Déposé à la SACD
LA MORT DE LOUIS XVI
Michel Fustier
(site http://theatre.enfant.free.fr )
(version abrégée en fin de texte)
"Quant à Louis XVI, faisant partie d'une bande
de rois, tous cousins les uns des autres, qui
régnaient sur l'Europe par délégation de Dieu,
selon leur bon plaisir et au son du canon, il fut
soudain introduit dans une Société dont le peuple
était souverain et qui se donnait pour objectif
l'égalité, la justice et le bonheur de l'homme...
pour ne rien dire de la liberté!"
PERSONNAGES
L'historien de service, Danton, Roederer, Mandat, Le roi Louis XVI, La reine, un garde,
Vergniaud, Saint-Just, le président de l'Assemblée, l'avocat du roi.
1 La patrie en danger
L'HISTORIEN DE SERVICE - La Révolution française est réputée avoir commencé avec la prise de
la Bastille, le 14 juillet 1789. Le roi Louis XVI et la reine furent ensuite ramenés par les Parisiens
exaspérés de Versailles à Paris en Octobre 89. Après des mois d'agitation et d'angoisse, la famille
royale, qui avait été logée au Château des Tuileries, tenta de s'enfuir, mais fut arrêtée à Varennes et
piteusement ramenée aux Tuileries (juin 91). Le 17 juillet 91, un malentendu déclencha au Champs
de Mars une fusillade sanglante dont le souvenir alourdit gravement l'atmosphère... Cependant que
les nations voisines s'inquiètent fortement de ce qui se passe en France... Elles sont sur le pied de
guerre. Leurs armées franchissent la frontière. Danton prend alors la parole devant L'Assemblée
nationale...
DANTON - Citoyens, nous avons offert la liberté au monde et le monde se dresse contre nous....
Toutes nos frontières sont menacées par des puissances qui n'attendent qu'une occasion de nous
tomber dessus. En particulier par la Prusse et l'Autriche, qui ont fait alliance. Et savez-vous ce que
qu'ils osent nous écrire: qu'ils nous tiennent tous responsables de ce qui pourrait arriver au roi, que
nous tous, les membres de l'Assemblée, du département, du district, de la municipalité, les gardes
nationaux et tous autres, nous serions jugés militairement et que s'il était fait la moindre violence au
roi, il en serait tiré une vengeance à jamais mémorable en livrant Paris à une exécution militaire et
à une subversion totale... Livrer Paris à une exécution militaire et à une subversion totale! C'est le
duc de Brunswick qui a osé nous écrire ce manifeste. Probablement inspirée par nos émigrés...
Vous voyez qui sont nos adversaires! Mais la liberté sera plus forte que ceux qui veulent
l'oppresser. Nous déclarons donc ici que la patrie est en danger et qu'aucun roi ne vaut la liberté,
surtout quand celui-ci semble s'oppose à elle. (11 juillet 92)
2 L'insurrection se prépare
L'HISTORIEN DE SERVICE - Le manifeste de Brunswick tomba comme une étincelle tombe sur la
poudre. Tout éclata. L'angoisse en France était montée à un degré rarement atteint... La colère et
l’indignation grondaient. Le roi était fortement suspecté de comploter avec l'étranger, ce qui n'était
pas faux. D'autre part, il avait accepté une nouvelle Constitution qui lui donnait un droit de veto. Il
l'exerça, ce qui paralysa les grandes décisions que le peuple jugeait nécessaire de prendre et le
rendit furieux… L'agitation est telle que le roi et la cour se sont barricadés dans le château des
Tuileries, pour s'y défendre si nécessaire contre un assaut du peuple. A l’intérieur de château, le 10
août 1992 au matin, le procureur général de la Seine, Roederer, et le général Mandat, commandant
de la garde nationale et chargé de la sécurité des Tuileries, font le point de la situation.
ROEDERER Où est, s'il vous plait, le roi?
MANDAT Monsieur le Procureur général, il a donné hier quelques ordres pour la défense du
château. Puis il est allé se coucher.
ROEDERER - Se coucher!
MANDAT - Il a besoin de beaucoup dormir et rien ne le trouble. Mais ces dames ont veillé toute la
nuit, Sa Majesté la reine, madame Elisabeth, la sœur du roi, madame la princesse de Lamballe...
Elles sont dans la plus grande inquiétude.
ROEDERER - Elles ont raison d'y être, le peuple de Paris est en train de se soulever... Entendez-vous
le tocsin qui commence à sonner ici et là... Ils ont pris des piques, des hallebardes, des haches... ce
qu'ils ont pu trouver... quelques fusils aussi. Et les cloches de toutes les églises voisines qui lui
répondent. Et si en plus nous n'avions pas la menace étrangère...!
MANDAT - Sa Majesté ne sera pas prise au dépourvu. Elle a fait revenir de Corbeil et de Courbevoie
tout un régiment de Suisses, au moins 800, qui sont d'excellents soldats... et Suisses.
ROEDERER - Je vois. Qui n'auront donc aucun scrupule à tirer sur des Français.
MANDAT - Ils feront leur devoir! Il y a aussi des bataillons de nobles et de fidèles qui se sont
spontanément rassemblés pour défendre le roi, et les Gardes françaises qui, même si ils ne sont pas
tous du même avis... Ils sont Français!
ROEDERER - En tant que tels, tireront-ils ou ne tireront-ils pas?
MANDAT - Ne me posez pas la question. En tout cas, toutes les portes du château ont été barricadées,
les grilles fermées.... et enfin, il y a les deux avant-cours qui sont des sortes de pièges, tels que, des
fenêtres, nous pourrons canarder ceux qui auraient eu l'audace d'y pénétrer. Le château des
Tuileries est une véritable forteresse!
ROEDERER Je suis d'autant plus inquiet qu'au peuple mutiné se sont joints les cinq cents
Marseillais qu'on a été réveiller ce matin dans leurs casernes... Redoutables soldats, qui n'aiment
pas le roi. Et aussi les trois cent fédérés bretons, qui ne sont pas des tendres. Et aussi des
volontaires en provenance de plusieurs autres provinces.... Et la foule, la foule, la foule...Tout Paris
s’est levé… Ils ont avec eux plusieurs canons!
3 Le roi accepte de se réfugie à l'Assemblée nationale
LA REINE Mais, monsieur Roederer, que faut-il que nous fassions?
ROEDERER - Je ne peux rien dire avant d'avoir vu le roi.
LA REINE - A quoi cela vous servira-t-il? Il ne sera d'aucun avis!
ROEDERER - Mais je ne puis faire autrement que...
LA REINE Le roi, le roi... Le voilà qui arrive!
ROEDERER Il a le visage pâle et froissé de sa mauvaise nuit, il n'est même pas coiffé. Je n'ose pas
lui demander de venir dans cette tenue parler à ses soldats...
LE ROI - Bonjour, monsieur Roederer. Alors, en sommes nous? Qu'est-ce c'est que toutes ces
cloches qui sonnent.
LA REINE - Le tocsin, mon ami.
LE ROI - Mon Dieu, le tocsin... Mais que veulent-ils?
ROEDERER - Ils ne sont pas animés de très bons sentiments à votre égard... La révolte monte. Ils
vont probablement attaquer le château. Je ne puis vous conseiller qu'une chose, c'est de venir
chercher refuge à l'Assemblée.
LE ROI - A l'Assemblée? Mais qu'y ferais-je?
ROEDERER - Vous y serez au moins sous sa protection.
LE ROI Sous sa protection... vous voulez dire sous sa surveillance... Mais qu'ai-je fait, qu'ai-je donc
fait pour mériter cela?
ROEDERER Permettez-moi de parler franchement... Vous avez récemment usé de votre droit de
veto pour vous opposer à la nomination des ministres que l'Assemblée du peuple avait choisis. Ce
pour quoi les Français vous en veulent. Mais le mécontentement ne date pas d'hier. Depuis des
siècles, il y a trop de famines, trop de pauvreté, trop de violence, trop de guerres, trop d'injustice.
Cela éclate! Venez, sire, suivez-moi...
LA REINE - Vous nous proposez de fuir ! Monsieur, vous avez beau dire, nous sommes en mesure de
résister... Mon Dieu, ne pourrait-on faire taire ces cloches, elles me rendent folle!... Il y a ici des
troupes bien armées! Elles nous défendront. Il est temps de savoir enfin qui l'emportera du roi ou
des révoltés...
ROEDERER - Madame, je ne puis remettre en cause les demandes de l'Assemblée nationale.
LE ROI - Allons, très chère, puisqu'on nous le demande...
LA REINE - On nous le "demande"... J'aime bien ça....! Sans livrer bataille...?
LE ROI - Il le faut, mon amie... J'ai horreur du sang.
LA REINE - Je le sais, votre tactique est de toujours céder… Qui renonce, perd.
ROEDERER - Sire, ce n’est plus une prière que nous venons vous faire, ce n’est plus un conseil que
nous vous donnons, nous vous demandons la permission de vous entraîner malgré vous… Il y a
déjà plus de dix canons qui ont été mis en batterie devant le château !
LA REINE (après avoir regardé par la fenêtre) J'ai honte... Mais, puisqu’il n’y a rien d’autre à
faire… Allons, préparons-nous. Nous irons donc à l'Assemblée...
ROEDERER - Madame, l'Assemblée ne s'est engagée que pour la personne du roi, du roi tout seul, et
sans sa famille, et sans sa garde. Il serait imprudent de
LA REINE - Je ne le laisserai pas partir sans moi...
ROEDERER - Madame, je ne sais pas bien si.... Il aurait peut-être mieux valu...
LA REINE - Je suis la reine! ...
ROEDERER - Eh bien, puisque vous y tenez allons-y. Nous verrons bien.... Mais je me demande si ce
n'est pas là précisément la chose qu'il n'aurait pas fallu faire.
LA REINE - C’est en tout cas la chose que je veux !
ROEDERER - Bien madame.
4 Le roi arrive à l'Assemblée
L'HISTORIEN DE SERVICE - Le peuple de Paris n’aimait pas la reine… ou plutôt, il la détestait:
l’Autrichienne, avec toute sa morgue et ses extravagantes dépenses! S’il eut été seul, le roi aurait
été mieux reçu. L'Assemblée n'était pas loin des Tuileries. Ils y allèrent à pied. Sur le chemin, le roi
rencontra un garde national avec l’accent provençal qui lui dit:
GARDE - Sire, n’ayez pas peur, nous sommes de bonnes gens, mais nous ne voulons pas qu’on nous
trahisse davantage. Soyez seulement un bon citoyen…
L'HISTORIEN DE SERVICE Pour ne plus se faire remarquer, le roi avait échangé son chapeau à
plumet blanc avec celui d'un garde. Lorsqu’il arriva devant l'Assemblée, le roi dit:
LE ROI - Messieurs, je suis venu ici pour éviter un grand crime. Je pense que je ne saurais être plus en
sureté qu’au milieu de vous…
L'HISTORIEN DE SERVICE - Le président de l'assemble, qui était Vergniaud, lui répondit:
VERGNIAUD - Sire, vous avez vu que l’Assemblée vous a reçu avec beaucoup de respect ! Mais
soyez rassuré, nul n’a jamais pensé commettre le grand crime dont vous parlez.
L'HISTORIEN DE SERVICE Le roi craignait qu'on ne le mette à mort! Quant à savoir pourquoi le
roi et la reine quittèrent si facilement leur forteresse des TuileriesOn a dit qu’un complot avait
été organisé selon lequel, après l’arrivée du roi à l‘Assemblée, les Suisses recevraient l’ordre
d’investir cette même Assemblée, de la faire prisonnière, puis de libérer le roi, la cour et ses
serviteurs et de les emmener en un lieu ils seraient sous la protection des troupes étrangères…
Mais il ne s’agit que d’un bruit et de toute façon les Suisses furent tellement immédiatement
attaqués par les "patriotes" qu’ils n’eurent pas le temps de faire ce qui vient d’être dit. Au contraire,
après le départ du roi, assaillis par une foule immense, appuyée par les volontaires et un bon
nombre de gardes nationaux… ils furent presque tous massacrés sans pitié… Il est vrai qu’ils
avaient tiré les premiers.
5 - Le roi est déclaré déchu
L'HISTORIEN DE SERVICE - De toute façon, ni le roi ni sa famille ne pouvaient assister aux
délibérations de l'Assemblée. On les fit donc entrer dans le petit local se tenaient d'habitude les
secrétaires qui enregistraient les délibérations. Ils s'y glissèrent... Ils y restèrent longtemps.
LA REINE Nous n'avons pas l'habitude d'être à ce point à l'étroit.... Mais vous entendez les
détonations. La bataille n'est pas finie... Je savais bien que nos braves Suisses ne se rendraient pas
si facilement.
LE ROI - N'ayez pas trop d'espoir...
LA REINE - Vous vous tenez comme si vous ne sentiez rien, comme si vous n'entendiez rien. Pas
plus troublé que si vous étiez en train d'ouvrir un œuf à la coque!
LE ROI - Vous au contraire, madame, vous vous agitez tellement que cela en devient ridicule...
LA REINE - Je suis de cœur avec tous ceux qui là-bas combattent pour nous. Ah! les braves gens... Et
ça? Avez-vous entendu? Qu'est-ce que c'est?
LE ROI - Un boulet, peut-être, qui vient de passer au-dessus de nos têtes...
LA REINE - Nous ne sommes séparés de l'Assemblée que par une grille: regardez-les, ils sont encore
plus troublés que nous ne sommes.... Venez voir! Ils viennent de dire qu'ils croient qu'ils vont être
attaqués et que les Suisses ne leur feront pas grâce... Je vous le disais bien! D'autres annoncent,
mon Dieu! que le château est en feu.
LE ROI - Vraiment...? Je n'y crois pas beaucoup, mais... pourtant cette fumée!
LA REINE - Mieux encore, et c'est comique! Ils sont tellement effrayés qu'ils voudraient qu'à leur
encontre on respecte leurs fameux "Droits de l'homme". Et je me demande bien si à l a fin ils ne
vont pas s'en prendre à nous? Mais que disent-ils maintenant? ... Ah, tout de même, ils se sont
repris, et ils exigent... attendez, je ne suis pas sûre d'avoir compris... Si, la déchéance du roi!
LE ROI - La déchéance du roi?
LA REINE - De quoi se mêlent-ils? La déchéance du roi! C'est d'un ridicule!
LE ROI - Je ne trouve pas que cela soit tellement ridicule. Tout est sens dessus dessous! L'ont-ils
votée?
LA REINE - Pas encore, ils sont en train de le faire... Attendez, laissez-moi écouter...
LE ROI Vous avez l'ouïe fine... Alors?
LA REINE Oui, ils l'ont votée. Ils disent aussi qu'ils pourvoiront ultérieurement à notre sort.
LE ROI - Vous voyez! Après nous avoir déposés, ils nous trouveront bien quelque part une sorte de
prison... Il ne nous reste plus qu'à nous abandonner entre les mains de Dieu...
6 Fragments du procès du roi et son exécution...
L'HISTORIEN DE SERVICE - Quelques mois après, les victoires de Valmy et de Jemmapes ayant
conforté le nouveau pouvoir, le 11 décembre 1992, le roi, devenu Louis Capet, fut jugé...
SAINT-JUST - Je demande la parole...
LE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE - Citoyen Saint-Just, n'est-ce pas prématuré? En ouverture du
procès?
SAINT-JUST - Justement, monsieur le Président, je demande qu'il n'y ait pas de procès... Il faut tuer
l'accusé, il n'y a plus de lois pour le juger, lui-même les a détruites. Il faut le tuer comme un
ennemi. Seul un citoyen peut être jugé et pour juger un tyran, il faudrait d'abord le faire citoyen.
Pouvons-nous faire de l'accusé un citoyen? Ce serait contre la raison.
L'AVOCAT DU ROI La parole à l'avocat du roi... Si toutefois l'Assemblée est de son avis, le citoyen
Saint-Just a tout dit et le procès, avant d'avoir été ouvert, serait terminé... ou plus exactement
n'aurait pas lieu d'être. Mais...
SAINT-JUST - En effet! Il faut le tuer comme coupable, pris la main dans le sang. La royauté est
d'ailleurs un crime éternel; un roi est hors de la nature. Il ne peut y avoir, de peuple à roi, un rapport
naturel.
L'AVOCAT DU ROI - Citoyen, s'il y a un tyran ici, c'est vous.
SAINT-JUST - Rappelez-vous que pour juger César, il n'a fallu d'autres formalités que vingt-deux
coups de poignard.
L'AVOCAT DU ROI - Je n'aurais pas pensé que dans un Etat qui veut faire de la justice son principe
fondateur, de semblables paroles puissent être prononcées sans provoquer un soulèvement
général...
LE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE - Citoyens... Citoyens, Silence s'il vous plaît, ce qui a été dit a
été dit. Et même si nous ne pouvons pas l'effacer, il nous faut en effet, sous peine de nous
déconsidérer, procéder tout de même à un véritable procès et aboutir à un jugement selon les règles.
L'AVOCAT DU ROI - Un jugement, oui, mais selon quelle loi? Un accusé a le droit qu'on lui rappelle
quelle est la loi qu'il aurait respecter et qu'on lui explique en quoi il l'a violée. Votre pouvoir, à
vous révolutionnaires, est si changeant que personne ne peut être sûr, lorsqu'il agit, de bien ou de
mal agir. Le roi a vécu dans un monde à lui, qui était légitime, et tout à coup vous voudriez qu'il
vous rejoigne sous d'autres lois dans un autre monde, un monde qui n'est encore légitime que pour
vous.
SAINT-JUST - Il y a des cas ou un peuple peut être saisi d'une idée tellement puissante et tellement
sacrée qu'il puisse violer pour elle ce qui semble inviolable, je veux dire la vie humaine.
L'AVOCAT DU ROI - Nous voilà donc condamnés à mort!
LE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE - Je demanderais volontiers au citoyen Saint-Just de me faire
une liste de ces idées tellement sacrées que... Mais sans doute sont-elles la négation d'elles-mêmes!
L'AVOCAT DU ROI - Le citoyen Saint-Just vient, sans s'en apercevoir et en dépit de son nom, de
détruire toute justice. Foin de ces idées si majestueuses et si puissantes dont il parle: elles n'ont
pour le moment d'existence que dans sa tête... Dès lors, si nous la coupions, cette tête du citoyen
Saint-Just, que resterait-il de ses idées…? Non, nous ne sommes ni des théologiens, ni même des
fanatiques! N'avez-vous pas l'impression, citoyen Sant-Just, que vous menacez par vos paroles non
seulement celui qui fut roi de France, mais aussi ceux qui vont le juger et qui, à vos yeux, seraient
coupables de ne pas le condamner à mort? Pression intolérable. Le sang n'est pas le signe des
patriotes. Vous voulez tuer le tyran, mais n'êtes-vous pas, je le répète, plus tyrannique qu'il ne le
fut? Il reste, citoyen Saint-Just, que vous êtes encore bien jeune...
L'HISTORIEN DE SERVICE - Le procès ne fut pas tout entier de ce ton, mais, après 28 jours de
délibérations, il déboucha effectivement sur la sentence de mort qui avait dès le début été
demandée. A quelques voix de majorité! Louis, au nom de la Raison d'Etat, avait très saintement
trahi son peuple et au cours de son procès, il lui avait beaucoup menti. Mais surtout il était trop bon
chrétien pour renoncer à son "droit divin" et accepter de couper le fil de pouvoir qui était supposé
le relier directement à Dieu. Son peuple ne comptait pas. Il fallait donc que lui-même, son peuple,
rompit ce fil et reprit possession d'un pouvoir qu'il estimait n'appartenir qu'à lui seul. Ce fut fait le
21 janvier 1793 où le roi fut guillotiné. Quelques mois plus tard, ce fut le tour de la reine.
(Une grande partie des répliques de cette pièce sont la reprise intégrale de ce que les historiens ont rapporté)
Version courte
LA MORT DE LOUIS XVI
Michel Fustier
(site http://theatre.enfant.free.fr )
1 La patrie en danger
L'HISTORIEN DE SERVICE Trois ans après le début de la Révolution, Paris est en effervescence...
La Bastille a été prise (14 juillet 89), les privilèges de la noblesse et du clergé ont été abolis, les
droits de l'homme proclamés, une nouvelle constitution élaborée, et le roi, qui avait été tenté de
s'enfuir, ramené de Varennes... Et naturellement, les nations voisines, toutes gouvernées par des
rois, s'indignent et leurs armées menacent d'envahir le territoire. Danton a proclamé la Patrie en
danger et le général en chef de l'armée prussienne, le duc de Brunswick, a lancé contre la France
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