« Ce nʼest pas la beauté du corps que jʼexplore, cʼest sa stricte fonction. Ce nʼest pas de
lʼexhibitionnisme, car le corps y est présenté comme une coquille plus que comme une
personne...», affirme Sasha Waltz.
« Dans Körper, le corps humain est présenté nu, mais de façon neutre sans aucune
connotation culturelle ou sexuelle. (...) Ce nʼest pas de lʼexhibitionnisme, car le corps y est
présenté comme une coquille plus que comme une personne. » Sasha Waltz
« Je respecte tous les chorégraphes allemands, mais je ne les considère pas comme des
ancêtres. »" Sasha Waltz "
Dans un entretien, la chorégraphe évoque son parcours, son rapport à la danse
allemande, à ses danseurs, au public et revient sur Körper, pièce maîtresse de son
œuvre unique et qui échappe à toute tentative de classement.
"Il semble que vous travaillez sur lʼhistoire par le truchement des corps. on pense, en
France, que vous venez de lʼex-rda.
Je suis de Karlsruhe, au sud de lʼAllemagne de lʼouest, près de la frontière française. Je nʼai
pas grandi dans lʼancienne RDA, mais je vis à Berlin- Est. Mes premières pièces ont été
créées là. Elles ont définitivement quelque chose à voir avec cette atmosphère spécifique,
cette incroyable énergie du changement dʼaprès la chute du système, avec les bons et les
mauvais côtés.
Comment vous situez-vous dans lʼéchiquier de la danse allemande ? Vous
reconnaissez-vous des ancêtres, des maîtres, dans le droit fil de la danse dans votre
pays et au-delà ?
Je me considère avant tout comme une artiste européenne avec un puissant arrière-plan du
côté de la post-modernité américaine. Quelquʼun a qualifié mon travail de post “danse-
théâtre”. Je ne me vois pas dans la lignée dʼune Pina Bausch et de la Folwang Hochschule
dʼEssen. Je vois plutôt des liens avec une approche physique, plus en phase avec Merce
Cunningham et Trisha Brown.
Le contact improvisation qui a été développé par Steve Paxton, parmi dʼautres artistes à la
Judson Church de New York, est extrêmement important pour mon processus de création.
Bien sûr, je suis pleine de respect pour tous ces artistes allemands, mais je ne les considère
pas comme des ancêtres. Jʼessaye, depuis le début, de développer mon propre style. Durant
les dernières années, mon travail a été plutôt narratif. Mais, depuis mon projet spécifique au
sein du Musée Juif, en 1999, avec Körper, je me soucie beaucoup du corps humain, en
relation avec lʼarchitecture, la science et lʼHistoire.
"Comment votre art est-il reçu en Allemagne ?
Les réactions du public sont stupéfiantes. Il nous supporte très fort, par le simple fait de venir
en"grand nombre. Les gens sont très ouverts dʼesprit, intelligents, rigoureux et pleins de
curiosité. Plusieurs viennent plusieurs fois voir une pièce, ce fut le cas pour Körper, que nous
avons jouée plus de cinquante fois devant une salle de 530 personnes, ce qui représente
plus de 25 000 spectateurs pour une pièce de danse contemporaine. Je peux demeurer
aussi radicale que je le souhaite, le public me suit.