I.2. La circulation de l’eau dans la plante
L’eau de la transpiration qui circule dans la plante est appelée la sève brute1. Cette eau contient une faible concentration
en éléments minéraux provenant du sol. Son trajet s’effectue dans un ensemble complexe et dense d’éléments en forme
de petits tuyaux, qui s’étendent dans les feuilles, les branches, la tige et les racines2. Ce tissu est appelé le xylème.
Ces éléments creux sont de très petit diamètre, souvent de l’ordre de 50 à 100 microns, pour quelques millimètres
à plusieurs mètres de longueur selon les espèces. Chez certaines espèces, comme les conifères, leur diamètre est
encore plus faible, entre 10 et 20 microns ; ces éléments sont appelés les trachéïdes. D’autres espèces, la vigne, le
chêne rouvre, contiennent des vaisseaux de diamètre beaucoup plus important, allant jusqu’à plus de 300 microns (0,3
mm) qui sont donc visibles à l’œil nu sur une coupe transversale de bois (chapitre II.4).
Cette tuyauterie, qui rassemble un très grand nombre d’éléments, est très ef! cace. Les vaisseaux ou les trachéïdes
sont souvent accolés les uns aux autres, de minuscules ouvertures sur les parois latérales permettant à la sève brute
de passer d’un élément à un autre. Ceci permet à la sève brute de bifurquer lorsque un ou plusieurs de ces éléments
sont rendus inopérants par une cause quelconque (voir plus loin).
La sève brute circule dans tous ces éléments à une vitesse qui varie beaucoup selon les espèces. Chez les conifères
(épicéas, sapins, pins…), cette vitesse est de l’ordre de 0,5 à 1 m/h. Chez les arbres feuillus à pores diffus comme le
hêtre, le bouleau ou le peuplier, elle est de 1 à 5 m/h. C’est chez les espèces à gros vaisseaux, dits à zone poreuse,
(chênes, robinier, vigne) que les vitesses mesurées sont les plus élevées, atteignant 50 m/h. On constate ainsi que plus
les éléments du xylème sont de gros diamètre et plus la sève brute y circule rapidement.
I.3. L’absorption de l’eau du sol par les racines (voir aussi le chapitre II.6)
L’eau du sol pénètre dans la plante par ses racines fi nes, dont le diamètre varie de 0,5 à 2 mm selon les espèces. Les plus
grosses racines n’absorbent pas l’eau du sol, elles servent à la conduction de la sève brute vers la tige ou le tronc ainsi
qu’à l’ancrage de la plante dans le sol. Parallèlement à ce qui a été vu plus haut au sujet des surfaces foliaires, la surface
d’absorption constituée par les racines ! nes est, elle aussi, très importante. Malheureusement, compte-tenu de la dif! culté
à réaliser de telles mesures, peu d’études fournissent ces chiffres. Citons une belle étude réalisée sur une forêt d’épicéas en
Slovaquie (Kucbel et al., 2011) qui donne des valeurs de 3,2 à 3,6 m² de racines ! nes par m² de surface de sol, correspondant
à 30 à 60 m² de surface de racines ! nes pour un arbre.
II. LE CONTINUUM SOL-PLANTE-ATMOSPHÈRE
Du point de vue des transferts hydriques, le sol, la plante et l’atmosphère forment un continuum
c’est-à-dire un ensemble de compartiments qui communiquent entre eux : l’eau du sol transite par les racines à travers la
plante jusqu’aux feuilles et les autres organes transpirants (bourgeons, " eurs, fruits...) avant de rejoindre l’atmosphère.
Cet ensemble de trois éléments forme ce qui est appelé le continuum sol-plante-atmosphère, ou CSPA en abrégé. La
plante est ainsi un élément biologique reliant deux compartiments physiques, le sol et l’atmosphère.
II.1. Lois circulation dans le CSPA et analogie électrique
Contrairement aux organismes qui vivent dans une eau liquide, très facilement accessible, la plante terrestre se heurte
à une dif! culté majeure, celle d’extraire l’eau du sol. Cette eau adhère aux particules de sol, matière organique, sables,
argiles et limons, parfois très fortement lorsqu’il y a une sécheresse. Pour fonctionner et croître, la plante doit être
capable d’aspirer cette eau avec d’autant plus de force (ou d’énergie) que le sol est desséché, ceci sera développé ci-
dessous. Le mécanisme qui permet à la plante d’aspirer l’eau du sol est relativement simple et connu depuis plus d’un
siècle (Dixon, 1894, 1914). Pour décrire correctement le déterminisme de ce phénomène, il faut partir des feuilles et
non pas des racines : en effet, l’eau est aspirée par les feuilles et non pas poussée par les racines3. Le mouvement de
l’eau se transmet en cascade dans les pétioles, les rameaux, branches, tige jusqu’aux racines, par lesquelles pénètre
l’eau du sol.
1 Dans la plante, circule aussi la sève élaborée qui provient des feuilles et qui est distribuée dans tous les organes vivants dans un tissu
spécialisé, le phloème. La sève élaborée contient de nombreux éléments organiques, dont les sucres produits par la photosynthèse, qui constituent
à la fois une source d’énergie et les briques élémentaires pour fabriquer de la matière vivante (chapitre II.11).
2 Noter que certaines plantes (algues, mousses...) ne possèdent pas ces tissus de conduction de la sève. Les algues vivant dans l’eau liquide
n’en ont pas besoin ; les mousses sont constituées de tissus très hygrophiles qui se dessèchent et se réhumectent, au gré des conditions extérieu-
res.
3 Il existe cependant chez certaines plantes (le bouleau par exemple) un mécanisme limité à une certaine période appelé poussée racinaire,
provoqué par des échanges d’ions au sein des racines fi nes à la sortie de l’hiver. Ce phénomène est bien connu chez la vigne qui « pleure » au
printemps après la taille de ses sarments.