Annales FLSH N° 16(2012)
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En effet, l’évolution de ce mouvement a connu des moments de
troubles importants portant sur la tradition même. C’est la cause des
séparations donnant naissance à des mouvements messianiques dénommés
soit sectes, soit Eglises de réveil, etc. Mais qu’est-ce qu’au fond une
secte ? Quelle est son essence ? Sur quoi se fonde-t-elle ?
Du radical latin « sectus », secte signifie couper, retrancher ; de
l’intensif sequis issu de « sectari », elle signifie suivre assidument. Ce
radical latin dans sa charge sémantique renvoie à l’idée d’un groupuscule
qui se décide pour des raisons qu’il juge fondées, de se détacher d’une
église considérée comme un noyau, un centre de commande de toutes les
activités. C’est en ce sens que N’deke Ngunga (1994, pp. 63-64) définit
une secte comme « un groupuscule d’individus qui suit et s’attache à une
doctrine soit parce que proclamée par un maître auquel les membres louent
une révélation absolue, soit parce que recoupant dans un contenu une
logique que ceux-ci veulent vivre et faire appliquer ». Mwene Batende
renchérit que ce terme connote la dissidence c’est-à-dire la séparation
d’une Eglise –mère et l’assiduité à une nouvelle communauté religieuse
porteuse d’une bonne nouvelle.
Point n’est raison de rappeler qu’une secte est toujours issue d’une
Eglise-mère. En se séparant i d’elle, elle se présente comme une nouvelle
vision du monde se réclamant ainsi d’une autorité révélée. Elle pense
mieux interpréter la Bible et partant, toucher les problèmes qui touchent
les chrétiens face auxquels les Eglises traditionnelles n’ont rien dit. Ainsi,
on ne s’inquiétera pas d’entendre des déclarations comme : venez chez
nous, car nous avons la vérité, chez nous on prêche mieux que chez vous,
chez nous on chasse les démons, on opère des miracles, on guérit des
malades, on délivre, etc. Son message bénéficie certainement d’une
complicité de la crise économico-sociale qui expose le peuple à n’importe
quelle manipulation. Généralement, pense Ndeke (art.cit. p. 70), « les
malaises psycho-sociaux sont déterminants dans ces adhésions. Devant des
situations de frustrations, de peur, d’insécurités dues aux maladies, la
pauvreté, à la faim, à l’envoûtement, aux mutations sociales dont
l’urbanisation et la modernité dans le choc-retour qu’elles impriment dans
des couches sociales d’essence communautaire. Les couches pauvres et
moins instruites sont les plus exposées à des courants prétendument
sécurisants ».
Plusieurs facteurs entrent en jeu dans l’éclosion d’une secte. Le plus
souvent, ces facteurs sont des événements face auxquels l’homme ne peut
rien. Il les classe dans l’ordre mythique et les considère comme sort jeté
par les mauvais esprits. Ainsi, un chômeur, un célibataire, un malade dira
facilement on m’a bloqué, on m’a ensorcellé, on m’a mis dans une
bouteille, etc. Pour s’en sortir, il faut l’intervention des êtres supérieurs