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La Liberté de Vie
Simone Mazauric dans sa contribution à : Les Lumières et l’Idée de
nature (uB-EUD - Dijon - 2011) définit le républicanisme comme
« le souci de la chose publique (du bien public) et du bonheur des
peuples ». Elle en fait remonter l’esquisse à Fontenelle, bien avant
Montesquieu.
Dans cette définition de belle qualité, les termes « chose
publique », « bien public » et « bonheur des peuples » sont, pour
moi, dépourvus de toute signification. Ces termes sont des abstrac-
tions désincarnées, des phantasmes, des mythes, des illusions, des
concepts statistiques qui ne disent rien. Un peu comme l’Homme
avec un grand H ou la ménagère de quarante ans.
Il faut inverser le regard et considérer que le républicanisme
et ses concepts basaux ne sont que des fictions destinées à donner
un espace, un territoire, un domaine à l’État, c’est-à-dire aux
pouvoirs centraux qui, sans elles, n’ont aucune légitimité.
Le concept de liberté participe, dans le discours politique, de la
même myopie, de la même bévue : la liberté publique, la liberté
des peuples…
Il n’est de liberté qu’individuelle parce que, tout simplement,
la liberté ne se vit que de l’intérieur. Tout le reste n’est que mani-
pulation oratoire.
Chacun est toujours libre d’être ce qu’il est et de vouloir le
devenir plus encore. La liberté n’est pas une question politique. Et
lorsqu’elle est politisée, elle cache d’autres questions qui, toutes,
reviennent à celles-ci : comment forcer les esprits à vouloir « libre-
ment » œuvrer dans le sens de mes partis pris ?
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