Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne Recommandations et initiatives politiques pour favoriser des investissements générés par la diaspora à destination de la région ASS Fevrier 2009 Vers un environnement favorisant le développement du secteur privé Une facilité financée par le Fonds Européen de Développement Vers un environnement favorisant le développement du secteur privé Une facilité financée par le Fonds Européen de Développement Etude pour explorer les mécanismes permettant de faciliter la contribution de la diaspora africaine aux économies domestiques EUROPEAID/119860/C/SV – Demande N° 2007/146556. LOT 10. Préparée par: Vincent E. Okele Jose Garcia Madrano Alexandre Cordahi Un projet mis en œuvre par ECO3, Paris, France Ce rapport a été produit avec l’aide de la Commission Européenne. Le contenu du présent rapport est de la seule responsabilité d’ECO et ne reflète en aucun cas les opinions de la Commission Européenne. Design: www.mazygraphic.be Pour ses éclatantes célébrations de la famille, la communauté et les cultures du monde, Synthia SAINT JAMES a reçu plusieurs prix internationaux et a été invitée à des groupes prestigieux. Son audience continue à s’agrandir alors qu’elle fête son anniversaire de 40 ans travaillant comme artiste. Vous trouverez ses œuvres d’art sur plus de 60 couvertures de livres (y compris des bouquins de Terry McMillan, Alice Walker et Iyanla Vanzant), dans 17 livres pour enfants (dont 3 écrits par elle-même), sur le premier timbre postal Kwanzaa commandité par l’US Postal Service, dans des designs architecturaux pour places publiques et dans d’œuvres d’art commanditées par des organisations, sociétés et collectionneurs individuels. Elle est aussi une conférencière reconnue. Toutes les images publiées dans ce rapport ont été peintes par Synthia SAINT JAMES et BizClim la remercie d’avoir contribué à cette publication. Vous trouverez le monde créatif de Synthia SAINT JAMES sur www.synthiasaintjames.com Table des matières LISTE D’ACRONYMES 6 DEFINITIONS 6 NOTE METHODOLOGIQUE 7 Document de synthèse 8 1. Introduction 10 2. Vue d’ensemble des flux issus de la diaspora 14 2.1. Le stock de migrants d’ASS dans le monde 15 2.2. Caractériser les flux issus de la diaspora à destination de la région ASS 16 2.2.1. Volume des envois de fonds (E) 16 2.2.2. Envois de fonds en tant que part du PIB (E/PIB) 16 2.2.3. Envois de fonds en tant que part de l’IDE (E/IDE) 17 2.2.4. IDE en tant que partie du PIB (IDE/PIB) 17 2.2.5. Indice de performance en matière d’IDE 18 2.2.6. Formation brute de capital en tant que part du PIB (FBC/PIB) 18 2.2.7. Cible des flux de fonds provenant de la diaspora 18 2.3. Notation des pays basée sur des données quantitatives 19 2.4. Les cas de financements ne provenant pas de la diaspora africaine 20 2.4.1. Introduction 20 2.4.2. Profil par pays 21 2.4.3. Conclusion 25 3. Obstacles et freins aux investissements issus de la diaspora 26 3.1. Introduction 27 3.2. Vue d’ensemble par pays 27 3.2.1. CAP-VERT 27 3.2.2. GHANA 29 3.2.3. NIGERIA 32 3.2.4. MALI 34 3.2.5. SENEGAL 36 3.2.6. KENYA 38 3.2.7. CAMEROUN 41 3.3. Conclusion 42 3.3.1. Obstacles et freins à l’augmentation du volume des envois de fonds reçus par le biais de canaux formels 42 3.3.2. Obstacles et freins à l’acheminement des envois de fonds vers des investissements productifs 43 3.3.3. Obstacles et freins aux investissements de la diaspora dans le secteur privé 43 4 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 4. Options et initiatives politiques visant à promouvoir les investissements portés par la diaspora 4.1. Introduction 4.2. Au niveau du pays d’origine 4.2.1. Liens stratégiques et institutionnels avec la diaspora 4.2.2. Cadre juridique et réglementaire 4.2.3. Mesures incitatives et mécanismes promouvant les investissements portés par la diaspora 4.3. Au niveau du pays d’accueil 4.3.1. Relations stratégiques avec la diaspora 4.3.2. Recommandations en matière de politiques 4.3.3. Mesures incitatives et mécanismes 4.4. Au niveau des institutions multilatérales 4.4.1. Liens stratégiques avec la diaspora 4.4.2. Mesures incitatives et mécanismes promouvant les investissements portés par la diaspora 4.5. Au niveau des communautés en diaspora 5. La Facilité pour l’investissement de la diaspora africaine 5.1. Finalité et objectifs 5.2. Assistance technique et d’information (ATI) 5.2.1. Activités 5.2.2. Mise en œuvre 5.3. Fonds d’investissement pour la diaspora (DiaFund™) 6. Conclusion Annexe 1: tableau comparatif du cadre institutionnel et réglementaire et des obstacles existants à l’entrée des investissements portés par la diaspora Annexe 2: cadre juridique sous-jacent à l’investissement de la diaspora Annexe 3: Principe 3 des Principes généraux des transferts de fonds internationaux Bibliographie 44 45 45 45 46 47 50 50 50 50 51 51 52 53 54 55 55 55 55 55 58 60 62 67 68 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 5 LISTE D’ACRONYMES AL Association Locale APD Aide Publique au Développement ASS Afrique Sub-Saharienne BAfD Banque Africaine de Développement CCI Chambre de Commerce et d’Industrie CNUCED Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement FBC Formation Brute de Capital FIDA Fonds International de Développement Agricole FMI Fonds Monétaire International IDC Instituto das Comunidades IDE Investissement Direct Etranger Imf Institution de microfinance OCDE Organisation de Coopération et de Développement Economiques OMD Objectif du Millénaire pour le Développement OTA Opérateur de Transfert d’Argent PIB Produit Intérieur Brut PME Petites et Moyennes Entreprises TRIM Mesures concernant les investissements et liées au commerce Definitions Flux de fonds provenant de la diaspora Le terme «flux de fonds provenant de la diaspora» est utilisé dans ce rapport pour faire référence aux transferts monétaires réalisés par les membres de la diaspora (également définis comme migrants) vers leur pays d’origine, soit en tant que transferts privés, soit en tant que fonds d’investissements, de garantie des dépôts ou de donation. Par conséquent, cela couvre un champ plus large que les envois de fonds de travailleurs (voir ci-dessous) étant donné que cela inclut les participations dans le secteur privé et les investissements en portefeuille réalisés par les migrants. Envois de fonds de la part de travailleurs Les envois de fonds représentent des sommes envoyées d’un individu à un autre ou d’un ménage à un autre. Les envois de fonds internationaux représentent ceux qui sont envoyés par des travailleurs migrants qui ont quitté leur pays d’origine. Les envois de fonds domestiques représentent ceux qui sont envoyés par des travailleurs migrants qui ont quitté le village ou la ville où ils habitent pour aller travailler ailleurs dans leur pays d’origine (ex: migration rurale-urbaine, souvent également définis comme des envois de fonds nationaux). Les envois de fonds sont habituellement réalisés en liquide plutôt qu’en biens. Les biens importés ou achetés à l’extérieur sont, cependant, également fréquents. 6 Les envois de fonds sont habituellement réalisés pour aider les membres de la famille, dans leur pays d’origine, à faire face aux besoins financiers– alimentation, frais de scolarité, obsèques, entretien de la maison, etc. On estime que seule une infime part des envois de fonds est orientée vers des investissements de communauté et vers des investissements dans le secteur privé (voir ci-dessous). Systèmes de transfert formels Les transferts d’argent formels sont offerts principalement par des banques avec des transferts de compte à compte, comme par le biais de SWIFT et d’opérateurs de transfert d’argent, tels que Western Union ou MoneyGram, et leurs agents. Systèmes de transfert informels Une gamme de systèmes informels existe, elle comprend les migrants qui portent leur argent eux-mêmes ou qui l’envoient à des parents ou à des amis. Il existe de nombreux services informels, qui fonctionnent typiquement comme une activité annexe à une opération d’import-export, magasin de vente au détail ou distribution de devises. La plupart d’entre eux fonctionnent sur la base d’un minimum de documents papier ou électroniques, voire l’absence totale de documents. La transaction est communiquée par téléphone, par fax ou par courrier électronique à la personne qui va devoir payer. Les détails varient, comme par exemple, la présence ou non d’un mot de passe ou d’un formulaire d’identification. Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne Investissements provenant de la diaspora Comme avec les autres investisseurs effectuant un Investissement Direct à l’Etranger (IDE), les membres de la communauté de la diaspora réalisent des prises de participation et des investissements en portefeuille afin de se procurer des rendements et un gain personnel. Cependant, ils investissent également dans des projets communautaires qui contribuent au développement de leurs communautés d’origine – écoles, maisons de quartier etc.., sans attendre de cette initiative le moindre gain financier. Cette catégorie d’investissements sera mentionnée dans ce rapport comme investissements dans le secteur communautaire, en opposition à l’ancienne mention comme investissements dans le secteur privé. Une autre catégorie à remarquer est l’investissement généré par la diaspora – lorsqu’un membre de la communauté de la diaspora est impliqué dans l’attrait d’un IDE dans un pays donné, sans avoir réellement de fonds privés dans l’entreprise. Investissement Productif - Les activités génératrices d’emplois et de revenus, telles que l’achat de terres ou d’outils, la création d’une entreprise et d’autres activités aux effets multiplicateurs. NOTE METHODOLOGIQUE Estimation du flux de fonds provenant de la diaspora Bien qu’il soit largement entendu que les flux d’envois de fonds dans le monde augmentent, une estimation fiable des flux de pays à pays, et par conséquent du volume global d’envois de fonds, demeure indéfinissable. à l’investissement de la diaspora africaine, et de formuler des recommandations sur la manière de relever ces défis à différents niveaux. Par conséquent, toutes les analyses et tous les examens comparatifs fournis dans ce rapport sont basés sur des données publiées officielles. Premièrement, la définition légale d’un migrant varie d’un pays à l’autre, certains prenant en compte le lieu de naissance, pendant que d’autres prennent en compte la nationalité pour définir le terme. Il est donc très difficile d’obtenir des données précises et homogènes sur lesquelles baser une analyse et des comparaisons entre les pays. Portée géographique de l’analyse Le stock de migrants provenant de la diaspora africaine dans les pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) est en général hautement instruit, et ces personnes disposent, par conséquent, d’un salaire plus élevé qui leur offre un plus grand potentiel d’épargne qu’aux personnes qui résident et qui travaillent dans d’autres régions. Ces migrants sont par conséquent plus susceptibles d’être engagés dans des initiatives d’investissement dans le secteur privé dans leurs économies locales. Deuxièmement, les statistiques d’envois de fonds officiellement rapportés sous-estiment sérieusement les flux totaux. Les canaux informels sont estimés à près de 48 pour cent dans le monde, et atteignent 73 pour cent dans les pays ASS (Page and Plaza, 2005). Mais, même pour ces transferts réalisés par des canaux formels et enregistrés, il existe des incompatibilités et des incohérences entre les ensembles de données disponibles qui entravent la décomposition des données, l’analyse comparative, et la recherche approfondie. Cependant, l’idée directrice de cette étude est moins de fournir des données précises concernant le volume des flux que d’identifier plutôt les tendances majeures et les défis En termes de pertinence de cette étude, il est évident que le niveau de stock de migrants dans les économies développées d’Europe, Amérique du Nord et Canada est bien en corrélation avec le niveau d’investissements étrangers, et par extension, avec le niveau d’investissements dans le secteur privé. à ce titre, les pays ASS sélectionnés pour un examen approfondi sont ceux qui figurent parmi les 20 premiers, sur la base de leur stock de migrants dans ces régions. Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 7 Document de synthèse Malgré la récente amélioration des perspectives économiques, avec une économie qui affiche une croissance moyenne de 6% par an ces dernières années, la région ASS est à la traîne derrière les autres régions en voie de développement telles que l’Asie et l’Amérique Latine en ce qui concerne l’attrait des flux de capitaux privés. Les pays de la région sont par conséquent intéressés à l’idée d’examiner d’autres sources de flux de capitaux, et particulièrement concernant le flux provenant de leur diaspora. investissements directs étrangers (infrastructures insuffisantes, bureaucratie rigide, corruption, etc..), de nombreux défis concernant l’attrait d’investissements issus spécifiquement de la diaspora dans le secteur privé ont été identifiés. Ceux-ci comprennent (a) le faible lien institutionnel des pays avec leur diaspora, (b) le manque d’accès, pour des investisseurs de la diaspora, au financement, à la fois dans les pays hôtes et dans les pays d’origine et (c) l’absence d’information concernant les opportunités d’investissement dans la région. Premièrement, ces pays peuvent diriger les flux reçus dans les secteurs de l’économie générateurs d’emploi et de revenu. En outre, malgré l’actuel bas niveau des investissements en portefeuille privés réalisés par la diaspora de la région ASS, il existe un potentiel d’augmentation de ces investissements dans un futur proche, ce groupe continuant à consolider sa position au sein du secteur des entreprises et du secteur financier des pays hôtes dans les économies développées. Enfin, la diaspora pourrait jouer un rôle crucial dans l’encouragement d’investissements bilatéraux et multilatéraux dans les économies de leurs pays d’origine. Pour aborder ces problèmes, de nouvelles politiques doivent être mises en place et de nouvelles initiatives doivent être prises au niveau de quatre parties prenantes clés dans le flux d’investissements générés par la diaspora: les gouvernements des pays d’origine, les gouvernements des pays hôtes, les institutions multilatérales et la communauté de la diaspora elle-même. Un instrument est également nécessaire au niveau régional afin de favoriser et soutenir les investissements générés par la diaspora africaine dans la région. Cependant, ces pays attirent un volume de flux financiers moindre provenant de leur diaspora, dirigent une moindre partie de ces flux vers des secteurs de l’économie générateurs d’emploi et de revenu, et attirent une partie insignifiante d’investissements en portefeuille et en participation en provenance de leur diaspora. L’une des principales raisons de la faible capacité pour la région à attirer des envois de fonds substantiels par des canaux formels réside dans le fait que, contrairement aux autres régions, le coût du transfert officiel de l’argent reste très élevé. Cela est essentiellement dû à l’absence de concurrence dans le marché du transfert dans la région, avec un opérateur de transfert d’argent qui contrôle le marché dans la plupart des pays examinés. En outre, des restrictions réglementaires dans certains pays refusent l’entrée sur le marché à des institutions financières non bancaires ayant une vaste couverture géographique et étant situées à proximité des destinataires. Les obstacles à l’orientation des envois de fonds reçus vers les secteurs productifs de l’économie se rapportent au cadre légal et réglementaire inapproprié concernant le marché des transferts d’envois de fonds dans la plupart des pays de la région, et au système financier domestique inefficace qui n’encourage pas un accès plus important au financement pour les destinataires. Enfin, outre le document certifié démontrant les atouts et les faiblesses de l’environnement de la région pour y recevoir les 8 Au niveau du pays d’origine, les autorités publiques doivent adopter des mesures politiques qui permettraient à leur diaspora de conserver un lien émotionnel avec le pays d’origine et de devenir économiquement attirée par lui. De telles mesures se rapportent aux liens stratégiques et institutionnels que le pays doit maintenir avec la diaspora, mais aussi au cadre légal et réglementaire qu’il est nécessaire de mettre en place. Concernant le lien avec la diaspora, les gouvernements africains doivent démontrer un engagement au plus haut niveau pour intégrer les financements de la diaspora, avec une gamme de stratégies mêlant les secteurs nationaux et économiques. Un tel engagement doit être démontré par la création d’une institution viable et efficace, destinée à faire participer la diaspora, ou, s’il n’y en a pas, la nomination d’un “champion” dédié à la cause d’une plus grande participation de la diaspora dans l’économie domestique. Concernant le cadre légal et réglementaire, les gouvernements doivent veiller à l’octroi du droit à la double citoyenneté aux membres de leur diaspora et adopter des mesures réglementaires qui a) conduiraient à davantage de concurrence sur le marché des transferts d’envois de fonds, b) ne dresseraient pas des barrières artificielles contre l’investissement de la diaspora, c) permettraient la création de véhicules d’investissement financier innovants dont la cible particulière serait l’investisseur de la diaspora, et d) qui fourniraient des exceptions dans l’application de certaines réglementations chaque fois que le principe de traitement égal pour tous est clairement au désavantage de l’investisseur de la diaspora. Au niveau du pays d’origine, les initiatives concernant l’orientation des envois de fonds par le biais des canaux formels doivent inclure a) la proposition de mesures financières incitatives afin d’encourager l’utilisation par la Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne Document de synthèse diaspora des services bancaires et d’épargne domestiques, et b) l’amélioration de l’alphabétisation des destinataires des envois de fonds. Et enfin, pour encourager les investissements de la diaspora, les gouvernements doivent a) établir des mesures incitatives spécifiques (taxes, taux préférentiels, etc.), b) veiller à la fourniture de services consultatifs d’aide à l’entreprise et c) utiliser les Institutions de microfinance pour supporter directement les investissements générés par la diaspora. Les gouvernements des pays hôtes doivent également développer des liens stratégiques avec à la fois la communauté de la diaspora dans leur pays et les autorités gouvernementales des pays d’origine. Les groupements officiellement constitués d’organisations de la diaspora, incluant les Associations Locales (AL), doivent être renforcés et supportés lorsqu’ils se lancent dans des projets d’investissement dans le secteur communautaire. Ils doivent être en mesure de travailler ensemble avec leurs homologues dans la région ASS, sur les questions techniques, réglementaires et de surveillance afin d’assurer la transparence sur le marché des transferts d’envois de fonds. Certaines des initiatives pouvant être envisagées comprennent a) la création de programmes d’assistance technique et financière afin de fournir une aide aux entrepreneurs de la diaspora, b) les initiatives de la communauté de la diaspora dans les économies spécifiques des pays d’origine, c) la fourniture à la communauté de la diaspora des opportunités d’interagir économiquement avec leurs pays d’origine. Au niveau des institutions multilatérales, les investissements générés par la diaspora doivent être examinés avec des stratégies, des politiques et des législations plus cohérentes. Cela doit être basé sur la relation étroite qui existe entre la migration internationale, l’investissement et le développement, tout comme d’autres domaines politiques clés tels que le commerce et l’aide. Certaines des initiatives proposées pour encourager davantage d’investissements générés par la diaspora dans le secteur communautaire comprennent a) la liaison entre les initiatives des groupes de la diaspora et leur soutien, b) la possibilité pour ces groupes de participer à des projets de développement financés par l’institution. Concernant les investissements générés par la diaspora dans le secteur privé, a) des initiatives et des plans de soutien pour soutenir concrètement le nouvel investisseur de la diaspora (tels que le programme D-MADE de la Banque Mondiale), b) adapter les initiatives existantes à l’investisseur de la diaspora (programme de garantie des petits investissements de l’IFC), c) fournir un soutien international aux initiatives conçues pour tirer profit des envois de fonds dans leur contribution aux économies d’origine. Enfin, la communauté de la diaspora doit développer ses capacités pour une participation efficace dans la prise de décision, tant au niveau du secteur privé que du secteur public, à la fois dans les pays hôtes et dans les pays d’origine. Au niveau du pays d’origine, la communauté de la diaspora doit s’engager avec les autorités pour promouvoir la bonne gouvernance et améliorer le climat des affaires. Au niveau du pays hôte, la communauté de la diaspora devrait a) s’engager activement avec les institutions de promotion des affaires du pays hôte, b) encourager les liens commerciaux avec le pays d’origine et c) contribuer à favoriser une image positive de l’Afrique dans le pays hôte. La Structure d’Investissement de la Diaspora Africaine (IDAF) proposée dans ce rapport est conçue pour assister l’investisseur de la diaspora existant et potentiel, grâce à des instruments adéquats à chacun des cycles d’activité de l’entreprise: genèse, début, viabilité. A chaque cycle, il est nécessaire de fournir une assistance sous la forme d’informations, de développement des capacités, et de financement. L’Assistance Technique et d’Information (ATI) élément de la structure, fournira un ensemble de services intégrés concernant les initiatives d’activités en lien avec la diaspora. L’élément du financement (DiaFund) est une proposition de financement à hauteur de 200 millions € de fonds, pour augmenter le montant et la diversité du financement en capital disponible, afin d’aider les entreprises de la diaspora qui débutent et celles qui sont en croissance à croître, prospérer et évoluer dans la région ASS. Le fonds investira dans a) des fonds de capital-risque engagés dans des prises de participations dans des entreprises en lien avec la diaspora situées dans la région ASS, et b) des fonds d’investissements nationaux de la diaspora (tels que le Fonds d’Investissement de la Diaspora nigériane, le Fonds d’Investissement de la Diaspora kenyane, qui a été proposé, et d’autres possibles). Le fonds ne procédera pas à des investissements directs dans des entreprises individuelles. Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 9 1 Introduction © Copyright. Synthia SAINT JAMES 10 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 1 Introduction Les flux de capitaux privés à destination de la région d’Afrique subsaharienne Au cours des dernières années, l’économie africaine a enregistré une croissance annuelle1 moyenne d’environ 6,5 %. Selon un rapport du Fonds Monétaire International (FMI 2007), la totalité des flux privés avant impôts à destination de l’Afrique Subsaharienne (ASS) s’est élevée à environ 45 milliards de dollars US en 2006, contre 9 milliards de dollars US en 2000. Cela a constitué une augmentation significative reflétant une amélioration des fondamentaux domestiques dans les pays bénéficiaires ainsi qu’un environnement économique mondial favorable durant cette période. par rapport aux autres régions telles que l’Asie et l’Amérique Latine. Les pays de cette région s’intéressent alors à d’autres sources de flux de capitaux et en particulier concernant les flux provenant de leur diaspora. L’importance croissante des flux initiés par la diaspora Le flux de la diaspora dans les économies domestiques revêt essentiellement la forme de virements en liquide privés à destination des familles (envois de fonds), de prise de participation privée dans le secteur des entreprises et des investissements en portefeuille sur le marché financier. Durant cette année, les flux de capitaux dans la région n’ont pas été répartis de manière égale étant donné que le Nigéria et l’Afrique du Sud ont représenté environ deux tiers de la totalité des flux. En outre, les flux d’Investissement Direct à l’Etranger (IDE) continuent à être dirigés principalement vers les industries extractives car on estime que 70 pour cent de cet afflux à destination de cette région revient, en 2006, aux exportateurs de pétrole, à savoir l’Angola, la Guinée équatoriale et le Nigéria. L’Afrique du Sud est de loin le plus grand bénéficiaire des flux de portefeuille privés, représentant quasiment la moitié de la totalité des flux de capitaux privés avant impôts à destination de cette région. Ce pays a représenté quasiment la totalité du flux de 15,1 milliards de dollars US du portefeuille de participations à destination de la région en 20062. Les envois de fonds constituent de loin la plus grande part du flux provenant de la diaspora et à destination de la région ASS. Cependant, on peut remarquer qu’il existe une petite quantité de prises de participation privées et d’investissements en portefeuille venant de ce groupe et on peut également percevoir le rôle que pourrait jouer la diaspora pour augmenter les IDE et leur permettre d’aller vers leurs économies domestiques d’origine. Il est intéressant de noter l’augmentation, bien que l’on parte de très bas, des flux de portefeuille vers un petit groupe de pays. C’est le cas du Cameroun, du Ghana, de l’Ouganda et de la Zambie qui attirent ces flux en raison de l’amélioration de leurs cotes de risque et de leurs rendements plus élevés. On remarque également la présence d’investissements étrangers sur les marchés des obligations et des actions au Botswana, au Kenya, au Malawi et au Nigéria. Bien que ces flux soient encore généralement faibles, à la fois de manière absolue et par rapport au PIB, ils sont devenus importants dans un certain nombre de pays. C’est le cas du Malawi et du Cameroun où ce flux a représenté respectivement 2 et 3 pour cent du PIB. • Il existe également une tendance régionale qui ne cesse de croître par rapport aux investissements en portefeuille qui s’est matérialisée par le lancement en août 2008 de la plus importante offre de stock public transfrontalière en Afrique. Cette offre a été lancée simultanément dans trois bourses africaines à Abidjan, Accra et Lagos, par le groupe bancaire africain Ecobank Transnational Incorporated (ETI)3. D’un montant de 2,5 milliards de dollars US, cette offre comprend 3,76 milliards d’actions offertes aux actionnaires actuels. En dépit de ces récentes améliorations, cette région est toujours à la traîne pour attirer les flux de capitaux privés, 1 2 3 4 Ainsi, non seulement la communauté de cette diaspora a le potentiel pour investir de son plein droit mais elle possède également les connaissances, l’expertise et l’expérience qui pourraient être mises en œuvre pour permettre l’investissement du secteur privé à l’origine. Il est possible d’envisager différents modèles d’intervention. éseaux d’investisseurs transfrontaliers: les membres R de la diaspora investissent uniquement dans leur pays ou établissent des partenariats. • Réseaux de capital risque / de parrainage: les jeunes pousses étrangères créées par des responsables et des propriétaires appartenant à la diaspora travaillent avec des jeunes pousses dans leur pays d’origine pour développer et financer des projets commerciaux viables. • Réseaux de sous-traitance: - Les propriétaires d’entreprises issus de la diaspora sous-traitent certaines de leurs activités à des firmes se trouvant dans leur pays d’origine. - Les dirigeants issus de la diaspora travaillant pour des multinationales à l’étranger influencent les décisions liées à l’investissement pour sous-traiter les activités aux entreprises situées dans leur pays d’origine. • Réseaux de mobilisation des cerveaux: les compétences des membres de la diaspora sont mobilisées pour fournir une expertise relative à l’encadrement et aux connaissances à des entreprises et des laboratoires de R&D dans leur pays d’origine. • Encouragement du commerce bilatéral: la diaspora est impliquée dans le commerce avec le pays d’origine et dans l’amélioration de la réputation du climat d’investissement du pays d’origine dans le pays hôte.4 En raison du commencement de la crise financière, on estime qu’elle ne sera plus que de 5 % en 2008 et de 4,9 % en 2009. (AfDB) En augmentation de 4,2 milliards de dollars US en 2000 Créé en 1985 à Lome (Togo), Ecobank est présent dans 25 pays africains et emploie 10 000 personnes réparties dans plus de 500 filiales. Ainsi, il a été démontré que, plus la population d’origine chinoise augmente dans un pays, plus les échanges commerciaux augmentent entre le pays en question et la Chine (Rauch and Trinidade, 2002:116) et selon Head and Reiss (1998), une augmentation de 10 pour cent de l’effectif de l’immigration permanente à partir d’un pays typique est associée à une augmentation de 1 pour cent des exportations canadiennes vers ce pays et une augmentation de 3 pour cent des importations à partir de ce pays. Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 11 1 Introduction Figure 1: Envois de fonds enregistrés à destination des pays en voie de développement. Contrairement aux autres investisseurs étrangers, les investisseurs issus de la diaspora peuvent prendre en considération des aspects qui ne correspondent pas au raisonnement généralement accepté concernant les IDE. Premièrement, il est davantage probable qu’ils investissent dans des économies que d’autres personnes jugeraient comme très risquées, simplement parce qu’ils possèdent de meilleures connaissances et qu’ils ont des opportunités de relations qui font défaut aux autres investisseurs. Deuxièmement, ils peuvent allier ces connaissances aux compétences, aux connaissances et aux réseaux qu’ils ont établis à l’étranger, ce qui entraîne des avantages importants en termes de synergies. Troisièmement, ils peuvent investir pour des raisons altruistes (pour l’amour de leur pays d’origine), dans l’espérance que leur investissement aura un impact positif sur les familles qu’ils ont laissées derrière eux dans leur pays d’origine. 250.00 200.00 150.00 100.00 50.00 0.00 1990 2000 Pays en voie de développement 250.00 L’Amérique Latine et les Caraïbes La région ASS attire un volume relativement faible d’envois de fonds par le biais des canaux formels. 200.00 L’Asie de l’Est et le Pacifique Officiellement, les flux d’envois de fonds enregistrés à destination des pays en voie de développement ont augmenté de manière régulière au cours des dernières années pour atteindre environ 240 milliards de dollars US en 2007, et ils sont maintenant plus importants que les flux d’IDE et de prises de participation dans plusieurs pays, en particulier les pays à faibles revenus. 100.00 Moyen- Orient et l’Afrique du Nord 150.00 L’Afrique Subsaharienne En outre, contrairement aux autres régions où la croissance a dépassé celle des privés et de l’aide2006 publique 1990flux de capitaux 2000 35.0 au développement (APD), la région ASS est encore endettée 30.0 du Developing fait d’un countries niveau élevé d’APD (figure 2). En 2006, l’APD 25.0 représentait plus de Carribean deux fois et demie le volume des flux Latin America and the 20.0 privés reçus par la région ASS à l’exception de l’Afrique du East Asia and the Pacific Sud. 15.0 40.00.00 10.0 Middle East and North Africa 5.0 Sub-saharan Africa Figure 2 : Envois de fonds enregistrés par rapport aux flux de capitaux (Afrique subsaharienne) 1996 privés 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 US$ Billions 45.0 Cependant, ces derniers représentent moins de 5 % de la totalité des envois de fonds dans les pays en voie de développement durant l’année. En 2005, les trois principaux bénéficiaires, à savoir la Chine, l’Inde et le Mexique, ont représenté plus d’un tiers des envois de fonds à destination des pays en voie de développement. Parmi les 25 principaux bénéficiaires, seul un d’entre eux (le Nigéria) se trouvait en Afrique tandis que trois pays d’Asie du Sud figuraient sur cette liste (Bangladesh, Inde et Pakistan). Source: Banque Mondiale 50.00 45.0 US$ Billions Le volume des envois de fonds vers l’Afrique Subsaharienne (ASS) a également augmenté significativement au cours des dernières années. Selon la Banque Mondiale, les flux5 d’envois de fonds enregistrés officiellement dans cette région ont presque triplé entre 2000 et 2006, passant de 3,2 milliards à 10,3 milliards de dollars US. (Migration & Remittances Factbook 2008). 2006 FDI 40.0 ODA & Aid 35.0 Remittances 30.0 25.0 80 20.0 70 15.0 77 10.0 60 61 5.0 50 40 30 20 10 0 80 1996 45 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 41 41 41 FDI 34 ODA & Aid Remittances 14 18 Banque Mondiale Source: 13 5 Maroc Sénégal Mali 10 Comores 77 70Assistance Familiale 5 Comme cela est indiqué dans la note méthodologique du présent rapport, ce montant est largement sous-estimé. On estime que plus de 50 pour cent des envois de fonds à destination de la Immobilier région passe par des canaux non officiels. Page and Plaza (2006) fait grimper ce chiffre à 76 pour cent.60 En se basant sur cela, les envois 61 de fonds à destination de l’Afrique subsaharienne par le biais des canaux formels et informels représenteraient plus de 30 milliards de dollars US par an. Investissement 50 40 1630 41 41 41 34 14 20 12 14 sub-saharienne Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: 10 le cas de l’Afrique 10 5 en % 12 45 18 13 10 1 Introduction La région ASS dirige moins de flux d’envois de fonds vers l’investissement dans le secteur privé. Non seulement ce continent attire moins d’afflux d’envois de fonds que n’importe quelle autre région mais il possède également une capacité limitée pour diriger les envois de fonds reçus vers l’investissement dans le secteur privé. Un certain nombre d’études portant sur l’utilisation des envois reçus dans la région ASS a fait ressortir qu’en moyenne, moins de 10 pour cent de ces flux sont dirigés vers les secteurs générateurs de revenus et d’emplois pour leur économie6. Bien que les envois de fonds entraînent des afflux transfrontaliers de sommes d’argent relativement modestes, ils permettent aux foyers à faibles revenus d’accéder à des services financiers formels, en commençant, très probablement, par les produits d’épargne7. L’intérêt croissant des instituts de microfinance pour ce segment de marché fait apparaître la possibilité que des envois de fonds servent de garantie pour le capital des jeunes pousses pour les personnes qui étaient exclues auparavant du secteur formel. Ces dernières années, les institutions financières de la région affichent un intérêt croissant pour les envois de fonds. Au Ghana et au Nigéria, les banques proposent de nouveaux produits financiers conçus pour attirer cet afflux, une première étape pour le diriger vers l’investissement dans le secteur privé. En 2007, l’institution financière togolaise, Atlantic Financial Group, a ouvert une succursale de la Banque Atlantique à Paris8. A partir de sa base en Côte d’Ivoire, cette banque a élargi son réseau vers les pays voisins que sont le Togo, le Mali, le Sénégal, le Bénin, le Burkina-Faso et le Niger. Cette banque courtise activement la diaspora originaire de la région d’Afrique occidentale basée en Europe. En dépit de ce progrès, il existe toujours un écart de développement persistant au sein des institutions bancaires et des autres institutions financières lorsqu’on les compare aux régions dynamiques du monde en voie de développement. Cette faiblesse est un obstacle pour mobiliser efficacement les envois de fonds vers les secteurs productifs de cette économie. La région ASS attire moins d’investissements du secteur privé provenant de la diaspora que n’importe quelle autre région. En l’absence de données fiables, il est juste de partir du principe que cette région est également à la traîne par rapport à d’autres régions concernant sa capacité à attirer des prises de participation privée et des investissements en portefeuille à partir de sa diaspora, y compris les migrants qui retournent au pays. A l’exception de Celtel9, il existe très peu d’investissements à grande échelle réalisés par la diaspora africaine sur ce continent, tandis que l’Inde et la Chine, par exemple, disposent d’une myriade d’entreprises rentables et très grandes dirigées par leur diaspora dans leur pays. Le rôle joué par la diaspora indienne dans l’essor du secteur de l’informatique indien est maintenant correctement documenté (Kapur and McHale 2005, Pandey et al. 2006). On estime également que près de la moitié des 41 milliards de dollars US d’IDE que la Chine a reçus en 2000 pourraient provenir de sa diaspora à l’étranger (Wei 2004). 6 Une étude récente réalisée par le Banque Africaine de Développement portant sur les migrants originaires de quatre pays (Maroc, Mali, Sénégal, les Comores) résidant en France a mis en lumière que ce pourcentage était très faible au Sénégal, à 5 % tandis qu’il était élevé au Mali, à 18 %, dont 32 pour cent approximativement étaient consacrés aux investissements dans l’immobilier dans ces quatre pays (AfDB 2007). 7 Il n’existe pas de preuves pour suggérer que les envois de fonds transférés de manière informelle sont appliqués d’une manière différente vers des objectifs de développement par rapport à des envois de fonds formels (Pieke et al, 2005). 8 En partenariat avec la Compagnie de Banques Internationales de Paris, filiale de CBAO 9 Un opérateur de téléphone portable en Afrique, fondé par Mo Ibrahim, un entrepreneur dans les communications mobiles britannique né au Soudan. Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 13 2 Vue d’ensemble des flux issus de la diaspora © Copyright. Synthia SAINT JAMES 14 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 2 Vue d’ensemble des flux issus de la diaspora 2.1. Stock de migrants d’ASS dans le monde Tableau 1: immigrants d’ASS vivant en Europe, par pays de résidence Selon la Banque Mondiale, le stock de migrants total mondial est estimé à environ 16 millions avec des différences notables entre les pays de cette région10. Environ 3 millions de personnes appartenant à la communauté d’émigrants d’ASS (8 % du total) vivent et travaillent dans les économies développées d’Europe, du Canada et de l’Amérique du Nord. On estime que l’Europe abrite plus de la moitié de cette population, les Etats-Unis et le Canada représentant respectivement environ 1 million et 282.000 personnes. Pays de résidence Population Part du stock de migrants d’ASS en Europe (%) Royaume-Uni 461,358 26.6 France 443,684 25.6 Italie 211,283 12.2 Allemagne 151,973 8.8 Portugal 123,703 7.1 Belgique 65,520 3.8 On estime que le Royaume-Uni et la France comptent près de la moitié du stock de migrants d’ASS en Europe (Tableau 1). D’autres pays dotés d’une population ASS conséquente incluent l’Italie, l’Allemagne et le Portugal. Espagne 64,464 3.7 Norvège 37,618 2.2 Le tableau 2 ci-dessous présente les données des pays qui se classent parmi les 20 premiers concernant le volume de leur stock d’émigrants vivant et travaillant dans les économies développées d’Europe, du Canada et de l’Amérique du Nord. Il présente également les cinq principaux pays de résidence en Europe des différentes communautés issues de la diaspora. Danemark 30,177 1.7 Irlande 30,044 1.7 Ce tableau montre que le Cap-Vert possède la population la plus importante parmi sa diaspora dans ces pays (36 %), le Mali et Maurice complétant le trio de tête. Pays Pop. 2006 (Millions) Stock d’émigrants total, 2005 Stock d’émigrants en % de la population (%) Stock de migrants en Europe, 2006 Total 1,735,198 Source: Office national des statistiques. Données de 2004, 2005 et 2006. Tableau 2: Immigrants d’ASS en Europe, par pays de résidence Stock de migrants en Amérique du Nord 5 principaux pays de résidence Cap-Vert 0.52 181,193 35.8 81,304 Portugal, France, Italie, Espagne, Luxembourg Maurice 1 119,424 9.6 56,555 France, Royaume-Uni, Italie, Suisse, Belgique 14 1,213,042 9.0 49,390 France, Espagne, Italie, Belgique, Suisse 2 116,124 7.3 31,919 Portugal, France, Espagne, Italie, Autriche 13 761,226 5.9 74.642 Royaume-Uni, Irlande, France, Suisse, Danemark 8 441,417 5.4. 125,798 Royaume-Uni, Norvège, Danemark, Suède, Italie Ghana 23 906,968 4.1 116,858 Sénégal 12 463,403 4.0 130,727 France, Italie, Espagne, Suisse, Belgique La Gambie 2 56,762 3.7 21,234 Espagne, Royaume-Uni, France, Suède, Norvège Togo 6 222,008 3.6 30,779 France, Allemagne, Belgique, Italie, Suisse Angola 16 522,964 3.3 55,442 Portugal, France, Italie, Suisse, Belgique Afrique du Sud 47 713,104 1.5 122,882 Cameroun 17 231,169 1.4 64,186 France, Allemagne, Italie, Belgique, Suisse Kenya 35 427,324 1.2 23,483 Royaume-Uni, Suisse, Italie, France, Norvège Rép. dém. du Congo 59 571,625 1.0 74,789 France, Belgique, Allemagne, Suisse, Irlande Côte d’Ivoire 18 151,755 0.8 53,497 France, Italie, Belgique, Suisse, Espagne Madagascar 19 151,364 0.8 32,371 France, Italie, Suisse, Belgique, Norvège Nigéria 145 836,832 0.6 147,497 134,940 Royaume-Uni, Italie, Irlande, Allemagne, Espagne Ethiopie 73 445,926 0.6 36,537 69,530 Allemagne, Italie, France, Royaume-Uni, Norvège 1,740,000 1,000,000 Mali Guinée-Bissau Zimbabwe Somalie Total 15,900,000 65,572 63,000 Royaume-Uni, Italie, Allemagne, France, Pays-Bas Royaume-Uni, Allemagne, Pays-Bas, France, Portugal Source: Office national de la statistique, 2004-2006, Banque Mondiale 10 Une fois encore, il s’agit d’une importante sous-estimation. Ainsi, par exemple, certaines estimations indiquent que le stock d’émigrants nigérians comporte plus de 5 millions de personnes. (USAID,2007) Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 15 2 Vue d’ensemble des flux issus de la diaspora 2.2. Caractériser les flux issus de la diaspora à destination de la région ASS le montant moyen des transferts à destination de ce pays est le double du pays arrivant juste derrière, à savoir le Kenya. Le tableau 3 ci-dessous présente les flux11 officiels issus de la diaspora enregistrés auprès de 19 pays de la région ASS dotés d’une importante population issue de la diaspora en Europe et en Amérique du Nord. Il regroupe également un certain nombre d’indicateurs statistiques s’y rapportant qui permettent de caractériser ces flux. 2.2.2. E nvois de fonds en tant que part du PIB (E/PIB) 2.2.1. Volume des envois de fonds (E) Les pays qui ont connu une forte croissance au cours des cinq dernières années incluent le Togo et le Cameroun où les entrées ont été multipliées respectivement par quatre et par huit. Le taux de croissance de 1300 % de la Guinée-Bissau est assez spectaculaire même s’il était proche de 0 en 2000. Comme on pouvait s’y attendre, le Nigéria, qui comporte le plus grand stock d’émigrants, est le principal pays destinataire dans la région avec plus de 3 milliards de dollars US reçus en 2006, soit le double par rapport au chiffre de 2000. En outre, E/PIB mesure la part relative des envois de fonds au sein d’une économie d’un pays. Le fait de comparer l’ampleur des envois de fonds à la valeur des biens et des services produits durant une année dans un échantillon de pays fournit également une indication comparative permettant d’identifier la pertinence du lien et de l’engagement de la diaspora à son pays d’origine, ainsi que l’impact relatif des envois de fonds par rapport à la taille de l’économie. Les ratios résultants pour les pays pris en compte dans notre échantillon vont d’un pourcentage élevé pour la Gambie, à 12,5 %, à un faible pourcentage pour Madagascar, à seulement 0,2 %. Il est à noter que le ratio pour l’Afrique du Sud, un pays plutôt grand et relativement plus développé, est également assez faible à 0,3 %. Cela n’a rien de surprenant étant donnée la taille de cette économie. Tableau 3: Vue d’ensemble statistique des flux issus de la diaspora à destination de la région ASS Pop. 2006 (Millions) (1) Stock d’émigrants, 2005 (millions) (1) Stock d’émigrants en % de la pop. (%) (1) Envois de fonds des travailleurs, compensation des employé(e)s (milliards de dollars US) (1) (E) 2000 2005 2006 PIB par habitant, 2006 (milliards de dollars US) (4) Envoi de fonds en % du PIB, 2006 (2) (E/PIB) 2007e Nigéria 145 0.84 0.60 1.39 3.33 3.33 3.33 115.30 795.17 2.9% Kenya 35 0.43 1.20 0.54 0.81 1.13 1.30 22.80 651.43 5.3% Angola 16 0.52 3.30 … .. 0.97 .. 45.20 2,825.00 2.2% Afrique du Sud 47 0.71 1.50 0.34 0.66 0.74 0.74 255.20 5,429.79 0.3% Rép. Dém. Congo 59 0.57 1.00 … .. 0.64 .. 8.50 144.07 7.4% Sénégal 12 0.46 4.00 0.23 0.63 0.63 0.87 9.20 766.67 7.1% Maurice 1 0.12 9.60 0.18 0.22 0.22 0.22 6.30 6,300.00 3.3% Togo 6 0.22 3.60 0.03 0.19 0.19 0.19 2.21 367.69 8.7% Mali 14 1.21 9.00 0.07 0.18 0.18 0.19 5.93 423.50 3.0% Ethiopie 73 0.45 0.60 0.05 0.17 0.17 0.17 13.30 182.19 1.3% Côte d’Ivoire 18 0.15 0.80 0.12 0.16 0.16 0.18 17.60 977.78 0.9% 0.18 35.80 0.09 0.14 0.14 0.11 1.10 2,115.38 12.0% Cap-Vert 0.52 Cameroun 17 0.23 1.40 0.01 0.10 0.10 0.10 18.32 1,077.82 0.6% Ghana 23 0.91 4.10 0.03 0.11 0.10 0.11 12.90 560.87 0.8% La Gambie 2 0.06 3.70 0.01 0.06 0.06 0.06 0.51 255.34 12.5% Guinée-Bissau 2 0.12 7.30 0.00 0.03 0.03 0.03 0.30 152.23 9.2% Madagascar 19 0.15 0.80 0.01 0.01 0.01 0.01 5.50 289.42 0.2% 15.90 0.02 4.623 9.315 10.300 10.48 712.70 925.58 1.4% Pays ASS 770 11 Comme cela est indiqué dans la note méthodologique, cela renvoie aux envois de fonds de travailleurs enregistrés officiellement reçus par les pays. 16 PIB, 2006 (milliards de dollars US) (2) Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 2 Vue d’ensemble des flux issus de la diaspora 2.2.3. Envois de fonds en tant que part de l’IDE (E/IDE) Le ratio E/IDE reflète la part relative des envois de fonds dans l’investissement direct à l’étranger d’un pays. Les données montrent que le flux de fonds provenant de la diaspora à destination de la plupart des pays est significativement plus élevé que l’Investissement direct à l’étranger (IDE) enregistré officiellement vers ces pays. Seuls les pays riches exportateurs de pétrole (le Nigéria et l’Angola) et l’économie développée d’Afrique du Sud échappent à cette règle. Cela indique que le flux de fonds provenant de la diaspora représente, après les exportations, une source de revenus significative dans cette économie et ainsi les pays d’ASS devraient rapidement mettre en place des politiques et des initiatives pour augmenter ce flux et le diriger vers des investissements productifs. 2.2.4. IDE en tant que partie du PIB (IDE/PIB Le ratio IDE/PIB est un indicateur de l’attractivité d’une économie envers l’IDE. Globalement, ce ratio est un indice IDE net (milliards de dollars US) (3) Formation brute de capital (milliards de dollars US) Envoi de fonds par habitant (stock de migrants) (E/SM) faisant ressortir le climat d’investissement qui prévaut dans l’économie hôte. Les pays dotés de politiques et de mesures de libéralisation plus favorables ont tendance à avoir une part plus importante du flux d’IDE par rapport à leur PIB. A l’aide des données disponibles sur la balance des paiements portant sur les flux d’investissement direct à l’étranger, nous pouvons établir un autre critère de sélection, en calculant le ratio de l’investissement net à l’étranger par rapport au PIB nominal. Partant du principe qu’un faible revenu national12 s’accompagne d’une déficience concernant l’épargne domestique, l’importance de l’investissement à l’étranger est particulièrement pertinente pour les pays africains à bas revenus. En outre, dans ce cas, l’investissement direct à l’étranger net devrait être considéré comme un élément important de financement non générateur de dette dans la balance de paiements, sur laquelle les politiques devraient se concentrer. Cet indicateur pourrait également fournir des informations concernant la présence ou l’absence de politiques fructueuses destinées à attirer les capitaux étrangers à partir de l’étranger, peu importe si l’agent économique investissant ou résidant à l’étranger est un membre de la diaspora ou non. IDE net en % du PIB Formation brute de capital en % du PIB (2006) (FBC/PIB) IDE en % du FBC (2006) (IDE/FBC) Indice de performance IDE (2006) (IP IDE) 9.10 24.56 3,978 7.9% 21.30 37.05 3.29 0.05 3.74 1,884 0.2% 16.40 1.36 0.09 2.23 3.39 1,853 4.9% 7.50 65.78 2.06 7.90 52.32 923 3.1% 20.50 15.10 1.29 0.26 1.38 1,113 3.1% 16.20 19.17 1.29 0.14 2.69 1,366 1.5% 29.20 5.14 0.63 0.11 1.54 1,800 1.7% 24.50 6.87 0.70 0.07 0.34 865 3.4% 15.40 21.78 1.40 0.08 1.36 146 1.3% 22.90 5.74 0.55 0.40 2.63 386 3.0% 19.80 15.34 1.27 0.32 1.71 1,081 1.8% 9.70 18.51 0.75 0.11 0.43 789 10.2% 39.40 25.84 4.24 0.01 3.30 446 0.1% 18.00 0.39 0.03 0.25 4.18 116 1.9% 32.40 5.86 0.79 0.04 0.12 1,022 8.6% 24.30 35.38 3.58 0.01 0.05 241 3.1% 17.20 18.22 1.31 0.04 1.36 73 0.8% 24.80 3.11 0.32 148.24 586 2.4% 20.80 11.54 17.10 (1) Factbook sur la migration et les envois de fonds, Banque Mondiale (à l’exception de la RDC et de l’Angola - FIDA, 2006); (2) Base de données des indicateurs de développement mondiaux, avril 2007, Banque Mondiale (3) Rapports de consultation au titre de l’Article IV, FMI; (4) 2005 à l’exception de l’Angola et de la RDC) 12 Il s’agit d’une caractéristique économique que l’on retrouve dans la plupart de ces pays. Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 17 2 Vue d’ensemble des flux issus de la diaspora La comparaison de ces ratios à travers les pays et l’analyse des raisons pouvant expliquer ces estimations obtenues à partir du calcul de ce ratio pourrait également être une voie possible pour jeter un rapide coup d’œil à la bonne volonté et à la capacité de différents pays de soutenir des politiques économiques capables de développer et de conserver un environnement favorable pour attirer, au fil du temps, d’importants flux d’investissements générateurs de revenus à partir de l’étranger et provenant de sources domestiques. Cependant, ce sujet doit être analysé en détails à un stade ultérieur de cette recherche. Parmi l’échantillon des pays inclus dans le présent rapport, nous découvrons que ce ratio va d’un niveau très faible au Cameroun (0,1 %) et au Kenya (0,2 %) pour atteindre un chiffre assez élevé au Cap-Vert (10,2 %). 2.2.5. Indice de performance en matière d’IDE Un autre indice intéressant figurant dans le tableau 4 cidessus est l’indice de performance des flux d’IDE entrants calculé par la CNUCED, un instrument utilisé pour comparer la performance relative des pays pour attirer des flux d’IDE. Il classe les pays en fonction de l’IDE qu’ils reçoivent par rapport à leur taille économique13. Un indice supérieur à un autre indique que le pays reçoit davantage d’IDE par rapport à sa taille économique relative étant donné son PIB relatif. Ainsi, cela fait ressortir l’influence qu’exercent des facteurs autres que la taille du marché sur l’IDE, en partant du principe que, d’autres éléments étant égaux, la taille est la ligne de référence pour attirer les investissements14 Comme cela est indiqué dans ce tableau, cet indice correspond favorablement avec le ratio IDE/PIB. 2.2.6. Formation brute de capital en tant que part du PIB (FBC/PIB) L’indicateur FBC/PIB se rapporte à l’ajout brut au stock de capitaux dans l’économie, fruit d’investissements dans de nouvelles usines et de nouveaux équipements, sans prendre en compte la dépréciation du capital. Le ratio du FBC se rapportant au PIB reflète la capacité d’une économie à diriger une partie significative des dépenses totales vers l’investissement. Couplé à la disponibilité et à la qualité du capital humain, l’investissement est un moteur clé de la croissance économique. Puisqu’il provient principalement du secteur privé, son comportement pourrait être interprété comme un indicateur de la réussite relative ou de l’échec des politiques économiques pour attirer des investisseurs ; à savoir conserver un taux de retour sur investissement relativement élevé et un environnement des entreprises où les risques sont faibles. Il est à noter que les pays tels que le Cap-Vert, le Sénégal et la Gambie, affichant un niveau élevé de formation de capital, présentent également un ratio E/PIB élevé. La Gambie et le Cap-Vert affichent également un ratio IDE/PIB élevé. Ce n’est pas le cas, par exemple, de l’Angola et de Madagascar, où le FBC est plutôt faible lorsqu’on le compare au ratio IDE. Dans le cas de l’Angola, cela pourrait être le résultat d’un niveau élevé d’IDE concentré sur le secteur des hydrocarbures. 2.2.7. C ible des flux de fonds provenant de la diaspora Déterminer la cible des flux provenant de la diaspora à partir de la communauté de la diaspora ASS représente une tâche ardue étant donné l’insuffisance des données disponibles et le fait qu’une grande partie de ces flux se fasse par le biais de canaux informels et par conséquent ne soit pas incluse dans les statistiques officielles. Cette tâche est rendue plus complexe par les limites conceptuelles des définitions utilisées pour capturer ces flux qui se focalisent généralement sur les transferts résultant des activités liées au travail dans le pays hôte, sans se soucier des transferts à des fins d’investissements en portefeuille et en prises de participations dans les économies locales. Un certain nombre d’études ont révélé que la cible des flux d’envois de fonds venant de la diaspora englobe un large éventail de domaines incluant: 1.Les transferts monétaires à destination des familles, à des fins de consommation pour améliorer le niveau de vie et pour faire face aux dépenses de la vie socioculturelle (naissance, mariage, décès) 2.Les éléments associés aux investissements dans le capital humain (ex: dépenses médicales et d’éducation permettant d’améliorer les compétences et les connaissances de la main-d’œuvre)15 3. Investissements dans l’immobilier 4. Activités générant des revenus ou des emplois • Investissements dans les capitaux étrangers (ou investissements dans les actifs immobilisés) permettant d’améliorer la formation en capital du pays, pour les très petites entreprises familiales ou les moyennes et grandes entreprises; • Investissements en portefeuille, principalement les fonds communs de placement investissant dans les instruments à revenu fixe et les actions. Concernant la cible de ces flux, les résultats rapportés au cours d’études réalisées en Amérique Latine révèlent que jusqu’à 80 % de ces flux sont dédiés à la couverture des besoins quotidiens et des dépenses des ménages, 5-10 % supplémentaires sont utilisés pour investir dans le capital humain (Sanders 2003a et Suro 2003). Pour les pays AS, les données disponibles ne facilitent pas toujours la différentiation statistique entre la consommation et l’utilisation de l’investissement de ces flux pour tous les pays. Les enquêtes menées sur les membres de la communauté de la diaspora africaine au Royaume-Uni ont rapporté que 82 % de la diaspora kenyane au Royaume-Uni utilisent des envois de fonds à des fins de soutien (Africarecruit 2006) et ce pourcentage tombe à 70 % pour la diaspora tanzanienne (Africarecruit 2008). 13 L’indice de performance des flux d’IDE entrants d’un pays n est obtenu en divisant l’IDE relatif de ce pays (IDEn/IDErégion) par son PIB relatif (PIBn/PIBrégion) 14 Ces autres facteurs peuvent être divers, allant du climat des affaires à la stabilité économique et politique, à la présence de ressources naturelles, aux infrastructures, aux compétences et aux technologies, etc. 15 Les éléments 1 et 2 sont généralement regroupés dans la composante consommation à des fins d’envois de fonds. Les termes Assistance à la famille et soutien sont également utilisés pour faire référence à cette catégorie. 18 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 FDI ODA & Aid Remittances Figure 3: Ventilation du volume de transfert par poste de dépenses 80 77 70 60 61 50 40 45 41 41 41 34 30 20 0 18 14 10 13 5 Maroc Sénégal Mali 10 Comores Assistance Familiale Immobilier Source: Banque africaine de développement (BAD, 2007) Investissement Transfer en % Une étude récente menée par la Banque africaine du développement sur les migrants originaires de quatre pays 16 (Maroc, Mali, Sénégal, les Comores) résidant en France montre 14 que ce pourcentage varie car il est seulement de 5 % pour le 12 Sénégal contre 18 % pour le Mali (Figure 3). 10 8 Tableau 4: Activités économiques 6 des Ghanéens Pays hôte 4 D UK US 2 Compte d’épargne dans une banque Prêt hypothécaire 0 Petite entreprise familiale £ 100 ou entreprise commerciale Ghana Prêt pour préserver une entreprise Kenya Prêt étudiant Nigeria Plan de retraite Inde par espèce à destination de la Crédits famille pour de petits investissements Autres 89 13 89 11 97 5 18 £ 500 28 2 5 7 1 4 9 5 0 1 0 1 8 2 0 1 2 n=111 (Allemagne); n=229 (Royaume-Uni); n=174 (Etats-Unis); *Basé sur des réponses à choix multiple Source: Oroczo, 2005 Enfin, une étude réalisée parmi la diaspora ghanéenne aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Allemagne a rapporté que 40 % des personnes ont répondu qu’elles envoyaient de l’argent pour “d’autres activités” (Oroczo 2005). Les données figurant dans le tableau 4 indiquent qu’entre 18 et 20 % des Ghanéens vivant respectivement en Allemagne et au Royaume-Uni, réalisent des transferts pour des petites entreprises et des entreprises commerciales au Ghana tandis qu’environ 5 % dans les deux pays envoient de l’argent pour rembourser des prêts contractés pour préserver une entreprise. En se basant sur ces résultats, nous pouvons supposer sans risque qu’environ 10 % des flux provenant de la diaspora à destination de la région ASS sont dirigés vers des investissements productifs (générant des revenus et des emplois). 2.3. N otation des pays basée sur des données quantitatives Le tableau 5 ci-dessous fournit un résumé de l’ensemble des indicateurs macroéconomiques qui s’efforcent de refléter la liste d’un certain nombre de pays de cette région qui attirent les flux de leur diaspora respective et qui les dirigent vers des investissements dans le secteur privé. Comme cela a été indiqué plus tôt, ils incluent: • • • Des envois de fonds en tant que part du PIB et des envois de fonds par habitant du stock de migrants pour mesurer l’ampleur relative des flux d’envoi de fonds provenant de la diaspora IDE en tant que part du PIB et de l’indice de performance IDE pour refléter l’attractivité d’une économie envers l’investissement direct à l’étranger en général Formation brute du capital (FBC) en tant que part du PIB indiquant la capacité d’une économie à diriger une partie significative des dépenses totales vers l’investissement. Tableau 5 : Notation des pays basée sur des critères quantitatifs Cap-Vert Nigéria La Gambie Angola Maurice Togo Sénégal Rép. dém. du Congo Ghana Afrique du Sud Kenya Madagascar Ethiopie Côte d’Ivoire Guinée Bissau Cameroun Mali … Pays ASS E/SM 789.21 3,978.10 1,021.81 1,852.90 1,800.31 864.83 1,365.98 1,112.62 115.77 922.73 1,883.82 72.67 385.71 1,080.69 241.12 445.56 145.91 E/PIB 12.0 2.9 12.5 2.2 3.3 8.7 7.1 7.4 0.8 0.3 5.3 0.2 1.3 0.9 9.2 0.6 3.0 IDE/PIB 10.20 7.90 8.60 4.90 1.70 3.40 1.50 3.10 1.90 3.10 0.20 0.80 3.00 1.80 3.10 0.10 1.30 585.85 1.3 2.40 IDE PI 4.24 3.29 3.58 2.06 0.70 1.40 0.63 1.29 0.79 1.29 0.09 0.32 1.27 0.75 1.31 0.03 0.55 FBC/PIB 39.40 21.30 24.30 7.50 24.50 15.40 29.20 16.20 32.40 20.50 16.40 24.80 19.80 9.70 17.20 18.00 22.90 20.80 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 19 2 Vue d’ensemble des flux issus de la diaspora Cependant, il devrait être noté que ces mesures fournissent seulement une indication quant à la performance d’un pays à cet égard, étant donné que cela ne prend pas en compte d’autres informations vitales telles que la proportion de flux réellement dirigés vers le secteur privé ainsi que le climat des affaires prévalant qui a un effet sur l’investissement direct à l’étranger et sur l’investissement à destination de la diaspora en particulier. Il est également important de prendre en considération qu’il est possible de trouver des cas particuliers pour lesquels un pays montre un ratio élevé d’investissement étranger par rapport au PIB qui pourrait être associé, par exemple, à un grand projet unique d’extraction de minéraux orienté vers l’exportation réalisé par un investisseur étranger. Il arrive fréquemment que la fourniture d’un ensemble de mesures incitatives attrayantes en faveur d’un investisseur soit le facteur déterminant dans la décision de développer une nouvelle activité commerciale rentable. Dans ce cas, la qualité des politiques macroéconomiques appropriées et la présence ou l’absence d’un environnement économique favorable pour promouvoir l’investissement privé jouent un rôle plutôt moins important dans la décision d’investir comparé aux décisions prises dans des environnements économiques dans lesquels les dotations en facteur naturel, l’orientation de l’exportation et les mesures incitatives jouent un rôle moindre et où un environnement concurrentiel pour attirer l’investissement étranger dans une grande variété de secteurs prévaut. Néanmoins, ces mesures produisent un certain nombre d’observations intéressantes concernant la capacité d’un pays à capturer et à mobiliser le flux d’envoi de fonds de sa diaspora. Ainsi, par exemple, si un pays montre une uniformité dans le comportement positif de tous les indicateurs, l’analyse des politiques économiques et l’environnement de l’entreprise pourraient être utilisés comme un cas couronné de succès à partir duquel des recommandations pourraient être dégagées. 2.4. L es cas de financements ne provenant pas de la diaspora africaine Les cas où le comportement des indicateurs révèle un manque d’uniformité (c’est le cas du Kenya, de Madagascar et du Togo) fournissent une opportunité bienvenue de formuler des recommandations sur la politique afin de réduire la disparité et viser une convergence positive de ces indicateurs au fil du temps. Ainsi, le Togo, qui possède des indicateurs plutôt positifs sur les envois de fonds, une moyenne de un concernant l’IDE et une performance très mauvaise concernant le FBC, pourrait être l’occasion de modifier les politiques destinées à augmenter le potentiel d’investissement à l’étranger du pays afin de trouver des financements auprès de sources domestiques ou issues de la diaspora. 2.4.1. Introduction Des enseignements peuvent être tirés à partir des expériences de certains pays ne faisant pas partie de l’ASS pour attirer des flux venant de l’étranger, en particulier des membres de leur diaspora respective. De fait, certains pays sont parvenus non seulement à attirer un montant significatif d’envois de fonds et à les diriger vers des investissements productifs mais Tableau 6 : Indicateurs quantitatifs pour les pays ne faisant pas partie de l’ASS Pays Pop. (Millions) (2005) Stock de migrants (Millions) Stock de migrants en tant que part de la pop. (%) Envois de fonds (milliards de dollars US) 2000 Le Salvador Inde Mexique PIB par habitant, 2006 (Dollars US) 2006 6,67 1,13 16,8 1,77 2,84 3,33 89 18,7 2.783,6 1.094,58 9,99 0,9 12,89 21,29 25,43 97 911,8 821,4 104,22 11,50 11,1 7,52 21,92 24,73 229 839,2 8.069,2 Bolivie 9,35 0,42 4,6 0,17 0,35 0,61 259 11,2 1.244,4 Maroc 30,50 2,72 9,1 2,16 4,59 5,45 153 65,4 2.180,0 Nicaragua 5,00 0,68 13,7 0,32 0,60 0,66 105 5,3 1.060,0 Philippines 84,57 3,63 4,3 6,20 13,57 15,25 146 117,5 1.382,4 1.312,00 7,26 0,6 6,24 20,34 23,32 274 2.644,6 2.015,7 Chine 20 2005 % PIB, 2006 d’augmen- (milliards de tation dollars US) (2000 - 2006) Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 2 Vue d’ensemble des flux issus de la diaspora ils ont également largement bénéficié des investissements liés à la diaspora vers leur économie. Une rapide analyse bibliographique révèle que: initié par la diaspora. Ces pays ont été retenus sur la base de ce qui suit : • • • • 9 des 20 entreprises indiennes de logiciel ont été 1 fondées ou gérées par des professionnels venant de la diaspora indienne. Cette industrie s’appuie sur des organisations professionnelles issues de la diaspora en Inde et à l’étranger et des filiales issues de la diaspora sur des marchés clés tels que les Etats-Unis pour rechercher de nouvelles idées, de nouvelles technologies et de nouveaux marchés. (Zhang, 2006). En 2002, l’industrie du logiciel a créé 400.000 nouveaux emplois en Inde et exporté l’équivalent de 6 milliards de dollars US de biens et services; en 1999, 70 % des 50 milliards de la Chine concernant l’IDE venaient des Chinois vivant à l’étranger (Devan et al, 2001) Entre 1994 et 2004, 69 % des investisseurs étrangers qui ont investi en Arménie étaient des investisseurs liés à la diaspora et cette diaspora a été déterminante pour introduire la plupart des marques internationales présentes aujourd’hui en Arménie (Marriott, HSBC, KPGM, Coca-Cola). (Hergnyan et al, 2006) Dans cette partie, nous présentons trois pays ne faisant pas partie de l’ASS qui peuvent être considérés comme des “modèles de réussite” et qui devraient permettre de tirer des enseignements importants concernant l’attrait à la fois du flux d’envois de fonds provenant de la diaspora et l’investissement direct à l’étranger vers les économies locales. Ces pays sont le Salvador, le Mexique et l’Inde. En outre, une note spécifique est incluse pour la Chine, étant donné ses résultats enregistrés pour attirer un investissement facilité ou • • L eur capacité démontrée à attirer un volume relativement important d’envois de fonds et d’investissements directs à l’étranger vers leurs économies Présence d’un lien institutionnalisé efficace avec leur diaspora Preuve concrète, dans au moins un de ces pays, d’un impact significatif de sa diaspora dans l’expansion d’un secteur particulier de l’économie Le tableau 6 ci-dessous présente certaines données statistiques et des indicateurs sur ces pays. Dans un souci de simplification de l’analyse comparative, les informations sur les quatre autres pays provenant des zones géographiques pertinentes sont également indiquées. 2.4.2. Profil par pays 2.4.2.1. Le Salvador Le Salvador est plutôt un petit pays d’Amérique centrale à revenu moyen doté d’une longue et fructueuse histoire de saines politiques macroéconomiques et de réformes économiques structurelles, y compris son ouverture par rapport au commerce et à l’investissement étranger. Ce pays bénéficie d’une croissance économique soutenue depuis la fin de la guerre civile des années 80. Le Salvador possède un nombre relativement élevé de personnes (16,4 %) parmi sa population qui vit dans d’autres pays en tant que migrants. Les 5 principaux pays de migration pour les migrants salvadoriens sont les Etats-Unis, le Canada, le Guatemala, le Costa Rica et l’Australie. Capacité à attirer des envois de fonds et d’autres IDE Envois de fonds en tant que part du PIB (%) (2006) Envois de fonds par habitant du stock de migrants (2005) IDE net (Milliards de dollars US) 2006 Indice de FBC en tant que performance part du PIB IDE (%) (2006) (2006) 17,8 2.516,2 0,2 0,46 16,1 2,8 2.132,0 17,5 0,89 34,0 2,9 1.905,4 19,2 0,94 22,0 5,5 830,2 0,2 0,09 12,0 8,3 1.688,0 2,7 0,65 32,0 12,4 877,8 0,3 0,17 29,0 13,0 3.735,7 2,3 0,73 14,0 0,9 2.801,9 78,1 1,00 45,0 Source: Indicateurs mondiaux de développement (Banque mondiale) et rapports consultatifs au titre de l’Article IV (FMI) Entre 2000 et 2006, le Salvador a enregistré un bond concernant le montant total des envois de fonds reçus, passé respectivement de 2,8 milliards de dollars US à 3,3 milliards de dollars US. Les envois de fonds par habitant du stock de migrants pour l’année 2005 ont atteint le solide niveau de 2,517 milliards de dollars, un montant significativement plus élevé que celui du Mexique et d’autres pays se trouvant dans la même zone géographique. La pertinence des envois de fonds pour ce pays est mise en évidence par le fait que, dans la balance commerciale, les flux provenant des exportations de marchandises ont enregistré un ratio de 19,4 % du PIB en 2005 ce qui représente à peine 1,2 pour cent de points supplémentaires que celui provenant des envois de fonds. En dépit d’un ratio FBC/PIB faible en comparaison d’environ 16 %, le pays peut se targuer d’un indice de performance IDE relativement élevé comparé aux autres pays d’Amérique Centrale. Cela indique le succès relatif d’un marché aussi petit pour attirer des flux de financements externes lorsqu’on le compare à d’autres marchés plus importants comme la Bolivie et le Nicaragua. Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 21 2 Vue d’ensemble des flux issus de la diaspora En outre, à 6,7 %, le ratio relativement élevé de l’IDE par rapport au FBC atteste du rôle important joué par l’IDE dans l’investissement total. C’est une performance très positive pour un pays doté d’un marché de petite taille et limité quant à la qualité du capital humain. • Lien institutionnel avec la diaspora • Le Ministère des Affaires Etrangères du Salvador entretient un canal de communication avec la diaspora par le biais d’une agence nommée Dirección General de Atención a la Comunidad en el Exterior (Directoire général pour être au service de la communauté à l’étranger) qui fournit également un site Internet pour les organisations et les ressortissants résidant à l’étranger. Un enseignement particulier tiré de l’exemple du Salvador est le rôle dynamique joué par les associations locales (AL) pour renforcer les liens de la diaspora avec le pays d’origine et pour faciliter et promouvoir le transfert des envois de fonds. Une AL est un type d’organisation qui fournit une structure institutionnalisée pour les migrants afin de conserver des liens avec leur terre natale. Certains de ces canaux disponibles par le biais de l’AL pour les Salvadoriens afin de conserver des liens avec leur pays d’origine incluent: la fourniture d’informations sur les mécanismes visant à réaliser des envois de fonds; des moyens d’importer des biens à partir de leur terre d’origine ; un canal pour faciliter les dons caritatifs; des informations sur les opportunités d’investissement16. Ces derniers et d’autres types d’organisations établies par des migrants salvadoriens sont souvent liés à des agences gouvernementales, fournissant ainsi un canal de communication, qui contribue à augmenter leur capacité à résoudre des problèmes et à faciliter le flux des envois de fonds vers les institutions financières se trouvant au Salvador. Elles contribuent également à fournir à ses membres des informations sur le coût des transferts d’argent ainsi que les avantages associés à l’utilisation des systèmes bancaires domestiques dans la patrie. Les enseignements tirés sont des caractéristiques importantes pour attirer des envois de fonds et des flux de capitaux à partir de l’étranger. Les autorités ont obtenu une certaine réussite pour fournir une structure institutionnelle développant des liens avec l’AL aux Etats-Unis en créant des agences publiques se focalisant sur les activités de la diaspora. Promouvoir la canalisation des envois de fonds par le biais du système bancaire domestique contribue à augmenter l’efficacité et la sécurité des transferts, ainsi que le développement des canaux formels d’intermédiation financière, en particulier dans les zones rurales. Cependant, il est à noter que, par rapport aux autres pays observés, le fait que les migrants salvadoriens possèdent peu de qualifications peut encore se révéler être un frein important concernant la capacité à générer des revenus pour leur diaspora. Cela peut également limiter la capacité du pays à attirer davantage d’investisseurs étrangers à l’avenir et pourrait signaler la présence d’un obstacle à la capacité du pays à soutenir le développement d’une quantité cruciale d’entrepreneurs. Des améliorations des compétences techniques de la maind’œuvre et du niveau de l’entrepreneuriat sont requises pour absorber un minimum de complexités technologiques qui caractérisent la procédure de production contemporaine dans un large éventail de produits et de services. 2.4.2.2. Inde La diaspora indienne, estimée à 10 millions de personnes, est la deuxième plus importante dans le monde bien que, étant donnée la population de ce pays, cela ne représente que près de 1 % de celle-ci. Ce pays établit une distinction entre les Indiens non-résidents (citoyens indiens vivant à l’étranger) et les personnes d’origine indienne (qui ont acquis la citoyenneté à l’étranger). Les 5 principaux pays de migration pour les migrants indiens sont les Emirats Arabes Unis, l’Arabie Saoudite, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Bangladesh et le Népal. Comme cela est indiqué par les données et la référence au cadre institutionnel, la stabilité économique et le lien de la diaspora avec la patrie sont des éléments à prendre en considération par rapport aux enseignements tirés pour l’Afrique lorsque l’on évalue le développement potentiel de leur diaspora respective. C’est en particulier le cas pour le Salvador, un pays touché par des violences prolongées, l’agitation politique, la volatilité macroéconomique et limité par un marché de petite taille. Capacité à attirer des envois de fonds et des IDE Les principaux enseignements fournis par le Salvador sont les suivants: Les entrepreneurs de la diaspora indienne possédant des entreprises dans la Silicon Valley aux Etats-Unis ont été à l’origine du développement rapide de l’industrie d’externalisation informatique en Inde, ayant dirigé un volume significatif vers le secteur du logiciel. • Les politiques macroéconomiques saines et l’ouverture par rapport au commerce et à l’investissement étranger Les transferts d’envois de fonds à destination de l’Inde ont totalisé un peu plus de 25 milliards de dollars US en 2006 contre 21 milliards de dollars US l’année précédente. Cela a représenté un bond de 97 pour cent par rapport au montant reçu en 2000. A 2,132 milliards de dollars US, le flux d’envois de fonds enregistrés par habitant provenant du stock de migrants en 2005 faisait partie des plus élevés de notre échantillon. 16 D’autres exemples de rôles proéminents de l’AL de la diaspora aux Etats-Unis sont les pays suivants : la Bolivie, la République Dominicaine, l’Equateur, le Guatemala, la Jamaïque, le Mexique et le Nicaragua. (Orozco, 2007). 22 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 2 Vue d’ensemble des flux issus de la diaspora La nature et l’impact du bien-être économique de la diaspora indienne ne sont en aucun cas limités par l’ampleur des flux de financements générés par ses membres. Certains des impacts économiques directs et indirects résultant de ce développement fructueux du secteur du logiciel indien incluent: • Un transfert de technologie bénéfique et un savoir-faire découlent généralement lorsqu’un membre de la diaspora crée une entreprise de logiciel en Inde et qu’elle en est propriétaire et/ou responsable de sa gestion. • Une opportunité unique de transfert de savoir-faire concernant la gestion et le marketing se produit lorsqu’un membre de la diaspora indienne est engagé par une firme multinationale pour gérer sa filiale en Inde. • La disponibilité d’un groupe relativement important de professionnels issus de la diaspora, dotés d’une expérience technique et de gestion acquise à l’étranger (dans ce cas, dans le secteur informatique), facilite les décisions des firmes étrangères pour investir en Inde. Cela est valable pour leur connaissance du marché local et leur réseau de relations locales. • Le retour en Inde des investisseurs et des responsables issus de la diaspora permet de fournir des opportunités d’emplois dans les activités liées aux logiciels et celles s’y rapportant pour des professionnels locaux qualifiés. Investir dans ce secteur produit un effet multiplicateur positif. • Par le biais de leurs réseaux, les membres de la diaspora pourraient aider les entrepreneurs indiens à lever des capitaux à risque à l’étranger, ce qui contribuerait à générer des investissements à l’étranger supplémentaires. culturels et spirituels existant avec l’Inde. En outre, il a recouru au talent de scientifiques, d’universitaires et d’intellectuels issus de la diaspora. En août 2000, le ministère des affaires extérieures a créé un comité d’experts sur la diaspora indienne. Ce comité a remis un rapport au gouvernement indien en décembre 2001, ce qui a conduit à la création du ministère des affaires indiennes à l’étranger. L’économie indienne possède l’une des croissances les plus élevées dans le monde, avec un taux de croissance réelle du PIB d’une moyenne de 9 % en 2006 et 2007. L’exemple particulier de la diaspora indienne est plutôt unique par rapport à la situation de la diaspora ASS. Cependant, elle fournit un certain nombre d’enseignements qui pourraient être utiles et qui devraient être pris en considération. • Les compétences de la diaspora et la maîtrise de la langue étrangère sont des éléments clés pour déterminer le niveau de rémunération de la diaspora et cela influence par conséquent leur capacité à générer des envois de fonds et des investissements directs à l’étranger. La diaspora indienne est généralement composée de personnes possédant une éducation et des compétences relativement élevés et qui ont une bonne maîtrise de la langue anglaise. Cela confère un avantage certain. • La stabilité macroéconomique et les taux de croissance élevés du PIB, en soi, ne sont pas suffisants pour exploiter la totalité du potentiel de financement d’un important stock issu de la diaspora. • La focalisation sur des mesures réglementaires appropriées et d’autres politiques ayant pour objectif la gestion de l’entreprise et la réduction des coûts de transaction sont également importantes dans la simplification et l’augmentation du financement de la diaspora. • Contrairement aux exemples du Salvador et du Mexique, le comportement dynamique d’un réseau issu de la diaspora travaillant dans un secteur spécifique est devenu une source significative d’IDE et de devises pour le pays, sans recourir à une intervention importante de la part des pouvoirs publics. Le ratio des exportations de biens et de services se rapportant au PIB est passé de 13,2 % en 2000 à 23 % en 2006, ce qui indique un rôle accru de cette économie dans l’économie mondiale. Il est évident que les investissements ont joué un rôle significatif dans la performance économique du pays, comme l’a attesté l’augmentation du ratio FBC/PIB qui est passé de 24,8 % en 2000 à 34 % durant 2006. En dépit d’un rôle aussi proéminent concernant l’investissement pour soutenir une croissance économique remarquable et une augmentation significative des flux d’investissement venant de l’étranger, certains indicateurs révèlent que les investissements à l’étranger17 peuvent encore rester inférieurs à la capacité d’absorption de cette économie. Les flux d’investissements étrangers ont été multipliés par quatre entre 2000 et 2006 mais le ratio IDE/FBC est resté à 5,6 % ; plus élevé que celui du Mexique mais inférieur à celui de la plupart des autres pays de l’échantillon. Cependant, par rapport à l’indice de performance IDE, ce pays se classe parmi les plus élevés de ce groupe ; uniquement derrière le Mexique et la Chine. Lien institutionnel avec la diaspora Le gouvernement indien a lancé une série d’initiatives politiques en mettant l’accent sur les liens sentimentaux, En 2003, le gouvernement indien a annoncé une initiative concernant la double nationalité, la citoyenneté à l’étranger, qui accorde la citoyenneté à l’étranger pour les personnes d’origine indienne venant de 156 pays, y compris le Canada. La citoyenneté à l’étranger facilite la tâche des expatriés indiens voyageant en Inde mais ne leur permet pas de voter. Entre le 9 et le 11 janvier 2003, le ministère des Affaires Extérieures, ainsi que la fédération des chambres de commerce et d’industrie indiennes, ont organisé le premier Pravasi Bharatiya Divas, un jour national de la diaspora indienne visant à reconnaître leurs accomplissements. Il est rapporté que le gouvernement indien étudie des propositions qui incluent : l’attribution du droit de vote, la rationalisation des envois de fonds (par le biais d’une passerelle intégrée d’envois de fonds), la rationalisation de la procédure d’émigration, l’instauration d’un mécanisme crédible pour la certification des compétences et la création d’un réseau de connaissances sur la diaspora. Les enseignements tirés 17 Un débat existe parmi les experts concernant la précision des estimations statistiques de l’IDE à destination de l’Inde (IDE EN INDE, 2006) Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 23 2 Vue d’ensemble des flux issus de la diaspora 2.4.2.3. Le Mexique La proximité de la frontière poreuse avec les Etats-Unis, donnant accès à un marché du travail où les salaires sont élevés, incite grandement les Mexicains à migrer. Le stock de migrants mexicains a été estimé18 à environ 11,5 millions en 2005, ce qui représente près de 11 % de la population totale. Les 5 principaux pays de migration pour les migrants mexicains sont les Etats-Unis, le Canada, le Guatemala, l’Espagne et l’Australie. Capacité à attirer des envois de fonds et des IDE L’estimation des envois de fonds enregistrés à destination de ce pays a augmenté de manière significative car elle est passée de 7,5 milliards de dollars US en 2000 à presque 25 milliards de dollars US en 2006. Cela a représenté une augmentation de 229 % et il apparaît clairement que le Mexique fait partie des pays qui ont enregistré les augmentations les plus élevées concernant les flux d’envois de fonds vers l’intérieur durant cette période. A hauteur de 1,905 milliard de dollars en 2005, les envois de fonds par habitant du stock de migrants étaient un des plus élevés en Amérique latine, ce qui montre l’importance marquée des flux de financement provenant de la diaspora. En prenant en considération la multiplicité des canaux informels disponibles à la diaspora mexicaine par le biais de la frontière poreuse existante entre le Mexique et les Etats-Unis, cette estimation est également sous-estimée. Comme cela est le cas pour la plupart des pays, les données sur les flux de financement venant de la diaspora mexicaine ne facilitent pas la distinction entre les flux destinés à la consommation et à l’investissement. Cependant, une étude réalisée en 2001 (Woodruff et al, 2001) a révélé que, dans les zones urbaines situées dans les dix états mexicains comportant le taux le plus élevé de migration vers les EtatsUnis, l’estimation de la part des envois de fonds dirigés vers des investissements productifs, pour toute la partie urbaine du Mexique, est de 20 % ce qui représente le double de la part qui est rapportée pour les pays ASS. Concernant l’IDE, la mise en œuvre durable de politiques fiscales et monétaires saines et de réformes structurelles, durant plus d’une décennie, ont contribué à conserver des taux de croissance économique positifs et stables et à préserver la stabilité financière. Depuis 2001, le taux de croissance réelle du PIB a régulièrement augmenté de presque 5 % en 2006. En outre, le taux de croissance du PIB a atteint en moyenne 3 % tout au long de la période 2000-2006. Même si le revenu par habitant a enregistré un taux de croissance moyen modéré de 2 % durant la période 1996-2005, son niveau actuel de 7,9 milliards de dollars US est le plus élevé en Amérique Latine et fait partie des plus élevés par rapport aux pays en voie de développement à revenus moyens. La poursuite de l’objectif politique d’élargir la participation de l’économie mexicaine dans le système commercial mondial se reflète dans le rôle croissant des exportations dans l’économie. En tant que part du PIB, les exportations des biens et des services a atteint 32 % en 2006. L’impact positif de l’accord commercial préférentiel (Accord de libre-échange nord-américain) signé en 1993 avec les Etats-Unis et le Canada a également contribué à une tendance durable à l’ouverture du commerce. La stabilité macroéconomique et un service de la dette externe en baisse concernant la totalité des exportations ont contribué à améliorer de manière significative la solvabilité de ce pays. Un des moteurs de la croissance durable a été un niveau solide de la majorité des dépenses d’investissement privé, comme le montre le ratio FBC/PIB élevé de 22 % en 2006 – qui est approximativement identique à celui du Nigéria. Dans un contexte de stabilité économique et politique, l’ouverture à l’investissement étranger et un important groupe de maind’œuvre à bas salaire ont incité à conserver un flux continu et élevé de financements venant de l’étranger dans un grand nombre de secteurs. De manière spécifique, en termes d’indice de performance IDE, le Mexique se classe parmi les plus élevés dans l’échantillon, derrière la Chine et l’Inde. Lien institutionnel avec la diaspora Comme c’est le cas pour le Salvador, la présence d’une AL a été un mécanisme proéminent par l’intermédiaire duquel les envois de fonds de la diaspora mexicaine ont joué un rôle dans le développement économique. Non seulement ils ont contribué à conserver des liens sociaux et psychologiques avec la terre natale mais ils ont également servi de vecteur pour promouvoir les investissements dans des entreprises de petite taille et pour des projets de développement à petite échelle dans leur ville natale (USAID, 2004). La plupart de ces projets sont associés à la fourniture des biens et des services publics qui font face aux besoins collectifs. La capacité d’une AL à diriger une quantité conséquente d’envois de fonds à destination de PME et de projets de développement dépend de sa capacité à identifier des opportunités et des besoins ainsi qu’à mobiliser des ressources. En fonction de la complexité de l’investissement ou du projet de développement, leur contrainte concernant la capacité à planifier et à mettre en œuvre un projet influence également la sélection de projets. Dans certains cas, l’AL planifie et exécute un projet de développement en partenariat avec les autorités locales, de l’Etat ou fédérales. Il existe environ 2000 AL aux Etats-Unis et la plupart des projets de développement qu’elles réalisent ou auxquels elles participent concernent les domaines de l’éducation, de la santé et de la construction ou de l’amélioration d’infrastructure à petite échelle. Une trajectoire que les AL mexicaines empruntent rapidement est celle de l’exécution d’un projet en partenariat avec les agences gouvernementales. Cette option comporte des avantages évidents tels que la capacité de réaliser des projets de plus grande taille et comportant des aspects techniques plus complexes. En outre, cela donne l’opportunité d’incorporer le savoir-faire technique et administratif du secteur public, augmentant ainsi la probabilité d’un impact plus large. 18 Il s’agit très probablement d’une sous-estimation. 24 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 2 Vue d’ensemble des flux issus de la diaspora Enseignements tirés Les caractéristiques importantes du cas mexicain sont les suivantes : • Des politiques macroéconomiques saines et une forte participation dans l’économie mondiale actuelle constituent un vecteur pour attirer des financements venant de l’étranger et de différentes sources. • La présence et les initiatives réalisées par l’AS ont permis de diriger plus facilement les envois de fonds vers les investissements dans les PME et les projets de développement à petite échelle. Leurs capacités financières élargies ont facilité leur développement vers des mécanismes formels afin de financer et de promouvoir l’investissement privé. Cette caractéristique est également en train de devenir un mécanisme permettant de résoudre des problèmes pour certains des besoins urgents rencontrés par les communautés locales. • Etant donné que l’ampleur et la fréquence des transferts d’argent transfrontaliers a augmenté au fil du temps, la même trajectoire a été empruntée par la demande pour des mécanismes plus efficaces et plus sûrs de transfert des fonds, tels que des banques locales. • Le développement des partenariats avec les agences gouvernementales a amélioré la probabilité de l’impact, ainsi que la qualité de la sélection, de la planification et de l’exécution des projets. 2.4.2.4. La Chine Although the World Bank estimates the Chinese diaspora at Bien que la Banque Mondiale estime que la diaspora chinoise soit composée de 7,6 millions de personnes en 2005, d’autres sources placent ce chiffre à environ 34 millions, ce qui fait d’elle la plus importante population issue de la diaspora dans le monde entier. Les principaux pays de migration pour les migrants chinois sont les Etats-Unis, Singapour, le Japon, le Canada et la Thaïlande. Capacité à attirer des envois de fonds et des IDE A environ 23 milliards de dollars US, les flux d’envois de fonds à destination de la Chine en 2006 correspondaient presque à ceux de l’Inde. Cependant, l’augmentation de ce pourcentage par rapport à 2000, où son niveau se situait à 273 milliards, a éclipsé celui de l’Inde. Il est maintenant un fait avéré que les résultats enregistrés par la Chine pour attirer des IDE sont largement supérieurs à ceux de tout autre pays dans le monde. Par rapport à la liste des pays étudiés, c’est le seul qui possède un indice de performance IDE vers l’intérieur supérieur à 1, ce qui indique qu’il reçoit plus d’IDE par rapport à sa taille économique relative. Lien institutionnel avec la diaspora Le gouvernement chinois pratique depuis longtemps une politique favorisant explicitement la diaspora chinoise/ les Chinois se trouvant à l’étranger. Au début du régime communiste, le gouvernement a créé des agences, telles que l’Office des affaires chinoises à l’étranger dirigé par le Conseil d’Etat, afin de rechercher le soutien de sa diaspora pour obtenir l’unification nationale et le développement économique. Dans les années 50, l’objectif de la politique du gouvernement chinois à destination des Chinois à l’étranger était de promouvoir les intérêts économiques et politiques. Ils étaient autorisés à envoyer de l’argent et des biens à leurs parents pour explorer les marchés en faveur des biens chinois dans le monde entier et pour investir dans leur terre natale. Sur le plan politique, ils ont servi d’activistes pour unifier, soutenir la diplomatie révolutionnaire chinoise. Le gouvernement chinois a traité avec eux en se basant sur le principe de la double nationalité. Les Chinois ont évalué les grandes réussites des Chinois à l’étranger dans le domaine des affaires et les ont assurés de leur importance. Quatre lignes directrices de base concernant la politique à destination des diasporas ont été annoncées en mai 1989: • Premièrement, ne plus reconnaître leur double nationalité mais les encourager à obtenir la nationalité du pays hôte; • Deuxièmement, exiger que le gouvernement hôte garantisse leurs droits et leurs avantages; • Troisièmement, qu’ils apprennent à respecter les lois du pays hôte et qu’ils coexistent en harmonie avec le pays hôte; • Et quatrièmement, promouvoir leur unité en cultivant leur patriotisme et leur amour de la Chine. Ces politiques se sont également attachées à attirer les capitaux, les technologies et l’expertise intellectuelle à la fois pour le développement économique domestique et pour le développement du marché à l’étranger. La politique chinoise à destination des Chinois à l’étranger est résumée dans la loi de protection 1991 sur les Chinois de l’étranger qui retournent au pays et les parents des Chinois vivant à l’étranger. Les éléments clés de ces lignes directrices pour les autorités chinoises doivent aider à la survie de leur diaspora et au développement dans leurs pays hôte et doivent permettre de les utiliser comme des ponts de l’amitié et de la coopération entre la Chine et les pays étrangers. 2.4.3. Conclusion Même s’il est encore trop tôt à ce stade pour affirmer que les expériences et les résultats obtenus à partir de l’exemple de la diaspora mexicaine, salvadorienne, indienne et chinoise pourraient être transposés au contexte africain, ils fournissent des enseignements importants qui pourraient être incorporés dans l’analyse des caractéristiques des différents groupes de migrants ASS. Ils communiquent un message concernant les conditions nécessaires importantes pour faciliter le lien de la présence d’une diaspora avec son impact potentiel sur l’investissement à destination des économies locales. Les éléments et les caractéristiques des exemples fournis par ces trois pays pourraient également être utiles pour élaborer des trajectoires politiques réalisables et des suggestions exploitables pour améliorer le potentiel de développement des envois de fonds de la diaspora ASS à destination de leurs terres natales. Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 25 3 Obstacles et freins aux investissements issus de la diaspora © Copyright. Synthia SAINT JAMES 26 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 3 Obstacles et freins aux investissements issus de la diaspora 3.1. Introduction resteront une source importante de financement pour le pays. Ce chapitre fournit une vue d’ensemble des obstacles et des freins aux investissements de la diaspora dans un certain nombre de pays de la région. Il s’appuie sur un examen de documents ainsi que sur des visites dans les pays réalisées par l’équipe des études dans chacun des pays et durant lesquelles l’équipe s’entretient avec les autorités responsables de l’engagement avec la diaspora ainsi que du fait d’influencer les investissements issus de la diaspora19. 3.2. Vue d’ensemble par pays 3.2.1. CAP-VERT 3.2.1.1. L e rôle des entrées venant de la diaspora dans l’économie Avec 35,8 pour cent d’une population comptant 518.000 habitants, ce petit archipel formé de 10 îles au large des côtes du Sénégal possède l’un des stocks d’émigrants les plus élevés de la région20. Les cinq principales destinations des migrants du Cap-Vert incluent le Portugal, les Etats-Unis, le Mozambique, le Sénégal et la France. Depuis le début des années 90 et en prenant en considération que le stock des émigrants est assez élevé, les envois de fonds venant de la diaspora du Cap-Vert ont joué un rôle proéminent en tant que source externe fiable de financement et ont également été moins exposés à la volatilité que les autres catégories de financement externe. En fait, ces entrées constituent un important segment de la base de financement du système bancaire, puisqu’il représente presque 40 pour cent de la totalité des dépôts bancaires. En outre, ils ont représenté 12,1 pour cent du PIB du pays en 2006, diminuant légèrement pour atteindre 10,1 pour cent en 2007 tandis que la part du tourisme a augmenté considérablement pour atteindre 23,3 pour cent du PIB. Il est très probable que cette tendance sera durable étant donné que le taux d’intérêt préférentiel sur les dépôts porteurs d’intérêts proposés aux membres de la diaspora continue à décliner au fur et à mesure que la conjoncture économique s’améliore. En outre, les dépôts de la diaspora sont de plus en plus motivés par des considérations liées à l’investissement. Ainsi, les membres de la diaspora auraient réalisé un certain nombre d’investissements dans le secteur du tourisme. D’autres investissements réalisés par les entrepreneurs issus de la diaspora incluent l’entreprise MOURA BUS, qui fournit les transports en commun et une ligne de ferry reliant huit des dix îles, et MECON, une entreprise spécialisée dans les matériaux de construction. Bien que certaines recettes provenant de la diaspora jouent aujourd’hui un rôle moins proéminent dans l’économie par rapport au secteur du tourisme, il est probable qu’elles 3.2.1.2. Liens institutionnels avec la diaspora 3.2.1.2.1. Stratégie Les autorités du pays ont toujours été parfaitement conscientes de l’importance clé du transfert des envois de fonds venant de la diaspora. Les politiques destinées à accroître le rôle de la diaspora dans les sphères économiques et politiques ont occupé le devant de la scène des initiatives relatives à la politique publique qui ont pris en considération les opinions de la diaspora et le système bancaire domestique. L’insuffisance des ressources naturelles, les caractéristiques géographiques et une base d’exportation restreinte sont des sources importantes de déséquilibre dans les comptes externes, en présence de taux de croissance élevés. Par conséquent, les taux élevés de la croissance du PIB réel sont toujours associés à une demande robuste concernant les importations et à d’importants déficits commerciaux. En outre, le fait de se reposer de plus en plus sur les recettes volatiles générées par le tourisme augmente la vulnérabilité des comptes externes face à l’impact des événements exogènes concernant les flux de financements. Par conséquent, la recherche de nouveaux mécanismes pour diriger une plus grande partie des envois de fonds vers l’investissement devrait rester une priorité concernant les initiatives de la politique publique dans un futur proche, afin de contribuer aux efforts actuels réalisés pour diversifier l’économie (CapVert 2008). Nous présentons ci-dessous les politiques et les initiatives les plus importantes réalisées par les secteurs public et privé pour conserver les liens avec la diaspora dans le but d’attirer des recettes plus larges issues de la diaspora et de les diriger vers l’investissement dans le secteur privé. Activités de mise en réseau: les banques commerciales du pays organisent régulièrement des évènements marketing durant lesquels elles fournissent des informations sur les produits d’investissement financier à destination de la diaspora. 3.2.1.2.2. Cadre légal et réglementaire Octroi de la double nationalité: un citoyen cap-verdien peut choisir une autre nationalité sans perdre ses droits relatifs à la citoyenneté. Cette mesure confère des droits légaux et politiques à la diaspora cap-verdienne en leur facilitant la tâche afin d’éviter la double imposition et simplifie l’acquisition des droits de propriété. Ces droits et privilèges ont facilité des investissements substantiels réalisés par la diaspora dans l’immobilier résidentiel, ainsi que dans les activités hôtelières et se rapportant au tourisme. Création d’une agence gouvernementale qui traite les problèmes se rapportant à la diaspora: en 2001, le gouvernement a créé une agence dédiée à la diaspora au 19 Cela englobait les décideurs, les départements de gouvernement et les agences concernés ainsi que les représentants des secteurs public et privé. 20 Source: Banque Mondiale. Cependant, certains rapports d’étude font ressortir que davantage de Cap-Verdiens vivent à l’étranger qu’au Cap-Vert lui-même. Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 27 3 Obstacles et freins aux investissements issus de la diaspora sein du ministère des affaires étrangères. Cette agence, Instituto das Comunidades (IDC), composée de 14 membres du personnel (cinq d’entre eux sont des conseillers techniques cadres auxquels on a attribué différentes régions géographiques), est mandatée pour: • Formuler des propositions, ainsi que suggérer des amendements concernant la législation et les règlements qui intéressent la diaspora (transmises au Conseil des Ministres) et des envois de fonds (transmis à la banque centrale) • Surveiller les développements et la pratique du droit concernant ce sujet • Organiser des conférences et des ateliers sur les sujets qui intéressent la diaspora, en particulier sur les thèmes relatifs à l’investissement • Défendre les droits des émigrants dans les pays hôtes • Conserver des contacts avec et fournir des informations à la diaspora concernant les sujets pertinents relatifs aux investissements et au coût pour transférer les envois de fonds. Cette agence fournit ce service via un site Internet dédié et par le biais d’un manuel appelé le “Manual do Emigrante”. Instauration d’un cadre réglementaire spécifique: l’IDC a rédigé un projet de loi qui est actuellement discuté et qui aborde les problèmes spécifiques d’investissement de la diaspora. Ce projet de loi se réfère principalement aux mesures visant à: • Protéger les droits de propriété des investisseurs issus de la diaspora; • Ajuster la portée et la durée des incitations fiscales pour encourager l’investissement dans les priorités sectorielles21 (ex: les zones industrielles conçues pour diversifier l’économie); • Décourager les transferts informels et mettre un terme aux lacunes qui peuvent faciliter le blanchiment d’argent. Il contient également des mesures concernant le réinvestissement de dividendes, des exemptions sélectives sur les droits de douane pour de nouveaux investissements et des abattements fiscaux sur les coûts associés à la formation et à l’amélioration des compétences des travailleurs. La plupart de ces mesures sont également prises dans un effort pour adapter la législation et les règlements aux exigences liées à l’adhésion à l’OMS. • • T out membre de la diaspora qui possède un solde minimum sur un compte épargne auprès d’une banque et qui demande un prêt pour investir pourrait bénéficier d’une réduction de taux d’intérêt allant jusqu’à trois points de pourcentage. Cela s’obtient en particulier pour les investissements dans les secteurs tels que l’industrie, le tourisme, la vente au détail, l’immobilier et le transport. Une entreprise créée par un émigrant est exemptée durant les cinq premières années de l’impôt sur les sociétés s’élevant à 35 pour cent. 3.2.1.3. Obstacles et freins aux investissements issus de la diaspora et recommandations Même si les autorités cap-verdiennes et le secteur privé se sont efforcés de mettre en œuvre des politiques qui sont parvenues avec succès à conserver le lien avec la diaspora et à promouvoir leur engagement dans l’économie du pays, il demeure un certain nombre d’obstacles et de freins qui limitent l’ampleur de la part des recettes dirigées vers l’investissement. En faisant abstraction des problèmes largement reconnus concernant la limitation des IDE tels que le coût pour faire des affaires, un certain nombre de problèmes spécifiques à la diaspora doivent être traités. 1. L’agence dédiée à la diaspora souffre d’une pénurie de personnel et n’est pas suffisamment financée: • • L ’IDC ne couvre pas l’ensemble du pays étant donné qu’elle est uniquement présente dans la capitale, Praia, située sur l’île de Sâo Tiago. Les autorités municipales présentes sur les autres îles traitent les problèmes liés à la diaspora bien que cela se fasse en collaboration avec l’IDC. Les instruments mis à disposition pour conserver un lien avec la diaspora, à savoir le site Internet et le Manual do Emigrante, ont besoin d’être améliorés. Ce manuel n’est pas mis à jour chaque année et comporte un nombre trop important d’informations sur les personnalités du gouvernement ainsi que sur des programmes qui ne sont pas en rapport avec la diaspora. En outre, les informations sur les projets de développement local sont insuffisantes comme cela est le cas pour les vecteurs d’informations conçus par le Salvador et le Mexique. Les relations substantielles avec les AL cap-verdiennes dans les pays hôtes font défaut en raison du manque de présence de l’IDC dans les consulats du pays se trouvant à l’étranger. 3.2.1.2.3. Initiatives et mécanisme • Instauration de mesures incitatives pour attirer les recettes issues de la diaspora: certaines de ces mesures incitatives instituées par le gouvernement incluent: • Des taux préférentiels plus élevés concernant les dépôts porteurs d’intérêts (à la fois dans la devise locale et étrangère) dans le système bancaire. Le différentiel de point de pourcentage par rapport aux dépôts réalisés par les citoyens locaux était aussi élevé que les 4 points de pourcentage enregistrés cinq années plus tôt, bien qu’il ait diminué constamment et qu’il se situe actuellement à 0,5 pour cent. • Les émigrants ont droit à une exemption à partir de la retenue des impôts de 20 pour cent sur les intérêts gagnés. Recommendations: • Davantage de ressources financières et humaines devraient être mises à disposition de l’IDC pour lui permettre de créer une présence sur l’archipel ainsi que dans les consulats dans les pays hôtes clés. • Le manuel doit être réédité afin d’améliorer la qualité de la présentation et pour sélectionner davantage le type d’information fournie. Ces améliorations pourraient prendre exemple sur d’autres pays, tels que le Mexique. Par exemple, les publications et le contenu du site 21 Principalement sur le chapitre 2 de ce projet. 28 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 3 Obstacles et freins aux investissements issus de la diaspora • Internet du Guía Paisano22 est reconnu pour sa qualité, la pertinence des informations et la mise à jour fréquente concernant les sujets qui intéressent la diaspora (ex: les questions légales, les opportunités d’emploi, les fluctuations du coût pour transférer des envois de fonds, les investissements et les projets de développement local) résidant aux Etats-Unis. Le gouvernement devrait s’engager davantage auprès des AL pour coordonner leurs efforts et pour renforcer les liens (et les rendre plus stables) avec des agences publiques, augmenter les initiatives se rapportant à leur diaspora et accroître les projets de développement local. 2.Les coûts de transfert d’envois de fonds demeurent très élevés En fonction de l’origine de la transaction et de l’intermédiaire choisi, le coût pour transférer des envois de fonds fluctue actuellement entre 10 et 17 pour cent par rapport à la somme transférée. Cela est essentiellement dû au manque de concurrence sur ce marché étant donné que l’on trouve seulement trois acteurs principaux sur ce dernier: Banco Comercial do Atlántico, Caixa Económica de Cabo Verde et Western Union. Ce dernier utilisant Caixa en tant que principale banque correspondante. Recommendation: Le fait d’incorporer d’autres types d’institutions financières, tels que ceux appartenant à la catégorie de la finance et d’interdire les accords d’exclusivité utilisés par certains intermédiaires contribuera à diminuer les coûts de transfert. 3.Ce pays ne tire pas totalement profit de ses institutions de microfinance Dans un marché aussi petit caractérisé par un important secteur de la vente au détail, de nombreuses micro-entreprises23 et la pénurie d’entrepreneurs compétents, les vecteurs de la microfinance devraient être incorporés à des envois de fonds intermédiaires et être dirigés vers l’investissement. Malheureusement, la législation qui régit la microfinance24 ne permet pas à cette catégorie d’intermédiaires financiers de rechercher des financements à partir des envois de fonds venant des membres de la diaspora. Le financement est limité aux dons venant des ONG, à la contribution anticipée de la Banque Africaine de Développement et aux résultats des opérations d’un fonds récemment créé qui sera géré par la Fédération des Associations de Microfinance. Recommendation: Etant donné la capacité élevée à générer des emplois au sein des micro-entreprises, les autorités peuvent souhaiter envisager de modifier la législation actuelle afin de permettre aux institutions de microfinance de chercher des financements venant des envois de fonds de la diaspora et de les diriger vers des investissements productifs dans des entreprises de petite taille. Dans un souci d’efficacité, le besoin pourrait se faire ressentir de transférer le mandat réglementaire sur les institutions de microfinance du Ministère du travail vers la banque centrale, la Banco de Cabo Verde. 3.2.2. GHANA 3.2.2.1. Le rôle des recettes issues de la diaspora dans l’économie La Banque Mondiale estime que le Ghana possède un stock d’émigrants d’environ un million de personnes et dont la diaspora25 est relativement bien établie dans les pays limitrophes de la Côte d’Ivoire et du Nigéria ainsi qu’aux EtatsUnis et au Royaume-Uni. Cependant, le Ministre de l’Intérieur fait monter ce chiffre à environ 4 millions en précisant qu’un tiers d’entre eux réside en Europe et en Amérique du Nord. (Owusu-Ankomah, 2006). Cette diaspora a la réputation de conserver des liens forts avec sa terre natale. La participation aux AL est assez élevée parmi ce groupe et elle varie entre 15 % aux Etats-Unis jusqu’à 37 % en Allemagne (Orozco, 2005). Les envois de fonds privés constituent une des plus importantes sources de financement externe du Ghana, représentant davantage que l’ensemble des transferts officiels, des capitaux officiels et des flux de capitaux privés. Bien que la Banque Mondiale estime que cela se chiffre à 105 millions de dollars US en 2006, le ministre de l’intérieur a indiqué que la Banque du Ghana estime que les envois de fonds à destination du Ghana en 2005 se situaient à hauteur de 4,5 milliards de dollars US26. A ce stade, les envois de fonds privés étaient nettement plus importants que les revenus d’exportation du pays venant du cacao et de l’or ou la totalité des investissements directs à l’étranger au cours de cette année représentant 15 pour cent du PIB et 40 pour cent de la totalité des exportations. La diaspora ghanéenne est activement impliquée dans les projets d’investissement dans le secteur communautaire dans leurs communautés natales, essentiellement via les AL. Une étude récente (Orozco, 2005) a rapporté qu’environ 14 pour cent des AL de la diaspora ghanéenne dont on a établi le profil ont participé et/ou contribué à l’investissement dans les infrastructures de la communauté (y compris la construction et la réparation des rues, l’approvisionnement en eau, l’électricité et ainsi de suite) dont 96 pour cent en faveur des activités de la santé et de l’éducation. Il existe un certain nombre d’investissements dignes d’intérêt dans le secteur privé provenant de la diaspora qui ont été réalisés dans ce pays. On estime qu’environ 80 pour cent du stock de maisons construites au cours des dernières années sont la propriété des NRG. 22 Consultez le site internet www.paisano.gob.mx 23 Représentant 80 pour cent de la totalité des entreprises et 50 pour cent de l’emploi. (Baptista 2006). 24 Loi N° 14/VII/2007, qui a figuré dans le Boletim Oficial (bulletin officiel), datant du 10 septembre 2007. 25 Considérée comme non-résidents ghanéens 26 Il est intéressant de noter que presque 1,5 milliard de dollars US viendraient de particuliers, tandis que le reste proviendrait de groupes religieux et d’ONG. Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 29 3 Obstacles et freins aux investissements issus de la diaspora Un des exemples proéminents est la banque d’investissement, DataBank, créée en 1990 par trois jeunes Ghanéens27 issus de la diaspora après avoir contracté un prêt de 25.000 dollars US. A l’origine, elle a été fondée pour fournir des services de consultation financière dans le secteur public et des entreprises à destination des entreprises situées au Ghana. Databank a pris de l’essor et a augmenté sa présence au fil des années pour devenir une banque d’investissement multiservices proposant le courtage d’actions, le financement des sociétés, la gestion des actifs, la recherche d’actions et les services de capitaux à risque. L’entreprise a été impliquée dans de nombreuses transactions révolutionnaires qui se sont déroulées à la bourse du Ghana au cours des dernières années. L’entreprise envisage d’étendre ses activités vers de nouveaux marchés en Afrique Occidentale, en particulier sur les marchés francophones et au Nigéria. Kyerekuanda Hotels Ltd (investissement dans un hôtel doté d’une suite comportant 17 chambres réservées aux dirigeants à Accra et une résidence dotée de 200 chambres en front de mer à Takorodi) et Kyerekuanda plantations Ltd (100 hectares de plantation de palmier) est un autre investissement réalisé par un membre28 de la diaspora ghanéenne. Enfin, le Groupe Earlbeam fondé par un migrant de retour du Japon29, possède un des fournisseurs de matériaux de construction les plus réputés au Ghana, un hôtel quatre étoiles doté de 68 chambres (Hôtel Earlbeam) et un centre commercial sur 5 étages (le Jubilee Shopping Mall). Enfin, la société ghanéenne Network Computer Systems (NCS, propriétaires de www.ghana.com et dont l’extension de domaine principale était également au départ .gh), est l’invention personnelle d’un Ghanéen qui a passé un certain temps aux Etats-Unis. 3.2.2.2. Liens institutionnels avec la diaspora 3.2.2.2.1. Stratégie Commitment of the Ghanaian diaspora to the homeland is L’engagement de la diaspora ghanéenne envers la terre natale est fonction de l’attachement à la famille, de l’intérêt personnel sous la forme d’investissements et de propriété et l’identité nationale. La politique visant à engager la diaspora d’une façon plus formelle est née suite à l’organisation d’un “sommet du retour au foyer” qui s’est tenu en 2001. Ce sommet, auquel aurait assisté plus d’un millier de professionnels ghanéens issus de la diaspora, a donné lieu à un plan d’action en cinq points qui a fait ressortir, inter alia, le besoin d’octroyer la double citoyenneté aux NRG ainsi que le droit de vote. Avant d’accueillir le “sommet du retour au foyer”, le gouvernement avait organisé au départ l’événement de la “semaine de l’émancipation” qui était destiné aux Africains faisant partie de la diaspora et qui visait à leur faire retrouver leurs racines et à partager la riche culture ghanéenne. Il a également servi de forum pour présenter aux participants les diverses opportunités sociales, culturelles et économiques disponibles pour investir dans ce pays. En 2003, le gouvernement a lancé le Secrétariat des nonrésidents ghanéens qui a servi de point central pour la coordination des programmes et des activités entre les non-résidents ghanéens et le pays dans le but d’exploiter le potentiel de la ressource des Ghanéens dans le monde en faveur d’un développement national accéléré. Le secrétariat a été créé par le Centre de promotion des Investissements au Ghana (GIPC) et le bureau du dialogue économique national à l’issue d’une longue période de consultations et de discussions menées parmi les parties prenantes clés du gouvernement, notamment les ministres des Affaires Etrangères, de la planification des finances et de l’économie, de l’Intérieur, du Secrétariat du dialogue de l’information et de l’économie nationale, ainsi que le GIPC. Enfin, le point d’orgue de toutes ces activités a été le nouveau nom donné au Ministère du Tourisme et aux Relations avec la Diaspora en avril 2006. Activités de mise en réseau: le gouvernement est grandement impliqué dans la mise en réseau avec sa diaspora. Les officiels venant du gouvernement lors de missions à l’étranger sont activement encouragés à rencontrer les communautés ghanéennes dans les pays qu’ils visitent. 3.2.2.2.2. Cadre légal et réglementaire Au cours des dernières années, le gouvernement ghanéen s’est efforcé de mettre en place un certain nombre de cadres légaux et réglementaires conçus pour mettre davantage à contribution sa diaspora et pour aborder des sujets qui ont eu un impact sur le volume et la valeur des transferts internes officiels venant de cette communauté. Cela inclut: Loi 2006 sur les devises (Loi 723): Cette loi qui est entrée en vigueur en décembre 2006 a abordé la plupart des contraintes réglementaires affectant les investissements réalisés par les non-résidents. Certaines des clauses principales de cette loi stipulent que: • Les résidents et les non-résidents ont l’autorisation de conserver des comptes bancaires dans une devise étrangère auprès des banques. Ces comptes peuvent être crédités grâce aux transferts sous la forme d’une devise étrangère à l’étranger ou d’autres comptes dans une devise étrangère. • Le paiement soit réalisé à ou à mettre au crédit d’une personne résidant au Ghana au nom de ou par ordre de “toute personne” • Qu’aucune restriction ne soit imposée sur l’achat d’instruments de marché de capitaux réalisé par des non-résidents (à l’exception du secteur bancaire où l’acquisition d’une part supérieure à 10 % requiert l’approbation préalable de la banque du Ghana [BOG] (la banque centrale du Ghana). 27 Ken Ofori-Atta (Salomon Brothers, New York), Keli Gadzekpo (KPMG, Washington) et James Apko (basé au Ghana). 28 M. Solomon Ankonum qui a quitté le pays en 1951 en tant que passager clandestin à destination du Royaume-Uni 29 Alfred Dankwah est retourné au Ghana en 1991 avec des tôles de toiture et huit pick-up Nissan d’un montant équivalant à 40.000 dollars US qui ont servi de capital d’amorçage pour ses activités d’entrepreneur dans le pays. 30 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 3 Obstacles et freins aux investissements issus de la diaspora Octroi de la double citoyenneté: la loi 2000 sur la citoyenneté, loi 591, donne la possibilité aux Ghanéens d’avoir la double citoyenneté. Le paragraphe 16 (1) de cette loi stipule “qu’un citoyen du Ghana peut posséder la citoyenneté de tout autre pays outre sa citoyenneté du Ghana”. Cette loi aborde également le séjour indéfini et le droit de résidence. Le séjour indéfini sert aux Ghanéens qui ont acquis la citoyenneté étrangère mais qui ne peuvent pas détenir la double citoyenneté tandis que le droit de résidence vise les personnes de descendance africaine dans la diaspora en leur étendant le droit de résidence au Ghana. Octroi du droit de vote: En février 2006, le Ghana a passé la loi sur l’amendement concernant la représentation des personnes qui a étendu le droit de vote aux Ghanéens vivant en dehors du pays. Le paragraphe concerné de cette loi indique: “une personne qui est citoyenne du Ghana et résidant en dehors de cette république a le droit d’être enregistrée comment votant si cette personne satisfait aux exigences d’inscription prescrites par la loi autres que celles se rapportant à la résidence dans une circonscription électorale”. Cependant, pour des motifs politiques latents, cette loi n’est pas encore entrée en vigueur. 3.2.2.2.3 Initiatives et mécanismes Fonds des non-résidents ghanéens pour la réduction de la pauvreté: Dans son document 2003-2005 sur la stratégie pour réduire la pauvreté, ce pays a proposé l’instauration d’un fonds pour les non-résidents ghanéens. Ce fonds qui allait être géré conjointement par le gouvernement et des représentants choisis par la diaspora ghanéenne allait financer des projets développés par les deux groupes. En outre, il a été affirmé qu’il allait être utilisé pour financer les coûts d’expédition associés aux contributions généreuses apportées par la diaspora pour combattre la pauvreté. Programme d’envois de fonds: Idans un effort pour mieux exploiter les envois de fonds venant de sa diaspora, le gouvernement a commandé deux études30 consacrées au marché/à l’environnement des envois de fonds au Ghana. Ces études ont recommandé que tout programme d’envois de fonds pour le Ghana comporte trois composantes: • Enveloppe d’aides non remboursables en vue de favoriser la concurrence (CGF) pour soutenir les nouveaux produits et services d’envois de fonds • Un programme pour aborder les contraintes réglementaires et technologiques qui inhibent les améliorations concernant les réceptions d’envois de fonds par le biais de canaux formels et la livraison au Ghana; et • Soutien pour améliorer l’accès de l’expéditeur aux canaux d’envois de fonds formels Un appel à proposition a été récemment publié par le gouvernement pour recruter une entreprise qui créera le CGF tandis qu’une entreprise basée au Royaume-Uni qui devra être approvisionnée par le DFID traitera les problèmes de l’expéditeur final. Lancement de E-Zwich, la carte de paiement électronique nationale: en début d’année, la banque du Ghana a publié une directive demandant à toutes les banques de lier leurs GAB et les terminaux de leurs points de vente (TPV) à la carte de paiement nationale, (E-ZWICH) d’ici le 31 mars 2008. Il était attendu que les banques possédant déjà des cartes de paiement les mettent à jour pour qu’elles soient compatibles avec la carte de paiement nationale d’ici le 1er juillet 2008 tandis qu’il est attendu que les banques ne possédant pas de cartes de paiement/de GAB / de terminaux de TPV intègrent leurs terminaux de paiement directement dans la carte de paiement nationale ou par le biais d’une carte de paiement compatible avec E-ZWICH. L’adoption de cette mesure garantirait que toutes les banques commerciales, les banques rurales et les institutions d’épargne et de prêts mettent en œuvre une plate-forme de paiement commune et une carte à puce biométrique et un moyen de paiement sécurisé pour les biens et les services à travers le pays en s’appuyant sur une identification biométrique. Cela faciliterait davantage les destinataires en zone rurale. Compte retour au foyer de Databank: Le groupe Databank a récemment créé le Compte retour au foyer, qui est spécialement conçu pour les Ghanéens vivant en dehors du Ghana et qui ont des obligations financières à respecter au Ghana sur le moyen et le long terme. Il s’agit d’un compte hybride qui investit dans plusieurs fonds communs de placement et des instruments financiers au Ghana et sur d’autres marchés régulés en Afrique. 3.2.2.3. Obstacles et freins aux investissements issus de la diaspora et recommandations En général, le gouvernement a contrôlé et réalisé des amendements à la plupart des mesures légales et réglementaires qui restreignaient l’influence des envois de fonds pour les investissements et l’attrait des investissements dans le secteur privé issus de la diaspora. En outre, comme cela a été indiqué plus haut, le gouvernement instaurera une enveloppe d’aides non remboursables pour favoriser la concurrence qui devrait inciter le lancement de produits et de services d’envois de fonds innovants. Cependant, des mesures supplémentaires doivent être prises: • Etendre la portée des institutions de transfert d’argent formel à des zones éloignées en accordant une licence à d’autres catégories d’institutions afin de faire fonctionner des entreprises de transfert d’argent, telles que des coopératives et des organisations communautaires ayant la capacité de servir de canaux supplémentaires • Lever les restrictions qui empêchent les banques et les autres institutions financières non bancaires de se développer dans d’autres parties du pays • Encourager les non-résidents ghanéens à diriger leurs envois de fonds par le biais de produits financiers sur le moyen et le long terme tels que les fonds communs de placement, les fonds en fiducie, les titres cotés en bourse et les bons du trésor du gouvernement, les effets de commerce et les obligations. 30 Financées par le Banque Mondiale et le DFID. Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 31 3 Obstacles et freins aux investissements issus de la diaspora • onfier davantage de responsabilités au secrétariat C NRG. La décision de donner au Ministère du Tourisme un mandat sur les affaires concernant la diaspora dévie l’engagement de faire jour un rôle plus important à la diaspora par rapport aux perspectives de développement du pays. Le site Internet du ministère, par exemple, ne fait pas référence aux NRG, en se concentrant seulement sur le potentiel touristique du pays pour la diaspora africaine plus large (lire Afro-américain). L’équipe des études recommande que le gouvernement renvoie les problèmes liés à la diaspora vers le Secrétariat NRG. 3.2.3. NIGERIA 3.2.3.1. Le rôle des recettes de la diaspora dans l’économie Doté de la population la plus importante du continent, le Nigéria incarne une des sociétés qui se déplacent le plus en Afrique. La Banque Mondiale estime que le stock de migrants représente 0,6 % de la population (approximativement 850.000). Cependant, ces statistiques officielles sont nettement imprécises et incomplètes. Certaines estimations placent ce chiffre à un peu plus de 5 millions (USAID 2007). Les 5 principales destinations pour les migrants nigérians sont les Etats-Unis, le Tchad, le Royaume-Uni, le Cameroun et le Bénin. Quant au stock d’émigrants, les recettes rapportées officiellement issues de la diaspora nigériane reflètent partiellement la population de migrants résidant à l’étranger. Pour l’année 2006, la Banque Mondiale a estimé que le volume d’envois de fonds a atteint 3,3 milliards de dollars US. Cependant, au cours d’une étude récente, la Banque centrale du Nigéria a rapporté que le flux d’envois de fonds à destination du pays avait atteint 10,3 milliards de dollars US (CBN 2006) pour la même année (se reporter au tableau 7). Cela ne prend toujours pas en compte les transferts qui transitent par le secteur informel (principalement le liquide remis de la main à la main) qui pourrait facilement représenter 50 pour cent supplémentaire de ce montant. La plupart de ces transferts de personne à personne viennent typiquement des Etats-Unis, du Royaume-Uni, d’Italie et d’autres pays d’Europe occidentale. L’étude du CBN a également révélé qu’environ 25 pour cent des fonds versés sont dirigés vers l’investissement soit à destination de l’expéditeur soit du destinataire, le reste servant à aider les familles réceptrices (consommation, frais de scolarité, médicaments, organisations caritatives). Il s’agit d’un pourcentage plutôt élevé lorsqu’on le compare à des estimations rapportées dans d’autres études à travers le continent. Cependant, une étude réalisée par Africa Recruit en 2004 a placé ce chiffre à 6 % et les personnes interrogées ont cité la mauvaise gestion des fonds réalisée par des membres de la famille ou des amis et le lien faible entre la Diaspora et les opportunités d’investissement dans le pays, ainsi que le manque de connaissance des différentes opportunités disponibles. La diaspora nigériane est largement reconnue comme étant engagée pour développer sa communauté d’origine en investissant dans des projets dans le secteur de la communauté: écoles, hôpitaux, eau, etc. A l’instar de la diaspora ghanéenne, la participation dans les AL est assez élevée au sein de la diaspora nigériane. La diaspora nigériane a été déterminante pour drainer des investissements directs à destination du pays. L’équipe du projet n’a pas été en mesure d’obtenir une liste exhaustive de ces investissements. Cependant, cela vaut la peine de mentionner qu’un migrant de retour au pays31 a été activement impliqué dans la création de Transnational Corporation of Nigeria (Transcorp), un conglomérat possédant des intérêts dans le secteur de l’énergie, de l’hébergement et du divertissement, des télécoms, de l’agro-alimentaire et dans d’autres secteurs. D’autres investissements issus de la diaspora incluent Top Air Nigeria, qui a l’exclusivité de distribution dans le pays des produits de climatisation York (société acquise par l’entreprise Johnson Controls), basé aux Etats-Unis. En outre, Geometric Power Limited (GPL) est un fournisseur d’électricité relevant du secteur privé au Nigéria, fondé par le Professeur Bartholomew O. Nnaji qui était encore récemment professeur d’ingénierie et directeur du Centre National Science Foundation (NSF) dédié à la conception électronique aux Etats-Unis : les technologies de l’information ont permis la conception et la réalisation de produits et de systèmes d’ingénierie à l’Université de Pittsburgh dans l’Etat de Philadelphie aux Etats-Unis. GPL se concentre sur la génération et la distribution d’électricité en toute sécurité et à des prix abordables à des groupes d’industriels et au grand public au Nigéria et en Afrique subsaharienne. Tableau 7: Flux d’envois de fonds à destination du Nigéria (en millions de dollars US) Flux d’envois de fonds 1996 832.9 1997 1,773.7 113 1998 1,439.4 -18.8 1999 1,181.8 -17.9 2000 1,618.0 36.9 2001 1,237.5 -23.5 2002 1,349.8 9.1 2003 1,061.7 -21.3 2004 2,262.3 113.1 2005 6,475.8 186.2 2006 10,577.1 63.3 Source: Banque centrale du Nigéria (2006) Enfin, notre interview de quelques membres de la diaspora nigériane à Londres a révélé qu’un nombre substantiel d’entre eux investissent dans la bourse de ce pays. Ils ont également indiqué que le rendement de ces investissements en portefeuille était substantiellement plus élevé que les rendements qu’ils auraient obtenus s’ils avaient investi dans la bourse de Londres. 31 Nicholas OKoye qui a travaillé auparavant chez Merill Lynch & Co Inc à New York et qui occupe actuellement le poste de directeur général de l’entreprise. 32 Taux de croissance annuel Année Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 3 3.2.3.2. Lien institutionnel avec la diaspora 3.2.3.2.1. Stratégie En 2000, le Gouvernement fédéral a pris des mesures pour encourager un engagement plus constructif avec les Nigérians issus de la diaspora. Le but était de créer des opportunités qui leur permettraient de multiplier leurs précieuses ressources humaines et de forger des liens plus étroits avec le Nigéria. Au cours de cette année, le président a organisé un dialogue présidentiel avec les Nigérians issus de la diaspora aux EtatsUnis et plus tard au Royaume-Uni et a encouragé la création de l’Organisation des Nigérians de la diaspora (NIDO). Par le biais de cette initiative, le gouvernement a cherché à “développer une plate-forme efficace et unifiée pour les Nigérians de l’étranger afin d’exploiter leurs talents, leur expertise et leurs ressources pour développer le Nigéria et construire la nation.” La création du NIDO a été suivie de l’instauration du Service volontaire national nigérian (NNVS) pour travailler et faciliter l’engagement des Nigérians à l’étranger pour construire la nation. C’est devenu le mot d’ordre national d’articuler, d’exécuter et de coordonner l’initiative et la politique du gouvernement à destination de la diaspora nigériane. Le NNVS a la responsabilité de faire prendre conscience au public à la fois au pays et à l’étranger et de promouvoir l’initiative NIDO parmi la diaspora, les agences gouvernementales sur le plan fédéral, de l’état et du gouvernement local. Activités de mise en réseau: au cours des quatre années précédentes, le NNVS a organisé la fête de la diaspora nigériane qui a lieu une fois par an (en collaboration avec NIDO) et dont le but est d’encourager et de conserver des liens avec la diaspora nigériane. La dernière édition s’est tenue en juillet 2008 et 600 délégués venant de 23 pays y ont assisté. 3.2.3.2.2. Cadre légal et réglementaire Loi sur les devises (1995) et les banques et les autres décrets concernant les institutions financières (1991, amendée en 1999): This act regulates the money transfer market in Nigeria. It autCette loi régule le marché du transfert d’argent au Nigéria. Elle autorise uniquement les banques à réaliser des paiements de devises conformément à la définition restreinte d’“opérateurs agréés” en devises. Réforme du secteur bancaire: Dans un effort pour rationaliser le secteur, la banque centrale du Nigéria a conduit une réforme du secteur financier en 2004 qui a cherché à augmenter la valeur des fonds32 d’actionnaires, ce qui requiert que les banques de toutes les communautés se convertissent en des banques de microfinance auxquelles on a accordé une licence pour fonctionner comme des banques sans succursale. En conséquence, le nombre de banques a diminué pour passer de 89 à 25 en l’espace d’une année et environ 450 banques de microfinance (sur 770 banques de proximité) sont apparues. Oceania Bank PLC propose les produits suivants aux Nigérians faisant partie de la diaspora (NID): Compte NID Gold – un hybride entre un compte épargne et un compte chèques exprimé en nairas. • Le taux d’intérêt se situe à 1 % au-dessus du taux d’épargne régulier en permanence. • Service de consultation financière gratuit (des instructions peuvent être données à la banque d’acheter des parts des entreprises cotées à la bourse nigériane. Compte NID DOM – un compte exprimé en devise étrangère • Compte domicilié à haut rendement • Taux d’intérêt à 0,5 % au-dessus des taux de comptes domiciliés réguliers • Services de transfert d’argent international disponibles (entrées et sorties) Compte d’investissement NID – un compte d’investissement du marché monétaire • Compe à terme / Titulaire d’un compte épargne • Durée minimum de 60 jours • Un certificat peut être utilisé pour sécuriser un prêt avec la banque • Services de transfert d’argent international disponibles (entrées et sorties) • Taux d’intérêt au taux d’investissement compétitif de la banque Cadre légal et réglementaire pour des activités commerciales: Afin d’attirer des IDE vers le pays, le gouvernement a éliminé toutes les mesures qui sont contraignantes pour la participation au capital social d’une société dans le secteur des entreprises. En 2006, le Centre de promotion des investissements au Nigéria (CPIN) a créé un Centre d’investissement à guichet unique (OSIC) où les agences gouvernementales et les ministères concernés sont menés jusqu’à un endroit où l’ensemble des services sont coordonnés et rationnalisés pour offrir une réponse efficace et transparente aux investisseurs. Mesures pour réduire le niveau de corruption: Dans sa proposition pour réduire le niveau de corruption dans le pays, le gouvernement a introduit certaines mesures anticorruption y compris l’instauration de la Commission sur les Crimes financiers et économiques (EFCC), la Commission indépendante sur les pratiques de corruption et autres délits associés (Independent Corrupt practices et other Related Offences Commission, ICPC) ainsi que le Bureau de la procédure régulière, de la surveillance et de la mise en œuvre du budget au cours de la présidence. 3.2.3.2.3. Initiatives et mécanismes pour attirer des investissements issus de la diaspora Le fonds d’investissement de la diaspora nigériane: début 2008, le chapitre européen de l’Organisation des Nigérians de la Diaspora (NIDOE) a initié et sponsorisé un Fonds d’investissement ouvert de la diaspora nigériane (NDIF) d’un montant de 200 millions de dollars US. Il est attendu qu’un minimum de 90 pour cent de ce fonds soit investi dans les actions nigérianes (cotées localement et mondialement), bons du trésor liquides, obligations d’état et de société, sociétés d’investissement dans l’immobilier cotées en bourse, fonds commun de placement, etc. avec un maximum de 10 pour cent investis dans des projets de capitaux à risque au Nigéria. Ce fonds a été lancé au Nigéria en septembre 2008 et à Londres, le mois suivant. Le Fonds des Ressources Nationales (FRN): IDans sa tentative pour attirer des investissements issus de la diaspora, le gouvernement a présenté sa dernière mesure incitative 32 De 1,9 milliard de Nairas (15 millions de dollars US en 2004) à 25 milliards de Nairas (195,5 millions de dollars US en 2005). Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 33 3 Obstacles et freins aux investissements issus de la diaspora concernant l’IDE à la communauté de la diaspora nigériane en Allemagne en début d’année. Grâce à cet accord, tout citoyen nigérian ayant des projets dans le secteur de l’industrie peut s’appuyer sur un fonds d’investissement doté de 80 milliards de nairas. Les investisseurs peuvent accéder à ce Fonds des Ressources Nationales (FRN) pour financer les efforts de renforcement des capacités sur le plan local ainsi que le transfert technologique, la standardisation des produits pour créer un marché à l’étranger pour les biens nigérians. De nouveaux produits financiers à l’attention de la diaspora: les banques nigérianes courtisent activement la diaspora par le biais d’une pléiade d’offres destinées à exploiter leur épargne et le potentiel d’investissement. Outre le compte domicilié traditionnel, qui peut être utilisé par toute personne vivant dans le pays ou à l’étranger, les banques proposent des produits spécifiques destinés à satisfaire les besoins spécifiques bancaires et relatifs à l’investissement des Nigérians qui, bien qu’ils vivent à l’étranger, aimeraient conserver des liens avec leur terre natale. Certaines de ces banques qui sont à l’avant-garde de cette innovation incluent la Bank PHB avec son compte dédié aux Nigérians de la diaspora (NIDA); UBA plc avec ses services bancaires pour les non-résidents nigérians (NRN); les Nigérians issus de la diaspora (NID) de Oceanic Bank; Fidelity Bank plc et l’ajout le plus récent étant Diamond Bank plc avec Diamond Reach. Le UBA NRN est un véhicule d’investissement à but spécifique par l’intermédiaire duquel les citoyens nigérians issus de la diaspora peuvent investir dans le pays, ce qui leur permet de bénéficier d’opportunités d’investissement à haut rendement disponibles dans le pays. montant, et le coût de Cotonou vers Lagos se situait à plus de 17 pour cent (Ratha and Shaw 2007). Recommandation: Le gouvernement doit contrôler la régulation limitant les types d’institutions financières qui pourraient réaliser des transferts d’envois de fonds dans le but d’encourager la concurrence. L’accès financier demeure faible: En dépit des efforts concertés du gouvernement pour étendre l’accès financier en encourageant la création d’un certain nombre d’institutions financières (banques rurales, associations d’épargne et de crédit, banques de proximité, etc.), le nombre d’institutions financières demeure faible et leur couverture géographique se limite principalement aux grandes villes. L’accès aux institutions bancaires ou aux services financiers, en particulier dans les zones rurales, demeure par conséquent faible. Il est rapporté que près de 80 millions d’habitants (environ 65 pour cent) ne sont pas servis par les institutions financières formelles. Recommandation: Les IFM devraient être encouragées à fournir des services d’intermédiation financière aux destinataires et aux expéditeurs. 3.2.4. MALI 3.2.4.1. Le rôle des recettes issues de la diaspora dans l’économie Bien que le pays ait mis en place un certain nombre de mesures institutionnelles et réglementaires pour faire participer sa diaspora, il demeure un certain nombre d’obstacles à surmonter pour que le pays soit en mesure d’accroître le transfert entrant des envois de fonds par le biais des canaux formels, le dirigeant vers des investissements productifs et en attirant des investissements du secteur privé venant de sa diaspora. Doté d’une population d’environ 12 millions d’habitants, ce pays pauvre sans accès à la mer a toujours connu des migrations à la fois internes et sur le plan international. Le stock d’émigrants en pourcentage de la population représente 9 pour cent. Les cinq principaux pays de destination pour les migrants maliens sont la Côte d’Ivoire, le Burkina-Faso, le Nigéria, la France et le Niger. Au fil des années, sa diaspora a développé un système de transfert d’envois de fonds informel et efficace basé sur les réseaux sociaux et de solidarité. Cependant, ce pays doit faire face à plusieurs problèmes de migration, y compris les réseaux bien établis qui font passer des milliers de Maliens à l’étranger, parfois en les munissant de faux papiers. Les coûts de transfert d’envois de fonds demeurent élevés: comme cela est indiqué ci-dessus, seules les “banques autorisées” peuvent réaliser des transferts d’envois de fonds. Cependant, la plupart de ces banques ont signé des accords d’exclusivité avec des OTA telles que Western Union et MoneyGram. Il est rapporté que 21 banques sur 25 qui fonctionnent dans le pays ont passé ces accords (USAID, 2005). Cela restreint la concurrence sur ce marché33, ce qui entraîne un coût de transfert des envois de fonds relativement plus élevé à destination du pays comparé à d’autres régions. On estime que le coût moyen, en incluant la prime de change, pour envoyer 200 dollars de Londres vers Lagos, au Nigéria, en milieu d’année 2006 correspondait à 14,4 pour cent de ce La source principale du flux de la diaspora malienne est la France qui représente jusqu’à 65 pour cent du flux total. A 177 millions de dollars US, les envois de fonds ont représenté environ 3 pour cent du PIB du pays en 2006, ayant plus que doublé par rapport à son niveau de 2000 où ils atteignaient 73 millions de dollars US. Cependant, on estime que jusqu’à 70 pour cent des envois de fonds à destination de ce pays ne sont pas enregistrés officiellement étant donné qu’ils transitent par le secteur informel (voir ci-dessous). Une récente étude (BaFD 2007) a rapporté que près de 18 % des envois de fonds reçus par le pays sont dirigés vers les investissements, ce qui représente une proportion considérablement élevée comparée à d’autre pays. Cependant, le plus gros de ces 3.2.3.3. O bstacles et freins aux investissements issus de la diaspora 33 L’étude de USAID a rapporté que presque tous les expéditeurs (98 pour cent) ont indiqué qu’ils utilisaient les agences de transfert d’argent pour envoyer de l’argent et 71,9 % d’entre eux préféreraient passer par Western Union. En outre, environ 80 pour cent des transferts d’argent réalisés via les banques seraient contrôlés par Western Union. 34 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 3 Obstacles et freins aux investissements issus de la diaspora investissements est réalisé dans les projets du secteur de la communauté, à savoir les centres sanitaires, les écoles, etc. L’équipe des études n’a pas pu identifier un quelconque investissement en portefeuille ou sur des capitaux à risque d’importance réalisé par la diaspora malienne ou des migrants de retour au pays. Néanmoins, on retrouve des investissements de PME et de micro-entreprises, essentiellement dans l’industrie des services et le négoce, réalisés par certains migrants de retour au pays, essentiellement par le biais du “plan de cofinancement” ou les plans de retour des migrants au pays34 du gouvernement français ou de l’Union européenne. A hauteur d’environ 7.700 euros, on estime que le montant moyen reçu par un foyer malien par an est un des plus élevés dans la région (BaFD)35. Cependant, la capacité de ces foyers à économiser et à investir dans les fonds reçus est quelque peu limitée étant donné que la taille du foyer moyen des destinataires est assez élevée (9 en moyenne). Les envois de fonds jouent un rôle essentiel dans la région Kayes du Mali où un nombre considérable de foyers dépendent des fonds reçus venant de sa diaspora pour leur subsistance. Les activités des Associations Villageoises de Migrants (AVM) ont commencé au départ par l’entraide et des efforts d’épargne regroupée. La construction de mosquées est l’investissement principal (32 pour cent des dépenses), suivie des infrastructures de l’eau (25 pour cent), la santé (19 pour cent) et l’éducation (11 pour cent). Le processus de décentralisation au Mali depuis la fin des années 90 a donné aux AVM un rôle plus important dans le développement local (source : Gubert and Raffinot (2006)). Selon un rapport de la Banque Mondiale, les contributions venant des Maliens vivant en France ont aidé à construire 60 pour cent de l’infrastructure de cette région, environ 40 associations de migrants maliens en France soutiennent presque 150 projets y compris, par exemple, l’installation d’un équipement photovoltaïque pour l’électrification de la région. 3.2.4.2. Liens institutionnels avec la diaspora 3.2.4.2.1. Stratégie Grâce à la création en 1991 du Département des Maliens à l’étranger au sein du Ministère des Affaires Etrangères, le Mali a fait partie du petit nombre de pays dans la région ayant pu tisser des liens institutionnels de longue durée avec sa diaspora. Le pays a toujours soutenu les plans de co-développement avec la France – destination principale à l’étranger de ses migrants – , il coopère avec des programmes de retour aidés pour des Maliens non autorisés et travaille avec des organisations internationales pour attirer et faire revenir des Maliens hautement diplômés au Mali. Etant donné son importance à Kayes, une conférence à laquelle ont participé une multitude de parties prenantes a été organisée récemment pour réfléchir à la façon de maximiser l’impact développemental des envois de fonds. La résolution finale a prôné l’adoption d’un cadre “cohérent et attrayant pour les investissements financiers et en ressources humaines venant des Maliens à l’étranger”. Le nouveau Ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine36 souligne également la nécessité d’une implication accrue de la diaspora malienne dans le processus de décentralisation actuel sur le plan national et régional. Les membres individuels et les organisations de la diaspora malienne sont encouragés à rejoindre les rangs du Comité de Surveillance et de Coordination pour surveiller la mise en œuvre du processus de décentralisation. 3.2.4.2.2. Cadre administratif et réglementaire Création d’un institut administratif tourné vers la diaspora: depuis les années 90, un département au sein du ministère des affaires étrangères et des Maliens à l’étranger est chargé spécifiquement des relations avec la diaspora malienne. Le gouvernement malien a envoyé des missions économiques en Europe pour promouvoir le retour au Mali de membres de la diaspora pour investir dans l’agro-alimentaire. Les lois sur la double citoyenneté ont fini par être libéralisées et le gouvernement a créé le Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur (HCME) qui est en liaison avec diverses organisations de la diaspora malienne. L’Agence de Promotion de l’Investissement du pays (APIM) a créé un guichet unique pour aider les investisseurs, nonrésidents ainsi que résidents, dans leurs démarches. Le CIFAM (“Club des Investisseurs Français au Mali”) contribue également activement à fournir au gouvernement des propositions concernant les mesures pour faciliter les IDE. Cadre réglementaire: il n’existe pas de code spécifique ou de loi s’y rapportant par rapport aux investissements de la diaspora mais le code d’investissement en date du 26 février 1991 visant à attirer des investissements étrangers et l’épargne nationale a proposé d’importants abattements fiscaux pour des périodes de 5, 10 ou 15 ans selon l’utilisation de ces investissements. En août 2005, ce Code a étendu la portée de ces abattements fiscaux en lien avec leurs activités. Ce Code renforce également les mesures incitatives disponibles pour les entreprises se trouvant en dehors de la région de Bamako ou qui développent des technologies innovantes. Cela confère aux investisseurs internationaux, y compris venant de la diaspora, les pleins droits à leurs revenus et cela permet d’exporter gratuitement les dividendes et les capitaux. Le Code Fiscal (Art. 131 et 132) propose des dérogations supplémentaires pour toute immatriculation d’une nouvelle entreprise. Le Gouvernement du Mali a également adopté un code d’investissement spécifique au secteur du tourisme et de l’hôtellerie qui attire de fait les membres de la diaspora (y compris les musiciens et les sportifs qui réussissent) dans ce secteur. 34 A pproximativement 10 pour cent de la diaspora malienne étudiée a déclaré qu’elle procédait à des envois de fonds dans le but de participer à un investissement dans la formation de capital (BaFD 2007) 35 Ce montant est d’environ 3.000 euros pour le Sénégal. 36 http://www.maliensdelexterieur.gov Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 35 3 Obstacles et freins aux investissements issus de la diaspora 3.2.4.3. Obstacles et freins aux investissements issus de la diaspora Bien que le Mali soit à l’avant-garde pour faire participer sa diaspora au développement national depuis le début des années 90, un certain nombre de défis demeurent à être relevés si le pays souhaite attirer davantage de recettes, en particulier pour les investissements dans le secteur privé et de la communauté, venant de la diaspora. Outre un certain nombre de contraintes pour attirer des IDE (infrastructure – transports par train, coût de l’énergie –, la rigidité des lois sur l’emploi, la corruption), nous avons identifié les freins suivants spécifiques aux investissements issus de la diaspora. Les coûts de transfert des envois de fonds officiels demeurent très élevés. Cela est essentiellement dû au fait que 95 pour cent du marché des transferts sont détenus par un OTA, ce qui asphyxie la concurrence. En outre, la couverture géographique est relativement faible concernant les points de distribution des OTA (30 pour cent comparé à 100 pour cent dans le cas du Sénégal). En réponse à ces limitations, les institutions de microfinance jouent un rôle important et les plans formels (m-banking) et informels innovants ont poussé comme des champignons. Ainsi, par exemple, le transfert d’envois de fonds entre la France et la région de Kayes se fait essentiellement via “des porteurs de liquide” qui représentent 70 pour cent de ces transferts, les 30 pour cent restants étant réalisés par le système de fax. Faible accès aux services bancaires pour la population L’accès relativement faible aux services bancaires pour la population signifie que les destinataires des envois de fonds n’ont pas conscience des instruments financiers qui pourraient être déterminants pour diriger les fonds reçus vers des opportunités d’investissement. Recommandations: • Améliorer les lois et les systèmes pour recueillir et disséminer les données sur la migration; une plus grande coordination entre les ministres et les instituts de recherche recueillant les données sur la migration. • Le pays devrait encourager une participation supplémentaire de la part des instituts de microfinance sur le marché des envois de fonds. Il est nécessaire de créer un regional credit and savings self regulated network.37 • Il est nécessaire de créer un fonds spécialisé soutenu parmi d’autres par une structure aidant les migrants de retour au pays. • Faciliter le jumelage et les accords de partenariat de co-développement entre les régions qui intéressent la diaspora (par exemple, entre la région Nord-Pas de Calais en France et la région de Kayes). • Garantir le cofinancement public par le biais du Fonds de Développement Régional (s’appuyant sur des impôts spécifiques) soutenant des partenariats public-privé à tous les niveaux. • • • • L ibéraliser davantage les entreprises appartenant à l’Etat (y compris les banques et le secteur du coton) et les services publics (y compris télécoms) et les restrictions sur l’engagement étranger dans les services aux entreprises, étant donné qu’ils ont tendance à augmenter “les coûts pour faire des affaires” et à décourager l’investissement. Une enquête plus exhaustive par rapport à des exemples de réussites et à la façon dont cela pourrait être réalisé dépasse le cadre de la présente étude. Développer des capacités de budget et la responsabilisation à chaque niveau décentralisé afin de rassurer les investisseurs privés et publics. Encourager davantage la participation de la diaspora, la consultation et l’implication directe à tous les stades, les processus et les institutions. En outre, étant donné l’importance de la région Kayes, nous recommandons de chercher à savoir la façon dont cette région pourrait être considérée comme une zone économique possédant des liens spécifiques et ayant passé des accords par rapport à l’épargne des migrants afin de développer à la fois des activités collectives et privées. 3.2.5. SENEGAL 3.2.5.1. Le rôle des recettes de la diaspora dans l’économie S’élevant à approximativement 463.00038, le stock de migrants sénégalais a représenté 4 pour cent de la population totale en 2005, la Gambie, la France, l’Italie, la Mauritanie et l’Espagne constituant les cinq principaux pays de migration. En 2006, les envois de fonds enregistrés officiellement provenant de la diaspora sénégalaise s’élevaient à 633 millions de dollars US, représentant 7,1 pour cent du PIB du pays. Comme cela est le cas pour plusieurs pays de cette région, le véritable volume d’envois de fonds est beaucoup plus élevé si l’on inclut les flux non enregistrés passant par les canaux formels et informels39. Ainsi, par exemple, il a été rapporté que les envois de fonds réalisés par la diaspora guinéenne transitent par le Sénégal afin d’être convertis en francs CFA et ils sont ensuite introduits sur le marché parallèle de la Guinée et de la Guinée-Bissau. Le plus gros des envois de fonds à destination du pays est essentiellement utilisé par les destinataires à des fins de subsistance en investissant très modérément dans l’immobilier. Seule une partie infime des transferts est ainsi allouée à des investissements productifs. Les Sénégalais se distinguent par rapport à leur esprit d’entreprise à la fois dans leur pays et lorsqu’ils vivent dans des pays étrangers. On estime que 90 pour cent d’entre eux appartiennent aux Confréries soufies et ainsi les investissements sont réalisés par l’intermédiaire des dahiras40 (par exemple, la diaspora Mourid pour la ville sainte de Touba). Les associations sénégalaises sont également actives dans les pays hôtes. En 2006, une association d’entreprises sénégalo- 37 Réseau régional de caisses de crédit et d’épargne autogérées 38 Certaines estimations portent ce chiffre à environ 2 millions. 39 Certaines estimations indiquent que le volume total des envois de fonds peut représenter environ 20 % du PIB du pays. 40 Les Dahiras sont des réseaux religieux 36 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 3 Obstacles et freins aux investissements issus de la diaspora allemande (Senegalesisch-Deutscher Wirtschaftverband) a été officiellement créée à l’ambassade sénégalaise à Berlin. Les membres de cette association regroupent des personnes actives dans les domaines des affaires, de l’université et des sciences en Allemagne et au Sénégal. En outre, il existe une fédération d’associations sénégalaises en Allemagne qui est justement une fédération de dahiras. Ces associations sénégalaises sont assez importantes pour soutenir les projets d’investissement du secteur de la communauté. Il existe un certain nombre d’investissements dans le secteur privé dirigés par la diaspora qui sont dignes d’intérêt réalisés par la diaspora sénégalaise dans le pays. C’est le cas de Yérim Sow, un migrant de retour originaire de Côte d’Ivoire, où il possédait Loteny Télécom41, une entreprise de télécommunication. Après l’acquisition de cette entreprise par MTN pour 150 millions de dollars US, il a décidé de retourner au Sénégal et d’y investir. Son entreprise, Teylium, possède des intérêts dans les secteurs du divertissement (possède un hôtel cinq étoiles situé en front de mer de Dakar), de la consommation (centre commercial et restaurants), de l’aéronautique (locations d’avions) et de la finance (banques). 3.2.5.2. Liens institutionnels avec la diaspora 3.2.5.2.1 Stratégie 3.2.5.2.2. Cadre légal et réglementaire En ligne avec la stratégie de sa diaspora comme cela a été souligné plus tôt, le pays a initié un certain nombre de mesures spécifiques. Ainsi, le Ministère du Tourisme et des Sénégalais de l’Extérieur a également formulé des recommandations au Conseil Présidentiel de l’Investissement, CPI) pour mieux diriger l’épargne des migrants vers des investissements productifs. Il met en œuvre ces recommandations en partenariat avec d’autres institutions et d’autres stratégies opérationnelles telles que celles liées aux initiatives de codéveloppement entre la France et le Sénégal. Cela inclut la promotion des services financiers qui pourraient être utilisés à la fois dans le pays d’origine et le pays hôte : immobilier, prestations de retraite, assurance maladie. En outre, des efforts continus sont faits pour promouvoir l’accès au financement à un niveau local, pour réduire les taux de transfert d’argent et encourager l’épargne. Ainsi, par exemple, la simplification de la procédure d’accord de licence en Italie a encouragé la concurrence entre OTA. Il est rapporté que la réduction de 50 % des coûts de transfert a entraîné une augmentation de 30 pour cent des expéditeurs utilisant ce canal formel (BaFD 2007). 3.2.5.2.3. Inititatives Given the importance and dispersal of its diaspora, the country Etant donné l’importance et la dispersion de sa diaspora, le pays a fait partie de la poignée de pays dans la région qui a cherché à faire participer sa diaspora au début des années 90. En 1995, un Conseil des résidents sénégalais à l’étranger a été créé. (Conseil des Sénégalais de l’Extérieur). Bien que l’on ait déclaré que cet organisme n’avait eu aucun impact, il est devenu un précurseur pour un certain nombre d’initiatives menées par le gouvernement. Ainsi, par exemple, depuis 2001, le sénat du pays a inclus trois sénateurs représentant la diaspora sénégalaise. En 2003, le Ministère du Tourisme et des Sénégalais à l’étranger a été créé et a reçu le mandat pour initier, mettre en œuvre et surveiller les politiques et les activités destinées à protéger les droits ainsi qu’à promouvoir les intérêts de la diaspora sénégalaise. Activités de mise en réseau: en collaboration avec la foire internationale de Dakar, FIDAK, le Centre International du commerce extérieur du Sénégal (CICES) organise régulièrement des foires exclusivement consacrées à la diaspora sénégalaise. Suite à une conférence de la diaspora qui s’est tenue à Dakar en mai 2008, la fondation des Sénégalais de l’extérieur a été créée avec pour objectif d’impliquer la diaspora en tant qu’agents de promotion des IDE à destination du pays et en tant qu’acteurs actifs du développement économique national. Le Sénégal satisfait à un grand nombre de critères standard que les investisseurs internationaux, y compris ceux venant de la diaspora, considèrent comme fondamentaux : proximité et accès facilité par le biais d’un port naturel, des infrastructures relativement bonnes et la stabilité politique. Cependant, le pays doit encore relever certains défis importants. Le Sénégal figure parmi les premiers pays qui ont révisé leur stratégie de réduction de la pauvreté originale pour prendre en compte le rôle potentiel que la diaspora pourrait jouer dans le processus. Cela a ouvert la voie du processus participatif et cela a permis de mieux articuler l’utilisation des envois de fonds par le biais des investissements en fixant des priorités de développement. Création d’un fonds d’investissement: le gouvernement encourage le financement d’opérations pilotes en lien avec les envois de fonds, des groupes spécialisés formulant des propositions ciblées. A cette fin, le ministère a créé un fonds pour soutenir les investissements venant de la diaspora sénégalaise (Fonds d’Appui à l’Investissement des Sénégalais de l’Extérieur, FAISE). Ce fonds est directement lié au cabinet du ministre. 3.2.5.3. Obstacles et freins aux investissements issus de la diaspora Accès faible à des institutions financières: en dépit de son profil plus urbain, le Sénégal a un taux de pénétration des banques faible dans les zones urbaines et rurales et un taux de bancarisation extrêmement faible (estimé à 5 pour cent). La part du réseau postal conventionnel est estimée à 8 pour cent de la totalité du marché des institutions financières. Il s’agit 41 Fonctionnant sous la marque TéléCel Côte d’Ivoire 42 Based on remittances transferred through formal channels and recorded by the Central Bank, which is widely accepted to be significantly underestimated, since official data does not include frequently utilized (mainly by illegal immigrants and by those evading taxation) informal transfer executed through mechanisms known as the “hawala” transfers based on physical delivery through trusted intermediaries. 43 Data provided by the External Payments and Reserves Management Division of the Central Bank of Kenya Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 37 3 Obstacles et freins aux investissements issus de la diaspora principalement de transferts réalisés par des retraités qui transitent en général par des canaux formels de banques et de bureaux de poste. Mais le taux de bancarisation augmente grâce aux envois de fonds et aux institutions telles que le Crédit Mutuel of Senegal. Les IFM cherchent à servir d’intermédiaires entre les OTA et les bénéficiaires. La législation au Sénégal les autorise uniquement à sous-traiter ces opérations à des banques commerciales qui, en retour, sous-traitent les opérations à partir des OTA. Cela aboutit à une chaîne d’opérateurs formels/informels qui contribue à densifier le réseau de distribution. Les IFM se trouvent au bout de cette chaîne et partagent leurs marges avec les opérateurs bancaires qu’ils sous-traitent. Cette chaîne d’intermédiaires contribue également à augmenter les coûts de fonctionnement. Accès inapproprié au capital. Il est terriblement difficile d’accéder aux fonds d’investissement. Il est extrêmement compliqué d’obtenir un crédit auprès d’un système financier local. Les banques de développement accordent généralement des prêts pour des projets qui exigent un financement de plus de 10 millions d’euros, un montant qui est hors de portée des PME. Les institutions de microcrédit ont en général des plafonds de prêt qui ne dépassent pas les 20.000 dollars US, une somme relativement faible même pour certains entrepreneurs à petite échelle. En outre, les prêteurs manquent de connaissances ou de compétences pour évaluer de manière fiable les projets, en particulier dans les secteurs high-tech. Les autres obstacles et freins incluent: • La taille relativement petite du secteur privé formel; • Le manque de mesures incitatives adéquates pour diriger les envois de fonds vers des investissements productifs; • Le manque d’évaluations de l’impact réglementaire concernant les nouvelles mesures et les lois se rapportant aux entreprises et à la finance; • La perception négative des investisseurs étrangers, en particulier par rapport à la bureaucratie excessive; • Le système judiciaire manque de compétences techniques suffisantes pour gérer des questions financières: difficultés à faire exécuter des contrats, les procès peuvent prendre des mois, problèmes dans la mise en œuvre de la loi OHADA concernant le recouvrement des dettes. Recommandations: • Il est essentiel que la diaspora sénégalaise mette en œuvre de manière efficace les stratégies et les politiques adoptées par ses organisations (successives) si elles souhaitent devenir des partenaires pour des projets de coopération et de développement; • Promouvoir l’augmentation de la concurrence parmi les opérateurs de transfert de fonds afin de réduire le coût des envois de fonds et de réduire le secteur informel; sensibiliser les opérateurs financiers (y compris les IFM) sur le potentiel du marché; adapter le cadre réglementaire et faciliter la technologie bancaire mobile qui associe les opérateurs de téléphonie au secteur bancaire; • • • • • ettre à disposition de la diaspora des instruments M financiers (y compris des capitaux à risque) qui permettraient la diversification de l’utilisation des fonds et des bénéficiaires afin de diriger les ressources accrues vers des investissements productifs, des projets de création d’entreprises venant du secteur privé et de la diaspora. L’objectif est de renforcer l’effet d’entraînement des investissements de la diaspora sur le reste de l’économie; Se concentrer sur des personnes/des projets/des entreprises capables de mener un véritable projet d’entrepreneuriat et possédant des compétences techniques et de gestion, des qualités humaines, un minimum de capitaux et un réseau professionnel; Créer des mécanismes d’identification et de soutien aux investisseurs de la diaspora, à l’aide de structures dédiées aux entreprises dans les pays hôtes et dans les pays d’origine; ex: renforcer les liens entre les fédérations d’entreprises nationales et la CCI ainsi que les partenaires européens pour soutenir la création d’entreprises; Faciliter et mettre en avant l’utilisation de fonds pour des projets de codéveloppement; encourager les migrants et les bénéficiaires à utiliser une partie des envois de fonds pour financer également des investissements dans la communauté et dans les infrastructures, le cofinancement étant fourni sous la forme d’un soutien public; Mieux intégrer la diaspora en finançant les processus et les autres stratégies, les processus et les structures (réduction de la pauvreté, bonne gouvernance); cette intégration au niveau institutionnel ne devrait pas amoindrir le besoin de recourir à un renforcement des capacités innovant et à l’analyse fonctionnelle impliquée par ces nouveaux liens; ex: mesures pour ne pas fausser la concurrence, rendre les droits de propriété plus sûrs, ouvrir les marchés publics à la diaspora. 3.2.6. KENYA 3.2.6.1. Le rôle des flux de la diaspora dans l’économie kényane Le Kenya se place au second rang de notre échantillon en termes de revenus de la diaspora par habitant du stock de migrants et représente 5,3 % du PIB (2006). Plus récemment42, des estimations préliminaires ont révélé qu’ils ont augmenté de 28,5 % durant les six premiers mois de 2008 par rapport à la même période l’année dernière, ce qui a par conséquent amoindri l’impact négatif sur le compte courant du ralentissement des exportations de marchandises durant le premier trimestre, contribuant ainsi à éviter une dépréciation majeure du Shilling Kenyan (Ksh) résultant d’une plus grande perte des réserves internationales. Lors du pic de la récente vague de violence généralisée et en raison des besoins urgents des ménages durant le premier trimestre, les envois de fonds formels ont augmenté de 27 pour cent, par rapport au total enregistré au cours de la même période en 200743. Il s’en est suivi une autre augmentation considérable de cette 42 E n se basant sur les envois de fonds transférés par le biais de canaux formels et enregistrés par la Banque centrale, il est largement accepté que ces derniers sont considérablement sous-évalués, puisque les données officielles ne comportent pas le transfert informel fréquemment utilisé (principalement par des immigrants en situation irrégulière et par ceux qui utilisent la fraude fiscale) exécuté par le biais de mécanismes connus sous le nom de transferts ‘hawala’ basé sur la livraison physique par le biais d’intermédiaires de confiance. 43 Données fournies par la Division des Paiements externes et de la gestion des Réserves de la banque centrale du Kenya. 38 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 3 Obstacles et freins aux investissements issus de la diaspora catégorie de revenus en avril en raison de l’offre publique pour prendre 25 % de part dans SAFARICOM, une entreprise de télécommunications mobiles, faite par le gouvernement. Il est important de faire remarquer que, d’un point de vue structurel, avec des parts importantes de l’agriculture (28 pour cent) et des services (54,8 pour cent) dans le PIB, une capacité industrielle limitée (17,2 pour cent du PIB) et un régime commercial plutôt ouvert, des taux élevés de croissance du PIB sont fréquemment associés à une demande robuste pour des importations de marchandises (principalement le carburant, les produits manufacturés, les machines et le matériel de transport). Par conséquent, ces tendances sont simultanément à l’origine d’importants déficits du compte courant et de la balance commerciale. La pertinence des envois de fonds transférés de manière formelle en tant que source de monnaie étrangère est mise en lumière par le fait que, selon des estimations préliminaires, ils ont représenté 20,5 pour cent des exportations des services, 14,4 pour cent des exportations de marchandises et 80 pour cent des IDE en 2007. Une fois encore, si une estimation des envois de fonds informels était ajoutée, ces ratios seraient considérablement plus élevés. • • F aciliter le développement d’un service consulaire qui traite les besoins des Kényans issus de la Diaspora. La recherche et les produits de développement et une ligne de conduite qui augmente et dirige les envois de fonds vers des utilisations plus tournées vers le développement. 3.2.6.2. Liens institutionnels avec la diaspora Dirigé par le Ministère de la Planification (MOP) et l’Alliance kényane du Secteur Privé (KEPSA), une organisation centrale formée en 2003 pour accroître le rôle du secteur privé dans la formulation de la politique publique, un certain nombre de réunions ont été organisées par différentes agences publiques, ce qui a conduit à la création d’un comité inter-agence, à savoir L’équipe technique dédiée à la diaspora. Elle a pour objectif d’intégrer la diaspora en mettant en avant le rôle clé qu’elle pourrait jouer dans le développement économique du pays. Elle a également le mandat pour fournir des suggestions concernant les lois, les règlements et les politiques pour créer un environnement favorable afin de faciliter l’implication de la diaspora concernant les sujets politiques, économiques et sociaux domestiques correspondants. Le travail de l’équipe est également destiné à incorporer la diaspora en tant qu’élément principal de la stratégie nationale – Processus de développement VISION 2030 – conçue pour moderniser l’économie et accélérer la croissance économique. Elaborée par un groupe d’éminentes personnes venant du système universitaire et de la société civile, ainsi que des secteurs public et privé en 2005, il s’agit d’une feuille de route prônant une vision sur le long terme visant à amener le pays à un statut de revenu moyen d’ici 2030. 3.2.6.2.1. Stratégie 3.2.6.2.2. Cadre légal et réglementaire Malgré le rôle majeur joué par les revenus issus de la diaspora pendant une période significative, l’intérêt effectif du secteur public pour la diaspora ne s’est pas matérialisé ouvertement avant 2004, lorsque les discussions sur ce sujet ont été entamées dans différentes agences publiques. Depuis lors, le gouvernement a commencé à travailler sur la création d’un cadre administratif, légal et réglementaire destiné à améliorer sa capacité pour attirer davantage de financements venant de la diaspora et les diriger vers des investissements dans le secteur privé. Initiatives conçues pour créer un cadre réglementaire: Le projet le plus récent de la nouvelle constitution, rejeté lors du référendum de 2007, incorporait certaines modifications destinées à augmenter les droits de la diaspora, en tant que source potentielle d’investissement. Une modification très importante est celle de la légalisation de la double citoyenneté, qui est assez importante pour éliminer le fardeau actuel de la double imposition et pour augmenter les droits de propriété. Le gouvernement envisage de soumettre à nouveau à un référendum un projet révisé de constitution mais la nouvelle date n’a pas encore été fixée. Un certain nombre d’investissements considérables dans le pays ont été réalisés par la diaspora kényane. Ainsi, AFRICAONLINE a été créée par des Kényans qui étaient à l’époque des étudiants du MIT. Aujourd’hui, cette entreprise est devenue un des principaux FSI sur le continent.. En mars 2007, le gouvernement kenyan a créé l’Office de la diaspora et des emplois internationaux (IJDO) domicilié au Ministère des Affaires Etrangères et lié au Cabinet Office dans le Bureau du président. Le département de la diaspora de ce bureau s’engage auprès de la diaspora en cherchant, entre autres, à : • • F aciliter l’augmentation des envois de fonds venant de la diaspora en travaillant avec les organes gouvernementaux correspondants pour formuler et mettre en œuvre des méthodes meilleur marché et plus rapides pour envoyer des fonds dans le pays d’origine. S’engager auprès de la Diaspora et les éclairer sur les opportunités d’investissement disponibles au Kenya. Suite à une conférence qui s’est déroulée en juin 2007, l’Equipe Technique dédiée à la diaspora a publié un document de projet de session, qui a été discuté dans des cercles privés et publics, ainsi que dans les médias. Elle a aussi inclus la première ébauche de projet législatif qui est toujours en cours de discussion et de révision44. Il est peu probable que certaines de ces suggestions formulées par l’Equipe Technique dans le Document de Session, y compris celles sur une nouvelle loi concernant la diaspora, seront opérationnelles avant que la nouvelle constitution soit approuvée. Cependant, une nouvelle date pour soumettre la nouvelle constitution lors d’un autre référendum n’a pas encore été fixée. Un autre sujet important qui retarde l’approbation de la nouvelle 44 L’équipe Technique dédiée à la diaspora, Maximising the Potential and Input of Kenyan Diaspora in the Political Process, Wealth Creation, Employment Generation and Poverty Reduction, Nairobi, juin 2007, pp. 31-47. Ci-après se rapportant à “Maximising the Potential…” Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 39 3 Obstacles et freins aux investissements issus de la diaspora constitution est le débat cherchant à déterminer si les droits de propriété relatifs à la terre devraient être exclusivement basés sur la communauté ou si les droits pourraient être conférés à des personnes, peu importe si elles sont des citoyens kényans ou non. La Banque Centrale du Kenya (CBK) a rédigé un projet de loi sur le Système National des Paiements qui a été envoyé au bureau du Procureur Général afin qu’il donne son avis sur l’aspect juridique avant d’être envoyé à la législature. Il fournit des critères sur des normes et des directives concernant différents types de transactions financières y compris des transferts transfrontaliers et des transactions téléphoniques. Etablir des critères pour une entité pour être reconnu en tant qu’intermédiaire pour des transactions financières est une autre caractéristique importante du projet de loi. Selon la CBK, une fois qu’elle deviendra une loi, le projet de loi est censé fournir une base nécessaire sur laquelle les lois et les règlements concernant les envois de fonds et les investissements de la diaspora pourraient être élaborés. 3.2.6.2.3. Initiatives et mécanismes Activités de mise en réseau: Conjointement avec l’Agence Kényane de l’Investissement (KIA), l’IJDO a organisé un certain nombre de conférences et d’ateliers au Royaume-Uni et aux Etats-Unis (2006-2007) et a commencé à accroître ses efforts pour créer des liens avec les réseaux de la diaspora dans différents pays. Ces initiatives ont encouragé les professionnels de l’immobilier à organiser des réunions orientées marketing avec les membres de la diaspora, principalement à Londres. 3.2.6.3. O bstacles et freins aux investissements de la diaspora et recommandations En dépit du fait que certaines initiatives générées par des agences publiques ont été mises en place et que la visibilité du rôle de la diaspora concernant les sujets économiques, politiques et sociaux a été améliorée, un certain nombre de lacunes posant des problèmes minent la contribution de la diaspora kényane par rapport à l’économie du pays. En faisant abstraction des obstacles généralement acceptés à l’attrait des IDE par le pays (manque d’infrastructures et niveau élevé de corruption), il existe des obstacles spécifiques aux investissements de la diaspora. l’agence de fournir des informations clés sur des problèmes qui intéressent la diaspora, y compris les sources émergentes des mécanismes de transfert, le coût des envois de fonds, les opportunités d’investissement et les projets de développement disponibles. Le personnel de IJDO n’est présent dans aucun consulat ou ambassade, il conserve de ce fait sa dépendance vis-à-vis du MAE, affaiblissant sérieusement ainsi sa capacité à créer des liens avec des réseaux d’émigrants et réduisant la probabilité d’impact. Lorsque nous les avons questionnés au sujet des envois de fonds durant notre visite, les membres interviewés du personnel de l’agence ont été incapables de fournir une quelconque information sur le sujet, indiquant peut-être les sérieuses limitations concernant les ressources disponibles et concernant le mandat du bureau. Recommandation: Elargir le mandat de l’IJDO à des sujets en lien avec les envois de fonds et fournir un renforcement des capacités sur, au moins, ses activités clés, y compris: la préparation d’une étude; le lancement d’un site Internet et la publication d’un manuel pour les émigrants; augmenter le personnel et garantir une présence dans les consulats. 2) Le cadre légal et réglementaire demeure faible. Problème: cela prend un temps considérable au Kenya pour instaurer un cadre légal, réglementaire et administratif cohérent afin de faciliter les investissements de la diaspora. Une des raisons de cette lente progression s’explique par le nombre considérable d’agences publiques impliquées pour discuter et rédiger les principes de la politique et pour initier des projets législatifs. L’Equipe Technique dédiée à la Diaspora coordonnée par le MOP et la KEPSA inclut le Ministère du Travail, le MAE et l’IJDO, le Ministère des Finances, KIA, la CBK et la participation sporadique des délégués issus de plusieurs réseaux de la diaspora. La coordination de la participation de toutes ces agences et la recherche d’un consensus concernant les propositions ont été des procédures laborieuses et lentes. C’est une des raisons pour lesquelles la politique et les suggestions législatives incorporées dans le document de session “Maximising.the Potential…” rédigé par l’Equipe Technique en milieu d’année 2007 n’a pas encore produit de résultats tangibles en terme de nouvelles politiques ou de législation45. 1) L’agence dédiée à la diaspora manque de personnel et n’est pas suffisamment financée: Ainsi, le gouvernement n’a pas encore adopté certaines meilleures pratiques légales et réglementaires couramment acceptées qui sont considérées comme étant des vecteurs d’investissements de la diaspora. Elles incluent: Problème: Le IJDO manque de personnel, son budget est très probablement insuffisant et requiert certainement un renforcement des capacités substantiel dans tous les aspects de son mandat pour devenir un instrument adéquat pour faire face à la diversité et à la complexité des problèmes liés à la diaspora et aux envois de fonds. Il n’a pas encore élaboré une étude pour détecter le stock de, les lieux et les opinions de la diaspora. En outre, il n’a pas encore créé un site Internet ou un manuel pour les émigrants, pour permettre à a) Double citoyenneté: En n’octroyant pas la double citoyenneté à sa diaspora, le Kenya conserve le fardeau de la double imposition sur sa diaspora et limite sa pleine participation à l’économie du pays. La loi kényane sur l’investissement place actuellement un certain nombre de restrictions sur les étrangers: ils pourraient prendre à bail mais ne pas posséder une terre ; un maximum de 40 % de titre de participation dans une entreprise ; des restrictions sur la propriété dans le secteur des télécommunications. 45 En particulier, le chapitre 9 (pp. 29 à 47) du document de session, qui présente un projet législatif concernant la diaspora, y compris des propositions spécifiques sur la double citoyenneté, les mesures incitatives concernant les impôts et les règlements sur les investissements venant de la diaspora. 40 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 3 Obstacles et freins aux investissements issus de la diaspora Ces restrictions réduisent non seulement l’attrait des investissements dans les entreprises domestiques mais affaiblit également les liens légaux et psychologiques entre le pays et sa diaspora, ainsi que la motivation de ses membres pour contribuer au développement économique du pays. Recommandation: Modifier la constitution et octroyer la double citoyenneté à la diaspora kényane. Signer des protocoles bilatéraux avec ces pays où la diaspora kényane est présente afin d’éviter la double imposition et de garantir l’élargissement des droits de propriété. b)Absence d’incitations fiscales pour les investisseurs de la diaspora Les taux d’imposition sont relativement élevés au Kenya, y compris la taxe sur les sociétés qui s’élève à 30 %, une taxe sur la valeur ajoutée de 16 % et une retenue de 10 % sur les intérêts gagnés sur les dépôts d’épargne. Recommandation: pour fournir la reconnaissance nécessaire de la diaspora en tant que source valable de financement, des abattements fiscaux temporaires, y compris des droits de douane sur le capital physique importé, représentent une condition nécessaire pour commencer à élaborer un mécanisme incitatif pour attirer les investissements venant de cette source importante. Recommandations: Rationaliser le nombre d’agences participant aux activités de l’Equipe Technique en la réduisant au MOP, à la KEPSA, à la CBK et à l’IJDO. En outre, procéder à une répartition du travail et une redistribution des tâches au sein de l’Equipe afin d’accroître l’efficacité. Le fait que la participation des réseaux de la diaspora est considérée comme sporadique, n’est pas de bon augure, en termes de propriété et de pertinence des recommandations sur la politique. 3) L’engagement auprès de la diaspora demeure faible Problème: Le gouvernement est généralement lent pour soutenir et permettre des initiatives de la diaspora. Ainsi, par exemple, le réseau de la diaspora, le Kenyan Club, a présenté une proposition début 2008 pour créer un titre à revenu fixe (également appelé “une obligation d’infrastructure ou de la diaspora”) pour financer les projets d’infrastructure, suggérant qu’une part substantielle de l’offre serait allouée aux investisseurs de la diaspora. Les agences multilatérales discutent également de cette possibilité avec les agents publics. Cependant, très probablement, l’offre sera rejetée en raison de l’absence d’une structure légale pour traiter les investissements de la diaspora. La même chose s’est produite avec une autre proposition émanant de la diaspora concernant l’enregistrement en bourse d’un Fonds d’Investissement des Kényans à l’étranger, qui a été introduit en avril 2007. L’Autorité des Marchés de Capitaux n’a pas encore fourni une réponse à cette proposition (on anticipe qu’elle sera négative). En outre, début 2008, une AL à Kansas City (Etats-Unis) a demandé des exemptions de droits de douane pour du matériel médical donné afin de créer une clinique dans une région rurale. Ils attendent encore la réponse des autorités. Une autre AL à Atlanta (Etats-Unis) avait proposé d’amener des investisseurs, y compris des entrepreneurs de la diaspora, pour explorer les opportunités d’investissement dans le pays. Recommandation: IJDO et les autres agences gouvernementales devraient être plus actives pour s’engager auprès des réseaux de la diaspora kényane et des AL et devraient réagir avec diligence par rapport à leurs initiatives. 4) Le coût de transfert de l’argent demeure élevé Problème: La concurrence sur le marché du transfert de l’argent dans le pays est assez limitée et par conséquent les coûts de transaction sont assez élevés. Ainsi, par exemple, Western Union stipule par contrat que tout intermédiaire financier (principalement les banques commerciales) jouant le rôle de la banque correspondante pour les transferts d’argent initiés par l’entreprise ne peut pas s’engager dans le même genre d’activité que les autres opérateurs, tels que Moneygram. Cette “clause d’exclusivité” est une des raisons pour lesquelles le coût de transfert des envois de fonds demeure élevé, en moyenne à 5 pour cent du solde transféré, qui incorpore également le coût supplémentaire d’une prime de taux de change comparé au taux du marché en vigueur. Cependant, cela vaut la peine de mentionner qu’au cours des quatre dernières années, le coût de transfert de l’argent a chuté d’environ 60 pour cent. 3.2.7. CAMEROUN 3.2.7.1. Le rôle des recettes de la diaspora dans l’économie Selon le Ministre des Relations Extérieures, près de 4 pour cent (environ 900.000) de Camerounais résident en dehors du pays en tant que migrants46, un chiffre qui est considérablement plus élevé que les 232.000 rapporté par la Banque Mondiale. Le plus grand stock d’émigrants camerounais se trouve aux Etats-Unis où il est estimé que 250.000 d’entre eux ont pris la citoyenneté américaine. D’autres pays qui font état d’une large concentration de la diaspora camerounaise incluent la France, l’Allemagne et dans une moindre mesure, la Belgique47. La Banque Mondiale estime que le flux d’envois de fonds à destination du pays en 2006 se situait à 103 milliards ou 0,6 pour cent du PIB. Comme cela est le cas pour d’autres pays, on pense que la véritable taille des envois de fonds est considérablement plus élevée étant donné qu’il existe une quantité importante de flux non enregistrés passant par des canaux formels et informels. La diaspora camerounaise possède une longue tradition concernant sa contribution aux projets d’investissement du secteur de la communauté par le biais des AL dans les communautés d’origine. L’équipe des études n’est pas parvenue à identifier tout investissement dans le secteur privé réalisé par un membre de la diaspora camerounaise dans le pays. Cependant, cela vaut 46 Tiré de la déclaration concernant “les mouvements migratoires venant du Cameroun et la contribution des Camerounais résidant à l’étranger à l’effort de développement national” faite par le Ministère des Relations Extérieures au cours d’une réunion du conseil des ministres présidée par le Premier Ministre le 31 juillet 2008. 47 La diaspora camerounaise en Belgique se compose de professionnels hautement qualifiés, dont environ 25 %sont actifs dans la profession médicale. Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 41 1990 2000 2006 Pays en voie de développement L’Amérique Latine et les Caraïbes L’Asie de l’Est et le Pacifique 3 Obstacles et freins aux investissements issus de la diasporaMoyen- Orient et l’Afrique du Nord L’Afrique Subsaharienne 45.0 Néanmoins, la peine de mentionner le cas de CASHMO, une entreprise de transfert d’argent basée à Londres fondée en 2005 par un entrepreneur de la diaspora camerounaise48. Le Cameroun figure parmi les pays à la traîne concernant son engagement auprès de sa diaspora. L’action concrète du pays dans ce domaine remonte à la fin 2006 lorsque le Ministère des Affaires Extérieures a organisé une conférence sur le thème de “La diaspora et le développement des relations européo-africaines”. US$ Billions 3.2.7.2. Lien institutionnel avec la diaspora par comparaison avec d’autres pays en voie de cette région attire le moins les volumes 35.0 d’envois de fonds, possède une capacité limitée à diriger ceuxci vers des investissements productifs, et reste à la traîne pour 30.0 ce qui est d’inciter sa diaspora à prendre des participations 25.0 dans le secteur privé et à réaliser des investissements en 20.0 portefeuille. 15.0 40.0 développement, 10.0 Les raisons des performances si faibles des pays de notre 5.0 échantillon sont mises en évidence dans les rapports individuels par pays. Nous présentons ci-dessous un résumé 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 des obstacles et des freins s’opposant aux investissements FDI de la diaspora dans la région. L’annexe 1 présente un tableau comparatif du cadre institutionnel et réglementaire et des ODA & Aid obstacles freinant les investissements de la diaspora dans Remittances sept pays de la région. Dans sa récente allocution au gouvernement, à laquelle il a été fait référence précédemment, le ministre des relations extérieures a résumé un certain nombre d’actions que le gouvernement envisage d’entreprendre pour mieux s’engager auprès de sa diaspora: • La création d’un organisme institutionnel doté d’un mandat pour s’engager auprès de la diaspora – “Haut Conseil Représentatif de la diaspora” et “Agence Nationale des Migrations”. • Mise en œuvre d’une campagne d’information consacrée à la diaspora • Examen de la double citoyenneté et du droit de vote • Création d’incitations à l’investissement – octroi d’exemptions d’impôts et d’autres incitations fiscales • Mesures pour faciliter l’accès au crédit pour la diaspora • Création d’un fonds de garantie • Mesures pour réduire les coûts de transfert des envois de fonds 80 3.3.1. O bstacles et freins à l’augmentation du 77 70 volume des envois de fonds reçus par le biais de canaux formels 60 61 50 Les coûts de transfert d’envois de fonds vers la région restent 45élevés: 40 41 41 41 34 réalisés 30 Les envois de fonds vers les pays de l’échantillon étudié par le présent rapport s’effectuent pour l’essentiel 20 par le biais de canaux formels et informels. 18 Contrairement 14 en Amérique latine et en Asie, les coûts 13 des à10ce qui se passe 10 transferts de fonds par des canaux formels vers la région ASS 5 0 restent élevés, pour laquelle les préfèrent Maroc raison Sénégal MaliémetteursComores lesAssistance réseaux Familiale informels qui, en plus d’être relativement meilleur marché, offrent aux personnes dépourvues de documents un Immobilier moyen “sûr” d’effectuer leurs transferts. 3.2.7.3. Obstacles et freins aux investissements de la diaspora Investissement Figure 4: Coûts des envois de fonds à destination de la région ASS 16 14 12 Transfer en % Le Cameroun en est aux prémices dans son engagement auprès de sa diaspora. Comme cela est le cas pour la plupart des pays dans la région à ce stade, les obstacles aux investissements de la diaspora sont notamment : le coût élevé du transfert des envois de fonds à destination du pays, l’absence d’un cadre légal et réglementaire s’occupant des recettes de la diaspora (un des quelques pays restants dans la région qui n’a pas encore octroyé la double citoyenneté à sa diaspora) et l’absence d’un secteur bancaire dynamique qui pourrait servir efficacement à diriger les recettes de la diaspora vers des investissements productifs. 10 8 6 4 2 3.3. Conclusion 0 Ghana Les flux de fonds provenant de la diaspora et envoyés dans les pays d’origine revêtent des formes diverses: les transferts privés (ou envois de fonds des travailleurs), les fonds investis dans des entreprises du secteur privé ou communautaire, et les investissements en portefeuille. Ces dernières années ont vu augmenter le volume de ces flux de fonds à destination de la région ASS. £ 100 £ 500 Kenya Nigeria Inde Source: DFID (2006) Remarque: Les frais pouvant varier en fonction des taux de change, ces pourcentages sont à considérer comme des valeurs indicatives. 48 Fondée par Moyo Kamgain - l’équipe des études n’a pas pu confirmer si cette entreprise est encore opérationnelle à ce jour. 42 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 3 Obstacles et freins aux investissements issus de la diaspora Ainsi, une enquête menée auprès des opérateurs de transfert d’argent au Royaume-Uni a révélé que les frais des transferts effectués par le biais de canaux officiels sont moins élevés entre le Royaume-Uni et l’Inde, où les volumes sont élevés, qu’entre le Royaume-Uni et l’Afrique49. Le coût élevé des transferts de fonds par le biais de canaux officiels est l’une des raisons qui expliquent que, selon les estimations, de 50 à 75 %50 des envois de fonds s’effectuent par l’intermédiaire de canaux informels et qu’une proportion considérable des fonds restent en dehors du système financier. Cette situation est due essentiellement à la concurrence moins forte sur le marché du transfert dans la région, avec un opérateur de transfert d’argent – Western Union – qui contrôle le marché dans la plupart des pays examinés. En outre, des restrictions réglementaires dans certains pays refusent l’entrée sur le marché du transfert à des institutions financières, comme les institutions de microfinance, ayant une vaste couverture géographique et étant situées à proximité de la population pauvre. C’est le cas du Nigeria, où seules les banques commerciales sont autorisées à effectuer des paiements à la suite d’envois de fonds. 3.3.2. Obstacles et freins à l’acheminement des envois de fonds vers des investissements productifs Les obstacles à l’origine de la faible capacité de la région à diriger les envois de fonds reçus vers des investissements productifs comprennent les facteurs suivants: Cadre juridique et réglementaire inapproprié: comme nous l’avons déjà évoqué, plusieurs pays ont mis en place des restrictions faisant obstacle à l’entrée sur le marché de certaines institutions clés susceptibles de jouer un rôle important dans l’intermédiation des envois de fonds. Ces restrictions concernent en général les besoins en financement minimaux et le type d’institution pouvant prester des activités de transfert d’argent. C’est le cas des intermédiaires financiers non bancaires tels que les institutions de microfinance, les coopératives et les organisations communautaires. 3.3.3. O bstacles et freins aux investissements de la diaspora dans le secteur privé Au cours des dernières années, certains pays de la région, en particulier le Ghana, le Kenya, Madagascar, Maurice et le Mozambique, ont accompli de grands progrès pour améliorer leur climat d’affaires52. Néanmoins, une série de difficultés se posent encore pour les membres de la diaspora désireux d’investir dans la région. Manque d’accès au financement: les investisseurs de la diaspora sont confrontés au problème crucial qu’est l’incapacité d’accéder au financement pour des investissements dans leurs pays d’origine: 1) Les institutions financières des pays hôtes ne sont guères disposées à accorder aux investisseurs de la diaspora des prêts en vue d’investissements dans des pays africains. 2) Les institutions financières internationales et les banques africaines locales refusent d’accorder des financements aux membres de la diaspora car ils ne résident pas en Afrique. Manque d’information sur les possibilités d’investissement: la plupart des investisseurs potentiels de la diaspora ne sont en général pas au courant des possibilités d’investissement dans la région. Faiblesse des liens institutionnels avec la diaspora: la plupart des pays de la région doivent encore adopter un cadre juridique et réglementaire qui permettrait à leur diaspora de conserver un lien émotionnel avec le pays d’origine et de devenir économiquement attirée par lui. Environnement défavorable: enfin, comme cela se passe avec d’autres investisseurs, le mauvais état des infrastructures régionales, la rigidité de la bureaucratie, la corruption, etc. découragent certains investisseurs de la diaspora. Système financier inefficace: en dépit des nombreux progrès accomplis dans certains pays au cours des dernières années51, les gouvernements et les institutions financières locales de la région n’offrent toujours pas de produits ou instruments financiers innovants qui pourraient servir à acheminer les envois de fonds vers des investissements du secteur privé. Ce manque d’accès aux services financiers formels pour les bénéficiaires des envois empêche l’augmentation de l’importance des circuits financiers. 49 En milieu d’année 2006, le coût moyen, y compris la prime de change, d’un envoi de 200 dollars de Londres à Lagos (Nigeria) correspondait à 14,4 % de ce montant, et le coût d’un envoi de Cotonou (Bénin) à Lagos dépassait 17 % (Ratha and Shaw, 2007). 50 La Banque africaine de développement donne une estimation de 50 % (Foran, 2005) tandis qu’un rapport publié récemment par la Banque mondiale parle d’une valeur de pas moins de 75 % (Page and Plaza, 2005). 51 Cela pourrait être le cas du Nigeria et du Ghana, pays où les banques font une cour pressante à la diaspora. 52 D’après l’édition 2008 du rapport Doing Business de la Banque mondiale. Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 43 4 Options et initiatives politiques visant à promouvoir les investissements portés par la diaspora © Copyright. Synthia SAINT JAMES 44 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 4 Options et initiatives politiques visant à promouvoir les investissements portés par la diaspora 4.1. Introduction Le développement d’un cadre politique favorable aux investissements portés par la diaspora requiert, d’une part, une approche flexible et non contraignante qui associe une série de parties prenantes et, d’autre part, des mesures juridiques et réglementaires visant à améliorer le climat d’investissement. Comme d’autres investisseurs dans la région, les investisseurs de la diaspora sont confrontés aux mêmes difficultés qui entravent l’investissement dans la région ASS: réglementations d’entreprise sévères, absence relative de l’État de droit dans certains pays, limitations de la propriété, bureaucratie, corruption, etc. Il apparaît donc évident que les économies se porteraient mieux si elles veillaient à ce que l’environnement local favorise les investissements de tous les investisseurs potentiels: les acteurs nationaux, la diaspora et les investisseurs étrangers. Toutefois, compte tenu de la nature spécifique des investissements de la diaspora, il importe de mettre en place des mesures administratives, juridiques et réglementaires spécifiques mais aussi de lancer des initiatives pour encourager et appuyer davantage de tels investissements dans les économies des pays d’origine. Ces mesures et initiatives doivent être adoptées tant au niveau des pays d’origine et d’accueil qu’à celui des institutions multilatérales, celles-ci jouant un rôle important dans le secteur de la migration et du développement. Les chapitres suivants présentent les grandes lignes d’un ensemble d’options et d’initiatives politiques à prendre en considération dans le but de surmonter les obstacles qui entravent les investissements portés par la diaspora. 4.2. Au niveau du pays d’origine Pour un pays d’origine, les possibilités d’attirer un flux financier considérable venant de sa diaspora dépendent de la capacité d’instaurer dans le pays des conditions qui permettraient à cette diaspora de conserver un lien émotionnel avec le pays d’origine et de devenir économiquement attirée par lui en tant que destination d’investissement. Les facteurs clés de cette capacité sont les liens stratégiques et institutionnels que ce pays maintient avec la diaspora, mais également le cadre juridique et réglementaire qu’il offre pour les investissements de la diaspora. De même, les initiatives proposées doivent contribuer à créer et à maintenir de telles conditions dans le pays. Étant donné la diversité des circonstances locales, il est important que ces instruments soient “adaptés” aux spécificités de chaque pays. 4.2.1. L iens stratégiques et institutionnels avec la diaspora Pour les autorités des pays de la région ASS, l’une des questions cruciales consiste à savoir comment attirer les investissements de la diaspora de manière à soutenir et renforcer les stratégies de développement économique et de bonne gouvernance. Une telle approche intégrée suppose pour le gouvernement un engagement au plus haut niveau pour intégrer les financements de la diaspora avec une gamme de stratégies mêlant les secteurs nationaux et économiques. Les stratégies en question concernent la réduction de la pauvreté, la privatisation, la décentralisation, la planification budgétaire à moyen terme, le “marketing” du pays et la promotion des exportations, l’augmentation de l’IDE et de l’entrée de technologies, le renforcement des secteurs (par ex. tourisme, agriculture, industrie, TIC, patrimoine culturel, éducation et recherche académique), les négociations sur les mesures concernant les investissements et liées au commerce (TRIM), les mesures relatives à la démocratisation, à la responsabilité, à la justice et à lutte contre la corruption. Une telle intégration stratégique nécessite l’application de réformes spécifiques dans le cadre juridique et réglementaire au travers d’une approche participative, et doit pouvoir compter sur des institutions efficaces qui mettent en œuvre les mesures adoptées et en assurent le suivi. Une institution dédiée à la diaspora La plupart des pays qui réussissent à attirer les investissements portés par la diaspora se caractérisent par l’existence d’une institution viable et efficace, dédiée aux relations avec la diaspora. C’est le cas de l’Inde (Ministère des affaires des Indiens non-résidents), de l’El Salvador (Dirección General de Atención a la Comunidad en el Exterior – Direction générale du service à la communauté expatriée), de la Chine (Office des affaires chinoises à l’étranger), etc. Une institution de ce type doit chercher à encourager les organisations de la société civile, les organisations de la diaspora, les intermédiaires financiers (y compris les opérateurs de transfert d’argent – OTA) et la communauté de donateurs à s’associer à ses activités. Elle doit disposer d’un personnel et d’un financement adéquats et avoir l’appui du gouvernement pour l’exercice de sa mission, qui doit comprendre, entre autres, les activités suivantes: • Disposer de la capacité technique pour rédiger les lois et règlements nécessaires pour l’amélioration des politiques d’investissement de la diaspora. Cette institution doit avoir pour objectif de réduire le fardeau réglementaire supporté par les investisseurs de la diaspora et d’offrir à ceux-ci la possibilité de commenter les projets de lois. 19 These included policy makers, relevant government departments and agencies as well as representatives of the private and public sector 20 Source: World Bank. However, some surveys report that more Cape Verdeans live abroad than in Cape Verde itself. Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 45 4 Options et initiatives politiques visant à promouvoir les investissements portés par la diaspora • • • • • ollecter, maintenir et diffuser régulièrement les C données relatives aux investissements de la diaspora, notamment concernant les enregistrements, les niveaux d’investissement, l’emploi, la liquidation et d’autres statistiques présentant de l’intérêt pour les décideurs politiques et le secteur privé. Gérer un site internet efficace servant de moyen de communication à la fois pour la diaspora et le gouvernement. Fournir un système de suivi efficace du marché des envois de fonds pour garantir une concurrence loyale en veillant, par exemple, à ce qu’il n’y ait pas d’obstacles injustifiés à l’entrée sur le marché et à ce que les OTA respectent le principe de transparence des prix et des services prestés et n’imposent pas de conditions d’exclusivité à leurs agents. Attirer l’attention et présenter des rapports sur les secteurs stratégiques présentant un avantage comparatif pour les investissements de la diaspora. S’assurer que les médias locaux fassent état des questions liées aux investissements de la diaspora, cela afin de permettre au grand public de mieux comprendre l’importance de ces investissements. C’est le cas au Maroc avec Channel 2, qui mène des programmes et des événements pour mieux faire comprendre les avantages d’un environnement amélioré pour les investisseurs de la diaspora ainsi que ses effets sur le développement économique national. En l’absence d’une telle institution, il importe de prendre les mesures suivantes: • Nommer un ou plusieurs hauts fonctionnaires ou agents de changement, qui auront un rôle de champion de la cause de l’accroissement de l’investissement de la diaspora, laquelle pourra de la sorte participer à la rédaction de lois, commenter les règlements, suggérer des amendements et apporter des contributions similaires au législateur concernant les investissements portés par la diaspora. • Assurer une participation utile du secteur privé au processus d’élaboration des lois. Les représentants, associations et réseaux d’investisseurs de la diaspora doivent être encouragés à apporter des contributions aux décideurs politiques, au processus d’élaboration des lois et au parlement. Les associations de la diaspora, les associations bancaires, les groupes d’affaires et les chambres de commerce doivent assurer un suivi actif des pratiques et des développements légaux qui ont un impact sur les investisseurs de la diaspora. 4.2.2. Cadre juridique et réglementaire 4.2.2.1. Double citoyenneté La nationalité est l’un des principaux moyens d’accès légaux au marché. La définition de “citoyenneté” est une question politique et normative par laquelle les gens sont “répertoriés” comme nationaux ou étrangers, résidents ou non-résidents. Elle constitue un lien thématique majeur entre les définitions et régimes légaux couvrant aussi bien l’investissement que les marchés du travail, les taxes, la migration et la diaspora. Cette définition a un impact fondamental sur la façon dont les identités des personnes ainsi que des entreprises doivent être établies, “données”, enregistrées et communiquées. La perte de nationalité produit un impact émotionnel fort sur le membre de la diaspora qui veut encore maintenir des liens avec son pays d’origine. Par ailleurs, le fait d’accorder la double citoyenneté aux ressortissants non-résidents a pour effet d’élargir la base économique du pays et de favoriser le commerce et l’investissement entre le pays d’origine et le pays hôte. Les pays de la région auraient donc intérêt à étudier sérieusement cette possibilité. Seul un nombre très limité de pays du continent africain ont accordé ce droit à leurs ressortissants non-résidents qui ont pris d’autres nationalités. Toutefois, on constate actuellement que les pays de la région se sont mis à envisager sérieusement d’accorder ce droit. Par exemple, dans une déclaration faite récemment au parlement53, le ministre camerounais des affaires extérieures a préconisé d’inverser la loi qui s’oppose à la double citoyenneté. 4.2.2.2. Législations relatives à l’investissement Traditionnellement, de nombreuses lois sur l’investissement en Afrique sont de type général, en ce sens qu’elles ne répondent pas aux besoins de catégories d’investisseurs ou d’industries spécifiques et qu’elles présupposent l’existence de conditions favorables à une répartition efficace des capitaux d’investissement. Ce type de lois sur l’investissement est utile dans les pays où le système de marché de base est développé et libre de distorsions. Leur but consiste uniquement à améliorer le climat d’investissement. D’un autre côté, les lois globales sur l’investissement ont pour but de transformer l’économie locale en visant toutes les questions relatives au développement, y compris les transferts de technologies, les besoins de modernisation industrielle, les exportations de produits fabriqués, l’accès au capital financier, etc. Ce deuxième type de lois sur l’investissement recèle des embûches. Il oblige les décideurs politiques à identifier les principaux besoins d’investissement et à déterminer quelles incitations doivent être offertes et pendant combien de temps. La conception d’une législation si complète demande beaucoup de temps et d’argent, et ses résultats sont incertains en raison des possibles imprécisions dans les hypothèses utilisées. Il est donc risqué d’élaborer une “loi sur l’investissement de la diaspora” qui soit unique et excessivement ambitieuse. Une option préférable consiste à élaborer un ensemble de lois liées entre elles, présentes au niveau de différents statuts mais unies par une vision et une finalité claires en faveur de la diaspora. Cette approche ne considère pas qu’une loi sur l’investissement en particulier soit l’aboutissement de ce 53 Session parlementaire du 31 juillet 2008. 46 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 4 Options et initiatives politiques visant à promouvoir les investissements portés par la diaspora changement. Il convient de s’occuper de chaque domaine politique et législatif important (investissement, finance, entreprises, commerce des services) afin qu’il puisse renforcer ses composantes critiques pour la diaspora. L’annexe 2 présente le cadre juridique sous-jacent à l’investissement de la diaspora ainsi que les grandes lignes d’une stratégie juridique en la matière. • Voici quelques-unes des mesures politiques recommandées dans le but d’améliorer l’investissement de la diaspora dans l’économie domestique: • • dopter une législation visant à accroître la concurrence A sur le marché des transferts d’envois de fonds: il faut assouplir les législations qui font obstacle à l’entrée sur le marché de certaines institutions clés susceptibles de jouer un rôle dans l’intermédiation des envois de fonds. C’est surtout le cas des lois qui obligent ces institutions à obtenir une licence bancaire complète pour pouvoir exercer des activités d’opérateurs de transfert d’argent. L’assouplissement de ces lois permettrait l’entrée sur le marché des institutions financières non bancaires telles que les institutions de microfinance, les coopératives et les organisations communautaires. L’accroissement de la concurrence sur ce marché entraînerait une diminution des frais facturés pour les transferts d’envois de fonds54. De plus, les réformes bancaires autorisant les banques domestiques à attirer des investissements de l’étranger pourraient changer la dynamique de ce marché car ces institutions financières offrent maintenant un “compte diaspora” qui peut servir à effectuer des transferts monétaires en provenance de l’étranger (voir plus bas). tablir la base juridique qui permettrait de créer des É véhicules d’investissement innovants dont la cible particulière serait l’investisseur de la diaspora. Certains pays de la région n’autorisent toujours pas le lancement par un étranger d’un produit financier sur le marché domestique. Ainsi, le gouvernement kényan a récemment refusé d’autoriser le lancement, par un entrepreneur de la diaspora établie au Royaume-Uni, d’une obligation d’infrastructure dont un accès privilégié aurait été accordé aux investisseurs de la diaspora. • viter de dresser des barrières artificielles contre É l’investissement de la diaspora – le cas typique est celui où la double citoyenneté n’est pas accordée à la diaspora, avec les effets évidents sur les droits de propriété. Comme nous l’avons déjà vu, plusieurs pays de la région ont encore dans leur législation sur l’investissement des dispositions qui interdisent à tout étranger de posséder du terrain et d’investir dans certains secteurs de l’économie. D’autres restrictions sont imposées à la proportion d’actions que les étrangers peuvent détenir dans une entreprise nationale. Il est donc important d’abandonner de telles dispositions applicables à la diaspora d’un pays où la double citoyenneté reste interdite. Prévoir des exceptions à l’application de certaines réglementations - chaque fois que le principe d’égalité de traitement défavorise clairement l’investisseur de la diaspora. Cela serait par exemple le cas de l’application de la loi sur la faillite si l’information et la notification des actionnaires concernant leurs droits et recours parviennent trop tard aux investisseurs de la diaspora pour leur permettre de faire valoir leurs droits sur un pied d’égalité avec les investisseurs domestiques. 4.2.3. M esures incitatives et mécanismes promouvant les investissements portés par la diaspora Ces dernières années, un certain nombre d’initiatives visant à favoriser les investissements de la diaspora dans les économies domestiques d’origine ont été proposées. Outre la “mise en ordre de la maison macroéconomique” visant à créer un environnement généralement favorable pour les investissements dans les pays concernés55, des objectifs de deux types sont poursuivis par ces initiatives liées à la diaspora: • Accroître le volume des flux d’envois de fonds transitant par les canaux formels (et vers le système bancaire domestique) et diriger les envois de fonds reçus vers les secteurs productifs de l’économie. • Faciliter l’entrepreneuriat de la diaspora. 54 S elon les estimations, les pays d’Afrique subsaharienne sont potentiellement capables de mobiliser entre 1 et 3 milliards de dollars US en réduisant les coûts des envois de fonds internationaux des migrants, entre 5 et 10 milliards de dollars US en émettant des bons de la diaspora, et 17 milliards de dollars US en titrisant les envois de fonds futurs et autres comptes à recevoir. 55 L es mesures ciblées sur le cadre juridique et réglementaire ont été présentées plus haut dans le texte. Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 47 4 Options et initiatives politiques visant à promouvoir les investissements portés par la diaspora 4.2.3.1. I nitiatives influençant le volume des flux d’envois de fonds par le biais des canaux formels Étant donné que les envois de fonds restent de nature privée, il a été démontré que les régimes obligatoires mis en place pour influencer le canal utilisé par le migrant ne produisent pas souvent les effets escomptés (Foran, 2006). Cela est d’autant plus vrai que les autorités de la région n’exercent pas un contrôle direct sur le processus de migration. Les mesures qui prennent la forme d’incitations donnent en général de meilleurs résultats. Il peut s’agir des mesures suivantes: • tablissement d’un cadre qui autorise l’introduction É d’instruments financiers innovants par les institutions financières domestiques: le gouvernement devrait autoriser et encourager la mise en place d’instruments financiers capables d’attirer les envois de fonds de la diaspora. Un certain nombre de banques de la région offrent déjà de tels services, qui prennent la forme de produits répondant à la totalité des besoins de la communauté de la diaspora: comptes courants, d’épargne et d’investissement56. Ces instruments sont par exemple: • Comptes en devises rapatriables: sil pourrait être autorisé que ces comptes aient des rendements par taux d’intérêt à prime et taux de change à prime.57 • mission de bons de la diaspora: un bon de la diaspora É est un titre de créance émis par un pays – ou même par une entité infranationale ou une entreprise privée – dans le but de lever un financement auprès de sa diaspora établie à l’étranger. Les bons de la diaspora sont en général des titres à long terme qui ne sont remboursés qu’à l’échéance. Ils sont souvent vendus au-dessus du pair aux membres de la diaspora, ce qui permet d’accorder une “remise” patriotique sur le coût de l’emprunt. Étant donné que ces bons sont à long terme par nature, les produits de leur vente peuvent servir à financer des investissements. L’émission de cet instrument a également pour effet d’améliorer la cote de crédit souverain du pays émetteur. Les problèmes que peuvent rencontrer les pays de la région ASS émettant de tels bons sont, entre autres: un système juridique faible et non transparent concernant l’exécution des contrats; une présence insuffisante, dans les pays de destination, de banques nationales et autres institutions susceptibles de faciliter la commercialisation de ces bons; un manque de clarté des législations des pays hôtes concernant l’autorisation ou l’obligation pour les membres de la diaspora d’investir dans ces bons (Ketkar et Ratha 2007, Ratha et al. 2008). On considère que les bons de la diaspora, de par leur nature anonyme, sont efficaces pour canaliser les envois de fonds non enregistrés vers le système bancaire officiel. • tablissement de programmes visant à améliorer les É connaissances financières des destinataires: la plupart des destinataires (et même des expéditeurs) d’envois de fonds n’ont pas conscience des services financiers (épargne et crédit) disponibles qui peuvent servir de “tremplin” pour le démarrage d’une PME. Par conséquent, il est important de mettre en place des systèmes pour fournir ces informations aux intervenants des envois de fonds. On peut, par exemple, encourager les institutions financières recevant les envois de fonds à remettre à chaque destinataire une documentation sur les services financiers liés aux envois. Avec l’aide du gouvernement, il serait également possible d’organiser des sessions de formation spécifiques en collaboration avec ces institutions. Titrisation des envois de fonds: en outre, les pays peuvent améliorer leur accès aux marchés financiers internationaux en titrisant les rentrées attendues en envois de fonds effectués par leur diaspora. Selon la Banque mondiale, cette pratique peut contribuer à réduire les risques de change et de marché émergent que courent ces pays en établissant un compte de recouvrement extraterritorial pour les recettes en devises étrangères (Banque mondiale, 2005)58. On estime que les pays de la région ASS peuvent mobiliser 17 milliards de dollars US en titrisant les envois de fonds futurs et autres comptes à recevoir (Ratha et al., 2008). Quelques-unes des incitations offertes par le gouvernement cap-verdien pour favoriser les investissements de la diaspora: • Des taux d’intérêt préférentiels sur les dépôts porteurs d’intérêts (en devise locale et en devises étrangères) dans le système bancaire. Le différentiel de pourcentage par rapport aux dépôts des citoyens locaux se situait à pas moins de 4 % en 2003; il a cependant diminué progressivement pour atteindre actuellement 0,5 %. • Les émigrants ont droit à une exonération de la retenue à la source de 20 % normalement appliquée aux intérêts encaissés. • Tout membre de la diaspora qui possède un solde minimal sur un compte d’épargne auprès d’une banque et qui demande un prêt pour investir peut bénéficier d’une réduction de taux d’intérêt allant jusqu’à trois points de pourcentage. Cela s’obtient en particulier pour les investissements dans les secteurs tels que l’industrie, le tourisme, la vente au détail, l’immobilier et les transports. • Une entreprise créée par un émigrant est exonérée durant les cinq premières années de l’impôt sur les sociétés s’élevant à 35 %. 56 “Compte retour au foyer” (Databank, Ghana), “Compte dédié aux Nigérians de la diaspora” (Banque PHB, Nigeria), “Compte domicilié pour Nigérians issus de la diaspora” (Oceanic Bank, Nigeria), “Diamond Reach” (Diamond Bank, Nigeria), etc.. 57 Dans les pays qui maintiennent encore un strict contrôle des changes. 58 Le premier accord de titrisation portant sur des envois de fonds aurait été conclu en 1994 au Mexique. Selon les estimations, le Mexique, l’El Salvador et la Turquie ont mobilisé approximativement 2,3 milliards de dollars US par la monétisation des flux futurs au cours de la période 1994-2000, et le Brésil pas moins de 5,3 milliards de dollars US entre 2000 et 2004. 48 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 4 Options et initiatives politiques visant à promouvoir les investissements portés par la diaspora 4.2.3.2. I nitiatives facilitant les investissements portés par la diaspora • ournir des services de consultance d’affaires: les F autorités peuvent être encouragées à mettre en place des centres chargés de fournir des services de consultance sur les investissements dans l’économie domestique. Il s’agirait notamment de donner des informations sur les possibilités d’investissement, les régimes d’épargne, l’aide financière, les procédures applicables aux jeunes entreprises, etc. De tels services pourraient être fournis par l’institution dédiée à la diaspora (voir plus haut) ou par un département de l’agence de promotion de l’investissement du pays. • tiliser les IMF pour soutenir directement les U investissements de la diaspora: dans un certain nombre de pays, les institutions financières non bancaires telles que les IMF restent en dehors du marché des envois de fonds. Pourtant, étant donné leur pénétration, elles pourraient être habilitées à capter les envois de fonds sous forme de dépôts et à les canaliser vers les entreprises déjà en place. À l’instar des institutions bancaires, les IMF pourraient alors offrir le même ensemble d’instruments financiers pouvant servir à «accumuler» les envois de fonds afin de constituer des capitaux d’amorçage pour des entreprises commerciales, des investissements immobiliers, voire de mettre à la disposition des PME des fonds à emprunter. Outre l’ensemble de mesures décrites plus haut, qui sont susceptibles de stimuler les investissements de la diaspora, d’autres incitations de promotion de l’investissement sont à envisager. Il s’agit des mesures suivantes: • • • • • ettre en place des incitations fiscales, sectorielles, M tarifaires ou à l’exportation spécifiques au profit des nouveaux investissements de la diaspora. Taux d’imposition préférentiels: un exemple serait le régime du “Nigerian Pioneer Status”, qui accorde pendant cinq ans une exonération d’impôt des sociétés aux membres de la diaspora qui effectuent leur premier investissement. C’est également le cas pour les investisseurs de la diaspora du Cap-Vert (voir encadré). Offre de taux privilégiés concernant les droits à payer sur les biens d’équipement importés (machines et matériel). Création d’un système de dédouanement à guichet unique pour les investissements de la diaspora. Accès préférentiel aux importations de biens d’équipement et de matières premières. Le concept de codéveloppement lancé par la France considère la diaspora comme un partenaire de la coopération au développement. À l’origine, toutefois, le codéveloppement se bornait à encourager les migrants à retourner dans leur pays. Aujourd’hui, l’approche suivie consiste à inclure tous les aspects de la coopération au développement auxquels tous les membres de la diaspora, y compris les entrepreneurs, peuvent être associés. Les instruments de codéveloppement concernent le financement (par ex. les partenariats public-privé) mais aussi l’expertise. Ils visent notamment à aider les migrants à diriger leur épargne vers des investissements productifs dans leur pays d’origine, et à renforcer les capacités des institutions financières (y compris de microfinancement). Le Programme Développement Local Migration (PDLM – France) constitue une illustration des diverses composantes du concept de codéveloppement. Lancé au milieu des années 1990 comme projet pilote au Mali et au Sénégal, le PDLM finance des microprojets d’entreprises montés par des migrants désireux de retourner au pays. Ce programme assure un suivi du projet sur place et veille à sa bonne intégration dans les stratégies nationales des programmes régionaux et sectoriels de développement. Il contribue aussi à la coopération entre les entités décentralisées (régions, districts et municipalités) et facilite les accords de jumelage et de partenariat entre les régions présentant de l’intérêt pour la diaspora (par exemple, la région de Kayes au Mali). 59 Focus has been on supporting community sector investment initiatives and on entrepreneurial activities of return migrants. 60 Forum was attended by delegates representing cabinet ministers, senior government officials, representatives of development partner institutions and civil society groups. Also in attendance was the former president of Tanzania (Benjamin Mkapa) and Prime Minister of Mozambique (Luisa Dias Diogo) Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 49 4 Options et initiatives politiques visant à promouvoir les investissements portés par la diaspora 4.3. Au niveau du pays d’accueil 4.3.1. Relations stratégiques avec la diaspora Les groupes et réseaux de la diaspora dans les pays d’accueil, en particulier ceux qui ont pris la forme d’associations locales (AL), jouent un rôle clé pour maximiser l’effet de développement de la migration sur les pays d’origine. Pour ce qui est de l’investissement dans les pays d’origine, ces groupes sont reconnus pour favoriser le commerce bilatéral entre leurs pays d’accueil et d’origine mais aussi pour lancer et mettre en œuvre avec efficacité des projets d’investissement dans le secteur communautaire des pays d’origine. L’efficacité de ces groupes repose sur les liens qu’ils maintiennent tant dans les pays d’origine que dans les pays d’accueil. Les gouvernements des pays d’accueil peuvent renforcer les institutions constituées officiellement mais l’efficacité des réseaux réside dans leurs relations et leur capital social informels, qu’il faut préserver et soutenir. Les initiatives de codéveloppement qui cherchent à intégrer les connaissances spécialisées des diasporas, virtuellement ou physiquement, dans les pays d’origine sont un bon exemple des façons innovantes de travailler avec la diaspora. D-MADE est une initiative de la Banque mondiale soutenue financièrement par la Coopération belge au développement, le ministère néerlandais des affaires étrangères, le ministère fédéral allemand pour la coopération économique et le développement et l’Agence française de développement. Cette initiative attribue des prix en espèces et une assistance technique aux entrepreneurs innovants de la diaspora africaine pour des projets mis en œuvre en Afrique subsaharienne, au moyen d’un processus compétitif. Au terme de la première édition de ce processus, conclu en juin 2008, un montant total de près d’un million de dollars US a été accordé à 16 projets d’investissement en Afrique, sélectionnés parmi 500 candidatures. Les projets récompensés seront mis en œuvre dans ces 11 pays africains: 4 projets au Mali, 2 en Côte d’Ivoire, 2 au Bénin et 1 au Burkina-Faso, au Cameroun, en République démocratique du Congo, en Éthiopie, à Madagascar, au Malawi, en Sierra Leone et au Togo. 4.3.2. Recommandations en matière de politiques Étant donné l’importance du marché des envois de fonds, les autorités des pays d’accueil doivent être en mesure de travailler avec leurs homologues des pays d’origine, sur les questions techniques, réglementaires et de surveillance afin d’assurer la transparence sur ce marché. De plus, les mesures contribuant à accroître l’accès des migrants au système financier permettent à ceux-ci d’utiliser les canaux officiels pour leurs transferts d’envois de fonds. 4.3.3. Mesures incitatives et mécanismes Les initiatives pouvant être mises en place pour favoriser l’investissement de la diaspora dans l’économie de son pays d’origine peuvent comprendre: • réer des programmes d’assistance technique et C financière afin d’aider les entrepreneurs de la diaspora à lancer des projets d’investissement dans la région. • ssocier la diaspora aux missions économiques A menées dans son pays d’origine. Cette pratique, qui permet à la diaspora de prendre connaissance des possibilités d’investissement, est également bénéfique pour les entrepreneurs du pays d’accueil, qui peuvent recevoir des membres de la diaspora des renseignements utiles sur les “conditions locales”. • rendre des dispositions pour permettre des stages P en entreprise de courte durée: il s’agit d’encourager et de mettre en place des dispositions qui permettent aux membres de la diaspora d’effectuer des stages de courte durée dans la région. La période passée par un membre de la diaspora dans un pays donné permet de déterminer les possibilités d’investissement offertes pas ce pays. www.d-made.org 50 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 4 Options et initiatives politiques visant à promouvoir les investissements portés par la diaspora Depuis la fin des années 1990, la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) s’emploie activement à faciliter la titrisation des flux futurs. En 1996, elle a coarrangé la première opération de titrisation de flux futurs jamais réalisée par un pays d’Afrique subsaharienne, un crédit à moyen terme de 40 millions de dollars en faveur d’une banque de développement au Ghana garanti par ses comptes à recevoir sous forme d’envois de fonds de Western Union (Afreximbank 2005, Rutten et Oramah, 2006). Cette banque a lancé en 2001 son programme de préfinancement des flux futurs afin d’étendre l’exploitation des envois de fonds des migrants et des flux futurs — cartes de crédit et chèques, droits résultant d’accords bilatéraux de services aériens sur les frais de vol, etc. — en tant que nantissement pour augmenter le financement extérieur au profit de projets agricoles et autres en Afrique subsaharienne. Ces dernières années, en 2001, l’Afreximbank a arrangé une facilité d’émission de billets syndiqués, garantie par des envois de fonds, en faveur d’une entité nigériane utilisant les comptes à recevoir de Moneygram; en 2004, elle a co-arrangé une facilité de prêt à terme syndiqué garantie par des envois de fonds en faveur d’une banque éthiopienne utilisant ses comptes à recevoir de Western Union (Afreximbank, 2005). Source: Ratha et al., 2008. 4.4. A u niveau des institutions multilatérales Les institutions multilatérales, également appelées «acteurs du développement», ont un rôle clé à jouer pour favoriser les investissements de la diaspora dans les secteurs communautaire et privé de la région ASS. Des institutions comme l’OIM s’occupent de ces questions depuis un certain temps déjà59. Ces dernières années, d’autres grandes institutions multilatérales ont considérablement augmenté leurs activités dans ce domaine. Ainsi, en 2007, la Banque mondiale a créé la Foire du développement pour la diaspora africaine en Europe (D-MADE), une initiative destinée aux membres de la diaspora vivant en Europe (voir encadré); de même, l’Union européenne lancera en 2009 une facilité intra-ACP pour les migrations de plusieurs millions, consacrée à certains aspects des investissements portés par la diaspora. Dans le même esprit, le Forum panafricain sur le renforcement des capacités60, qui s’est tenu à Maputo (Mozambique) en 2007, a préconisé l’adoption de “stratégies pour faciliter les contributions des diasporas africaines au développement de leurs pays”. 4.4.1. Liens stratégiques avec la diaspora Il importe de valoriser et de renforcer le rôle que les migrants jouent en favorisant l’investissement dans leur pays d’origine ainsi que la contribution qu’ils apportent à la prospérité de leur pays d’accueil. Les investissements de la diaspora africaine devraient faire partie intégrante des stratégies mondiales, régionales et nationales de réduction de la pauvreté. Les mesures visant à encourager le transfert et l’investissement des envois de fonds devraient être combinées à des politiques stratégiques qui recherchent la bonne gouvernance et la croissance économique. 59 Les efforts sont centrés sur l’appui aux initiatives d’investissement dans le secteur communautaire ainsi que sur les activités entrepreneuriales des migrants de retour au pays. 60 Ont participé à ce forum des délégués représentant des ministres, de hauts fonctionnaires gouvernementaux, des représentants des institutions partenaires du développement et de groupes de la société civile. L’ancien président de la Tanzanie, Benjamin Mkapa, et le Premier ministre du Mozambique, Luisa Dias Diogo, comptaient aussi parmi les participants63 Including the African Business Climate Facility (BizClim) that is funding the present study. Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 51 4 Options et initiatives politiques visant à promouvoir les investissements portés par la diaspora Les institutions multilatérales et leurs États membres devraient travailler avec les autorités gouvernementales de la région ASS pour s’occuper des investissements de la diaspora au moyen de stratégies, politiques et législations plus cohérentes, notamment dans les domaines suivants: nationalité, droit commercial et financier, droit fiscal, relations internationales de familles et de propriété, coopération internationale en matière juridique et de règlement des litiges. On peut également améliorer la gouvernance des migrations et des investissements internationaux entre pays au niveau régional par la mise en place d’une coopération plus efficace entre les gouvernements et entre les institutions et organisations internationales de la région. Ces efforts doivent reposer sur les liens étroits qui existent entre la migration, l’investissement et le développement à l’échelon international et d’autres domaines politiques clés, y compris le commerce, l’aide, la sûreté de l’État, la sécurité humaine et les droits de l’homme. Les initiatives des institutions multilatérales qui visent à appuyer les investissements de la diaspora dans le secteur privé devraient comprendre à la fois un soutien direct aux entrepreneurs de la diaspora et un soutien à la création d’un climat d’investissement favorable dans la région, mais également aider les pays concernés à canaliser les envois de fonds de leur diaspora vers des investissements productifs. • ancer et soutenir des régimes d’appui aux L investissements de la diaspora dans le secteur privé: l’exemple typique d’un tel régime est l’initiative D-MADE (voir encadré). • aciliter la participation des diasporas aux initiatives F existantes et aux programmes de financement qui appuient les activités des PME dans la région. Comme dans le cas des projets dans le secteur communautaire, les programmes existants, tels que le programme de la Banque mondiale intitulé Partenariat pour l’entreprise privée en Afrique (PEP-Africa)61, devraient être adaptés aux investissements portés par la diaspora. Un autre instrument qui devrait s’ouvrir aux investissements de la diaspora est le programme de garantie des petits investissements (SIP) qui a été mis au point par l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) de l’IFC, le bras de la Banque mondiale chargé des opérations avec le secteur privé. Ce programme, spécialement conçu pour les PME62, offre un paquet normalisé de couvertures de risques, notamment les risques d’inconvertibilité et de restriction des transferts de devises, d’expropriation et de troubles militaires et civils. • ssister les gouvernements de la région ASS dans leurs A efforts d’amélioration du climat d’investissement de leurs pays: l’équipe de l’étude a connaissance d’une série d’initiatives prises dans ce sens par des institutions multilatérales. L’Union européenne a ainsi lancé plusieurs initiatives63 qui proposent des financements visant à instaurer un climat d’investissement efficient et efficace. • pporter un appui international aux initiatives A visant à exploiter davantage les envois de fonds pour contribuer à l’économie des pays d’origine: les institutions multilatérales devraient apporter un soutien adéquat aux pays de la région qui cherchent à accroître les flux d’envois de fonds entrant dans l’économie, soit en émettant des bons de la diaspora, soit en titrisant les envois de fonds futurs. 4.4.2. Mesures incitatives et mécanismes promouvant les investissements portés par la diaspora Au niveau de l’investissement dans le secteur communautaire, les institutions multilatérales devraient servir à fournir une plate-forme d’appui aux projets entrepris par les groupes de la diaspora. À cet égard, les recommandations clés comprennent: • • ’associer aux initiatives des groupes de la diaspora S et les soutenir: il est vital que ces groupes s’engagent avec efficacité et à long terme dans les initiatives qu’ils génèrent eux-mêmes. Ces groupes sont les mieux placés pour déterminer quels sont les projets communautaires bons pour leur région; ils sont réticents à participer aux projets imposés par les acteurs du développement. Encourager les groupes de la diaspora à s’impliquer dans les projets de développement local à financement international: ces groupes disposent de connaissances et de réseaux leur permettant de contribuer efficacement à la réussite des projets de développement menés dans les communautés locales. Il conviendrait d’étudier la possibilité d’établir un régime d’incitation pour que les consortiums qui mettent en œuvre de tels projets de développement à financement international y associent les groupes de la diaspora compétents. 61 Créé en 2005, le programme PEP-Africa soutient le développement des petites et moyennes entreprises privées dans la région. Il établit des partenariats entre des donateurs, des gouvernements et le secteur privé afin de concevoir et mettre en œuvre des programmes d’assistance technique et des services de consultance susceptibles d’améliorer le climat d’investissement, de mobiliser les investissements dans le secteur privé et de renforcer la compétitivité des petites et moyennes entreprises. 62 Selon un représentant de la MIGA, ce programme peut concerner des investissements aussi faibles que 200 000 dollars US. 63 Par exemple, la Facilité africaine Climat des affaires (BizClim), qui finance la présente étude. 63 Par exemple, la Facilité africaine Climat des affaires (BizClim), qui finance la présente étude. 52 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 4 Options et initiatives politiques visant à promouvoir les investissements portés par la diaspora 4.5. Au niveau des communautés en diaspora Comme nous l’avons vu précédemment, non seulement la communauté de la diaspora investit dans les secteurs communautaire et privé, mais aussi elle dispose de compétences et de réseaux pouvant être exploités pour favoriser l’investissement direct étranger dans l’économie domestique des pays d’origine. Néanmoins, pour que la diaspora puisse jouer ce rôle de facilitation de l’IDE, il faut accroître la mise en réseau entre les membres de la communauté, cela afin de renforcer leur capacité à participer efficacement à la prise de décision à tous les niveaux des secteurs privé et public, dans les pays tant d’origine que d’accueil. Au niveau du pays d’origine, les membres de la diaspora doivent: • Traiter avec les autorités du pays d’origine afin de promouvoir la bonne gouvernance et d’améliorer l’environnement pour le développement du secteur privé. Au niveau du pays d’accueil, ils doivent: • Traiter activement avec les institutions de promotion de l’entreprise du pays d’accueil (agences de promotion de l’investissement, chambres de commerce et autres associations d’entreprises). Les membres ou organisations de la diaspora peuvent jouer un rôle utile en fournissant des informations sur les possibilités d’investissement dans l’économie de leur pays d’origine et en participant à des événements de promotion des entreprises (missions économiques, salons commerciaux, etc.) organisés à l’intention du pays d’origine. • avoriser les liens commerciaux avec les pays F d’origine. Les membres de la diaspora africaine qui sont employés par de grandes firmes de consultance et multinationales devraient faciliter l’accès aux postes de direction, soutenir les initiatives de l’Afrique en matière de commerce et d’IDE, et aider à augmenter la part détenue par l’Afrique dans les produits externalisés par les grandes multinationales. De plus, les professionnels, négociants et hommes d’affaires devraient mettre leurs connaissances à profit pour l’élaboration des stratégies de pénétration des marchés et utiliser leurs réseaux pour favoriser l’entrée de produits et services de l’économie de leurs pays d’origine vers les marchés des pays d’accueil. • ontribuer à favoriser une image positive de l’Afrique C dans le pays d’accueil. Contribuer activement à “vendre l’Afrique sous un jour positif” dans les médias est peutêtre tout aussi important qu’envoyer de l’argent dans son pays d’origine. Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 53 5 La Facilité pour l’investissement de la diaspora africaine © Copyright. Synthia SAINT JAMES 54 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 5 La Facilité pour l’investissement de la diaspora africaine 5.1. Finalité et objectifs La Facilité pour l’investissement de la diaspora africaine (IDAF) vise à fournir des instruments qui permettront et soutiendront les investissements portés par la diaspora dans les pays de la région ASS. Cette facilité assistera l’investisseur de la diaspora existant et potentiel grâce à des instruments adéquats aux trois niveaux du cycle d’activité de l’entreprise: genèse, démarrage et viabilité. À chaque stade de ce cycle, il est nécessaire de fournir une assistance sous la forme d’informations, de développement des capacités, et de financement. Cette facilité poursuit donc les objectifs suivants: • Fournir un ensemble de services intégrés concernant l’information et la documentation, le développement de propositions de projets bancables, la facilitation de l’accès au financement, la gestion et le marketing, cela afin d’améliorer la situation des entreprises créées par la diaspora sur le continent ou de favoriser la création de nouvelles entreprises (assistance technique et d’information – ATI). • Offrir une facilité de financement susceptible de bénéficier à l’entrepreneur de la diaspora (DiaFund). 5.2. Assistance technique et d’information (ATI) 5.2.1. Activités TCe service fournira aux entrepreneurs ou groupes d’investisseurs de la diaspora potentiels des informations et une assistance lors de la genèse d’un projet d’investissement ainsi que pendant les phases de démarrage et de mise en œuvre. Pour les phases de genèse et d’élaboration des projets, les services d’information suivants sont envisagés: • Rassembler, documenter et diffuser les informations sur les possibilités d’investissement, y compris les partenariats d’entreprises à conclure avec des investisseurs locaux et étrangers. • Fournir des informations sur les exigences juridiques, financières et autres à respecter pour investir dans les pays d’origine visés. • Fournir des informations sur les politiques et procédures gouvernementales ainsi que sur les facilités et incitations mises à la disposition des investisseurs de la diaspora. • Fournir aux émetteurs et aux bénéficiaires des envois de fonds des informations sur les produits et services financiers dans le but d’utiliser ces envois de fonds au profit d’activités générant du capital et de l’emploi. • Faciliter l’acquisition de connaissances financières par les émetteurs et les bénéficiaires. De plus, la facilité devrait être capable d’assister les entrepreneurs de la diaspora ou de coordonner cette assistance concernant les aspects de présentation et de marketing de leurs projets. Il s’agit des services suivants: • Fourniture de services de consultance et de formation pour l’élaboration de plans d’entreprise répondant aux exigences des institutions financières (institutions internationales de financement du développement, sociétés de capital risque, banques, etc.). • Établissement de liens avec ces institutions en vue d’assurer le financement des projets. • Structuration des partenariats de capital risque avec des entreprises locales et/ou étrangères. • Assistance pour l’obtention de l’approbation des autorités gouvernementales des pays visés. • Recherche d’investisseurs potentiels: conseils sur la façon de les aborder et de montrer une attitude active pour établir les rencontres et les contacts. Enfin, cette facilité devrait servir de plate-forme pour l’identification, le recrutement et le déploiement de dirigeants expérimentés en vue de fournir les compétences de gestion nécessaires aux investisseurs de la diaspora pendant les phases de démarrage et de mise en œuvre des projets. Là où cela sera possible, la facilité fera appel aux services de professionnels appartenant à la diaspora. 5.2.2. Mise en œuvre La facilité utilisera les ressources disponibles auprès d’institutions internationales et d’ONG pour assurer l’assistance technique et les aspects de mise en œuvre de ses activités. Les institutions et organisations internationales qui ont été identifiées à cet effet sont notamment: • Centre pour le développement de l’entreprise (CDE) • Centre technique de coopération agricole et rurale ACPUE (CTA) • Société de services de gestion pour l’Afrique (AMSCo) • Organisation internationale pour les migrations (OIM) • ONG du développement telles que GRET, ATOL et TECHDEV • Réseau de consultants: Coachinvest, consultants supérieurs “retraités” 5.3. Fonds d’investissement pour la diaspora (DiaFund™) Introduction En plus des facteurs dissuasifs habituels qui s’opposent à l’investissement sur le continent, l’investisseur de la diaspora africaine est en général confronté au problème crucial de l’incapacité à accéder au capital d’investissement dans son pays d’origine: • Les institutions financières des pays hôtes ne sont guères disposées à accorder aux investisseurs de la diaspora des prêts en vue d’investissements dans des pays africains. • Les institutions internationales de financement du développement et les banques africaines locales sont réticentes à accorder des financements à ces investisseurs car ils ne résident pas en Afrique. Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 55 5 La Facilité pour l’investissement de la diaspora africaine Nous proposons d’instituer un fonds spécialement conçu pour faciliter le financement d’initiatives d’investissement prises par les membres de la diaspora faisant preuve d’un esprit d’entreprise. • L es envois de fonds réalisés par cette communauté pourraient constituer une importante source d’investissement dans le fonds envisagé. Des organisations de la diaspora ont proposé la création d’un certain nombre de systèmes de mise en commun des envois de fonds ou la constitution de fonds à partir de ces transferts d’argent. Deux exemples en sont la proposition de dégrèvement fiscal des envois de fonds (Faal, 2006) faite par l’organisation AFFORD, établie au Royaume-Uni, et le programme d’investissement direct des expatriés (DENI) (Kwoba, 2006), conçu par la Fondation pour la démocratie (États-Unis). Ces organisations de la diaspora formeront aussi un moyen important pour atteindre les investisseurs potentiels présents dans la diaspora. • Gouvernements des pays d’accueil Le Fonds d’investissement pour la diaspora africaine (DiaFund™) est un fonds de fonds qui investira dans des fonds de capital d’amorçage et de capital risque de qualité à l’intérieur et à l’extérieur de la région ASS, pour autant que ces fonds s’engagent à investir dans des entreprises prometteuses liées à la diaspora. Mission La mission du DiaFund consisterait à accroître la quantité et la diversité des fonds d’immobilisations disponibles pour aider les entreprises de la diaspora en phase de démarrage et de croissance à grandir, prospérer et mûrir dans la région ASS. Pour ce faire, le DiaFund: • encouragera la disponibilité d’une large gamme de détenteurs de capital risque dans la région qui seraient désireux de financer des entreprises liées à la diaspora; • aidera les entreprises de la région liées à la diaspora à accéder aux sources de capital; • aidera à la constitution d’une source importante et permanente de capital disponible pour répondre aux besoins des entreprises de la diaspora dans la région. Investisseurs (sourçage) Quatre types d’investisseurs seront ciblés pour la constitution du fonds. Il s’agira d’investisseurs poursuivant ou non un but lucratif. • Institutions Les institutions internationales clés qui ont été identifiées sont notamment: - La Banque européenne d’investissement - La Banque africaine de développement - La Banque mondiale • Entreprises privées et fondations Il s’agit d’entreprises et de fondations ayant des intérêts sur le continent. Plus précisément, ce sont des firmes multinationales (Shell, Diageo, BP, etc.) ainsi que les affaires de plus en plus nombreuses dans lesquelles des entrepreneurs africains ont des intérêts (MTN, Celtel, etc.). 56 • Communauté de la diaspora • I l s’agit des membres de la communauté de la diaspora africaine qui ont des fonds à investir. Ce sont notamment des professionnels et des entrepreneurs actifs dans le secteur des entreprises hors de l’Afrique. Les institutions de financement du développement et les ministères correspondants des gouvernements européens sont d’autres sources potentielles de financement. Il s’agit des agences et/ou des ministères chargés de la coopération au développement ainsi que des institutions mises en place par ces gouvernements pour apporter un soutien aux investissements dans les pays en développement. Les institutions concernées sont notamment: - Direction générale de la coopération au développement – DGCD (Belgique) - Société belge d’investissement pour les pays en développement – BIO (Belgique) - PROPARCO (France) - Département du développement international – DFID (Royaume-Uni) - Agence suédoise du développement international - SIDA (Suède) - Swedfund International AB – Swedfund (Suède) - Direction du développement et de la coopération – DDC (Suisse) - Compagnie néerlandaise de financement du développement – FMO (Pays-Bas) - Fonds finlandais pour la coopération industrielle – FINNFUND (Finlande) - Fonds d’industrialisation pour les pays en développement – IFU (Danemark) - Fonds d’investissement norvégien pour les pays en développement – Norfund (Norvège) Taille du fonds Le fonds aura une taille prévue de 200 millions de dollars US, structurée pour être financièrement auto-entretenue. Les investisseurs peuvent prendre livraison d’un investissement en actions du fonds (avec un taux de rendement déterminé et une date de remboursement) ou souscrire à un titre de créance émis par le fonds (avec des paiements déterminés pour le principal, les intérêts ou l’équivalent des intérêts). Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 5 La Facilité pour l’investissement de la diaspora africaine Stratégie d’investissement Si les PME prospèrent dans la plupart des pays développés, c’est en raison du rôle critique joué par les marchés financiers, en particulier les marchés des financiers à risque. Les financiers à risque ne font pas que mettre de l’argent sur la table: ils aident les jeunes entreprises à devenir des institutions commerciales viables. Amener les marchés des financiers à risque à se focaliser sur ce segment du marché pourrait contribuer à assurer la durabilité des entreprises liées à la diaspora. Le DiaFund, sans opérer d’investissements directs dans des entreprises individuelles, investira plutôt dans: • des fonds de capital risque de haute qualité administrés par des gestionnaires d’investissement qui se sont engagés à gérer des investissements en actions d’entreprises liées à la diaspora et situées dans la région; • des fonds d’investissement de la diaspora établis au niveau national. Il s’agira de fonds tels que le Fonds d’investissement ouvert de la diaspora nigériane (NDIF), le Fonds d’investissement de la diaspora kényane (KDIF) qui a été proposé, ou d’autres fonds qui seront ultérieurement établis au niveau national. Il est prévu que tout investissement réalisé par le DiaFund dans un quelconque fonds de capital risque ne pourra pas dépasser 20 % du total du capital engagé dans le fonds de capital risque. Structure de gestion Le fonds sera administré par un gestionnaire de fonds professionnel mais gouverné par un service spécial de l’IDAF – le conseil d’administration du DiaFund de l’IDAF – qui sera chargé de: • • • • surveiller les activités du fonds et en dresser rapport; approuver son financement; approuver tous les investissements en portefeuille réalisés par le fonds; gérer le personnel de projet du fonds et son conseiller en placements externe. Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 57 6 Conclusion © Copyright. Synthia SAINT JAMES 58 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 6 Conclusion Depuis quelques années, un intérêt grandissant a été constaté de la part des gouvernements de la région de l’Afrique subsaharienne et visant à capter davantage d’entrées d’investissement émanant de leur diaspora, avec pour objectif d’optimiser l’impact sur le développement que peuvent avoir ces contributions sur les économies nationales. En ce qui concerne le flux des remises de fonds, l’objectif premier est d’en accroître le volume entrant par le canal officiel et de rediriger ces entrées de capitaux reçus dans les secteurs économiques générateurs de revenus et créateurs d’emplois. De plus, et ce malgré le faible niveau actuel des investissements privés de portefeuille réalisés par la diaspora, il existe un potentiel de croissance dans un futur proche, au fur et à mesure que la diaspora originaire de la région de l’Afrique subsaharienne consolidera sa position au sein des secteurs d’entreprise et des finances des pays d’accueil appartenant aux économies développées. Enfin, les diasporas pourraient endosser un rôle crucial dans la promotion des investissements bilatéraux et multilatéraux dans les économies de leur pays d’origine. Toutefois, afin que cela se produise, il faudra mettre en place des politiques appropriées et proposer des initiatives concrètes visant à remédier aux obstacles et à relever les défis, ce qui permettra de poursuivre l’expansion de ce flux entrant provenant de la diaspora. Ce rapport a proposé des recommandations et des initiatives de politiques au niveau des quatre parties prenantes principales concernées par ces entrées de fonds émises par la diaspora : le gouvernement du pays d’origine, le gouvernement du pays d’accueil, les institutions multilatérales et les communautés de la diaspora elles-mêmes. Le présent rapport a également exposé une brève vue d’ensemble de la Facilité pour l’investissement de la diaspora africaine qui proposera les instruments nécessaires afin de permettre et de soutenir les investissements portés par la diaspora africaine dans la région. Au point d’origine, au niveau multilatéral et au niveau des pays d’accueil, des liens stratégiques doivent être maintenus avec la diaspora et le cadre juridique et réglementaire doit être réexaminé en vue de mieux contribuer à l’accroissement des flux entrants dans la région et de promouvoir les investissements portés par la diaspora. Les mesures et les initiatives politiques proposées par ce rapport devront être adaptées en fonction des spécificités des pays d’origine et des pays d’accueil. Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 59 Annexe 1 Tableau comparatif du cadre institutionnel et réglementa obstacles existants à l’entrée des investissements portés p 60 Cadre réglementaire spécifique à la diaspora Pays Institution axée sur la diaspora Cap-Vert - Instituto das Comunidades (IDC) - Droits de double citoyenneté. - Projet de loi en discussion. Ghana - Non-Resident Ghanaians Secretariat (2003) - Ministry of Tourism and Diasporan Relations (2006) - Droits de double citoyenneté. - L es résidents et les non-résidents sont autorisés à détenir des comptes bancaires en devises auprès des banques. -A ucune restriction à l’acquisition d’instruments du marché des capitaux-double citoyenneté. -D roit de vote (non ratifié). Nigéria - Nigerians in the Diaspora Organisation (NIDO). - Nigerian National Volunteer Service (NNVS) - Droits de double citoyenneté. - F oreign Exchange Act (1995) et Banks and Other Financial Institutions Decree (1991, amendé en 1999) Mali - Ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine - Haut Conseil des Maliens de l’Exterieur (HCME) -D roits de double citoyenneté. -C ode de l’investissement de 1991 et 2005. -C ode de l’investissement spécifique au secteur du tourisme et de l’hôtellerie. Sénégal - Ministry of Senegalese Abroad and Tourism - Senegalese Diaspora Foundation (Fondation des Sénégalais de l’extérieur) - Pas de droits officiels de double citoyenneté. - L e ministère des Sénégalais de l’Extérieur et du Tourisme soumet ses recommandations au Conseil présidentiel de l’investissement. Kénya - International Jobs and Diaspora Office (IJDO) - Diaspora Technical Team -P roposition de loi transmise par la Diaspora Technical Team (en discussion). -P rojet de loi sur le système national de paiements proposé par la Banque centrale du Kenya (en discussion). Cameroun - None at present - “Haut Conseil Répresentatif de la diaspora” and “Agence Nationale des Migrations” (proposed) Aucune Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne aire et des par la diaspora Initiatives/Mécanismes Obstacles/Défis - Taux d’intérêts élevés préférentiels s’appliquant aux dépôts rémunérés. - E xonération de 20 pour cent sur la retenue sur les intérêts produits. -R éduction du taux d’intérêt à hauteur de trois points de pourcentage sur un prêt (basé sur un compte épargne). - E xonération fiscale temporaire de cinq ans sur l’impôt sur les sociétés - L’agence vouée à la diaspora manque de personnel et de financement. - Le coût du transfert des remises de fonds demeure très élevé. - Ce pays n’utilise pas le plein potentiel de ses institutions de microfinance. -N on-Resident-Ghanaian Fund for Poverty Reduction. - L a Competitive Grant Facility (CGF), qui soutient de nouveaux produits et services de remises de fonds (pas encore en application). - L ancement du E-Zwich, le commutateur national de monétique. -P roduits financiers spécifiques à la diaspora (par ex. le Databank homecoming account). - Les coûts de transfert des remises de fonds demeurent très élevés. - Le NRG n’est toujours pas efficace et il est trop discret ; le ministère du Tourisme et des Relations avec la Diaspora demeure inefficace sur les questions liées à la diaspora. - Restrictions faites aux banques et à d’autres institutions financières non bancaires quant à l’expansion sur d’autres régions du pays. -O ne-Stop Investment Center (OSIC) auprès du Nigerian Investment Promotion Center. - L e Nigerian Diaspora Investment Fund (lancement prévu prochainement). -N ational Resources Fund (NRF). - E xistence de plusieurs produits financiers destinés à la diaspora. - Les coûts de transfert des remises de fonds demeurent élevés. - L’accès au système financier par les destinataires de remises de fonds reste faible. - E xemptions fiscales pour des périodes de 5, 10 ou 15 ans en fonction de l’utilisation de l’investissement. - E xemption d’une durée de 30 ans sur les droits de douane et sur la fiscalité liée à leurs activités. - Les coûts de transfert des remises de fonds demeurent élevés. - L’accès au système financier par les destinataires de remises de fonds reste faible. - Restrictions faites aux banques et à d’autres institutions financières non bancaires quant à l’expansion sur d’autres régions du pays. - I nitiatives visant à promouvoir l’accès au financement au niveau local, à réduire les coûts élevés des transferts de remise de fonds et à encourager l’épargne. - É tablissement d’un fonds d’investissement pour la diaspora -Fonds d’Appui à l’Investissement des Sénégalais de l’Extérieur, FAISE. - L e “Centre International du commerce extérieur du Sénégal” (CICES) organise régulièrement des foires destinées exclusivement à la diaspora sénégalaise. - Absence de droits officiels de double citoyenneté. - Les coûts de transfert des remises de fonds demeurent élevés. - Mauvais accès au capital pour les investisseurs de la diaspora. - Le système judiciaire ne dispose pas de la capacité technique nécessaire pour traiter les questions financières -A ctivités de réseau avec la diaspora menées par la Kenyan Investment Agency (KIA) et IJDO au R.-U. et aux États-Unis. -K enya Diaspora Investment Fund (proposé). - Absence des droits de la double citoyenneté. - L’IJDO manque de personnel et ne dispose pas des fonds nécessaires: l’engagement envers la diaspora demeure faible. - Le cadre juridique et réglementaire demeure fragile. - Absence de mesures incitatives destinées aux investisseurs de la diaspora. - Les coûts de transfert des remises de fonds demeurent élevés. -O ne networking activity with the diaspora (conference in 2006) - Absence de droits de double citoyenneté. - Les coûts de transfert des remises de fonds demeurent élevés. - Absence d’un cadre juridique et réglementaire traitant des questions de la diaspora. Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 61 Annexe 2 Cadre juridique sous-jacent à l’investissement de la diaspora Cette section a pour but de (a) définir l’étendue et les caractéristiques du cadre juridique sous-jacent à l’investissement de la diaspora, (b) définir les grandes lignes d’une stratégie juridique spécifique qui tienne compte des recommandations facilitant la contribution de la diaspora aux économies nationales, y compris les mécanismes permettant une évaluation permanente et dynamique des risques et des barrages juridiques et réglementaires limitant l’investissement de la diaspora. 1. É tendue et caractéristiques du cadre juridique lié à l’investissement de la diaspora 1.1. Impact de la loi sur l’investissement, du droit financier et du droit des affaires sur l’investissement de la diaspora Cette section introduit un ensemble spécifique de critères permettant d’évaluer avec exactitude le cadre juridique, réglementaire, fiscal et financier régissant l’investissement de la diaspora. Bien qu’elle soit complète, elle ne prétend pas couvrir tous les critères traditionnels d’un cadre légal, qui irait du droit de la famille au droit pénal. Avec une libéralisation croissante du commerce international, le droit du commerce et le droit financier ont désormais un impact capital sur l’investissement de la diaspora. La revue des politiques d’investissement en Afrique réalisée par le rapport 2003 de la CNUCED a signalé que les normes de traitement et de protection envers les investisseurs étrangers ne sont plus les principales sources de litiges en Afrique. La question ne réside pas seulement dans une “loi spéciale sur l’investissement” attractive ou dans un fonds ou un instrument conçu pour l’investissement de la diaspora, mais plutôt dans le défi primordial que représente la mise à disposition d’un “cadre juridique régulier” attractif. Il faut également comprendre que “les politiques commerciales” englobent dorénavant bien davantage que le commerce de marchandises. Elles ont évolué de façon à prendre en compte la mobilité croissante des ressources économiques, y compris la circulation des capitaux. Alors que le mécanisme de ces lois interconnectées joue un rôle clé, il 62 est important d’évaluer sa performance dans la réalisation de ses tâches, que ce soit de façon positive ou négative et ce, dans les différents pays considérés, en partant des instruments financiers de transfert de fonds de la diaspora, en passant par le traitement des avoirs de la diaspora dans ces pays, et en allant jusqu’aux mesures applicables en cas d’insolvabilité. Notre approche est comparative, elle se base à la fois sur une recherche juridique spécialisée et sur des visites sur le terrain effectuées par l’équipe d’étude. Il a été prêté attention non seulement au “droit sur le papier”, mais également aux pratiques et au “droit dans l’action”. 1.2. La notion d’investissement Selon la loi-type relative aux investissements en Afrique (19 décembre 2003), le terme “investissement” signifie le capital utilisé par toute personne, physique ou morale, en vue d’en obtenir un intérêt et des droits de propriété personnelle, intellectuelle ou immobilière, matérielle ou immatérielle, sur des biens corporels ou non corporels, des droits et/ou des services, y compris ceux utilisés lors de l’établissement initial et/ou la création d’entreprise. Pour être plus précis, et afin de prendre en ligne de compte la plupart des accords bilatéraux et internationaux, on comprend par investissement: i) une entreprise; ii) des parts, des valeurs ou d’autres formes de participation au capital d’une entreprise, et les obligations, les lettres de gage et autres formes d’intérêt de la dette d’une entreprise; iii) les droits contractuels, tels que ceux naissant de contrats de gestion, de construction, ou clés en main, de contrats de répartition des recettes ou de production, de concession ou d’autres contrats similaires; iv) la propriété matérielle, y compris la propriété immobilière; et la propriété immatérielle, y compris les droits tels que les baux, les nantissements, les hypothèques, les rétentions et les gages sur la propriété matérielle; v) les droits conférés en vertu de la loi, tel que les licences et permis sous réserve que l’investissement ait une présence physique significative dans le pays d’accueil. Pour résumer cette longue liste d’un point de vue juridique, figure au cœur des investissements de la diaspora la notion d’avoir, qui se divise en trois catégories: • immobilisations: terrain, bien immobilier; • biens immatériels: valeurs (tel que les obligations, les parts, les titres de placements collectifs, et les instruments hybrides tels que les titres convertibles, les actions privilégiées, les dettes subordonnées et similaires), mais Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne Figure 5: Etendue du mécanisme juridique régissant l’investissement de la diaspora Droit sur l’investissement étranger Droit financier • également, si l’on considère la définition plus large des TdR, la propriété intellectuelle de l’investissement, les créances, les privilèges, le financement de titres et les dépôts bancaires, les emprunts bancaires et le financement de projets ; et certains biens matériels liés aux investissements (marchandises et matériel). La notion d’investissement n’inclut cependant pas les créances liquides découlant uniquement de contrats commerciaux pour la vente de marchandises et services vers ou en provenance du territoire d’une Partie au contrat en provenance ou vers le territoire d’un autre pays. 1.3. Intermédiaires Étant donné que l’avoir financier est invisible et généralement confidentiel, et comme il a déjà été souligné dans cette étude, il est difficile d’en identifier avec précision l’origine ou la nationalité à des fins juridiques. Son emplacement a néanmoins son importance pour déterminer l’état dont la juridiction le régit et peut le soumettre à des procédures judiciaires (par ex. en cas d’insolvabilité), notamment parce que l’investissement de la diaspora peut entraîner des conflits de droits. Les banques jouent en principe un rôle important en temps que dépositaires de l’épargne personnelle, et par leur contribution à diversifier et à réduire les risques de l’investissement. Les intermédiaires non bancaires de l’épargne comprennent: les organismes de placement collectif et les fonds spéculatifs, les fonds de pension, les compagnies d’assurances (qui perçoivent des primes). L’épargne de la diaspora peut s’appuyer sur n’importe lequel de ces intermédiaires pour investir par exemple dans le financement de projets, dans des prises de participation ou dans d’autres formes de titres de créances négociables (par ex. les obligations). Les certificats d’actions et d’obligations prennent la forme de comptes auprès de l’opérateur d’un système de compensation qui enregistre la qualité de l’investissement et sa propriété. Il est par conséquent important d’évaluer le cadre juridique pertinent de ces institutions financières et des transactions de l’investissement Avoirs de la diaspora Droit des Affaires qu’elles effectuent. Conjointement aux registres, et mieux encore que les centres d’investissement ou les chambres de commerce bilatéral, les banques et les intermédiaires non bancaires sont les entités qui connaissent le mieux la clientèle “investisseurs de la diaspora”. En particulier puisque investisseur signifie, selon, par exemple, la loi-type relative aux investissements en Afrique: toute personne, physique ou morale, réalisant un investissement dans le pays, quelle que soit sa résidence ou sa nationalité. 1.4. Quatre caractéristiques principales doivent être évaluées dans les cadres juridiques nationaux; elles doivent aussi être recommandées afin de faciliter la contribution de la diaspora aux économies nationales: • la stabilité, la simplicité et la prévisibilité juridiques: la loi ne doit être ni volatile, ni hésitante ; elle ne doit être ni inutilement complexe, ni inexécutée. L’intervention du gouvernement ne doit pas être arbitraire. • Liberté et non-discrimination: la loi ne doit pas poser d’obstacles. Elle doit être aussi libre que cohérente avec les politiques fondamentales, lorsqu’il y a un besoin de protection (par ex. en ce qui concerne l’environnement, la consommation, la corruption, le blanchiment d’argent ou la criminalité). Elle doit s’opposer catégoriquement au tribalisme et à la xénophobie. • Droit de la propriété et des contrats: ces droits fondamentaux comprennent une fiscalité raisonnable, et non l’expropriation en tant que moyen de politique de redistribution. • Réduction des risques et des coûts: la loi financière doit avoir pour objectif d’abaisser, et non d’augmenter, les risques et les coûts naissants des investissements; les sanctions en cas d’inobservation ne doivent pas être déraisonnablement élevées, en criminalisant des torts civils ou en invalidant des transactions pour des raisons mineures. 64 By and large, investment legislation in Africa was the result first of the decolonization process, then of economic nationalism, in particular under socialist regimes, and indigenization in the 1970s, it was followed by liberalization in the 1980s and beyond. 65 The methodology of Doing Business Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 63 Figure 6: Systèmes juridiques des pays d’Afrique subsaharienne Droit continental mixte = basé sur le droit romain hollandais ; ou le droit romain hollandais et la common law anglaise, par ex. ; l’Afrique du Sud, où l’influence du droit anglais est plus prononcée dans les procédures juridiques pénales ; ou droit continental (civil, sources « françaises, égyptiennes, belges, allemandes, suisses, espagnoles ou portugaises »), avec présence de common law (par ex. le Cameroun). Le droit coutumier et/ou religieux se retrouve dans toute l’Afrique subsaharienne, sous différentes formes, y compris dans des pratiques verbales et des tribunaux religieux ou traditionnels séparés Droit Romano-Germanique Droit Romano- Germanique Mixte Common law Droit Coutumier 1.5. Harmonisation accrue jusque dans les années 1980, de nombreux pays ACP se sont figés dans leurs traditions juridiques passées : la loi continentale, des systèmes mixtes ou la common law64. Le postulat qui veut que l’une ou l’autre de ces traditions de droit soit liée du point de vue de la causalité au développement économique est incorrect puisque ces trois systèmes de droit étaient liés au processus de colonisation et qu’ils correspondent encore à un grand pourcentage de personnes analphabètes n’ayant qu’un accès difficile au droit ou à l’investissement65. En ce qui concerne l’investissement de la diaspora, si le Mali ou le Sénégal réalisent de meilleures performances que le Zimbabwe, cela n’a que peu ou prou à voir avec le droit civil. Le fait que le Malawi soit un pays de common law n’en fait pas en soi un pays plus capable d’attirer l’investissement de sa diaspora. Sans tenir compte de la tradition juridique, des questions telles que la discrimination, le manque de sécurité juridique, la violation des droits de propriété et des contrats ont un impact négatif sur l’investissement. La notion d’état fragile, les critères de stabilité, la sécurité juridique et judiciaire, le schéma de la concentration de l’investissement de la diaspora sont bien plus exacts que la tradition juridique. En outre, le droit de l’investissement, le droit financier et le droit commercial ont en commun une zone de grande convergence: les conventions bilatérales et internationales (pour la protection de l’investissement, sur la fiscalité, pour la lutte anticorruption66), les normes internationales reconnues, les règles établies du droit coutumier international, le traitement national et le traitement de nation la plus favorisée, les règles de l’adéquation des fonds propres de l’accord de Bâle pour les banques, ainsi que pour les lois-type (par ex. la CNUDCI sur l’insolvabilité transfrontalière). La coopération et l’intégration régionales renforcent cette convergence. L’harmonisation juridique entre dans le cadre des objectifs du nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), approuvé en juin 2002. La CEDEAO en l’Afrique de l’Ouest, la CEMAC en Afrique centrale, le Marché commun de l’Afrique australe et orientale (COMESA), et d’autres zones régionales67 sont déjà des instruments efficaces d’approche du commerce et de l’investissement. 1.6. Questions d’application. L’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA), créée par le traité de Port-Louis, à Maurice, le 17 octobre 1993, a également représenté un progrès dans ce domaine. Comme on le constate dans d’autres pays africains de common law, la question ne réside pas nécessairement dans le cadre juridique en soi, mais dans son application. La plupart des principes énoncés par les lois uniformes (par ex. les biens affectés en garantie et les garanties, le droit des sociétés, l’arbitrage) représentent des normes internationales68 communes à tous les systèmes juridiques modernes. Bien que certains articles appellent à un peaufinage, à une simplification et à une actualisation, le problème n’est pas simplement de nature légaliste et/ou linguistique. Le Cameroun, un pays à traditions juridiques mixtes, est un terrain d’essai pour une harmonisation réussie. Le Ghana et le Libéria envisagent d’y adhérer et la RDC a annoncé son désir d’adhésion. Dans la plupart des questions liées au droit des affaires, et donc, par conséquent, une grande partie des aspects de l’investissement, les états membres de l’OHADA ont transféré des pouvoirs législatifs à un organisme supranational, le Conseil des Ministres, et la fonction de tribunal de dernier ressort à la CCJA. Comme cette dernière est établie à Abidjan, la question de l’accès à la justice a été soulevée, cependant, en vertu de l’article 19 des règles de procédure, la CCJA peut se réunir dans tout État membre, après approbation de celui-ci et ce, sans charges financières pour cet État. De nombreux pays OHADA n’ont cependant pas pris les mesures en termes de ressources humaines et financières nécessaires à la création, au bon déroulement et à la maintenance du registre du commerce et du crédit immobilier 64 D ans l’ensemble, la législation régissant l’investissement en Afrique était le résultat, dans un premier temps, du processus de décolonisation, puis du nationalisme économique, en particulier dans les système socialistes, et de l’indigénisation dans les années 1970, il a été suivi par la libéralisation dans les années 1980 et suivantes. 65 L a méthodologie de Doing Business a été sérieusement remise en question par l’Association Henri Capitant Société de Législation Comparée. 66 Voir la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption de 2003. 67 O utre les accords commerciaux passés entre l’UE et les États membres de l’organisation Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP), de nombreux arrangements commerciaux régionaux ou des zones de libre-échange (ZLE) dans des pays africains renferment des aspects liés à l’investissement étranger : (1) l’Union douanière et économique de l’Afrique centrale (UDEAC) dispose de la Convention commune sur les investissements (1965); (2) la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL) a un code de l’investissement; (3) le traité établissant la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC); (4) le traité établissement le Marché commun d’Afrique orientale et australe (COMESA); (5) le traité pour la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO); (6) le traité établissant la Communauté de l’Afrique orientale (CAO); (7) le traité établissant la Communauté économique africaine (CEA); (8) la Communauté de Développement de l’Afrique australe (CDAA) dispose d’une unité de coordination du secteur financier et de l’investissement; (9) l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA); (10) l’Union douanière d’Afrique australe (UDAA). 68 L ’objet du traité OHADA, tel que stipulé dans son article premier, est: “l’harmonisation du droit des affaires dans les États Parties par l’élaboration et l’adoption de règles communes simples, moderne et adaptées à la situation de leurs économies, par la mise en oeuvre de procédures judiciaires appropriées, et par l’encouragement au recours à l’arbitrage pour le règlement des différends contractuels.” 64 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne (Trade and Personal Property Credit Registry, TPPCR), introduit par l’OHADA et qui pourrait faciliter la captation et l’identification de l’investissement de la diaspora. Même au Cameroun, le TPPCR a rencontré certaines difficultés (mais Douala réalise maintenant de bonnes performances). Des installations inadéquates, des étranglements administratifs et bureaucratiques ont conduit, au mieux, à un registre des entrées des entreprises immatriculées. De nombreuses entreprises, des opérateurs commerciaux et des États (y compris le Trésor public) n’ont pas rempli leurs obligations (par ex. l’article 42 de l’acte uniforme sur le droit commercial général) et n’ont pas conscience de ses implications, de ses hésitations et de ses effets ricochets. Mais le fossé entre le droit sur le papier le droit dans l’action n’est pas spécifique aux pays OHADA, il existe également dans les pays africains appliquant le common law. De façon à attirer les investissements de la diaspora, il est par conséquent important de s’assurer que toutes les parties prenantes font exécuter les textes applicables dans leur contexte spécifique. 2. Évaluation et recommandations 2.1. La question de l’évaluation globale est: “Jusqu’à quel point le cadre juridique est-il cohérent avec une stratégie et ses instruments, favorables à l’investissement de la diaspora?” Une telle question sur le cadre, avec toutes les questions possibles qui peuvent en découler, implique la compréhension préalable de ce que sont véritablement ces cadres, ces stratégies, ces instruments juridiques. Comment est-il possible, concrètement, en termes juridiques, de lever les obstacles gênant les investissements portés par la diaspora et d’encourager de ces investissements? Une première étape consiste à identifier et évaluer le type de lois, préexistantes ou à développer, qui régissent les investissements. Historiquement, de nombreuses lois relatives à l’investissement en Afrique ont substantiellement été de nature générale, c’est-à-dire ne répondant pas aux besoins de classes d’investisseurs ou d’industries spécifiques et partant du principe que les conditions existent et qu’elles facilitent l’affectation efficace du capital d’investissement. Ces lois fournissent en général les protections juridiques de base et les droits de propriété garantis aux investisseurs. Ce genre de loi sur l’investissement est utile dans des pays ayant un système de marché basique relativement développé et exempt de distorsions importantes. L’objectif est d’éliminer les obstacles et d’améliorer le climat d’investissement. Une loi exhaustive de l’investissement est une loi désireuse de traiter toutes les questions pertinentes relatives au droit de l’investissement. À l’instar de la défunte décision 24 du Pacte andin, elle vise à transformer les économies locales et à se centrer sur les questions d’investissement et de développement, y compris celles du transfert de technologie, des exigences de la mise à niveau industriel, l’exportation de biens ouvrés, l’accès au capital financier, etc. Ce second type de loi sur l’investissement présente certains avantages et de nombreux inconvénients. Elle contraint les décideurs à identifier les besoins en investissements les plus importants et à déterminer les mesures incitatives qui doivent être prises et ce, pour combien de temps. Elle a aussi l’avantage de servir de législation à guichet unique puisque toutes les lois pertinentes sur l’investissement sont regroupées en un instrument législatif unique. Cependant, une législation de ce genre sur l’investissement, unique et exhaustive, présente de graves risques. Sa conception peut s’avérer coûteuse et longue, avec des résultats incertains du fait d’assomptions inexactes. Bien qu’il soit important de développer cette approche en tant que stratégie, politique et plan d’action, elle ne doit pas forcément mener à une “loi sur les investissements de la diaspora” unique est trop ambitieuse. L’option/critère qu’on lui préfère, pour un cadre juridique sur l’investissement de la diaspora, est le développement d’un ensemble de lois corrélatives et interconnectées présentes dans différents statuts69 mais qui renvoient les unes aux autres par le biais d’une vision claire et d’une fonction objective à l’égard de la diaspora. C’est la raison pour laquelle l’équipe d’étude a évalué un ensemble de lois conçues pour être, à la fois de façon interne et externe, cohérentes et consistantes avec leur interconnexion et leur application. Ce qui assurera le succès de leur conception et de leur ajustement permanent, ce sera la politique qui les soutiendra. L’équipe a commencé par identifier et évaluer la hauteur à laquelle le cadre juridique était guidé par une stratégie nationale saine vis-à-vis des investissements portés par la diaspora. Cette approche ne considère aucune loi particulière sur l’investissement comme étant l’aboutissement du processus. Chaque domaine significatif de politiques et de droit (investissements, finances, affaires, commerce des services) a été examiné en vue d’évaluer ces éléments cruciaux pour la diaspora et tout instrument potentiel d’investissement et d’avoir. 2.2. Capacités Institutionnelles Le développement d’un système de “lois sur l’investissement de la diaspora” corrélatives exige des capacités institutionnelles et une coordination voulue des intérêts et des politiques dans le pays d’accueil. Les lois pourront parfois se concentrer sur l’augmentation des niveaux sous-optimaux des investissements de la diaspora afin qu’ils soient conformes aux politiques cibles. Le processus exige une politique dynamique, active et déterminée. Il pourrait être soutenu par le “Fonds d’investissement pour la diaspora” et/ou des instruments bancaires. Il permettrait une résolution facile en cas de survenue d’un problème unique à un domaine ou un statut spécifique. Il existe des signes de ces capacités dans certains des pays sélectionnés (par ex. Le Ghana, le Nigeria, le Sénégal), mais leur efficacité demeure floue. Il incombe donc à l’équipe d’estimer si les intermédiaires financiers jouent un rôle efficace, favorable et durable, et si une autorité nationale, un point ou un centre de contact a été établi et comment elle ou il remplit ses fonctions, qui sont: • • • • • f ournir un contact pour l’aide à la promotion et à la facilitation des investissements de la diaspora; gérer des statistiques sur l’investissement entrant et sortant de la diaspora; mener des enquêtes sur le comportement d’un ou de plusieurs investisseur(s) de la diaspora; examiner les raisons et chercher des solutions aux préoccupations ou aux litiges nés des investissements de la diaspora; agir de manière accessible, transparente et responsable. Leurs avis juridiques devront cependant être confidentiels, dans certaines circonstances, et soumis aux mêmes 69 Including legislation on dual citizenship as described in this study. Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 65 normes que celles de la protection et du service avocatclient, tout comme pour un cabinet d’avocats privé. 2.3. Les pays d’accueil Les pays d’accueil devront également aider les pays d’origine à la promotion et à la facilitation des investissements de la diaspora. Cette aide doit être cohérente avec les objectifs et les priorités de développement du CAD et de la déclaration de Paris. L’équipe évaluera en particulier si cette aide comprend, entre autres: • le renforcement des capacités en conformité avec les agences et les programmes de promotion et de facilitation des investissements de la diaspora des pays d’accueil; • des programmes d’assurances et une assistance financière directe, destinée au soutien de l’investissement de la diaspora ou à des études de faisabilité réalisées préalablement à la réalisation de l’investissement; le transfert de technologies; et • des missions commerciales périodiques, du soutien aux efforts coopératifs et visant à promouvoir les investissements de la diaspora. 2.6. Anticorruption Il est important d’évaluer si le cadre juridique fait bien obstacle aux investisseurs de diaspora et à leurs investissements, que ce soit de façon antérieure ou postérieure à la réalisation d’un investissement, qui feraient l’offre, la promesse ou le don de toute somme d’argent ou autre avantage injustifié, que ce soit de façon directe ou par le biais d’intermédiaires, à un fonctionnaire public du pays d’accueil, afin que ce fonctionnaire ou une tierce partie agisse ou s’empêche d’agir dans le cadre de ses fonctions officielles et ce, afin d’obtenir toute faveur en relation à un investissement proposé ou à l’octroi de licences, de permis, de contrats ou de tout autre droit relatif à un investissement. 2.4. Garanties relatives à la protection de l’investissement de la diaspora. L’équipe évaluera si les pays d’accueil sélectionnés s’assurent que leurs procédures judiciaires, législatives et administratives n’opèrent pas de façon arbitraire ou d’une façon qui priverait les investisseurs et les investissements de la diaspora d’équité procédurale et administrative. L’équipe estimera également si la loi dispose que les intérêts et les droits de l’investisseur de diaspora doivent être protégés contre la nationalisation, l’expropriation, la réquisition, en tout ou en partie, ou contre toute autre action de l’État ou toute subdivision ayant un effet similaire, sans application normale de la loi. Selon les normes reconnues, l’investisseur doit disposer du droit, et en être doté, de compensation rapide et appropriée calculée sur une base équitable, telle que déterminée par une expertise indépendante ayant reçu l’accord des deux parties et selon les méthodes et pratiques comptables acceptées au niveau international, et payable dans la devise investie à l’origine ou dans une devise convenue par les parties. L’investisseur de la diaspora devra disposer de l’accès libre et entier à toutes les procédures de règlement des litiges qu’elles soient administratives, judiciaires ou alternatives. Les procédures de prises de décisions administratives devront inclure le droit au recours administratif des décisions. La révision juridictionnelle des décisions administratives devra également être disponible par le biais des procédures de révision juridictionnelle locales. 2.5. Garanties de transfert. Soumis aux obligations fiscales nationales et aux dispositions réglementaires de contrôle des devises, chaque investisseur non-résident (et entreprise) de la diaspora devra disposer du droit de virer librement des fonds hors du pays, en toute devise convertible, quel qu’en soit le montant et ce, y compris pour le paiement de dividendes, d’intérêts, de capital, de fournisseurs ou autres, et les coûts qui s’y rapportent, et, en cas de cessation d’activité, les avoirs. Il reste à examiner si le système applicable aux investisseurs de la diaspora, même s’ils sont résidents, pourrait recevoir un avantage spécifique. 66 Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne Annexe 3 Principe 3 des Principes généraux des transferts de fonds internationaux Principe général 3 - Les services de transfert de fonds pour les travailleurs migrants devraient bénéficier, dans les juridictions concernées, d’un cadre juridique et réglementaire stable, prévisible, non discriminatoire et proportionné à son objet. 1. Le cadre juridique et réglementaire inclut à la fois la structure juridique générale (telles que les lois régissant les contrats, les paiements, les titres, les opérations bancaires, les relations débiteur/créditeur et l’insolvabilité), et tout autre statut spécifique, la jurisprudence, les règlements ou les contrats (par exemple, les règles qui s’appliquent aux systèmes de paiement) concernant les remises de fonds. Comme le fait observer la section 3.3, les points couverts par ce principe peuvent être également pertinents pour les politiques non juridiquement contraignantes (telles que les recommandations) émises par les autorités. 2. Ce principe n’appelle pas à l’établissement d’un dispositif juridique spécifique qui serait appliqué aux remises de fonds. Les lois et les dispositions réglementaires préexistantes dans un pays abordent déjà peut-être les exigences requises par ces principes ou peut-être ont-elles la capacité d’être amendées pour ce faire. En particulier, il est probable que la prestation de services de remises de fonds soit aidée d’un cadre juridique fondé régissant les paiements nationaux. Le cadre juridique et réglementaire doit être stable, prévisible, non discriminatoire et proportionné à son objet 3. Pour être fondé, le cadre juridique et réglementaire doit être stable, prévisible, non discriminatoire et proportionné à son objet. Un cadre stable, et bien compris, aide à minimiser les risques que peuvent rencontrer à la fois les prestataires de services de remises de fonds et leurs clients. Un cadre prévisible est un cadre dans lequel apparaissent avec clarté les lois et les dispositions réglementaires pertinentes, dans lequel ces mêmes lois et dispositions réglementaires ne sont pas modifiées avec une fréquence excessive et sont véritablement appliquées par les autorités, y compris par les tribunaux et ce, d’une manière constante. La prévisibilité est un élément clé dans la création d’un climat favorable à l’investissement du secteur privé. Ceci est crucial si l’on veut accroître la concurrence et améliorer la qualité des services de transferts de fonds. 4. N on discriminatoire fait référence à un cadre juridique et réglementaire également appliqué aux différents types de prestataires de services de transferts de fonds, dans la mesure où leurs services sont équivalents et ce, indépendamment de la nature des autres secteurs d’activités éventuels des prestataires. Ceci aide à promouvoir un pied d’égalité entre les différents prestataires de services de remise de fonds et encourage la concurrence sur une base loyale et équitable. Du fait que les services de remise de fonds sont fournis par de nombreux types différents de prestataires, un cadre fonctionnel, plutôt qu’institutionnel, peut être souhaité, afin de minimiser les différences de traitement entre des prestataires offrant des services similaires. Toutefois, ceci est souvent irréalisable: de nombreux pays disposent déjà de différents codes et dispositions réglementaires s’appliquant aux différents types de prestataires de services de remise de fonds et le changement s’avèrerait difficile. Par exemple, il est possible que les prestataires de services de remises de fonds bancaires et non bancaires soient régis par des cadres juridiques et réglementaires différents et bien établis. Le cas échéant, le principe sousjacent peut alors être respecté en s’assurant que des droits et des obligations équivalents existent et ce, quel que soit le code qui s’applique à une institution. À titre d’illustration, les exigences de connaissance du client aux fins de remise de fonds doivent être les mêmes, que ce soit pour des prestataires bancaires et non bancaires, et même dans le cas où ils sont régis par des dispositions réglementaires différentes. 5. P roportionné signifie que le cadre juridique et réglementaire des remises de fonds ne doit être ni excessivement restrictif, ni trop pesant, vis-à-vis des questions possibles auxquelles sa conception le prépare, ou vis-à-vis de la quantité et de l’importance des transferts concernés. Extraits des Principes généraux relatifs aux services de transferts de fonds, rapport consultatif, Bank for International Settlement, mars 2006. Investissements générés par la Diaspora à destination des économies domestiques: le cas de l’Afrique sub-saharienne 67 Bibliographie AfDB 2007, “Remittances by migrants – a development challenge”, African Development Bank Africarecruit. 2006, “Kenya diaspora investment forum report.” Kenya4Kenya, London, United Kingdom, Africarecruit. 2008, “Tanzania diaspora investors and skills forum”, Mobilising and engaging the Tanzania diaspora for economic & social benefits, London, United Kingdom Baptista 2006 - Baptista, J.A.G., J.J. Ramalho & J. 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