Les textes du Thomatique
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roi catholique promulguera de nouvelles lois à Valladolid,
six mois après celles de Burgos, pour protéger spécialement
les femmes, les jeunes fi lles, les jeunes gens, enfants et tra-
vailleurs des mines qui bénéfi cieront de trois mois par an
pour cultiver leurs terres.
Le seul défaut des lois de Burgos, repris par celles de
Valladolid, concerne les repartimientos. Ces repartimien-
tos sont des répartitions de charges personnelles de travail
données aux Indiens contre un salaire. Les dominicains vont
dénoncer la soi-disant lourdeur des charges de travail que
les lois limitent pourtant strictement ! Ils en profi teront pour
rejeter toute la responsabilité sur le fonctionnement de l’en-
comienda, qu’ils ont en horreur. Las Casas réussira à la fai-
re supprimer par Charles Quint dans des lois promulguées
le 20 novembre 1542. Heureusement, cette suppression ne
sera jamais appliquée, ayant été refusée par tout le continent
américain. Charles Quint annulera ces dispositions par deux
cédules : l’une promulguée à Malines, le 20 octobre 1545 et
l’autre à Ratisbonne, le 6 avril 1546. Las Casas se voyait dé-
savoué sur toute la ligne, sauf concernant l’esclavage. 8 En
effet, depuis 1534, la Couronne avait autorisé l’esclavage
dans deux cas : selon les coutumes indiennes, les prison-
niers de guerre pouvaient devenir des esclaves, et il était
possible de prendre comme esclave une personne qui l’était
déjà. Mais en 1542, c’est-à-dire huit ans après leur autorisa-
tion, ces deux cas d’esclavage seront à nouveau interdits. Le
Mexique comptait alors 3 000 esclaves sur une population de
6 à 7 millions de personnes. Les derniers seront libérés en
1561. Quant au Pérou, seconde vice-royauté d’Amérique, il
n’y avait tout simplement pas d’esclaves.
L’appareil législatif gouvernemental fut donc rapidement
élaboré pour protéger, civiliser et évangéliser les Indiens et
sanctionner les manquements des colons
B – Lʼapplication des principes
Les manquements et les abus furent sanctionnés, car
ils existaient. Ce qui est faux, c’est de donner à ces man-
quements valeur de principes et d’en exagérer fortement
le nombre. A vrai dire, la cupidité n’est pas chez tous les
Conquistadors. De plus, l’archevêque dominicain de Lima
(Pérou), de concert avec tous les religieux, prit l’excellente
initiative en 1560 de refuser l’absolution de leurs péchés à
ceux qui, ayant pris des biens indûment ou ayant causé quel-
que dommage, n’ont pas indemnisé les victimes ou restitué
le bien. Cette mesure concrète fut d’une effi cacité inouïe car,
à cette époque, les gens avaient encore souci de leur salut.
Les religieux furent à l’origine d’autres bienfaits, notamment
l’éducation. Ainsi chaque couvent s’occupait d’une école
(on n’en décomptait pas moins de 300 rien qu’au Mexique).
De plus les Espagnols, outre l’arrêt des sacrifi ces humains
et le rétablissement de la paix, apportèrent le fer, la roue
que les Indiens ne connaissaient pas, le blé, l’orge, les che-
vaux, les mules, les ânes, les bœufs, les brebis, les chèvres,
les porcs, une multitude d’arbres, une véritable agriculture.
Ils construisirent des hôpitaux, des collèges pour garçons et
d’autres pour les fi lles, et par dessus tout, ils leur fi rent le
don inestimable de la foi. Par exemple, le franciscain Martin
de Valencia, arrivé dès 1493, détruit en 1525 toutes les ido-
les du royaume Tarasque, brisant avant de les jeter au fond
du lac, celles d’or, d’argent et de pierres précieuses 9, et brû-
lant les autres. Il va jusqu’à demander aux Tarasques de dé-
truire eux-mêmes leurs temples. De même, le Conquistador
Fernan Cortès, invité par l’empereur Aztèque, encore in-
vaincu, à le visiter à Mexico, entraîne ses 130 hommes à se
jeter sur les idoles pour les détruire ! Ils étaient pourtant en-
tourés de toute l’armée Aztèque pour le moins aguerrie au
combat. Ces faits manifestent bien le vrai but de la conquête :
la conversion des nations et non l’enrichissement des naviga-
teurs, la charité et non la cupidité. Dès lors, si des Indiens ont
pu mourir injustement par de mauvais traitements ou autre
iniquité, ce furent des faits marginaux. Beaucoup moururent
malheureusement pour des raisons virales ou microbiennes.
Les autorités, tant locales qu’espagnoles veillaient et sanc-
tionnaient tous les abus. Ainsi les vice-rois du Portugal et
du Mexique consacraient deux jours par semaine aux ré-
clamations que les Indiens venaient formuler. Les chefs des
Tlaxcaltèques pouvaient, en raison des liens étroits qui les
unissaient aux Espagnols, se rendre en Espagne même pour
réclamer. Et ils le fi rent de temps en temps.
D’ailleurs l’empereur, par souci de justice suspen-
dit toute conquête, le 16 avril 1550, afi n que se déroule la
« Controverse de Valladolid » où s’affrontèrent devant quin-
ze juges Las Casas et Sépulveda qui débattirent du bien fon-
dé et de la manière de conquérir. Sépulveda l’emporta et les
conquêtes reprirent toujours sous la même législation. Cette
politique ne devait plus changer jusqu’à l’indépendance de
l’Amérique au XIXe siècle. Alors les ennemis de l’Église
l’accusèrent avec l’Espagne de crimes dont elle était inno-
cente (mais qu’eux–mêmes commettaient) 10, et se forgea la
« légende noire de la Conquista ».
Voici les faits réels, tels que l’histoire les rapporte, de la
conquête des Amériques par l’Espagne catholique. Ils suffi -
sent largement pour répondre aux mensonges rabâchés par
une mauvaise propagande anti-chrétienne. Les souverains
espagnols mirent sur pied une législation exceptionnelle
adaptée à la mise en valeur des immenses terres découver-
tes. Certes, il y eut des guerres tribales, des révoltes indien-
nes, des exploitations des indigènes par des colons peu scru-
puleux. Le paradis n’existe plus sur terre, de tels malheurs
sont inévitablement liés à toute société humaine. Mais – et