Fourrage Valeurs alimentaires du foin en fonction de la flore, du stade de coupe, et des conditions de séchage Le foin est la méthode la plus ancienne de conservation de l'herbe. Les progrès techniques effectués depuis les années 1950 permettent aujourd'hui de produire un fourrage de qualité et de l'utiliser dans des conditions optimales. Cependant, il faut savoir que les qualités nutritionnelles d'un foin sont directement liées à sa valeur nutritive d'une part et aux conditions dans lesquelles se passent la fauche et la fenaison d'autre part. • p. 8 Mai 2005 Bulletm de l'Alhance Pastorale N" 745 K[A VALEUR NUTRIITIVE DES FOINS Elle découle à la fois de la flore prairiale et du stade de coupe. En effet, ces deux éléments vont influer sur la composition chimique de l'aliment et donc sur le comportement de cet aliment lors de sa digestion par animal. LA FLORE PRAIRIALE Les principales espèces utilisées pour le semis de prairie sont, pour les graminées, le Dactyle aggloméré, la Fétuque élevée, le Ray-grass d'Italie et Anglais, et pour les légumineuses, la Luzerne, le Trèfle violet et blanc. Les mélanges de plusieurs espèces sont également pratiqués, ainsi que des associations graminées-Iégumineuses. Lors du choix des espèces au moment de l'implantation de la prairie, il faut opter pour la plante ou l'association de plantes la mieux adaptée aux besoins de l'éleveur et du troupeau, en tenant compte de différents critères tels la résistance au piétinement et à la sécheresse, la productivité et la qualité fourragère. Les graminées sont souvent riches en protéines et ont une forte valeur énergétique (tableau 1). Espèce Ray Grass Anglais Ray Grass Italien Dactyle Fétuque élevée 0,94 0,87 0,87 0,76 UFL par kg de MS Tableau 1 : valeur UFL de certaines graminées en début d'épiaison (Source: CA Calvados) Les légumineuses sont, quant à elles, très riches en matières azotées, et cela sans apport minéral nécessaire, étant donné qu'elles utilisent l'atmosphère comme source d'azote. Le foin obtenu à partir de légumineuses aura donc une composition forte en éléments azotés comme le montre le tableau 2 : Implanté seul, le Ray Grass est la graminée la plus adaptée à l'alimentation animale. Luzerne Trèfle violet Sainfoin MAT (g/kg de MS) 193 180 159 PDIN (g/kg de MS) 121 113 100 PDIE (g/kg de MS) 90 82 94 Espèce Tableau 2 : Valeurs nutritives de certaines graminées au 1er cycle de bourgeonnement Les mélanges de graminées et de légumineuses sont donc particulièrement intéressants au niveau fourrager. Par exemple, le mélange Dactyle aggloméré - Luzerne donne un fourrage plus appétent, et de bonne qualité. Le mélange Ray Grass Italien Trèfle Violet améliore la digestibilité et la teneur en azote du foin. LE afin de bénéficier de la proportion optimale de feuilles dans le fourrage. Cette période idéale de coupe diffère selon les espèces prairiales : - pour les légumineuses, elle se situe au début de la floraison, - pour les graminées, au début de l'épiaison. (Source: INRA) Au delà de ces périodes, la valeur nutritive va fortement diminuer : par exemple, pour le ray-grass italien, la valeur énergétique va passer de 0,9 UFLlkg de MS en début de l'épiaison à 0,7 UFLlkg de MS au moment de la floraison (Source: INRA). STADE DE COUPE Lors d'une coupe tardive, le fourrage est riche en tiges mais pauvre en feuilles : la teneur en composants lignifiés, issus des tiges, est alors forte, au détriment de la teneur en constituants azotés, contenus principalement dans les feuilles. Ceci a pour conséquence une diminution significative de la valeur énergétique du fourrage obtenu. Il faut donc faucher au moment idéal, La fauche doit intervenir au moment idéal, afin de bénéficier de la proportion optimale de feuilles dans le fourrage. Mai 2005 B~lIetin da l'A1h3nco Pastorale N°745 p. 9 Fourrage -tES CONDITlONS DE FAUCHE ET illE FE.NAISON Elles influent également sur la bonne qualité du fourrage. La fauche doit avoir lieu en conditions sèches, idéalement en fin de matinée, et être rapidement suivie du fanage. En effet, après la coupe, la respiration de la plante persiste. Le fourrage va alors subir une diminution de sa teneur en glucides, ce qui est dommageable pour l'alimentation animale. Afin de limiter ces pertes, il est conseillé d'utiliser une conditionneuse qui va lacérer les tiges, et qui va permettre aussi d'accélérer le processus de dessiccation. Le fanage au sol et le conditionnement en balles diminuent également la teneur en azote globale du fourrage. En effet, ils sont facteurs de pertes mécaniques sous la forme de chutes de feuilles riches en composants azotés. En cas de pluie lors de la fenaison, les constituants solubles du foin (glucides, minéraux, composés azotés) sont partiellement lessivés, le foin perd alors en partie ses qualités nutritionnelles. Les conditions météorologiques jouent également sur les teneurs en vitamines des foins récoltés. Le séchage va diminuer de façon quasisystématique le potentiel vitaminique (A, B1, B2, C), mais plus il est rapide, plus ces vitamines sont conservées. Une alimentation à base de foin dont le fanage a été lent à cause de l'humidité de l'air peut donc nécessiter une complémentation vitaminique. Le conditionnement d'un foin toujours humide diminue fortement les qualités nutritionnelles et fait apparaître un risque fort de développement de moisissures. Aussi, une des solutions pour garantir une qualité acceptable du foin en cas de météo défavorable est le préfanage au champ, suivi d'un séchage artificiel en grange. Cette technique est déjà utilisée dans les zones de montagne, où le temps est parfois capricieux. D Eric LE GALL ENSAIA = p. 10 Mai 2005 BulletlD de l'AIliancc Palltomlt) N' 745