Septembre 2012
SOINS au quotidien
Par Isabelle Laading
Extraits
Les cinq saisons de l'énergie / éditions Désiris
En Chine, plus de 2000 ans avant notre ère, l'observation minutieuse de toutes les
manifestations de la vie sur Terre et dans le ciel permit à l'homme de poser les fondements de
la philosophie chinoise. Le fait que tout ce qui existe se meut perpétuellement, se transforme,
qu'aucun phénomène n'est stable, fut sa première constatation. Puis, en observant au fil des
jours la nature des relations qu'entretiennent les divers phénomènes, l'être humain s'est rendu
compte du caractère relatif de l'activité phénoménale. Ainsi, le jour et la nuit se présentent en
alternance, la lumière ne se définit qu'en regard de l'ombre, le froid du chaud, le silence du
bruit, etc. Il existe donc un rapport d'oppositions complémentaires entre tous les phénomènes
naturels, aucun d'eux ne pouvant être analysé séparément, mais bien toujours en référence à
une autre manifestation.
Parallèlement à ce constat, les Chinois remarquèrent que des rythmes et des cycles organisent
les mouvements, les changements : cycles circadiens, saisonniers, annuels, cycles de la vie
d'un homme. Ces évolutions périodiques se déterminent selon des phases spécifiques : phase
de naissance, croissance, maturité, déclin et mort, cette dernière ne marquant pas la fin d'un
cycle mais le début d'un nouveau ; en effet, pour tout phénomène, la mort n'est que l'étape
précédant la renaissance, à l'instar de la graine qui, tombant de l'arbre et s'enfouissant dans la
terre, va donner naissance à un nouvel arbre.
Ces premières observations ont donné lieu à une classification des phénomènes selon les
termes Yin et Yang, représentation bipolaire de toutes les manifestations de l'énergie, du
principe de vie.
La SANTE :
Suivre le fil des principes de santé plusieurs fois millénaires de l'Empire du Milieu relève ici
d'une fascination devant une science à laquelle revient sans conteste la palme de la stabilité.
Dépouillée de ses aspects archaïques et quand notre esprit occidental a fait son deuil des
distinctions qu'il voudrait établir entre l'allégorie et l'objectivité, nous découvrons en elle un
savoir vivant et actuel, un enseignement sur les correspondances élémentaires universelles
rappelant finalement que la santé s'entretient par la pratique d'un art de vie qui a valeur de
prévention. En percevant l'être humain dans l'environnement d'où son organisme émerge et
auquel il participe intimement, le regard chinois est resté fidèle aux origines et à la réalité du
corps conscient. La prévention constitue le premier devoir médical.
Le maintien de la santé n'est plus instinct de survie, sagesse animale. La civilisation
technologique nous en éloigne à grands pas. D'une génération à l'autre, le puisage de l'eau
devient un tour de robinet, le voyage un embarquement d'aéroport, l'aventure un jeu d'images
de synthèse et le travail, une vaste exploitation des ressources. Oublions-nous que le monde
est réglé sur une autre horloge que celle du progrès de nos abstractions ? Qu'il a fallu des
milliards d'années pour composer notre environnement et que nous sommes exactement les
mêmes créatures que les magdaléniens du paléolithique ? La médecine chinoise semble
vouloir retenir cette sagesse. Certes, elle intègre volontiers les meilleurs apports de la science
médicale chimique et électronique, mais elle reste fondamentalement fidèle aux principes qui
entretenaient la santé des ancêtres.
Comment définir la santé ? En médecine traditionnelle chinoise, la maladie est manifestation
d'un déséquilibre énergétique. La santé pourrait se définir en tant qu'équilibre parfait entre nos
énergies yin et nos énergies yang. Cette harmonie procède cependant par ajustements
incessants puisque tout est en mouvance, en perpétuelles transformations. La santé n'est
jamais acquise. Nous retrouvons cette idée d'adaptation en comparant notre corps à un voilier
porté par le flot de la vie. Notre conscience en est le barreur qui, quoi qu'il arrive, doit garder
le cap. Durant le voyage, nous devons tenir compte des conditions météorologiques, des vents
variables, et régler constamment les voiles en conséquence.
Ainsi devons-nous choisir et adapter notre alimentation et nos activités, nos habitudes étant
bénéfiques à certains moments et préjudiciables à d'autres. La coque, les mâts et le gréement
sont fragiles, tout est rapport de forces entre les éléments naturels et le bateau ; il est prudent
de rester à quai lorsque la mer est trop forte mais il faut profiter d'un temps clément pour
avancer, le discernement est donc de rigueur. En tant que barreur, nous devons aussi entretenir
de bonnes relations avec nos équipiers (nos émotions et modes de fonctionnement
psychiques), sans lesquels le voyage ne peut se faire. Habitons notre corps au fil des jours
comme nous barrons un voilier, avec tout autant de vigilance, de présence et de facultés
d'adaptation.
La MALADIE, rupture d'équilibre énergétique / les EMOTIONS :
II existe une forme de résonance entre le milieu naturel et l'homme, entre le microcosme
qu'est l'être humain et le macrocosme. De ce fait, notre équilibre procède d'une
reconnaissance de la synchronicité active entre les mouvements énergétiques présents dans le
corps et les rythmes et cycles naturels, circadiens, saisonniers, annuels.
Pour les Chinois, la maladie est une rupture d'équilibre énergétique, une dysharmonie créée
par diverses causes, qualifiées d'externes ou d'internes. Les causes externes sont les climats :
le vent, la chaleur, l'humidité, la sécheresse ou le froid qui, se manifestant de façon extrême
ou attaquant un organisme affaibli, vont devenir pervers. Ces facteurs climatiques peuvent se
combiner entre eux pour devenir vent-chaleur, humidité-chaleur, froid-humidité, etc. Nous
percevons ces influences en tant qu'atmosphère naturelle d'une saison, climat typique d'une
région ou d'un pays. Ou encore par le biais d'artifices, comme la climatisation (froid), le
chauffage central trop fort (chaleur-sécheresse).
Ces climats sont également actifs à l'intérieur du corps, se transformant en agents pathogènes
lorsqu'ils sont présents en excès. Quelques exemples courants de l'effet pervers des " climats
internes " : constipation, due à la sécheresse dans l'intestin ; douleur vive et mouvante dans la
couche musculaire, induite par le vent ; ballonnements, lourdeur d'estomac, pouvant résulter
de la présence du froid dans la sphère digestive.
En dehors de l'expression perverse de ces climats internes, la cause interne majeure de la
maladie est la mauvaise gestion des sept sentiments. Le corps et l'esprit sont inséparables ;
aussi, toute expérience prolongée d'une émotion affectera l'organe auquel elle correspond. A
l'inverse, la déficience chronique d'un organe induira un comportement émotif particulier,
teinté de peur ou de paranoïa s'il s'agit des reins, de tristesse et de vague à l'âme s'il s'agit des
poumons, etc. Le fait que les émotions soient reconnues en tant qu'éventuels agents
pathogènes est une donnée majeure de la médecine chinoise, évoquée dans certains milieux
médicaux en Occident, mais d'une manière moins radicale. Dans ce contexte, notre
responsabilité face à la maladie devient flagrante. Chaque instant de la vie, en nous offrant le
choix d'être paisible ou irrité, confiant ou angoissé, nous encourage finalement à entretenir
des émotions positives, qui renforcent notre corps au même titre que l'alimentation.
Le FOIE, récepteur privilégié de tous les types d'émotions :
Si du foie émane un certain type de comportement et d'émotion, cet organe est particulier en
ce qu'il se fait récepteur privilégié de tous les types d'émotions. C'est lui, comme un bouclier
plus ou moins perméable, qui va subir en premier toutes les agressions des émotions
perturbatrices. Son lien particulier avec le cœur et le " Shen " du cœur permet d'envisager
toutes les perturbations sévères que peut engendrer une vie émotionnelle ou affective dense ou
troublée. Une vie sociale ou professionnelle trépidante et déréglée affectera d'abord le foie,
puis différents organes. Sur le plan physique, le stress qu'engendrent les émotions ou des
rythmes de vie déséquilibrés, pourra se traduire par une montée de l'énergie du foie vers le
haut du corps ; cette énergie à la longue se transforme en Feu, en chaleur qui vient perturber
les fonctions mentales et le sommeil, en provoquant agitation, confusion, nervosité et sautes
d'humeur, pertes de mémoire, réveil fréquent ou insomnie. Le corps subira directement cette
attaque des émotions, en le manifestant par différents symptômes : problèmes de peau,
mauvaise digestion, oppression, palpitations, douleurs diverses et fortes tensions musculaires.
Les contractures et douleurs musculaires traduisent une réaction face au stress, mais elles
signent aussi un contrôle inconscient du corps face à une situation donnée. Elles sont très
fréquentes puisque le foie, qui subit en premier l'agression de l'émotion, régit les muscles et
les tendons. Si l'individu ne peut gérer une situation, la lutte interne qui s'installe envers ce qui
est considéré comme une agression se matérialise sous forme de tensions. La localisation de
ces tensions n'est pas anodine, qu'il s'agisse de tensions dans la nuque, les bras, le dos, les
jambes ou le ventre. Chaque partie du corps est presque une projection tangible de tout un
symbolisme nous permettant de traduire un malaise affectif ou relationnel, si ce n'est en mots,
tout au moins en maux. Ces tensions musculaires ne sont pas toujours remarquées ou
n'induisent pas forcément de douleurs notables, mais elles engendrent à la longue une
stagnation de l'énergie qui freine l'épanouissement de l'être. " Toute crispation même partielle,
affecte l'homme tout entier, car elle s'oppose au mouvement de transformation. " (K.G.
Durckeim). Certaines personnes à l'apparence très calme, voire lymphatique, présentent au
toucher des tensions extrêmes, manifestations d'un contrôle permanent de leurs émotions.
Un travail sur le corps, par des exercices (Chi Gong & TaiChi Chuan), de la relaxation ou du
Shiatsu parvient, a défaire ce carcan de contractures et libère de ce fait l'énergie des organes
troublés, en rendant ainsi au mental espace et clarté. Le travail sur le corps permet ainsi de
renforcer les différentes énergies physiques et mentales, l'individu pouvant alors faire face a la
situation avec lucidité et apaisement réel.
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