Le chemin parcouru

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Le N° : 40 centimes
149 e Année N° 10
j
OURNAL
Yienno
HEBDOMADAIRE
ADMINISTRATION
IMPRIMERIE
8,
Cours
TÉLÉPHONE : 5-19
L'EMPIRE
FRANÇAIS
Fondateur ;
JEAN
DALADIER
Une grande Quinzaine Coloniale vient de commencer à Paris. Tandis que nombre de magasins ou boutiques, tentent, au
cours de ces journées, de mettre
en valeur les produits de notre
merveilleux Empire, tandis que
nos frères et sœurs d'Outre-Mer
s'affairent auprès d'une abondante clientèle, j'ai songé au bel
effort réalisé par des jeunes de
chez nous.
J. E. F., trois lettres magiques
autour desquelles le fils aîné de
notre Président du Conseil a,
voici quelques mois, groupé toutes les bonnes volontés, toutes
les énergies de 12 à 30 ans.
Ma curiosité naturelle me
poussant à en savoir davantage
sur ce sympathique mouvement
j'ai demandé des détails au
principal responsable :
— Des renseignements susceptibles d'intéresser vos lecteurs dauphinois sur notre mouvement ? Avec grand plaisir
nous vous les donnons.
Et aux questions posées, il
me fut répondu :
— Nous avons été amenés à
fonder la J. E. F. au moment
des revendications coloniales de
certains de nos voisins ; au
moment par conséquent, où
l'union d'une jeunesse saine,
volontaire et forte, devenait
plus pressante.
« Nous l'avons fondée dans le
but de grouper la jeunesse française, lui créer un idéal autour
de l'idée dé l'Empire Colonial
Français ; lui montrer la puissance réelle, actuelle et future
de cet Empire ; diriger ses aspirations vers sa mise en valeur
morale et matérielle ».
Plus; de 500 jeunes ont déjà
répondu, dans un même élan
d'enthousiasme, à la propagan-
DE
L'ARRONDISSEMENT
TARIF
BUREAUX
BLANCHARD
JEUNESSE
DE
ET
(Isère)
FONDE
y
EN 1791
— Nous n'apprécions pas
suffisamment la beauté, la richesse de notre patrimoine national, nous les ignorons trop
souvent. Voilà pourquoi, Jean
Daladier a eu l'idée, comprenant le danger menaçant la
question coloniale plus vitale
qu'on ne le pense parfois, de
rassembler toutes les jeunes activités, de faire partager sa foi.
Le président de « Jeunesse
de l'Empire Français » ne disait-il pas lors de sa première
réunion : Vous devez aimer les
colonies de notre pays, pour le
bonheur national présent et futur de la plus grande France ! »
Son appel, sans nul doute,
sera entièrement entendu partout, et nos jeunes Dauphinois,
confiants dans la destinée de
leur patrie, ne manqueront pas
de venir spontanément se joindre à leurs camarades parisiens .
Emily BAUDOUIN.
vice des marchandises, dans
SOCIETE NATIONALE DES
CHEMINS DE FER FRANÇAIS toutes les gares des parcours visés, qui resteront ouvertes à
Par suite de l'application des l'expédition et à la livraison,
plans de coordination des trans- dans les mêmes
conditions
ports < Voyageurs », approuvés qu'actuellement.
par M. le Ministre des Travaux Se renseigner dans les gares
Publics, certaines navettes de
trains omnibus « Voyageurs »
seront supprimées à partir du
6 mars 1939 :
1 • — sur les sections de ligne
de Chalon-s/Saône à Villefranche-.sur-Saône, Lyon à Valence
et Lyon à Ambérieu, où elles
seront remplacées par des Services d'autobus.
Aux usagers de l'automobile.
Aucune suppression de traîns
—
A la Foire de Lyon, B E R L I ET
ne sera provisoirement effectuée
présente
ses derniers modèles
entre Lyon et Villefranche-surde véhicules industriels à essen•Saône.
Les horaires et tarifs des ser- ce, à huile lourde, au gaz de bois
vices routiers de remplacement ainsi que ses voitures de tourisme.
sont à la disposition du Public
Indépendamment de cette imdans les gares et aux points
portante
exposition, BERLIET
d'arrêt des autobus.
organise dans ses vastes MagaPar suite de ces modifications, les gares de Varennes-le- sins, 241, Avenue Berthelot, à
Grand, Uchizy, Vaugris, Clonas, Lyon, une présentation très
Salaise, Serves-sur-Rhône-Ero- complète des modèles qu'il n'a
me, et La Roche-de-Glun seront pu exposer à la Foire, à défaut
fermées au trafic des voyageurs de place suffisante.
Vous avez intérêt à visiter ces
et bagages.
2° —Sur la section de ligne stands et magasins, où le meilleur accueil vous est réservé.
de Lyon à Peyraud.
En plus des trains maintenus,
les voyageurs disposent de ser• Défense passive (mairie).
vices routiers libres.
— La commission des abris proEn principe, rien ne sera cède à l'inventaire de tous les
changé dans l'exécution du ser- abris existant au flanc des col-
Unes qui dominent la ville, depuis l'Isle jusqu'à Estressin
compris, en passant par la Gloire de Dieu, Pipet, La Bâtie, y
compris la vallée de la Gère.
Il s'agit de toutes caves, remises, constructions inhabitées,
grottes, souterrains, avec ou
sans portes, ayant au moins une
surface de sol de 4 mètres carrés.
Toutes les personnes ayant
connaissance de tels abris, soit
pour les avoir dans leur propriété, soit de toute autre ma-
Le chemin parcouru
Quand M. Daladier est revenu
de Munich, après avoir gagné le
combat pour le salut de la paix,
il s'est juré aussi de gagner le
combat pour le redressement national. Depuis, les actes ont suivi : ce fut le plan de redressement économique et financier,
pour l'élaboration duquel il n'a
pas hésité à changer de ministre
des Finances, plutôt que de sacrifier, comme on le lui proposait, aux erreurs doctrinales du
plan Blum ; ce fut aussi la bataille contre les occupations d'usines, qu'il a gagnée parce qu'il
a eu, le premier, la volonté de
s'opposer à ces actes révolutionnaires ; ce fut encore l'échec de
la tentative de grève générale du
30 Novembre, qu'il a jugulée
par des mesures préventives suffisamment vigoureuses pour intimider les forces mauvaises du
communisme et aussi la leçon
donnée à la C. G. T., dont il n'a
pas craint de sanctionner les dirigeants responsables.
Par suite, l'ordre républicain
s'est trouvé consolidé, la France
s'est remise au travail, la confiance est revenue, les capitaux
nière, sont priées de les signaler au commissaire technique
de la défense passive (bureau et
boîte, 17, place de PHôtel-deVille) avant le 10 mars.
Indiquer très sommairement
l'emplacement, la nature de
l'abri et la surface du sol évaluée- en mètres carrés.
Ces déclarations faciliteront
le travail urgent de la commission et éviteront aux propriétaires les ennuis des perquisitions
prescrites par la loi.
« Photo - Club Viennois. —
Les sociétaires et amis de la
Société qui ont assisté le 22 février dernier, aux saisissantes
démonstrations de M. Lucien
Guerrier, sur la photographie
de très près, ouvrant ainsi des
horizons
nouveaux, ont été
émerveillés du matériel de précision qu'avait construit le conférencier pour ces réalisations
spéciales.
Mercredi soir, 15 mars, à 20
heures 30, le cours que fera
M. Cottaz, notre dévoué viceprésident, réunira à nouveau
l'élite de nos membres qui auront encore ce jour-là l'occasion
d'augmenter leur bagage de connaissances indispensables.
^ Exposition de peintures.
— Samedi dernier a eu lieu, en
présence de nombreuses autorités et d'une délégation de l'Amicale des Corses, le vernissage de
l'Exposition Pierre Bach qui est
organisée dans un local sous les
arcades, place de l'Hôtel-deVille.
Cette magnifique exposition,
qui comprend surtout des œuvres consacrées à des paysages
9 tr.
10 fr
LES
corses et quelques-unes à des gnants doivent être déposés ausites dauphinois, a attiré une près de M. Basset, directeur de
foule considérable de visiteurs. l'Hôpital, ou de M. Camille Gerin, trésorier.
Ceux-ci sont très amicalement
reçus par M. Pierre Bach qui se
CHENARD & WALCKER. 11 cv,
tient à la disposition du public
4 çyl. 29.900. — Commerciale
et se dépense pour donner tous
Fourgon - Boulangère 750 k.
les renseignements qui lui sont
demandés.
LICORNE, 6 cv : 23.700.
Une visite s'impose et nos
concitoyens ne manqueront pas Occasion, 10 cv Citroën, C. 4 G
de profiter d'une telle aubaine
de pouvoir admirer ces véritaTous renseignements Garage
bles chefs - d'oeuvre qui font DEDIEPPE, 9, qu. Pajot, Vienne
sont rentrés, le chômage a diminué, l'économie s'est trouvée
encouragée, stimulée. Tout cela,
qui a l'air d'un miracle, .deux
ans après les excès du Front
populaire, M. Daladier l'a obtenu presque aisément, parce
qu'il a su gouverner, parce qu'il
a fait preuve d'indépendance et
de volonté, parce qu'il a jugé
qu'un chef digne de ce nom doit
avoir la bravoure d'affronter
l'obstacle et non la lâcheté de
s'en accommoder.
C'est avec le même esprit de
décision que le Président du
Conseil a abordé le problème
espagnol. Qui donc aurait pensé
que la Chambre du Front populaire aurait, un jour, la raison
de considérer la reconnaissance
de jure du général Franco comme étant la meilleure des politiques, la plus profitable à la
paix ? M. Daladier, cependant, a
obtenu ce résultat ; il l'a obtenu
à l'heure juste où cette initiative politique était utile et susceptible de produire les meilleurs effets, de même qu'il a
brisé tout net l'intolérable effort
de la propagande italienne et
honneur au grand artiste que
nous félicitons vivement.
* « Les Trois Roses » de
Grenoble à Vienne. — L'annonce de }a Venue prochaine en
notre bonne ville du groupe folklorique dauphinois qui porte
ce nom suscite la plus vive curiosité, ainsi que la plus grande
satisfaction.
La trentaine d'artistes, placés
sous la docte présidence de Mme
G. Chabrol et sous l'experte direction de MM. Paul Pittion et
Lucien Blanc, exécutera des
chants et des danses du vieux
terroir dauphinois que les dauphinois authentiques que sont
les Viennois sauront apprécier
à leur juste valeur.
Ajoutons qu'un film de très
grande classe sera ensuite projeté.
Il y aura deux représentations de ce magnifique programme, qui seront données, au
profit des Ecoles libres, dans la
salle des fêtes des Etablissements Réunis, avenue Berthelot ; en matinée à 15 heures 15
et en soirée à 20 heures 30, le
dimanche 19 Mars.
Laver la vaisselle avec « DIV n
devient un plaisir car il dissout
les graisses, et embellit les
mains
En vente chez
BONNET-BERGER, quincaillier.
M——f—M—■WMWIH M 1 HUmJ, M
• Blessés du poumon. — La
liste des numéros gagnants de
la loterie est en vente, au prix
de 0 fr. 60, à l'agence J.L.P.J. et
chez M. Abel, journaux et tabac,
cours Brillier. Les billets ga-
contrecarré ses visées impertinentes sur telle ou telle partie
de notre empire colonial, par sa
promptitude à se rendre en Corse,- en Tunisie, en Algérie pour
faire plébisciter la France par
l'élan unanime, enthousiaste des
populations loyales attachées à
nos trois couleurs.
Les pessimistes, les trembleurs, ceux qui braillent tous
les jours à la guerre, n'en poursuivent pas moins leur campagne alarmiste ! Il n'est question
dans leurs écrits que d'une
agression italienne, soutenue
par l'Allemagne, avec le concours du général Franco à la
frontière des Pyrénées.
Nous en sommes bien chagrin
pour eux, mais nous avons l'impudence de penser que les mois
à venir, loin de nous apporter
le déchaînement de la force brutale, offrent des perspectives
très sensiblement élargies pour
la paix, sous l'égide de laquelle
il n'est point de problèmes insolubles pour les hommes de bonne volonté.
J. D.
LE PRÉSIDENT
DE LA
RÉPUBLIQUE
C'est vraisemblablement le 6
avril que le Parlement, réuni à
Versailles en Assemblée nationale, élira le nouveau président
de la République, en remplacement de M. Albert Lebrun qui
en a probablement assez mais
qui, s'il y consentait, serait certainement réélu à une grosse
majorité.
M. Albert Lebrun a été un
président irérprochable ; il aura eu, sans aucun doute, le septennat le plus mouvementé et
le plus dur de tous. Aucun président n'aura connu des difficultés comparables à celles devant lesquelles il s'est trouvé.
Certes, M. Raymond Poincaré
s'est trouvé en face de la guerre
dont il lui a fallu subir le choc
pendant quatre ans. Mais devant cette fatalité, sa responsabilité n'était pas en jeu. La
guerre ? on l'a déclarée à la
France, et la France s'est tout
à coup trouvée unanime pour
en supporter glorieusement les
conséquences. L'union sacrée
qui s'est faite alors a débarrassé le chef de l'Etat de tout souci
de politique intérieure.
M. Albert Lebrun, au contraire, a traversé une période de
luttes intérieures extrêmement
violentes ; il a connu le 6 février 1934 et toutes ses suites ;
il a connu les vicissitudes du
Front populaire ; il a, en sep-
DE
DES
Chronique locale
15 fr
18 fr.
MANUSCRITS
VIENNE
TARIF
ABONNEMENTS :
Autres Départements
Ch. Postaux Lyon : 75-66
de faite par Jean Daladier et
les cinq élèves de « philo » qui
sont ses collaborateurs. Tous
ceux qui sentent en eux une vocation coloniale, ou qu'anime
un même idéal, se doivent absolument d'adhérer à ce magnifique mouvement.
Pas d'influence politique ni de distinction de classe, simplement des
Français désirant ardemment
servir l'Empire Français.
— Nous maintenons un contact permanent entre nos membres de Paris par de fréquentes
conférences et projections. Nous
organiserons également des voyages. Pour nos membres de
province et des Colonies, nous
avons les rapports de nos délégués ainsi que des visites aux
villes intéressées.
Un
journal,
indispensable
trait d'union, sera bientôt fondé.
Le cycle des conférences se
poursuit à Paris. MM. André
Sidobre, Demaison et Siegfried,
ont, tour à tour, pris la parole
pour évoquer différentes et magnifiques phases de notre Histoire Coloniale.
Des films, aux paysages enchanteurs, donnant l'aspect réel
de la vie indigène, ont été projetés.
NOUVELLES
ET ÉCHOS
DE
DES
Isère et Dépar ls limitropnes
FRÈRES
(Imprimeries Blanchard et Remitly réunies)
Président- Wilson, 8, VIENNE
K. Commerce Vienne: 48
Samedi 11 Mars 1939
NE
SCNT
ANNONCES
ligne
3 fr.
Légales et judiciaires
*
3 fi.
Diverses
»
2 lr.
PAS
, . la
EENBCS
LA SEMAINE
LA POLITIQUE GENERALE. — L'élection exceptionnellement rapide du cardinal Pacelli au trône de St-Pierre, le choix
du nom de Pie XII marquant la continuité assurée du prestigieux pontificat de Pie XI, le premier message adressé non seulement à la chrétienté mais à l'humanité tout entière exprimant
sa foi et son espoir en la paix par la justice, ont fortement impressionné le monde et causé une grande satisfaction en France.
Le Président Lebrun, MM. Daladier et G. Bonnet ont adressé au
nouveau pape des télégrammes de félicitations qui ont reçu
de chaleureuses réponses. Le couronnement de Pie XII aura lieu
demain dimanche. Une importante mission officielle française
aura à sa tête M. Champetier de Ribes, ministre, et comprendra
entre autres personnalités, M. Louis-Marin, M. le chanoine
Desgranges, M. Claudel, ambassadeur, etc..
— Dans une déclaration à la presse, le général Franco a
répété que l'Espagne ne céderait aucun pouce de son territoire
à un pays étranger.
— A l'occasion du 150" anniversaire du premier Congrès
américain, le président Roosevelt a prononcé nu discours exaltant l'idéal républicain et la foi des Etats-Unis dans la liberté
démocratique et religieuse, et critiquant le sectarisme des Etats
totalitaires.
— A Cologne, M. Henderson, ambassadeur de Grande-Bretagne, a prononcé un discours qui fait appel à une collaboration
confiante germano-anglaise. — « Nul, a dit M. Henderson, ne
songe à attaquer le Reich ».
— M. Belisha, ministre de la Guerre de Grande-Bretagne a
donné aux Communes des précisions sur les forces qui seraient
immédiatement transportées en France pour sa défense en cas
d'attaque.
LA POLITIQUE EN FRANCE. — Réuni à Paris, le Conseil
national S.F.I.O. a fixé au 27 mai la date du Congrès du parti.
Un débat s'est ouvert sur les causes du recul du socialisme en
France, opposant aux extrémistes les partisans de l'union pour
la paix. Après un long débat, au cours duquel M. Zyromski, au
nom de la fraction extrémiste, avait admis que sa position entraînait un risque de guerre très net, deux motions ont été votées : l'une en politique intérieure, reprenant la motion des
modérés qui se contente de proclamer la survivance du Front
populaire voulu par le pays, mais repousse l'alliance avec les
communistes ; l'autre, en politique extérieure, qui préconise
le maintien des traités franco-russe et franco-britannique, et de-
tembre 1938, vu la guerre de
très près, et une guerre qui eut
peut-être divisé les Français,
car beaucoup ne comprenaient
pas pourquoi notre pays aurait
été obligé de se battre.
Il a surmonté tous ces périls
avec une apparente sérénité.
Elu en 1932 par une Assemblée
nationale, composée en partie
d'une Chambre dont les pouvoirs étaient virtuellement expirés et dont la moitié des
membres ne seraient pas réélus,
il s'est trouvé, dès le lendemain
de son élection devant une majorité opposée à l'ancienne ; il
lui a fallu appeler au pouvoir
des chefs de gauche ; puis est
venue la crise économique, la
crise financière, l'affaire Stavisky, le 6 février, l'émeute. Il a
dû se tourner vers les chefs modérés, M. Doumergue, M. Flandin, M. Laval. Les élections de
mai 1936 ont amené la victoire
du Front populaire et ses conséquences : les grèves, les occupations d'usines ,les troubles sociaux. M. Albert Lebrun a confié le pouvoir au leader socialiste M. Blum ; ainsi le voulait
le jeu constitutionnel, puis il est
revenu peu à peu vers le centre
gauche où siègent les radicaux
les plus modérés, avec M. Chautemps, puis M. Daladier.
Mais tous les partis, indistinctement, le respectent ; il est la
seule autorité qui n'ait été l'objet d'aucune polémique, d'aucune attaque. Cependant, nul
n'ignore qu'il est d'opinion modérée et de religion catholique.
D'où vient que sous son septennat il n'y a jamais eu « une
question de l'Elysée » ? Cela
tient à ce que ce président correct a constamment observé la
règle du jeu. Faisant abstraction de toute préférence personnelle, il a donné à toutes les
tendances la part qui leur était
due constitutionnellement. Les
élections de 1932 avaient consa-
cré le succès des radicaux ; il
les a appelés au pouvoir, et s'il
y a eu, en 1934, après l'émeute,
une trêve politique présidée par
des modérés, c'est parce que les
chefs des partis l'avaient jugée
nécessaire.
Les élections de 1936 ont
amené l'avènement du Front
populaire. M. Albert Lebrun a
fait immédiatement droit aux
volontés du suffrage universel,
et les socialistes ont eu le pouvoir ; il leur a loyalement facilité la tâche, en toutes occasions. L'échec de l'expérience
Blum l'a naturellement conduit
à faire appel aux radicaux.
Rien, dans chacun de ses actes, qui ne soit rigoureusement
conforme au jeu parlementaire,
pas un instant il n'est sorti de
son rôle ; pas une seule fois il
n'a affirmé une tendance personnelle de nature à contrecarrer la politique du gouvernement. Toutes ses manifestations
publiques, tous ses discours ont
été -au contraire, des appels à
l'union et à l'apaisement autour du pouvoir établi. C'est
parce qu'il a été « régulier »,
comme on dit dans un certain
milieu, qu'il jouit de la considération générale et qu'il reste
en dehors et au-dessus de toute polémique.
En se comportant ainsi, il a
d'ailleurs rendu à la République et au pays le service le plus
éminent. Aux heures troubles
où l'on oublie trop la légalité et
l'esprit des institutions, il suffit qu'un rouage du régime —
el celui-ci est essentiel — continue de fonctionner, avec une
exactitude complète, pour que
tout le reste soit sauvé. Nous
ne savons pas quelle personnalité succédera à M. Albert Lebrun, mais il peut leur être proposé en modèle, comme les souverains britannique sont les
modèles des rois.
P. N.
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