LE CHRIST KËRYGMATIQUE 41
logie scientifico-historique, qui suppose que dans la foi, la liturgie,
la vie spirituelle, la pastorale, l'art religieux et enfin en théologie
fonctionne un genre de „factographie de Jésus-Christ", reproduite
à partir de sources historiques. On n'a pas rem arqué qu'au domaine
chrétien devrait être appliqué un autre modèle d'histoire, convena
blement transformé.
3. La perspective psychologique de la christologie est caracté
ristique du protestantisme. Et il s'agit surtout de la psychologie in
dividuelle. Jésus-Christ est saisi avant tout comme une image reçue
d'une manière précise par le psychisme d'un individu. Il est un per
sonnage existant non pas tant en lui-même que dans la foi des chré
tiens tant primitifs que contemporains. Il apparaît comme une expé
rience vécue, comme l'expression des aspirations religieuses, comme
la manière de lier sa vie à Dieu. Il s'exprime moins par la doctrine
que par la moralité, par le sentiment du sens de la vie, par le fait
de confier sa vie à Dieu. En somme, c'est une christologie individu
aliste, non seulement au sens qu'elle présente Jésus-Christ comme
un objet individuel qui sert de référence à l’homme dans sa vie re
ligieuse, mais aussi au sens qu'il s'agit ici de référence de la part
des individualités croyantes respectives. De cette manière l'Esprit
Saint crée une christologie en quelque sorte particulière à chaque
chrétien, bien que ce soit à partir des mêmes données de l'histoire
et de la foi.
Les théologiens protestants du Leben-Jesu-Forschung appuient
leur christologie sur la conscience existentielle, en principe sans
vérification objective. Il y avait et il y a là des tentatives de se li
bérer d'un tel subjectivisme existentiel. M. Kâhler (Der sogenannte
historische Jésus und der geschichtliche, biblische Christus, Leipzig
1892, 18962) vers la fin du XIXe s. enseignait que la foi chrétienne
annonçait Jésus de Nazareth tel que le proclamait le kérygme apos
tolique, crucifié et ressuscité. Et avec cela, le Christ Ressuscité de
la foi servait à l’interprétation objective de la vie historique de Jé
sus tout entière, car cette interprétation se faisait sur la base de la
force du Saint-Esprit. Le kérygme apostolique et le kérygm e con
temporain possèdent quelque chose de la valeur historique, bien
qu'ils aient la foi pour fondement principal.
Cependant Kâhler n'a pas conjuré les dangers menaçants.
M. Dibelius et R. Bultmann ont tiré la conclusion logique du dua
lisme de Jésus de l'histoire et du Christ de la foi enseignant que
l'image kérygmatique du Christ comme Kyrios et Theos était my
thique, privé de toute relation avec les faits historiques. Comme
mythe le Christ de la foi ne pouvait non plus être l’objet d'une vé
ritable théologie. D'ailleurs, d'une manière générale, seuls pouvaient
être l'objet de toute la théologie, le monde humain, l'existence hu
maine dans ses „moments limitatifs” de commencement, de l’im