trois foetus (dont la
mère a avorté entre 113 et 116 jours de gestation), associé à des calcifications dystrophiques
du placenta. Un foetus présentait des anomalies histologiques de type infiltration
lymphocytaire, démyélinisation et nécrose focale du thymus.
Sur les 8 génisses exposées, 3 ont donné naissance à des veaux en apparente bonne
santé. Deux de ces veaux étaient négatifs en pestivirus, dont un séropositif et un séronégatif.
Le troisième veau était positif en virus et négatif en anticorps à la naissance, suggérant que cet
individu était un IPI. Mais, de manière intéressante, vers l’âge de 7 mois le veau est devenu
positif en Ac et négatif en virus. L’examen post-mortem des génisses et des veaux vivants à la
naissance n’a pas révélé d’anomalie.
Les auteurs concluent donc en insistant sur le dramatique effet d’une infection par un
BDV sur la fertilité des bovins, et l’importance de prendre en compte cette espèce de virus et
les petits ruminants dans les programme de lutte contre le BVD.
-
Infection expérimentale
Le BDV a peu de pathogénicité pour les bovins. Des avortements peuvent être
provoqués chez des vaches inoculées à 50 jours de gestation, et les veaux affectés présentent
alors des anomalies cérébrales. Les auteurs ont conclu qu’il n’y avait pas de signe clinique
caractéristique de l’infection d’un bovin par un BDV
Le tableau 10 suivant récapitule les signes cliniques lors d’infection croisée, naturelle ou
expérimentale :
93
Tableau 10 : Liste des symptômes observés lors d’infection croisée
Infection d’un ovin par
du BVDV
Syndrome similaire à la
Border disease
Syndrome similaire à la
Border disease
Infection d’un bovin par
du BDV
Infection inapparente +++
Diarrhée, dépérissement,
avortements
Rares cas de MD
Infection inapparente +++
Avortements, anomalies
congenitales
Infection naturelle
Infection expérimentale
4.2.3. Adaptation du virus à son environnement
D’après Strong et al. (2010), presque tous les BDV bovins expriment des épitopes
spécifiques de la protéine E2 du BVDV-1 (WB214, CA1 et CA39), et seulement dans un
environnement bovin : il s'agit peut-être d'une adaptation du BDV à son environnement. Par
ailleurs on retrouve également des différences antigéniques dans les protéines non
structurales.
D’après Strong et al., certains auteurs ont répliqué une souche de BVDV issue de
bovin IPI chez des ovins, et ont montré que l’épitope E2 était systématiquement perdu. Ce
changement d’épitope ne survient pas forcément tout de suite chez un agneau nouveau-né, et
peut nécessiter plusieurs réplications (parfois plusieurs mois) chez cet individu. Et il a
également été constaté chez un agneau la présence des trois épitopes, confirmant le fait qu’il
faut parfois un peu de temps avant leur perte.
Cette perte d’épitope soulève le problème de l’utilisation des AcMs pour l’étude des
relations épidémiologiques des pestivirus. Ainsi, Kreeft et al, en 1990, ont trouvé des
variations d’épitopes chez des BVDV isolés de différents troupeaux de bovins après avoir
supposé une même origine de souche.
4.2.4. Protection vaccinale
En 1996, Bruschke et al. étudient un modèle de vaccin contre le BVDV à l’aide de
souches de pestivirus ovins. A l’exception d’une souche, toutes passent la barrière placentaire
et infectent les brebis gestantes. Les raisons invoquées pour expliquer l’absence de passage
d’une des souches sont que l’inoculum peut ne pas avoir contenu de virus, que l’inoculation
intranasale n’a pas été faite correctement, que le virus ne s’est pas répliqué, ou bien que cette
souche ne peut pas passer la barrière placentaire.
Cette expérience montre que les infections contre le BVDV protègent le foetus contre
l’infection par les souches homologues et hétérologues. Les auteurs concluent que les ovins
peuvent être utilisés pour les essais d’efficacité de vaccins.
Cependant, le degré de protection fournie par une infection des bovins par le BDV ou
par un vaccin BVDV contre le BD est inconnu.
De même, la vaccination contre le BVDV-1 ne protège pas forcément aussi bien
contre le BVDV-2, mais des protections croisées existent quand même. Ainsi, Fairbanks et al.
94
rappellent dans leur article de 2003 que deux études avaient déjà démontré cette protection
croisée, l’une concernant des veaux, âgés de 10 à 14 jours, vaccinés à l’aide d’un vaccin
vivant modifié contenant une souche cp de BVDV-1a et inoculés par du BVDV-2 3 semaines
plus tard, et l’autre concernant des veaux âgés de 7 à 8 mois vaccinés avec un vaccin
contenant une souche ncp de BVDV-1b et inoculés 7 mois plus tard par du BVDV-2. Dans
leur propre étude, ces auteurs parviennent à la même conclusion en inoculant des veaux avec
une souche de BVDV-2 28 jours après les avoir vaccinés avec une souche de BVDV-1.
4.2.5. Conséquence des infections croisées : les facteurs de risque
Un programme de contrôle du BVD a été mis en place en Autriche, mais les résultats
de certaines études montre que les agneaux IPI infectés BDV peuvent jouer un rôle important
dans la dissémination du BDV aux bovins en Autriche, en particulier dans les régions où les
bovins et les ovins ont des pâtures communes : un facteur de risque pour les bovins à l’Ouest
de l’Autriche est le contact pendant les pâtures sur les alpages communs avec la Suisse (où
l’infection par le BDV chez les ovins est enzootique) ou les autres pays voisins. Il a par
ailleurs été montré que les ovins naturellement infectés par le BDV peuvent jouer un rôle
important de source infectieuse pour les veaux.
Toujours en Autriche, Krametter-Froetscher et al. ont trouvé en 2007 qu’il existe une
différence significative dans la séropositivité des troupeaux en contact avec des bovins et ceux
qui ne sont pas en contact. D’autre part, la mise en place de plans de contrôle du BVD des
bovins en Autriche a indirectement entraîné une diminution du risque d’infection des ovins
(Krametter-froetscher et al. 2007).
Malgré l’importance de la circulation du BVDV parmi la population ovine
autrichienne, le nombre d’isolats de BDV retrouvés dans ce pays suggère qu’il peut y avoir
tout de même une évolution du BDV parallèlement à celle du BVDV dans les cas de BD.
95
Le BVDV et le BDV sont capables de franchir la barrière d’espèce et d’infecter
respectivement les ovins et les bovins.
Les ovins sont très réceptifs et très sensibles au BVDV. L’infection d’un ovin par le
BVDV produit les mêmes symptômes que lors de son infection par du BDV, c’est-à-dire une
forme clinique de Border Disease. Ceci arrive fréquemment, et il existe même des pays où la
BD n’est due qu’à des infections par du BVDV.
Au contraire, à l’heure actuelle, les exemples d’infection de bovin par du BDV sont
très peu nombreux. Les bovins semblent globalement réceptifs mais peu sensibles car à
l’exception de quelques cas, les individus concernés ne présentent aucun symptôme et ne
transmettent pas la maladie. Cette faible sensibilité n’aide pas à savoir si les bovins sont
globalement très réceptifs ou peu réceptifs au BDV. Or la connaissance complète de ces
infections croisées, dans un sens comme dans l’autre, est primordiale dans un but de mise en
place de plans de contrôle de ces maladies car dans les quelques pays où de tels plans ont
déjà été entrepris, la présence d’ovins n’est pas prise en compte. On retrouve dans la
littérature plusieurs mises en garde d’auteurs qui pensent notamment que les ovins constituent
un réservoir essentiel du BVD et préconisent ainsi de prendre en compte les partages de
pâtures ou d’autres co-habitations entre les bovins et les ovins dans la lutte contre le BVD.
96
CONCLUSION
En conclusion, bien que le complexe BVD/MD et la BD soient dus à deux virus
appartenant au même genre viral et qui affectent deux espèces animales proches, leurs
caractéristiques cliniques diffèrent sur plusieurs plans, et ces différences sont à l’origine de la
distinction historique de ces deux maladies. Cependant, le tropisme viral commun entraîne
tout de même des symptômes et des lésions similaires. Il est surtout intéressant de noter que
les cas jugés « atypiques » chez l’une des espèces présentent des symptômes qui sont
communément constatés chez l’autre.
De même, les caractéristiques épidémiologiques du BVD/MD et de la BD sont très
similaires, car tous les pestivirus présentent les mêmes conditions de survie dans le milieu
extérieur et présentent surtout la faculté de produire des IPI, qui sont en grande partie à
l’origine de la grande contagiosité de ces maladies. L’étude des sources de virus, des facteurs
favorisants, des séroprévalences est donc commune au deux maladies. Les différences
épidémiologiques tiennent surtout à la répartition géographique des différentes espèces et
sous-espèces de pestivirus, mais l’infection par le BVDV comme par le BDV est endémique.
Ainsi, de nombreux pays européens ont mis en place des plans d’éradication contre le
BVD/MD ou le prévoient. La BD n’est pour l’instant pas sujette à ce type de plan. Cependant,
il est maintenant bien connu que les ovins sont réceptifs et sensibles à des pestivirus bovins, et
inversement, quelques exemples de bovins infectés par du virus ovin existent également.
Cette transgression de la barrière d’espèce a des conséquences épidémiologiques majeures sur
l’entretien de ces maladies. Même si l’influence de la présence d’ovins sur le BVD/MD des
bovins ne semble pas toujours avérée selon les pays, la prise en compte de ce risque est
indispensable pour réaliser des plans de luttes performants. Les pays scandinaves, qui ont
éradiqué ou presque le BVD/MD, ne sont pas des pays possédant un cheptel ovin développé.
Pour d’autres pays, de nombreux auteurs préconisent de prendre en considération l’existence
de contacts entre bovins et ovins pour lutter contre les pestiviroses.
97
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LES PESTIVIROSES BOVINE ET OVINE :
DIFFÉRENCES CLINIQUES,
ÉPIDEMIOLOGIQUES ET BARRIÈRE
D’ESPÈCE
Nom et prénom : BERNARD Eloïse
Résumé :
Les pestiviroses bovine (ou « BVD/MD ») et ovine (ou « BD ») sont deux maladies
d’importance sanitaire et économique majeure. Le virus responsable du BVD/MD (ou
« BVDV ») et celui de la BD (ou « BDV ») appartiennent au même genre des Pestivirus.
C’est pourquoi la comparaison du BVD/MD et de la BD est intéressante, dans une logique de
lutte contre ces maladies. L’étude d’une éventuelle transgression de la barrière d’espèce est
aussi fondamentale car bovins et ovins peuvent alors être réservoirs pour l’autre espèce. Deux
cent vingt références scientifiques datant de 1959 à 2011 ont permis de répondre à ces
questions. Le BVDV est actuellement décliné en trois espèces et seize sous-espèces. Le BDV
est décliné en six sous-espèces. Même si des différences cliniques existent, des symptômes
similaires sont constatés pour les deux maladies (notamment hyperthermie, infertilité et
anomalies congénitales). Les deux virus sont endémiques mais il existe une répartition
géographique spécifique de chaque espèce virale. Pour les deux maladies, la source principale
de virus est les individus infectés permanents immunotolérants par un contact nez-à-nez. Les
virus peuvent transgresser la barrière d’espèce dans les deux sens. Ceci est d’intérêt majeur et
devrait être pris en compte dans les plans d’éradication.
Mots clés : MALADIE VIRALE / PESTIVIROSE / BVDMD / BORDER DISEASE /
BARRIÈRE D’ESPÈCE / RISQUE SANITAIRE / IMPACT ECONOMIQUE /
ÉPIDÉMIOLOGIE / IPI / ÉRADICATION / BOVIN / OVIN
Jury :
Président : Pr.
Directeur : M. MILLEMANN Yves
Assesseur : Mme. HADDAD-HOANG-XUAN Nadia
THE BOVINE AND OVINE PESTIVIROSES:
CLINICAL AND EPIDEMIOLOGICAL
DIFFERENCES AND BARRIER SPECIES
SURNAME : BERNARD
Given name : Eloïse
Summary :
Bovine pestivirose (or "BVD / MD") and ovine pestivirose (or "BD") are two diseases
of major sanitary and economic importance. The agent of BVD/MD (or "BVDV") and that of
BD (or "BDV") belong to the same genre Pestivirus. Therefore, the comparison of BVD / MD
and BD is interesting, in the context of the control of these diseases. The study of a possible
crossing through the species barrier is also fundamental because cattle and sheep can be
reservoirs for each other. Two hundred and twenty scientific published from 1959 to 2011
allowed to answer these questions. BVDV is presently declined in three species and sixteen
subspecies. BDV is subdivided in six subspecies. Even if clinical differences exist between
these diseases, similar symptoms are observed (in particular hyperthermia, infertility and
congenital abnormalities). Both viruses are endemic but there is a specific geographical
distribution for every viral species. For both diseases, the main viral source is represented by
the persistently infected individuals by nose to nose contact. Viruses can cross the barrier
species in both cases. This is of major interest and should be taken into account in the
eradication programmes.
Keywords : VIRAL DISEASE / PESTIVIROSE / BVDMD / BORDER DISEASE /
SPECIES BARRIER / SANITARY RISK / ECONOMIC IMPACT / EPIDEMIOLOGY
/ IMMUNOTOLERANT PERSISTENT VIREMIC ANIMAL/ ERADICATION /
CATTLE / SHEEP
Jury :
President : Pr.
Director : Mr MILLEMANN Yves
Assessor : Mrs HADDAD-HOANG-XUAN Nadia
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