3 FIDA (2011), Rapport sur la
pauvreté rurale 2011, Rome.
4 Il n’est pas rare que la terre et
les ressources naturelles dont
dépendent les ruraux pauvres
soient des biens communs qui
constituent un important filet de
sécurité pour les plus démunis,
lesquels jouissent cependant
d’une reconnaissance juridique
limitée dans le cadre des
régimes fonciers communautaires
et des régimes de gestion
coutumière, Politique de gestion
des ressources naturelles et de
l’environnement du FIDA, voir
www.ifad.org/climate/policy/
enrm_f.pdf.
ruraux pauvres sont confrontés à des chocs climatiques (inondations, tempêtes, ondes de tempête,
tempêtes de grêle) et à des perturbations liées au climat (perte et dégradation des écosystèmes
côtiers, fonte glaciaire et élévation du niveau de la mer). Pour gérer les effets d’un climat variable,
ils se sont toujours fiés aux savoirs traditionnels et aux observations historiques; toutefois, la
vitesse et l’intensité du changement sont telles qu’ils ont du mal à gérer la situation, et l’expérience
passée n’est plus un indicateur fiable de l’avenir.
Compte tenu de leur exposition et de leur vulnérabilité aux chocs, les ménages ruraux pauvres
décident généralement de l’affectation et de l’utilisation de l’argent, de la terre et de la main-d’œuvre
non seulement en fonction des possibilités qui s’offrent à eux, mais aussi de la nécessité de réduire
l’exposition ou la vulnérabilité aux chocs. Qu’elles aboutissent ou pas, de telles stratégies peuvent
compromettre l’aptitude des populations à sortir de la pauvreté en les empêchant ou en les
dissuadant de prendre les risques inhérents à la recherche de nouvelles possibilités3. Ainsi, l’absence
de droits fonciers sûrs peut dissuader d’investir pour accroître la productivité d’une parcelle ou
passer à de nouvelles cultures pour lesquelles la demande est élevée mais instable, ou à de nouvelles
pratiques dont les bénéfices ne sont pas immédiats. Il s’agit là d’une difficulté à laquelle se heurtent
de nombreux ménages ruraux: à l’échelle mondiale, entre 1 et 2 milliards de personnes vivent
sur des terres et les exploitent, sans détenir de titre de propriété4. Les risques inhérents au manque
de sécurité foncière augmentent dans de nombreuses zones rurales, car nombre de ménages et
de personnes, surtout les femmes, sont exposés à l’acquisition et à la fragmentation inappropriées
des terres. La demande de terres destinées à la production agricole, à l’exploitation minière, à la
séquestration du carbone et au tourisme va en augmentant, de sorte que la concurrence s’intensifie
et que les pauvres sont souvent perdants, au profit d’acteurs plus puissants. Un autre facteur de
vulnérabilité tient à la faible gouvernance des régimes fonciers et des transactions foncières.
3
Avantages multiples des pratiques de reverdissement dans les zones arides
du Burkina Faso
Grâce à une intégration accrue des arbres, de la culture et de l’élevage, les systèmes agricoles
sont devenus plus résistants à la sécheresse, plus productifs et plus durables. Les avantages sont
notamment les suivants:
i) avantage économique – les calculs spécifiques des avantages au niveau de la ferme sont
soumis à diverses limitations en termes de méthodologies et de données. Toutefois, l’adoption
à grande échelle de systèmes agricoles intégrés laisse supposer une grande rentabilité;
ii) amélioration de la sécurité alimentaire des ménages – des systèmes agricoles plus avancés et
plus productifs sont aussi plus résistants à la sécheresse. L’exemple du Niger voisin montre que,
pendant la famine de 2005, les villages qui avaient investi dans l’agroforesterie n’avaient que peu,
voire pas du tout, de mortalité infantile, parce que les arbres pouvaient être taillés ou coupés et
vendus, et l’argent ainsi généré permettait aux agriculteurs d’acheter des céréales au prix fort;
iii) hausse des rendements des cultures – dans les systèmes agricoles intégrés, les rendements
des cultures devraient augmenter. Cela est particulièrement vrai lorsque des arbres fixateurs
d’azote sont utilisés, ce qui permet aussi de faire des économies sur le coût des
intrants/engrais. De plus, les arbres en exploitation réduisent la vitesse du vent et l’évaporation.
Ils sont en outre plus résistants à la sécheresse et à la variabilité des pluies que les cultures et
contribuent en fait à leur survie;
iv) diversification – les arbres produisent des fruits et des feuilles à forte teneur vitaminique pour la
consommation humaine. Ils produisent aussi du fourrage, ce qui permet aux agriculteurs de
garder plus de bétail et de disposer de plus de fumier pour fertiliser les champs. Les arbres sont
en outre source de produits médicinaux et de combustible, que les ménages peuvent
consommer ou vendre. Le système agricole plus complexe et plus productif créé par les arbres
réduit la vulnérabilité et renforce la résilience des communautés rurales aux risques liés au climat;
v) les femmes sahéliennes ont eu le plus à gagner du reverdissement, car le ramassage du bois
de feu ne leur prend plus qu’une demi-heure par jour, au lieu d’environ deux heures et demie.
Elles ont ainsi plus de temps à consacrer à d’autres activités, comme produire et préparer les
aliments et s’occuper des enfants;
vi) en termes d’avantages pour l’environnement mondial, les arbres contribuent à la conservation
de la biodiversité et atténuent le changement climatique grâce à la séquestration du carbone.
Source: FIDA (2011), “Reverdir le Sahel: développer l’agriculture dans le contexte du changement climatique au Burkina
Faso”, http://www.ifad.org/operations/projects/regions/pa/infosheet/sahel_f.pdf.