doctrine marxiste-léniniste et l’adoration de Staline, croyaient que la lutte des classes
qu’ils menaient allait finir par anéantir le capitalisme et son champion, l’Amérique.
En attendant qu’éclate la Révolution, le prolétariat de tous les pays devait se mobiliser
en aidant l’U
RSS
, patrie du socialisme. Aux États-Unis il se trouva dès les années 1920
des individus qui, prenant au sérieux cette conception du monde – ces élucubrations,
peut-on estimer aujourd’hui – se mobilisèrent au service de leur cause. En l’occur-
rence, ils créèrent un Parti communiste clandestin (en plus du C
PUSA
, l’officiel Parti
communiste des États-Unis), se mirent à la disposition du Komintern et devinrent
des pions soumis aux ordres des agents secrets de l’U
RSS
. L’espionnage et l’organisa-
tion de réseaux de soutien mutuel et d’influence furent leurs principales activités.
Activités dont les États-Unis et les autres démocraties occidentales ne prirent cons-
cience que bien plus tard.
Au cours des années 1920-1930, l’objectif du Komintern était l’obtention d’infor-
mations concernant l’industrie chimique. Ceux qui se proposaient spontanément de lui
en fournir, d’ordinaire des immigrants récents, n’étaient pas en situation d’obtenir des
brevets et de véritables secrets de fabrication. Leurs apports contribuèrent néanmoins à
moderniser une industrie soviétique fortement retardataire. À partir du début de la
Seconde Guerre mondiale l’intérêt des Soviétiques se porta vers les fabrications de
guerre et les armes les plus avancées: le radar et surtout la bombe atomique.
Les institutions créées dans le cadre du New Deal furent des milieux propices au
recrutement de jeunes fonctionnaires aux carrières prometteuses, souvent sortis des
universités les plus prestigieuses. En atteignant les plus hauts rangs de l’administra-
tion, ils devenaient des agents d’influence et de désinformation extrêmement utiles
pour la cause qu’ils défendaient. Les réseaux secrets qu’ils constituèrent leur permi-
rent de se protéger mutuellement lorsque des suspicions commencèrent à peser sur
certains d’entre eux. Le Département d’État et l’O
SS
(la future C
IA
) furent les institu-
tions les plus infiltrées.
En dehors de l’administration, des agents communistes s’efforcèrent aussi de
prendre le contrôle de syndicats et de différentes organisations professionnelles créées
elles aussi dans le cadre du New Deal. L’industrie du cinéma dont Lénine en son
temps avait déjà compris l’importance dans le domaine de l’agitprop fut l’objet d’une
attention particulière de la part des « organisateurs » soviétiques.
Pour atteindre un large public, des associations « frontistes » furent fondées à la
même époque sous les prétextes les plus divers, mais toujours avec l’objectif secret de
diffuser la propagande orchestrée par le C
PUSA
au moyen de campagnes de signatures
et de manifestations de masse. Elles n’hésitaient pas à transformer les cibles de leurs
actions au fur et à mesure qu’évoluaient les buts de leur propagande. Ainsi, une asso-
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