constitués, à l’intérieur même de l’Église catholique, des mouvements
comme le Renouveau charismatique, la Légion de Marie, le Rosaire,
etc., dont l’importance est notable et qui se manifestent efficacement
dans toutes les paroisses.
Il nous semble que les concepts de rigidité et de souplesse, tels
qu’on peut les appliquer aux réalités institutionnelles, peuvent être des
outils pertinents pour essayer de comprendre cette prolifération des
Églises ou des mouvements de prière. Nous posons par hypothèse que
la multitude de sectes est un phénomène qui interpelle en nous
renvoyant aux contraintes nées de l’augmentation de la pauvreté,
d’une part, et, d’autre part, aux réactions à des orientations ecclésiales
perçues comme trop exigeantes et peu ouvertes aux questions sociales
et aux pratiques de notre temps. C’est ce qui explique, dans certains
cas, l’éloignement de certains croyants, gagnés par le doute dans l’in-
terprétation et la pratique de la parole de Dieu que font les dignitaires
de leurs Églises. Le message de Jésus reconnu comme libérateur
devient alors à leurs yeux déformé et insaisissable par la faute des
seuls responsables religieux dont le sectarisme et le dogmatisme ne
permettent plus de vivre ouvertement la parole de Dieu. D’où la nais-
sance de tendances qui s’opposent, exactement comme dans les partis
politiques, à «l’idéologie dominante».
Pour notre recherche, nous avons rencontré des fidèles, des
pasteurs, des prêtres, des journalistes, des théologiens, des
«gourous», etc., tout en utilisant, d’autre part, la documentation
disponible sur ces questions. Enfin, bien que ce travail porte sur les
sectes, nous avons maintenu un regard sur les Églises protestantes et
catholique pour étayer notre réflexion.
I.UN ESSAI DE DÉFINITION DES MOTS-CLÉS
Il n’est pas question de se lancer dans une pesante définition des
termes et concepts utilisés dans ce travail. D’un point de vue étymo-
logique, on peut rappeler que le mot «secte» peut être rattaché à deux
termes latins, sequi, «suivre», et de secare, «couper». On voit là
deux caractéristiques essentielles de la création des sectes : soit elles
prennent forme par le charisme d’un leader regroupant et organisant
des adeptes sous sa coupe; soit elles se forment à la suite d’une
rupture avec un groupe existant.
On a pu parler de «sectes» dans l’histoire pour désigner une école
philosophique, comme dans la Grèce ancienne, par exemple les épicu-
riens, les stoïciens, les cyniques; des courants religieux, comme au
sein du judaïsme au temps de Jésus Christ (pharisiens, zélotes, etc.) et
enfin des courants dissidents au fil de l’évolution de l’Église.
RAOUL GERMAIN BLÉ78
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