Table des matières
Introduction ................................................................................ 1
C B
Le monde de la chanson en difficulté. Ça va empirer avant de
s’emmieuter : Pourquoi ? Comment ? ...................................... 9
S V
Chanter ou philosopher ? ............................................................. 35
M C
Touche pas à mon totem ............................................................. 53
F S, S B  D C
Comment se faire un Corps sans Organes (CsO)
en écoutant Malajube ........................................................... 67
D C
L’appel de Londres. e Clash et le politique ............................... 75
S D
Wagner, Nietzsche et Iron Maiden : pour une
compréhension philosophique de la musique
Heavy Metal .................................................................... 90
P D
La notation musicale chiffrée de Jean-Jacques Rousseau .. 93
C D
VI
Quand Platon écoute les Beatles sur son iPod
David Hume contre le relativisme esthétique ............................... 97
N B
Les Beatles ? C’est bien mauvais, ont-ils dit … ................ 103
N B
John Coltrane : une vie, une œuvre ................................. 106
N B
Réécouter de la musique avec Hegel ............................... 115
N B
Frank Sinatra et la mauvaise conscience américaine ..................... 117
L S
D’Athènes à Liverpool. Les thèmes philosophiques
dans les chansons des Beatles ................................................ 135
M G
Philosophie et musique populaire. Ou lorsque
« l’essentiel, c’est d’être aimé » ................................................... 153
M-C T
L’anoblissement du jazz ............................................................... 167
C V
Louis Armstrong parle .................................................... 180
N B
Musique et moralité .................................................................... 183
R S
Censure et musique pop ................................................. 191
C B
Environnement numérique et propriété intellectuelle.
La musique à l’avant-poste des mutations à venir ................. 195
A B
Présentation des auteurs .............................................................. 207
Introduction
Christian Boissinot
« Si j’avais à choisir entre la moindre des chansons des Beatles
et l’ensemble de son œuvre je n’aurais aucune hésitation1. » J’ai
toujours été fasciné par cette remarque du philosophe français Luc
Ferry à propos du compositeur Pierre Boulez. Qu’un philosophe
de renom, spécialiste de textes qu’on ne lit pas distraitement le
matin en sirotant un café, puisse afficher ainsi sa préférence pour
la musique populaire et, du coup, clouer au pilori l’œuvre entière
d’un monstre de la musique classique contemporaine, voilà qui
n’est pas banal ! D’autant plus que la philosophie nous a long-
temps exhortés à la méfiance envers la culture populaire. Sans
surprise, la musique du peuple, qui plaît au plus grand nombre,
a été à maintes reprises vilipendée par les philosophes. Mais saviez-
vous que LA musique tout court a aussi subi les foudres de la
philosophie ?
Pourtant, leurs rapports avaient plutôt bien commencé. Selon
la tradition, Pythagore (~580 – ~ 497), l’inventeur du mot « phi-
losophie » (« amour de la sagesse »), croyait que le nombre était la
clef de compréhension d’un cosmos ordonné et harmonieux. Pour
celui dont le nom est associé à un fameux théorème de géométrie,
tout se prêtait à la mesure, y compris les sons. Persuadé que le
1. André Comte-Sponville et Luc Ferry, La sagesse des modernes, Laffont, Paris,
1998, p.488.
2
Quand Platon écoute les Beatles sur son iPod
mouvement des sept planètes connues à l’époque, qui incluaient le
Soleil et la Lune, produisait des sons, une « musique des sphères »
en tournant autour de la Terre, il les associera à des intervalles
musicaux2. L’historien Diogène Laërce rapporte que Pythagore
aurait en outre inventé un instrument de musique, le monocorde,
lointain ancêtre de la cithare, grâce auquel il chantait Homère,
Hésiode ou les airs de alétas.
De la pratique…
Puisque l’origine de la philosophie se confond d’une certaine
façon avec la musique, il ne faut pas se surprendre de découvrir au
fil des siècles des philosophes instrumentistes, se réservant chaque
jour du temps pour flûter (Schopenhauer) ou pianoter (Nietzsche,
Barthes, Habachi, Sartre…), ou d’en voir d’autres chatouillés par
la composition. Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), l’un des
pères spirituels de la Révolution française, fut à cet égard parti-
culièrement prolifique. Outre une centaine de morceaux, men-
tionnons son intermède Le Devin du village, présenté au château
de Fontainebleau devant le roi Louis XV. Enthousiaste, ce dernier
offrit une bourse au compositeur, qui la refusa, au grand désarroi
de son bon ami Diderot… D’autres grands noms ont laissé une
œuvre musicale intéressante, à découvrir : le bouillant Nietzsche
(1844-1900), virtuose du piano qui interprétait des sonates de
Beethoven à 12 ans, compositeur de pièces pour piano, d’orato-
rios, de quatuors et de lieder ; Gabriel Marcel (1889-1973), impro-
visateur hors pair, qui a mis en musique Baudelaire, Rilke et tant
d’autres ; Adorno (1903-1969), élève d’Alban Berg, l’un des pion-
niers du dodécaphonisme sériel, considéré par plusieurs comme
le plus musicien des philosophes, avec une trentaine de titres.
Lorsqu’il n’était pas occupé à séduire des jeunes femmes en leur
jouant au piano le répertoire romantique du XIXe siècle, Jean-Paul
Sartre (1905-1980) a trouvé le temps d’écrire quelques chansons3.
Peut-être avez-vous déjà entendu Dans la rue des Blancs-Manteaux
2. Pour la petite histoire, il faudra attendre le XIe siècle avant qu’un moine,
Guy d’Arezzo, nomme ces sept notes de do à si.
3. François Noudelman, Le Toucher des philosophes, Gallimard, 2008.
3
Introduction
de Juliette Gréco, superbe dénonciation de la peine de mort com-
posée pour sa pièce Huis clos. Deux chansons écrites expressément
pour cette grande dame, La Perle de Passy et Ne faites pas suer le
marin, sont hélas perdues.
Au Québec, quelques philosophes québécois ont également
tâté de la composition. Parmi ceux-ci, Claude Gagnon, auteur
d’une comédie musicale dans les années 1960, mais surtout de
Fu Man Chu, écrite avec Robert Charlebois ; Marc Chabot, com-
positeur de textes d’inspiration philosophique (La caverne, Mon
Abélard, Mon Pierre, Galileo, Le discours d’Aristophane) pour la
chanteuse Claire Pelletier ; le groupe Les Heureux Perdus, très
engagé socialement, qui venait de lancer son premier album en
2009 lorsque sa chanteuse, la philosophe Marylène Hains, a tra-
giquement disparu.
À l’inverse, les plus grands musiciens classiques se sont aussi
inspirés de la philosophie. Telemann (1681-1767), l’un des maî-
tres de la musique baroque avec Bach et Haendel, a composé un
opéra satirique de quatre heures ( !) intitulé La Patience de Socrate,
dans lequel ce dernier est présenté comme un bigame, souffre-
douleur de ses épouses à la maison mais adulé de tous à l’extérieur.
Le génial créateur des Gymnopédies, Erik Satie (1866-1925), a
aussi composé un Socrate à la demande de la Princesse de Polignac
– héritière des machines à coudre Singer –, qui souhaitait une
musique sur laquelle elle et ses amies pourraient réciter des textes
de philosophes grecs. Parmi ces centaines d’œuvres d’inspiration
philosophique, la plus célèbre est vraisemblablement Ainsi parlait
Zarathoustra (1896) de Richard Strauss, poème symphonique basé
sur le poème philosophique de Nietzsche, dont le film de science-
fiction 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick a immortalisé
l’ouverture dans son générique.
Du côté de la musique populaire, même constat. Amateurs de
Jim Morrison (1943-1971), saviez-vous que le nom de son groupe
e Doors lui a été inspiré par la lecture de l’essai e Doors of
Perception d’Aldous Huxley, un classique parmi les premiers hip-
pies ? Les convictions anarchistes de Léo Ferré (1913-1996), titu-
laire d’un baccalauréat en philosophie, martèlent la quarantaine
d’albums qu’il nous a laissés. La musique électronique, le heavy
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