BSI Economics
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2. Une nouvelle donne depuis juin 2016
Elections de juin 2016 : un tournant avec de multiples conséquences. Malgré de fondamentaux
économiques robustes, le fort niveau de pauvreté, de corruption et d’insécurité (notamment lié au
trafic de drogue) a poussé la population à élire Mr Duterte - surnommé le « Trump d’Asie » - comme
nouveau Président des Philippines en juin 2016. Depuis son élection, le gouvernement s’est alors
engagé dans une guerre ouverte contre le milieu de la drogue à l’échelle nationale, provoquant ainsi
une explosion de la violence au sein du pays (plus de 4 000 morts chez les dealers et
consommateurs).
Conséquences sur le plan économique. La croissance économique s’est accélérée depuis l’élection
de Duterte (7,1 % en GA au T3 2016 contre 6,2 % au T3 2015). En effet, le programme économique
du Président Duterte s’inscrit dans la continuité des réformes initiées par son prédécesseur. Le
programme socioéconomique en 10 points prévoit notamment d’accélérer les investissements en
infrastructure via les partenariats publics privés (PPPs) et d’améliorer la compétitivité et le climat des
affaires aux Philippines en assouplissant les règles relatives à la propriété étrangère afin d’attirer
davantage les investissements directs étrangers (IDE). Une réforme fiscale est également au
programme afin d’augmenter l’assiette fiscale et d’améliorer la collecte de l’impôt. Cette réforme
progressive de l’impôt va dans le sens des recommandations faites par le FMI avec une augmentation
des taxes indirectes (essence, sucre, produits de luxe), la suppression de l’exonération de la taxe sur
la valeur ajoutée ainsi qu’une réduction du taux d’imposition des sociétés et des revenus.
Ainsi, les agences de notation Moody’s et Standards and Poor’s ont laissé inchangée leur note,
respectivement Baa2 et BBB équivalent à la catégorie « investissement », tout en soulignant une
incertitude politique croissante dans le pays. La balance des paiements devrait continuer à
enregistrer un excédent courant grâce aux importants transferts de fonds des émigrés malgré une
détérioration de la balance commerciale. Tandis que la dette publique, relativement modérée
(inférieure à 40 % du PIB en 2015), devrait augmenter avec la hausse du déficit public prévue afin de
financer les investissements en infrastructures et les dépenses sociales et militaires. Enfin, la position
extérieure des Philippines est relativement solide (réserves de change à un niveau confortable à plus
de 10 mois d’importations en 2016
). Mais les réformes actuelles, afin d’attirer les flux de capitaux,
pourraient être contrebalancées par l’imprévisibilité politique favorisant la volatilité des capitaux.
Risque politique accru. Depuis l’élection de Mr Duterte l’instabilité politique a augmenté.
L’explosion de la violence et l’incertitude politique liée au comportement imprévisible du Président
inquiète les investisseurs. La montée du risque politique aux Philippines a notamment contribué à
une dépréciation du Peso Philippin (PSP) contre l’USD qui a atteint son plus bas niveau depuis
novembre 2008 à 49,6PHP pour 1 USD ce qui augmente le risque de fuite des capitaux. Par ailleurs,
les investisseurs internationaux pourraient de plus en plus adopter une position attentiste vis-à-vis
des Philippines. Il semble que les Etats Unis, une des principales sources d’investissements étrangers
(IDE) pour les Philippines, aient déjà significativement diminué leurs investissements dans le pays
depuis l’élection de Duterte
.
Seuil limite du FMI fixé à 3 mois d’importations de biens et services
Financial Times, 22 Novembre 2016