pronostic des formes de début infantile à celui d’un groupe
d’âge de début adulte (3). Ils évoquent une évolution similaire
pour la fréquence des poussées, l’intervalle entre les deux pre-
mières poussées, le handicap fonctionnel. Cependant, une évo-
lution moins péjorative du handicap pour les patients ayant une
SEP de début avant 20 ans par comparaison avec les patients
ayant un début plus tardif est connue (10, 11).
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
Chez l’enfant, la SEP est moins fréquente que les EMAD. Il y
a des différences de présentation entre SEP et EMAD, mais les
présentations “encéphalitiques” de SEP semblent trouvées chez
l’enfant de façon plus fréquente que chez l’adulte, chez qui
elles sont également décrites (7, 9, 12). Quinze à 35 % des
patients avec un diagnostic initial d’EMAD évoluent vers une
maladie multiphasique, à rechutes, compatible avec une SEP.
Le diagnostic initial repose sur un faisceau d’arguments
(tableau II). L’absence de dissémination dans le temps émerge
comme principal critère de jugement diagnostique retenu. Les
nouvelles techniques IRM pourront aider à caractériser les dif-
férents tableaux.
Par ailleurs, la forme dite de Schilder (13), ou “sclérose diffuse
myélinoclastique”, présentant des foyers de démyélinisation
pseudo-tumoraux, est plus souvent évoquée chez l’enfant que
chez l’adulte (14). Elle est considérée par certains auteurs
comme une entité intermédiaire entre SEP et EMAD. D’autres
diagnostics doivent être discutés et éliminés devant une atteinte
aiguë de la substance blanche chez l’enfant (tableau III).
TRAITEMENT ET PRISE EN CHARGE
Il n’y a pas d’étude contrôlée sur le traitement de la SEP de
l’enfant. Le traitement suit les recommandations concernant les
patients adultes. Il y a peu d’évaluations chez l’enfant. Le trai-
tement des poussées consiste en corticoïdes intraveineux
(méthylprednisolone en 3 perfusions lentes de 1 g/1,73 m2
trois jours de suite) en hospitalisation, suivis par un traitement
oral de courte durée. Les conséquences des traitements corti-
coïdes répétés sur la croissance doivent être envisagées dans le
cas où les poussées sont fréquentes et rapprochées.
Concernant les traitements de fond, comme pour d’autres
domaines de la pédiatrie, les nouveaux médicaments sont lon-
guement évalués chez l’adulte avant d’être mis à la disposition
de l’enfant. De manière anecdotique, des immunosuppresseurs
(Imurel®,Endoxan®) ou les immunoglobulines i.v. ont pu être
utilisés chez l’enfant dans des formes à poussées fréquentes
(8). L’interféron ß n’a l’autorisation de mise sur le marché qu’à
partir de 16 ans. Son intérêt chez l’enfant est probable, même
s’il y a encore peu d’études publiées. Nous avons conduit
récemment une étude montrant une bonne tolérance (15). Cela
a été renforcé par une autre étude récente (16). Les autres
médicaments utilisés chez l’adulte n’ont pas été testés chez
l’enfant et ne disposent pas d’autorisation de mise sur le mar-
ché, ni d’autorisation temporaire d’utilisation.
En dehors des poussées, le suivi se fait principalement en hôpi-
tal de jour et en consultation. La coordination du neuropédiatre
et du médecin traitant, souvent un pédiatre, doit être bonne,
participant à un réseau de prise en charge qui se poursuit lors
du passage en neurologie de l’adulte. Sur le plan des vaccina-
tions, il est recommandé de ne pas proposer de vaccination au
cours d’une poussée ni pendant la période d’activité de la mala-
die. En cas de traitement immunosuppresseur, les vaccins à
germes vivants sont à éviter.
Le suivi neurologique et les traitements symptomatiques sont
adaptés à l’âge de l’enfant et à la situation d’un organisme en
croissance. Ils observent les mêmes recommandations que chez
l’adulte. Un neuro-ophtalmologiste pédiatrique entraîné est
MISE AU POINT
La Lettre du Neurologue - n° 6 - vol. VI - juin 2002
202
Tableau I. Formes de début de la SEP de l’enfant (1, 2) comparées à
celle de l’adulte (9).
Duquette,1987 (1) Ghezzi,1997 (2) Confavreux, 2000 (9)
(125 SEP enfant) (149 SEP enfant) (1 844 SEP adulte)
(%) (%) (%)
Formes rémittentes 78 94,6 85
Formes progressives 22 5,4 15
Tableau II. Différences cliniques et paracliniques significatives entre
encéphalomyélite aiguë disséminée (EMAD) et SEP (d’après Dale,
2000 [6], et Hynson, 2001 [9]).
Différences significatives EMAD SEP
Infection avant l’épisode +++ +
Début polysymptomatique +++ +
Encéphalopathie aiguë +++ +
Syndrome pyramidal ++ +
Névrite optique isolée 0 ++
IRM :
Lésions périventriculaires + ++
Charge lésionnelle élevée ++ +
Lésions mal limitées ++ +
Lésions associées de la substance grise profonde ++ +
Tableau III. Diagnostics différentiels de la SEP de l’enfant.
• Encéphalomyélite aiguë disséminée
• Syndrome de Devic
• Leucodystrophie métachromatique ou d’autre origine métabolique
• Vascularites (lupus, PAN)
• Artérites cérébrales primitives ou secondaires
• Infections (VIH, Lyme, etc.)
• Syndrome d’activation macrophagique
• Sarcoïdose
• Tumeurs