ra  "  comme  le  Bouddha  disait,  au  lieu  d'une  attention  confuse,  distraite  qui  arrive  avec
difficulté  à rester  sur  une  seule  chose (surtout  les  choses qui  ne  nous  plaisent pas car  on
cherche  toujours  les  choses  intéressantes).  Avec  la  méditation, on  reste  avec  les  choses
comme  elles  sont.  Si  elles  sont  douloureuses  alors  on  accepte  que  les  choses  soient
douloureuses,  si  on  se  sent  déprimé alors  on  se  dit,  voilà,  je  me  sens  déprimé,  mais on
n'exagère  pas  les  choses  et  on  les  accepte,  on  les  regarde  avec  clarté,  comme  elle
apparaissent.  Le  Bouddha  disait  quand  il  enseignait le  " anapana-sati  ",  l'attention  sur la
respiration : 
"Quand un moine respire de façon courte, il connaît qu'il a une respiration courte, 
quand il a une respiration longue, il connaît qu'il a une respiration longue ", 
Je crois que cet enseignement est assez profond. C'est vraiment l'idée de base : rester avec
les  choses  comme  elles  sont  dans  l'ici  et maintenant, ne  pas  essayer  de  les  fuir  ni de s'y
accrocher.  Bien  entendu  elles  changent tout  le  temps,  elles  ne  sont  pas  fixes.  Quand cet
ensemble  de  facteurs est présent  :  contact,  sentiment,  perception,  intention, attention, on
peut parler  de  la  conscience. On  connaît,  on  sait  quelque  chose  et  cette  connaissance est
d'une  complexité  qui  n'est  pas  simplement  le  fait  de  la  perception  mais  toujours d'un
contact  avec  quelque  chose  d'autre.  On  ressent  les  choses  et  on  est  toujours  appelé à y
répondre  avec  l'attention.  Mais  la  conscience  n'est  pas  une  chose  qui  peut  exister  en
dehors de tout ça, dans un royaume mystique car lorsque ces conditions ne sont plus là, la
conscience n'est plus là non plus.
Ce  mot  "  vipassana  "  n'a  jamais  été  utilisé  par  le  Bouddha,  il  parlait  du  "satipatthana",
c'est-à-dire le placement de l'attention proche (ça n'est pas le même mot que " manasikara
" que j'ai traduit comme " attention ") " sati ", c'est " mindfullness " en anglais, ça veut dire
cette  capacité  à  être  présent, à  rester  avec  les  choses,  dans  l'ici  et  maintenant. Quand le
Bouddha a  enseigné  le " satipatthana ",  le placement  de l'attention proche,  il  l'a  présenté
en 4 étapes.
1) L'attention au corps : 
Il  a  commencé  avec  le  corps,  pas  avec  l'esprit.  La  fondation  de cette  pratique  est  de
recouvrir  une  intimité  avec  le corps, pas dans  le  sens  objectif  mais  le corps  en tant que le
corps  vécu,  le  corps  qu'on  connaît  à  travers  l'organe  du  corps,  ses  sentiments,  ses
sensations (la respiration qui traverse les narines, le cœur qui bat etc.). On commence avec
la respiration puis quand on se trouve assez tranquille avec la respiration, on commence à
étendre le champ de l'attention d'abord dans le corps lui-même en devenant plus conscient
de toutes les sensations qui arrivent et qui passent. Dans les retraites avec M. Goenka,  on
fait  une espèce  de  "  balayage  " : on commence ici,  au  sommet  de  la  tête et très lentement
on descend  dans le  corps,  partie  après  partie,  jusqu'au  bout des  pieds  et  on  remonte. On
fait ceci pendant des heures et c'est très intéressant, fascinant. Cela permet de déconstruire
cette idée que le corps est une seule chose, isolée des autres choses. Dès qu'on commence à
pénétrer  dans  l'expérience elle-même,  être  dans  un  corps,  être  incarné, on  découvre  que
cette  incarnation  est quelque  chose  d'évanescent, de  très  subtil,  toujours  en  processus de
devenir autre chose, pas quelque chose de solide et fixe comme nous avons l'habitude de le
ressentir. Puis, après avoir découvert cette intimité avec le corps, on va au sentiment.
2) L'attention aux sentiments :
Ca  ne veut  pas  dire  toutes  les  émotions.  Cela fait référence à  cette  gamme de  sentiments
qui  s'étend  de  l'extase  à l'agonie,  agréable  ou  désagréable,  qui  caractérise un  moment
donné  de  l'expérience,  ici  et  maintenant.  On  ressent l'expérience.  Même  si  on s'ennuie,
l'ennuie  est  aussi  une sorte  de  sentiment,  pas  très  agréable  et  très  difficile à  préciser. On
parle  de  sentiment  de  plaisir,  de  douleur mais  quand  on  essaye  de  méditer,  de mettre
l'attention  sur ces  sentiments,  il  est très  difficile de  les  trouver, c'est  assez  bizarre.  Il  y  a
une  subtilité  qu'on  trouve  dans  les  sentiments  qu'on  ne trouve  pas  dans  le  corps.  On
pourrait  dire  que  ce  processus  de  la  méditation  commence  avec  quelque  chose  d'assez
évident  et  grossier  et qui procède  à  des choses  beaucoup  plus  subtiles  et beaucoup moins
évidentes.
3) L'attention sur l'esprit
La  troisième  étape  est  "  cittanupassana  ",  l'attention sur  l'esprit  (citta)  c'est-à-dire les
perceptions,  les  pensées,  les  émotions,  toute  notre  vie  intérieure,  toutes  les  choses  qui
surgissent en nous-même. C'est encore plus subtil d'être attentif, présent, clair avec tout ce
flot d'intériorité, de subjectivité.
4) L'attention sur les choses
Dhamma (ici, ne veut pas dire " la voie ") signifie " les choses ", c'est à dire la totalité de ce
que nous expérimentons à chaque  moment.  C'est l'attention  la plus subtile de toutes. Etre
capable  d'être  présent  avec  la  totalité,  l'ensemble de  notre  expérience,  ici  et maintenant.
On  pourrait  dire  qu'ici,  on  est  pleinement  conscient,  présent  avec  tout  ce  qui  arrive  à
chaque moment.
En  fait,  le  but  de  cette  pratique  de  "  vipassana  "  n'est  pas  de  devenir  un  expert  en