L’hôpital, lieu à risques infectieux La chaîne épidémiologique Cours IFMEM 1 Florence CHRETIEN Cadre de Santé IBODE Hygiéniste CHI PSG 2016 Introduction 1847 : Ignaz Phillipp SEMMELWEISS, médecin autrichien : étude sur la fièvre puerpérale. Conclusion : « le portage des particules cadavériques » par les mains des étudiants en obstétrique est la voie de transmission des miasmes responsables de la mortalité des gestantes. Il préconise l’antisepsie des mains avec une solution de chlorure de chaux 1878 : Louis Pasteur, « au lieu de s’ingénier à tuer les microbes dans les plaies, ne serait-il pas plus raisonnable de ne pas les y introduire? » CHI PSG 2016 L’hygiène hospitalière: une nécessité absolue Définition de l’hygiène Partie de la médecine qui étudie les règles, les moyens, propres à conserver la santé, en permettant l’accomplissement normal des fonctions de l’organisme et en harmonisant les rapports entre l’homme et les milieux dans lesquels il vit, afin d’éliminer les influences nocives que peuvent éventuellement comporter ces milieux. ACTEURS Patients Familles Soignants Visiteurs CHI PSG 2016 Hygiène Hygiène hospitalière MILIEU HÔPITAL Dans le domaine de l’hygiène hospitalière, quel danger, quelle influence nocive peut présenter l’hôpital pour les personnes qui le fréquentent? 2. C’est le risque infectieux nosocomial L’hôpital est donc un milieu à risque infectieux Pourquoi ? LIEU DE SOINS 24H / 24 POUR LES MALADES HÔPITAL CHI PSG 2016 LIEU DE TRAVAIL 24H / 24 POUR LE PERSONNEL LIEU D’ACCUEIL 24H / 24 POUR LES VISITEURS Pourquoi Hôpital = MILIEU A RISQUE INFECTIEUX ? Permanence de micro-organismes Il y a toujours des patients contaminés et des patients infectés Pression des antibiotiques concourant à l’émergence de germes résistants, plus difficiles à traiter Actes de soins invasifs multiples Offrant de nombreuses portes d’entrées aux micro-organismes Architecture et circuits pas toujours adaptés à l’activité et au risque infectieux qui s’y rattache HÔPITAL = milieu à risque Infectieux nosocomial Gravité des pathologies rencontrées Infections, cancers, polytraumatismes, AVC, coma, personnes âgées, états d’immunodépression… CHI PSG 2016 Beaucoup de personnes gravitent autour du patient Facilitant la transmission inter-humaine de microorganismes L’hygiène hospitalière : Un effort constant que peut faire l’hôpital pour : prévenir et limiter les infections nosocomiales en centrant l’attention du personnel à la fois Sur le geste fait et sur son comportement dans le milieu spécifique que représente l’hôpital. L’hygiène hospitalière a donc : une dimension préventive et une dimension curative. Moyen d’optimisation de la qualité des soins. CHI PSG 2016 Evolution de l’hospitalisation Hospitalisation Soins de Suite et de Réadaptation Hospitalisation à domicile Soins de longue durée Médecins de ville Court séjour Médecine Chirurgie Obstétrique CHI PSG 2016 Soins ambulatoires II. La chaîne épidémiologique 1 2 Les agents infectieux Bactéries, virus, champignons, parasites 3 Modes de transmissions : Endogène ou exogène Les réservoirs de germes Humains, environnementaux maladie pré-existante traitement âges extrêmes contamination dénutrition immunodépression 2 Les hôtes récepteurs Terrain Porte d’entrée Inoculum CHI PSG 2016 4 5 INFECTION Les bactéries Définition : Organisme microscopique qui peut provoquer des infections. Contrairement aux virus, les bactéries sont généralement sensibles aux ATB. Il existe plusieurs formes de bactéries : Sphériques Staphylococcus aureus + Klebsiella pneumoniae. Coloration de Gram (GR : x 1000) CHI PSG 2016 appelées coques 1 à 2 µm de , Bâtonnets appelées bacilles de 1 à 10 µm, Incurvées appelées vibrions, Fuseau appelées fusiformes, spirilles. Prolifération : en condition favorable de croissance, descendance d’un milliard d’individus en 10 heures Le pouvoir pathogène : bactérie pathogène stricte ou opportuniste La réaction face aux antibiotiques : sensible ou multirésistante (problème des BMR) La spore : le moyen de survie élaboré qui permet une survie « indéfinie » CHI PSG 2016 Au froid À la dessiccation À la chaleur (thermorésistance) Voire aux antibiotiques, antiseptiques et aux désinfectants Les bactéries : le mécanisme du biofilm C’est un manteau bactérien qui se développe sur une surface (circuits de distribution d’eau, émail des dents, cathéters) y compris en eau stagnante •En cas de contact avec la surface, état de stress pour la bactérie qui secrète des glycoprotéines et favorise l’adhésion à la surface. • Organisation de ces bactéries entre elles • Maturation, épaississement et une résistance accrue des bactéries CHI PSG 2016 Conséquences du biofilm Tout objet immergé dans un milieu aqueux ne tarde pas à se recouvrir d’un biofilm. Rapidité de la formation en fonction du flux des de éléments nutritifs l’évacuation des déchets Ex: plaque dentaire = biofilm à l’origine des caries. CHI PSG 2016 Le staphylocoque : Staphylococcus aureus C’est le germe le plus fréquemment retrouvé dans les infections nosocomiales. Staphylococcus aureus. Coloration de Gram (GR : x 1000) CHI PSG 2016 Morphologie : Cocci gram + en amas., aéro-anaérobie facultatif. Réservoirs : Peau, Nez, Périnée. Transmission : manuportée. Mesures de lutte : PHA ou lavage des mains dépistage, isolement des patients porteurs. Les entérobactéries Le nom d’entérobactéries a été donné parce que ces bactéries sont en général des hôtes normaux ou pathologiques suivant les espèces microbiennes du tube digestif de l’homme et des animaux. Morphologie : bacille à gram -, aéro-anaérobies facultatifs. Il existe de nombreux genre et espèces : Escherichia Salmonella, Klebsiella, CHI PSG 2016 Proteus. (E. Coli), Le colibacille : Escherichia coli C’est le germe le plus fréquemment retrouvé dans les infections urinaires. Réservoir : Tube digestif de l’homme Transmission : Manuportée. Mesures de lutte : PHA ou Escherichia coli. Coloration de Gram (GR : x 1000) CHI PSG 2016 Lavage des mains Isolement pour les E. Coli ayant acquis une résistance (LSE). Les bactéries résistent aux Antibiotiques La progression de la résistance aux antibiotiques est un problème important de santé publique : les bactéries résistantes sont devenues une préoccupation quotidienne dans les établissements de santé en Europe. CHI PSG 2016 Un risque: le péril fécal ….impasse thérapeutique E COLI = 1011 = 100 000 000 000 par homme SA = 105 à 107 = 10 000 000 par homme ECOLI KLEBSIELLE CHI PSG 2016 ECOLI BLSE Quin C3G KBLSE ECOLI NDM carbapenem ? KPC Dr Seguier SIGRHYQ L’Ile de France une region particulierement exposée aux EPC(2009- janv 2016) L’Ile-de-France paye un lourd tribut a ces épisodes de par son attractivité médicale • 985 épisodes signales soit 47 % des épisodes totaux (soit 1224 cas) • 75 épidémies de 2 à 15 cas • Transfert ou antecedent d’hospitalisation dans un pays étranger: 58 % CHI PSG 2016 Source CCLIn PN 2016 Les salmonelles : Salmonella On distingue les salmonelles dites : Réservoirs : majeures responsables de la denrées alimentaires, typhoïde [MDO], tube digestif. Mineures responsables de salmonellose. Transmission : manuportée. Mesures de lutte : vaccination Salmonella typhi-murium. Coloration de Gram (GR : x 1000) CHI PSG 2016 (pour la typhoïde), hygiène collective (port de tablier à U.U., gants…), hygiène individuelle (détection des porteurs sains). Pseudomonas aeruginosa Morphologie : bacille gram -, mobile, aérobie strict. Réservoirs : eau, tube digestif Transmissions : de l’homme. environnement, Pseudomonas aeruginosa. Coloration de Gram (GR : x 1000) CHI PSG 2016 manuportage. Mesures de lutte : SHA ou lavage des mains péremption des antiseptiques, entretien des locaux. Les mycobactéries On distingue : le Mycobacterium tuberculosis (BK), les Mycobactéries atypiques (M. xenopi, M. avium). Morphologie : Bacille acido-alcoolo- résistant (coloration de Ziehl-Nielsen). le Mycobacterium tuberculosis Réservoir : Poumons. Transmission : aéroportée. Mesures de lutte : vaccination (BCG), port de masque en Mycobacterium tuberculosis dans un crachat. Coloration de Ziehl (GR : x 1000) CHI PSG 2016 bec de canard, chambre individuelle et porte fermée, Aération de la chambre. Clostridium On distingue : Le Clostridium difficile, Le Clostridium botulinum, perfringens… Le Clostridium difficile Réservoirs : terre, Selles, Transmission : manuportée. Clostridium difficile isolé d’une selle. Coloration de Gram (GR : x 1000) CHI PSG 2016 Morphologie : bacille gram +, anaérobie sporulé. Mesures de lutte : hygiène des mains, spores résistantes importance du bionettoyage (eau de Javel efficace), Isolement des malades. Les légionelles : Legionella pneumophilae Morphologie : Agent de pneumopathie : Maladie du légionnaire [MDO], Fièvre de pontiac. bactérie gram – en bâtonnet, l’identification se fait par des caractères immunologiques (IFD). Réservoirs : eau de 6 à 45° C, systèmes de climatisation (tour aéro-réfrigérante). Facteurs favorisants : stagnation de l’eau (bras morts, ballon), fontaines, brise-jets, pommes de douche entartrés, température (se multiplie bien de 20 à 45° C). Mesures de lutte : CHI PSG 2016 choc chloré / thermique, chloration continue, détartrage. Les Virus Définition : Les virus sont beaucoup plus petits que les bactéries. On ne peut les voir qu’en utilisant un microscope électronique. Ils se comportent comme des parasites de cellules cibles (parasites obligatoires). CHI PSG 2016 Très peu à l’origine d’infections nosocomiales. La grippe Maladie contagieuse aiguë généralement bénigne. Évolue en une épidémie soudaine et brève. Transmission : Directe par voie gouttelettes. Prévention : Vaccination recommandée pour les personnes à risque et le personnel soignant. CHI PSG 2016 VRS / Rotavirus VRS : Virus respiratoire syncytial Agent majeur des viroses respiratoires, Agent de la bronchiolite du nourrisson, Pic d’octobre à mars. Transmission Gouttelettes (secrétions respiratoires). Rotavirus Responsable de la majorité des gastro-entérites aiguës non bactériennes du nourrisson. Pic de décembre à janvier. • • CHI PSG 2016 Les champignons On distingue 2 groupes : les levures Candida (candidose), rencontré le plus souvent dans les services de réanimation. les champignons filamenteux Aspergillus. Aspergillus sp CHI PSG 2016 Aspergillus Morphologie : macroscopique importante, microscopique : filament fin avec tête aspergillaire. Réservoirs : terre, végétaux, certains aliments (poivre, noisette). Transmission : spores en suspension dans l’air pénètre le tractus respiratoire. Prévention : bloc traitement d’air, travaux isolement du chantier, maintenance des systèmes de ventilation et des filtres. Les parasites Ils appartiennent au monde animal. Les poux responsables de pédiculose) et le sarcopte scabei (responsable de la gale) sont les plus rencontrés à l’hôpital. CHI PSG 2016 2. Les réservoirs CHI PSG 2016 La chaîne épidémiologique Les réservoirs humains Flores de la surface cutanée mains, poils, cheveux, cuir chevelu, ongles Flore résidente commensale (endogène) 102 à 106 bactéries/cm2 Staphylocoques blancs (à coagulase négative) Staphylocoques dorés Corynébactéries CHI PSG 2016 Flore transitoire hospitalière (exogène) Entérobactéries Pseudomonas Sarm, acinetobacter La chaîne épidémiologique Les réservoirs humains Flore du tube digestif Estomac (< 102 à 103 /g) Intestin grêle ( 104 à 108/g) Colon (1011 à 1012/g) Cavité buccale Flore résidente commensale (endogène) Groupe des entérobactéries (E. coli, klebsielles, serratia, entérocoques) Bacteroïdes, clostridium Flore transitoire hospitalière (exogène) Pseudomonas, staphylocoques, candida CHI PSG 2016 La chaîne épidémiologique Les réservoirs humains Flore des fosses nasales et de l’oro-pharynx Flore résidente commensale (endogène) Streptocoques (S. pneumoniae), staphylocoque doré, neisseria spp Flore transitoire hospitalière (exogène) Pseudomonas, entérobactéries Staphylocoques dorés CHI PSG 2016 La chaîne épidémiologique Les réservoirs environnementaux La chambre d’hospitalisation CHI PSG 2016 Unité d’Hygiène et de Prévention du Risque Infectieux - CHI de Poissy-St-Germain-en-Laye - 2009 La chaîne épidémiologique Les réservoirs environnementaux Le matériel de soin non à usage unique CHI PSG 2016 La chaîne épidémiologique Les réservoirs environnementaux Le linge sale, les déchets CHI PSG 2016 La chaîne épidémiologique Les réservoirs environnementaux L’air L’eau CHI PSG 2016 3. Les modes de transmission a. Les récepteurs Défaillance du système de protection contre l’infection (immunodépression) Acquisition de flore « secondaire » Rupture des barrières naturelles : dispositifs invasifs Age : prématurés et personnes âgées CHI PSG 2016 Les modes de transmissions Transmission par contact cutané (et muqueux) Transmission la plus fréquente. 85% des infections nosocomiales ont pour origine ce type de transmission. Il peut s’agir : d’un contact physique direct entre 2 personnes (poignée de mains, toilette, manipulations du patient) d’un contact indirect, par l’intermédiaire d’un objet ou d’une personne les mains jouent évidemment un rôle majeur dans ce type de transmission des agents infectieux, appelée aussi transmission manuportée. CHI PSG 2016 Exemples d’agents infectieux se transmettant par contact cutanéomuqueux : VRS, clostridium difficile, VHA, VHE, VZV, SARM, Acinetobacter, Escherichia coli (colibacille), adenovirus, poux, gale… VHB, VIH (par contact sexuel et avec du sang contaminé) Les modes de transmissions Transmission par projection de gouttelettes Il s’agit d’une transmission d’agents infectieux portés par de grosses gouttelettes émises lors de la toux, de la parole, d’éternuements, d’une personne porteuse vers une personne receveuse distante de moins de 1,50 m. CHI PSG 2016 Exemples d’agents infectieux se transmettant par projection de grosses gouttelettes Adenovirus, haemophilus influenzae, méningocoque, streptocoques béta hémolytique du groupe A (scarlatine), autres streptocoques, bacille de Bordet Gengou (coqueluche), corinebacterium diphteriae (diphtérie), mixovirus de la rubéole, Les modes de transmissions Transmission par l’air Il s’agit d’une transmission d’agents infectieux, fixés sur de très petites particules de poussières (< 5µ), qui restent en permanence en suspension dans l’air ambiant d’une pièce (la chambre du patient par exemple). Ces agents infectieux provenant toujours du patient porteur lors de toux, d’éternuements, lorsqu’il parle. Cette transmission est aussi dite « aéroportée » Le réservoir d’agents infectieux n’est pas seulement constitué par l’appareil respiratoire du patient, ou l’air autour de lui, mais aussi par l’air de la pièce où il se trouve. CHI PSG 2016 Exemples d’agents infectieux se transmettant par l’air Mycobacterium tuberculosis (BK) VRS, bacilli de Hansen (leper), VZV Myxovirus de la rougeole Contamination : Présence d’agent infectieux sur un objet, dans une substance, dans un organisme vivant. Colonisation : Présence inhabituelle d’agents infectieux dans un organe ou sur la surface cutanéo-muqueuse d’un individu Hébergement de flores microbiennes commensales et transitoires, en permanence (exemple : staphylocoque doré dans le nez, colibacille dans le colon…). Présence de germe sans multiplication Pas de réaction CHI PSG 2016 Multiplication de germes sans signe clinique ou biologique Infection •réponse de l’organisme à la multiplication de germes avec • signes locaux et/ou généraux 5. Les portes d’entrées microbiennes Voie de pénétration ou inoculation des MicroOrganismes (MO). La voie parentérale : inoculation des MO dans un vaisseau sanguin (lors d’un geste de cathétérisme) dans de mauvaises conditions d’asepsie Ou lors des manipulations sur le dispositif CHI PSG 2016 La voie respiratoire : Pénétration des MO dans les voies respiratoires (chez les patients intubés, ventilés ou trachéotomisés) des par : l’intermédiaire de l’air contaminé geste répétés d’aspirations bronchiques CHI PSG 2016 La voie muqueuse : Inoculation es MO dans certaines muqueuses (lors de gestes invasifs) + de mauvaises conditions d’asepsie ou Du matériel insuffisamment désinfecté CHI PSG 2016 La voie chirurgicale ou opératoire : apport de MO dans la plaie opératoire (lors de l’intervention) de très nombreux facteurs sont en cause, notamment la préparation cutanée pré opératoire insuffisante CHI PSG 2016 La voie percutanée : apport de MO dans les tissus sous cutanés : par l’intermédiaire de plaies lors de pansements lors de gestes invasifs nécessitant une effraction cutanée CHI PSG 2016