Résumés des interventions
Hélène Marche, L’expérience du cancer en tant que situation de vulnérabilité
L’objectif de cette communication est de présenter un état de la littérature en sciences sociales et en sciences de la
santé se rapportant à la question de la vulnérabilité des individus atteints de cancer. Les limites de ces travaux seront
interrogées en prenant appui sur les premiers résultats d’une recherche portant sur l’expérience des patients atteints de
cancer avancé et sur le travail relationnel des professionnels qui les accompagnent.
Anaïk Pian, Le recours aux interprètes familiaux en oncologie : logiques profanes et professionnelles
En oncologie, les patients d’origine étrangère parlant peu ou pas français sont souvent accompagnés de proches qui
assurent la traduction auprès des équipes médicales. Comment ces derniers gèrent-ils la situation d’interprétariat et la
sélection des informations transmises au patient ? Comment l’équipe médicale tente-t-elle de garder un contrôle sur
l’information ainsi communiquée? La situation d’interprétariat, qui instaure un nouvel « ordre négocié » (Strauss,
2002), entre patient/famille/médecin, soulève entre autre la question de l’autonomie et de la « conscience éclairée »
du patient, notamment lorsque les proches souhaitent voiler – en tout ou en partie – le diagnostic ou le pronostic.
Iris Loffeier, Fabriquer du bien-être. Missions des personnels en établissement pour personnes âgées
Les Etablissement d’Hébergement des Personnes Agées Dépendantes d’aujourd’hui, en France, rejoignent deux
objectifs : celui de faire habiter et celui de soigner. La rencontre entre ces deux dialectiques offre à l’observateur les
logiques à l’œuvre dans ces institutions. Quatre systèmes co-existants de références (empruntés à Luc Boltanski et
Laurent Thévenot) y hiérarchisent chacun à sa manière les individus et les objets. Au sein de la « cité marchande »,
de la « cité industrielle », de la « cité domestique », et de la « cité civique », les résidents et les professionnels
n’occupent pas la même place, et les interactions (voire les conflits) gagnent à être comprises dans l’entremêlement
complexe de ces systèmes de références qui agissent l’institution.
Lucie Lechevalier-Hurard, Patients difficiles ou malades d’Alzheimer ? Prise en charge des troubles du
comportement en milieu gériatrique
Cette communication explore la manière dont, au sein d'un espace hospitalier gériatrique caractérisé par la rigidité des
contraintes institutionnelles et le confinement, la circulation entre différents services de patients considérés comme
présentant des "troubles du comportement" permet aux équipes soignantes d'opérer une requalification des problèmes
qu'ils rencontrent. Il s'agit d'observer comment certains "patients difficiles", devenant des "malades d'Alzheimer" qui
sont reçus par des professionnels tiers, voient évoluer les modes de prise en charge qui leur sont proposés au
quotidien.
Sandra Bascougnano, Événement de santé et maintien à domicile dans le cours du vieillissement. Etude des prises
de décision dans deux configurations d’acteurs
Cette communication se propose d’analyser des prises de décision qui conduisent à un maintien à domicile suite à des
événements de santé au sein de deux configurations d’acteurs. La réflexion proposée part de la mise en perspective
des parcours de vie, pour partie contrastés, de deux femmes âgées de plus de 80 ans. Elle s’appuie sur des entretiens
réalisés auprès de ces deux femmes, d’au moins un de leurs proches et de professionnels qui interviennent auprès
d’elles. Cette analyse permet de rendre compte de certains des mécanismes du processus de construction sociale du
vieillir. En particulier, elle montre que le cheminement du vieillir est à saisir dans des rapports de pouvoir,
notamment entre profanes et professionnels, au sein d’une configuration d’acteurs en constante redéfinition.
Françoise Le Borgne-Uguen, Les personnes âgées de 75 ans et plus « sous tutelle ». Au-delà des incapacités : le
maintien des pouvoirs d’agir ?
Les protections participent des formes du vieillissement auxquelles certaines vieilles personnes vont être soumises, de
manière imposée ou négociée, selon leurs contextes de vulnérabilité. Deux publics, dont les caractéristiques sont
contrastées au moment de la protection, peuvent être différenciés. Le premier comprend des femmes aux revenus
modestes et des hommes isolés, vivant à leur domicile, et en situation de risques d’abus de la part de membres de leur
entourage. Le second profil est composé majoritairement de femmes, souvent après qu’un terme ait été mis à un
parcours de soutien à domicile. Situation inédite dans ces parcours de vie marqués par l’équilibre financier, l’épargne
et l’auto-subsistance, la vulnérabilité prend alors les traits de la précarité économique, de la mobilisation de l’épargne
et des biens, et d’évitement du recours à la contribution des obligés alimentaires. Si les dispositions retenues dans la
loi réformant la protection des majeurs s’appuient sur la préservation des capacités des individus, via la nécessité, la
subsidiarité et la proportionnalité de la mesure, les processus font intervenir les continuités et les éventuelles
discontinuités entre l’économie de la personne et l’économie familiale.