Et demain ?
« Nous travaillons à la conception
d’unités implantées intelligentes,
sans fil, qui permettront de stimuler
les nerfs moteurs et enregistrer
l’activité électrique des nerfs sensoriels
reliant le muscle à la moelle épinière.
Ces électrodes communiqueront entre
elles, en embarquant leur énergie. »
E
électrodes sont disposées à la surface du muscle, sur
la peau. Mais avant chaque séance, le patient doit
être équipé, une opération longue et délicate, difficile
à imaginer à domicile à long terme.
La marche électrostimulée :
un objectif à long terme
En implantant le système dans le corps, sur les nerfs
même, on peut espérer permettre au patient de se
lever et de se déplacer avec un déambulateur – c’est
le même principe qui maintient un cœur défaillant en
activité grâce à un pacemaker, un stimulateur
cardiaque. C’était l’objectif du programme européen
“Stand up and walk” (1996-2000) coordonné par le
professeur Pierre Rabischong (faculté de médecine de
Montpellier). Un patient a été ainsi implanté avec
succès en 2000. Ses électrodes sont toujours
fonctionnelles. Quant au stimulateur, un petit boîtier
électronique de 5 cm de diamètre, il est implanté sous
l’abdomen, d’où partent les fils reliés aux électrodes.
Une ceinture active le stimulateur par liaison radio ;
le déambulateur comportant l’interface avec le patient.
Auquel la robotique peut contribuer
Mais aussi spectaculaires que soient ces résultats, on est
bien loin d’une déambulation fonctionnelle aisée. «La
gestion de l’équilibre debout est très complexe car nous
ne contrôlons qu’une partie du corps du patient (les
jambes), les membres supérieurs restant sous son influence
INRIA - Rapport annuel 2006 - Séquences E47
volontaire, explique Christine Azevedo, chargée de
recherche du projet DEMAR. L’électrostimulation fatigue
aussi beaucoup le muscle, en quelques minutes, sans
que le patient ne l’anticipe. » Pour espérer mieux
programmer les séquences de stimulation, il est essentiel
de mieux comprendre le système sensori-moteur : la
contraction musculaire, le phénomène de fatigue, les
capteurs musculaires. « Le système fonctionne sur les
mêmes modes que les robots, affirme Christine, avec
des actionneurs, des capteurs et une unité de traitement.
Même si la comparaison paraît déshumanisante, elle
nous apporte beaucoup dans la compréhension des
phénomènes et nous permet d’espérer améliorer les
techniques d’électrostimulation, mieux paramétrer les
modèles de muscles, mieux asservir l’équilibre de la
position debout. » Les chercheurs s’attachent donc à
trouver les lois de commandes adaptées. L’idéal serait
d’exploiter les capteurs naturels qui renseignent l’état du
muscle (force, longueur, fatigue). Beaucoup d’équipes
travaillent dans le monde sur ces sujets. Celle de l’INRIA
est l’une des rares à travailler sur l’ensemble du problème
tant du point de vue robotique, physiologique,
microélectronique, automatique, communications sans
fil ou informatique industrielle. « On a montré que la
technique fonctionnait mais le bénéfice pour le patient
n’est pas encore assez important pour décider d’autres
implantations», considère Christine.
En savoir plus :
www.inria.fr/recherche/equipes/demar.fr.html
Site du projet : www-sop.inria.fr/demar/